Vous êtes sur la page 1sur 14
UNIVERSITE CADI AYYAD ECOLE NATIONALE DES SCIENCES APPLIQUEES LA SYNTHESE DE TEXTES Objectif général : Evaluation de la capacité du candidat a appréhender et réaliser un message écrit. Nature de épreuve : * On propose trois & quatre documents de nature différente (textes littéraires, textes non littéraires, documents iconographiques, tableaux statistiques, etc.) + Le candidat rédige une synthése objective en confrontant les documents fournis (durée indicative : 2 heures). Compétences a évaluer : + Respecter les contraintes de la langue écrite, “ Synthétiser des informations: ‘+ fidélité a la signification des documents, * exactitude et précision dans leur compréhension et leur mise en relation, © pertinence des choix opérés en fonction du probléme posé et de la problématique, * cohérence de la production (classement et enchainement des éléments, équilibre des parties, densité du propos, efficacité du message), De quoi s'agit-il ? Une pratique professionnelle mobilisant des compétences de lecture-éeriture, des capacités d'analyse et de synthese; elle consiste & décomposer les documents d'un corpus imposé, a s'approprier les informations et & les recomposer selon une nouvelle configuration dans la rédaction d'un texte "original" et fidele" a la fois. Le mot synthase est formé d'un préfixe et d'un radical grecs, Le radical (thés-) signifie "action de poser, de mettre"; le préfixe (sun-) veut dire "avec, ensemble". La synthese est donc, étymologiquement, laction de mettre ensemble, l'assemblage, la réunion. Une synthase de textes (notez le pluriel) est le travail ou le produit d'un travail consistant @ assembler plusieurs textes, Plus exactement, a réunir en un seul texte des informations issues de plusieurs autres. Une synthése n'est pas un "patchwork", elle ne consiste pas a recopier, a rabouter des fragments hétérogenes, elle implique la production d'un texte dont la formulation est originale (au sens de : personnelle & auteur), mais véhiculant des informations qui, elles, ne le sont pas. Il peut arriver que la synthése ne porte pas exclusivement sur des textes; d'autres types de documents entrent parfois en jeu: graphiques, cartes, statistiques, etc. Ce travail exerce la capacité de rassembler des données éparses, de les embrasser d'un seul coup d'ceil et dien tirer des indications utiles pour entreprendre une action. Llopération proposée consiste a: “ recueillir trois textes abordant un méme theme de facons différentes, * enextraire des informations, 4 les placer dans un nouveau texte organisé autrement qui contiendra lessenticl des trois autres, Comment composer une synthese de textes ? I- Préparation de'la tatche : Hest essentiel de ne pas se lancer téte perdue dans la tache avant d'avoir bien en téte le résultat auquel il faut arriver. Se représenter tres précisément ce qui est attendu par le professeur, lire attentivement les consignes. Puisque un nouveau texte devra étre rédigé, trois questions sont a traiter d'emblée : - Quelle intention doit-il réaliser : informer, expliquer, convaincre ? -Selon quelle structure va-til se développer ? ~ Sur quel mode d'énoneiation sera-t-il établi? II- Lecture Parcourir chaque texte en commencant par celui qui paratt le plus accessible. Premiére exploration ‘+ Numéroter les lignes + Marquer Ie texte au fil de Ia lecture (souligner, surligner, chapitrer) accorder davantage dattention aux verbes qui portent ("bases") le sens des phrases. Deuxidme exploration + Préparer une feuille par texte (n'écrire que sur le recto, en effet, au moment de la rédaction, toutes les faces devront étre visibles en méme temps !) * _Indiquer le titre du texte et le nom de Fauteur. Deux propositions pour suivre - soit dresser un plan des idées du texte selon Vordre dans lequel elles se présentent avec les références aux lignes. - soit préparer un tableau dressé en fonction des informations & recueillir: Par exemple: - Naissance / enfance / adolescence / études / maturite ... pour préparer une synthése biographique - Espace / temps / auteurs principaux / ceuvres / théoriciens / caractéristiques ... pour une synthese littéraire + Thase / arguments / contre-arguments / exemples / références ... pour une synthése argumentée. Ety porter successivement au fil de la lecture Ies éléments utiles, rédigés de fagon sommaire, schématique mais en indiquant toujours les numéros de lignes. Troisidme exploration Cette fois la relecture est approfondie et conduit a une reformulation fidéle et précise. La rédaction est satisfaisante lorsque la reformulation permet de se passer du texte-source sans quill y ait déformation du sens. Procéder de Ia méme fagon pour tous les textes a traiter. IN- Elaboration du nouveau texte Quel sera le fil conducteur du nouveau texte a produire ? Les étapes d'une vie ? Le développement d'un mouvenrient littéraire ? La résolution d'une question-probléme ? De toute facon, il s'agit d'aller puiser dans tous les textes-sources les éléments de la réponse & apporter. Ceci implique une sélection. Additionner des extraits de textes ne crée pas une synthése. Les informations doivent etre reformulées dans un nouvel ensemble organisé autrement par vous. - Préparez le plan de votre nouveau texte : themes principaux, themes secondaires. - Pitisez dans les différents textes-sources de quoi étoffer chaque theme. Une astuce: - surlignez dans des couleurs distinctes ce qui provient des sources respectives. Cest un moyen visuel de vous assurer que chaque source est exploitée. ~ _ Organisez. votre texte selon I'usage: accroche, annonce du theme, développement, cloture. - Soignez articulation des différentes parties, les liens logiques. Faites la chasse aux contradictions. Précautions utiles ~ Indiquez les références des textes-sources soit en note, soit dans le cours du texte. Bt quand vous citez, textuellement, signalez-le par des guillemets et le nom de l'auteur entre parentheses. ~ Gardez la distance. Le lecteur doit pouvoir distinguer votre apport personnel de ce que vous avez puis¢ ailleurs, Cette distance apparait aussi dans le fait de ne pas citer les auteurs par leur prénom. - Restez centré sur le théme demandé sans vous perdre en digressions: une synthése n'est pas une dissertation o& vous pouver, développer vos idées... Toutefois, si la consigne demande un avis personnel, exprimez-le de facon distincte et explicitement signalée. IV-Evaluation d'un texte de synthése Rubrique 1 : Traitement des informations, synthése 1, La synthése transmet de facon fidéle des informations de tous les textes sources 012 2. Le référent est exposé assez clairement, un lecteur qui nla pas Iu les textes-sources peut se 013 Je représenter. 