Jean-Christophe Gibert
Le Canal Latéral
de 1828 à nos jours
Bief 49 : Fontet
Bassin du
Cricq Usine et maga-
sin
Pont de Courtiade
Relais de
Pont de pierre
chevaux
Gare de Fontet
Pont de Berrat
Port de Fontet
Pont de Gaillet
Pont de
Tartifume
Moulin de
l’Auriole
Ecluse 48
Ce logo a pour objet d'alerter le lecteur sur la menace
que représente pour l'avenir de l'écrit, tout particulièrement
dans le domaine universitaire, le développement massif du«
photocopillage ». Cette pratique qui s'est généralisée, notam-
ment dans les établissements d'enseignement, provoque une
baisse brutale des achats de livres, au point que la possibilité
même pour les auteurs de créer des oeuvres nouvelles et de les
faire éditer correctement est aujourd'hui menacée. Nous rap-
pelons donc que la reproduction et la vente sans autorisation,
ainsi que le recel, sont passibles de poursuites. Les demandes
d'autorisation de photocopier doivent être adressées à l'éditeur.
Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduc-
tion par tous procédés réservés pour tous pays.
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tielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées
dans le présent ouvrage, faite sans l'autorisation de l'éditeur,
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citations justifiées par le caractère scientifique ou d'information de l’œuvre dans laquelle elles sont incor-
porées (art. L.122-4, L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).
Imprimé par C D S
(Copy Diffusion Service)
5 Place du Parlement
31000 Toulouse
-2-
En hommage à
Guy Campodarve
Maire de Fontet de 1983 à 2003 qui initia le projet du
port et de la base de loisirs.
Maires de Fontet au mo- Conseil municipal élu en
ment de la construction du 1989 qui travailla à la réali-
canal : sation du port de Fontet :
-3-
Nous tenons
tenons à remercier.
Pour les renseignements qu’ils ont pu nous apporter ou pour l’autorisation
de photographier leur propriété :
M. et Mme Jacques Assercq, Mme Boyancé, M. et Mme Jean Pierre Bor-
dessoules, M.Campodarve, Mme Sylvette Campodarve, Mme De Baritault du
Carpia, M. et Mme Diamond, M. Gérard Gergerès, Mme Anne Laborde, Mme
Jean Laborde, M. Roland Lafferrière, M. et Mme Jean Laurent (de Mongau-
zy), Mme Rui, Mme Léopold Mauros, M. et Mme André Meyra, M.Christian
Moretto, Directeur VNF de la Subdivision Aquitaine, M. Peyré (Hure), Mme
Picon, M. Pauquet (Hure), M. et Mme Trescos, le personnel VNF du Centre
d’Agen.
Pour le prêt de cartes postales anciennes :
Mr et Mme Labrouche, M. et Mme Yves Rouzié, Mme Huguette Chabrat-
Ducasse,
Pour ses recherches sur l’usine de La Réole : Madame Lamarque.
Monsieur Aurélien Meyra, pour le travail de dépouillement des matrices
cadastrales et des tables décennales, qu’il a accompli avec minutie.
Et, tout particulièrement :
Madame Bernadette Issard , secrétaire de Mairie, qui nous a ouvert les ar-
chives municipales, toujours avec le même enthousiasme et le même sourire.
Monsieur Samuel Vannier, archiviste des Voies Navigables de France à
Toulouse, pour sa compétence et son accueil.
Madame Laure Vié, Chef de l’arrondissement, Développement de la Voie
d’Eau, Direction Interrégionale du Sud-Ouest, VNF Toulouse, qui nous auto-
rise à publier les reproductions des archives, afin d’illustrer notre ouvrage.
Madame Christel Oriard-Gibert et Eliane Subra-Meyra nos épouses, pour
le soutien qu’elles nous ont apporté, et l’engagement qu’elle ont pris dans ce
projet.
Les photos de Fontet ont été réalisées en 2004 par les auteurs, y compris
les photos aériennes, prises d’un ULM.
-4-
Carte de Fontet
Le trait noir indique les limites de la commune, les traits rouges indiquent les
différentes altitudes.
Liste des quartiers cités page 149
-5-
Sommaire
-6-
L’EXPLOITATION. ................................................................................ 93
LE TRANSPORT DE MARCHANDISES. ........................................................ 93
VENTE D’HERBE ET DE FLEURS DE TILLEULS........................................... 95
VENTE D’ARBRES ET DE TAILLIS. ............................................................. 95
USINES ET FORCE MOTRICE. ...................................................................102
LES LAVOIRS. .........................................................................................105
LES MOULINS..........................................................................................107
GRANDEUR, DECADENCE ET ESPOIR. ........................................110
BAISSE DU TRAFIC. .................................................................................110
LA PECHE................................................................................................113
LE TOURISME FLUVIAL...........................................................................115
LE PORT ET LA BASE NAUTIQUE DE FONTET. .........................118
ACHAT DES TERRAINS ET MISE EN PLACE DE LA GRAVIERE. ..................118
LA MISE EN PLACE DES PROJETS.............................................................119
LA REALISATION DU PORT......................................................................119
LE PAVILLON D’ACCUEIL. ......................................................................121
ORGANISATION, STRUCTURE ET BUDGET. .............................................122
PROJETS..................................................................................................123
ACTIVITES ET ANIMATIONS....................................................................124
CONCLUSION .......................................................................................125
ANNEXES :..............................................................................................126
GLOSSAIRE : ...........................................................................................140
BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................141
PROCHAINES PUBLICATIONS : ................................................................142
LISTE DES NOMS DE QUARTIERS .............................................................142
LISTE DES NOMS DE PERSONNES CITEES ................................................143
-7-
Présentation du village.
Fontet est un petit village girondin de 740 habitants, situé sur la rive gau-
che de la Garonne, face à Bourdelles, à trois kilomètres de La Réole.
L’étymologie en est connue, il s’agit, en occitan, de la Hont1, qui signifie
la petite fontaine ou la source. Il est difficile de savoir s’il s’agit d’une fontaine
précise. Celle située face à la croix, visible en 1871, selon Péladan2, celle du
bourg, ou d’autres encore : près de l’église, au Cricq ou à Larquey ? Fontet
compte beaucoup de sources, de bassins, de fontaines, et de lavoirs.
Le bourg de Fontet est construit assez loin du fleuve, comme souvent à
l’époque médiévale, par mesure de protection. Les voyageurs préféraient même
emprunter lo camin de la serra, moins dangereux que celui de la ribera.
Mais Fontet est bien un village riverain de la Garonne, le quartier de Tarti-
fume pourrait le confirmer aux résidents des hauteurs et du bourg qui l’oublient
parfois. Le fleuve paraît en effet lointain et étranger à ceux qui n’en jouissent
pas et surtout qui n’en subissent pas les assauts répétés. Le poète Jean Harley3
ne l’évoque jamais, par exemple. Fontet s’est depuis longtemps coupé de son
fleuve, peut-être à cause du canal qui en a occulté le pouvoir économique aussi
bien que l’attrait. Et pourtant la Garonne fut pendant des siècles le centre vital
de notre commune qui lui doit certainement son existence. Le gué de Tartifume
était incontournable car les passages sur la Garonne étaient rares et les ponts
très tardifs. La Réole et Tartifume, avaient une importance capitale sur le che-
min de Saint-Jacques de Compostelle, sur la rive droite et sur la rive gauche, au
carrefour de la diagonale d’Aquitaine et de la voie limousine qui longe la sau-
veté de Landerrouat, fondée par Saint-Sernin de Toulouse. (Le Cartulaire du
Prieuré de La Réole nous apprend que les Bénédictins possédaient le droit de
bac à Tartifume.) Il existait aussi des gués à Lécussan, près d’Agen, et à
1
Pour l’écriture occitane des mots, nous choisissons la graphie normalisée.
2
Péladan, auteur d’un essai sur les apparitions de Fontet en 1871.
3
Jean Harley, de son vrai nom Louis Saujeon, naquit en 1885 et mourut à Fontet en 1901. Peintre et
acteur dramatique, il fut aussi poète. Il est l’auteur de Paix des collines, Poèmes transitoires et Poèmes
définitifs et d’ une pièce en vers en un acte : Le Retour de l’Aiglon. Les vers cités dans ce fascicule sont
extraits de la Paix des Collines, éditions Bière, Bordeaux, 1946.
-8-
Thouars. Les ponts les plus anciens sont le Pont Neuf à Toulouse (1541-1663),
le Pont de pierre de Bordeaux qui ne fut terminé qu’en 1822, et le pont en bois
de La Réole ouvert le 21 mars 18354. (A noter, toutefois, le pont de Gironde,
construit en 1750)
4
Le C.M. de Fontet du 10 janvier 1833 était plein d’enthousiasme. Ce pont devenu trop étroit sera
remplacé en 1887 par un pont métallique. C.M. du 7 août 1887.
L’abréviation CM signifie Conseil Municipal et sera utilisée dans tout l’ouvrage.
-9-
La Garonne fut la route de l’étain britannique dès l’âge du bronze, la route
des amphores, transportant du vin d’Italie vers Bordeaux, plus tard celle des
tonneaux, exportant le vin aquitain. Les riverains virent passer au fil des siè-
cles, le marbre des Pyrénées, les pépites d’or du Tarn et de l’Ariège, le pastel
en provenance de Toulouse, les raisins de Moissac et les abricots de Nicole, le
salpêtre de Port-Sainte-Marie. Au retour, les bateaux ramenaient des produits
importés : sucre, café, chocolat, huile, épices, draperies, laines, cotons… des
harengs surtout, très consommés, des huîtres.
5
La plupart des mariniers rejoindront ensuite le canal. Nous avons été étonnés de trouver plusieurs
marins militaires dans l’état civil. L’explication est simple : les mariniers de Garonne étaient inscrits ma-
- 10 -
La Garonne aujourd’hui ? Symbole de lenteur, elle est donc abandonnée,
le monde moderne préférant les autoroutes et les avions. Aujourd’hui, la Ga-
ronne est un fleuve mort comme l’affirme Pierre Vital par le titre de son livre
Requiem pour une Garonne défunte. Mort, parce qu’abandonné de l’Etat qui
n’a investi que sur le Rhône et la Seine, victime de la guerre Garonne/ Canal/
Chemin de fer.
Le village est construit en paliers successifs, ce qui faisait dire à Péladan
que Fontet est bâti en amphithéâtre. La topographie de notre village est facile à
mettre en évidence : une plaine inondable de 15 mètres d’altitude, en bordure
de Garonne, une terrasse, un coteau, haut de 30 à 50 mètres et enfin un plateau
dont l’altitude varie de 50 à 60 mètres.
ritimes et servaient dans la Royale. Ils pouvaient y faire carrière et parfois s’établissaient dans des pays
d’escale.
6
Il s’agit de la plaine qui borde la rivière. Le mot est masculin en français, mais féminin en occitan.
- 11 -
La terrasse est constituée de sables peu argileux, de graviers et de galets,
comme le suggèrent des noms de quartiers : Gravilla, qui vient de grava, le
gravier ou Sablot (près de l’Auriole) qui indique un terrain sablonneux.
Les collines identifiables dans la toponymie par La Citadelle, Lasserre7 ou
encore Le Castéra.
Le plateau sableux et boisé, tout proche, marque le lien avec le pays lan-
dais.
Autrefois, l’économie se caractérisait par des zones tout aussi distinctes.
En Rivière, les cultures étaient assez diversifiées, l’osier dominait sur les
terres en bordure de fleuve, les cultures maraîchères8 venant plus tard, au début
du XX° siècle.
Toute la région fut cultivée en lin, puis en chanvre, du XVII° au début du
XIX°, sur les sols limoneux du Dropt et de la Garonne. Cette culture (alternée
avec le blé) avait besoin d’une terre profonde et son travail exigeait beaucoup
d’eau. Le chanvre était très utilisé, pour confectionner les vêtements des
paysans, et surtout pour fabriquer des cordes, des las (ceinture qui entoure le
buste du haleur), des cordages et des voiles de bateaux. La disparition progres-
sive de cette culture, à partir de la fin du XVIII° siècle s’explique par l’inertie
de la marine royale, après la Révolution.
Au moment de la construction du canal, de nombreux mûriers permettaient
encore l’élevage du vers à soie. La sériciculture était ancienne à Fontet, elle re-
présentait déjà une activité importante au château de La Grange, propriété de
M. de Gombault, en 178O.
Le tabac prit la place du chanvre à la fin du XIX° siècle, plus précisément à
partir de 1854 dans nos régions, (décrets impériaux de 1854 et 1857) et il resta
notre principale ressource pendant des décennies. Sa culture fut maintenue
dans la région de La Réole dans le « plan vert girondin » proposé par le Préfet
Delaunay en 1960, mais ce plan préconisait aussi la culture du maïs comme
prioritaire en Gironde. Aujourd’hui, ce patrimoine régional qui procure beau-
7
La Serre vient de l’occitan la serra qui signifie colline, bord de plateau, de coteau.
8
Les jardins ouvriers, situés à la Madone, route de Tartifume, remplaceront alors les saussées,
parcelles plantées en osier, en bordure de Garonne.
- 12 -
coup d’emplois dans notre région, est menacé de disparition. Citons Denis
Campodarve9 : « Il y a trente ans, on comptait 80 tabaculteurs à Fontet. Au-
jourd’hui, nous sommes trois alors qu’il y en avait une centaine par commune.
Ceci est d’autant plus curieux que l’Europe ne produit que 30% du tabac
qu’elle consomme. ».
9
Le Républicain du 21 novembre 2003.
10
Une autre raison explique ce phénomène : les viticulteurs, voulaient échapper au Privilège de
Bordeaux, en exportant un produit moins volumineux et moins lourd que le vin, sans parler des crises de
mévente, comme celle bien connue des années 1830 à 1848, ou celle de 1929.
- 13 -
Le plateau, quant à lui, était couvert de forêts qui occupaient une grande
partie de notre territoire, avant le lent déboisement de l’époque gallo-romaine
et du Moyen-Age, sous l’influence des moines. Ces forêts qui étaient souvent
des communaux, pâtures ou padouens, fournissaient le bois nécessaire au
chauffage et à l’artisanat, et permettaient l’élevage. ( Un quartier de Loupiac
porte encore le nom de Padouen.) On pouvait donc y voir des troupeaux, plus
ou moins importants, locaux ou de transhumance, conduits par des bergers
béarnais. Michel Dupin (p. 241) affirmait en 1839 : « les blés et les bestiaux
sont les deux principales branches du commerce de La Réole ». Des noms de
quartiers témoignent encore de cette présence : Bos Bédat, Bois Bédart, Salvy
qui vient du mot seuva, forêt en gascon, et Bois Majou. Ce dernier qui
s’étendait sur les communes de Fontet, Aillas, Savignac et Loupiac signifie la
grande forêt. Les Hourcades, du gascon ancien horc, était un lieu planté
d’arbres, un petit bois. (N’oublions pas non plus La Châtaigneraie.)
Au milieu de ces bois et pâturages on trouvait des fermes dont les champs
se resserraient autour du bâtiment, lui-même délimité par des barrats, ou
grands fossés de drainage. C’est l’image sans doute de la ferme Grand Jean
devenue L’Ile d’Elbe (après l’épopée napoléonnienne).
- 14 -
plaine alluviale que dans les terra-forts, avec la polyculture. (amendements et
engrais rendent cela possible…) Le paysage se transforme aussi par la planta-
tion de peupliers.
Fontet mérite bien un détour, une visite, un hommage…
Il est surprenant de lire page 89 de l’excellent ouvrage de Jacques Du-
bourg : « Un arrêt au niveau du village de Fontet permet d’aller visiter La Ré-
ole … ». Pire : la définition du projet de halte nautique de Fontet conseille aux
touristes la visite de La Réole. Rien sur Fontet. Et pourtant de nombreux sites
méritent une visite : Tartifume, l’église et le château, le Castéra, Larquey…
Tartifume permet peut-être d’imaginer les hommes qui nous précédèrent.
Dès la préhistoire, les premiers installés sur la rive gauche du fleuve furent des
peuples de souche pré-ibérique, (75
av. J.C. environ). Plus tard, diverses
civilisations occupèrent les mêmes
sites : les Biturges et Vivisques, trafi-
quants d’étain, au IV° et III° siècles
avant J.C. La présence des Romains
ne laisse aucun doute : des villas gal-
lo-romaines sont connues à Hure, à
Saint-Aignan et à Puybarban. Fontet
était sur la route de Burdigala à Tou-
louse, de Narbonne et de Rome. Un
sarcophage retrouvé à Tartifume
permet d’imaginer un site gallo-
romain…
Nous pensons que Tartifume fut
une motte féodale, défendant une
boucle de la Garonne, et peut-être un
élément de l’ensemble défensif de La
Réole, avec le château des Quat’Sos,
le Castéra, la Chartreuse de Blaignac.
Cet ensemble faisait de la Garonne
un fossé difficilement franchissable et bien défendu. Des pans de murailles, une
magnifique arcade d’entrée (ci-contre), un tunnel de défense…laissent suppo-
- 15 -
ser un ensemble important, un château médiéval peut-être. Des familles illus-
tres sont attachées à ce lieu, les de Gasc puis les de Marcellus.
Implantée non loin du village actuel et proche du canal, l’église11 forme
avec le château La Grange et le pigeonnier de sa ferme, un bel ensemble qui ne
manque pas de charme, il est agrémenté par des massifs de fleurs de bon goût.
11
L’ensemble du monument, sa décoration intérieure, les retables, le mobilier et les vitraux sont
étudiés dans un autre fascicule, consacré à l’église et au sacré.
- 16 -
Le village possède deux très belles croix de mission complémentaires
dans leur symbolique, l’une étant une croix de la Passion et l’autre une croix de
la Résurrection.
Le château de La Grange fait face à l’église. Il s’agit d’une belle de-
meure, équilibrée, avec deux tours rondes et deux tours carrées, aux angles. Ce
domaine ne fut pas un lieu défensif mais un château d’agrément pour les riches
propriétaires des terres avoisinantes, souvent titulaires de charges à Bordeaux.
Le domaine fut habité par des familles alliées, pendant plusieurs générations,
jusqu’en 1869 : de Majance, de Gombault, de Saint-Exupéry et de Gérès. La
propriété passa ensuite entre les mains de Madame Casteneau puis de M. et
Mme de Calmels-Puntis, leurs héritiers, en 1894.
Le manoir du Castéra domine le village, ce qui lui assure une vue impre-
nable sur la vallée de la Garonne et témoigne de son ancien rôle défensif.
