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Chapitre 2

Principes généraux des capteurs


(François Lepoutre)

Les capteurs sont les premiers éléments rencontrés dans une chaîne de mesure. Ils
transforment les grandeurs physiques ou chimiques d’un processus ou d’une
installation en signaux électriques au départ presque toujours analogiques. Cette
transformation doit être le reflet aussi parfait que possible de ces grandeurs. Cet
objectif n’est atteint que si l’on maîtrise en permanence la réponse des capteurs qui
peut être affectée par des défauts produits par les parasites qui se superposent au
signaux, par les conditions d’utilisation, par le processus lui-même et par le milieu qui
l’entoure.
Nous abordons dans ce chapitre quelques-uns des principes qui permettent de
mettre correctement en œuvre les capteurs. Les bases de ces principes reposent sur
l’étalonnage, l’évaluation des incertitudes, le calcul des temps de réponse et le
conditionnement. Notre propos vise surtout à donner au lecteur un guide assez
général, certains calculs et de nombreux problèmes d’instrumentation ou de
traitement du signal ne sont que cités, le lecteur trouvera dans la suite de cet ouvrage
les développements nécessaires.

2.1. Généralités

2.1.1 Définitions fondamentales

La quantité que l'on cherche à mesurer sera appelée le mesurande, soit m. Le but
assigné au capteur est de convertir m en une grandeur électrique que l’on appellera s.
La mesure s peut être une impédance, une charge électrique, un courant ou une
différence de potentiel. La relation qui lie s à m, soit s = F(m), dépend :
-de la loi physique régissant le capteur
-de la construction pratique du capteur
-de l'environnement du capteur
2

L'expression F(m) est établie par une opération que l'on appelle l'étalonnage : on
connaît (à l'aide par exemple d'un étalon) différentes valeurs de m, on relève pour ces
valeurs de m (m1, m2…mi…) les signaux électriques délivrés par le capteur (s 1,
s 2…s i…)et on trace la courbe s(m) qui est appelée courbe d'étalonnage du capteur
(figure 2.1.1).
L'utilisation du capteur consiste à lire la valeur du signal électrique s lorsque est
appliqué un mesurande m inconnu. La courbe d'étalonnage permet alors d'en déduire
m.

mesure s mesure s

O si

O
O mesurande m mesurande m

mi

figure 2.1.1 : étalonnage puis lecture d’un capteur

On appelle sensibilité S la dérivée dS/dm=F'(m). Pour que la sensibilité soit


indépendante de la valeur m, il faut que le capteur soit linéaire :

F'(m) = constante = S soit encore s = S m + s 0 (2.1)

où s 0 est la valeur du signal s pour m = 0.


Bien entendu, on peut toujours définir une plage de valeurs de m où S est constante,
c’est à dire où le capteur est linéaire.

2.1.2. Définitions secondaires

Il est important pour la suite de rappeler quelques définitions fréquemment utilisées


quel que soit le type de capteur considéré :
- Capteurs actifs et passifs. Conditionneurs
les capteurs dont le signal électrique délivré est une variation d'impédance sont dits
passifs car ils nécessitent une source d'énergie électrique pour que l'on puisse lire s.
Le circuit dans lequel ils sont incorporés s'appelle le conditionneur.
Titre du chapitre 3

Les autres capteurs sont dits actifs.


- Chaîne de mesure :
généralement, le signal s n'est pas directement utilisable. On appelle chaîne de
mesure l'ensemble des circuits ou appareils qui amplifient, adaptent, convertissent,
linéarisent, digitalisent le signal avant sa lecture sur le support de sortie.
- Corps d’épreuve :
en mécanique, notamment, la conversion de m en s n'est pas directe. Par exemple, la
mesure d'une force nécessite de l'appliquer à un solide déformable auquel sera fixé un
capteur de déformation. Ce solide déformable, et plus généralement tout corps
intermédiaire entre le capteur et le mesurande, est appelé corps d'épreuve.
- Etalonnage :
on distingue l’étalonnage du capteur proprement dit et l’étalonnage global appliqué à
l'ensemble corps d'épreuve - capteur - conditionneur - chaîne de mesure.
- Grandeurs d’influence :
la fonction F(m) dépend souvent d'autres grandeurs physiques propres à
l'environnement (par exemple la température ou l'humidité). Ces grandeurs sont
appelées grandeurs d'influence.
- Durée de vie et temps de réponse :
parmi ces grandeurs d’influence on peut, de façon un peu abusive, aborder le cas
particulier du temps qui intervient dans les mesures de deux façons :
par des dérives à long terme qui modifient F(m). On parle de durée de vie du
capteur.
par l’aptitude du capteur à répondre aux variations du mesurande avec le
temps. On parle de temps de réponse.
- bande passante :
lorsque le capteur mesure un mesurande dont la dépendance temporelle est
sinusoïdale, on montre que la sensibilité du capteur dépend de la fréquence du
mesurande. La gamme de fréquence dans laquelle le capteur présente une sensibilité
constante est appelée "bande passante". Le temps de réponse et la bande passante
sont évidemment liés.