3. Les informations recueillies sont intégrées dans un nouveau texte cohérent. La synthésene | 012 reprend aucune phrase telle quelle (sauf les citations). © La synthése est centrée sur un fil conducteur qui apparait dans le titre, le chapeau, Te 013 premier paragraphe et le dernier. Une progression conduit Ie lecteur du connu au nouveau sans rupture, Les éléments hétérogénes sont reliés entre eux. 5, Llauteur n/apparait pas dans le texte (énonciation historique). Un extrait de chaque texte- 012 source apparait en citation dament signalée, 6. Les informations sont correctement attribuées 4 leur énonciateur. L'auteur mentionne 012 | apras son texte les références bibliographiques complates de ses sources. Pour chaque erreur de lecture, contresens, ajout personnel : is 2, Rubrique 2: Langue et textualisation 1. Le texte est organisé. 012 Paragraphes homogenes et progressifs, articulés entre eux (mots-outils ou connecteurs sémantiques). La mise en pages met en évidence Ia structure du texte (alinéas, paragraphes, titres, | ponctuation, pagination, marges, soin.. 2. La langue est correcte. 0124 Le texte est rédigé dans une syntaxe correcte (structure des phrases, accords, modes, temps, xéférents, pronoms..) : max. 1 erreur / page. Il présente moins de trois erreurs d'orthographe lexicale par page. 3. La langue est séduisante. 012 Des substituts assurent la progression. Les titres sont ajustés au contenu (titres pleins). 4, Le texte commence de fagon accrocheuse et se cloture sur une formule pertinente et 012 | séduisante. Récapitulation : Les différentes parties de la synthése Liintroduction © Commencer par une phrase d’accroche qui éveille l'intérét du lecteur. Cette phrase doit étre en rapport avec le dossier dont il faut faire la synthese, Mais éviter des formules telles que « Depuis la nuit des temps... Depuis toujours... A 'heure actuelle... », elles font remplissage. + Présenter alors le theme et les documents. Pour ces derniers, on indique I'auteur, Ie support (titre du roman, de la revue, photographie...) Ia date, la tonalité et surtout, mais rapidement, le contenu. Pour présenter les documents, on n'est pas oblige de conserver Yordre du dossier; on peut aussi les regrouper par thémes, par genres, par points de vue. + Indiquer enfin le plan comme pour une dissertation. Rester clair et susciter la curiosité (donc ne pas donner de réponse, celle-ci ayant sa place dans la conclusion). On peut commencer par une phrase affirmative, puis continuer par une phrase interro-négative. Exemple : Certes, dans un premier temps nous ... mais les documents proposés ne montrent-ils pas aussi que... Le développement + T1s‘agit de confronter les documents en un développement qui comprend de deux quatre parties (ni plus, ni moins). Les parties ne doivent pas étre trop disproportionnées. Ne jamais faire !impasse sur un document dans une partie : tout document doit etre cité au moins une fois dans une partie. On ne traite pas les documents par parties : ce n'est pas un plan ni une confrontation. Ainsi la Jere partie ne saurait présenter tel document, la 2éme tel autre, la Séme le suivant... Un document n'est donc jamais traite tout seul dans une partie. + Chaque partie contient deux ou trois paragraphes (au-dela on manque d’esprit de synthtse ot on tombe dans T'émiettement de la pensée), chaque paragraphe commencant par un alinéa destiné & faciliter la lecture. On évite les paragraphes trop longs. © Au début de chaque paragraphe, on donne Fidée développée, puis on se réfere tres précisément aus differents documents qui doivent étayer lidée annoncée dans la premiére phrase. Enfin, on termine le paragraphe par une courte phrase de bilan, de telle fagon que rien qu’en lisant la Lére et la demniére phrase des paragraphes on puisse suivre la progression de la pensée. + On se référe constamment aux documents de fagon précise, car le correcteur n’a pas a devoir chercher de quel document il s‘agit. Donc un document est signalé de diverses facons : par le nom de son auteur, par la spécialité de celui-ci (Le podte, l'essayiste, humoriste...), sa nature (le roman, la photographie...), son titre. Il faut plusieurs références par paragraphe, on peut citer deux ou trois fois un méme document, mais sans excés. Les citations in extenso sont défendues, car il s'agit de reformuler la pensée de l'auteur ; néanmoins les mots clés sont permis. On introduit ces références par des tournures comme : selon X..., d'aprés Y..., sil'on en croit Z... Zola affirme, soutient, corrobore, appuie... Les points de vue divergent, convergent, se completent. Laconelusion ly ena deux, et elles sont obligatoires. La conclusion objective : elle établit le bilan objectit de la synthése, sans reprendre le plan. En 3.5 lignes on constate l'accord, le désaccord, l'incertitude des documents a propos du probleme posé. La conclusion personnelle, On donne son avis personnel sur le sujet ou sur un aspect du sujet, sur tel ou tel document, sans flatter ni dénigrer les auteurs. On peut néanmoins y prendre ses distances et faire preuve d’esprit critique et de culture. On indique alors ce qui nous semble dépassé, insuffisant et on Propose son point de vue en F'llustrant par un ou deux exemples. + On lit Tintitulé du sujet pour savoir dans quelle optique il faudra lire les documents et done quoi en retenir plus particulidrement. Il arrive aussi que I'énoneé indique le plan a suivre. + Onlitles différents documents pour en prendre connaissance, mais dans optique retenue précédemment + Onétablit un tableau synthétique de ensemble du dossier, + Pour cela on commence par le premier document, que I’on inscrit dans la colonne de gauche. On indique sa date, son titre, sa nature et le nom de auteur. Ce sont autant de détails dont on pourra se servir aisément dans le développement. On inventorie ce premier document dans un tableau avec des colonnes, chacune étant surmontée d'un titre qui précise de quoi il est question dans cette colonne. On emploie donc plusieurs colonnes pour cela. Les notes mises dans ces cases correspondent a des passages que l'on a surlignés dans le document. Mais on ne surligne pas tout, sinon on ne s’en sort plus. Quand ce premier document a été inventorié, on passe au suivant dont on recopie les caractéristiques dans la Tere colonne, en dessous du ler document. Puis on Tinventorie aussi et, sil le faut, on erée de nouvelles colonnes. 