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CHAPITRE :CHANGEMENT ET CONFLITS SOCIAUX
 
INTRODUCTION : 2 CONCEPTIONS ANTAGONISTES DU CONFLIT
Comme l’indique R.Aron dans « la société américaine et sa sociologie » :
les sociologues américains ont comme objectif central l’adaptation de l’individu à son milieu. Ils ont donctendance à considérer que toute insatisfaction, toute révolte contre le milieu est un
phénomène pathologique
.Pour l’Américain, l’état normal correspond à l’intégration de l’individu dans le groupe.
Au contraire, le Français pense, selon Aron, que pour être bien né, il faut être révolté. Ceci relève donc d’une autreconception du conflit, beaucoup plus positive qui considère que
dans le conflit la société s’exprime et évolue
.
PARTIE I - STRATIFICATION SOCIALE ET SOCIETE
 Nous allons commencer le chapitre en opérant un rappel sur la stratification sociale et la pertinence du concept de classe
SECTION I – LA STRATIFICATION SOCIALEI - QU’EST-CE-QUE LA STRATIFICATION ?
A - LA STRATIFICATION , UNE REALITE UNIVERSELLE ET OMNIPRESENTE
La stratification sociale correspond à la division d’une société en plusieurs groupes (ou strates ) hiérarchisées :
Elle est
universelle
c’est à dire qu’elle est présente dans toutes les sociétés, aussi bien les plus primitives que les plus modernes, les plus simples que les plus complexes.
Elle est
omniprésente
, c’est à dire que la société est traversée de divisions verticales qui peuvent être fondées aussi bien sur l’âge, que sur le sexe, la parenté, ou encore la richesse matérielle
B - LES CARACTERISTIQUES DE LA STRATIFICATION
 
La stratification se caractérise par :
la différenciation :
elle est suscitée par la diversité des tâches présente dans la société.
Une échelle hiérarchique :
la société comporte des étages superposés et ordonnés.
Une structure inégale
: les strate ne sont pas seulement différentes , elles sont inégales aussi bien du point de vuedu pouvoir , que du prestige ou de la richesse.
La mobilité sociale
:les inégalités sont plus ou moins enracinées dans la société selon que les individus ont une possibilité restreinte ou réelle au cours de leur existence (mobilité intra-générationnelle) ou d’une génération àl’autre ( mobilité intergénérationnelle) de changer de catégorie sociale
C - LA STRATIFICATION SOCIALE , UN TERME AMBIGU
La notion de stratification sociale est ambiguë car elle recouvre au moins deux notions en partie contradictoire :
- Dans un sens large :
elle distingue l’ensemble des systèmes de différenciation sociale basée sur :
la distribution inégale des ressources et des positions dans une société
qui engendre la constitution de groupe de droit ou de fait
qui sont plus ou moins structurés et
qui entretiennent des relations de subordination, d’exclusion et ou d’exploitation-
Dans un sens restreint
, la notion est réservée aux analyses :
qui s’opposent aux théories (dont principalement la théorie marxiste qui est visée) qui voient dans les classessociales des groupes fondamentaux opposés dont le conflit structure la société.
c’est à dire à des analyse qui interprètent le corps social comme un ensemble de strates hiérarchisées en fonctionde critères multiples (ex : le revenu, le prestige, etc.), dont la présence est nécessaire à la société (du fait de laspécialisation des tâches) et qui n’entretiennent pas entre elles des relations dominées par le conflit
II - LA STRATIFICATION DANS LES SOCIETES TRADITIONNELLES
A - LES SYSTEME DES CASTES
Les castes sont des groupes sociaux qui sont caractéristiques de la société indienne et qui reposent selon R DELIEGEsur 3 caractéristiques essentielles :
une spécialisation héréditaire :
c’est à dire que chaque caste va se spécialiser dans un métier, des rites, desdroits spécifiques , qui se transmettent de générations en générations :chaque enfant dés sa naissance appartientà la caste de ses parents et ne peut espérer aucune possibilité de mobilité sociale : le statut social est dit ascriptif c’est à dire que le destin social des individus est imposé aux individus sans qu’ils puissent le remettre en cause.L’action individuelle est découragée par avance , car l’individu qui sortirait de sa caste n’aurait plus de liensocial car il serait rejeté par les membres de sa caste sans pouvoir espérer être accepté par ceux des autres castes
Une répulsion entre les castes qui produit de l’endogamie :
chaque caste vit repliée sur elle-même, et il existetoute une série d’interdits légaux qui interdisent les relations entre membres de castes différentes. Dés lors lesindividus n’ont pas d’autres choix que de se marier avec un conjoint de la caste qui est choisie par les parents, cequi renforce la répulsion en conduisant chaque caste à développer des différences d’ordre naturelles.
Une hiérarchie sociale extrêmement stricte :
certaines fonctions rituelles qui sont considérées comme pures(en portugais casta signifie pure) vont être affectées aux castes les plus hautes (ex les brahmanes qui prennent encharge les rites religieux)qui vont alors disposer du pouvoir et de la reconnaissance sociale. Elles vont alorsdévaloriser les catégories les plus basses qui prenant en charge les tâches définies comme impures (ex : leséboueurs) vont être définies comme inférieures.
Remarque :
Depuis 1931 les castes n’ont plus en Inde d’existence officielle, néanmoins elles continuent à exister , car elles bénéficient d’une reconnaissance sociale. En effet grâce à son fondement religieux , la hiérarchie sociale découlantde ce système est parfaitement acceptée par la très grande majorité de la société indienne : la hiérarchie apparaissant toutà fait naturelle il n’est pas réaliste de considérer que l’on puisse changer la société par décret, comme l’a montré, aumoins à court terme, l’échec relatif de la révolution française à limiter l’influence de la religion.
B - LA HIERARCHIE DES ORDRESComme l’a indiqué G Dumezil la hiérarchie des ordres présente de nombreux points communs avec celle descastes
:
 
