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LE SCRIBE MASQUÉ
JOURNAL PDF DE SCRIBO, AGENT LITTERAIRE ET DES ÉDITIONS DU MASQUE D’OR
N°9 septembre 2007
Directeur de publication : Thierry ROLLET
Comité de lecture et de rédaction : Thierry ROLLET – Jean-Nicolas WEINACHTER – Claude JOURDAN –
Audrey WILLIAMS
adresse : 18 rue des 43 Tirailleurs 58500 CLAMECY tél/fax : 03 86 27 96 42
e-mail : scribo@club-internet.fr (à contacter pour tout abonnement)
abonnement : gratuit pour les auteurs du Masque d’Or et les clients de SCRIBO
tarifs autres abonnés : 3 euros le numéro – 25 euros pour abonnement annuel (12 numéros)

EDITORIAL
La « patte » de l’écrivain

L’ENTREPRISE SCRIBO, Agent littéraire fêtera le 1er mai 2008 ses 10 années
d’existence. Au cours de celle-ci, j’ai vu défiler nombre de manuscrits sur mon bureau, que
j’ai examinés, corrigés, réécrits ou recommandés, chacun selon des fortunes diverses. J’ai
donné des conseils de rédaction des romans ou nouvelles et de compréhension des contrats
d’édition. Je vous entends vous dire : « Enfin, voilà qu’il aborde ce qu’il considère comme le
plus important ! » Détrompez-vous : placer le contrat d’édition avant les problèmes de
rédaction de l’intrigue revient à mettre la charrue avant les bœufs. Et le conseil que j’ai donné
le plus souvent, que je ne cesse de donner, c’est celui qui concerne la qualité essentielle de
l’écrivain, soit l’acquisition, lorsqu’il ne la possède pas d’emblée, d’un style personnel ou de
ce que l’on appelle familièrement la « patte » de l’écrivain.
Écrire, cela ne consiste pas seulement à entasser les unes sur les autres des péripéties
ou des énigmes – contrairement à ce que font les feuilletons télés de l’été, qui en usent et en
abusent au point de devenir rapidement ennuyeux et incompréhensibles ; rares sont ceux que,
personnellement, j’ai suivis jusqu’au bout ; le dernier, Mystère, m’a ennuyé encore plus que
Zodiaque. Tout ça parce qu’un scénariste, qui est avant tout un écrivain, entasse des moellons
– ses péripéties – sans utiliser d’autre ciment que celui de leurs rebondissements. Cela ne
suffit pas : un écrivain qui utiliserait la même méthode n’aurait aucun style ; il serait
comparable à un jardinier qui ferait pousser des fleurs ou des légumes anarchiques sans créer
de vrai jardin, voire sans bêcher la terre ni sarcler ses plants. Il n’aurait pas de style, pas de
« patte » – c’est le drame de bon nombre d’apprentis de la plume aujourd'hui.
À ceux-là, j’ai toujours donné le même conseil : lisez beaucoup et plus encore – trop
nombreux sont ceux qui déclarent ne pas être de grands lecteurs ! Ensuite, après avoir lu,
faites comme si les auteurs que vous avez découverts n’avaient jamais existé. Au besoin ou au
moins, si leur exemple vous stimule ou vous obsède, faites des « gammes » : racontez
l’histoire comme vous l’auriez écrite vous-même ; c’est là un exercice de base pour avoir de
la « patte ». Autre exercice : n’hésitez pas à vous planter, par exemple, devant un paysage, un
tableau, une affiche, un monument qui vous a donné un choc et décrivez-le avec vos mots : la
« patte » viendra vite si vous avez le feu sacré1.
Certains, qui croyaient l’avoir, m’ont avoué qu’ils avaient raconté tel quel ce qu’ils
avaient entendu : très grave erreur ! Vous devez créer après avoir entendu ; alors, repassez le
récit en variant les basses, les aigus, essayez toutes les modulations de fréquence. Racontez,
ne rapportez jamais. Une de mes clientes me confiait il y a peu qu’elle avait raconté une scène
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Ne sont pas concernés par ce conseil ceux qui m’ont affirmé utiliser n’importe quels mots, n’importe quel
« style », disaient-ils, dans le but de « ne pas faire intello » ! Ceux-là sont plus que navrants. Passons.
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vécue durant son enfance : celle d’un agriculteur qui, après avoir subi un deuil cruel, avait
rentré son foin comme d’habitude. Malheureusement, elle s’est contentée de rapporter les
faits, non de les faire ressentir au lecteur. Elle se devait de présenter cet épisode en montrant
combien ces faits étonnants allaient de soi pour le paysan évoqué. Les moyens pour y parvenir
sont légion : monologue intérieur ou soliloque, scène observée par des témoins, etc – mais
certainement pas les faits simplement racontés !
On peut donc considérer comme globalement insuffisante toute littérature romanesque
qui se contente de raconter, c'est-à-dire d’exposer des faits. Cela reviendrait pour un poète à
se contenter d’une description au lieu d’exprimer ce qu’il ressent, au besoin en s’inventant
une sorte de mythologie personnelle. Si Baudelaire n'avait pas comparé la nature à « un
temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles », son poème
Correspondances ne serait jamais né, pas plus que le Parnasse, sans doute. Si les deux corps
de Quasimodo et d’Esmeralda n’étaient pas tombés en poussière à la fin de Notre-Dame de
Paris, nul n’aurait jamais compris la profondeur de leur passion…
Écrivains, romanciers, poètes, ne vous découragez pas : que votre « patte » crée votre
propre mythologie rédactionnelle et lexicale et des mondes infinis s’ouvriront devant vous.

Thierry ROLLET

Pour voir le catalogue des éditions en ligne du Masque d’Or, cliquez sur ce lien :
http://www.scribomasquedor.com/Edition%20en%20ligne.htm

Pour voir le catalogue des éditions papier du Masque d’Or, cliquez sur ce lien :
http://www.scribomasquedor.com/acheter.htm

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…….. INFOS………………..INFOS………………..INFOS………………..
SALONS DU LIVRE :
Pas de salon du livre en septembre : c’est la rentrée et l’on fourbit ses plumes, y compris les
organisateurs de salons !

TACHERONS ET CONTACTS :
Dès cette rentrée, les tâches seront désormais bien réparties entre les différents membres de
l’équipe rédactionnelle du Scribe masqué. Voici les adresses de contacts :
Ø Pour envois de textes : Jean-Nicolas WEINACHTER : jany-w@club-internet.fr
Ø Pour envoi d’infos : Thierry ROLLET : scribo@club-internet.fr ou Claude
JOURDAN : claude.jourdan@club-internet.fr
Ø Pour envoi de critiques littéraires (page : « la Tribune Littéraire ») : Audrey
WILLIAMS : audrey.williams@club-internet.fr
Nous sommes tous sur Club Internet, ce que facilite grandement les choses !

PUBLICATIONS ET SOUSCRIPTIONS DU MOIS :


v L’épicerie du cimetière : recueil de nouvelles fantastico-surréalistes de Philippe
LANDRY "Barbetorte" est paru en juillet et commence sa carrière ce moi-ci. Un style
qui rappelle les Contes drolatiques de Balzac (voir BDC ci-joint)
v Le clan des Arnolph : polar de Henry MEILLANT, 3ème et dernière aventure du
commissaire Duprat, paraît ce mois-ci. Profitez-en : c’est la dernière aventure du
commissaire Duprat ! (voir BDC ci-joint)
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v Derrière la nuit : roman d’aventures fantastiques de Patrice PARISIS, nouveau venu


au Masque d’Or, paraît ce mois-ci. L’ouvrage est présenté plus en détails dans ce
numéro (voir BDC ci-joint)
En souscription dès ce mois : la Robe rouge de Geneviève de Gilbert MARQUÈS, un
roman d’amour tel que le Masque d’Or rêvait d’en publier depuis plusieurs années. Une
bien touchante histoire (voir BDS ci-joint)

Voir aussi les présentations faites par les auteurs dans LA TRIBUNE LITTERAIRE

LES IMPHYADES : UN RECUEIL DU POETE DISPARU René DUMAS :


Voici quelques mois, SCRIBO, Agent littéraire recevait la clientèle de Joël DUMAS, neveu
d’un poète disparu : René DUMAS, né à Imphy (Nièvre) dont il avait retrouvé les poèmes
dans son grenier. Séduite par ce talent d’un autodidacte, l’entreprise SCRIBO avait entrepris
de les faire éditer. C’est chose faite depuis le 23 juillet dernier, aux éditions Guy Boulianne.
Cet ouvrage magnifique, richement illustré par des maquettistes de talent, est présenté sur le
site de l’association Mille Poètes, avec une préface de Thierry ROLLET. Pour le découvrir et,
si vous le désirez, pour acquérir l’ouvrage, qui mérite d’être reconnu :
1) cliquez sur ce lien, qui vous emmène sur la page des partenaires de Scribomasquedor :
http://www.scribomasquedor.com/page_liens.htm
2) une fois sur cette page, cliquez sur le lien des Mille Poètes.

ABANDONNEE… MAIS VIVANTE : UN RECUEIL DE SOUVENIRS DE Karen


DAUCH :
Voici quelques mois, SCRIBO, Agent littéraire recevait la clientèle de Karen DAUCH,
abandonnée dès l’enfance par des parents indignes. Cet ouvrage raconte comment Karen a su
construire sa vie, depuis son enfance à DASS et à travers ses différentes expériences de vie.
Une existence très riche, toute en épreuves mais aussi en voyages et en retours sur soi-même.
Combattive, Karen n’a jamais baissé les bras. Pour le découvrir et, si vous le désirez, pour
acquérir l’ouvrage, qui mérite d’être reconnu :
1) cliquez sur ce lien, qui vous emmène sur la page des partenaires de Scribomasquedor :
http://www.scribomasquedor.com/page_liens.htm
2) une fois sur cette page, cliquez sur le lien des Mille Poètes.

SCRIBO DISPOSE D’UN PAIEMENT EN LIGNE :


Désormais, vous pouvez effectuer vos achats sur le site www.scribomasquedor.com et les
régler sur le site de Paypal, paiement sécurisé par carte bancaire. Cliquez sur le lien suivant :
https://www.paypal.com et suivez les instructions de Paypal pour le règlement.