1. On trouve un plan en fonction du tableau. On peut penser a des plans comme a) Le plan dialectique ; these, antithése, synthése. b) Le plan explicatif : présentation des faits, leurs causes, leurs conséquences, les remédes. Ceest le plan qui, par la force des choses, revient le plus souvent. 9 Le plan historique (chronologique) ; mais il est a déconseiller Ia plupart du temps, car on. ne peut guére qu’y citer une seule fois chaque document. Mieux vaut donc le combiner & autres types de plan. Par exemple avec le précédent. On aura ainsi: Aujourd’hui (description), Hier (ce qui explique cette situation, ses causes donc), Demain (perspectives ‘ou remédes). ¢ Le plan « Sua et cetera... »: qui, quoi, a qui, comment, pourquoi...Exemple a propos des jeux de hasard : qui joue ? a quoi ? (typologie des différents jeux) pourquoi ? 2 Le plan par fonctions : On classe différentes fonctions. Par exemple en répondant a la question : & quoi sert l'éducation ? b) Le plan par acteurs : on s'intéresse aux différentes catégories de personages concerés par 'objet du dossier. 2, On rédige au brouillon, uniquement sur un cOté des feuilles que l'on aura pris le soin de numéroter. Ne rédiger que sur un cOt6 permet de s’y retrouver plus vite en étant dispensé de retourner les feuilles, 3. On recopie au propre ; les titres du plan deviennent des phrases de mini-introduction pour chacune des grandes parties. Il est donc interdit d’employer des titres. On sépare les différentes parties par une {transition que lon met en valeur en sautant une ligne avant et apres, 4. Onrelit son devoir et on se corrige. é Cammont Sa marche? Cotten 0 Ce te ht ete Initiation a la synthése de textes Vous présenterez une synthése concise, ordonnée et objective, en vous interrogeant sur Ta nature et Ia portée de ce phénoméne du « tag ». Dans une breve conclusion vous exprimerez votre propre point de vue. Dossier : Les tags Documents : ~ Document 1: «Les tagueurs sont dans la ville», Jacqueline Rémy, L’Express, 1988 = Document 2 : «Histoire de graffiti, Otto Hahn, L'Express, 1987. = Document 3 : «Profession: chasseur de tags », Alain Faujas, Le Monde, 1990. Un article-plaidoyer pour les tags (style parfois un peu familicr) ; présentation de tagueurs. Un article d’un internaute: Entre graffitis et marketing, quelques signes de contamination ; De indignation a la séduction: Ambivalence du jugement social face a ce mode d’expression. Document 1 : Les tagueurs sont dans la ville Tha 15 ans, des baskets & lacets fluo, une casquette de base-ball, un gros marqueur noir, et il «tague». Il tague a Paris, en banlieue et dans le métro. Il tague le mercredi, Je samedi, le dimanche, parfois les jours décole. Il tague sur les murs de Belleville, sur les palissades de chantier, dans les ruines d'un parking, dans ‘un terrain vague, & Stalingrad, sur les goutti¢res, les chaussées, les banquettes de métro et, accessoirement, sur ses cahiors de classe : « Quand on commence & taguer, ditil, on ne peut plus s‘arréter. C'est pire qu'une rogue. Dés que je vois une surface vierge, j'ai besoin de faire ca. » Ca? Una tag », ou plutdt des tags : ces graffiti énigmatiques qui n’en finissent pas de tomber sur Ja ville, Bt proliférent insolemment - aussitot effacés, aussit6t ressuscités - de rue en Tue, de rame de métro en rame de métro. s imre ction 23. \ Rien a voir avec Ia beauté brute des fresques, scigneusement « récupérées » par les messieurs de la Culture. Les tags, apparemment, r’ont rien a dire, Leurs caracteres, mi-arabes, mi-gothiques, ne ressemblent tout & fait a aucun autre, mais ils sont liés entre eux par une étrange gémellitél. Le fag ést un higroglyphe urbain et moderne, comme Ja communication a rere médiatique : cause toujours, j'ai coupé Je son. Une agression dénuée de sens explicite, qui déchatne doublement la fureur de ses victimes. ‘Usagers, Ville de Paris, RATP, tous unis, ménent un méme combat : sus aux envahisseurs |_« Crest un fléau. Cest pas du chinois ? » s'inguiéte un retraité. Un propriétaire riverain de la cité Rougemont étouffe de rage : «On a fait repeindre, mais a peine avait-on passé la premiere couche que les murs étajent & nouveau couverts de gribouillages : 22 000 francs dépensés pour rien. » En 1985, la Ville de Paris a effacé 32.000 metres carrés de graffiti. 102 000 en 1987. Ht deja 51 000 de janvier & mai dernier. La RATP a dépensé 14 millions en 1986, trois fois plus que année précédente. En 1985, ses agents alpaguaiont « sur le fait » quelques dizaines de tagueurs sauvages. Fn 1986: 600 a 700. Un homme, Bernard Gantois, chef du service de aménagement et de Yentretien de la RATP, en fait une question personnelle: « Crest la guerre, répéte-til solennellement. Bt je la gagnerai a rfimporte quel prix. Les tagueurs le savent. ls ont un avantage: ils vont vite et sont insaisissables, Mais avec mes nouveaux revétements qui permettent d’effacer facilement les tags, j'ai reconquis les quais du métro et les couloirs. Ils ont encore les acces aux stations, et Iintérieur des trains. Mais je les aurai! » Guerre sainte pour guerre “sainte, les tagueurs ont fait de Gantois leur adversaire mythique et démoniaque, Vhomme « qui téléguide Tes descentes de police », « qui savonne les plans de métro pour faire déraper les stickers ». La guerre, mais contre qui? Contre quoi? Qui sontils, ces farfadets gribouilleurs qui démentent Yépoque « clean », transgressent les bons usages ct les petits interdits, avec un entrain sombre et boulimique ?. ace Tren)? ‘gtentt Apes my Samedi, 14 heures, gare du Nord, voie 8, C’est le rendez-vous hebdomadaire d'une {ribu tagueuse. IIs ont des dégaines de potaches frimeurs, ou de gentils loubards, et la méfiance de viewx routards. lly a la Doner, Stok, Aro et Skef. Et puis Seas’ Et le groupe Dyr. (Da Young Renegade). Bt surtout Skoizer et son look de parfait petit tagueur : casquette, basket dont la Janguette leche le bas du pantalon, sac & dos pour entasscr les « vandaliseurs » (bombes et marqueurs), et ceinturon gravé a son nom de guerre. Ce surnom, Skoizer, il Yarbore, il Vexhibe. C’est un acte de naissance tribal: un totem auto-proclamé. Et leur surnom, Skoizer, Doner, Stok et les autres vont les écrire sur tous les murs de Babylone, et d’abord sur les parois du métro, qui les fera circuler, connaftre dans toute la ville, bref exister."" 0°?" 