elle repose sur une division fonctionnelle de la société entre prêtres, guerriers et producteurs
Cette division est impérative elle est reconnue par la loi
, elle s’impose aux individus qui n’ont pas d’autreschoix que de respecter les interdits : exemple :un noble ne peut travailler sous peine de déchoir. La définition juridique des ordres, assure à certaines catégories (noblesse et clergé) un certain nombre de privilèges ( ex enmatière d’impôt ou de justice) qui les distinguent du reste de la population (le tiers-état), et ce quelque soit leur situation financière.
Cette division de la société est héréditaire :
mais elle ne vaut que pour la noblesse : on naît noble.
La société est hiérarchisée :
elle repose sur le critère de l’honneur social, contrairement à notre société ce n’est pas la possession de richesses matérielles qui est source de reconnaissance, mais au contraire la reconnaissancesociale (la proximité avec le roi) qui assure l’accès aux ressources matérielles.
Néanmoins elle s’en différencie par au moins un critère essentiel :
Les castes sont des groupes fermés
: la mobilité sociale est inexistante.
Alors que dans les sociétés d’ordre, bien que restreint la mobilité sociale est possible :
 par exemple ungrand bourgeois peut acheter un titre de noblesse qui lui permettra d’accéder au groupe dominant.
Conclusion : Selon A De Tocqueville
la disparition de la société d’ordre d’ancien régime en France après 1789s’explique principalement par la remise en cause des pouvoirs politiques de l’aristocratie opérée par la monarchieabsolutiste qui a compensée cette évolution par une distribution de privilèges, et une fermeture de la noblesse : « pluscette noblesse cesse d’être une aristocratie plus elle semble devenir une caste ». Dés lors l’existence sociale de lanoblesse ne paraît plus justifiée au peuple qui va se révolter afin de remettre en cause les privilèges de la noblesse et va par-là même détruire la monarchie absolutiste.
III ) LA STRATIFICATION SOCIALE DANS LES SOCIETES INDUSTRIELLES
 
Le concept de classe sociale est datée historiquement, il apparaît au 18 ème siècle dans un contexte bien déterminé :-
une évolution des idées politiques et sociales
:
remise en cause du principe de l’inégalité des droits
une multiplication des conflits sociaux
-
des bouleversements économiques
: en particulier une série de révolutions agricoles,, industrielles, etc.

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