UN COMMUNIQUE DE LA FNAC :
« Chers amis éditeurs, nous sommes heureux de vous annoncer la mise en place d’un
nouveau service qui permettra à tous les éditeurs qui le souhaitent, de mieux présenter leurs
livres sur www.fnac.com et sur leur propre site. Nous proposons deux services
complémentaires :
1) L’enrichissement des pages Livre de Fnac.com par la mise en ligne de contenus
écrits (quatrièmes de couverture, biographies des auteurs, courts extraits du livre).
Ce service est gratuit. Il suffit que l’éditeur nous envoie l’ouvrage à l’adresse
mentionnée plus bas.
2) La mise en ligne de contenus audio sur Fnac.com (entretiens avec les auteurs, les
traducteurs, les éditeurs). Pour cette catégorie sonore, nous demandons aux
éditeurs concernés une contribution financière liée aux frais de réalisation des
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différentes chroniques sonores. Le son vous appartient : vous pouvez donc le mettre
en ligne sur votre propre site.
Voici les différentes possibilités tarifaires pour la réalisation des chroniques sonores (par
ordre croissant) :
1) Enregistrement d’une lecture d’un court extrait du livre par un comédien
professionnel : 98 € HT. Ce prix comprend l’enregistrement en studio de la lecture,
le montage numérique, et la mise en ligne sur Fnac.com et, si vous le souhaitez sur
votre propre site. Vous pouvez choisir l’extrait ou nous laisser le choisir.
2) Enregistrement d’un portrait sonore de l’auteur (ou selon les cas, le traducteur
ou l’éditeur). Cette mini-Radioscopie permet à l’auteur de présenter son livre, puis
de raconter son destin d’écrivain, sa manière de travailler, la place des livres dans
sa vie. Pour cette réalisation, nous demandons 149€ HT. Ce prix comprend
l’enregistrement avec un Nagra numérique professionnel, le montage numérique et
la mise en ligne sur Fnac.com, et si vous le souhaitez, sur votre propre site.
Bientôt nous vous proposerons d’autres types de chroniques sonores et filmées. N’hésitez pas
à joindre nos reporters sur le portable suivant : 06 37 17 68 24. Nous serons heureux
d’enregistrer des sons liés aux livres de l’été, et bien sûr à la rentrée.Grâce à votre fidélité,
nous pourrons ainsi offrir ainsi à la francophonie une magnifique et unique bibliothèque
vivante, écrite et sonore.
Très cordialement,
Nathalie Rougnon (06 37 17 68 24),
Passagedulivre.com, 26, rue Georges Sand, 75016 Paris

PS1 : Nous enrichissons les fiches des livres déjà référencés par Fnac.com (Ce sont les
équipes de la Fnac qui assurent le référencement des livres).
PS2 : Il est important de préciser ceci : même si l’éditeur ne souhaite pas contribuer
financièrement à la réalisation d’une chronique sonore pour valoriser tel ou tel livre sur
Fnac.com, son livre est bien sûr présenté gracieusement par la mise en ligne de contenus
enrichis écrits (voir plus haut). La contribution financière n’est demandée que pour les
contenus sonores optionnels.
Commentaire de la rédaction : « Passage du livre.com » ne nous est pas inconnu car nous
avons déjà envoyé des livres à cette adresse (toujours en attente de référencement). Le
Masque d’Or n’est malheureusement pas assez riche pour verser 98 ou 149 € pour réaliser des
extraits sonores mais continuera ses envois à l’adresse indiquée.

UN COMMUNIQUE DE FRANCE BLEU AUXERRE :


Yoann Kerpedron, animateur de France Bleu Auxerre, m’a téléphoné pour m’annoncer qu’il
n’assurait plus désormais les chroniques littéraires sur cette radio locale. Le nouvel
animateur : Cédric Freni, assurera désormais ces chroniques du jeudi au dimanche sur 101.5
Mhz mais sans interviews d’auteurs. Il ne s’agira plus désormais que de petites annonces…
Dommage ! Le Masque d'Or continuera cependant à envoyer des services de presse.

CONCOURS DE NOUVELLES :
Les concours SCRIBO reprennent, comme chaque année, du 01/09/07 au 31/01/08 :
a. Le prix SCRIBOROM (concours de romans)
b. Le prix le Masque du Démon (Thème 2007-2008 : Par-delà le mur du
sommeil)
c. Le prix SCRIBOREVE (concours de contes fantastiques, sans thème cette
année)
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Nous rappelons que les auteurs publiés par le Masque d’Or peuvent y participer gratuitement.
Pour voir les règlements : www.scribomasquedor.com/concours.htm

CAHIERS LEO FERRE :


L’entreprise SCRIBO tient à rappeler qu’elle diffuse les Cahiers Léo Ferré (éditions du Petit
Véhicule), superbe publication rassemblant des articles sur Léo Ferré et des inédits du poète
compositeur. Curieux que si peu de gens y pensent ! Et les fans, alors, que deviennent-ils ?
Visitez sans plus tarder la page consacrée aux Cahiers Léo Ferré sur le site scribomasquedor :
http://www.scribomasquedor.com/CAHIERS%LEO%FERRE.htm

DIFFUSION :
L’entreprise SCRIBO diffuse un auteur qu’elle a recommandé à LA PLUME EDITION et qui
a été publié par cet éditeur : les Citrons bleus, roman sentimental de Yvonne FERRARI
(voir BDC ci-joint).

Rubrique réalisée par Claude JOURDAN et Thierry ROLLET

BONNE RENTREE ET AMITIES LITTERAIRES À TOUS !

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LA TRIBUNE LITTERAIRE

Derrière la nuit de Patrice PARISIS :


« Voici un livre hors du commun, entièrement sorti de mon imaginaire. C’est une grande
aventure et vous côtoierez des personnages hauts en couleur, attachants et aussi d’autres
étranges et fantasques comme : le squelette doré, le double fantôme, Giacomo (le dernier des
dragons) les Indiens Charcurons, etc… Je suis certain que ce sera l’une des plus folles
histoires que vous ayez jamais lues. Les personnages principaux devront s’extirper de
nombreux pièges qui leur seront tendus tout le long de ce fantastique périple. Le racisme sera
l’un des ennemis de nos aventuriers qui lutteront pour la reconnaissance de la valeur humaine
et de l’amour. J’ai fait en sorte que vous soyez tellement captivés par la lecture de Derrière la
nuit que vous allez le dévorer. J’ai voulu que chaque page de mon livre recèle une grosse part
d’aventure, une larme de rire, une dose de peur et son lot de mystère. Je souhaite que ce
roman reste gravé dans votre mémoire comme une inscription d’amour sur un chêne
ancestral. » (Patrice PARISIS)

L’épicerie du cimetière de Philippe LANDRY "Barbetorte" :

Avec l’Épicerie du cimetière et autres nouvelles fantastico-surréalistes, notre ami Philippe


LANDRY "Barbetorte" revient sur la scène littéraire. Hirsute et épicurien, maintes fois publié
par les revues les plus diverses pour des articles et des contes, Landry aura écrit dans tous les
genres : histoire, roman historique (notamment en 2006 avec l’étonnant Ils attendent, roman
historique se passant en septembre 1994 en Bourgogne), légendes, polars, pamphlets… Mais
d’abord le fantastique. L’Épicerie du cimetière c’est d’abord la nouvelle de ce titre
complètement délirante : le personnage trouve un emploi précaire qui consiste à servir des
morts, mais des défunts heureux de l'être ; cela l’entraîne dans une folle nuit de fête macabre.
Puis, il est embauché comme « exégète en fureur assassine chez les fumeurs de pipe », tandis
que son armoire spécule à la Bourse et finit par mettre le feu au mont-de-piété. Dans l’Homme
qui mangea ses principes et l’Homme qui mangea ses jours, il échappe au trépas grâce à des
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trouvailles extraordinaires. Etc… L’Épicerie du cimetière est le 4ème recueil édité de Philippe
LANDRY "Barbetorte", dont le 2ème par les Editions du Masque d'Or.

Le Clan des Arnolph de Henri MEILLANT :

« Bonjour, amis lecteurs et auteurs du Masque d'Or. Lesdites éditions vont faire paraître la
dernière enquête de mon commissaire Duprat : le Clan des Arnolph. Quarante ouvrages
publiés dont quinze polars, maintenant ce sera le repos ! Ce Duprat eut jadis (1967) la chance
d'être incarné à la TV par le comédien Fernand Sardou. Maintenant, vous ne risquez plus de le
trouver sur le petit écran ! Pensez donc : il n’y a ni violence, ni drogue, ni fusillade, ni
explosion ! Pas même un coup de feu, coup de couteau ou autre strangulation… Que voulez-
vous, j’ai toujours aimé le roman policier classique (j’en écrivais à 15 ans) à base
psychologique. Le commissaire va enquêter cette fois dans une petite clinique et je ne vous
souhaite pas d'être un jour hospitalisé dans un tel établissement ! J’espère que vous vous
amuserez quand même, bien que ça ne soit pas si drôle que ça ! » (Henry MEILLANT)

La Robe rouge de Geneviève de Gilbert MARQUÈS

« Le titre de ce court roman, La robe rouge de Geneviève, ressemble étrangement à celui d'un
livre de Françoise SAGAN à qui Gilbert MARQUES a voulu rendre hommage. Mais au-
delà de cette paraphrase, les deux livres sont bien différents. La robe rouge de Geneviève
relate le développement d'une rencontre étrange puis d'une liaison tourmentée entre une
homme et une femme. Thème éternel mettant en scène n'importe qui, n'importe où, n'importe
quand mais pas tout à fait n'importe comment. La robe rouge de Geneviève peut laisser
imaginer une histoire d'amour, de passion même. Il s'agit bien davantage de la description
presque analytique du sauvetage d'une femme malmenée par la vie. Le narrateur, anonyme, se
borne au rôle d’acteur impliqué mais passager, un révélateur qui se donne pour mission de
l'empêcher de sombrer avant de disparaître. De cette histoire a priori banale aux acteurs
apparemment ordinaires jaillit tout le merveilleux de la vie malgré les doutes, les hésitations
et les interrogations. Rien d'autre sinon un partage intimiste tout en touches de tendresse
auquel l'auteur vous convie. La même chose peut vous arriver demain et l'incroyable devient-
il alors… possible. » (Gilbert MARQUÈS)

Encore un Harry Potter !