L’étymologie du mot est d’ailleurs bien connue : castéra évoquant une an-
cienne motte féodale. Le lieu fut occupé dès l’époque romaine par un castrum :
quoique reconstruit plus tardivement, (un mur de soutènement au nord le
confirme). Ce manoir, qui était fortifié et entouré de fossés, comblés au-
jourd’hui, date en fait du XV° siècle.
- 17 -
Il subit d’importantes transformations au XVIII° siècle, parfois dégradan-
tes, mais heureusement corrigées en 1973. La demeure, élégante, possède une
belle porte typiquement Renaissance.
La première propriétaire connue est Madame de Grignols qui le vendit en
1528 à Pierre de Lavergne, Seigneur de Guilleragues et du Castéra. Le manoir
resta propriété de cette famille jusqu’en 1631. Il entra ensuite dans la famille de
Louppes qui le conserva jusqu’à la fin du XVIII° siècle. Ces derniers furent
tous conseillers au Parlement de Bordeaux, de père en fils, jusqu’à la fin du
siècle.
Après la Révolution, la baronne Joseph de Pichon-Longueville en hérita,
après l’exécution de son père. Ensuite la propriété changea plusieurs fois de
mains pour appartenir enfin à Monsieur Guibert qui le revendit en 1884 à Mon-
sieur Pierre Broustet, vétérinaire et maire de Loupiac de La Réole. La famille
en est aujourd’hui toujours propriétaire.
- 18 -
Le château Larquey doit son nom à ses premiers propriétaires en 1658.
Se succédèrent ensuite les familles Betge de Lagarde, Espagnet, d’Escures. La
propriété fut enfin vendue à Monsieur Bergadieu puis à la famille de Madame
Annie Bonnac- Ribéra.
- 19 -
Pigeonnier de La Grange Domaine des Murailles.
L’autre, le pigeonnier de Lagrange, magnifiquement restauré par Monsieur
Rui, appelé huo en gascon, ne servait qu’à l’élevage des pigeons. Le mot huo
viendrait d’un terme d’architecture signifiant avancée ronde dans un espace
fortifié.
Fontet possède enfin un musée de l’artisanat et de maquettes de monu-
ments, bateaux… réalisées avec des allumettes. Situé à deux pas de la base de
loisirs dans des bâtiments loués à la municipalité, ce musée est géré dans le ca-
dre d’une association créée en 1994.
- 20 -
Historique du canal
- 21 -
Nous en rappelons succinctement les grandes dates :
Contrairement à des idées reçues, c’est bien à Louis XIV qu’il nous faut
remonter car le Roi-Soleil rêvait d’une voie navigable qui relierait la mer à
l’océan, afin d’éviter le passage par Gibraltar.
« … Avec pleine puissance et autorité royale, nous avons dit et ordonné
par ces présentes signées de notre main, disons et ordonnons, voulons et nous
plaît qu’il soit incessamment procédé à la construction du canal des Deux
Mers Océane et Méditerranée,… »12
Seule la première partie de ce grandiose projet verra le jour au XVII° siè-
cle, de Toulouse à Sète, grâce à l’ingénieur Pierre Paul Riquet, baron de Bon-
repos (1604-1680). Il s’agit du canal du Midi inauguré le 18 mai 1681, les tra-
vaux ayant débuté le 1° janvier 1667. Nous pouvons rappeler quelques proues-
ses techniques pour l’époque : le bassin de Saint-Ferréol, le tunnel de Malpas
- 22 -
qui traverse la montage d’Ensérune, le pont-canal du Répudre (Aude), l’écluse
octuple de Fonserannes, au sortir de Malpas. Vauban souhaitait engager la
construction du canal latéral jusqu’à La Réole, mais faute de finances, le projet
fut repoussé jusqu’au début du XIX° siècle. La décision fut alors difficile à
prendre, à cause des hésitations et des oppositions de détracteurs qui préfé-
raient mettre la Garonne aux normes navigables, ou qui jugeaient trop excessif
le coût des travaux (40 millions de francs, contre 25 pour la Garonne). 25 villa-
ges s’opposèrent ainsi à sa construction, mais nous ignorons quelle fut
l’attitude de la municipalité de Fontet.
Il faut situer ce projet dans le contexte de la monarchie orléaniste de la
Restauration et de la Monarchie de Juillet, monde où fleurissent les capitaux et
les banquiers, dans les années 1830. Il ne faut pas oublier non plus le prodi-
gieux développement des techniques en ce XIX° siècle.
En 1828 Alexandre Douin, soutenu par de nombreuses banques et maisons
de commerce de Bordeaux, étudia le projet au nom de la Compagnie Magen-
die13.
La loi du 22 avril 1832 lui accorda une concession perpétuelle mais il fut
incapable de constituer la société. L’Etat reprit alors la concession par la loi du
6 juillet 1838, et confia les études du projet à M. de Baudre, en collaboration
avec M. Job, ingénieur en chef et maître d’œuvre.
Jean Baptiste de Baudre naquit le 16 octobre 1773 en Normandie. Il fut
admis à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées en 1793, puis à l’Ecole Cen-
trale des Travaux Publics (qui devint L’Ecole Polytechnique) en 1795, comme
aspirant instructeur. Nous lui devons, entre autres, la construction du pont de
pierre à Bordeaux, l’aménagement des ports de Saint-Jean de Luz, et de
l’embouchure de l’Adour… En 1812 il fut nommé ingénieur en chef des Ponts
et Chaussées de 2° classe dans les Landes, puis inspecteur divisionnaire des
travaux du port de Bordeaux en 1814. Dix ans plus tard, il fut chargé du projet
du canal. Retraité en 1848, il mourut le 25 novembre 1850.
13
Ordonnance du 17 décembre 1828, et décision préfectorale du 8 octobre 1830.
- 23 -
Archives VNF
- 24 -
La Construction.
Un arrêté préfectoral du 29 avril 1830 autorise M. de Baudre à passer sur
tous les terrains de quelque nature qu’ils soient, clos ou non clos, situés dans
les communes de Hure, Fontet14, …
Le choix de la rive gauche, donc de Fontet, sembla s’imposer, si l’on en
croit le témoignage de M. de Baudre, dans son Mémoire du 22 mars 1831 (Ar-
chives VNF) :
14
J. Dubourg, page 35.
- 25 -
« A La Réole, la localité ne se prêterait non plus qu’avec beaucoup de
peine et de dépenses à l’établissement du canal. En face de la ville, sur un dé-
veloppement de 800 mètres, il n’y a qu’un espace très étroit, entre le pied du
coteau et de la Garonne qui est en fait occupé par des maisons en amont, et un
peu aussi en aval, (…) dont la route royale suit le revers et n’est éloigné de la
Garonne que d’une très petite distance qui ne va pas quelquefois à 50 cm »
15
La première pierre fut posée par le duc d’Orléans, le 25 août 1839, à Agen.
16
Source : collection privée. Cet instrument ne se trouvait pas dans le bureau de Fontet. (Selon
l’inventaire général des dossiers, dessins, plans, profils, matériel, instruments, VNF, dossier 22). Outre
règle, compas… ne sont mentionnés qu’un graphomètre et un pantographe.
- 26 -
Pour notre commune, le tarif moyen d’expropriation appliqué se situait en-
tre 7046 et 7760 francs l’hectare, le prix moyen étant de 8877 francs en Gi-
ronde. L’indemnité pouvait varier selon la qualité des terres : ainsi, on attribua
9240 francs par hectare à Jean Bourgoin, et seulement 6541 francs au Comte
de Saint Exupéry.
Les Archives des VNF nous ont livré un intéressant état des propriétai-
17
res avec lesquels l’administration n’a pu traiter à l’amiable et contre les-
quels le jugement d’expropriation fut prononcé, en date du 24 juin 1840. Nous
les présentons ci-après, sous forme de tableaux.
Indemnités réglées à l’amiable :
Noms Superficie Prix à l’hectare
Bedouret Simon 14,20 ares 7042
Cluzan Barthélémy 1, 75 ha 6953
Cluzan Robert 85 ares 7058
Comte de Marcellus 2,78 ares 6939
Delhomme André 0,25 ares 7000
Delhomme Jean 0.33 ares 6970
Dubourdieu François 1,70 ares 7058
Faugas Jean Baptiste 2 ha 4500
Galissaire Veuve,
11,07 ares 7046
née Sterling Marie
Maurin Pierre 9,04 ares 7040
Pardiac Claude 87 ares 7039
Poujardieu Jean aîné 7,95 ares 7045
Saint-Marc Jean 0,57 ares 7017
Souant Jean 1,70 ares 7059
Sterlin Henry 12,21 ares 7045
Tellier André 1,3 ha 7028
(Dès le début des travaux, des propriétaires demandèrent de nouvelles in-
demnisations, à cause des débordements et des infiltrations. Elles seront accor-
dées assez facilement, mais nous n’en avons pas relevé pour notre commune.)
17
Ainsi qu’une copie du plan cadastral, avec tracé du futur canal, mettant en évidence les différen-
tes parcelles, en mentionnant les cultures, les superficies et les noms de propriétaires. Archives VNF, Ca-
sier 592 et Carton 5/3.
- 27 -
Les plans cadastraux font également apparaître deux maisons détruites :
l’une située à l’Auriole, appartenant à Monsieur Pierre Maurin, évaluée à
24.000 francs ; l’autre à l’emplacement actuel du pont de Berrat, propriété de
Monsieur Robert Cluzan évaluée à 75.000 francs18.
18
Peu de maisons furent détruites, nous avons seulement relevé à Hure l’une avec grange, lieu de
Graves, appartenant à M. Maurin, l’autre à M. Giraud Bresque et une maisonnette propriété de M. Ber-
nard Motte. A souligner aussi la destruction d’un moulin à eau, situé à Hure et appartenant au Comte de
Marcellus.
- 28 -
Tableau des expropriations : 24 juin 1840.
Lieux-dits Nature des terres Superficie
Bedouret François Tartifume
Bedouret Simon Joualle 13,05 ha
Bentéjac Jean Eglise
Bourgoin L’Espazot ; Pré et terre 1,78 ha
Jean Eugêne19 Tourette
Caussimon Pierre Tartifume
Cluzan Barthélémy Berrat, Couture Vigne et terre 2,03 ha
Cluzan Robert Berrat
Comte L’Auriole ; Tartifume ;
Terre, joualles, 17 ha
de Marcellus L’Enclos ; Berrat ; Peyrot
pâtures, pré, vi-
gne, ruisseaux
Comte de Saint- Eglise, Pigeonnier, Joualles, pâtu- 4, 41 ha
Exupéry, Jacques L’Espazot et petite Rivière res, acacias, vi-
Jean gnes, terre, pré,
jardin, friche et
ravin *
Delhomme André L’Espazot
Delhomme Jean L’Espazot
Dubourdieu Pierre L’Espazot Terre 2,24 ha
Dussault Veuve Berrat
Duzan Jean L’Espazot
Espagnet Jean Pigeonnier
Fabrique de Hure L’Auriole 7952 fr / ha 1,09 ha
Fabrique de Hure L’Auriole Pré et terre 1,04 ha,
(7516,59 fr. / ha)
Faugas Benoît L’Auriole
Faugas Jean Baptiste Berrat
Galissaire Veuve Tartifume
Guibert Jeune Berrat
Maurin Pierre L’Auriole Pâture et mai- 4,04 ha
sonnette
Moustier Armand L’Espazot
Nibaut François L’Auriole
19
Habitant de Loupiac, prêtre à Birac.
- 29 -
Pardiac Claude Berrat ; Eglise ;
Poujardieu Jean aîné Tartifume ; Berrat Terre 10,04 ha
Saint-Marc Jean Berrat ; L’Espazot Terre 1,69 ha
Souant Jean L’Espazot
Sterlin Henry Pigeonnier ; L’Espazot
Tellier André 20 Terre, mare, pré 9,5 ha
et joualle
Archive VNF
20
Percepteur à La Réole et gendre de M. de St-Exupéry.
- 30 -
Nous devinons donc l’importance des travaux, comparables sans doute à
ceux engendrés aujourd’hui par la construction des autoroutes.
Quelques chiffres permettent d’imaginer l’ampleur du chantier et les bou-
leversements suscités dans le paysage d’alors21 :
2000 mètres cubes de déblais furent amenés, par tombereaux, de l’écluse
de Fontet au pont de Berrat. Au niveau de la maison éclusière : 2563 m3 de dé-
blais, 12.652 m3 de remblais, 2563 m3 d’emplois en travers et 10089 m3
d’excès sur les déblais. Le pont de Courdiate (écluse) nécessita à lui seul 616
m3 de déblais, déplacés sur 700 mètres, En tout, entre le Pont de Berrat et le
Pont de Loupiac, il fallut transporter 12.910 m3 au tombereau et 5.859 m3 à la
brouette. Les excavations où l’on prélevait la terre sont encore visibles au-
jourd’hui, chez M. Assercq, ou route de Loupiac, pour ne citer que ces deux
exemples.
Le creusement se faisait en fonction de profils dont nous donnons un seul
exemple, celui du port de Fontet, au kilomètre 182,74022.
21
Archives VNF, Dossier Construction Casier 10, carton 3.
22
Archives VNF, CF 201 et Carton 201, dossier 3.
23
Certains mots techniques comme bief sont expliqués dans le glossaire.
- 31 -
Les travaux avancèrent lentement : 6000 mètres seulement étaient en cours
d’exécution en Gironde, en 1841, à cause de difficultés imprévues : nécessité
de repousser le cours de la Garonne en maints endroits, intempéries, problèmes
humains…
La construction du canal fournit du travail à beaucoup d’ouvriers de notre
région, et aussi à des émigrés, pour la plupart espagnols qui effectuèrent les
plus rudes travaux de terrassement24.
Nous pouvons illustrer ce thème par deux photographies des travaux de re-
construction du canal, suite à l’accident de l’Auriole survenu un siècle plus
tard, le 2 octobre 1945. Une importante brèche s’ouvrit rive droite, 4 km en
amont, (lieu dit Despin) et le bief se vida entièrement, provoquant des dégâts
chez les propriétaires riverains, des accidents aux bateaux et l’arrêt de la navi-
gation pendant deux mois. Les causes de cet accident sont multiples : les dra-
gages successifs entraînant la disparition du corroi argileux de la cuvette, les
infiltrations dans le remblai et l’importance des sources venant du coteau.
24
Jean Fazembat précise, page 16 de son ouvrage, qu’au moment des interruptions de chantier, ces
émigrés étaient les premiers touchés par le chômage. Sans argent, ils ne pouvaient même pas regagner
leur patrie d’origine.
- 32 -
Nous renvoyons nos lecteurs à l’état nominatif de 82 travailleurs de force,
où ils retrouveront des noms familiers, en annexe 1.25 (Nous avons peut-être
reconnu quelques ouvriers de Fontet ou de Hure : M. Michel Castaing, M. Laf-
ferrière, M. Roland Nouguey, M. Robert Peyré, M. Despujols…)
25
Document Archives VNF : état nominatif du 15 février 1946, CF 304.
26
Archives VNF, CF. 304.
27
Le document qui fait mention de cette procédure est signe par Raymond Laborde, 53, rue Armand
Caduc, à La Réole.
28
Cité par Jacques Dubourg, Le Canal de Garonne, page 45.
- 33 -
Un affaissement de terrain se produisit à Fontet en 1849. Une lettre de M.
Jolly (Ingénieur en Chef), adressée à M. Couturier (Ingénieur en Chef à Agen),
en date du 15 octobre 1854, relate également des mouvements de terrains entre
l’écluse de L’Auriole et le pont de Tartifume causée par des sources creusant le
terrain d’alluvion. D’importants travaux furent nécessaires : enrochement, rigo-
les pour faciliter l’écoulement des eaux…
Une lettre du 16 août 1854 mettait déjà en garde contre ce danger :
« Assurez-vous avec soin si l’alluvion au pied de
la digue de Tartifume est suffisamment retenue par
les enrochements et la ligne de tunage en Garonne.
Renforcez au besoin l’enrochement et tenez-moi au
courant. Embuez le talus et le plafond du canal au
droit du point menacé29 ».
La construction ne se fit pas en continuité, mais par tronçons, ce qui ne
manqua pas de créer des problèmes d’insalubrité.
En mai 1849, l’Archevêque de Bordeaux alerte les autorités au sujet de
fièvres pernicieuses (sans doute la malaria et le paludisme) dans le secteur Fon-
tet-Hure.
La courbe des décès suivante montre bien la gravité du problème : le nom-
bre de morts étant en nette augmentation à ce moment-là.
40
35
30
25
20
15
10
5
0
34
36
38
40
42
44
46
48
50
52
54
18
18
18
18
18
18
18
18
18
18
18
29
Archives,Courbe réalisée
Casier 10, à partir des registres d’état civil de Fontet
carton3.
- 34 -
Une lettre de Monsieur Jolly, en date du 14 juin 1849, précise qu’entre le
pont de Fontet et le pont suspendu de Tartifume il y a 20 centimètres d’eau,
mêlée de végétation, mais vive et claire, grâce au ruisseau du Lardon qui s’y
déverse. Une autre lettre du 27 juillet note une excavation de 3 mètres de pro-
fondeur au même endroit, mais où toutefois les eaux restent claires et sans
odeur. (La dépense pour régler ce problème et ceux de Hure s’élevèrent à 4000
francs et, par là, tout en complétant nos ouvrages, nous contribuerons à assai-
nir le pays, et fournirons quelque travail aux classes peu aisées.) Il est, à cette
date, impossible de faire venir de l’eau de l’Avance30, les travaux n’étant pas
achevés.
Des améliorations seraient envisageables, mais trop dispendieuses et dan-
gereuses. La conclusion est révélatrice :
« Il y a lieu de craindre que des terres depuis longtemps imbibées d’eau,
probablement recouvertes de matières végétales et animales décomposées, ex-
posées aux ardeurs du soleil de cette région, ne produisent des exhalaisons
autrement dangereuses que celles dont on se plaint. Peut-être nos travaux
d’assèchement seront immédiatement suivis d’une recrudescence de maladies.
Si malheureusement cela arrivait, j’en rejetterais d’avance la responsabilité
sur la commission de salubrité. »
En réponse aux demandes pressantes du Conseil de Salubrité de
l’arrondissement de La Réole, et de l’Archevêché (Lettre du 22 août 1849),
Monsieur Jolly propose d’exécuter les travaux au mois d’octobre, car, à cette
période, la main d’œuvre est meilleur marché, les terres sont plus faciles à ma-
nier, et les remblais peuvent prendre adhérence avec le sol.