2.2.Caractéristiques métrologiques des capteurs

Ce paragraphe n’est pas pour objectif d’exposer les méthodes de calcul des
incertitudes mais seulement quelques idées générales qui serviront de guide pour la
suite et permettront d’aborder l’évaluation des incertitudes avec facilité (chapitre 8).
L'incertitude de mesure est l'écart entre la valeur vraie du mesurande et la mesure
effectuée par le capteur. Les seuls mesurandes connus sont les étalons dont la valeur
est fixée par convention. On distingue les erreurs systématiques des incertitudes
aléatoires car elles ont des origines et des conséquences sur la mesure très
différentes.
4

2.2.1. Erreurs systématiques

L'erreur systématique est toujours due à une mauvaise connaissance ou à une


mauvaise utilisation du capteur. L'erreur systématique se détecte en comparant les
valeurs moyennes d'un même mesurande, données par deux capteurs différents. Les
causes les plus fréquentes d'erreurs systématiques sont les suivantes :
- étalonnage incorrect ou non effectué au delà de la durée de vie ou après
une altération du capteur.
- emploi incorrect. Par exemple, non attente du régime permanent, erreur sur
l'un des éléments d'un conditionneur, modification du mesurande par le capteur lui-
même.
- exploitation inadéquate des données. Par exemple, erreur de linéarisation
dans le chaîne de mesure, saturation d'un amplificateur de la chaîne de mesure…
Il est clair que la détection de l'erreur systématique conduit toujours à son
élimination.

2.2.2. Incertitudes aléatoires

Ce sont les erreurs dont on peut connaître la cause sans que cette connaissance
permette de prévoir la valeur de la mesure. Leur évaluation ne peut être que
statistique. La cause principale de ces incertitudes est la présence de signaux ou
d’influences « parasites » dont l'amplitude est aléatoire et que l’on qualifie par le
terme assez vague de « bruit », citons à titre d’exemples :
- la fluctuation des sources d'alimentation de la chaîne de mesure ou du
conditionneur (fluctuation de la force électromotrice dans un pont…).
- les signaux électromagnétiques produits dans l'environnement et captés
par un élément de l'ensemble capteur, conditionneur, chaîne de mesure.
- la fluctuation thermique (agitation thermique des porteurs de courant…).
- la fluctuation des grandeurs d'influence…
Il existe bien d'autres causes d'incertitudes aléatoires comme les erreurs de lecture, les
défauts de mobilité du capteur, les phénomènes d'hystérésis... Contrairement aux
erreurs systématiques, les erreurs aléatoires ne peuvent pas être annulées, mais on
doit cependant les réduire, soit en utilisant des dispositifs de protection (régulations
des f é m, stabilisation de la température, isolation mécanique, blindage
électromagnétique...), soit en mettant en œuvre des procédures adaptées (filtrage,
détection synchrone, traitement du signal...). Il est, en tout cas, toujours
indispensable de les évaluer.
Titre du chapitre 5

2.2.3. Traitement des erreurs aléatoires ou incertitudes

Puisque, par définition, l’incertitude de type aléatoire n’est pas prévisible,


son évaluation est du ressort des statistiques ; on l’appelle incertitude. Face à ce
flou, le sens exact de la notion de statistique est intéressant à préciser. Le célèbre
ministre Disraéli de la reine Victoria a dit un jour "il y a trois sortes de mensonges :
l’information fausse, l’omission et les statistiques". Cette boutade montre bien l’idée
que l’on aime donner des statistiques : elles ne peuvent prévoir un événement
particulier (un résultat de mesure par exemple) mais fournissent simplement la
probabilité d'occurrence d’une valeur parmi un grand nombre. Elles sont
représentatives d’une foule et non d’un individu, d’une forêt et non d’un arbre. C’est
pourquoi, comme aurait pu ajouter Disraéli, les statistiques sont utilisées par les
gouvernements pour gérer le plus grand nombre possible d’événements, sans avoir
besoin de prendre nécessairement connaissance des problèmes individuels…
Dans le cas de la mesure, deux problèmes statistiques doivent être traités :
- l'évaluation de l’incertitude proprement dite
- la façon de prendre une décision face à cette incertitude.

2.2.3.1. Evaluation de l'incertitude aléatoire. Ecart-type. Variance

Supposons que l'on fasse n mesures s 1......s i ......s n d'un même mesurande m.
On appelle valeur moyenne de s la quantité s telle que :
n

∑s i

s= i =1
(2.2)
n

La valeur moyenne de la différence s i − s est et pour traiter statistiquement la


mesure aléatoire de m et il faut introduire la variance v et l’écart-type σ:

∑( s i − s) 2
i =1
v= (2.3)
n −1

σ=
Σ (s i − s ) 2
=
[
n (s 2 )− (s )2 ] (2.4)
n −1 n −1
6

Supposons que le résultat de 10 mesures de températures soit (en °C) :

60,1 - 60,6 - 59,8 - 58,7 - 60,5 - 59,9 - 60,0 - 61,1 - 60,2 - 60,2.