« On a beau nous assurer que ce 6ème tome sera bien le dernier, voilà que le prodige de
l’édition mondiale, surclassant nettement le Da Vinci Code, vient encore jouer les paravents,
voire les rouleaux compresseurs dans les libraires du monde entier. Bien entendu, la France ne
sera pas épargnée, l’Oncle Sam n’exportant pas uniquement ses films et sa musique. Pour ma
part, je le dis nettement, quitte à me répéter : j’en ai assez et plus qu’assez de voir des romans
pas forcément meilleurs que d’autres qui monopolisent l’attention, se font lécher les bottes par
la critique et vident les bourses des lecteurs – qui, lorsque nous leur présenterons nos pauvres
petits livres dans les salons et autres séances de dédicaces, nous répondront : « On achèterait
bien, mais… » Ces dans ce dernier mot et les points de suspension que sont contenus les
derniers éléments de la réponse : « …mais Harry Potter nous a lessivés », « …mais vous
n’avez pas fait autant de pub que lui », etc. Il est donc évident que ce monstre littéraire nous
balaie comme des fétus de paille. Nous lui rendrons la pareille : Harry Potter nous empêche
de nous vendre ? Nous n’achèterons pas Harry Potter. Point barre. » (Thierry ROLLET)

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LE COIN POESIE

Chien fleuri Je serais un enfant…


Chien fleuri…fleur à lâcher Pour les enfants de mes amis,
Cette fleur s’épanouit-elle pour les amis de mes enfants.
Sous ; les vagues de minuit
Solaire ; terrestre ?! je serais un enfant
L’erreur ; fait goûter et nous serions amis
L’arôme ; parle ; non ; muet
Amour, sans cloche ; retentissait vous n’auriez pas toujours raison
Une autre ; sauf ; toi je n’aurais pas toujours gagné
Ni belle ; ni laide
Ses yeux, je souhaite m’éclairer vous comprendriez mes silences
M’éteindre ; ses sourcils : m’épiler et moi vos éclats de rire
Cynique, prête à me lécher
Chien fleuri ; fleur ; à lâcher la terre tournerait dans mes mains
le soleil brûlerait dans vos yeux
Mohamed KHRAIEF, le 5/05/2007
la terre serait une planète heureuse
vous et moi aurions raison d’y vivre

Jean-Loup MARTIN

Sonneticule
La fenêtre révèle
À nos yeux désolés
De brumeuses chandelles
En ce soir éploré.

L’horizon ne soupire
Que regrets et douleurs
Et le ciel ne transpire
Qu’hypocrites chaleurs.

Enfui, l’astre doré !


Mourantes, ses promesses !
Et ce poignant chagrin

Fait de pleurs épanchés,


Lourdement, me redresse
Le tableau de ma fin…

Thierry ROLLET
(extrait de Emois indicibles, éditions de l’Encrier, 1989)

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L’EXPLORATRICE
ROMAN FEUILLETON

par Claude JOURDAN

CHAPITRE 1

LE QUARTIER du Bois-Brûlé porte un nom bien en accord avec les conditions de sa


création, il y a un peu plus de trois ans : on défriche, puis on brûle tout un bois de jeunes
hêtres et de vieux chênes pour y faire germer le béton et l’architecture cubiste, dans un
nouveau sens du terme : tout y est cubes, parallélépipèdes rectangles, plus rarement tours
cylindriques – sans oublier un marché couvert dont la toiture s'inspire de celle du CNIT.
Pourtant, il ne s'agit pas de rebâtir la Défense car le Bois-Brûlé ne prétend égaler aucun
ensemble architectural célèbre ; il entend seulement se cantonner dans le social, c'est-à-dire
dans l'uniforme, moderne conception du bien-être au foyer, sinon de la pacification
prolétarienne.
Cinquante hectares de surface constructible et rendue habitable sinon vivable en deux
ans. Dix-huit mille logements répartis en trente-deux tours d'inégale importance, variant entre
le cylindre, le cube et le pavé. Quatorze commerces en surplus du marché couvert. Une école
primaire. Un cinéma genre vendredi-samedi-dimanche-jours-fériés. Et n'oublions pas la
mosquée, sans vouloir affirmer que c'est de là que partent les troubles.
Tel est le schéma simplifié du Bois-Brûlé.
Pour en avoir une vision disons plus intimiste, le mieux est de suivre quelqu'un. De
préférence pas un habitant : la topographie ne les intéresse guère, c'est leur lot commun
d'existence qui compte, divisé en plusieurs milliers de petits cliacun-pour-soi, à de rares
exceptions près. Non, il faut s'intéresser à Xavier. Après tout, s'il arrive après le crime sans
être carabinier, il est justement là pour un premier et élémentaire repérage, aujourd'hui.
Xavier Arsenot. Les premières présentations sont faites. Après tout, que nous importe
le reste ? Nous le découvrons au fur et à mesure que le personnage s'imprègne de l'ambiance
du Bois-Brûlé. En effet, c'est vraiment le genre de quartier où l'on a absolument besoin d'une
identité pour se démarquer du paysage rigide, définitif, bien arrêté, entier comme un ensemble
d'idées reçues. C'est justement parmi elles que le capitaine Arsenot, titre qu'on lui donne au
commissariat de police du 18ème, va devoir s'insinuer comme un serpent. Et peut-être, imitant
complètement cet animal souple et élastique, changer de peau.
Mais pour le moment, il n'en est pas question. Certes, il n'arrive pas dans une voiture
de service : convoqué de bonne heure, il a pris son pou de la route, autrement dit une petite
104 Z démodée, pour faire étape au Bois-Brûlé qui est sur le chemin de la « boutique ». Une
telle discrétion s'avère d'emblée totalement surfaite : le phare officiel bleu palpite
insolemment sur le toit de la fourgonnette de la même teinte et, du fait que le capitaine
Arsenot est connu comme Columbo – plaisanterie de permanence –, une hirondelle volette
déjà vers lui alors qu'il est seulement en train de boucler ses portières. Salut réglementaire :
– Mes respects, capitaine. Plus de problème : on vient d'agrafer deux meneurs. Avec
votre permission, on les embarque tout de suite.
C'est tout juste s'il n'ajoute pas : « Vous n'avez plus rien à faire. Bon vent. » Ce n'est
pas que le respect se perde ; c'est la répartition des tâches qui a tendance à s'écraser devant la
hiérarchie. Plus important vous êtes, moins vous paraissez utile.
– Il y a des victimes ?
– Oui. Quatre. Derrière le Saphir. Ils en sont à égalité : deux Français et deux ratons.
Les voisins ont appelé les pompiers, parce qu'il y a eu un début d'incendie, suite à...
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Xavier n'écoute plus. Au passage, le terme appliqué aux locataires émigrés l'a...
« Choqué » serait un bien grand mot. Disons « heurté ». Comme il est de nature à heurter la
plupart des habitants du Bois-Brûlé. C'est justement parce que ce genre de terme est très
employé ici, avec tout ce que cela sous-entend, que la « boutique » est maintenue sur le qui-
vive, prête à intervenir au moins quatre ou cinq soirs par semaine.
Mais morigéner le fonctionnaire bleu ne peut servir qu'à provoquer un nouvel incident
Il faut compter avec les badauds : il y en a plus d'une centaine, peut-être vingt fois moins que
par nuit chaude au Bois-Brûlé, pourtant.
Xavier renvoie le policier en uniforme. Il est pressé de se mettre en quête. Calme,
précis, méthodique comme toujours – « jamais sorti de l'école », disent les collègues –, il va
faire son tour d'horizon. Façon de parler, bien sûr, car les horizons, ici, ressemblent tous à des
façades, quelle que soit la direction des regards.
D'abord, les environs immédiats du Saphir, théâtre de l'échauffourée. Encore une
imbécillité du maître d'œuvre, qui a voulu sans doute donner un air chic à sa création en la
parant de noms précieux : Diamant, Rubis, Topaze... Tiens ! comme dans le Bal de Laze de
Polnareff. Xavier fredonne :

Je ne suis qu'un vulgaire assassin,


Un vagabond indigne
De ce château...