Les intempéries (pluies diluviennes) ont parfois ralenti les chantiers, c’est
ce qu’évoque une autre lettre de Monsieur Jolly en date du 3 avril 1855 : « les
résultats obtenus, depuis que le temps a permis la reprise des travaux, ne me
laissent pas douter de la possibilité de livrer le canal au 1er mai, pourvu que
nous n’ayons pas un retour de pluies prolongées. »
30
Il s’agit d’un des points d’alimentation du canal, avec le bief de Lalande à Toulouse, et le barrage
de Beauregard près d’Agen. L’Avance, affluent, se situe à Monpouillan.
- 35 -
Les problèmes humains ne sont pas à négliger. La désertion d’ouvriers a
ralenti le chantier en 1854. Le chemin de fer en construction (Bordeaux
Bayonne) concurrençait le canal et débauchait les ouvriers, attirés par des gains
substantiels. Monsieur Jolly notait le 10 juillet 1854 la désertion de 75 ouvriers
à Castets, 15 à Castillon et précisait qu’il ne restait que 20 hommes à Bassan-
nes. Il rencontra, par hasard, sur un vapeur, un responsable des chemins de fer
qui précisa qu’il ne recrutait que des ouvriers d’élite et que le chantier serait
terminé au mois d’août. Le problème ne devrait donc pas engendrer beaucoup
de retard pour le canal.
Des interruptions de chantier eurent lieu à cause de tergiversations d’ordre
politique. Le canal faillit être comblé pour installer la voie ferrée en 1850, à la
demande du concessionnaire de la voie Bordeaux-Sète. (Le pont-canal d’Agen
faillit même être détruit). Le projet obtint l’adhésion de la majorité des com-
munes concernées, mais l’opposition de villes comme Bordeaux ou Saint-
Bazeille, et la volonté des habitants de la rive droite qui souhaitaient la voie
ferrée, l’emporta. Le projet fut définitivement adopté en 1853.
- 36 -
Ouvrages d’art.
Les aqueducs.
Les aqueducs sont une priorité des plans de réaménagement de l’espace,
car ils permettent l’écoulement naturel des eaux vers les fleuves. (Les travaux
de remembrement n’ont pas toujours su en tenir compte)
Le bief 49 en possédait quatre, de types différents : l’aqueduc traditionnel,
l’aqueduc canal, l’aqueduc siphon, l’aqueduc en fonte de 1839.
A Tourette par contre, il s’agit d’un siphon dont le plan ci-dessous permet
de comprendre le fonctionnement.
Nous n’avons pas retrouvé sur le terrain celui31 de Berrat, situé derrière la
culée gauche.
L’aqueduc de La Grange permettait l’écoulement des sources du bourg,
vers un fossé appelé ravin , visible sur le plan de 1827, et disparu avec le re-
membrement. M. Sarrazin nous confiait que cet aqueduc servait de passage aux
troupeaux de vaches qu’il conduisait paître avec son grand-père, Jean Sarrazin,
métayer à La Grange.
31
Son prix de revient nous est toutefois indiqué : 5464,56 francs. Archives VNF.
- 37 -
L’aqueduc ci-dessus, situé à Tartifume, est d’un profil classique, comme
celui de La Grange.
- 38 -
L’écluse.
Les écluses mesuraient 6 mètres de large et avaient 30 mètres de long.
32
Documents d’archive VNF CF n° 30-1.
- 39 -
d’amarre d’amont (bajoyer gauche). La perré gauche éboulée sur 8 mètres de
long, sur le canal de dérivation fut réparée. Ces portes furent à nouveau été
changées en 1919, puis en 1933 par l’entreprise Compagnie Bordelaise Afri-
caine de Bamako et transportées sur des chalands métalliques (voir prix de ces
chalands en annexe 2). Les 5 m² de bois d’azobé revinrent alors à 9391,07
francs, le m² coûtant 1690 francs (Entreprise de Joseph Atoch, de Cazères sur
Garonne). Les archives33 font état de prix qu’il est toujours intéressant de
connaître, nous les présentons en annexe 2.
Ci-dessous : coupe schématique des portes34.
En 1969 les portes de bois furent changées par des portes métalliques.
Afin de préciser certains mots techniques, relatifs à la
construction des écluses, nous présentons aussi, en annexe 3,
un tableau des tarifs (usinage et montage en atelier) par
l’entreprise35 Berthier-Montchanin de Châlons-sur-Saône.
A partir des années 1980, les écluses furent mécanisées
et allongées à 40 mètres, pour faire passer les péniches de
gabarit Fraycinet (38,5 m)… les éclusiers disparurent peu à
peu. (A Fontet, il fut nécessaire de reconstruire le pont.)
33
Archives VNF, Carton 672, D5, L11.
34
Document du 8 juin 1932. Archives VNF, Doc 343.
35
Archives VNF, CF 354.
- 40 -
Les Dérivations.
Dans le cadre de la construction des
écluses, des dérivations furent nécessai-
res, afin de réguler le débit dans les sas.
Elles permirent aussi l’installation
d’usines et de moulins. Cela donna
l’occasion aux ingénieurs de construire de
beaux ouvrages d’art comme en témoigne
la photographie aérienne ci-contre, prise à
L’Auriole.
- 41 -
Détails des ouvrages d’art de la dérivation de l’Auriole.
Les Ponts.
Les premiers ponts qui enjambèrent le canal furent des ponts de pierre et
des ponts suspendus. Nous avons peu d’informations sur les ponts de pierre,
celui de Fontet a toutefois été conservé, en bon état.
Le détail de la rambarde du pont de pierre permet d’apprécier la qualité de
travail et le soin apporté à la conception de l’ouvrage.
- 42 -
Les ponts suspendus furent construits dans les années 1840.
Nous ne disposons malheureusement pas de bonne photographie de pont
suspendu, toutefois celui de Berrat apparaît au loin, sur une carte postale du
pont en pierre (ci-contre, un détail de cette carte). Nous présentons aussi le
plan36 en élévation, signé de M. Crescent, ingénieur en chef. Sa flèche, un peu
forte, atteignait 4,14 mètres, sans être arrondie ; elle était plate au milieu, sur
10 mètres, de longueur. Selon un devis37 estimatif du 16 août 1840, cet ouvrage
coûta 346902,23 francs dont 7422,49 francs pour le tablier et la suspension. Ce
tablier fut réparé en décembre 1886.
36
Document du 5 février 1929, Archives VNF, CF, n° 361.
37
Archives VNF, Casier 10, carton 3 ; CF, n°423.
- 43 -
Archives VNF
- 44 -
Le 6 août 1931, le Ministre accepta un avant-projet, en référence au pont
de Caumont de 1926, mais il demanda quelques modifications, pour les ponts
de grande voirie : 25 mètres de portée et double voie charretière de 3 mètres. A
partir de 1932, une quinzaine de ponts furent construits chaque année, pendant
six ans, par la Société Pyrénéenne d’Entreprise (2, rue de Bayard à Toulouse),
pour un coût de 100.000 francs l’unité.
Le pont qui remplaça celui de Berrat faisait partie du 7° lot, avec Hure,
Loupiac et Puybarban. Le C.M. du 5 juin 1932 en fait état et précise qu’il me-
surera 3 mètres de large et comportera des trottoirs de 0,60 m. « L’ouvrage se-
ra calculé conformément au Règlement de 1927 du Ministère des Travaux Pu-
blics ». Le pont arriva en pièces détachées et fut monté sur place. Sa construc-
tion nécessita un chef de chantier, quatre maçons, quatre manœuvres, quatre
charpentiers boiseurs et trois cimentiers ferrailleurs.
Voici quelques prix relevés au cours de nos recherches, qui donnent aussi
des précisions sur les différents travaux effectués38 :
Objet Prix en Francs(1932)
Terrassements 1490,65
Encaissement de la chaussée 48,75
Démolitions pour fondation de la chaussée 150,00
Moellon calcaire pour fondation de la chaus- 495,75
sée
Gravier de minière pour couche supérieure de 429,91
chaussée et banquettes de sûreté
Le P.V. d’épreuves du pont de Berrat fut réalisé le 26 octobre 1932, en
présence de Messieurs Chamboredon, Ingénieur des Ponts et Chaussées du ca-
38
Sources concernant les ponts, VNF, CF n° 361.
- 45 -
nal, Braudoux, Ingénieur des TPE de Marmande, Saint-Marc, adjoint au maire
de Fontet et Etienne Gauduchon, ingénieur du service vicinal. Les épreuves
portèrent sur 400 kg/m² et par ml. de pont, soit 1880 kg.
Ci-dessous, le schéma des épreuves.
Archives VNF
39
Archives VNF, Carton 572, D².
- 46 -
En 1885, deux autres furent mis en place sur le pont du déversoir en face de
cette même écluse, un procès-verbal 40de récolement en date du 19 janvier en
témoigne. La demande en avait été formulée par le C.M de Fontet et par
Conseil d’arrondissement de La Réole, le 21 juillet 1884. M. Baumgardner,
ingénieur en chef du contrôle, accepta par lettre du 11 novembre 1884.
40
Archives VNF, Carton 665, 1.16.
41
Archives VNF, Casier 10, carton3.
- 47 -
branche inférieure du canal latéral, soit 83 kilomètres, il n’y en avait aucun42,
malgré de nombreux ponts suspendus.
Un devis estimatif nous permet d’en connaître le prix de revient: 7778,44
francs.
Le projet fut approuvé par M. de Fontanges, Inspecteur Général du
Contrôle, puis par décret du 18 mai 1883, signé Jules Ferry, ministre.
Le bâtiment d’origine en bois a été détruit (il est toutefois visible sur la
carte postale ci-dessus). Aujourd’hui, un bâtiment en dur abrite le centre
d’Exploitation Aquitaine Ouest.
42
Archives VNF Carton 572, D2.
- 48 -
louse à Castets. A la fin de cette année, il pourra rester encore quelques tra-
vaux de parachèvement, mais M. l’ingénieur en chef Couturier déclare que ce-
la n’empêchera pas la remise du canal entier à la compagnie pour le 31 dé-
cembre. On aura ainsi avancé de quinze mois l’époque assignée par le cahier
des charges à cette livraison ».
En avril 1855, Monsieur Jolly, dans un courrier adressé à Monsieur Coutu-
rier, affirme que le canal pourra être livré au 1er mai., la fin du chantier ne de-
vant pas perturber la circulation des bateaux. Il précise les points qui restent
encore inachevés, à Castets, Castillon et Bassanne. Pour Fontet, le point crucial
reste la gare. « Les bulletins journaliers de la subdivision de M. Duffaure font
voir, malgré la lenteur de M. Lalonde, et le peu d’activité mis à remblayer la
gare de Fontet, qu’il ne faut pas plus de 20 jours, même du train dont on y
marche, pour tout terminer. Le remblai de la gare de Fontet va lentement par
suite de manque de bateaux, tous mes moyens d’opération ayant été concentrés
dans le lot de Castillon, le plus en retard. »
Les visites de contrôle étaient assez régulières. Nous en avons relevé deux
concernant Fontet. Dans une lettre du 4 septembre 1853 adressée à Monsieur
Jolly, Monsieur Couturier programme sa visite du Pont des Sables à Castets
pour le lundi 7 : « Ayez une yole à Meilhan, afin que nous puissions au besoin
en profiter pour abréger le trajet. Nous cou-
cherons sans doute à La Réole ». Par lettre du
10 septembre 1855, Monsieur Couturier de-
mande à Monsieur Dantein de préparer un re-
lais pour prendre un bateau le 12 au Lisos ; il
annonce qu’il quittera Fontet le lendemain à 6
heures du matin.
Une lettre de Monsieur Couturier du 7 jan-
vier 1856 précise que les travaux de parachè-
vement peuvent être entrepris. Il s’agit de plan-
tations (10 pour les rampes du pont de pierre et
50 pour celles du pont de Berrat) ou de replan-
43
Archives VNF, CF, 36.
- 49 -
tations d’arbres (de L’Auriole à Fontet, sur 350 mètres), mais surtout des étan-
chements et de la consolidation des digues. (Comme moyen d’étanchement, il
convient d’user de la charrue, partout où elle pourra fonctionner convenable-
ment).
Le 21 janvier 185644, un rapport précise que 7 ouvriers sont occupés à
planter des bornes sur la gare de Fontet. (Il s’agit de bornes indiquant les dis-
tances, à partir de Toulouse)
Le canal latéral est navigable dès le 12 mars 1856. Les travaux auront du-
ré 16 ans, et non 5 à 6 comme prévu au départ45.
Le P.V. de livraison du 19 mars 1856, dressé par Messieurs Dantein et Ki-
linski, précise les travaux46 restant à effectuer :
o Exhaussement de la digue entre le pont de Fontet et l’écluse, sur 700 mètres
pour un coût de 1250,00 francs, la hauteur moyenne devant être de 0,40 mè-
tres. Les travaux furent terminés le 28 juillet 1857.)
o La pose de 2 poutrelles et de 8 bornes d’amarrage (amont et aval) sur la dé-
rivation de l’écluse, pour un montant de 470,00 francs.
o Le nettoyage et la peinture des garde-corps des ponts en maçonnerie.
o Le remaniement des toitures et la peinture de la
maison éclusière, la mise en place d’une lucarne à
l’entrée de la cave, d’un montant de 150 francs.
o La réparation, la peinture et le goudronnage des
bois des ponts de Berrat et de Tartifume,.
44
Sources concernant la fin des travaux. Archives VNF, dossier 2/1. Borne d’amarrage
45 sur le port de Fontet
La voie ferrée Bordeaux/Valence d’Agen est ouverte le 21 mai 1856.
46
Archives VNF, Cahier n° 46 (2) ° section, chapitre 8 cf. Etude détaillée des dépenses : exercice
1857, Archives VNF, CF, n° 36.
- 50 -
Bornage.
Des litiges perdurèrent après l’ouverture du canal à la navigation.
Ainsi ce que nous pourrions appeler « l’affaire Clément Sarrazin », en
1872 (M. Sarrazin, fermier, mandaté par M. de Marcellus). Le litige portait sur
une parcelle d’alluvions, aux abords du pont de Tartifume. La Compagnie pré-
féra céder la parcelle en litige, pour éviter les frais de bornage. Ci-dessous, ex-
trait47 du plan parcellaire, du 13 novembre 1872.
Archi-
ves VNF
47
Document du Archives VNF, Carton 672, D1, L2.
- 51 -
Coût total du canal.
Le Journal de Toulouse48 du 1er septembre 1854 précisait : « la dépense to-
tale au 31 décembre prochain s’élèvera à 60.683,041 francs. Si l’on y ajoute
les travaux de parachèvement en 1855 de 509.000 francs on aura pour le mon-
tant total du canal entièrement terminé : 61.183,041 francs. Le montant des
crédits législatifs accordés était de 65.000,000 francs ».
Les travaux furent achevés en octobre 1854 et l’ouvrage déclaré navigable
le 12 mars 1856.
Voici quelques détails de ces dépenses :
Chapitres Dépenses en Francs
Personnels et frais de bureau 5930,45
Acquisition de terrains 41071,63
Ouvrages d’art et bâtiments 9094,11
Terrassements 863,04
Chemins de halage 1670,00
Plantations et clôtures 4565,28
Matériel de bureaux et de travaux 6327,92
Frais généraux (assurances, loyers, contributions foncières, 20456,40
frais judiciaires, indemnités, frais de contrôle de surveillance
et de police, dépêches télégraphiques, frais de représenta-
tion…
Service central : personnels, frais de bureau, habillement de la 58174,48
division, entretien du mobilier…
Appointements, indemnités et salaires du personnel, imprimés, 110932,67
Entretien : terrassements, ouvrages d’art, chemins de halage, 219570,3
bâtiments, plantations, indemnités de dommage.
Appointements, indemnités, frais divers du personnel, frais de 24544,18
bureau, imprimés, entretien du mobilier, détaxes et indemnités
de péage…
Total de la dépense 462.128,92 francs
48
. Archives VNF, CF, 36.
- 52 -
La vie du Canal
L’entretien.
Les gestionnaires (aujourd’hui les Voies Navigables de France) entretien-
nent régulièrement le canal, depuis sa construction : correction des repères de
nivellement, entretien de la cuvette, des ouvrages d’art, des écluses, des berges
et des arbres …
Repères de nivellement.
Le point de référence des ni-
vellements était souvent arbitraire
et variait d’une région à l’autre, et
parfois dans un même lieu. Le
premier nivellement fut institué
par Bourdaloue en 1855, au mo-
ment de la création des chemins de
fer et de l’extension des voies na-
vigables. Le niveau moyen fut fixé
à Marseille par un décret du 13
janvier 1860, il prit le nom de zéro
Bourdaloue.
Mais ce niveau présentait des
erreurs, atteignant plus d’un mètre entre Brest et Marseille. Une circulaire mi-
nistérielle du 21 février 1903 prescrivit le remplacement de ce niveau par le
- 53 -
nouveau zéro normal de nivellement général de la France et le changement des
15.000 repères Bourdaloue.
La situation est plus complexe dans les services de navigation et
d’annonce des crues : il parut bon de maintenir, pour des raisons de commodi-
té, les anciennes échelles, ayant pour zéro le niveau d’étiage. (Comparaison
par exemple des côtes avec celles du passé) En 1910, il fut donc conseillé de
doubler les échelles d’étiage par des échelles altitudinales. On recommanda de
noter avec précision Côtes Bourdaloue, Côtes Aladenize ou Altitudes normales,
et d’éviter la mention Altitudes du Nivellement général de la France, pouvant
prêter à confusion.
Des repères49 d’un nouveau modèle furent scellés en 1912, par exemple au
pont de Fontet (P.M. 182,763) à l’angle aval rive droite de la plinthe, et sur la
maison éclusière. Un tableau permet de recenser ces repères50, illustrés précé-
demment.
Emplacement Altitudes
Date Lieu
RNG Lallemand
1856 Château de Tartifume Aile aval 4.945 m.
1879 Château de Tartifume Aile aval 5.513 m
Cale Borne 64 (couronne-
1895 Château de Tartifume ment de la plate-forme circu- 4.776 m
laire amont)
Face amont, culée de gauche.
1911 Pont de Berrat 19,327 m
R.B. 16,633
Pont en pierre Plinthe à gauche de l’axe 22,327 m
P.M.182, 763 (angle aval
1912 Pont en pierre
R.D. de la plinthe)
1914 Pont de Berrat Face amont, culée de gauche. 19,327 m
Pont en pierre Plinthe à gauche de l’axe 23,392 m
Maison éclusière A g. amont 18,825 m
49
Archives VNF, CF, n° 30-1.