On peut d'abord observer que l'on donne ce résultat avec un chiffre après la virgule
ce qui signifie que l’incertitude de ces mesures est au mieux de 0,1°C. On trouve
également que la température moyenne est 60,11°C et que l’écart-type σ vaut 0,63°C.
On peut ensuite noter que la valeur moyenne de 60,11°C ne signifie pas qu'elle est
proche de la valeur vraie du mesurande puisqu’une erreur systématique, due peut
être à un défaut d'étalonnage, pourrait produire, par exemple, un écart de 1°C sur
toutes les valeurs et donc sur la valeur moyenne. Mais, sauf si l'erreur systématique
est grande par rapport à l'incertitude aléatoire et si le capteur est non linéaire, l'écart-
type ne changera pas après la correction de l'erreur systématique.
La liste des 10 valeurs ne se reproduira évidemment pas si on reprend une autre
campagne de mesures mais cette seconde liste aura cependant quelque chose de
commun avec la première. Pour s’en rendre compte, revenons à cette première liste :
des écarts compris entre 0°C et 0,2°C se produisent 7 fois. En revanche, il y a une
seule valeur qui s'écarte de la valeur moyenne de plus de 1°C. On peut ainsi classer
les valeurs obtenues par leur probabilité d’occurrence. Lorsque l’on fait un grand
nombre de mesures du même mesurande, si l'incertitude est vraiment aléatoire, on
montre que cette probabilité d’occurrence obéit à une loi unique qu'on appelle la
distribution de Gauss. Elle exprime, en fonction de la valeur moyenne et de l'écart-
type, la densité de probabilité de trouver la valeur s d'une mesure. Avec cette loi, la
probabilité élémentaire de trouver s à ds près est donnée par dp = p(s) ds (où p(s) est
appelée densité de probabilité) telle que :

2
1 − (s − s )
dp = p (s) = e (2.5)
2π σ 2σ 2 ds

La probabilité de trouver n’importe quelle valeur pour s est évidemment égale à 1:

+∞ 1 (s − s ) 2
∫ −∞ 2π σ
e−
2σ 2
ds = 1 (2.6)
Titre du chapitre 7

σ.P(σ)

0,4

s-s

-3 σ -σ σ 3σ

figure 2.2.3.1.: Représentation du produit de l'écart-type par la densité de probabilité


Gaussienne.

s+ 3σ
Pours − s = ±3σ , l'intégrale de ∫s− 3σ P(s)ds ≥ 0,99 , ce qui signifie que plus de
99% des mesures conduisent à une valeur de s telle que (s-s ) ≤ 3σ.

Revenons à notre série de 10 mesures de la température pour laquelle nous avions


trouvé une température moyenne de 60°,11 et un écart-type de 0,63°C. Refaisons une
seconde série de 10 mesures. On obtient par exemple :

59,5 - 60,2 60,6 - 60,1 - 59,6 - 58,9 - 60,9 - 59,2 - 60,1 - 60,3

dont la valeur moyenne est 59,94°C et l'écart-type est 0,62°C. Ces deux valeurs sont
légèrement différentes de celles de la première série, mais si au lieu de faire 10
mesures, on en faisait une infinité, on obtiendrait la valeur théorique moyenne µ.
Puisque notre nombre de mesures est nécessairement limité, s est différent de µ. On
imagine clairement que, plus n devient grand plus s s’approche de µ, la signification
du mot proche n’est encore pas très claire. Pour préciser cette notion, on introduit ∆µ
l'intervalle de confiance. Par exemple, on montre que la probabilité de trouver µ dans
1,65 σ
l'intervalle [s − ∆µ,s + ∆µ] avec ∆µ =
n
( s ayant été calculé pour les n

mesures considérées) est de 90%. Dans le cas de notre première série nous avions
∆µ = 0,33°C et, dans le cas de notre deuxième série, ∆µ = 0,32°C et nous obtenons
pour la première série de mesures l’intervalle de confiance à 90% près :
59, 78 ≤ T ≤ 60, 44
8

et pour la 2ème série :


59, 63 ≤ T ≤ 60,26

On peut, bien entendu, définir d’autres intervalles de confiance en choisissant des


valeurs de probabilité de trouver µ différentes de 90%.

2.2.3.2. Prise de décision face à l'incertitude aléatoire


Parfois, au cours d'une série de mesures sur un même mesurande, peut se
produire un résultat qui s'écarte notablement de la valeur moyenne obtenue à l'aide
des mesures précédentes. Le problème posé par un tel événement est de savoir si
cette mesure a été produite par une augmentation, très rare mais très importante, de
l'incertitude aléatoire ou par un phénomène non prévu qui est venu modifier de façon
causale le mesurande lui-même. Il faut alors prendre une décision : doit-on ou non
considérer que le mesurande a été modifié?
On utilise ici encore des résultats de statistiques pour cette prise de décision. Par
exemple, le critère de Chauvenet spécifie qu'un phénomène non aléatoire est venu
modifier le mesurande si sa probabilité d'obtention, calculée à l’aide de la distribution
de Gauss, est inférieure à 1/2n, n étant le nombre de mesures faites jusqu'au moment
où l'anomalie est apparue. On peut tabuler le résultat de ce critère en donnant l'écart
limite dmax à la valeur moyenne au delà de laquelle le critère s'applique (tableau
2.2.3.2.1).
On peut illustrer l’utilisation d’un tel critère par le cas classique de définition d’un
seuil de déclenchement d'alarme. Supposons un détecteur de présence dont la sortie
analogique soit 0V en absence d'intrusion dans un lieu. On effectue 500 mesures en
absence d'intrusion et on trouve un écart-type de 265 mV. S’il apparaît une mesure
dont la valeur est supérieure à 265 x 3,29 = 872 mV, on doit considérer que quelque
chose est venu modifier le mesurande, c'est-à-dire qu'il y a eu intrusion. On doit donc
seuiller le système par la valeur de 872 mV, ce qui se traduit par les ordres: V<872
mV=pas d'intrusion, V>872 mV=intrusion.