C'est peut-être... c'est sûrement ce que pensent les témoins tandis que le panier à salade
vire de bord avant de s'éloigner vers le commissariat. Xavier n'a pas demandé qui étaient les
deux « meneurs », qu'il a bien le temps de retrouver là-bas, à point pour les tirer des pattes de
Gagnon. En attendant, mieux vaut s'intéresser aux victimes.
Il faut bien tout ce temps de réflexions diverses à Xavier pour faire le tour du Saphir,
immense parallélépipède – plus grand encore que ce seul nom – qui est le plus concerné par
les bagarres, pour ne pas dire « ratonnades » qui s'y déroulent si souvent depuis un mois.
Derrière, il y a encore une foule, qui s'ouvre avec réticence devant la carte barrée de tricolore
que le capitaine Arsenot brandit tel un brise-lames. Les pompiers sont toujours là, grande
échelle et ambulance, la première prisonnière de la foule, la seconde retardée par une
intervention délicate.
À l'intérieur du véhicule de secours, deux civières sont occupées. Sur l'une, un Arabe,
jeune, presque un adolescent, demeure inconscient ; sur l'autre, un pompier, le torse dénudé,
donne son sang. Deux aiguilles et un tuyau souple et transparent les relient, en une brève
fraternité salvatrice. Un homme en blouse blanche va de l'un à l'autre, surveillant le bon
déroulement de l'opération.
– On est arrivé à temps, renseigne le chef de brigade. C'était un lynchage en règle ! Voyez celui-ci: un
bras presque sectionné avec une espèce de machette ! On se demande où ces enfoirés vont ramasser des engins
comme ça ! Résultat, comme vous voyez : une transfusion indispensable. Heureusement qu'on avait un donneur
sous la main : d'après le docteur Versini (le praticien prend une seconde pour saluer Xavier d'un bref signe de
tête), le B rhésus négatif, c'est ce qu'il y a de plus coton, à trouver...
– Et les autres ?
– Pas de quoi s'affoler : des bosses, des hématomes... Ah! si, tout de même, un
intoxiqué : le petit frère du blessé grave. Une autre ambulance les a déjà tous emmenés.
– Intoxiqué, dites-vous ?
– Ouais ! Pensez donc : ces jeunes connards avaient réussi à mettre le feu à la baraque
là-bas, pendant que les deux Arabes – les deux frères – étaient dedans. Ils y élevaient des
poulets, des lapins, même un mouton, vous vous rendez compte du scandale : les riverains se
plaignaient des odeurs, de la saleté. L'Association des copropriétaires et celle des locataires
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envoient pétition sur pétition à la mairie, pour faire respecter l'interdiction... Enfin, vous devez
être au courant ?
– Évidemment.
– Alors, comme ça, un soir, on décide de faire justice soi-même. C’est devenu la
politique absurde et imbécile du quartier : on en a tellement marre de ces crépus colorés qui
viennent en France pour piquer le boulot sous le nez des chômeurs français que tous les
prétextes sont bons pour organiser une expédition punitive ! Et voilà comment ça tourne !
N'empêche : c'est bien la première fois que ça finit aussi gravement. Je...
Le praticien l'interrompt en descendant de l'ambulance :
– Voilà, déclare-t-il, le jeune Arabe est hors de danger, du moins pour l'immédiat.
Peut-être faudra-t-il procéder à une seconde transfusion, mais il est transportable maintenant.
Direction: l'hôpital. Tout de suite.
– Bien, docteur. Mais le policier...
– Votre homme a dû être très généreux. Il a droit à la même destination. Sans doute ne
rentrera-t-il pas chez lui avant demain. Roulons !
Le capitaine serre brièvement la main de le capitaine. Le médecin remonte dans
l'ambulance, qui démarre dès la fermeture des portes arrière. Les mouvements du véhicule et
la sirène sont encore impuissants à disperser les badauds, que les pompiers repoussent avec
énergie, à grand renfort de bourrades et de Circulez ! Laissez passer !
La foule d'aujourd'hui se passionne trop pour les spectacles morbides pour avoir
seulement l'idée de faciliter les évacuations sanitaires.
Maintenant, quelques badauds suivent de loin en loin le capitaine Arsenot qui se dirige
vers la baraque. Dans les westerns aussi, des témoins suivent toujours le shérif à distance
respectueuse. Xavier juge la situation assez ridicule. Il ne s'attarde pas devant la baraque aux
trois quarts calcinée, d'où s'élèvent encore de petites fumerolles, attardées çà et là le long
d'une planche noircie. Une épouvantable odeur de chair brûlée monte du lieu du sinistre: des
cadavres de volailles, de lapins, sans parler du mouton doivent encore se trouver là. Les
pompiers ont paré au plus pressé en recouvrant ce charnier carbonisé avec de la terre – la
baraque se trouve juste à la limite du quartier, en bordure d'un terrain vague. Mais la voirie se
fait attendre. Quand on pense que les voisins se plaignaient des odeurs et de la saleté !
Pousseront-ils l'ignominie jusqu'à se découvrir d'autres sujets de récriminations, devant la
situation présente ?
Xavier se retourne brusquement. Un mouvement de recul quasi général réplique à cette
volte-face inattendue. Il y a là quelques hommes entre deux âges, visiblement des chômeurs
vivant de petits boulots au noir, car ils sont en bleu de travail alors que tous les travaux
officiels sont achevés depuis plus d'un an dans tout le quartier. Quelques jeunes aussi, des 16-
25 ans dont beaucoup regardent en-dessous le flic qui, à leur avis, se prend pour ce :qu’il n'est
pas en venant ici pour faire la loi. C'est le message que Xavier peut également lire dans le
regard de cette ménagère obèse, qui ne tarde pas à l'apostropher pour mieux exprimer ses
sentiments :
– Et alors, z'êtes content, hein? Depuis l'temps qu'vous les protégez, les bougnoules !
Z’ont plus qu'à empester le monde avec leur cuistance et à déclencher des histoires, hein?
Pour un peu, Xavier céderait à un souffle de colère qui tente de balayer ses réflexes
professionnels. Il ne faut pas. C’est ce qu’attend cette dondon.
– Vous êtes témoin, Madame ?
– Et pis quoi encore ! Vos poulets les ont déjà repérés, les témoins ! V'là-t-y pas qu'on
va emmerder les honnêtes gens pour des histoires de ratons, maintenant !
– Où habitez-vous, s'il vous plaît ?
– Tout en haut, dans Saphir... Qu'est-ce que ça vous fait? C'est pas vous qu'allez
respirer leurs saloperies toute la sainte journée, hein ?
11

– Votre nom, Madame ?


– Euh là ! Et pourquoi encore ?
– Parce que je vous le demande.
– Angèle Lesage, Saphir, appartement 524. Z'êtes satisfait ?
– Merci beaucoup, Madame. On vous convoquera. Au revoir.
La dondon paraît sur le point de suffoquer. Elle tourne brutalement les talons, au point
de compromettre un équilibre que sa grosse taille et ses jambes courtaudes ne favorisent guère
et s'en va en grommelant des imprécations.
– Y a-t-il d'autres témoins ?
Le capitaine Arsenot connaît la musique : il n'a dit cela que pour avoir le champ libre,
que les badauds lui abandonnent immédiatement en se retirant dans des directions
divergentes. Il range calepin et crayon pour se diriger vers l'entrée principale du Saphir.
La porte est graisseuse. Il y manque une vitre en bas. D'interphone il ne reste plus
trace, à part un rectangle de maçonnerie oublié par la peinture, percé d'un trou central d'où
s'échappent encore quelques fils coupés net. Visiblement un acte de malveillance. Comme la
cabine téléphonique sise à l'entrée du quartier d’où Xavier, qui a omis de recharger son
portable, a voulu appeler Joanne, son ex-épouse, pour lui dire qu'il ne pourrait sans doute pas
aller prendre leur fils Gaël au collège à midi, comme prévu la veille.
Le vestibule est plus que déprimant : il a l'air d'une épave engendrée par le
modernisme, dont seules subsistent les débris. Portes de sous-sols veuves de bloqueurs, dont
certaines bâillent ou battent sous l'impulsion de courants d'air à l'origine indéterminée.
Paillassons et grattoirs absents de leurs emplacements.
Quant à la cage d'escalier, il a suffi d'une seule- génération de graveurs pour en
souiller les murs de- graffitis, en écailler la peinture à tel point que certains pans de murs sont
blanchis jusque plus haut qu’un homme normal. Crasse et ordures, sous forme de boue
séchée, de taches indéfinissables et surtout de cannettes de coca ou de bière, écrasées sous des
pieds négligents. Xavier monte. Par l’escalier. L'ascenseur existe mais il est en panne. Ce n'est
pas vraiment une surprise.
Lentement, le capitaine voit défiler des portes, pour la plupart anonymes; seuls, des
relents de cuisine épicée ou des sanglots de violons et de chants beurs indiquent la nature de
l'occupant des lieux. Par endroits, d'autres musiques, inspirées de la dernière mode en matière
de scie ou de casse-tête, peuvent encore dénoncer la jeunesse du ou des auditeurs – Xavier en
rencontre même dans l'escalier : cinq enfants ou adolescents aux visages bruns, agglutinés
autour d'une radiocassette tonitruante, et qui écartent leurs jambe-s avec réticence pour le
laisser passer.
Renseigné par la mairie, Xavier sait déjà que la moyenne d'âge du Bois-Brûlé n'atteint
pas 20 ans, et surtout que la population est à plus de 75% maghrébine. Mais il faut le voir
pour le croire, songe le capitaine en se remémorant son service militaire, effectué comme
coopérant au Maroc. Ici, la gaîté, la spontanéité, la joie de vivre naturelle chez l'Arabe ne-sont
plus que fantômes errants dans des couloirs cradingues. La jeunesse elle-même, tant française
que maghrébine, ne se reconnaît plus. C'est un quartier vieillissant, périssant de tristesse et
d'ennui, maintenant marqué par la violence...
Le capitaine Arsenot se morigène : le travail l'attend. Interrogatoire des témoins. En
attendant, visites domiciliaires. Des portes s'ouvrent sur des visages réticents, des bouches qui
balbutient et ne protestent même plus. Mais si l'on veut entrer, on repasse. Les îlots de paix
précaires installés derrière les panneaux de bois ne s'ouvrent jamais, visiblement, au vent
soufflant de l'extérieur, même quand il n'est pas porteur d'une carte de police. D'ailleurs, il ne
faut pas être Sherlock Holmes pour deviner qu'ici, on se connaît fort peu entre voisins. Le
Saphir entier, ainsi sans doute que les autres pierres précieuses du Bois-Brûlé, sont confinés
dans une méfiante immobilité.
12

Maintenant, le capitaine Arsenot est parvenu au dernier étage. Devant lui, une grande
baie panoramique, comme dans les Cités Radieuses de Le Corbusier. Sur quoi d'autre peut-
elle donner que ces vagues champs d'herbe récemment reverdie par le premier soleil de l'été ?
La pire des saisons pour un quartier comme le Bois-Brûlé : la pièce nue pompeusement
dénommée « espace panoramique » – il manque douze lettres sur dix-sept à la porte mais
leurs emplacements renseignent le visiteur – jouit déjà d'une intolérable chaleur, emmagasinée
depuis des jours et saturée de remugles non identifiables. Il faut vite redescendre. D’ailleurs,
la propreté relative des lieux laisse penser que personne n'y vient ou ne s'y attarde jamais.
Maintenant, Xavier retraverse le quartier, coupant à travers les « aires de jeux pour
enfants », privées de tout instrument ludique, sans doute depuis belle lurette, et franchissant
sans vergogne d'autres aires prétendument gazonnées. La 104 Z n'est pas loin, 150 mètres à
peine, coincée hâtivement entre une camionnette Peugeot et une Deux-Chevaux
artistiquement bariolée. Mais ces deux gardes du corps brillent alors par leur absence. Xavier
arrive bien : une douzaine de gamins, indifféremment blancs ou colorés pour cette fois, se
rassemblent autour du véhicule pourtant si modeste d'allure. Xavier presse le pas. Un cri
précède son arrivée de trente mètres : « Le flic ! » C'est une fuite éperdue de la garenne
humaine devant le chasseur que l'on sait armé car la télé fait l'éducation. L'atmosphère du
Bois-Brûlé aussi sans doute. Xavier pousse un soupir en ouvrant sa portière : il est arrivé à
temps pour sauver l'intégrité physique de son véhicule. Mais qu'arrive-t-il généralement, ici, à
la voiture d'un homme qui n'est pas flic, qu'il apparaisse en cours de pillage ou non… ?
100 mètres à faire, le temps pour un moteur de chauffer en cette saison jusqu'au
raccordement avec la voie rapide. Xavier ne craint pas de repousser le starter en stoppant au
cédez-le-passage en pointillé: le moteur ne cale pas par cette température, même si l’attente
est longue. 8 h 15. C’est encore l’heure de pointe pour beaucoup de banlieusards. La voie
rapide les charrie vers le centre, sans préjudice des petites voies qui créent des confluents
inaccessibles, du fait que c'est alors le plus grand fleuve routier qui assure le maximum du
débit. Il fat profiter du plus petit trou. Le voilà. Xavier lance la 104, passe en seconde. Coup
de trompe, appels de phares, visages courroucés entrevus en un instant. Le rituel est respecté
et le nouvel arrivant entré dans le cirque infernal.
Enfin la petite rue tranquille. Le commissariat. La place habituelle. Le bureau. Les
saluts des collègues. La routine – la-journée – commence.
Naturellement, l'affaire du Bois-Brûlé n'est pas des plus simples, si élémentaire et
évidente qu'elle paraisse.
– On reprend tout depuis le début, dit Xavier en prenant le relais. Nom et prénoms ?
– Mouffak Yasid ben Bachir.
– Adresse ?
– Vous la connaissez bien :
– Adresse ?
– 12, rue de l'Anneau, bâtiment Saphir, lotissement du Bois-BrÛlé.
– Âge ?
– 17 ans... Tout ça, j'l'ai d'jà dit à vot' collègue !
– Je ne suis pas lui. Profession ?
– Chômeur permanent, tiens !
– Te fous pas de moi. Tu faisais quoi avant, comme job ?
– Apprenti pâtissier. Chez le père Pichaud qui s'est installé au tout début...
– Boulangerie-pâtisserie Jean Pichaud, rue de l'Angle, près du Diamant ?
– Ouais. Le vieux était content de moi. La vieille faisait pas d'histoires au début. Et
puis y a des clients qui sont venus se plaindre qu'y z’avaient trouvé des tifs dans leur bûche de
Noël. Un autre jour, les gâteaux sentaient le tabac ou même le hasch. Faut-y qu'y z'y aient
goûté, ces salauds, pour le renifler aussi sûrement que ça ! Et puis...
13