50
Nous trouvons encore trace de P.V.de visites annuelles des repères en 1929 : il est simplement
préconisé de les repeindre. Archives, VNF, CF n° 30,1. PM signifie Point Kilométrique.
- 54 -
Plantation d’arbres.
La plantation d’arbres était obligatoire pour réduire au maximum
l’évaporation des eaux et pour éviter des ruptures de levées.
Les tableaux ci-dessous, non exhaustifs, tentent de recenser les plantations,
avec les différentes essences51 :
L’Auriole-
L’Auriole-Berrat Peuplier
Ormeau
Carolin
Platane
Ypréau
Acacia
Tilleul
Frêne
Saule
1847-1848 x x x x
1858 x
1872 à 1874 x x x x
1934 x
Berrat-
Berrat-Fontet
Peuplier
Ormeau
Carolin
Platane
Ypréau
Acacia
Tilleul
Frêne
Saule
1847-1848-1858 x x x
1872 à 1874 x x x x x
1934 x
51
Tableaux réalisés à partir des états des arbres proposés pour être abattus de 1896 à 1898 indiquant
leurs dates de plantation, et d’un relevé des arbres d’alignement plantés de 1869 à 1874, Archives VNF,
CF n° 423 et 424. Le carolin est une variété de peuplier.
- 55 -
Fontet-
Fontet-Ecluse
Ypréau 52
Peuplier
Ormeau
Carolin
Platane
Acacia
Tilleul
Frêne
Saule
1872-1873 x x x x x x x x x
1874 x x x x x x x
1934 x
52
Peupliers de Hollande
53
Sur la dérivation, nous avons pu remarquer le choix de trembles en 1847 et 1858 ; des taillis
d’acacias et des saules, à L’Auriole en 1886.
- 56 -
sur Cèze et même Angers.(En 1935 par exemple, la disponibilité était de 2000
arbres pour Naurouze et de 454 pour Castanet.)
Archives VNF
- 57 -
Art de planter.
Le tableau54 ci-dessous, réalisé à partir des profils de 1896 à 1898, permet
de connaître le coût des plantations.
1869 1870 1871 1872 1873 1874
Plants, l’unité 0,59 0,59 0,70 1,65 0,52 0,50
Transport 0,10 0,10 0,085 0,10 0,10 0,10
Ouverture des
0,30 0,30 0,30 0,30 0,30 0,30
trous
Plantation 0,077 0,08 0,08 0,08 0,08 0,08
Binage 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10 0,10
Tuteurs et ligatu-
0,0096 0,010 0,010 0,010 0,010 0,010
res *
Taille
0,038 0,039 0,039 0,039 0,039 0,039
Ebourgeonnement
* Tuteurs fournis par les taillis d’acacias.
La plantation de 4166 arbres revint à 1,922 francs par arbre, en moyenne.
Le cas particulier des plantations sur les rampes d’accès au canal, au ni-
veau des ponts, posait un problème. Le C.M. du 26 février 1939 fait état d’une
circulaire ministérielle du 27 octobre 1938, réglant le régime des plantations
d’alignement des chemins départementaux. En effet, ces plantations ne sont pas
la propriété de la commune, qui jouit par contre des droits d’élagage et
d’abattage, le service vicinal en assurant l’entretien.
Archives VNF
54
Dossier des Archives VNF, CF, n° 423.
- 58 -
Entretien des arbres
En général, les arbres étaient régulièrement ramandés, échenillés et éla-
gués, sur l’ensemble du canal.
Le travail d’échenillage était effectué par deux équipes de deux hommes,
(pour deux circonscriptions), l’éclusier se chargeant des plantations situées à
100 mètres en amont et en aval de l’écluse. Les chenilles et les œufs étaient
brûlés sur le champ avec beaucoup de soin55. Ce travail était important si l’on
en croit ces chiffres concernant le bief de Fontet : en 1897, 59 bourses ou toi-
les, 40 cocons ; en 1884, 33 cocons ; en 1882, 43 bourses et 12 toiles et en
1885, 42 bourses et cocons, ont été éliminés. La photo ci-dessous illustre le
même phénomène cette année.
55
Lettre du 5 mars 1877, Circulaire n° 28321 de l’Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées.
- 59 -
Il convient de noter que, selon la loi du 26 ventôse an IV, (17 mars 1896),
les Maires, les administrations, les propriétaires, les fermiers… devaient éche-
niller les arbres, brûler bourses et toiles, ceci, tous les ans, avant le 20 février.
En cas de refus, ils étaient punis de 1 à 5 francs d’amende.
Les abattages étaient aussi nécessaires, à bon escient, et au bon moment. Il
fallait veiller à ne pas couper toute une file d’arbres de même essence et de
même âge, en même temps. Aussi, la requête du Conseiller Général, Monsieur
Chaigne, fut-elle refusée, le 5 mai 1923. Des riverains de la région de Fontet-
Hure demandaient en effet l’abattage d’arbres qu’ils jugeaient dangereux, mais
qui devaient, en réalité gêner leurs cultures.
Donnons quelques exemples :
En 1896-1897 : 149 peupliers, 35 carolins et 6 platanes, furent abattus, en-
tre l’écluse de L’Auriole et le pont suspendu de Tartifume, sur une ligne.
L’autre ligne formée d’acacias encore vigoureux sera conservée, était-il préci-
sé..
Un autre exemple nous est donné, dans un rapport des services techniques.
Entre le P.M. 182.40 et le pont de Fontet, rive gauche, les deux lignes exté-
rieures sont également composées de peupliers qui commencent à dépérir et
qu’il convient d’abattre. La ligne intérieure formée d’ormeaux sera seule
conservée.
En 1896-1897, entre le pont de Fontet et l’écluse, rive gauche, on se pro-
posait d’abattre les trois lignes d’arbres, soit 108 acacias, 265 peupliers et 1
platane. « Ces arbres sont arrivés à maturité ; quelques-uns ont été déracinés
par le vent, d’autres sont inclinés », affirmait le rapport.
- 60 -
Entretien des taillis
Les taillis d’acacias bordant les talus du canal devaient être taillés tous les
quatre ans. Une lettre de Monsieur Ancelin, Chef de section, adressée le 24
janvier 1887 à Monsieur Mauranges, Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
fait état d’une demande de Monsieur Cluzan, propriétaire riverain. La parcelle
de ce dernier, située en amont du pont suspendu de Berrat, rive droite, souffri-
rait, selon lui, de l’ombre de ce taillis et des drageons qui y poussaient. Il sou-
haitait donc que ce taillis fût défriché sur 0,50 mètres de largeur.
Cette demande paraît aujourd’hui dérisoire, quand on sait que ce défri-
chement assez limité, ne produisit que 16 paquets de 25 petites barres d’acacia
représentant un montant de 16 francs56.
Ci-dessous : plan en profil du terrain concerné.
Archives VNF
56
Pour les arbres, archives VNF, CF 421.2 ; 423 ; Dossier 2/1.
- 61 -
Dragage
Le dragage du canal ne nous est pas inconnu : nous assistons régulièrement
à ces travaux d’entretien, les derniers57 ayant eu lieu en 1999.
Avant 1857, il n’y eut aucun chômage complet du canal, car le trafic
s’avérait être nécessaire au commerce et à l’achèvement du chemin de fer jus-
qu’à Toulouse. Mais la date de 1858 était impérative. En effet, le PV de livrai-
son du 23 avril 1853, contient une clause importante, exécutable seulement
pendant une période de chômage, et cinq ans maximum après la convention.
La Compagnie devait faire des perrés de consolidation dans la rigole
d’alimentation, entre la porte de retenue et l’écluse régulatrice, dans ce cas seu-
lement, la dépense serait remboursée par l’Etat. (Environ 5 francs par m² jus-
qu’à concurrence de 5000 m²)
57
Arrêté municipal de fermeture de la voie VC 13 au pont de Berrat, à la demande des VNF. C.M.
du 5-07-1999.
- 62 -
Des chômages partiels se firent toutefois assez régulièrement, à cause de
fuites d’eau, pour réparer la porte d’écluse de Fontet, en 1860, ou encore pour
établir une prise d’eau, en 1881.
Nous avons encore noté l’attribution d’un marché complémentaire pour le
port de Fontet le 20 Août 1938, de 11329,700 m3 à draguer.
Archives VNF
- 63 -
Des exemples du coût de ces dragages sont donnés en annexe 4. (Prix de
revient des ouvriers et du matériel).
Le remplissage posait ensuite des problèmes techniques comme l’indique
le rapport de l’Ingénieur, en date du 10 septembre 1860.
L’eau arriva à L’Auriole le 16 septembre à 15 h.30 et atteignit 0,70 m. à
l’échelle d’amont, à 21 heures. Le 17 septembre, à 0 h.30, l’Ingénieur fit ouvrir
une vanne de dérivation, puis les vantelles. Le 18 septembre à 1 h.20, l’eau ar-
riva à l’écluse de Fontet. A 6 heures, elle atteignait 0,70 puis 1 m. à 8 h.40.
Entre les deux écluses, l’eau a donc mis 50 minutes pour franchir 2557
mètres, la vitesse était donc de 0,852 mètres/seconde, et le débit de 338,857
mètres cubes.
Entre l’écluse de Fontet et celle de Bassanne, le débit58 était de 244,982
mètres cubes : les 4099 mètres ayant été franchis en 1h.20.
L’entretien se faisait aussi par un bateau59 faucheur automobile. Les coût
du fauchage sont présentés en annexe 5.
- 64 -
Entretien des ponts.
En 1853, la Compagnie demanda « à être exonérée de l’entretien futur des
chaussées sur les ponts et rampes aux abords, lorsque ces chaussées sont res-
tées de même nature que par le passé, ou bien à ne payer que la différence en-
tre le prix de l’ancien entretien et de l’entretien actuel ». (Par exemple lors-
qu’un tablier en bois était remplacé par un tablier en empierrement). Elle de-
mandait également que l’Etat fasse ou rembourse la dépense des travaux né-
cessaires pour que l’on puisse visiter, sur toute leur longueur, les câbles de re-
tenue des ponts suspendus. (Condition de sécurité imposée). Le Ministre des
Travaux Publics confirma la demande, le 1er juin 1853, avec quelques réser-
ves : « aux termes du 2ème paragraphe de l’article 58 du cahier des charges, la
Compagnie doit prendre livraison de tous les ouvrages tels qu’ils ont été cons-
truits d’après les projets approuvés ; d’où il résulte que les changements et
additions qui pourront y être nécessaires, doivent être désormais à sa
charge ». Quant à l’entretien de la chaussée, la question était remise à plus
tard.
Sans doute, le document60 examiné concerne le canal entre Toulouse et la
Baïse, mais les problèmes se posaient en termes identiques pour l’ensemble du
canal. « L’entretien ultérieur de la chaussée, sur l’ouvrage, sera seul à la
charge de la commune, le service du canal latéral continuant à assurer
l’entretien de l’ouvrage61… »
Un avis du tribunal de Toulouse, rendu le 20 octobre 1994, précise que la
collectivité propriétaire de la voie portée par le pont est propriétaire du pont,
donc elle en assure la gestion, l’entretien et les réparations, comme le Ministère
l’avait déjà précisé en 1990. Ceci est confirmé par la visite des ouvrages d’art
effectuée par la Direction Départementale de l’Equipement (DDE) en 199562.
60
Archives VNF, CF, 36.
61
C.M. du 5 juin 1932, concernant le pont de Berrat.
62
C.M. du 30-06-1990 et 25-09-1995 ; C.M. du 18-12-1999.
- 65 -
Hommes, bateaux et chevaux.
Les Hommes
Un relevé systématique, mais non exhaustif, des noms d’ouvriers ayant
collaboré à la réalisation du canal, permet de retrouver des personnes connues,
mais aussi de découvrir ceux qui furent appelés, dans le cadre de leur fonction,
venant parfois de lointaines contrées.
(Les dates correspondent, non au temps de service, mais aux documents
qui mentionnent leur nom, pendant leur activité. Les listes sont incomplètes, et
ne comportent que peu de noms du XX° siècle, la loi interdisant de consulter ce
type d’archives, de moins de 100 ans.)
Cantonniers
Balthazar Pierre 1864-1866 Né à Lacourt Saint Pierre (47) en 1840
Casse Pierre 1889-1895
Dubourdieu Pierre 1851-1876 Né à Fontet le 1-7-1851
Ithier Clément 1947
Lafferrière Roland
Marre Pierre 1871-1879 Né à Moissac.
Mougarolis Blaise 1870 Né à St Jory (31)n 1842.
Moulinié fils
Noguey Jean 1866 Né à Meilhan (47) en 1857.
1887
Payral Charles 1880-1881 Né à Villesèque (40) en 1855.
Sarreau Jean 1855
- 66 -
Alard Ingénieur ordinaire à Langon 1857
Ancelin Simon Chef de section à LR 1885
(Né à Angoulème)
Baugardner Ingénieur en chef du contrôle du canal 1884
Borrel Jean Conducteur des Ponts et Chaussées 1895
Braudoux Sous Ingénieur conducteur, puis 1929
Ingénieur des TPE en 1937
Braudoux Ingénieur des TPE, à Marmande 1933
Chamboredon Ingénieur ordinaire 1929
Charpentier Conducteur des Ponts et Chaussées 1899
Couturier Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à 1849-1853
Agen, il seconde Job.
Crescent Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées 1931-1934
Dantein Jules Conducteur à Castets 1855-1856
De Baudre Jean- Ingénieur et inspecteur divisionnaire des Ponts 1839-1854
Baptiste et Chaussées.
De Volontat Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées à Tou- 1899
louse
Espérou Chef de section à Toulouse 18957
Faraguet Ingénieur en Chef des P et Chaussées à Agen 1875
Job (1802-1850 Ingénieur en Chef, Directeur des travaux. 1839-1854
Joly Ingénieur en chef 1849-1855
Laborde Jean Ingénieur adjoint des TPE à La Réole 1921
Laborde Jean Entrepreneur des travaux du canal 1878
Lagrange A. Ingénieur en chef
Lalonde Entrepreneur tâcheron 1921
Larrieu Bernard Conducteur des Ponts et Chaussées 1885
Lèques Entrepreneur 1864
Levesque Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées Tou- 1910
louse
Mauranges Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées 1885
Terrieux Louis Chef de section 1864-1865
Théus Théodore. Chef de la statistique 1854-1856
Né dans les Htes Alpes en 1810 Décédé en 1866
Tronche Jean Rupert. * Conducteur des Ponts et Chaussées 1845
Vignolles Paul Appareilleur des Ponts et Chaussées 1841
Barthélémy
- 67 -
* Jean Ruppert Tronche, fils du Docteur Pierre Tronche, naquit à Fontet en 1815, et s’y maria le 2 août 1841. Il
décéda de mort violente, en Italise, en 1861. Il demeurait à Tartifume, château de Murailles.
Gardes canal
Bosc Jean 1866
Casse Pierre 1897 à 1913 Il habitat Berrat puis Tartifume à partir
de 1895.
Dolheim Ernest 1947
Grollier 1910
Ithier
Lauriol 1850
Marchand Jean 1853
Marre Antoine 1868 à 1881 Né à Montauban (82) en 1837.
Casse Pierre*
Roubaut Pierre Louis 1919 Originaire du Morbihan.
Marie
Terrieux Henri 1865
- 68 -
Eclusiers
Béteille Jean (ou Jac- 1885-1866 Né à Moissac en 1858
ques)
Cabot
Conil Antoine 1858 Né à Fontet le 10 janvier 1830
1862 Démission à l’Auriole
Coutensou Jean 1862-1878 Né à Feugarolles (47) en1862
1892-1898
Dreuilhe Romain 1862 Né à Moissac en 1829
1863 Démission
Dubourdieu Pierre 1851-1874- Né à Fontet le 1 juillet 1851
1878-1894 Décédé le 16-2-1894, en activité.
Dubourdieu Vve 1897
Ducos Etienne 1858-1859 Né en 1826 à Coussan (47)
Dumas Jeanne 1898
Grollier Jean 1904, 1907
Jeanneau Barthelémy 1867 : 3ème Né à Meilhan en 1866
Jean cl. Décédé le 6 juillet 1870
1870 : 2ème
Lacombe Guillaume 1859 Né à Agen en 1810
Lalubin Jean 1882-1885 Né au Mas d’Agenais (47) en 1856
Marre Antoine 1871-1873
Marre Joseph 1871-1879
Meyre Julien 1884 Né à Daglan (32) en 1859
1889-1891
Mougarolis Blaise 1870-1873
Moulinié Jean 1922, 1946
Moustié François 1856 Il s’agit de la date de son mariage, à Fontet.
Petit Pierre, dit Emile 1881-1882 Né à Lagenère (47) en 1852
Pierre Balthazar 1864 à 1879
L’éclusier ouvrait les portes des écluses et aidait au franchissement des
sas, il était aussi chargé de l’entretien du chemin de halage et du terre-plein sur
50 mètres, amont et aval. (Doc. 1932) Il devait en outre veiller à ce que les ni-
veaux des biefs ne s’abaissent pas au cours des manœuvres d’alimentation, et
éviter tout gaspillage d’eau.
- 69 -
La durée de travail du garde canal était de 10 heures par jour. (Article 3 de
l’arrêté du 3 juin 1909). Il devait en particulier contrôler le service des éclu-
siers, des cantonniers et des auxiliaires.
Les peines disciplinaires étaient prévues par l’article 5 du décret du 29 juin
1909, avec possibilité d’une mise à la retraite dans les plus brefs délais. Les
fonctionnaires du canal étaient étroitement surveillés. Une circulaire de
l’ingénieur en chef du 7 novembre 1921 montre que le Syndicat de la Batellerie
rapportait des plaintes de bateliers, relatives à la qualité de service de certains
éclusiers : éloignement de l’écluse à l’arrivée des bateaux, ou pendant les ma-
nœuvres, ce qui occasionnait des retards. De plus, ils ne devaient pas se livrer à
des travaux rémunérés, en dehors des actes professionnels. En 1934 le Ministre
précisait à ce sujet63 : « Les faits signalés constituent un abus surtout dans la
période actuelle, où de nombreuses catégories de travailleurs sont gravement
atteintes par le chômage.
63
Archives VNF, CF 162.
- 70 -
Le personnel était assermenté, et la prestation de serment avait un tarif64.
Ainsi, en 1927 :
64
Archives VNF, CF 162.