Nombre de mesures dmax/ σ


Titre du chapitre 9

10 1,96
25 2,33
50 2,57
100 2,81
500 3,29
1000 3,48

Tableau 2.2.3.2.1: Critère de Chauvenet pour une distribution gaussienne. Ecart à la valeur
moyenne au delà duquel l'ingénieur doit considérer qu'une modification du mesurande est
apparue

2.2.3.3 : Fidélité - Justesse – Précision


Ces trois propriétés caractérisent le capteur et son étalonnage. On dit qu’un capteur
est fidèle si l’écart-type qu’il fournit est faible, qu’il est juste s’il est dépourvu
d’erreur systématique et qu’il est exact s’il est à la fois juste et fidèle. La figure
2.2.3.3.1 montre l’allure de la densité de probabilité dans les quatre cas possibles.

a)
- m m
b)
- m m

d)
c)
- m m
- m m
10

figure 2.2.3.3.1: (d’après G. Asch) : Fidélité, justesse, exactitude. Les pointillés indiquent la
valeur vraie (µ). En a) le capteur ni juste ni fidèle, en b) le capteur est fidèle mais non juste, en
c) le capteur est juste mais non fidèle, en d) le capteur est juste et fidèle.

2.3. Etalonnage des capteurs

L'étalonnage est l'opération qui établit la relation entre le mesurande et la grandeur


électrique de sortie. Cette relation peut dépendre non seulement du mesurande mais
aussi des grandeurs d'influence. S’il n'y a pas de grandeurs d'influence, l'étalonnage
est simple, dans le cas contraire il est multiple.

2.3.1. Etalonnage simple

On distingue deux méthodes possibles :


- l'étalonnage direct dans lequel les valeurs du mesurande sont issues
d'étalons ou d'objets de référence pour lesquels le mesurande est connu avec une
incertitude donnée.
- l'étalonnage par comparaison dans lequel on compare les mesures du
capteur à étalonner avec celles provenant d’un autre capteur lui-même préalablement
étalonné et considéré comme étant la référence, ce qui signifie que son étalonnage
est raccordé à des étalons et que l’incertitude correspondante est connue.

2.3.2. Etalonnage multiple

L’existence de grandeurs d'influence susceptibles de varier au cours des mesures


oblige à paramétrer l'étalonnage pour différentes valeurs de ces grandeurs : c’est
l’étalonnage multiple. Quelques cas particuliers d'étalonnages multiples méritent
d'être mentionnés :
- pour les capteurs présentant une hystérésis, il est nécessaire de procéder à
l'étalonnage par une succession ordonnée et spécifiée des valeurs du mesurande.
- pour les capteurs de grandeurs dynamiques, il faut relever la réponse en
fréquence pour un mesurande d'amplitude fixée et la réponse en amplitude pour une
fréquence fixée.
Titre du chapitre 11

- dans certains cas, notamment pour beaucoup de capteurs mécaniques et


thermiques, lorsque le constructeur ne donne pas d’indication relative à l’usage du
capteur, il est souvent souhaitable d’effectuer l'étalonnage après son installation sur
le site. Ainsi, l’étalonnage d’un accéléromètre peut être effectué après sa fixation à la
structure dont on veut mesurer l’accélération, en particulier si, dans le certificat
d’étalonnage, le constructeur a spécifié une procédure différente.

2.3.3. Raccordement

Les pays industriels sont dotés de chaînes d’étalonnage, c’est-à-dire d’une


organisation hiérarchisée de laboratoires établissant par opérations successives le
raccordement des mesures à des étalons primaires. La traçabilité, c’est à dire les
étalonnages successifs lorsque l’on passe du laboratoire primaire à l’utilisateur
industriel, est assurée par des étalons ou des instruments de transfert. En France, le
Bureau National de Métrologie (BNM) a la charge d’organiser cette traçabilité aux
étalons nationaux. Au cours du raccordement les opérations successives effectuées
dans le cadre d’une chaîne d’étalonnage vise non seulement à établir la relation liant
la mesure au mesurande mais aussi à déterminer l’incertitude avec laquelle tout
capteur effectue une mesure. A côté de l’aspect légal de certaines de ces opérations,
il faut rappeler que les processus certifiés par les normes ISO 9000 exigent également
la traçabilité (connaissance et maintien des étalonnages) des capteurs qui sont
utilisés pour leurs mises en œuvre.

2.4 Bande passante et temps de réponse

2.4.1. La réponse harmonique

La réponse d’un capteur à un mesurande variant sinuoïdalement dans le temps revêt


une importance particulière car elle permet d’en déduire la réponse à tout mesurande
variable dans le temps, c’est à dire sa réponse transitoire. Si on appelle S(ω) la
sensibilité du capteur soumis à un mesurande sinusoïdal de pulsation ω, la réponse à
une impulsion temporelle est donnée par sa transformée de Fourier :
12

1 ∞ − jωt
h(t) = ∫
2π 0
S(ω)e dω (2.7)

Rappelons que la méconnaissance de cette réponse est grave puisque, même si on


n’effectue que des mesures stationnaires, elle conduit à des erreurs systématiques.