– C'était faux, ces histoires-là ? Même le hasch ?


– Ben, je veux ! C'est pas parce qu'on vient de Casa qu'on empoisonne la France, tout
de même ! Voulez que j'vous dise, c'qui m'empoisonne, moi ?
– Plus tard. Finis de débiter ton histoire. C'est la patronne qui t'a fait mettre à la porte ?
– Plutôt les clients, mais elle y a quand même mis du sien, la pouffiasse ! Faut croire
qu'elle a fini par se demander si la peau de beur n'était pas venimeuse, vu qu'elle s'est mise à
me faire balayer la boutique (ça, d'accord), puis à me faire nettoyer les chiottes ! Alors là, elle
pouvait toujours danser ! On n'est pas des bouffeurs de merde, nous autres, Alors, un soir,
quand le vieux m'a dit comme ça: « Eh ! Petit ! C'est pas fini ! Y a encore du nettoyage à
faire ! », je lui ai répondu ce que j'aurais dû dire depuis longtemps.
– Quoi donc ?
– Que ça me débectait, qu'il avait pas le droit, que j'étais pas apprenti-balayeur, quoi !
Alors, il a farfouillé dans son tiroir-caisse et il a craché : « Tiens ! V'là ta semaine ! Et
maintenant, tu vas me foutre le camp ! J'en ai marre de tes jérémiades ! » V'là l'histoire. Ça
f'ra un beau rapport, ça, dites ?
– Donc, tu es sans travail depuis...
– La veille du Nouvel An. J'veux dire : le Nouvel An français, parce que...
– Je sais. Et maintenant, qu'est-ce que tu fais ?
– Je bricole avec des copains, on s'débrouille...
– Ils sont chômeurs aussi, tes copains ?
– Tu parles !
– Indemnisés ?
– Y en a deux qui ont droit au RMI. Z’en avez embarqué un : Rida, qui vit à la colle
avec la Gigi. Les autres, c'est des apprentis. Alors, pour l'indemnité, macache ! Ah ! Y avait
encore Omar, mais lui, l'en aura bientôt plus besoin...
– Celui auquel le docteur a fait une transfusion sur place ?
– Ouais. Maintenant, c'est foutu pour lui... et c’est pas vous qu’allez l’sauver !
– Tu te trompes. D’abord, je te rappelle qu’un policier a donné son sang pour lui. et
moi, je peux t'affirmer qu'on le sauvera, ton copain.
– Vrai ???
– Vrai. Raconte-moi un peu ce qui s'est passé cette nuit. Certaines personnes n'étaient
pas contentes que vous fassiez un peu d’élevage clandestin ?
– On l'sauvera ... On l'sauvera ... Ben alors, si j'm'attendais... Hein ? Ah ! Oui ! Bof !
L'élevage clandestin, comme vous dites, ça nous permettait de pas crever de faim. Faut dire
qu'avec mes copains et deux de mes frères, on vit plus ou moins ensemble, dans deux
appartements qu'on squatte, plus la piaule de Rida et Gigi...
– Et vos parents ?
– Pfftt ! Mes vieux, ils ont bien marié Rachida, ma sœur, même qu'elle en était pas
plus contente que ça ! Mais moi, y m'ont foutu à-la porte le jour de mes 17 piges. « Tu te tires,
tu te trouves une maison, on t'a assez nourri à ne rien foutre ! » Voilà ce que m'a dit mon
père ! Pour les autres, c'est presque pareil. Ils se sont taillés aussi, quoi... Alors, j'suis allé
crécher chez mes frangins.
– On en revient à cette nuit, si tu veux bien.
– O.K. Z’auriez pas une sèche ? Merci... Eh ben, cette nuit, y s'sont pointés à sept pour
nous dire de ficher le camp, qu'y z’en avaient marre de not, cabane à lapins et puis, sans crier
gare, y z’ont commencé à tout démolir. Là, on a vu rouge ! C'est là que la bastombe, elle a
commencé...
– Combien étiez-vous ?
– Nous ? Trois, pas plus. Enfin, au début...
– Il est venu du renfort ?
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– Ouais. Les Tigres. Quand y z’ont.vu qu'on nous attaquait, y z’ont foncé.
– Qui sont ces Tigres ?
Silence. Méfiance. Blocage.
– Continue.
– Y a plus grand-chose à raconter... Quand y z’ont vu les Tigres, les autres mecs se
sont carapatés, vu que pour le courage !... Alors, Omar a reçu un méchant coup de lame. C'est
tout.
– Tu reconnaîtrais celui qui l'a blessé ?
– Et comment : le grand Tony. Mais il a filé.
– Si on te montrait des photos, tu le reconnaîtrais ?
– Sûr ! Z’en avez ?
– Ça se pourrait. Surtout s'il fait partie des... Car c'en était, non?
– Des skins ? Bien sûr ! Qui d'autre pourrait faire ça, à nous surtout ?
– Je te remercie. Tu as été extra. Passe dans le bureau d'à côté. Tu y regarderas notre
collection de portraits, que le capitaine Gagnon va te montrer.
– Encore celui-là ! J'pourrais pas les regarder avec vous, non ?
– Va-s-y tout seul comme un grand. J'arrive tout de suite.

aaa

Silence du soir dans la banlieue. La maison du capitaine Arsenot est sise à une
extrémité banlieusarde assez peu fréquentée. Ici aussi, c'est un nouvel aménagement, mais
avec des maisons comprenant chacune deux ou quatre appartements au maximum. Rue de
l'Ange Bleu. On aurait tout aussi bien pu l'appeler rue du silence. C'est un quartier de retraités,
avec en surplus quelques jeunes couples, mariés ou non, avec des enfants en bas âge. Un
havre.
Le capitaine Arsenot part avec le rapport des agents qui ont arrêté les deux
« meneurs ». Il veut, après lecture, enregistrer, comme à son habitude, son propre rapport, qui
constituera pour le cas présent un complémentaire du premier.
– Gagnon, le magnéto ?
– En panne...
Comme d'habitude depuis un mois. Xavier rafle une cassette C-60. Cela suffit pour ce
qu'il a à dire. Et pas question qu'il la paie de sa poche. Il fournit déjà l'énergie et la plus
grande partie des moyens.
Quand il arrive, il remise la 104 Z au garage, à côté de la 309 GTI du voisin. La
bagnole de ses rêves. On voit bien que le voisin n'est pas flic.
Un thé aux fruits rouges. Récompense d'une nouvelle ingrate journée. Il revoit le
visage émacié, inquiet de Yasid ben Bachir Mouffak. Celui-ci ne ressemble pas au Yasid (ben
Mohammed celui-là) que le coopérant Xavier Arsenot a connu au Maroc, il y a... Bah ! Ils ont
quand même tous deux la même foi, à défaut de la même dégaine. Mouffak a tiqué, puis
sursauté de joie en apprenant que son copain Omar est vivant.
Il a tout jacté sans problème. Quant aux trois autres, témoins et inculpé confondus...
Baste ! On les revoit demain.
Xavier branche son magnéto double cassette. Celui dont il se sert toujours pour
enregistrer ses rapports au commissaire. La stéréo est trop noble pour cette basse fonction. Il
appuie sur record et play. Commence :
– Mes respects, chef. Capitaine Arsenot. Rapport sur l'affaire du Bois-Brûlé, joint à
celui des agents Marcholet et Flavaux. L'affaire se présente comme un... une...
Il coupe. Certains mots viennent mal. Il faudra recommencer. Pas tout de suite.
L'heure en est vraiment à la détente. La lampe d'ambiance diffuse une lumière idéale, qui ne
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tranche que timidement l'opacité pesante de la nuit de ce début d'été un peu pourri. Bonne
atmosphère.
Chopin, Études puis Polonaises, sous les doigts de Wladimir Horowitz. La détente est
cette fois absolue. Propres, étudiées, pleines de respect pour la vie, les notes repoussent dans
les limbes la crasse du Bois-Brûlé, tant morale que physique. Si Marino vient à cet instant,
tout la subjugue, la séduit, c'est sûr...
Marino. C'est vrai: elle est invitée le lendemain... Avec tous ces soucis ? Mais demain
c'est dimanche. Jour du Seigneur et repos des familles réunies... Ouais ! Enfin, on va bien
voir. Xavier et sa sœur se rencontrent souvent mais ne se retrouvent jamais. C'est elle qui le
dit. En attendant, il faut quand même tout préparer.