1-Tls sont liés entre eux par tune étrange gémellité: ils se ressemblent comme des jumeaux =} ee Tae sender (seb gnoso0r) 29 ¢ een Ten Sale Bose Crest ca, un tag: une signature. Sans message. Sans allusion, Sauf parfois, une dédicace & un ami tagueur : on écrit alors le nom du « frére » & coté du sien, en le faisant précéder d’une fleche ou du chiffre 4 (en anglais four, par glissement sémantique : for). Si, vraiment, on est trés faché -mais c'est enfreindre un tabou- on peut « toyer » le tag d’un ennemi: il suffit d'écrire « toy » a cote du nom installé, et, éventuellement, de tagues par-dessus. Un tag, bien str, n’est pas seulement un surnom étalé sur un mur: C'est une signature wep les centaines de fois jusqu’a ce qu'elle soit impeccable, d'un seul trait et vraiment « bad » (méchamment belle). Distordue, déformée, chantournée jusqu’a ce qu’elle soit illisible aux yeux des profanes, et « def » (d’enfer) & ceux des initiés. Plus on signe vite, plus c‘est admirable. Boxer, 32 Tune des stars locales, torche son tag, dit-on, en quelques fractions de seconde. Boxer, Roy, One, Senz, Bando, James et Jone One, omniprésents sur les murs de la capitale, régnent en idoles dans le coeur des tagueurs: « Ce sont les maftres de Paris », affirme Attila, éléve au Collage SaintSulpice, dans le Vie arrondissement. En clair: ils « tuent » bien, ils « massacrent ». Ce sont de bons « destructeurs ». [..,] Une vraie peuplade : de 1 500 A 2 000 tagueurs, qui, paumés, taquinent la loi et s'approprient des petits bouts dunivers pour y semer leur identité en révant qu'il y poussera des étoiles. Jacqueline Rémy avec Colette Paris, L’Express, 24 Juin 1988. roy sPieisme (3905) ati spp? Document 2: Histoire de graffiti dbp se nag ti gen CAD 90! Dégradation volontaire de l'environnement ou besoin inrpulsif de communication ? Le débat est ouvert depuis déja plusieurs années, En effet, si, pour certains, explosion dinscription et de dessins en tout genre dans les lewx publics {ait figure d’agression, ovire de menace pour la cite, ils témoignent, pour d'autres, d'un ultime mouvement de ‘spontanéité, dans une ville oit chaque chose est tenue davoir sa destination et son emplacement résercé. Un moyen expression qui est sérieusemnent en train d'acquérir ses lettres de noblesse. Et ses stars Le vandale graffiteur a plus d’un tour dans sa bombe aérosol! Le moindre espace libre Iui permet d'apposer sa marque, sa signature, son sigle. On le bloque 1a, il réapparait plus loin. Le plus souvent, les dessins sont anonymes ou signés d'un nom fantaisiste. Une cigarette a deux pattes s’annonce comme le Docteur Bouboum. Des figures peintes au pochoir la marque de Blek, de Jef Aérosol, de Marie Rouffet ou, seulement, de VR... Et si I'univers mystérieux du graffiti se cache dans les impasses et les souterrains du ‘métro, on aurait tort de voir la l'image méme de la liberté. Rien n'est plus contrélé, en effet, que le geste gratuit. A chacun on territoire, son propre domaine. Les nouveaux poulbots? de la Bastille luttent contre les gars du XIlle qui viendraient recouvrir leurs ceuvres. Les détournetirs d’afliches veillent 4 ce que nul ne macule leurs publicités repeintes. Une histoire qui en ce qui concerne Paris, remonte a mai 1968, et dont le premier maillon s‘appelle Zlotykamien. Depuis vingt ans, ce passionné trace a la bombe des personnages- amibes3 sur les murs de Saint-Germain-des-Prés et sur ceux du centre Georges Pompidou. Un autre fanatique, Ernest Pignon-Ernest, a inauguré le pochoir politique en imprimant sur des murs d’usine, pres des soupiraux, une forme noire représentant un prisonnier politique d'Afrique du Sud, appuyé sur des bbarreaux. Il est passé ensuite aux portraits de Rimbaud. Aprés 1980, portés par la vague new-yorkaise et Ia figuration libre, les graffiteurs parisiens ont explosé. Certains, en inventant des poémes: « Nous sommes trop jeunes pour ne pas vouloir tout.» D’autres, en faisant du lettrage : onomatopées de BD agrandies, L'érotisme s’en est alors mélé, ainsi que la publicité pour les boites de nuit. Désormais, graffiti et commerce font souvent bon ménage : les peintres méconnus se servent de la rue pour approcher les galeries, en attendant que les musées prennent la reléve. Les Américains Keith Haring et Jean-Michel Basquiat ont bien commencé dans le métro avant d’atteindre les enchéres records chez Sotheby’s ! Pourquoi Ja méme aventure ne se produirait-elle pas en France? ly a dores et déja, dans la peinture sauvage, une hiérarchie trés stricte qui va de la graphie illisible a la caricature, de la blague d’étudiant des Beaux-Arts a la découverte d'un nouvel espace de liberté. Des artistes comme Claude Costa ou Blek travaillent dans Tillegalité, mais ne peignent que sur des ‘emplacements réservés, encadrés par les moulures de céramique jaune, des quais de métro. Les Ripoulin, Speedy Graphite, Vive la peinture, Beaugeste et les Musulmans fumants voient dans le vandalisme civilisé une rampe de lancement qui les propulsera vers les collectionneurs ou les salles de vente. ya 2-Poulbots : désigne au départ les enfants pauvres de Montmartre. Ici, gamins de Paris, gamins des rues, 3-Personnages-amibes ; aux contours flous qui semblent se déformer comme une amibe. a rhe" Mes Binoche et Godeau, Commissaires-priseurs ne s'y sont pas trompés, puisqu’ils en sont a leur deuxitme vente placée sous I'enseigne du « grand méchant look ». On y releve les noms de Captain Caverns, d’ Ange et Damnation, de Poupette et moi, de Placid et Muzo, de Groupe Moon et, bien stir, ceux de Claude Costa (une vedette), des Ripoulin (bien conus), de Cat Loray, de Paella Chimicos, de Ti 5 dur, de Jean Faucheur (autre vedette), de Vive la peinture,.. Les prix : entre 4 000 et 20 000 francs. Certains décideurs, voulant récupérer cette créativité désordonnée, ont méme utilisé les peintres des rues pour décorer des palissades. Au 12 de la rue David d’ Angers (XIXe), une quarantaine d’artistes ont ainsi été invités a libérer leur trop plein coloré. Il y avait la Olivia Clavel, Jérome Mesnager, Thierry Domage, Goupta et bon nombre de ceux qu’on trouve dans les ventes aux enchéres et sur les quais du métro. Dans le lle arrondissement, Frigo 6 peint les arbres... Aujourd‘hui, méme sil n’est pas reconnu de tous, art de la rue existe, Sa liberté est sa seule garantie de survie. Car, si les interdits dans ce domaine n’aboutissent qu’a aiguiser | et A rendre le vandalisme plus héroique, les faux encouragements (décoration de palissades Sit de miirs aveugles) ne font que susciter de fausses vocations de barbouilleur nocturne. En ce domaine, la seule politique est un relatif laisser-faire. Les meilleurs trouveront toujours le chemin des galeries. Mais attention ! Si les artistes jouent parfois aux vandales, tous les vandales ne sont pas des artistes ! Otto Hahn, L’Express Paris, 23-29 octobre 1987, Document 3: Profession : chasseut de «tags» A quarante quatre ans, Mare Arav est le PDG d’Blectro Painters, une petite entreprise qui atteint 19 millions de