Pour l’utilisation des capteurs, la notion de bande passante est intéressante à


présenter par l’intermédiaire des phénomènes de distorsion observés sur la mesure.
Supposons que le mesurande ait une évolution temporelle périodique décrite par la
figure 2.4.1.1., que l’on peut représenter par

m(t) = m0+ Σ mi cos(ωit+ θ i ) (2.8)


i

Le signal électrique délivré s(t) peut s'écrire, en introduisant les notions de


sensibilités statique S0 et S(ωι) dynamique :

s(t) = So m0+ Σ S(ωι) mi cos(ωιt+ ψ i ) (2.9)


i

Si les valeurs S(ωι) sont différentes, ou si ψ i est quelconque par rapport à θ i , on


obtient un signal s(t) dont le contenu fréquentiel est modifié par rapport à celui du
mesurande : on dit que le signal subit une distorsion ou que le système est
dynamiquement non linéaire.

m (t) s(t)

t t

figure 2.4.1.1 : Exemple de distorsion par un filtrage passe-bas du premier ordre.

On appelle bande passante l'intervalle de fréquence dans lequel la valeur de S(ω) est
constante et où ψ i diffère de θ i par une constante additive que l'on peut écrire ωiτ
avec τ indépendant de ωι. Dans la bande passante le système est dynamiquement
linéaire.
Titre du chapitre 13

D’une façon très générale, on parle de l’ordre d’un capteur comme étant l’ordre de
l’équation différentielle qui régit sa sensibilité dynamique. L’exemple le plus simple
est celui pour lequel l'équation qui lie s à m en régime dynamique est une équation
différentielle du premier ordre :

A ds/dt + Bs = m(t) (2.10)

dans laquelle A et B sont indépendants du temps. En appelant s1 et m1 les parties


périodiques de s et de m et en écrivant la fréquence de coupure fc =B/2πA, la
sensibilité à la fréquence f et la phase ψ de la mesure s 1 s'écrivent :

m1 1
s = (2.11)
B   f 2 
1 +  fc  

ψ = - arctg
f 
 fc  (2.12)

La réponse en amplitude est souvent donnée sous forme de l’atténuation en décibels


(dB) par δ=20log10(s(ω)/s 0). La figure 2.4.1.2. rappelle l’allure générale de la réponse de
tels capteurs du premier ordre dont la coupure aux fréquences supérieures à fc est de
20dB par décade.
δ(dB)

-3

-20

0,1 1 10 f/fc

figure 2.4.1.2. : Sensibilité dynamique d’un capteur du premier ordre


14

ψ(degré)


-5°

-45°

-85°
f/f c
-90°
0,1 1 10

figure 2.4.1.3.: Déphasage d’un capteur du premier ordre

Un exemple classique de capteur du premier ordre, traité dans le chapitre 3, est la


photodiode. La photodiode repose sur le génération de paires électron-trou libérés
des forces de liaison cristalline par l'énergie des photons qui sont absorbés (voir
section 3.1). Ce capteur est donc un générateur de courant souvent proportionnel au
flux lumineux absorbé Φ. Quel que soit le circuit d’utilisation que l’on mette en œuvre,
le signal électrique délivré par le capteur se ramène toujours à une lecture aux bornes
d'une résistance de charge RL . L’équation différentielle du capteur se déduit du
schéma équivalent de la figure 2.4..1.4. où CL est la capacité de la diode et RL une
résistance prenant en compte la résistance de charge et la résistance interne de la
photodiode.

I=k Φ CL RL VL

IC IL

figure 2.4.1.4.: schéma équivalent de la photodiode

De ce schéma élémentaire, il est facile de déduire :


Titre du chapitre 15

dVL VL
I = IC + IL = CL + = kφ (2.13)
dt RL
soit encore :
CL dVL 1
φ= + VL (2.14)
k dt kRL

qui est bien l’équation d’un capteur du premier ordre. La fréquence de coupure
1
donnée par fC =
2πRL CL dépend donc directement de la résistance de charge,
c’est à dire pas seulement du capteur. Cette situation est extrêmement générale, le
temps de réponse des capteurs, quel que soit leur ordre est toujours influencé par la
chaîne de mesure (figure 2.4.1.5.).
On peut vérifier aussi que la sensibilité So est égale à kRL ce qui signifie que le
produit (gain x bande passante) est constant. Là encore, il s’agit d’un résultat
général, on observe systématiquement que l’on ne peut à la fois avoir une forte
passante et un fort gain dans la plupart des chaînes de mesure des capteurs.

Lorsque le mesurande est une grandeur mécanique, on rencontre très souvent des
capteurs du deuxième ordre dont l’équation reliant la mesure s au mesurande m est du
type:
d2 s ds
A 2 + B +C= m (2.15)
dt dt
où A, B et C sont des constantes indépendantes du temps. On introduit la fréquence
de coupure f0 et le facteur d’amortissement ξ par :

1 C
f0 = (2.16)
2π A
et
B
ξ= (2.17)
2 CA
16

fc /Hz

10 7

10 5

10 3

R/Ω

103 105 10 7

figure 2.4.1.5. : exemple de la variation de la bande passante d’une photodiode en fonction de


la résistance de charge

La résolution de cette équation conduit à une réponse en amplitude et en phase


respectivement égales à :

s 1
= (2.18)
m1   f  2 2 2
 f
C  1 −    + 4ξ 2  
  fo    fo 

et
 
 
−2ξ
Ψ = arctg 2  (2 .19)

 f o 1 −  f   

 f   fo   

La sensibilité dynamique peut présenter une résonance pour les amortissements


faibles et l’amortissement au delà de la fréquence fo vaut 40dB par décade. Les
déphasages sont doublés par rapport à ceux des capteurs du premier ordre.
Titre du chapitre 17