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CHAPITRE 2

MARINO relit les dix pages qu’elle vient de taper. Pour un premier jet, ce n’est pas
trop mal. Elle a d’abord décrit le Bois-Brûlé. Corvée indispensable : il faut bien planter un
décor ; elle ne flirte pas avec le surréalisme, tout de même ! Quant à Xavier… Si, elle a bien
dépeint son frère aîné, le capitaine Xavier Arsenot, toujours si fidèle à une image classique de
policier sans bavures – quitte à paraître démodé. Une sœur ne connaît jamais bien son frère,
dit-on. Mais la passion de Marino est d’explorer les on-dit, entre autres.
Marie-Noëlle Arsenot a 26 ans, soit cinq ans de moins que son frère Xavier. Elle croit
avoir de l’imagination en plus cependant. C’est pourquoi, réflexion faite, elle n’est pas tout à
fait satisfaite de ces dix premières pages. Elle a montré un Xavier sur le terrain, sans l’y avoir
jamais vu ; il est rarissime, pour ne pas dire impossible que son frère la mêle à son travail de
policier. Pour lui, elle est une conseillère, plutôt une amie intime. À vol d’oiseau, ils vivent à
5 kilomètres à peine l’un de l’autre. Ils se voient assez régulièrement, le plus souvent le
dimanche. C’est le jour où Marino amène Gaël, qu’elle est allée chercher à l’école lorsque son
frère est de permanence ou entraîné dans une affaire plus absorbante que de coutume.
Ces dimanches sont vraiment des jours bénis pour cette seule raison. À voir Xavier
lorsqu’il retrouve son fils, on se demande quel est le plus gosse des deux. Gaël a 13 ans. Il en
avait 8 lorsque ses parents ont divorcé. Pourtant, Joanne était une jolie fille. Xavier était joli
garçon. Ils se sont mariés, elle 19 ans, lui 18. Elle était enceinte, il fallait bien sauvegarder la
bienséance et aider ces deux jeunes idiots à plonger dans la grande piscine de la vie. Bien
entendu, ils n’ont jamais su nager. Joanne en a eu assez la première. Toujours aussi jolie
malgré cette première maternité, elle a rencontré un autre gars, plus riche, plus considéré que
son grand gosse de mari qui venait de réussir son concours d’entrée à l’école de police. Elle a
pu enfin laisser tomber son boulot de caissière dans un supermarché pour partir avec ce jeune
péquin. Puis, la machine ordinaire s’est mise à tourner : avocats, séparation, puis divorce
prononcé pour faute, etc. Joanne obtenait tout de même la garde de l’enfant. Xavier peut le
voir tous les week-ends. Dire qu’il y a des imbéciles pour croire que des histoires comme ça
n’existent que dans les romans !
Marino se morigène : elle vient de se prendre en faute à évoquer le passé. Elle qui
professe qu’il n’y a pas de passé, seulement un éternel présent à rebondissements multiples
qui se rejoignent tous. Elle a toujours la situation bien en mains. Xavier, le divorce, Gaël, le
Bois-Brûlé et ses drames raciaux, tout cela se tient, cela forme un ensemble. Si la société
n’existait pas, il n’y aurait pas de drames. Marino n’est pas rousseauiste, mais elle est
fermement persuadée que tous les drames viennent d’une même source : la vie, le monde, la
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société, elle a presque envie d’écrire tout ça avec des traits d’union ; il faudrait inventer un
mot qui les rassemble tous…
À défaut de ce mot, il existe la possibilité d’explorer. Marino ne vit pas, elle explore. C'est tout juste si
elle est capable de s'émouvoir, disent souvent ses collègues des deux sexes, à l'INSEE. Elle y travaille depuis que
son vague diplôme la place là-dedans depuis la fin de ses études. Marino proteste: elle s'émeut souvent pour.ne
pas dire constamment : il faut être humain pour explorer le monde des hommes.
Aujourd'hui même, car c'est dimanche, Marino va faire sa B.A. hebdomadaire – du
moins ce qu'il est convenu d'appeler une B.A : elle amène Gaël chez son père. Ensemble, ils
dînent dans l’appartement, puis s’en vont. Xavier bêtifie avec son fils, histoire de le faire
enrager. Puis ils vont se promener tous trois. Ils prennent la Golf de Marino, plus spacieuse
que le pou de la route de service. Ils découvrent un carré de gazon, entre des arbres bien
alignés - car il faut aller beaucoup trop loin pour trouver la vraie campagne. C'est alors qu'ils
vont faire des projets à trois pour les grandes vacances. Ils partent toujours à trois depuis
l'année qui a suivi le divorce. Comme dit Xavier, c'est pour donner à Gaël l'équilibre familial
dont tout enfant a besoin, et cela se réalise parfaitement, même si Marino n'est pas sa mère;
d'ailleurs, les non-initiés s’y tromperaient facilement, rien qu'à voir le tableau !
Marino réfléchit encore. A-t-elle bien décrit Xavier? C'est de plus en plus douteux.
Sans doute faudra-t-il opérer quelques coupes sombres dans ce début de manuscrit. Plus tard.
À présent, il faut préparer Gaël. Il n'y a qu'à le voir avec son père pour mieux imaginer ce
dernier, mieux s'imprégner des traits, des manières, des réactions qu'elle veut caractériser sur
ses pages blanches.
Marino appelle Gaël. Le petit-déjeuner est prêt. Il faut qu'ils se dépêchent tous les
deux, sinon ils vont manquer la messe de 10 h 30, à la petite église de la rue de la Chapelle.
Pourtant, c’est est la plus proche du 30 rue Boucry où Marino loue un F3, au neuvième d'une
tour semblable à celles du Bois-Brûlé...
Pour ce qui est de Yasid Mouffak, l'un des principaux témoins de l'affaire, Marino
estime qu'elle s'est plutôt bien débrouillée, à la fois sur le papier et sur le terrain. Elle a
retrouvé le jeune Marocain dans un café où ils avaient rendez-vous. Sans heure: même si ledit
café se trouve presque en face du commissariat du 18ème.
Yasid ne peut pas savoir quand il va sortir des pattes des flics. Spécialement de celles
de l'inspecteur Arsenot. Celui-ci ignore tout des relations de sa sœur avec son témoin. Yasid
la rejoint vers 7 h 30. Gaël est là aussi, le nez dans son diabolo-menthe. Il ne dit jamais rien à
son père, heureux comme seul un gosse de son âge sait l'être d'avoir un secret vis-à-vis de
l'autorité supérieure, Marino n'étant qu'une complice. Yasid s'installe, accepte un café, déballe
tout. La scène de l'interrogatoire passe devant les yeux de Marino. Yasid ne sait pas à qui il
parle, seulement à une fille sympa, même si elle est un peu bizarre, pour ne pas dire
emmerdante avec ses questions. Yasid raconte tout par le menu, puis il s'en va, refusant
comme d'habitude d'être raccompagné par cette nana que ses copains prendraient facilement
pour une moucharde.
Marino devine tout, comprend tout, sans avoir assisté vraiment à l'affaire. Elle n'est
pas sociologue pour rien. Comme voyante, elle aurait peut-être fait son beurre, disent souvent
ses collègues, toujours eux ; si Xavier est un Columbo, Marino passe pour une Madame SOS
à défaut d'une Marie-Pervenche. Tous les êtres d'exception sont des cibles faciles pour le
vulgaire.
Marino contrarie déjà Gaël : il s'est vêtu d'un short à losanges rouges et jaunes et d'une
chemisette rayée rouge. Oui, bien sûr, c'est à peu près assorti, mais on ne va pas à la messe
dans une tenue aussi voyante. Oui, Marino s'en fout, comme tu dis, 'espèce de jeune ergoteur,
mais pour papa, c’est autre:chose ! Déjà que Marino te conduit à l'église elle-même parce que
papa piquerait une colère bleue s'il apprenait que tu n'y est pas allé ! Marino est bonne fille,
elle se sacrifie pour toi, ne lui complique pas la tâche... Ouais ! Évidemment, le sacrifice et
tous ces mots à rallonge, c'est bon pour les DuSchnock qui pondent dans certains bouquins, et
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puis on est en vacances depuis trois jours. Allons ! Disons que Marino en a ras la soupière de
tes conneries et n'en parlons plus. Va te mettre dans une tenue plus discrète... D'ailleurs,
comme tu viens de renverser de la confiture de grillottes sur ton short d'été, la cause est
entendue. Hop ! Au lavage !... Déjà rhabillé ? Pas mal, pas mal : short de tennis bleu pâle,
chemisette de même teinte, le tout uni. Classique. Marino est contente, tu vois. Maintenant,
tout baigne. Le plus dur est passé.

aaa

Ite, missa est. Dommage qu'on ne dise plus ça : le latin, ça avait de la gueule ! Une
année d'initiation en Cinquième et, l'an prochain, César et Cicéron au programme trois heures
par semaine. Le pied ! Oui, évidemment, le latin d'église... Et puis, si on veut en avoir sa dose,
c'est possible maintenant, même à la messe : va donc un jour f aire un tour chez les disciples –
les plus éclairés, ils te raconteront…
À la sortie, Marino place – car elle ne la jette jamais – une pièce de 2 € dans la
casquette d'un vieux clodo. Elle veut se donner le temps d'explorer sa propre réaction et celle
de Monsieur de la Cloche... Tiens ! Si elle savait que tu sais, que tu lis parfois ses rapports,
ses manuscrits en cachette, elle en ferait une tête !
Pour cette fois, question exploration, ça tourne court, ou plutôt ça se ramène à la plus
terre-à-terre des réactions : le clodo paraît littéralement fasciné, non par la pièce fastueuse qui
a atterri dans son couvre-chef mais par la plastique et la mise de sa bienfaitrice. Il faut dire
que, dans sa robe ultra-légère savamment échancrée, tout juste décente pour un pareil lieu –
ou scandaleuse, quand on intercepte les coups d'œil sans équivoque des grenouilles de
bénitier –, Marino arriverait, en passant devant un régiment, à les faire tous... Allons bon ! Pas
le moment d'avoir des réflexions trop légères ! Pourtant, quand tu regardes Marino, petit
vicieux, tu ne sens pas, toi aussi, une petite émotion ? Officiellement non, bien sûr !
Retour vers la rue Boucry. À pied. Le soleil brille et la portion de ciel que l'on peut
voir entre les hauts immeubles de la rue de la Chapelle est de la même couleur que ton
costume, petit Gaël; tu as bien choisi. Cela te donne envie de gambader sur le trottoir ? Va-s-y
donc : ici, il est large, pas de danger, Marino ne dire-rien, elle sera contente de te voir si
joyeux. Mais alors, le cours des événements t'échappe. Repasse donc le manche à ta
charmante compagne, pour aller chez ton père.

aaa

Xavier aussi a adopté la tenue estivale, sportive même : short satiné et tee-shirt
classique, c'est-à-dire estampillé d'une inscription américaine. Il montre qu'il porte un slip de
bain en guise de sous-vêtement : aujourd'hui, comme les vacances sont arrivées, on va abattre
au moins une cinquantaine de kilomètres, peut-être 80. Xavier calcule toujours mal les
distances. Il connaît néanmoins un endroit tout à fait charmant, raisonnablement loin de
l'agglomération parisienne, au bord d'une petite rivière dont il ignore le nom mais où il a déjà
fait trempette. Tel père, tel fils: Gaël ne se tient déjà plus de joie. Il vole presque par-dessus
l'escalier de sa chambrette réservée en permanence, à l'étage unique. Il en ressort aux trois-
quarts nu, avec seulement son propre slip de bain – il conserve tout en double ici ou presque –
que sa taille mannequin classe plus distinctement dans la catégorie du cache-sexe bantou ou
papou. Xavier ramène immédiatement les choses à plus de décence. Il faut que le gamin
renfile ses vêtements de dessus. Cap sur le paradis. La radiocassette diffuse un air de
circonstance :
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Prenez ma nouvelle adresse,


Je vis dans le vent sucré
Des îles nacrées...
Et à ma nouvelle adresse,
Une fille s'amuse à rire
De mes souvenirs...