francs de chiffre d'affaires avec soixante employés, dont le titre de gloire ~ et de bénéfices - est @avoir mis au point un procédé de lutte contre les graffitis et les « tags » qui maculent le métro. Cest auprés de la maison mare américaine Electro Painters que Marc Arav, ancien d’une école de commerce londonienne aujourd'hui disparue, a acquis Yexpérience des procédés de peinture par atomisation électrostatique. Depuis 1976, la filiale francaise applique ce systéme qui consiste a créer un champ magnétique entre le pistolet & peinture et le matériel a peindre grace a un raccord de celui-ci a une masse. Les particules de peinture chargées d’'ions négatifs sont littéralement attirées par les surfaces métalliques. Aucune projection nest & redouter au sol et la peinture réalisée présente les mémes qualités qu'une peinture cuite au four. Le premier marché de Ja jeune entreprise fut ce qu'il appelle « la remise en peinture des mobiliers de bureau dans le site méme », autrement dit ’équipe d’Electro Painters arrive a 18 heures dans des locaux désertés par leurs occupants, ceuvre au cours de la nuit et rend armoires, bureaux, murs et machines comme neufs, Le lendemain, & la reprise du travail, c'est beau, est propre et cela ne perturbe pas Vactivité de lentreprise cliente. Marc Arav a trés vite adapté ce procédé pour peindre des immeubles métalliques comme la tour Esso & la Défense, des machines-outils et des tuyaux. En 1981, il convaine ses parrains américains - un peu agacés par cette diversification tous azimuts - de lui vendre Electro Painters tout en lui maintenant l'exploitation de leur licence. Arrive Yannée 1987 et les ennuis de la RATP, qui se trouve confrontée a une véritable explosion des graffitis et des « tags », ces signatures stylisées qui recouvrent peu & peu les murs des stations et les parois des voitures, suscitant un sentiment de malaise et d’ anxiété chez les voyageurs, Electro Painters, qui assure I'entretien des parties mélalliques de 15 % des stations, est sollicitée 2 de trouver une parade, « On parvenait a retirer le relief du graffi, mais des migrations pigmentaires © conservaient la trace indélébile du tag soit par osmose soit par I’action d'un électron baladeur, raconte Marc Arav. La RATP nous a imposé des obligations de résultats draconiennes qui supposaient une remise & neuf et une prévention. Pas question d’utiliser de silicone qui protége facilement, mais sur lequel, il r’est plus possible de repasser la moindre couche sous peine de le voir se cloquer. » II se met done a la recherche d’une solution technique qu'il trouve avec d’autant plus de plaisir qu'elle se trouve sous le nez de ses concurrents. Pas question de dévoiler son arme secrete. Pas question de déposer ‘un brevet (« Ie meilleur moyen pour se la faire piquer »). Pas question de donner des échantillons a qui que ce soit. « Je ris parce que tout le monde posséde dans son réfrigérateur les ingrédients de notre vernis, réticulé antigraffitis, le VRAG. » Celui-ci est un blindage qui, appliqué préventivement, permet de faire disparaitre les tags avec un diluant antigraffitis, le DAG, qui laisse intact le vernis protecteur. wh Ny fn 3s Electro Painters a obtenu le monopole de la protection des ouvrages de la RATP et le marché d'une cinquantaine de gares SNCF de la banlieue Nord, Il a appliqué son VRAG sur les belles fresques duu métro ‘Abbesses qui ne sont pas souillées plus de quelques heures par la vingtaine de tags apposés chaque jour. Il se souvient avec amusement de la bande de tagueurs qui aida, il y a un an, en gare de Montigny- Beauchamp, a appliquer une ribambelle de raies de couleur tests sur un mur. Tl parle avec colére des industriels allemands qui vendent sous le manteau des produits rigoureusement indélébiles dont il espere Vinterdiction. Mais il commence a en avoir un peu assez. des tags. Bien str, ils ont valu a son entreprise une croissance de 30 %, mais les 195 millions de chiffre d’affaires et les 450 000 francs de bénéfices réalisés en 1989 lui semblent trop dépendants de Yactivité antigraffiti qui représente 35 % de son activité. Mare Aray préférerait défricher de nouveaux domaines. [...] Il est intarissable sur les merveilles que Yon ‘peut créer avec un peu de peinture (« Nous avons en mémoire 15 000 teintes ») pour peu que les entreprises soient conscientes que leur image, la productivité de leurs ateliers, le moral de leur personnel dépendent de la couleur de leurs presses a métaux ou de l’habillage multicolore d'un mur aveugle ou d'une fresque bien placée qui raconte les hauts faits de la maison. [...] Ce n’est pas si facile d’inventer un nouveau métier & la frontiére de la peinture industrielle, du nettoyage et de la création artistique ! Bfacs 4% noiton: § ted fem shacts Alain Faujas, Le Monde, 12 octobre 1990 1 Qu’est-ce qu’un tag? ‘A. Une dégradation de l'environnement B. Unbesoin de s'exprimer C. Des graffitis et des signatures IL. Qu’est-ce qu’un tagueur ? ‘A. Les signes distinctifs du tagueur B. Les lieux et les moments C. Les causes : un besoin de communiquer ; une menace. IIL. Conséquences et solutions. ‘A. Conséquences matérielles et financiéres a. Effets positifs (entreprises ; nouvel art a valeur financiére) b. Effets négatifs. B. Les conséquences morales. a. Pourle tagueur . Pour les autres C. Les remédes a. Lutter contre les tags Laisser vivre l'art Corrigé + \Vandalisme, graffiti, dessins de fous, décadence, autant de mots qui fusent de toutes parts pour qualifier des signes largement répandus: les tags. Ceux-ci constituent diailleurs le theme que développent les quatre documents dont nous ferons la synthése. Les deux premiers , datés de 1988 et 1987, proviennent de I’hebdomadaire L’Express sous la plume respectivement de J.Rémy et de O.Hahn pour présenter ce phénoméne de société et en expliquer Iorigine et !'