- 71 -
Aussi les bateliers ont-ils été le plus souvent organisés en compagnies, en
syndicats et associations de défense ou d’aide sociale. A Bordeaux, mention-
nons entre autres, la création du Syndicat des Transporteurs fluviaux, en 1900 ;
du Syndicat corporatif en 1912 ; de l’Union des Transporteurs fluviaux en
1924 ; de la Compagnie des Remorqueurs de la Garonne en 1927. Plus tard
apparaissent l’Association des Transporteurs fluviaux du Midi, le Syndicat des
Artisans bateliers du Midi, L’Entraide sociale batelière, (à Toulouse), en
1935 ; les Syndicats Ouvriers en 1936 ; la Coopérative artisanale de Trans-
porteurs Fluviaux en 1946 et enfin le CIDUNATI en 1972.
Bateaux.
Les premiers bateaux à assurer la circulation furent la sapine et le coutril-
lon. La sapine en bois, de 145 à 170 tonneaux, mesurait environ 30 m. de long
et 5,40 m. de large. Les dernières sapines de bois disparurent totalement en
1964, remplacées par des bateaux en fer. Le coutrillon, de 100 à 170 tonneaux,
avait une longueur de 28 mètres, et une largeur de 4,50 m environ.
De 1875 à la 1° guerre mondiale, on utilisait des bateaux vapeur, à roues à
aubes (à l’intérieur de la coque), mais ils disparurent rapidement.
Les bateaux à vapeur apparurent avant 1899. Jaugeant de 90 à 120 ton-
neaux, et avançant à une vitesse de 6 à 10 km/h, ils étaient assez dangereux.
Les premiers bateaux à vapeur furent utilisés sur la Garonne, grâce à leur initia-
teur, Charles-Joseph Brannes, maire de Langon de 1831 à 1833, qui en trouva
l’idée au cours d’un voyage à la Nouvelle-Orléans.
Une guerre fratricide s’engagea alors entre les compagnies de navigation.
La première, dite Des Quatre Bateaux (La Garonne, Le Français, L’Estafette
et Le Henri IV), fut créée en 1822 à Bordeaux sous le nom de Compagnie
Bordelaise, avec le lancement du Courrier de Marmande en 1827. A son tour,
une compagnie de La Réole mit en service deux vapeurs : Le Réolais et Le Lot
- 72 -
et Garonne, en 182665. Huit ans plus tard, Les nouveaux Bateaux à vapeur as-
surèrent la liaison Bordeaux Agen.
, Archives VNF
65
Cf Vital, pages 415 à 419.
66
Règlement de police de 1857, Article I, Titre II, selon un rapport pour M. Brassens du 9 octobre
1880.
- 73 -
Les bateaux ne pouvaient être mis en circulation qu’avec des autorisations
et après des essais, en particulier pour les remorqueurs (par décret ministériel
du 13 novembre 1860).
Archives VNF
- 74 -
cupant tout le sas. Jusqu’à Fontet, le voyage67 s’effectua assez bien, à la même
vitesse de 4,2 à 4,4 km/h.
Le 17 septembre1863, une lettre M. Roux, armateur, attira notre attention
sur une demande de construction de bateaux. Le propriétaire souhaite établir
une chaîne de touage, en concurrence avec les bateaux à vapeur (autorisés par
décision ministérielle du 13 novembre 1860). Le Directeur des canaux ne don-
na pas de réponse favorable car ce monopole pouvait provoquer des dégrada-
tions aux ouvrages du canal, de plus le dossier, incomplet ne comportait aucun
dessin68.
Archives VNF
67
Archives VNF, Carton 583, D1, L18, n° 12
68
Lettre du Directeur des canaux du 26 septembre 1865, Archives VNF, Carton 583, D1, L14, n°2
- 75 -
Armateurs
1858 Clavières et Cie, BX Bateau à vapeur porteur
1858 De Ciébra, BX Bateau à vapeur porteur
1860 Delauvetis / Jagliacozzo Bateau à vapeur remorqueur, nouveau sys-
tème
1860 Ferrand, de Castets Remorquage
1865 Roux Chaîne de touage. Refus car peur du mono-
pole et du danger
1865 Ernest Marlice, Paris Refus car nouveau système inconnu
1869 Roucaud, Cie L’Union Rive- Essais de remorquage à la vapeur, de Cas-
1870 raine. tets au pont de Fontet.
1870 Ferrand, Castets 2 grands bateaux autorisés, ou 3, si le pas-
Ex Hirondelles ou Abeilles, BX sage en 2 éclusées possible
1871 Grignon, BX Vapeur
1871 Jaille Transport de phosphate, chaux de mine
1877 Grignon, BX Vapeur porteur, bateau à aube
1878 Cie française du Centre et du Vapeur, style bateaux Hirondelle de BX
Midi, pour l’éclairage au gaz expériences en 1877 et 1878
1878 Junior Roucaud et Cie, BX Autorisation pour 8 bateaux à vapeur, à hé-
lices et à aubes
1880 Brassens, dit Brasille, La Réole Vapeur à aubes, autorisé en période
d’étiage de la Garonne, mais : Les bateaux
ne pourront marcher en convois, ils ne se-
ront ni accouplés, ni remorqués, on pourra
néanmoins en attacher deux l’un à la suite
de l’autre, lorsque le convoi ne sera halé
que par 2 chevaux, bœufs ou mulets, ou par
4 ânes.
1888 Burt, Boutton et Hagwood, Paris Vapeur, remorqueur, anciennes citernes
halées par des chevaux, produits de la dis-
tillerie du goudron de houille
1888 Arbouin, Montauban Fare-Hall, vapeur, remorqueur
1890 Marguerol Le Neptune
Plaisance, Sauvetage et remorquage
1893 De Brouard, BX 16 points de stationnement, dont Fontet.
- 76 -
Les riverains ont vu passer sur le canal des bateaux de poste, des bateaux
transportant voyageurs et marchandises, et des chaloupes militaires.
La poste
Nous n’avons pu recueillir beaucoup d’informations sur les bateaux assu-
rant le transport du courrier, mais nous vous proposons, outre une reconstitu-
tion du bateau, une affichette d’information.
Nous avons aussi remarqué le nom d’un postillon de bateau : M. Michel
Labat, décédé à L’Auriole en 1905.
- 77 -
Voyageurs
Beaucoup de bateaux assuraient le service de voyageurs, quotidien ou non,
entre Castets et Agen, ou Toulouse. Nous avons repéré quelques noms de ba-
teaux ou de propriétaires :
1880 Brassens, dit Brasille La Réole
1884 Delpech et Buytet Ils assuraient un service quotidien
Castets-Fontet, avec arrêt au Cricq,
grâce à un vapeur à hélices.
1892 Vapeur Magicienne Il stationnait à Fontet, au cours d’un
service régulier de Castets à Agen.
1892 Vapeurs L’Agenais et Le Ils assuraient un service de nuit,
Villeneuvois mais ne stationnaient pas à Fontet.
Marchandises
Se reporter au chapitre consacré à l’exploitation du canal.
Armée
Il est aisé de deviner la curiosité amusée, attentive ou inquiète de nos rive-
rains, voyant passer dans notre village des bateaux de guerre.
Nous avons noté le cas d’une bombarde, venant des ateliers Armand de
Bordeaux, qui arriva le 7 novembre 1860 au Mas d’ Agenais. Quelques canon-
nières sont aussi facilement identifiables.
Les numéros 3 (L’Augusta) et 4, en 1859 et 1860, la 1° et la 2° à destina-
tion de Brest et Rochefort, en 1861, la numéro 5, effectuant le trajet Sète Brest
qui arriva à Castets le 1er mai 1862 ; Le Dard et La Fronde qui se rendaient
vers l’Océan, en 1870. Notons aussi le passage de la Saint-Anne (n° 14) en
1865.
- 78 -
Archives VNF
- 79 -
Ces bateaux étaient relativement importants. Ils mesuraient environ 24,70
m. de long et 4,90 m. de large. D’un tonnage de 80 tonnes, et d’un tirant d’eau
de 1,30 mètres, ils avançaient de 5 à 7 km/h.
Pendant la première guerre mondiale, plusieurs furent loués ou réquisi-
tionnés par l’Etat69. L’indemnité de déménagement était fixée à 200 francs
pour le propriétaire et ramenée à 150 pour un contremaître. Par exemple, pour
une péniche flamande de 300 tonnes, la location pouvait varier de 150 à 210
francs par mois, (ou de 30 à 45 francs pour un contremaître, le propriétaire per-
cevant alors de 120 à 165 francs mensuels.)
Les péniches étaient louées à des mariniers qui les exploitaient librement,
pour 8,50 francs par jour pour un bateau en bois, et 9,50 francs pour un bateau
en fer70.
Difficultés de navigation :
Des accidents furent parfois provoqués par les maladresses de mauvais
conducteurs. Ainsi le 15 juillet 1886 à 12h30, Jean Déziré, marin de Lavardac
et patron du bateau Le Khroumir, accrocha le treuil en sortant de l’écluse de
Fontet. Il eut à s’acquitter d’une amende de 16 francs, et de frais de réparations
de 30 francs71.
Les exemples les plus significatifs concernent les canonnières :
La Saint Anne (n° 14) partie de Toulon en 1865, eut un problème car elle
laboura le fond du canal au bief 38. Arrivée à Rochefort, elle fut démontée en
15 morceaux qui, chargés sur une frégate, partirent pour Cayenne. Un courrier
du 10 octobre 1860, adressé à Monsieur Couturier, fait état de difficultés ren-
contrées par L’Augusta : arrivée à Agen le 2 octobre à 14 heures, elle eut be-
soin de réparations à l’avant, à cause d’une voie d’eau. (L’année précédente, la
canonnière avait été débarrassée de tout son matériel, de guerre et de naviga-
tion, avant d’entrer dans le canal.) Cette fois, les 57 tonnes de matériel étaient à
bord, sauf le canon et les munitions, restés à Toulon. (Sinon le tirant d’eau se-
69
Circulaire du 3 août 1917.
70
Archives VNF, Casier bois .
71
Archives VNF, Carton 616, D1, L 33.
- 80 -
rait passé de 1,50 à 1,70 m.) Deux pilotes du Canal du Midi et un garde canal
accompagnèrent le bateau de Sète à Castets. Les difficultés ayant disparu dans
le canal latéral (pas d’herbes de fond, tracé parfait…), seul le passage sous les
ponts fut plus délicat.
Ce furent les canonnières espagnoles, L’Arlanza et EL Tajo, construites
par les chantiers de la Seyne en 1875, qui endurèrent le plus de difficultés au
passage des écluses, à cause de matelots inexpérimentés. (Parties le 13 février
de Sète, elles arrivèrent le 24 mars à L’Auriole. La Segura et La Turia furent
mieux pilotées, car accompagnées jusqu’à Castets par M. Picot, employé se-
condaire72.
72
Archives VNF, Carton 583, D1, L5, n°8 .
73
La "Virgen de Covadonga" était une corvette canonnière espagnole ayant participé à la guerre du
Pacifique de 1862 à 1871, entre les Espagnols, les Chiliens et les Péruviens.
- 81 -
Indemnités Avaries Marchandises Propriétaires
Rhodania I, ex
49.197 francs
Krysis
Rhodanic IV, ex
20.000
Tigre
Pas
Téméraire 20.989
d’avarie
Le Coq 25.000
Pas
Iris M. François
d’avarie
Roland Rolande
Travaux : lingots de cuivre
Rebaptisé Langon 41.045 M. Coucière
6.859,50 (1 lingot = 36 kg)
*
Rhodanic VI, ex
20.000
Marie-Rose
- 82 -
Couthures sur Garonne par l’entreprise Denaules74. Le montant des travaux
s’éleva à 3960 francs, il fallut 18 journées de travail (à 22 francs) pour 10 ou-
vriers. (Précision apportée : le nombre d’ouvriers étrangers ne saurait dépasser
20%).
L’entretien des vaches, chevaux, mulets ou ânes revenait également assez
cher. En Effet, les animaux tiraient les bateaux, par nombre de deux ou trois,
attelés l’un derrière l’autre, sur 25 kilomètres par jour.
Le Halage étant réglementé, la vitesse ne pouvait dépassé 3 km/h.
Les animaux étaient accueillis dans des écuries où les mariniers pouvaient
les louer. L’ouvrage de Monsieur Dubourg (page 55) donne le prix de 5 francs
par jour, en 1899. A Fontet, le relais se trouvait au Cricq, et était tenu par M.
Laborde dit Merle (ci-dessous).
74
Procès-verbal de réception définitive du bateau, en date du 4 mai 1921, signé par Jean Laborde,
Archives VNF, CF n°40.
- 83 -
Nombre de chevaux en circulation en 1918 :
Les tableaux ci-dessous donnent une idée de l’importance de ce trafic :
Nombre de bateaux Nombre de chevaux
Société coopérative de ha- 119 (dont 3 par bateau et 5 de ré-
38
lage75 serve)
Cie des Vapeurs français 23 50
Maison Vve Gayet 5 15
M. Bastide de Bordeaux 3 8
M. Turbet de Bordeaux 4 12
M. Roux et Cie de Tou-
4 12
louse
Société des Transports du
20 58
Midi
Messieurs Duffaud et Der-
9 26
na (Lamagistère)
Total 105 300
Voici un exemple de ration journalière d’un cheval, donnée en 1918, par
l’entreprise de transports Fernand Genève, de Paris (Adressée à l’Ingénieur en
Chef, à Agen76) :
Volume en kg Prix en francs
Avoine 2,50 64 f. le quintal, octroi compris, en 1919.
Tourteaux d’arachide 2 0,78 le kg
Tourteaux de lin 1
Son 4
Coques de cacao 0,500
Drêche sèche de brasserie 7
Paille séchée 4
75
. La Société coopérative de halage comprenait la Cie des Salins du Midi Cie, les Vapeurs tarnais,
la Société Méridionale d’affrètement, le Comptoir franco-italien, la Cie des Transports toulousains et la
Cie Océan Méditerranée. Soit au total 300 chevaux pour 105 barques.
76
Archives VNF, Casier bois.
- 84 -
Soit 21,500 kg bien mélangés de mélasse, ce qui fait un total de 23 kg, plus
une botte de luzerne de 5 kg. Selon les saisons on pouvait remplacer 1 kg de
tourteaux d’arachide et les coques de cacao, par des châtaignes, du rutabaga, de
la betterave, des topinambours… En cas de disette d’avoine…
On peut supposer que ce régime spécial était assez exceptionnel et que, sur
le parcours du canal, les animaux étaient nourris plus sobrement, la ration
d’avoine étant de 4 kg en 1919, par cheval et par jour. (Exemple de La Société
Toulousaine des Transports toulousains qui effectuait le trajet Bx-Tlse-
Beaucaire)
Archives VNF
77
Archives VNF, Casier bois
- 85 -
Exemples de bons de livraison :
* Mr Revel, gérant du dépôt de Toulouse fut invité à livrer à M. Ousset,
patron du bateau Bordes (2 chevaux) les denrées pour les besoins de la 1ere
quinzaine de janvier 1919. Le montant s’éleva à 79,44 francs, correspondant à
120 kg d’avoine à 66,20 francs le kg.
* Le 2 juin 1919, il fut livré 192 kg d’avoine pour un montant de 127,11
francs, au bateau Gironde (3 chevaux)
Pendant la 1° guerre mondiale, les chevaux furent réquisitionnés par
l’armée. Le halage réapparaîtra ensuite pour disparaître définitivement en
1930, avec le développement des bateaux à vapeur. Une exception toutefois :
les chevaux reprirent du service pendant la seconde guerre mondiale.
- 86 -
Réglementation et surveillance.
Beaucoup de bateaux empruntant le canal, une réglementation assez stricte
vit le jour : ordres de priorités aux écluses, vitesse limitée…
Un ordre de priorité était institué à l’entrée des écluses, en fonction du
tonnage et des marchandises transportées. Donnons un exemple de 1870 :
l’entrepreneur de remorquage Roucaud et Cie demanda la priorité pour trans-
porter des produits pétroliers dangereux, vers Toulouse. (Son ordre de service
était le 3° ou 4° rang, par un règlement qui accordait la priorité aux forts tonna-
ges). Il obtint un refus de l’administration qui estima que les dispositions de
sécurité étaient suffisantes78.
La limitation de la vitesse s’imposait si l’on en croit ce rapport d’accident
survenu à L’Auriole, le 4 mai 1893. Le Maire de Fontet, Jérôme Courrègelon-
gue, reçut une plainte de sieur Denis Canton, mécanicien à bord du Marguerite
qui assurait la liaison Bordeaux-Agen. Son patron, M. Doucet, avait exigé
qu’il augmentât la vitesse du bateau. Il refusa car la machine ne pouvait sup-
porter une pression maximum à 16 kg. Le fils du propriétaire, M. Faure, de
Bordeaux, le frappa d’un coup de raclette au-
dessous de l’œil droit. Doucet se défendit à
coups de pieds et de poings. Il descendit à
L’Auriole et déposa plainte79. (Témoins : Gas-
ton Laborde, 16 ans, Bernard Lalanne, 63 ans
et Julien Bouron, 31 ans, résidents de Fontet).
Un autre accident se produisit en 1946 à
Meilhan : un bateau chargé d’essence explosa.
(Une source orale nous affirma même qu’il
s’agissait d’un « trafic ». Ci-contre stèle com-
mémorative).
78
Archives VNF, Carton 665, D1, L.12, n°2.
79
Registre des plaintes, mairie de Fontet, 4 mai 1893.
- 87 -
Le 22 mai 1892, le CM de Fontet émit le vœu que la navigation fût placée
sous le régime du droit commun sur le canal.
Le travail des gardes s’exerçait surtout contre les riverains qui ne respec-
taient pas les règlements, par ignorance, nécessité ou cupidité.
Un rapport du 28 juin 1850 précisait : « Le mépris des riverains du canal
est la preuve de dégradations qu’on n’arrêtera que par quelques exemples de
sévérité. ». Le tableau ci-dessous recense des contraventions recueillies dans
les archives municipales et dans les archives VNF80.
03 août 1849* Femme Joiret Vaches Ignorance, misère et grand âge.
24 juillet 1849 Pascal Laspalle, 23 fois pris en faute. Indigence, oi-
ancien carrier siveté et maraude. 30 francs
(possède maison d’amende ramenés à 15.
et 3 vaches)
19 janvier 1850 Dudon Pierre et Brebis Fréquence de délit de pacage.
Jean Mallet
26 mars 1850 Dudon Pierre Brebis Pauvre, malade, un berger qui a
occasionné le moins de dégâts.
13 juin 1850 Mme Chastres, Accusée d’avoir volé de l’herbe le
née Cazemajou 13 juin 1850, par le garde canal
Lauriol. Elle prétend être autorisée
par Monsieur Buytet qui approuve.