ξ<√2
s/m1

amortissement critique
1 ξ=√2

10-1 ξ>√2

10-2
pente -2

f/f0

10-2 10-1 1 10 102 103


résonance

figure 2.4.1.6 : réponse en amplitude d’un capteur du deuxième ordre

phase ξ (d°)

ξ>√2

ξ<√2
-90°

ξ=√2

-180°

f/f0
10-2 10 -1 1 10 10 2

figure 2.4.1.7 : phase d’un capteur du deuxième ordre


18

2.4.2. Temps de réponse

Le temps de réponse des capteurs se déduit également des équations différentielles


précédentes. Pour un capteur du premier ordre en supposant que m=0 pour t<0 et
m=m0 pour t>0, on obtient la solution :
A
s = so (1 − e −t / τ ) avec τ = (2.20)
B
et
m0
s0 = (2.21)
B
1
où est parfois appelé sensibilité statique.
B
s

s0 = m0 /B

0,9 s0

τ 2τ 3τ t

figure 2.5.2.1 : réponse à un échelon d’un capteur du premier ordre

Il faut attendre t = 3τ pour atteindre 90 % de la sensibilité so du régime permanent.


Si le mesurande est un échelon du type m0= 0 à t<0 et m=m0 (constante) pour t>0, un
capteur du deuxième ordre présente une réponse, fortement dépendante de
l’amortissement (figure 2.5.2.2) et qui correspond aux solutions transitoires
suivantes :

si ξ>1/√2,
s = k1e −r1 t + k2 e − r2 t (2.22)
avec r1,2 = −ξ ωo ± ωo 2 ( ξ2 − 1)

si ξ<1/√2,
Titre du chapitre 19

2 2
s = k1e −ξω o t e jω o 1− ξ t
+ k2 e − ξω o t e − jω o t 1 −ξ t (2.23)

si ξ=1/√2,
s = k1 (1 +ωo t)e − ω o t (2.24)

ds
Si on prend comme conditions initiales s = 0 et = 0 à t = 0 , les solutions
dt
complètes s'écrivent :

mo  exp( −ξωo t) 
ξ < 1/ 2 ⇒ s(t) =
C 
1 −
1 − ξ2
sin ( 1-ξ
2
)ωo
t +ψ  [ ]

2
avec Ψ = arc sin 1 −ξ
mo
ξ = 1/ 2 ⇒ s(t) =
C
[1 − (1 + ωot)exp − ωot ]
 +ξ + ξ 2 − 1
ξ > 1/ 2 ⇒ s(t) =
mo
C
2
− 2 ξ 2 − 1 exp −ξ + ξ − 1 ωo t

[ ]

+ξ − ξ 2 − 1
2 ξ −1
2 [
exp −ξ − ξ 2 − 1 ω ot 

]
(2.25)

s(t)

2m0/C

ξ=0

ξ=0,2
m0/C

ξ=1/√2

ξ=10

ω0t

figure 2.5.2.2 : réponse temporelle d’un capteur d u deuxième ordre.


20

Les capteurs du deuxième ordre sont généralement construits avec un amortissement


ξ=0,6 (figure 2.5.2.2). On atteint alors le régime permanent m0/C à 10% près pour un
temps égal à 2,4/ω0. Cette valeur est à prendre en compte pour s’assurer que l’on
utilise le capteur conformément à l’étalonnage fourni par le constructeur.

2.6. Conditionneurs des capteurs passifs

Les capteurs passifs transforment le mesurande en une variation d'impédance. Ils


doivent toujours être associés à un circuit disposant d’une source de courant ou de
tension et en général de plusieurs impédances additionnelles. Ce circuit est appelé le
conditionneur. Il y a deux grands groupes de conditionneurs d'impédances. Dans le
premier groupe, la variation de l'impédance du capteur est traduite par une variation
de différence de potentiel. Dans le deuxième, la variation d'impédance est utilisée
pour modifier la fréquence d'un oscillateur. La lecture du capteur consiste alors en
une mesure de fréquence. Nous ne traiterons ici que le premier groupe.

2.6.1. L’effet des instabilités de polarisation

Lorsque la variation d’impédance du capteur est transformée en une variation de


tension, la tension mesurée dépend de l'impédance du capteur et des différents
éléments du conditionneur qui peuvent être soumis aux grandeurs d'influence et aux
parasites. Le choix du conditionneur peut être critique pour le rapport signal sur bruit
final. Ainsi dans le montage le plus simple qu'on puisse imaginer et qui est appelé
souvent montage potentiomètrique (figure 2.6.1.1.), le signal Vm :

Zc
Vm = e (2.26)
Zc + Z K

est proportionnel à l’impédance du capteur Zc ce qui le rend très sensible aux


parasites qui pourraient y introduire des variations aléatoires. Supposons en effet
une instabilité de la source égale à ∆e. Il en résulte une variation de la mesure donnée
par :

ZCO + ∆ZC ZCO


∆Vm = ∆e # ∆e (2.27)
ZK + ZCO + ∆ZC ZK + Z CO
Titre du chapitre 21

Ce résultat se retrouve évidemment dans le cas d’une simple polarisation par source
de courant.