évolution. Le troisiéme texte, publié en. 1990, est un extrait du Monde ; A-Faujas y met Iaccent plus particulitrement sur la Tutte engagée contre ces signes étranges dont trois photographies prises dans le metro (dont Iune en 1990) et sur un mur de Paris sont proposées dans le dernier document. Voila pourquoi un plan explicatif combiné a un plan par acteurs nous permettra de mieux cerner ce phénoméne dans ses diverses manifestations avant d'en analyser les causes pour mieux comprendre les réactions qu'il suscite. Un premier constat s‘impose: les documents proposent I'historique des tags pour mieux les deétinir, Otto Hahn donne un rappel chronologique qui révéle que le phénoméne est né en 1968 et a connu une expansion fulgurante aprés 1980, Cela est corroboré tant par A.Faujas qui indique que c'est en 1987 que la RATP a da vraiment s‘inquiéter de cette prolifération que par la deuxitme photographie qui date quant a elle de 1990, Actuellement les tags sont omniprésents dans nos murs comme le prouve |.Remy par la liste des objets et endroits concernés (palissades, parkings, goutlitres...) O.Hahn développe Ta méme idée quand il affirme que les tagueurs s’en prennent a tout lieu et espace publics. La preuve en ext d'ailleurs fournie par les documents iconiques dont deux proviennent duu métzo et Je troisitme d'un mur de Paris. Aucun espace ne leur échappe done: ‘Les deux extraits de L’express essaient en outre de définir le tag. Ainsi le premier article parle dPhieroglyphes dont le sens échappe a celui qui le voit, comune on le constate effectivement avec les cleus demires reproductions photographiques dont on se demande a quoi elles peuvent bien renvoyer. En fait, dit }Rémy, le tag appartient & la catégorie des signatures, ce que vient d'ailleurs appuyer la premiere photographie qui t’est autre que la signature de Francois Villon, O.Hahn précise pour sa part que chaque fag porte la griffe de son auteur, ce qui permet de comprendre les diverses formes qu'ils prennent personnages-amibes, potmes, lettrage et dessins en pochoir. Il sagit done de graffit illisibles dont les formes multiples s/expliquent par la diversité de leurs auteurs. Demandons-nous a présent quelles sont les causes de ce phénomene. Les documents en proposent principalement deux. La premiare explication que retiennent les documents est celle de la délinquance délibérée, Celle- i, selon J.Remy, est le propre de jeunes qui n’ont plus de repéres traditionnels. Cette journaliste ajoute ailleurs une preuve : ces tagueurs ont rompu les ponts avec la société, eux qui s/assemblent par bandes pour s/attaquer a tout ce qui représente Ia loi, les convenances et le bien public. Cest ainsi qu'ils veulent salir et souiller le métro, ce que tappelle A-Faujas et que prouvent les photographies. Dégrader, detériorer, enlaidir, voila Ia fierté de ces adolescents qui ont d’ailleurs, et Remy le mentionne explicitement, Ia tenue et Yéquipement de jeunes qui partent en guerre, Cette délinquance est telle qu'ils ne respectent rien, pas méme leurs propres congénéres. En effet, O.Hahn et Rémy €voquent tous deux des rivalités entre fagueurs. Des lors ne nous étonnons pas que J.Rémy emploie a leur propos des termes qui font inésistiblement songer a des temps et A des peuples primitifs. La situation serait donc telle que 'on assisterait A une régression de la civilisation. ‘Mais les documents proposent aussi une deuxitme solution. Il s'agirait ainsi, dans certains cas, de jeunes qui, a en croize O.Hahn, éprouvent le besoin de s’exprimer, besoin qui, chez J.Remy, devient une pulsion d’ordre esthétique. D’silleurs A.Faujas signale que leurs réslisations sont a la limite de la création Ertistique tandis qu’O.Hahn les qualifie de peintres. S'ils choisissent des liewx publics, c'est parce qu'ils les pergoivent, d'apres ce demier journaliste, comme un tremplin vers la reconnaissance officielle de leurs talents a image de ce qui s’est passé avec les deux tagueurs américains qu'il cite. J/Rémy explique en utre que, comme de véritables artistes, is rivalisent entze eux pour créer tne nouvelle esthétique qui fait Ge Ia Jnideur une source de beauté. Ce nouvel art qui consiste en des signatures savamment travaillées semble vouloir passer a la postérité en Isissant une trace, semblable A la signature de Villon que l'on voit reproditite en céramique a la station Chany-sorbonne du métro. Les causes ayant 6té analysées, voyons a présent comment sont perrus ces jeunes tagueurs. “Les réactions de la société sont de deux ordres. Certains estiment qu'il faut réagir au plus vite, ne serait-ce que parce que, comme le souligne J.Remy, on parle déja de victimes d'un cote et d’envahisseurs et de fléau de autre. De méme, selon (O.Hahn, les tags sont souvent pergus comme autant d’agressions et de menaces. Voila qui explique le sentiment d’insécurité qu’éprouvent les usagers de la RATP, comme le signale AFaujas. Face aux déprédations publiques et aux frais qu‘ faut engager pour y remédier, J Rémy cite M.Gantois, agent de la RATP, pour lequel il sfagit d'une véritable guerre a mener contre des adversaires dont le nombre augmente d’année en année. Cette guerre n’est pas facile, car, toujours selon cet agent, les tagueurs ont Tavantage de la mobili, Elle est néanmoins en bonne voie. De fait, Yarticle dA Faujas para dans be Monde révéle que ce combat contre les tags est mené par un chef d'entreprise qui a vu son chiffze dlatfaires croftre de facon significative grace une solution technique dont il garde le secret et qui lui permet d’effacer rapidement les tags. La lutte est donc engageée. Néanmoins O.Hahn ne partage pas ce point de vue. En effet, face & la prolifération des tags, i affirme fortement a la fin de son texte que Ja seule solution consiste én une certaine tolérance, car, selon tui, les interdits débouchent inévitablement sur des transgressions. Il cite d’ailleurs des exemples oit les autorités ont canalisé énergie des tagueurs en les invitant a s‘exprimer dans des endroits précis de Certains arrondissements de Paris. D’autres vont méme plus loin. La solution consiste selon eux a récupérer les meilleurs tagucurs. C’est ainsi que, signale toujours O.Hahn, certains d’entre eux sont passés des métros aux galeries pour aboutir finalement dans les salles de vente ou chez les particuliers amateurs de ces peintres de la rue. Le méme journaliste indique d’ailleurs que plus d'un tagueur a deja connu auprés de commissaires-priseurs des ventes pour des prix trés intéressants, puisqu’ils s’échelonnent de 4000 A 20 000 francs. Il est vrai, reconnatt-il, qu'il ne faut pas qualifier ‘artiste n’importe qui. Pareille synthése permet done de montrer tant importance du phénoméne que les motivations des uns et les réactions des autres, sans que 'on puisse parvenir A un accord sur ce qui se passe. Sil est vrai que tout art A ses débuts r’est pas reconnu comme tel et doit Iutter pour s‘imposer, faut-il pour autant reconnaitre cette qualification au tag ? Je ne le pense pas. D’abord je ne connais pas d'art qui reléve du vandalisme et attente a la propriété privée ou publique. Ensuite une tendance ne releve pas de Y'art sous prétexte qu’elle est récupérée par des miliewx d’affairistes pour qui argent n’a pas d’odeur. Enfin, on ne peut, selon moi, qualifier d'art ce que ni les profanes ni méme les initiés ne peuvent ni reconnaitre ni comprendre. Pour toutes ces