30 mars 1853 Coutenceau née 2 vaches à 16 francs d’amende.
Berrat, borne 528 Faure (proprié- lait
taire) 1 porc
2 novembre 1853 Despin et Bras- 2 porcs Injures au garde-canal.
sens, père et fils.
(Despin, beau-
père de Brassens
fils)
24 décembre Pierre Rey (Tarti- 1 vache Pris plusieurs fois.
1891 fume) bretonne Dommage 1 franc et amende 16
francs.
20 juin 1892 Pierre Rey 1 vache Se justifie par soumission et travail.
Vol
d’herbe.
80
Fontet : registre des plaintes et des arrêtés de 1830 ;Archives VNF, casier 2/1.
- 88 -
*Photocopie du PV délivré par le garde Jean Marchand, signé et approuvé
par le Maire de Fontet, M. Pardiac.
Archives VNF
- 89 -
Baignade
Le dimanche qui suivit la mise en eau du canal, plusieurs baigneurs enva-
hirent les berges de la gare de Fontet. Suite à un rapport de l’Ingénieur en Chef
daté du 26 juillet 1854, la baignade fut immédiatement interdite, par arrêté pré-
fectoral du 3 août . (En vertu des lois des 16-24 août 1790 et 18 juillet 1837).
Ceci, pour plusieurs raisons :
l’indécence. « la nudité et les jeux indécents ont choqué les personnes obli-
gées d’en suivre les abords ou d’en traverser les ponts ».
le danger. « L’irrégularité du fond du canal (…) a failli causer la mort de
plusieurs personnes, notamment d’un enfant, qu’on n’a retiré qu’à grand
peine des bas fonds de la gare de Fontet.
les risques matériels. « Le piétinement des berges mouillées par les bai-
gneurs est de nature à les endommager ». (Extraits du rapport en date du 26
juillet 185481.)
Il convient de rappeler que la baignade était très réglementée dans ces an-
nées-là. Les Cahiers du Réolais nous ont présenté un arrêté municipal de La
Réole concernant les bains publics en Garonne en 1845. Les articles 1 et 8 in-
sistaient sur la tenue du baigneur qui devait être couvert d’un vêtement de la
ceinture aux genoux, affirmait qu’il était interdit de se promener nu, et d’établir
des luttes ou autres amusements et exercices qui puissent attenter à la décence
et à la morale publique. L’article 2 interdisait la baignade de 6 heures du matin
à 4 heures du soir, les articles 3, 4 et 6 délimitaient les espaces réservés aux
hommes et aux femmes. L’article 9 enfin, interdisait toutes espèces de cris et
vociférations.
81
Archives VNF, Dossier2/2.
- 90 -
- 91 -
Hygiène.
Par lettre du 19 janvier 1934, l’Ingénieur en Chef Crescent rappelait à
Messieurs les Ingénieurs que la circulaire ministérielle du 5 juin 1907 ne pou-
vait s’appliquer aux canaux. Cette circulaire autorisait le déversement, sans re-
devance, des eaux pluviales et ménagères, par voies souterraines, vers les riviè-
res. Or, le canal étant un ouvrage artificiel, il n’entrait pas dans le champ
d’application de ce texte82.
L’utilisation illégale des aqueducs pourrait aujourd’hui entrer dans ce
thème de la délinquance. En effet, une lettre de la DDE à la municipalité de
Fontet, datée du 7 février 1990, précise que des réseaux privés électriques ou
d’irrigation empruntent illégalement les aqueducs du canal83.
82
Archives VNF, CF 162.
83
C.M. du 17-02-1990.
- 92 -
L’Exploitation.
La priorité économique du canal était le transport de marchandises et de
voyageurs. Pour en assurer l’entretien, la compagnie devait donc en tirer des
bénéfices. Les revenus des droits de navigation ne suffisant pas, les ressources
venaient aussi de la vente d’arbres et de diverses concessions attribuées aux ri-
verains (prises d’eau pour l’irrigation, lavoirs, usines et moulins). Quelques ac-
tivités temporaires donnaient également droit à des redevances : trémies de dé-
chargement, dépôts de bois, passerelles, dépôts d’hydrocarbures, hangars, mou-
lins, usage d’eau, jardins ouvriers (dans l’Aude), terrains, dossiers
d’occupations temporaires…
Le transport de marchandises.
Il serait illusoire de vouloir dresser un tableau des marchandises84 trans-
portées sur le canal, au début des années 1850. Il s’agissait surtout de céréales,
84
Projets de tarifs, 1er juillet 1852, Archives VNF, C 707.
- 93 -
de conserves, de produits alimentaires, de poissons frais et salés, de viandes et
volailles, d’objets manufacturés, de droguerie et de produits pharmaceutiques,
de pièces mécaniques, de papier, de rails et de roues de wagons, de candélabres
à gaz, mais aussi d’objets et de denrées, désuets aujourd’hui. Nous en donnons
une liste non-exhaustive en annexe 8.
Les marchandises étaient classées en trois catégories, dont dépendaient les
tarifs qui représentaient une ressource très importante pour la Compagnie.
Nous en donnons un exemple en annexe 9. Les demandes de réductions étaient
nombreuses, émanant des transporteurs mais aussi du Conseil Général de la Gi-
ronde (en 1879 par exemple) et de la Chambre de Commerce de Bordeaux. Ces
droits de navigation furent supprimés lorsque l’état reprit possession de la
concession. Ils furent réintroduits dans les années 1950, sous la forme d’une
autorisation annuelle de déchargement. Ceci intéresse la gare de Fontet85.
Archives VNF
Les prix ne varieront guère de 1956 à 1968, soit 2000 francs, (200 francs à
partir de 1960) pour les goudrons et bitumes, essences, blés et ciment. Les au-
torisations de manutentions des marchandises en dehors des ports indiquaient
aussi le temps de stationnement accordé.
85
Archives VNF, Carton 694.
- 94 -
Vente d’herbe et de fleurs de tilleuls.
Un exemple de vente d’herbe peut être donné avec le soumissionnement de
Pierre Rey le 20 juin 1892, pour un montant86 de 37 francs par an. Cette vente a
t-elle eu lieu devant l’église (ou sous son porche), comme cela se pratiquait
sous l’Ancien Régime ?
Une lettre du 3 mai 1895 fait état de l’adjudication87 d’un lot de fleurs de
tilleuls à Monsieur Félicien, herboriste à Agen, pour la somme de 45 francs.
Nous n’avons, hélas, pas de volume pouvant nous indiquer le prix de ce pro-
duit.
Mairie de Fontet : CM
86
Archives VNF, Carton 616, D1,L35, n°7.
87
Archives VNF, CF n° 422.
88
Archive VNF, lettre du 15 février 1907.
89
Acceptation de M. Pardiac en date du 30 août 1853. Archives VNF, Dossier 2. Une autre vente
de 576 fagots eut lieu à L’Auriole, avec une mise à prix 12.000 francs, le 1er avril 1854 Archives VNF,
carton 2.
- 95 -
Dans des bordereaux de recette pour vente d’arbres, en date du 15 février
1897, il est précisé que les troncs d’acacias abattus par le vent, en amont et en
aval de l’écluse de Fontet, serviront à faire des piquets pour clayonnages né-
cessaires au rétablissement de la ligne de rive, et que les branchages seront
vendus comme bois de chauffage. Il s’agissait de 24 acacias de 0,45 à 1 m. de
diamètre, de 6 peupliers de 0,70 à 1 m. de diamètre, situés rive gauche. Signa-
lons à titre anecdotique le nom des sept soumissionnaires90 de Fontet : Poujar-
dieu (132 francs), Courrègelongue (147 francs), Fresquet (137,50 francs) et
Laborde (200 francs). L’enchère fut remportée par Loiseau, forgeron à Barie,
pour 220 francs.
Dans le cadre d’une vente d’arbres effectuée à La Réole le 4 décembre
1937, Monsieur Pierre Chabrat a acquis le 4° lot, pour un montant de 360
francs, mais le document n’indique pas le volume.
Aussi, l’état des ressources en bois d’œuvre sur pied exploitables à réali-
ser en cas de besoin sérieux par le Conservateur des Eaux et Forêts à Tou-
louse, était-il réalisé avec minutie, comme le prouve un rapport en date du 3
janvier 1930, communiqué à l’Ingénieur en Chef des Ponts et Chaussées, char-
gé du Service du Canal, en le priant de le mettre à jour.
Les trembles expédiés à Aix-en Provence et les peupliers utilisés pour les
placages et les emballages, étaient achetés par la COIB de Bordeaux91.Une let-
tre92 du 4 décembre 1946 précise que la Manufacture d’Allumettes de Bor-
deaux ne désire pas acquérir les bois impropres aux fabrications de son indus-
trie, à savoir 78 peupliers du secteur de l’Auriole, qui seront vendus comme
bois de chauffage. Les industriels préféraient en effet les peupliers d’Italie.
Quant au peuplier carolin, bien meilleur, il était acheté par la Manufacture de
Mâcon93.
90
Archives VNF, CF n° 421, 2, Archives VNF, CF. n° 422.
91
lettre du 19 décembre1946 Archive VNF.
92
Archives VNF, CF. n° 424.
93
Sources concernant les ventes d’arbres, Archives VNF, CF n° 421.1 et 421.2, 422 et 424.
- 96 -
Archives VNF
- 97 -
L’irrigation.
Les concessions étaient accordées en application des circulaires des 19
thermidor an VI, 16 novembre 1834 et 23 octobre 1851 ; des lois des 12 et 20
août 1790, du 26 septembre et du 6 octobre 1791 ; de l’arrêté du Gouvernement
du 19 ventôse an VI et des lois de Finances du 16 juillet 1840 et du 14 juillet
1856.
Le nombre de prises d’eau.
Les prises d’eau étaient nombreuses sur le canal : en 1901 en Gironde,
pour une longueur de voies navigables de 191 kilomètres, on en comptait en
effet 83.
Mais leur nombre était jugé insuffisant par la Compagnie, qui en proposait
184.
Archives VNF
94
Archives VNF, Rapport de l’Ingénieur en chef du 311-12-1901.
- 98 -
Le débit.
Le Conseil d’Arrondissement de La Réole estimait en 1886 : les quantités ac-
cordées par hectare sont insuffisantes95. La Compagnie répondit qu’elle accor-
derait l’eau demandée mais qu’en règle générale, un volume d’ un litre par se-
conde est largement suffisant pour l’arrosage d’un hectare (…) même en Pro-
vence. (…"). Seuls les rive-
rains de Fontet et de Bas-
sanne protestèrent.
Le nombre de litres
d’eau concédé (par seconde)
était de 22 litres en 1885, 30
en 1881 et 52 en 1901. Ce
débit était aménagé de ma-
nière à ne pas nuire à la na-
vigation et notamment au
pont canal de la Baïse, où le
débit avait été fixé par déci-
sion96 ministérielle à 3846
litres.
Nous présentons ci-
contre le plan en coupe de la
prise d’eau P.M. 182,381 km
du pont de Berrat, au-
jourd’hui disparue. Elle avait
été concédée au syndicat de
la Petite Rivière, le 9 octobre
188597.
95
.Rapport du 18 février 1885, Archives VNF, CF 483.
96
Archives VNF, CF. n° 13.
97
Archives VNF, Carton 593, D11, n°1. cf. Dossier irrigation.
- 99 -
Quelques exemples de concessions.
A Hure, Monsieur Despin obtint une concession par décret du 9 décembre
1865, au niveau du bief de l’Auriole. (14 litres/seconde, contre une redevance
de 420 francs/an)
A Fontet nous pouvons donner deux exemples de concessions accordées
pour la prise d’eau située au pont de Berrat (P.M. 182.381) :
La première fut accordée par un décret impérial de Napoléon III du 22 fé-
vrier 1862 à Messieurs Monto, Cluzan (Lasserre), Raymond Cluzan, Pradel. La
prise d’eau, dont il reste une trace visible sur la photo ci-dessous, se trouvait à
quelques mètres du pont de Berrat.
98
Archives VNF, copie d’un courrier du 13 octobre 1881 à M. Ancellin.
- 100 -
Observations : en 1906, le projet de règlement pour la concession d’une
prise d’eau d’irrigation à Messieurs Billot et Bougès, (L’Auriole) fixait le ni-
veau normal du bief 49 au droit de cette prise d’eau (P.M 182.381) à 18,27 mè-
tres99. (Selon le Tableau relatif à la fixation du niveau normal des biefs.)
Redevances.
La redevance, révisable tout les 5 à 10 ans, était de 30 francs/litre/seconde
en 1889, comme en 1886. Les concessionnaires, et le Conseil
d’Arrondissement de La Réole demandèrent à plusieurs reprises une baisse
conséquente des tarifs. En réponse, la Compagnie précisa : « la quantité d’eau
n’est pas limitée et, d’autre part, le taux de la redevance est modique » (à Car-
cassonne100 il est de 45,00 francs litre/ha, de 80 francs à Marseille….)
Dans son rapport du 8 juillet 1899, Mr Charpentier affirma à nouveau la
modicité du prix de la redevance mais proposa la réduction de moitié, compte
tenu du peu d’empressement mis par les agriculteurs à développer ce mode de
culture. Il conclut ainsi : « j’ai cru devoir indiquer l’immense service que ren-
drait au pays le développement, sur une grande échelle, des irrigations le long
du parcours de la voie navigable, et il m’a paru que nous devrions faire
connaître (…) les immenses richesses que renferme la canal latéral, afin
d’amener la population agricole à sortir de la routine qui arrête une transfor-
mation agricole capable de modifier profondément les sources de richesse de
la région du sud-ouest. »
L’ingénieur pensait qu’il faudrait beaucoup de temps à l’agriculteur pour
qu’il apprécie les bienfaits de l’irrigation. Il se justifiait en comparant les ren-
dements :
Prairies naturelles non irriguées 6 mois d’irrigation
Production 3 coupes de foin ou de regain : 8 à
3 à 4000 kg par hectare
1000 kg par hectare.
Rapport 150 à 200 francs l’hectare 400 à 500 francs par hectare
99
Pour les concessions, sources VNF, D2, pièce 14 ; Carton 593, D11 n°3 ; Dossier 2.11.
100
18 février 1885, Archives VNF, CF 483, Archives VNF, Carton 593, D11, n°3.
- 101 -
(Le rendement101 était encore plus important pour des prairies artificielles.)
Les concessionnaires se voyaient accorder des indemnités en cas de chô-
mage du canal. Par exemple, pour la période du 2 août au 21 septembre 1881,
Messieurs Monto et Cluzan obtinrent 45 francs de remboursement sur les 900
francs de la redevance annuelle, pour 39 jours de chômage102.
Aujourd’hui, l’irrigation reste un pôle important de l’activité du canal,
avec un taux de 16,60% des recettes. Les riverains sont autorisés à pomper
l’eau pour l’irrigation de leurs parcelles. Le prix est très bas, grâce à un abat-
tement de l’ordre de 94 % consenti aux agriculteurs103.
101
Archives VNF, CF.n°13.
102
Archives VNF, CF 483.
103
Sources : Du canal latéral au canal de Garonne, page 39.
- 102 -
motrice à la ville de La Réole et fixa le niveau normal du bief 49 à l’écluse de
Fontet à 18,183 mètres.
104
Côtes correspondant à la graduation + Aval de l’écluse amont : 18.174
2.00 des échelles nautiques des éclusiers. Amont de l’écluse aval : 18.171
Côtes (dessus la poutrelle dormante) en amont 16.111
du busc.
Côte du busc aval. 14.621
Chute mesurée réglementaire 1.58 à 1.60
Niveau normal proposé à l’amont de l’écluse 18.250
d’aval.
Mouillage sur la poutrelle dormante résultant Actuel : 2.06
du niveau normal. Proposé : 2.139
Mouillage sur le busc d’aval résultant du ni- Actuel : 1.97
veau normal. Proposé : 2.029
Archives VNF
104
Mai 1906, selon le Tableau relatif à la fixation du niveau normal des biefs.
- 103 -
Entrée de la dérivation de l’écluse 49.
L’usine fournissait l’éclairage et la force motrice à la ville de La Réole. La
hauteur de chute était de 1.6 m et la puissance de 28 kW. La redevance105 à
percevoir représentait 6,15 francs en 1932.
L’usine était déjà fermée en 1939, mais elle fut remise en service pendant
la guerre pour alimenter l’hôpital, les boulangeries et la Mairie de La Réole.
105
Archives VNF, Carton 512, 10° section, chapitre 102.
- 104 -
Les Lavoirs.
Trois lavoirs existaient en 1902 ( aux ponts de Gaillet, de Poujardieu et au
pont de pierre), le quatrième fut créé en 1907, à Tartifume106.
106
C.M. du 9 juin 1907 et du 14 févier1909.
- 105 -
En 1941, deux lavoirs étant inutilisés, le C.M. du 13 décembre posa enfin
le problème de la redevance.
107
CM des : 13/12/1941, 16/06/1949, 19/12/1986 et 19/02/1987.
- 106 -
Les moulins.
Fontet n’en possède pas, mais nous avons l’exemple du moulin à farine de
L’Auriole, dont nous avons pu retracer l’histoire, au XIX° siècle.
- 107 -
Archives VNF
108
Archives VNF, Dossier 524/2.
- 108 -
et de Jean Duzan de Fontet, pour moitié. Ce dernier vendit sa part à Monsieur
Bouyer le 15 novembre 1876.
Suite à une succession, un échange eut lieu entre Madame Veuve Bouyer,
de Saint Aignan et Madame Abribat, née Bouyer, d’une part, et Madame Ber-
net de Bordeaux, d’autre part, le 18 août 1893. (Contre une maison à Bor-
deaux) Mais cet acte fut annulé par le tribunal, le 28 février 1895. L’usine fut
alors vendue en 1897 à Messieurs Jean, Jacques et Antoine Descorps, minotiers
à Villandraut109.
(D’autres noms apparaissent en-
suite : Billot et Bougès en 1907.)
109
Archives VNF, Dossier 524.2.
- 109 -
Grandeur, décadence et espoir.
Baisse du trafic.
En 1850, il fut question de combler la tranchée du canal à partir d’Agen,
pour y implanter la voie de chemin de fer. La majorité des communes concer-
nées accepta le projet de M. Magne, Ministre des Travaux Publics (295 contre
35). Nous ne connaissons pas la décision de la municipalité de Fontet.
