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L’Immigration des Moldaves

Depuis quelques années, la République de Moldavie subit l’exode massif des travailleurs. Même si le
phénomène de l’immigration n’est pas nouveau pour la Moldavie (le régime soviétique veillait à ce que la
mobilité reste grande), son échelle est frappante : un tiers de la population active a quitté le pays à la
recherche d’un meilleur moyen de gagner sa vie. Il suffit de faire le tour des villages, au sud ou au nord
du pays, pour attester que les Moldaves ne sont plus là. Face aux pressions du chômage croissant et d’un
appauvrissement continu, les Moldaves cherchent du travail ailleurs. Il n’existe pratiquement plus de
familles en Moldavie qui ne soient touchées par les départs de leurs proches à l’étranger.
Autre particularité de l’immigration actuelle : elle a souvent un visage féminin. Si dans ses débuts
l’immigration de travail était surtout l’affaire des hommes partant pour des travaux durs, aujourd’hui les
femmes sont aussi nombreuses à partir et à payer le prix de l’égalité des responsabilités familiales.
L’observation de ces mouvements d’immigration et surtout de leur composante féminine suscite une
interrogation quant aux effets produits sur la société. Ce sujet commence à attirer de plus en plus
l’attention en Moldavie, en dépit d’un refoulement prolongé aussi bien de la part de la population que de
l’État. C’est surtout grâce aux préoccupations d’organismes tels que l’Organisation internationale de
l’immigration, l’organisation non gouvernementale La Strada, etc., que les mots “immigration” et
“femme” sont employés et médiatisés ensemble, principalement en référence au trafic des êtres humains.
Pourtant, personne ne parle de l’immigration féminine dans la perspective de son impact sur les familles
et en particulier sur les enfants, alors que le sujet mérite attention. Néanmoins, nous pouvons imaginer
que les départs des femmes et des mères ainsi que leur absence prolongée ont des effets spécifiques sur
les relations au sein des familles. Le départ d’un parent structure différemment la vie de famille, sa
stabilité, la qualité des relations, et se répercute sur son rythme de vie habituel ; d’autant qu’il s’agit de
périodes de longues absences.
Parlant plus profondément d’immigration des femmes on doit mentionner que les dernières années ces
taux ont augmenté d'une manière excessive : les femmes partent de plus en plus loin pour pouvoir bien
gagner leur vie.
Cette expérience est difficile pour beaucoup de familles. Les études menées dans les villages moldaves
montrent une disparité des réactions : les maris sont un peu plus sensibles aux départs de leurs femmes
que l’inverse. Ils commencent à montrer une faiblesse pour l’alcool, premier signe de crises futures. En
effet, les femmes découvrent parfois à leur retour que l’argent envoyé n’a jamais été dépensé pour le
bien-être de la famille mais surtout pour combler les “manques affectifs”.Les effets de cette expérience
sont odieux: en général, il apparaît que les divorces sont plus fréquents dans les familles d’immigrés : les
séparations deviennent des catalyseurs des faiblesses des relations entre époux. De nombreux couples
n’arrivent pas à faire face aux longues absences de l’un des conjoints et de nouvelles alliances se forment
aux dépens des anciennes. L’indépendance financière des femmes vis-à-vis de leur mari représente aussi
un facteur non négligeable.
Une autre conséquence néfaste d’immigration est l’éloignement entre les mères qui sont parties et leurs
enfants qui restent à la maison. D’ailleurs, les “vraies” raisons des départs s’expriment le plus souvent à
travers le désir d’assurer une bonne éducation aux enfants.L’enseignement supérieur en Moldavie n’est
pas gratuit comme et les Moldaves ont de plus en plus de mal à payer les études de leurs enfants. Les
salaires des Moldaves sont très bas, ce qui rend impossible tout projet éducatif pour les enfants. En même
temps, dans l’espoir d’assurer à leur progéniture un avenir plus stable à l’aide d’un diplôme, les familles
moldaves choisissent de plus en plus d’investir dans l’éducation. La valeur des diplômes d’enseignement
supérieur est relativement élevée aux yeux des parents et constitue un objectif pour leurs enfants.
D’une manière générale,le processus éducatif change de nature et dans une large mesure devient virtuel.
Les membres de la famille se téléphonent tous les jours pour avoir des nouvelles et partager les
expériences de la journée passée. Ces séances d’intimité sont indispensables pour le maintien du moral de
la famille et de la motivation des mères. La famille restée à la maison en Moldavie devient un lieu de
refuge imaginaire où les femmes et les enfants s’abritent contre la fatigue et les problèmes courants.
Face à la nécessité de s’absenter, les mères sont amenées à poser une question importante : à qui laisser
les enfants ? Chaque famille apporte sa propre réponse selon la situation et selon la configuration des
relations familiales.Si le père est présent, c’est lui qui va souvent être chargé de veiller à l’éducation des
enfants, avec le soutien des grands-parents et les plus proches. Si les deux parents émigrent, ce sont
généralement les grands-parents qui assument leur rôle. En fait, ces situations mettent à l’épreuve les
solidités et les solidarités familiales et le projet de départ ne devient réalisable qu’à condition que les
proches soient prêts à intervenir dans l’éducation des enfants.S’il n’y a personne à qui les confier, les
enfants restent alors sous la tutelle des voisins ou encore de tierces personnes.
Dans quelle mesure les grands-parents ou les proches peuvent-ils assumer le projet éducatif ? En fait, la
question de l’éducation renvoie à celle de l’autorité parentale dont le manque agit sur le comportement
des enfants. Par exemple, les études menées dans les villages montrent que les enfants dont les parents
travaillent à l’étranger s’absentent plus souvent de l’école et affichent des résultats scolaires instables.
Plus encore, les données du Centre de prévention du trafic des femmes attestent que les enfants
“délaissés” deviennent fréquemment les victimes des réseaux de trafic. C’est que les enfants restés à la
garde des proches ou des voisins ne vont plus à l’école et constituent un groupe à risque pour ce qui
touche non seulement au trafic mais encore à la délinquance juvénile. Afin de “justifier” leur absence aux
yeux des enfants, les parents font leur possible pour assurer un niveau matériel supérieur (un certain
confort, de l’argent de poche) donnant aux jeunes un goût d’“indépendance”, alors même que l’autorité de
la famille se dilue.
On peut parler et parler jusqu’à l’infini vers les immigrations,mais on doit mentionner que c’est un
problème d’importance majeure qui doit résolu par les autorités moldaves.

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