raisons, jaffirme que le tag ne saurait @tre autre chose que la manifestation d'un individu en rupture de ban dont le seul plaisir consiste souiller lachement (puisqu’ anonymement) ce qui ne lui appartient pas. 10 Initiation a la synthése de textes Vous composerez une synthese concise, objective et ordonnée de ces quatre documents en dégageant les differentes'images du pére qui y apparaissent. Vous direz en conclusion comment, personnellement, vous concevez le role de pere, Documents : ~ Document 1: Victor Hugo « Pauca meae », Les Contemplations 1856 = Document 2 : Elisabeth Badinter L’ Amour en plus Ed. Flammarion 1980 = Document 3 : jernard Golfier « Le procés d'un tyran » Revue Autrement juin 1984 = Document 4: Couverture de la revue Autrement juin 1984 Document 1 : Pauca meae Victor Hugo dédie ce poéme a sa fille Léopoldine qui s'est noyée accidentellement en 1843, @ lage de 19 ans. Elle avait pris ce pli dans son age enfantin ‘De venir dans ma chambre un peu chaque matin ; Je Yattendais ainsi qu'un rayon qu’on espére ; Elle entrait et disait : « Bonjour, mon petit pere » ; Prenait ma plume, ouvrait mes livres, s‘asseyait Sur mon lit, dérangeait mes papiers, et riait, Puis soudain s‘en allait comme un oiseat qui passe. Alors, je reprenais, la téte un peu moins lasse, ‘Mon ceuvre interrompue, et, tout en écrivant, Parmi mes manuscrits je tencontrais souvent ‘Quelque arabesque folle et qu'elle avait tracée, Et mainte page blanche entre ses mains froissée (Oa, je ne sais comment, venaient mes plus doux vers. Elle aimait Dieu, les fleurs, les astres, les prés verts, Et cétait un esprit avant d’étre une femme. Son regard reflétait la clarté de son ame. Elle me consultait sur tout a tous moments. ‘Oh! que de soirs d’hiver radieux et charmants, Passés a raisonner langue, histoire et grammaire, Mes quatre enfants groupés sur mes genoux, leur mere Tout pres, quelques amis causant au coin du feu ! Jappelais cette vie étre content de peu ! Et dire qu’elle est morte ! hélas ! que Dieu m‘assiste ! Je n’étais jamais gai quand je la sentais triste ; Yetais morne au milieu du bal fe plus joyeux Si favais, en partant, vu quelque ombre en ses yeux. Novembre 1846, jour des Morts. ‘Victor Hugo - Les Contemplations , « Pauca meae » (litre latin qui signifie « quelques vers pour ma fille»). Document 2: Lamour paternel ‘A [a question d’un auditeur-pere qui se plaignait de ne pas avoir de rapports satisfaisants avec ses enfants, Jesquels se moquaient de ses tendresses et de ses baisers, F.Doltot fit la réponse suivante : « Ce nest jamais par le contact physique que amour pout le pere se manifest Il peut y en avoir quand le bébé est pelt pourquoi pas ? Mais tres tt ils ne doivent plus exister ou le moins possible. Le pere, est celui qui met Ia Frain sur Vépaule et dit: «mon fils!» ou «ma fille! »; qui prend sur ses genowx, chante des chansons, donne des explications sur des images de livres ou de magazines en racontant les choses de la vie, sur tout if explique aussi les raisons de son absence ; puisqu'l est souvent a Yextérieur, Venfant peut supposer qui) connait le monde plus que la maman qui, elle, connait surtout les choses de la maison... Que le pére sorte quee ses enfants, qu'il les emmne voir des choses intéressantes (s'il a une fille et un gargon il les sorta separément car ce ne sont pas les mémes qui interessent les garcons et es filles). Mais surtout que les pores *P Dolto, psychianalyste. sachent bien que ce n'est pas par le contact physique, mais par Ja parole quiils peuvent se faire aimer affection et respecter de leurs enfants »8, Ce tabléau du bon pére est intéressant & plus d’un titre. Il confirme d’abord l'image traditionnelle de Yhomme a la fois détentour de la parole et représentant du monde extérieur. Ensuite, il semble que le peve ne puisse avoir d'autres contacts avec ses enfants que linguistiques et rationnels. C'est lui qui « dit », «chante », « raconte », « explique ». Il donne les raisons de ses actions, et, de ce fait, transmet la loi morale universelle. En revanche, maternage et mignotage Iui sont formellement interdits sous peine de perdre Yaffection et le respect de ses enfants. L'amour paternel a donc ceci de particulier qu'il ne se congoit et ne se réalise qu’a distance, Entre lui et ses enfants, la raison est I'intermédiaire nécessaire qui justement permet de conserver les distances. Enfin ce texte a le mérite d’entériner la distinction des roles masculin et féminin, paternel et maternel. Nul ne sait, en lisant ces propos, si F-Dolto considere cette situation comme naturelle et donc nécessaire, ou si elle ne fait que constater un fait social et contingent. Quoi qu'il en soit, rien ne nous permet de penser qu’elle songe a la remettre en question. Surtout quand on lit le texte suivant : « Dés Yage de trois ans, une petite fille aime faire tout ce que fait la maman dans une maison ; elle épluche les égumes, elle fait les Tits, elle cire les chaussures, elle bat les tapis ou passe l'aspirateur, fait la vaisselle, lave et repasse... Elle aime aussi faire tout ce que fait le pére quand il agit avec ses mains ». Il semble done acquis aux yeux de F.Dolto que est la mere, souveraine domestique, qui s‘occupe du ménage et de la cuisine. Etnon le pere. Elisabeth Badinter, L'Amour en plus, Ed. Flammarion, 1980. Document 3 : Lettre au pére « Tres cher pere, Tu m’as demandé récemment pourquoi je prétends avoir peur de tol. Comme d’habitude, je n’ai rien su te répondre, en partie justement a cause de la peur que tu minspires, en partie parce que la motivation de ceite peur comporte trop de détails pour pouvoir étre exposée oralement avec une certaine cohérence. Et si j‘essaie maintenant de te répondre par écrit, ce ne sera que de facon tres incomplete, parce que, méme en écrivant, la peur et ses conséquences génent mes rapports avec toi et parce que la grandeur du sujet outrepasse de beaucoup ma mémoire et ma compréhension. » Ainsi commence la Lettre au pire, écrite par Franz Kafka en 1919, a Vage de trente-six ans, et... jamais parvenue a son destinataire! Par une mise en scene immédiate de la peur. Peur d’un pere qui se rend autant plus insaisissable qu’il est a la fois, devant enfant, objet de fascination et de.crainte, et apparait d’autant plus inaccessible qu’il s'impose dans la famille de Kafka comme une représentation exagérément puissante de ce que désespére jamais d’atteindre F-K., une place dans le monde. Avec cette Lettre, Cest une sorte de « procés du pére» que tente F-K, sous la forme d'une analyse minutieuse, a partir de ses souvenirs d’enfance, du pouvoir destructeur de