La ville de Bordeaux continua à défendre le canal, avec sa Chambre de
Commerce : « Nous demandons l’établissement du chemin de fer ; nous som-
mes persuadés des avantages qu’il procurera à la région, mais le canal doit
être achevé. Le canal et le chemin de fer, loin de s’exclure, se complètent l’un
et l’autre, et puis la présence de ces voies de transport fera naître la concur-
rence qui est un gage de bon marché. »110
Le trafic111 du canal fut intense dès le début, au détriment de la Garonne :
les bateliers du fleuve disparurent peu à peu, comme les chantiers de construc-
tion de bateaux. Dès 1856, la concurrence de la voie ferrée entraîna une réduc-
tion du trafic du canal, qui reprit toutefois après le rachat du monopole de la
Compagnie du Midi, par l’Etat.
En 1880, il sera même question de prolonger le canal jusqu’à Bordeaux,
car l’attente d’un remorqueur112 ou d’un voilier ralentissait le trafic à Castets.²
110
Cité par Dubourg, page 47.
111
Voir annexe 7 : l’évolution du tonnage.
112
à aubes, de 800 chevaux.
- 110 -
Cette construction avait déjà été envisagée lors de l’avant projet du canal
latéral, mais ne se justifiait pas à cause de la navigabilité de la Garonne au-delà
de Castets. Deux faits nouveaux relancèrent le débat. La requête de la Chambre
de Commerce de Bordeaux adressée au Ministre le 16 juin 1880 précisait que
« le canal prolongé assurerait pour le bassin à flot une alimentation parfaite et
(…) par les moyens les plus simples, de pratiquer, même sur les vignes placées
à d’assez grandes distances, des submersions hivernales anti-phylloxériques et
offrirait sous ce rapport de précieuses ressources à toute une contrée agricole
cruellement éprouvée. ». De plus, il deviendrait possible de créer un nouveau
bassin à flot, de favoriser les irrigations maraîchères, le lavage des rues,
d’éliminer les nombreux dragages, fort coûteux, du bassin à flot. Le projet
n’aboutit pas…113
Le détail ci-dessous d’un tableau de Maxime Lalanne114 permet de décou-
vrir l’ambiance du port de Bordeaux à l’arrivée des voiliers et des bateaux à
vapeur. (Collection particulière)
113
Archives VNF, Carton 665, D1, d11, n° 1 et 3.
114
Fusain : Vue du Port de Bordeaux, 1882. Maxime Lalanne, peintre né à Bordeaux en 1827 et
mort à Nogent-sur-Marne en 1886. Collection particulière.
- 111 -
Au début du XX° siècle, le canal perdit de son importance à cause des
avantages qu’apportait alors le train.
Un projet de canal comparable à celui de Panama reviendra régulièrement
comme un « serpent de canal «, jusque dans les années 1940, mais ne sera ja-
mais réalisé, car trop ambitieux et trop coûteux. Nous présentons ci-dessous un
extrait de la délibération du C.M. de Fontet en date du 20 novembre 1904115.
115
Mais d’autres seraient tout aussi révélatrices : 20-11-1904, 09-06-1907 ; 5-09-1909.
- 112 -
juillet 1984, ne changèrent rien. Pourquoi cette grève ? Essentiellement deux
raisons : l’absence de tout crédit sur le budget de 1984 pour la poursuite des
travaux d’aménagement du canal et le sentiment que l’administration centrale
accordait de plus en plus sa préférence à la navigation de plaisance. Que de-
mandaient les grévistes ? : « Pouvoir travailler avec de justes prix, une concur-
rence loyale et des chargements aller-retour »116
La pêche.
Dès l’ouverture du canal, la pêche attira les riverains. Très tôt, il fallut lé-
giférer le droit de pêche sur le canal latéral. Un extrait de bail à ferme de 1861
est particulièrement intéressant. La Compagnie des Chemins de Fer du Midi et
du Canal latéral à la Garonne, représentée par M. Urbain Magues, Directeur
des Canaux, baillait à ferme à M. Corne, entrepreneur des TP pour les années
1862 à 1868, le droit de pêche sur le canal avec des batelets, le droit de chasser
des oiseaux aquatiques, et l’autorisation d’essais de pisciculture, tout ceci
116
Journal Sud-Ouest du mercredi 18 juillet 1984.
- 113 -
moyennant redevance. La réglementation était très stricte117 : les constructions
étaient interdites, les pêcheurs ne devaient pas entraver la circulation sur le ca-
nal, sur les chemins de halage, et sur les francs bords, la pêche était interdite la
nuit et à certaines époques…
117
En application de la loi du 15 avril 1829 et de l’ordonnance royale 15 novembre 1830. Archives
VNF, Carton 618, D1, L1, N°3.
118
Archives VNF, Carton 618, D1, L1, n°3 ; Case n°11 de la galerie. Fêtes publiques.
119
C.M. du 25-03-1988, 3-08-1998.
- 114 -
Le tourisme fluvial.
Le Canal a t-il encore un avenir aujourd’hui ? On peut en douter, mais le
tourisme fluvial peut lui apporter une dernière chance.
Le tourisme et les loisirs se développent lentement en France, à partir de
l’attribution des congés payés en 1936, et le nautisme sur les canaux ne com-
mence vraiment qu’à partir des années 1980. En 1984, 150 bateaux étaient pro-
posés en location sur le canal latéral… mais pour deux mois seulement. En
1999, les bateaux de particuliers étaient évalués à 70 % du trafic de plaisance,
(généralement des voiliers faisant le transit Atlantique/Méditerranée).
Les Anglais avaient lancé ce type de loisirs sur nos canaux. Les archives
nous ont dévoilé deux noms :
Un bateau à vapeur austro-hongrois, reliant Océan et Méditerranée, passa à
Fontet le 31 mars 1875. Le 3 septembre 1893 le yacht Hannigo de Henry
Sammeson attira les curieux le long des berges de notre canal. (Il voyageait du
Havre à la Méditerranée avec une autorisation ministérielle)
Aujourd’hui encore, les Anglais apprécient le tourisme nautique. Aussi,
par exemple, avons-nous le plaisir d’accueillir chaque année Mme et M. Dia-
mand. La photographie ci-contre montre leur bateau, le Flora Poste, (du nom
d’une héroïne de la littérature anglaise contemporaine), ancré au port de Fon-
tet.
- 115 -
Des projets existent depuis longtemps en faveur d’un développement
touristique du canal. Ainsi, dès le 8 juin 1977 le Conseil Municipal souhaitait
un aménagement des berges et des voies de halage pour permettre le
développement du tourisme pédestre et équestre.
Toutefois, seule une volonté politique et économique peut permettre un
développement harmonieux et rentable.
De nombreuses initiatives virent le jour dans les années 1980-1990 :
En juillet 1985, l’Office du Tourisme de La Réole étudia l’aménagement120
d’un circuit touristique du canal. En décembre 1990, le projet de PERI interdi-
sant d’édifier des bâtiments autres que serres, une dérogation fut accordée à des
constructions indispensables au tourisme fluvial.
L’association Garonne-Canal latéral fut créée le 12 juin 1991 : le C.G.
souhaitait ainsi piloter un programme concret d’actions sur le canal, avec un
équipement minimal. (Fontet adhéra en mai 1994, moyennant une cotisation
annuelle de 200 francs.)
L’Association Aire AGENA vit le jour en 1994. Son but était de travailler
à l’intégration et à la revalorisation par l’emploi, pour l’aménagement et la ges-
tion des espaces naturels aquitains, et la rénovation des berges du canal latéral.
En 1996, la commune de Fontet adhéra à l’ADDTF (l’Agence Départe-
mentale de Développement du Tourisme Fluvial) dont le but est d’élaborer des
programmes de tourisme, de coordonner les différents organismes, d’organiser
des actions de communication, de mettre en place des actions de sensibilisa-
tion, d’aider les collectivités, de créer un pôle européen sur l’estuaire. (Cotisa-
tion : 166 francs pour 1997 et 500 francs pour 1998)
L’OTEM (Office de Tourisme de l’Entre Deux Mers) fut créé en 1998. La
Mairie signa alors une convention pour la promotion de la commune sur le
plan touristique, et accepta une cotisation de 11,50 francs par habitant.
120
C.M. du 22 décembre 1990.
- 116 -
Signalons enfin en 2002, la Convention entre l’association Terres de Ga-
ronne, Terres de Rivière, et la Commune, pour la protection et la valorisation
du patrimoine fluvial et rural. La commune de Fontet adhéra à Terre de Riviè-
res pour une cotisation121 de 0,1 euro par habitant.
Souhaitons que ces beaux projets et ces rêves ne resteront pas lettre
morte…
Le projet de port initié par le Maire Guy Campodarve et son conseil muni-
cipal entrait dans ce contexte de politique de développement.
121
C.M. du 8-02-1991, 30-03-1991, 5-07-1991, 21-12-1991, 31-03-1994. C.M. du 24-09-1994
C.M. du 4-11-1996, 15-09-1997, 24-03-2000 C.M. du 23 février 1998, 10 mars 1999, 24 mars 2000, 6-
03-2001 C.M. du 5-04-2002.
- 117 -
Le Port et la Base nautique de
Fontet.
La décision de réaliser un port et une base nautique, avec accès au canal
latéral, devint officielle par un arrêté préfectoral, dont fit état le Conseil Muni-
cipal de Fontet du 30 juin 199O.
122
Un restant de parcelle égal à 17 ca, avec hangar, fut acheté en janvier 1996, pour un montant de
11.500 francs.
123
Les comptes-rendus des C.M. témoignent du long travail de préparation et de concertation entre
la municipalité, le CG, la DDE, les services de navigation de Toulouse et les entreprises : C.M. du 10-10-
- 118 -
La mise en place des projets.
Un document du 2 décembre 1993 prévoyait un coût total de 2516000
francs en deux tranches, concernant voirie, parking, espaces verts, assainisse-
ment, éclairage, aires de jeux, pontons et zone de baignade (phase 1 : 1540000
francs, phase2 : 976000 francs).
Le 10 octobre 1992, le Sivom accepta d’assurer la maîtrise d’ouvrage de la
base de loisirs, projet évalué à 5 millions de francs HT, et trop ambitieux pour
une petite commune. En décembre 1993 le projet d’aménagement de l’aire de
la base fut confié à la DDE, en qualité de concepteur maître d’œuvre124.
La réalisation du port.
1992 ; 20-11-1992 ; l’exploitation de la carrière fut autorisée par l’arrêté préfectoral du 9 novembre 1991
et une demande d’abandon des travaux de carrière fut adressée le 19 novembre 1993, le Maire en autori-
sant toutefois le fonctionnement jusqu’à fin 1994, pour remise en état.
124
L’étude fut réalisée par la Société d’Economie Mixte Gironde Développement, pour un montant
de 51.000 francs HT, et déposée en février 1994. Le CG accorda une subvention de 32.500 francs : C.M.
du 18-12-1993 ; C.M. du 11-02-1994. L’électricité fut installée en décembre 1994 en ligne souterraine
M.T., d’après un devis de 4655 francs HT.
- 119 -
Le Maire et certains membres du Conseil se rendirent à Lacanau et à Arca-
chon pour étudier pontons et quais de chargement des bateaux en novembre
1992, et à Saint-Nazaire sur les chantiers de la Société Métalu, en février 1993.
Les premiers travaux125 de maçonnerie (amarrage des pontons et quais de
mise à l’eau des bateaux) furent réalisés en décembre 1992.
En mai 1994, la municipalité acheta un ponton à la Société Métalu, avec
rajout de 12 mètres sur le ponton existant, pour un montant de 80363,36 francs
TTC. En août, il s’avéra nécessaire de créer un quai de mise à l’eau et
d’acquérir des appontements flottants, pour un montant de 94320 francs HT, le
C.M. sollicitant alors une subvention126 de 33012 francs auprès du CG.
Les derniers travaux, réalisés en 1999, concernent une borne de balisage,
pour un montant de 9010,6 francs HT, et l’ouverture d’un nouveau ponton de
24 mètres, avec passerelle, d’un coût de 81230 francs127.
Le projet d’ensemble des plantations fut confié à Gironde Développement
et réalisé en plusieurs étapes. La Région (PCD), le Département (PSO) et le
CG contribuèrent au financement128 .
1993 1° plantations d’arbres 4593,38 francs
Plantations de fleurs et pose
1994 600000 francs
de clôtures
1995 Nouvelle tranche 249870 francs HT
125
C.M. du 20-11-1992 ; C.M. du 19-12-1992.
126
C.M. du 5 avril 1993, du 20 mai 1994 du 10 juillet 1995 et du 20-11-1995.
127
CM du 9-4-1999, du 8-10-1999 et du 19-05-2000; la demande de subvention fut refusée par le
CG, tout nouvel équipement nautique ne pouvant bénéficier d’une aide financière de départ que dans le
cadre d’un contrat de bief, conclu avec une structure intercommunale.
128
CM du 5-04-1993, du 18-12-1993, du 11-02-1994, 20-05-1994, 24-09-1994, 17-02-1995, 9-06-
1995, 28-12-1995, 29-01-1996, 23-02-1998 et 25-05-1998. La somme payée pour l’irrigation comprend
le terrain de sports, et a été réglée sur 3 ans, de 1996 à 1998.
- 120 -
L’aménagement de la zone baignade fut terminé en juin 1994. Certes, les
bassins sont alimentés par des sources naturelles, mais il convient de remarquer
l’effort tout particulier de la municipalité pour la qualité des eaux qui satisfont
aux critères, en particulier pour l’absence de nitrates. En mai 2000, une étude
pour le traitement biologique de l’eau, étant jugée trop onéreuse, le projet se
limita à l’achat d’un aérateur flottant, type Flobull. Le résultat est satisfaisant :
Fontet a une des eaux de baignade les meilleures de la région129.
Le 20 juin 1998 la base fut ouverte, avec gratuité, mais il manquait encore
un Pavillon d’accueil.
Le Pavillon d’accueil.
Le projet, annoncé officiellement au CM du 25 septembre 1995, fut pris
en compte par le Pôle de Séjour organisé, par un contrat signé entre le Sivom
de Développement local et le Département.
L’avant-projet130 prévoyait un montant de 1126700 francs TTC. Il fut fi-
nancé par le Fonds d’Aide européen, par le CG (PSO Entre Deux Mers), par
l’Etat (PDZR, fonds européen), à hauteur de 868.500 francs. Toutefois, le coût
réel fut plus important, comme en témoigne le tableau des avenants placé en
annexe 10.
Le pavillon est inauguré le 12 juillet 1997.
Pendant la période de chômage du canal, l’entretien (apport de sable, net-
toyage du bassin de baignade, dévasement…) est assuré par les employés
communaux et, parfois, par certains élus qui n’hésitent pas à mettre leur maté-
riel à la disposition des ouvriers131.
129
C.M. du 25-06-1994, du 24-09-1994, du 9-11-1994, du 2-8-1993, du 10-10-1997, du 20-06-
1998, du 23-10-1998, 19-05-2000.
130
C.M. du 17-12-1994, du 25-09-1995, du 20-11-1995, du 29-01-1996, du 24-06-1996, du 30-09-
1996, du 16-12-1996, du 10-01-1997, du 19-12-1998, et du 24-06-1996.
131
C.M. du 10-1-1997, 20-12-1997, 19-12-1998, 6-02-2000.
- 121 -
Organisation, structure et budget.
Une Commission de réflexion et de gestion fut créée par le CM du 14 dé-
cembre 1996. Le 23 février 2001, le Receveur Percepteur informait le CM qu’il
aurait le plus grand intérêt à mettre gracieusement à disposition de
l’Association du Port et des Loisirs le Pavillon d’Accueil, pour la saison 2001.
En contre partie l’Association devrait s’engager à reverser le bénéfice résul-
tant de son activité, à la municipalité132.
Aujourd’hui, les recettes viennent essentiellement des redevances acquit-
tées par les propriétaires de bateaux133. Un tableau en annexe 11 indique
l’évolution de leur montant.
Le port est assez actif. Donnons l’exemple de 2001 : 448 nuitées, 96 ba-
teaux de passage et 48 bateaux ancrés à l’année. Ce qui apporta des recettes.
Les manifestations réalisent parfois de substantiels bénéfices, comme la soirée
escargots de 2001 qui rapporta 1151,84 euros, la soirée Côtes de Bœufs 2002 :
872,88 euros. (La moitié de cette somme fut versée à la Société de Jeunesse).
132
C.M. du 21-07-1997 et du 23-10-1998 : création d’une régie de recette ; C.M. du 16-12-2000 :
modification des statuts.
133
Redevances forfaitaires instituées par le CM du 24 septembre 1994 d’un montant de 100 francs
par an, non comprises les charges d’électricité, car les équipements n’étaient pas terminés. Un tableau en
annexe indique l’évolution du montant de cette redevance.
- 122 -
Les activités de la base nautique permettent l’embauche de personnel sai-
sonnier, en général cinq personnes, dont un surveillant de baignade. Leur
coût134 s’éleva à 64.753,45 francs en 2001.
Projets.
Divers projets de création d’une petite restauration ou d’un débit de bois-
sons ont été présentés en 1998, 1999, 2001 et 2002, mais aucun accord n’a pu
être trouvé par la municipalité.
Cette dernière souhaite aujourd’hui fermer les couloirs extérieurs sud et
nord-ouest par des portes coulissantes, et aménager un camping135, un tennis et
un fronton.
134
C.M. du 9-11-1994, 12-05-1997, 21-07-1997, 9-04-1999, 13-04-2001, 11-06-2002, 21-09-2002.
135
CM du 19-12-1998, du 19-05-2000, et du 24-03-2000.
- 123 -
Activités et animations.
La base nautique accueille beaucoup de promeneurs et de baigneurs en été,
de bateaux et de camping-cars. Des associations136 profitent de ces infrastructu-
res, des équipements et de l’environnement du canal : le Syndicat d’Initiative
de La Réole qui commercialise des produits touristiques depuis 1995, Cap 33
qui a créé un point fort d’animations sportives, l’Association des Peintres en
Réolais, l’Aviron Réolais, les Archers… De nombreuses manifestations y sont
également organisées : soirées conviviales autour d’un repas (escargots, côtes
de bœuf, grillades, par exemple), expositions de qualité, concerts (dans le cadre
de l’Eté girondin et de Convivencia), un vide-grenier qui connaît un succès
grandissant depuis 1977.
136
C.M. du 7-04-1997, du 21-07-1997, du 25-05-1998, du 28-05-1999 et du 11-07-2002, entre au-
tres.
- 124 -
Conclusion
Notre étude a cherché à retrouver les liens historiques et humains qui ratta-
chent l’histoire du Canal latéral à la Garonne, à notre commune. Nous espérons
que, grâce aux nombreux documents inédits, aux anciennes cartes postales re-
trouvées, aux photographies les plus récentes, vous aurez parcouru ces pages
avec plaisir et retrouvé des racines locales, parfois trop lointaines.