Zk
Zc
I vm
e

Ζc vm

figure 2.6.1.1.: montage potentiométrique ou alimentation par une source de courant

En revanche, les montages en pont permettent d’éviter ces causes de bruit de façon
très efficace (figure 2.6.1.2.)
C

Z1 Z3

Vm
e A B

Zc
Z4
D

figure 2.6.1.2. : Pont d'impédances où Zc =Zc0+∆Zc représente le capteur.

Il est en effet facile de montrer que la tension Vm qui apparaît en présence du


mesurande est augmentée de ∆ vm lorsque e passe à e+∆e suivant la relation:

 ZCO + ∆ ZC Z CO  Z1∆ ZC
∆ Vm = ∆ e − = ∆ e
 Z1 + Z CO + ∆ZC ZCO + Z 1  ( Z1 + ZCO + ∆Z C )( ZCO + Z1 )

(2.27)
soit :
22

Z1 ∆ZC
∆Vm # ∆e (2.28)
(ZK + Z1 ) 2

Pour une même instabilité de la polarisation, les bruits générés sur la mesure dans les
cas du pont et du potentiomètre sont dans le rapport:

∆Vm pont ∆ZC


= (2.29)
∆Vm potentiomètre ZCO + Z1

c’est à dire de l'ordre de la variation relative de l’impédance : pour des mesures où


l'impédance varie de l'ordre du % autour de ZCO le pont est 100 fois moins sensible
aux variations aléatoires de e que le montage potentiomètrique ou la polarisation
directe par source de courant.

2.6.2. L’effet des grandeurs d’influence

En ce qui concerne l’effet des grandeurs d’influence, il est intéressant de


rappeler qu’il existe une règle générale qui permet d’optimiser les conditionneurs.
Supposons que la tension de mesure délivrée par un conditionneur contenant les
impédances que nous supposerons toutes résistives, Rk, s’écrive :

Vm = f ( RK Rc ) (2.30)

Soit g la grandeur d'influence supposée affecter toutes les résistances du


conditionneur. Une variation dg de la grandeur d'influence produit une variation dVm
de la tension de mesure telle que :

 ∂Vm ∂Rk ∂Vm ∂RC 


dVm =  ∑ ∂R +
∂g ∂RC ∂g 
dg (2.31)
 K k

Si on veut obtenir dVm = 0, il faut réaliser :

∂Vm ∂RK ∂Vm ∂RC


∑ ∂R . ∂g +
∂RC ∂g
=0 (2.32)
K g
Titre du chapitre 23

Par exemple, dans le cas d'un montage potentiométrique (ou lorsqu’une seule des
résistances du montage est sensible à la grandeur d'influence g) et lorsque les
sensibilités à g des deux résistances Rc et Rk sont les mêmes, la condition dVm =0 est
équivalente à :

∂Vm ∂V
=− m (2.33)
∂Rk ∂RC

Dans le cas d’un montage potentiométrique on obtient :

∂Vm Rk
= (2.34)
∂Rc (Rc + Rk )
2

et
∂Vm − Rc
= (2.35)
∂Rk (Rc + Rk )
2

ce qui revient à égaler Rc et Rk (figure 2.6.2.1) :


influence de g

Rk
e

influence de g Rc Vm

figure 2.6.2.1: élimination de l’influence d’une grandeur g dans un montage potentiométrique

Dans le cas des ponts résistifs, on montre de la même façon que la sensibilité aux
grandeurs d'influence est minimum lorsque :

R1 = RCO = R3 = R4 (2.36)

Ces résultats se généralisent aux ponts d’impédances complexes.


24

2.6.3 Conditionneurs des capteurs à impédances complexes

Les conditionneurs des capteurs passifs à impédances complexes sont réalisés sous
forme de différents ponts parmi lesquels on peut citer le pont de Nernst pour les
capteurs capacitifs (figure 2.6.3.1.) et le pont de Maxwell (figure 2.6.3.2.) pour les
capteurs inductifs.
Le pont de Nernst est utilisé pour les capteurs dont l’impédance est représentable par
une impédance Zc :
Rc
Z c= (2.37)
1 + jRc Cω
Pour la valeur m0 du mesurande on ajuste les impédances du pont suivant :

Re = Rc = Rc0 (2.38)
et
Ce = Cc = Cc 0 (2.39)

de sorte que Vm 0=0. Si Zc passe de Z c0 à Zc0 + ∆ Zc , on a alors :

e ∆Z
Vm ≈ . c (2.40)
4 Z c0

Rc R
Cc

Vm
e

C c0
R

R c0

figure 2.6.3.1 : conditionneur en pont pour un capteur de type capacitif


Titre du chapitre 25

Re
R

Ce
Vm e

Lc

Rc
R

figure 2.6.3.2 : conditionneur en pont pour un capteur de type inductif

Dans le cas d’un capteur de type inductif dont l’impédance Zc est donnée par :

Zc = Rc + jLcω (2.41)

le pont lorsque le mesurande vaut mo est ajusté suivant :

R2
Rc 0 = (2.42)
Re
et

Lc 0 = R2 .Ce (2.43)

de sorte que l’on a :

R.∆Zc
Vm ≈ e. (2.44)
(R + Zc0 )
2

2.7. Les conditionneurs des capteurs actifs


26

2.7.1 . Lecture directe

La lecture directe des capteurs actifs, qu’ils soient équivalents à des sources de
tension, de courant ou de charges est rarement satisfaisante car elle suppose une
correction qu’il n’est pas toujours aisée d’évaluer.