Gaël, que les souvenirs de Perret n'amuse guère, farfouille dans le coffret aux cassettes
pour y retrouver un-truc-terrible-là-avec-des-machins-électroniques-je-ne-me-rappelle-plus-
le-nom-mais-c'était-super... Déçu, il se venge sur la radio en parcourant la bande FM de long
en large à coups de pouce rageurs. Soudain, il tombe sur la musique de ses rêves : un slow
sixties d'un beau romantisme attardé... Hélas, il ne s'attarde pas, lui, car l'information – il est
déjà 14 heures – prime tout :
« Dans les milieux policiers, on s'inquiète des répercussions que pourrait connaître
l'affaire du Bois-Brûlé. À l'hôpital Necker où il a été transporté, le jeune Omar Benoussa,
victime de "l’expédition punitive" lancée hier soir par une bande de skinheads, est plongé
dans une inconscience presque totale, ou état semi-comateux que n'explique pas entièrement
l'abondante perte de sang – rapidement équilibrée, il est vrai, par la transfusion effectuée sur
place, grâce à la générosité du brigadier Henri Sournaud, du corps des sapeurs-pompiers de
Paris. Les résultats des analyses pratiquées sur Omar Benoussa ont été remis aux autorités,
qui se refusent pour l'heure à tout commentaire.. »
Il n'en dit pas plus, coupé net par l'index furieux de Xavier.
– Oh ! P'pa ! proteste Gaël. C'était presque fini ! Et puis, on parlait de toi !
– De moi? Penses-tu: je ne suis pas « les autorités » à moi tout seul !
– Mais pourtant, t'étais en photo sur le journal de Marino, ce matin, à côté des
pompiers...
Xavier ne réagit que par un tressaillement. C'est vraiment un trop bon policier. Il n'a
plus d'émotions. Cela ne lui fait rien d'apprendre, par cette petite phrase innocente, qu'un
pisse-copie et son photographe se sont discrètement payé son portrait, au Bois-Brûlé. Marino
parle :
– Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Tu crois que ce jeune Marocain est...
– Que veux-tu que j'en sache ?
– Oh ! Pas de faux-fuyants ! Tu es forcément au courant !
– En tant que flic, c'est possible. En temps que chef de famille en balade, j'en sais
autant que n'importe quel autre chef de famille en balade qui vient d'allumer sa radio pour
entendre cette histoire-là.
Marino n'insiste pas. Elle n'est pas dupe. Et aussi parce qu'elle sait très bien que son
frère lui en reparlera tout à l'heure, au bord de l'eau. Jamais il ne sait tenir sa langue devant sa
sœur. Tout petit, il lui avouait innocemment ou craintivement tous ses péchés, toutes ses
bêtises et lui dévoilait tous ses projets. Maintenant il y a un inspecteur Arsenot qui se
maintient entre les deux anciens complices…

aaa

…Marino n'a pas eu besoin de parler. Il lui a suffi d'écouter. L'histoire, débitée de la
bouche de Xavier, se laisse filtrer dans ses oreilles par le friselis lénifiant de l'air et de l'eau.
Ici, tout paraît plus léger.
– ...Quand Gagnon m'a téléphoné pour me dire ça, il était à peu près minuit. Il m'a
réveillé pour me rendre le sommeil indigeste, cet abruti! Pas pu fermer l'œil une heure encore
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avec son histoire qui me trottait dans le ciboulot. Pense donc : on ramasse quelques paumés
victimes de la haine raciale et qu'est-ce qu'on trouve dans les tripes de l'un d'eux ? De la
came !.De quoi désespérer…
– De quoi ? Ou plutôt de qui ? fait Marino.
– Des opprimés, des émigrés, de la société, est-ce que je sais, moi ? D'abord, puisque
tu es sociologue, tu peux répondre toi-même à ta question, non ?
– L'idée que tu puisses en arriver là, commence Marino, prouve que...
– Prouve que rien ! Je te connais : les théories savantes volent bas quand tu es dans le
coin. Tu vas vite prendre la défense de ces pauvres petits Beurs, te lamenter sur leur sort, dire
qu'ils cherchent un exutoire à leur désespoir...
– Je ne suis pas assistante sociale! Quant à l'exutoire, il existe à des milliers
d'exemplaires pour des jeunes comme ça. Dans leur esprit, c'est le monde qui n'est pas
toujours adapté à leurs besoins. La vraie victime, c'est la société, celle-là même que beaucoup
d'entre eux prennent pour cible...
– Ah ! Qu'est-ce que je disais !
– Attends. Même le fait de salir, de détruire, c'est une façon de montrer la société telle
qu'ils la perçoivent : elle a une sale mentalité, axée sur le fric et la rentabilité, mais jamais sur
ces jeunes, surtout les étrangers, qui ne la considèrent pas comme une solution à l'existence.
– Et voilà ! Ils ne s'y intègrent pas et voilà le résultat !
– Ils sont parfaitement intégrés. La preuve: ils réagissent comme tous les gens qui
connaissent, comme eux, cette existence qu'on leur a imposée : la vie entassée, agglutinée,
morbide, lépreuse entre des tours de béton.
– Et comment régissent-ils ?
– Ce n'est pas moi qui te l'apprendrai. Ils salissent, ils détériorent... Je te l'ai déjà dit
tout à l'heure.
– Oui, tu l'as dit, mais je ne sais pas si c'est exact. Si le quartier du Bois- Brûlé est sale,
c'est parce que la ville ne dispose d'aucun crédit pour l'entretenir. Alors, forcément, il se salit
et la crasse obscurcit l'esprit des jeunes.
– Heureusement, tout de même, que...
Marino, s'interrompant, laisse brusquement sa phrase en suspens. Xavier ne la prie pas
d'achever, car il semble avoir tout compris tacitement. Marino n'achève pas. Elle veut dire
« Heureusement que tu n'es pas comme ces gens ignobles qui prétendent que les émigrés ne
vivent que dans la saleté ! » Marino ne peut dire cela à un type épatant comme son frère.
Même divorcé, il garde un moral étonnant; même déshonoré il a déjà gardé la maîtrise de soi-
même. Simplement... En fait, tout est trop simple dans les pensées de Xavier, cela se sent.
– Je n'en suis qu'au début de l'affaire, reprend-il comme s'il avait lu dans l'esprit de sa
sœur. Beaucoup d'éléments manquent pour se faire une opinion. Rien qu'avec cette nouvelle
histoire de drogue, voilà une affaire qui démarre trop bien : la French Connection a encore de
beaux jours devant elle !
– Les Beurs sont des Français. Ils ont une mentalité arabisée, mais agissent comme
leurs copains français. Sinon, ils ne pourraient en avoir aucun. Déjà que pour Rida et Gigi...
– Que sais-tu donc de Rida et de Gigi ?
Marino se mord la lèvre. Elle s'est trahie.
– C'était aussi dans le journal de ce matin?
– Oui...
Et voilà, c'est fichu. Marino a menti à Xavier. C'est vraiment la fin de leur complicité
d'enfants. C'est vrai: Marino professe qu'il n'y a pas de passé qui tienne mais c'est son seul lien
avec ce frère qui vit comme un fonctionnaire de police irréprochable, et elle qui sonde les
effets en ignorant volontairement les causes... Elle aurait bien voulu expliquer tout cela à
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Xavier, dès aujourd'hui et c'est raté, maintenant. Le mensonge les a écartés. Plus possible
d'évoquer le problème...
Tu t'en fiches un peu, par exemple, des problèmes des adultes, hein, petit Gaël ? En ce
moment où tu es dans l'eau jusqu'à la taille, tu les regardes de loin. Ils se promènent à deux.
Xavier a passé son bras sous celui de Marino. Maintenant, il se tiennent même par la taille. Ils
se parlent. Ils sont deux amoureux. Non : ils ne se sourient pas. Ils sont frère et sœur; est-ce
une explications Bertrand et Sandra Messier, ses deux meilleurs copains, sont frère et sœur,
eux aussi et ils ne font que se taper dessus toute la journée. Sandra n'est pas amoureuse de son
frère Bertrand. Ils sont trop petits, dit Marino quand tu lui en parles, Gaël. Elle a tort, tu en as
la preuve : si Sandra n'aime pas son frère, elle ne se gêne pas de te dire qu'elle t'aime, toi. Le
30 juin encore, elle t'a attiré dans un coin reculé et solitaire de la cour et elle t'a donné de
petits baisers dans le cou. Tu n'as pas parlé de Bertrand pour ne pas gâcher un aussi bon
moment.
À Marino non plus, tu ne parles jamais de son amour pour ton papa. Elle se mettrait en
colère pour cacher sa gêne. Bien sûr qu'elle aime papa, elle te l'a dit. Alors, pourquoi ne
l’épouse-t-elle pas ? Parce qu’elle est sa sœur ? Pourquoi ne se marie-t-on jamais entre frère et
sœur ? Le Bon Dieu l'a défendu, dit-on à l'aumônerie. Mais il n'a pas défendu d'aimer. Alors ?
Et puis, Marino t'a déjà répété qu'au fond, il n'y a pas de différence entre les enfants et les
grandes personnes. En voilà des questions pour un si petit bonhomme !
Gaël se désole de sa taille, trop petite à son gré. Marino dit que c'est pour ça qu'il aime
se promener tout nu dans l'appartement. C'est la première fois que tu le fais dans la nature.
Marino a raison : tu contemples ce qui a tendance à grandir à volonté chez toi, quand tu as
baissé ton slip de bain. Marino comprend. Elle dit que ce n'est rien, que ça te passera, même si
tu compares parfois cette grosseur-là avec celle de Bertrand. Marino dit que tous les petits
garçons sont attirés par cet endroit de leur personne, et les hommes aussi mais d'une autre
façon. Elle dit que cela fait partie des découvertes que l'on doit faire, même avec discrétion.
Elle en sait des choses, Marino ! Au point qu'avec papa, avec ses remontrances et ses leçons
de morale tu te sentirais un rien moins détendu...
Rhabille-toi, les voilà qui se rapprochent. Ils ont parlé de ce qu'on a entendu tout à
l'heure à la radio, bien sûr. C'est toujours comme ça quand papa est sur une enquête. Marino et
lui en parlent chacun à sa façon. Sans qu'ils s'en doutent, tu remarques toujours une infinité de
choses, Gaël. C'est bien. Il faut s'intéresser aux adultes pour les aider un peu quand ils sont
paumés.
Et voilà. Il faut déjà rentrer. Enfin, sois bien sage, Gaël. Papa te paiera peut-être une
glace quelque part si tu ne te fais pas prier. Mais si c'est Marino qui te le proposes, tu dis non.
Parce que tu as compris que papa en est vexé, d'habitude, sans qu'il le dise. Ni Marino ni papa
ne soupçonnent combien tu es intelligent. C'est normal: après tout, ce sont des adultes.
Embrasse-les, Gaël. Voilà. Voilà. Chacun sa petite part de bonheur. Décidément, tout
est trop simple dans ce monde-ci pour un petit garçon tel que toi.