L’histoire de ce canal, de notre bief, peut nous aider à relativiser les évè-
nements contemporains, à comprendre qu’un paysage se transforme, que rien
n’est immuable. Ce que nous voyons aujourd’hui est le résultat du travail des
hommes, de leurs peines et de leurs espoirs. Peut-on imaginer les pensées, les
oppositions des naturalistes du XIX° siècle, devant un tel projet ? Les écolo-
gistes d’aujourd’hui, qui se battraient pour notre canal, peuvent-ils soupçonner
les bouleversements engendrés par sa construction, les révoltes, les séparations
et les ruptures suscitées ?
Aussi, lire le canal, lire son histoire, c’est lire en nous-mêmes et dans la
mémoire collective. Comme un texte, le canal se laisse lire à plusieurs ni-
veaux : technique, financier, économique, politique, humain, et poétique.
Que chacun trouve dans ses eaux, dans ses sources, la mesure de soi-même
et des autres… l’éternel chemin de jadis.
- 125 -
Annexes :
Se référer à la liste des noms de personnes cités dans l’ouvrage. Vous les
repèrerez grâce à une astérisque et à leur prénom.
Annexe 2 : Prix de la main d’œuvre et des chalands en 1919.
Prix des chalands métalliques utilisés pour le transport des portes neuves :
25.000 francs l’unité.
Ces chalands étaient fabriqués par une entreprise toulousaine pour le fer, et par l’entreprise Joseph Atoch de Cazères
sur-Garonne, (31) pour le bois.
Ils mesuraient 11,76 mètres de long, 5 mètres de large et 1,20 mètre de haut. Leur poids était de 12 tonnes.
- 126 -
Annexe 3 : Tarif des pièces d’écluse en 1969.
- 127 -
Montage Centrales hydrauliques 2500 le forfait
Groupes de distributeurs 1500 le forfait
Pupitres de commandes hydrauliques 2000 le forfait
Vérins de vantaux et vantelles 1900 l’unité
Socle et capot de protection 1000 le forfait
Bajoyers des caniveaux recevant les ca- 120 le mètre li-
Canalisations nalisations, pose des dallettes de ferme- néaire
ture.
Plus-value pour canalisations immergées 5 francs le mètre
linéaire
Renforcement des 720 l’unité
fixations
Cabines de manœuvre Constructions et fournitures 4500 de forfait
Démontage Appareils de manœuvre existants et de- 2500 forfait par
venus inutiles écluse
les, allocations
Tarif en francs
3 Mécaniciens
Congés payés
8 manœuvres
familiales…
de chantier
Mariniers
Chef
- 128 -
1936. Le taux était de 5,80 % sur le montant des salaires, y compris le verse-
ment patronal aux assurances sociales. L’entrepreneur devait payer les alloca-
tions familiales (22,70 %), la taxe d’apprentissage (0,20 %) et la moitié de
l’assurance accidents (6%). Il fallait ajouter une charge supplémentaire de 0,55
% , établir un certificat timbré au moment du départ en congé de l’ouvrier. (Ar-
chives, CF, 201)
Frais de matériel par journée de travail :
Prix unitaire Total (en
(en francs) francs)
Charbon (200 kg) 22 /10 kg 440
Gas-oil (95 litres) 0,98 93,10
Huile du moteur élévateur (4 litres) 4,25 17
Huile du moteur remorqueur (9 litres) 5,05 45,45
Huile mouvement (6 litres) 3,35 20,10
Huile cylindre (4 litres) 3,70 14,80
Graisse, essence, pétrole… 15
Main d’œuvre d’atelier pour entretien et répara- 60
tion. Pièces de rechange…
Déplacement, téléphone (par jour)… 40 40
349,45 francs
- 129 -
Rendements moyens en m3 de boues, par journée de 8 heures. Nombre de jours
de travail indiqué à titre indicatif. (Archives VNF, CF, 201)
Entre le 15-03-1937 et le 31-07-1937 139 (138 jours)
Mécaniciens 4 6 50%
- 130 -
Le prix de revient au m3 dragué, calculé sur une production moyenne de
150 m3 par 8 heures de travail, était de 7,36 francs en 1936 et de 10,18 francs
en 1937.
A noter l’importance des frais généraux appliqués sur l’ensemble des dé-
penses, y compris la main d’œuvre.( Archives VNF, CF, 201)
Enregistrement et taxe 1,80 %
Patente 3,00 %
Impôt sur bénéfices réalisés sur travaux pour le compte de l’Etat 0,80 %
Bénéfice 10,00 %
Total 22,30 %
- 131 -
Annexe n° 6: Salaires du personnel (de 1871 à 1932).
Les salaires exprimés dans le tableau ci-dessous sont en francs par an.
d’encadreme
Ex : Chef de
Garde-canal
Garde-canal
Cantonnier
Personnel
3° classe
2° classe
3° classe
3° classe
Eclusier
Section
Année
nt :
1858 540 2800
1870 576 540
1871 720
1872 540
1873 840 540
1874 540 3300
1876 3600
1879 960 600 4000
1881 840 540
1884 4500
1888 960 600
1895
1905 1080 840
Salaires :
Les allocations familiales furent relevées au 1° janvier 1938 : le tableau ci-
dessous fait état du nouveau montant, en francs.
- 132 -
Annexe 7 : évolution du tonnage.
1852 147307 t
1899 125163 t
1900 156534 t
1901 133176 t
1903 308138 t
Recul sensible : crise économique, mé-
1904 vente du vin, chômage du mois d’août, sé-
cheresse.
Augmentation de 20 % : (céréales, hydro-
1970 600000 t carbures, vins, matériaux de construction,
phosphates, pâte à papier…)
1977 130 péniches
178 bateaux : 93 de marchandises, 56 ci-
1978 ternes d’hydrocarbure, 6 transportant du
vrac et 23 du vin.
1981 25 péniches
- 133 -
Annexe 8 : marchandises transportées.
Art Bois sculptés, objets ouvrés : crins, cuirs, corne, peaux, liège, os, liège,
cendres d’orfèvre, métaux ouvrés, verrerie.
Minéraux, pierres… Cristaux, sels bruts et marins, sel gemme, albâtre, ardoise, émeri, soufre,
graphite, anthracite, argile, blanc de Meudon et de Troyes, craie, lignite,
kaolin, terre à porcelaine, terre d’Ombre et de Sienne, fossiles, pétrole,
(1869). Marbres, granit, gravier, grès, moellons, pierres à chaux et à plâ-
tre, pierres de taille, carreaux de terre, carreaux de faïence, marne, pavés,
tuiles, pierres meulières, pouzzolane, terre végétale, cailloux, poterie fine,
faïence.
Métaux et alliages,en Antimoine cru et régule, mines de plomb, acier, cuivre, ardoise, bitume,
barres, feuilles ou lingots. fers, fonte moulée, manganèse, laiton, zinc, plomb, étain, mercure, manga-
nèse.
Sulfures, acides, produits Pyrite, pyrolignite de fer, potasse, soude, soufre brut, blanc de céruse et de
divers… zinc, borax brut et raffiné, nitrate de soude ou de potasse, bitume, blanc
d’Espagne, sulfates, tartre brut, crème de tartre, émail en tonneaux, salpê-
tre, chaux, sels de soude, de potasse et de zinc, minium, chlore, chlorure de
sodium et de zinc, couperose (nom ancien des sulfates), dégras (mélange de
corps gras et d’acide, servant au traitement des peaux), huile de houille et
de schiste, alun.
Bois, en vrac ou en feuil- Bois exotiques, bois d’ébénisterie, de menuiserie ou de charronnage façon-
les, nés, douves, douelles, boissellerie, roseaux, rotins, liège brut, charbon de
bois.
Teinture Bois de teinture, garance, indigo, pâtes tinctoriales.
Animaux et dérivés… Ecaille, peaux brutes, nacre, ivoire, dents d’éléphants, corne brute, fanons
et blancs de baleine, huile de baleine, soies de porc, biscuits de mer (os de
seiche), colle de poisson, coquilles.
Suif en branches, huile de suif, stéarine, sang desséché en fûts, encre.
Engrais, fumier, guano, poudrette (engrais de vidange).
Plantes, en vrac, en fûts, Tabac, café, eau de fleur d’oranger, essence de térébenthine, gaudes (sorte
en bottes, en sacs, barri- de réséda, fournissant une teinture jaune), gomme arabique, sucre brut ou
ques ou barils, en balles… raffiné, en pains ou en lumps, sucre candi, farines de moutarde et de lin,
et dérivés gutta-percha, sirop de chicorée, mélasse, racines de chicorée, chicorée,
sumac (utilisé par les teinturiers, et les tanneurs), cire brute, curcuma (sa-
fran des Indes), lichen pressé, pommes de pin, résine, amidon, fécule indi-
gène, chardons, citrons, coco, cigares, houblon.
Balais de bouleau, de bruyère, de genêt ou de millet, Laines et cotons, lavés
ou manufacturés, chanvre brut et teillé, lin, soie.
Cordes et cordages, tissus, toiles à voiles, étoffes.
Boissons Poiré en fûts, hydromel en fûts, vins et vinaigres en fûts, liqueurs, spiri-
tueux, marc de raisin, eaux-de-vie.
Divers Porcelaine. Bougies, chandelles et cierges.
Armes de luxe et de guerre, bagages et effets militaires, affûts de canons,
boulets et obus, canons et obusiers, agrès et ancres de marine.
- 134 -
Annexe 9 : tarif des péages (entre 1852 et 1858).
137
Autres canaux : 0,02. Tarifs fixés par la Compagnie du Midi
- 135 -
Bascules à poissons, par m² de tillac et 0,020-0,010
par Km
10 f. / tonne
Morues vertes (la tonne, BX-Sète)
Prix du transport de sel en 1859
Vers BX 4.f /t.
Au départ de BX 8 f./t.
Futailles, Poinçons, Bordelaises et fûts
de – de 3hl 0,0025-0,002
Pipes à 3/6 et fûts de moins de 3 hl 0,004-0,003
Douelles et merrains par tonne, BX- 10 francs
Sète
Marchandises sans distinction de 0,060-0,040
classe/tonne/km
Voyageurs, bateau poste ou agrément,
/personne/km
1° classe 0,03
2° classe 0,02
Céréales : tarif par tonne et par km
Sorgho en tige 2 centimes
Vins : 12 francs la tonne
Trois-Six et Vermouth en fûts vers pour un autre port.
Bordeaux (10 francs vers Paris)
Minerais, houille, coke. Prix par tonne 0,82
en 1879
A noter le cas un peu particulier des farines et céréales : la taxe était régu-
lièrement en baisse de 1853 à 1874, date où elle atteindra, par tonne et par km,
0,03 pour la remontée et 0,02 pour la descente. (Ce tarif concerne blés, farines,
riz, sarrasins et seigles)
- 136 -
Annexe 10 : avenants et suppléments du pavillon
d’accueil.
- 137 -
Annexe 11 : tarif redevances de bateaux.
conversi
francs
euros
1997
1998
1999
2000
2001
2001
2001
tarif
on
en
Forfait journalier 20 20 20 30 4,57
Forfait huitaine 80
Bateaux plus de 7 m
180 180 27,44 28
/ mois
Bateaux plus de 5 m
200 150 150 160 24,39 25
/ mois
Douche 10 10 10 10
Bateaux plus de 5 m
1200 1300 1600 243,92 250
Forfait annuel
Moins de 5 m
800 1000 1200 182,94 190
Forfait annuel
Forfait eau-
30 30 30 4.57 5
électricité
- 138 -
Annexe 11
Archives VNF
- 139 -
Glossaire :
Azobé : bois brun violacé, originaire d’Afrique équatoriale, utilisé par les
chemins de fer, les constructions navales et les mines.
Banquette : trottoir réservé le long du canal d’un aqueduc, ou d’un chemin de
halage.
Bajoyer : murs en ailes des culées de pont, massif en maçonnerie qui forme
la partie latérale d’une chambre d’écluse.
Bief : partie du canal entre deux écluses.
Bittes : massif servant de point fixe d’amarrage.
Busc : saillie d’une écluse, sur laquelle viennent buter les entretoises in-
férieures des portes.
Chômage du canal : Période de fermeture du canal, asséché pour des campa-
gnes de dragage, d’entretien ou de travaux.
Gare : le mot a le sens habituel. Les bateaux se garaient entre le pont de
pierre et le pont de Berrat, pour décharger des marchandises.
L’espace y est donc plus large que dans l’ensemble du bief.
Joualles : rangées de vigne, espacées pour permettre la culture de céréales.
Perré : mur, revêtement en pierres sèches, protégeant un ouvrage contre
la dégradation des eaux.
Ravin : ruisseau anciennement nommé ravin, plan cadastral de 1827. Il
traversait la rivière, face au Pigeonnier.
Règes : rangs de vigne, en occitan.
Touage : traction des remorqueurs par système de chaîne immergée et en-
roulée sur un treuil (Surtout utilisée sur les canaux du nord).
L’inventeur du touage est Pierre La tour du Moulin, dont la pierre
tombale se trouve contre le mur de l’église de Villerouge (Canton
de Fonsac, 33).
Yole : embarcation légère, étroite et rapide, de faible tirant d’eau. (Le
mot est souvent cité par Victor Hugo, il a pris une connotation
poétique.)
- 140 -
Bibliographie
Boudellal et Poulet, Gens de l’Eau, Ed. Garnier, 1980.
Delvit, Le Temps des bateliers, Privat, Toulouse, 1998.
Jacques Dubourg, Le Canal de Garonne, Les Dossiers d’Aquitaine, Toulouse,
2002.
Michel Dupin, Notice historique sur La Réole, 1996, Office d’Edition du livre
d’histoire. (Réédition de 1839)
Jean Fazembat, Du canal latéral au canal de Garonne, VNF, 2002.
André Maistre, Le Canal des Deux-Mers, Editions Privat, Toulouse, 1998.
Pierre Vital, Requiem pour une Garonne défunte, Bordeaux, Wallada, 1984.
Nous avons également consulté le plan cadastral de 1827 (archives muni-
cipales), le plan cadastral de 1841, avec, en surimpression, le tracé du futur ca-
nal (archives VNF de Toulouse) et le plan de bornage du canal en 1911 (Archi-
ves VNF d’Agen).
Les photos sans indication d’origine ont été réalisées en 2004, par les au-
teurs de l’ouvrage, y compris les photos aériennes.
Certains plans des archives VNF ont été colorisés, pour en faciliter la lec-
ture.
Les cartes postales anciennes sont reproduites avec la gracieuse autorisa-
tion des collectionneurs.
- 141 -
Prochaines publications :
• L’art sacré à Fontet (Eglise, Madone et cimetière.)
• Fontet : Métamorphoses. (Histoire, évolution des quartiers et de l’habitat,
personnages importants…)
• Itinéraire des mares, bassins, ruisseaux et sources dans Fontet…
• Les croix de mission dans le secteur paroissial de La Réole.
• Les monuments aux morts de notre région.
• Biographie du chanoine Jean Pardiac. (Né et mort à Fontet, 1818-1892)
- 142 -
Liste des noms de personnes citées
Brocas * (Daniel) Daroman (* Guy)
Abribat Broustet Daros (* Joseph)
Abrigo (* Eugène) Buytet (* Albert) De Baritault De Carpia
Albaran * (Eugène) Cabot De Calmels Puntis
Allard Campodarve De Gasc
Ancelin Capelle (* Daniel) De Gérès
Arbouin Cardonne (* René) De Gombault
Assercq Carnélos De Grignols
Balthazar Carraretto (* Joseph) De Guilleragues
Bastrade Casse (* Kléber et Ro- De Lavergne
Baudin (* Pierre) land) De Louppes
Bédouret Castaing De Majance
Belloc (* André) Castenceau De Marcellus
Bentéjac Caussimon De Pichon Longueville
Berto (* Marcel) Cazemajou De Saint Exupéry
Bertoni (* Louis) Chabrat Del Santo
Bertrand (* Charles) Chabrat-Ducasse Delas
Béteille Chaigne Delheim
Betge de Lagarde Charlot (* René) Delhomme
Beylard (* Francis) Chastres Descorps
Billot Chiappa (* Joseph) Descrambe
Biver (* René) Chiodini (* Jacques) Despin
Bonnac-Ribéra Clavet Despujols
Bordes (* Robert) Cluzan Diamond
Bordessoules Conil Dolheim
Bortolotto (* Bruno) Coumet (* Pierre) Dreuilhe
Bosc Courrègelonge Driff * (Miloud)
Bougès Coutenceau Dubouilh (* Gilbert)
Bourgoin Coutin (* Robert) Dubourdieu
Bouron D’Escures Ducos
Bouyer Dalle-Valle (* Joseph) Dudon
Boyancé Damiani (* François) Dumas 73
Brassens Dangoumeau Dupart (* Pierre)
Bresque Danrein Durand (* Eugène)
- 143 -
Dussault Lafosse (* Denis et Ga- Pelluchonneau (* Albert)
Duthuron (* Christian) briel) Petit
Duzan Lagardère (* Emile) Peyré (* Marcel)
Espagnet Lalanne Picon
Faugas ou Feaugas Lalubin Pierre
Faure Lamarque Pauquet
Faux (* Robert) Larru (* Fernand) Poujardieu
Favret (* Jean) Laspalle Pradel
Fresquet Laulan (* Pierre et Norbert) Pradelle (* Joseph)
Gajac (* André et Char- Laurent
les) Lauriol
Galissaire (* Pierre et Robert) Lhessuy (* Jean)
Garbay (* Robert) Loiseau
Garras (* Gilbert) Mallet
Garreau (* Paul) Marchand
Gava (* Armand) Marcon
Gergerès Marre
Gibert Martin (* José)
Gourgues (* Marc) Maurin
Grillon Mauros
Grollier Mercanti (* Elino)
Guibert Meyra
Harley Micaëlo (* Antonio)
Herrero Mitteau (* Jean et Pierre)
Herrey (* Moïse) Mongie
Issard Monto
Ithier Moretto
Jeanneau Motte
Jeanneteau Mougarolis
Joiret Moulinier * (André)
Joret (* Armand) Mounissens (* Hervé)
Labadie (* Léo) Moustié
Labat Nibaut
Labau (* Gilbert) Noël (* Pierre)
Labesque Noguey
Laborde Nouguey
Labrouche * (Jean) Pardiac
Lacombe Pauly (* Elie)
Lafferière (* Roger) Payral
- 144 -
Guy Meyra. Jean Christophe Gibert.