Lorsque l'information électrique délivrée par les capteurs actifs se présente sous
forme d'une f.è.m (e c ) en série avec une impédance Zc., le signal électrique peut être lu
aux bornes d'une impédance Zi et on a (figure 2.7.1.1):

Zc

Zi Vm

ec

figure 2.7.1.1: équivalence à une source de tension

Zi
Vm = ec (2.45)
Zi + Zc

Pour que la mesure soit la plus proche possible de la tension délivrée par le capteur, il
faut donc que l’on ait v m ≈ e c , soit encore que Zi>>Zc , mais ceci conduit à une
réduction de la bande passante (cf. §3.5.1).

Le capteur peut aussi se présenter sous une forme équivalente à une source de
courant (ic ) en parallèle avec une impédance Zc . Le signal électrique Vm est alors
donné par (figure 2.7.1.2) :
Titre du chapitre 27

im

ic Zc Vm

figure 2.7.1.2: équivalence à une source de courant

Zc
v m = Zi i m avec i m = i c (2.46)
Zi + Z c

Pour que im soit peu différent de ic , il faut réaliser :

Zi << Zc (2.47)

mais le signal est alors très faible.

Enfin, dans le cas de capteurs équivalents à des générateurs de charge, il est clair
que la simple mesure par différence de potentiel aux bornes d’une résistance affecte
le signal puisqu’elle décharge le capteur.

2.7.2. Utilisation des amplificateurs opérationnels

Sans entrer dans le détail des schémas très nombreux de traitement des signaux (voir
chapitres suivants) des capteurs actifs qui remédient aux difficultés que nous venons
d’aborder, on peut rappeler ici les trois montages fondamentaux, correspondant aux
trois cas d’équivalence des capteurs actifs, qui sont à la base de l’utilisation des
amplificateurs opérationnels.
28

Supposons tout d’abord que le capteur soit équivalent à une source de tension ec en
série avec une impédance Zc . Dans le montage de la figure 2.7.2.1,

R2

-
+
Zc
R1 v RL vs
e
ec

figure 2.7.2.1: montage type pour un capteur équivalent à une source de tension

il est facile de voir que, avec l’approximation de l’amplificateur opérationnel idéal, on


a:

 R
Vs =  1+ 2  Ve = GVe (2.48)
 R1 
On peut remarquer :
- que le capteur ne débite pas (i+ =i-=0 dans l’amplificateur idéal) ou encore
qu'il débite sur une impédance infinie. La condition de non influence de l’impédance
interne Zc du capteur sur la mesure est réalisée.
-qu’en sortie, Vs est indépendant du courant débité dans la charge RL. La
tension Vs débitée par l'amplificateur se comporte comme une source de tension
d'impédance interne nulle.
-que le choix de R1et R2 permet de régler le gain G désiré. Rappelons que
choix du gain est lié à celui de la fréquence de coupure, le produit (G.ωc) est une
constante qui dépend du type d'amplificateur opérationnel choisi :
µo
Gωc = (2.49)
τo

où µ0 est le gain de circuit ouvert et τ0 le temps de réponse de l'amplificateur


opérationnel.
Titre du chapitre 29

Supposons maintenant que le capteur soit équivalent à une source de courant placée
en parallèle sur une résistance Rc, on peut alors utiliser le montage de la figure
2.7.2.2. :
R

ic

-
S

ic Rc Ve
Rc

RL Vs

figure 2.7.2.2.: montage type pour un capteur équivalent à une source de courant

Puisque l'entrée de l'amplificateur idéal ne débite aucun courant, et que la tension


d’entrée différentielle est nulle ε ≈ o, la différence de potentiel entre E et M est nulle
et il n'y a aucun courant qui circule dans la résistance Rc du capteur. Le courant ic se
retrouve intégralement dans R et on peut écrire :

VS = − Ric (2.50)

Comme pour l’amplificateur de tension ce montage élémentaire appelle quelques


remarques fondamentales :
-la valeur choisie pour la résistance R de contre-réaction n'influence pas le
capteur équivalent à une source de courant.
-la résistance d'entrée est nulle puisque les bornes de la source sont
maintenues au même potentiel à l'entrée de l'amplificateur idéal.
-en sortie, on obtient une source de tension dont la résistance est nulle (Vs
est indépendant de la résistance de charge placée en sortie).

Enfin dans le cas du capteur équivalent à un générateur de charge, il est souvent


souhaitable d’utiliser un convertisseur charge-tension qui réalise pratiquement la
mise en court-circuit des électrodes (voir chapitre 3). Le montage le plus élémentaire
est celui de la figure 2.7.2.3. :
30

RR CR

CS
dq ve -
RS +
dt
vs

figure 2.7.2.3. : montage type pour un capteur équivalent à une source de charges

Puisque aucun courant ne traverse les entrées de l’amplificateur, toute variation de


charge aux bornes du capteur se retrouve aux bornes de CR. On a donc :

Q
VS = − (2.51)
CR

En réalité il faut souvent (en tout cas certainement aux basses fréquences) tenir
compte de la résistance de fuite de la capacité CR, soit RR en parallèle sur CR. Il est
alors facile de montrer que VS devient :

Q jωRR C R
VS = − . (2.52)
CR 1+ jωRR CR

qui est l’expression d’un filtre passe-haut signifiant en pratique qu’un tel
convertisseur ne fonctionne pas correctement aux basses fréquences et ne passe pas
le continu.

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