aaa

Une fois de plus, Marino relit sa prose. Elle est toujours en train, c'est visible. Xavier a
l'air vrai. Gaël en a plus que l'air. Cliché: un enfant ne dissimule rien. Il faut éviter cependant
de lui montrer qu'on a deviné ce qu'il cherche à cacher. Marino ne fait pourtant jamais de
puériculture. Elle veille sur Gaël sans même savoir si c'est de l'amour quasi maternel. Est-ce
cette sensation de vide qui l’oppresse, maintenant que le gamin dort avec son père, comme
chaque fois qu’il vient chez lui pendant les vacances ? Mais alors, l’amour maternel et
n’importe quel amour, c’est la même chose… Quand on pense que Gaël lui-même s’interroge
sur la signification de l’amour, lorsque sa copine Sandra tape sur son frère ou lui fait des
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petits bisous dans le cou, en cachette, à lui, Gaël. Marino y trouve confirmation de sa théorie :
il n’y a pas de différence entre les adultes et les enfants ; l’âge est comme le passé : il n’existe
pas.
Marino aussi a passé la nuit chez Xavier. Elle sera en retard à l’INSEE demain matin.
Tant pis. Elle avait trop besoin de rester. Et savoir pourquoi n’est pas son affaire. Pas
maintenant. Demain, elle se comprendra.
Gaël, de plus en plus psychologue, n’a pas embrassé sa tante avant de se mettre au lit.
Il veut tant plaire à son Papa, ce gosse en or !
Et quel or, si pur et si joyeux à regarder ! Il a quand même pensé à Marino : au bas de
la dernière feuille dactylographiée qui décrit les événements de cet après-midi au bord de la
rivière-sans-nom, s’étale, avec une rare insolence et une grosse pointe de malice, une série de
iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii… Voilà le cadeau, le souvenir de ce démon de gosse qu’elle adore ; elle le
sait maintenant. Il n’a pas pu résister, d’abord : une machine électronique à traitement de
texte, c’est trop tentant pour ne pas l’essayer. Et puis, c’est si drôle d’appuyer sur une seule
touche du clavier pour voir l’appareil pondre un i, puis une ribambelle de iiiiiiiiiiiiiii comme
s’il poussait un cri sur le papier !
Cela vaut tous les bonsoirs du monde, de la part d’un enfant comme Gaël.

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(à suivre)

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Dans le prochain numéro : chapitres 3 et 4

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SOLUTION DE L’ENIGME

Dans le précédent numéro, Henry MEILLANT, dans sa nouvelle policière le Facteur


avait fait du zèle ! (Une enquête inédite du commissaire Duprat) vous avait proposé d’exercer
votre perspicacité :
v Qui a tué ?
v Pourquoi ? Comment ?
v Quels indices ont mis Duprat sur la piste de l’assassin ?

SOLUTIONS DE L’ENIGME POLICIERE


Le facteur avait fait du zèle !
(Henry MEILLANT°

C’est Henrion le meurtrier : il a tué sa femme par jalousie.


Qui a pu donner cette certitude à Duprat, puisqu’à 16 h 30, l’heure du crime, Henrion
n'était pas chez lui ?
Tout simplement, son alibi est faux ! S’il est bien exact qu’il a quitté son domicile à
midi et qu’il est rentré à 17 h 30 – vu par son voisin –, il est prouvé qu’il a obligatoirement dû
se trouver dans le quartier avant 16 h 30, puisqu’il a posté une lettre dans la boîte voisine de
sa maison : une lettre sans timbre et c’est cette négligence qui le perd car sans cela, le brave
Lancorny n’aurait pas remarqué cette lettre. Or, la boîte avait été levée à 13 h 15 par un
collègue de Lancorny, donc Henrion n’a pu poster la lettre avant midi, ni à midi en sortant de
chez lui.
Contrairement à ses dires, il est donc revenu sur les lieux, sans se laisser voir cette
fois…
Convaincu de mensonge et de faux alibi, tout son beau mécanisme s’effondre.
Effectivement, il avait pensé qu’en s’accusant du crime tout en donnant de fausses
indications, il ne serait pas pris au sérieux et immédiatement mis hors de cause. Il aurait eu
alors les mains libres pour faire peser les soupçons sur Treigner ou son épouse, complétant
ainsi sa vengeance.
Mais il avait oublié un petit détail, un rien : un timbre sur sa lettre ! Et il n'avait pas
songé non plus que le facteur ferait du zèle !

Henry MEILLANT

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OFFRES COMMERCIALES

Réf°OC01-062007 : le pack « CONSEILS EN EDITION »


Il comprend :
Ø Le manuel SCRIBODOC :
Publié aux Éditions du Masque d’Or, cet ouvrage de 48 pages format A4 a pour but de renseigner les
auteurs sur les démarches à suivre et les écueils à éviter pour, en premier lieu, produire un texte de
qualité ; en deuxième lieu, renseigner sur les différents modes d’édition (compte d’auteur, compte
d’éditeur) ; en troisième lieu, sur les travaux de l’entreprise SCRIBO, Agent littéraire.
Ø L’essai les Faux Amis des Écrits Vains :
Publié aux éditions Guy Boulianne, cet ouvrage de 64 pages format A5 a pour but de faire le point sur
les différents modes d’édition et sur les pièges que l’auteur peut rencontrer dans les milieux éditoriaux
et dans l’appréciation et la commercialisation de ses ouvrages. Très actuel dans ses prévisions, il
constitue un complément naturel de SCRIBODOC.
Prix du pack franco de port : 20,50 €

Réf°OC02-062007 : le pack « HARRY DICKSON »


Parus au Masque d’Or en 2004 et 2007, les deux recueils Harry Dickson – Aventures inédites
et Harry Dickson – Nouvelles aventures inédites constituent un tout qui entraîne le lecteur
dans un ensemble de 9 aventures écrites par 9 auteurs différents, surfant sur les limites du
polar et du fantastique. Les deux ouvrages peuvent être acquis à un prix spécial, réservé aux
abonnés du Scribe masqué.
Prix du pack franco de port : 30,00 € (au lieu de : 36,00 €)

Réf°OC03-062007 : le pack « VENISE »


Composé de deux ouvrages de Thierry ROLLET mettant en scène la Sérénissime République
au 16ème siècle, il comprend l’Or du Vénitien (ACM éditions, 1992) et le Masque bleu
(éditions du Petit Véhicule, 1999). Ce roman et ce recueil de nouvelles vous entraîneront au
sein des mystères et des aventures vénitiennes, vécues par des personnages réels ou fictifs
dans un contexte historique authentique.
Prix du pack franco de port : 20,00 € (au lieu de : 24,00 €)
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Notre équipe a présenté dans le précédent numéro du Scribe masqué d’autres offres
commerciales concernant des livres vendus en solde. Il était prévu le versement d’un
euro sur tout livre acheté au profit de Médecins sans Frontières. Malheureusement, nous
n’avons enregistré aucun achat, ce que nous déplorons.
Nous souhaitons faire connaître à nos lecteurs que ce versement est valable pour toutes
nos offres commerciales, depuis le n°7-8 jusqu’aux numéros suivants. Seules exceptions :
les livres mis en souscription, en diffusion ou en vente post-éditoriale dans la rubrique
INFOS, car cette clause n’a été prévue ni dans les contrats d’édition, ni pour les
quelques livres que nous diffusons parfois au profit d’auteurs et d’éditeurs partenaires.
L’équipe rédactionelle
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LE POLAR AU MASQUE D'OR, C’EST :

ü Le roman policier psychologique à énigme (« whodonit ») ;


ü Le polar contemporain
ü Les grands détectives du passé (aujourd'hui Harry Dickson,
bientôt Sherlock Holmes)
ü Le polar fantastique
ü Le roman à énigme historique

Le Masque d'Or veut des polars !


N’hésitez pas à lui en envoyer !
(édition par souscription – demander conditions)

LE SCRIBE MASQUÉ
comportera toujours diverses rubriques : nouvelles, poèmes, textes d’opinions et de
critiques, analyses littéraires, infos et petites annonces littéraires, annonces de
parutions d’ouvrages littéraires (liste non exhaustive)
N’hésitez pas à envoyer différents textes. Tous les auteurs sont invités à s’exprimer
dans les colonnes de ce journal et, si possible, à contacter leurs parents et amis pour
la promotion de cette publication.
Précisons qu’il s’agit d’encourager l’envoi de textes ou des abonnements, mais
non de fournir des copies pirates de cette revue, puisque seuls les auteurs
Masque d’Or et les clients de SCRIBO sont abonnés gratuitement.

Le n°10 sortira en octobre 07


Date limite de réception des textes : 25 septembre 2007

© Les auteurs mentionnés, pour les textes publiés


© Éditions du Masque d’Or, avril 2007, pour la maquette
© Éditions du Masque d’Or, septembre 2007, pour les annonces
(sauf indication contraire)

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