I’« éducation par la peur » et de ses conséquences. Procés de l'éducation et de influence paternelles, par lequel F.K. espere, on I'imagine, ouvrir une bréche dans I’édifice rigide du pére mais aussi dans ses propres forteresses intérieures|...] EK, se souvient qu‘enfant, lorsqu’il se déshabillait avec son pére dans la méme cabine, Ie tableau d'un géant physique s‘offrait a lui : « Moi, maigre, chétif, étroit ; toi, fort, grand, large. Déja, dans la cabine, je me trouvais lamentable, et non seulement en face de toi, mais en face du monde entier, car tu étais pour moi la mesure de toutes choses. Mais quand nous sortions de 1a cabine, moi te tenant par la main, petite carcasse vacillant sur les planches, ayant peur de l'eau, incapable de répéter les mouvements de natation que tu ne cessais de me montrer, j‘étais trés désespéré. » A cette honte de son propre corps, liée a celui du pere - « j’étais déja écrasé par la simple existence de ton corps » -, mélée aussi a une certaine fascination - « d’autre part, j‘étais fier du corps de mon pere » -, est venue se superposer la formidable puissance des coléres du pére par lesquelles il était terrorisé et qui seront le premier choc pour sa personnalité naissante. « Terrible était ce «je te déchirerai comme un poisson » et que tu en fusses capable se serait presque accordé a Vimage que j‘avais de ton pouvoir. Terribles aussi étaient ces moments.oi tu courais en criant autour de la table pour nous attraper. » Ow encore : « Tes cris, la rougeur de ton visage, ta manitre hative de détacher tes bretelles et de les disposer sur Ie dossier d’une chaise, tout cela était presque pire que les coups.» En somme le pére va investir brutalement une place centrale dans l'expérience du petit Frantz et envahir trés tot, par I'énormite de sa présence, la vision du monde extérieur de l'enfant. S E.Dolto, Lorsque l'enfant parait, tome I, 1978. . Mais le sens de ce «spectacle » de puissance va basculer progressivement dés que F.K. devine, sous le masque du gigantiome, une autre figure du pare, celle d'une volonts de pouvoir qui s'exerce avec prédilection sur les étres plus faibles que lui ‘Bernard Golier, « Le procés d’un tyran », Revue Autrement, juin 1984. Document 4 Corrigé Lors d’un divorce, la garde des enfants est confiée dans la plupart des cas a la mere. C'est done que la société a ‘une image du pere. Quelle est cette image, voila @ quoi s‘intéressent les quatre documents dont nous ferons la synthése, Deux d’entre eux relatent des expériences personnelles, méme si le point de vue differe. Ainsi V. Hugo, dans Pauca meae, po&me extrait des Contemplations et publié en 1856 évoque les temps heureux vécus avec 6a toute jeune fille, Léopoldine. Dans « Le proces d'un tyran », article paru dans la revue Autrement en juin 984, Bernard Golfier, au contraire, étudie et présente des passages de la lettre que Kafka écrivit a son pére en 1919 avec lequel il entretenait des rapports oi la tendresse était absente. Quant a la page retenuc de L Amour en plus, fessai qu’Elisabeth Badinter fit paraitre en 1980, elle analyse avec une certaine distance la conception classique que se faisait du pére la psychanalyste F. Dolto, Cette méme conception se retrouve dans le dessin a valeur symbolique que choisit en 1984 Ia revue Autrement pour sa page de couverture. Ces quatre documents nous permetiront de metire en valeut la triple image qu'ils proposent du pére et qui reléve des domaines corporel affectif et cognitif, Si les documents sont d’accord sur l'image corporelle du pére, ils divergent quant a la place @ attribuer & ce méme corps. ‘Aucun de ces documents ne passe sous silence le corps du pére. Ils ont tous en commun la taille et la force qui se degage d’un pore beaucoup plus grand que ses enfants, Cest notamment le cas de V. Hugo que Yon découvre dau coin du fet avec ses quatre enfants sur ses genoux, ce qui fait de Ini presque un géant. Cette image est reprise tant par la couverture de la revue Autrement ott la disproportion entre le pere et son fils s‘apparente & celle d/un géant et dun nain que par Yécrivain Kafka qui, cité par Bemard Golfier, atribuait a son pére une dimension figantesque dans son enfance. Ce corps extraordinairement agrandi par le regard de Venfant donne a ce dernier Un sentiment de protection. Cela est nettement perceptible chez Ia psychanalyste F. Dolto pour qui le pere est celui qui pose une main tutélaire sur 'épaule de son fils. Kafka n’agissait pas autrement quand i tenait son pére par la main avant d’affronter ne séance de natation, Le pere rassure donc par son corps. Mais les auteurs ne s'accordent pas sur la nécessité des rapports physiques. Ainsi F. Dolto, que commente E. Badinter, estime que les contacts physiques ne sont pas du domaine du pére, mais sont réservés a la mere. Ce disant, elle reproduit certes, comme le Iui reproche plus ou moins implicitement E. Badinter, une image archétypale que 'on peut contester puisqu'il est impossible de dire s'il ‘agit la d'une situation naturelle ou sociale Deux autres documents se situent aussi par rapport @ elle. Ainsi le dessin reproduit par la revue ‘Autrement semble donner raison a la psychanalyste puisqu’on y voit un garcon qui prend son envol pour quitter son pére avec lequel il n'a déja presque plus de contact physique, Néanmoins la conception qu'a developpée F, Dolto est assez vivement contredite par ce pére de famille qui s’adressait a elle et qui se plaignait du manque de contact physique qui régnait entre ses enfants et Tui. Selon les cas, il y a donc divorce entre Ta théorie ot le vécu. B Cela prouve que réduire Vimage du pire a son seul corps est insuffisant. Les relations entre le pire et son enfant sont aussi d’ordre affectif. Cartes il semblerait que tous les pres ne manifestent pas un déborcement de tendresse quotidien. Les extaits tque propose B. Golfier de la lettre de Kafka prouvent a Yévidence que le pere jeune Frantz donnait de lui une nage effrayante, I terifiait son fils par la volonté de puissance qu'il s acharnait 8 exercer sur les mem bres de 8 famulle. Ele se caractérisait par des coleres, des cris, des menaces et des coups et ressemblait & un déchainement de Furie quand il poursuivait ses enfants autour de la table pour les attraper. ll nest done pas étonnant que tnéme a ente-six ans, Kafka rarrive pas & s’expliquer avec ce pere qui continue de le terrifier encore & cet age. Le pére est done aussi un ogre. Mats & part cette exception, la plupazt des peres ont des rapporls empreints de tendresse aver Ieurs enfants, Cela se remarque nettement dans le document iconique par le sourire épanoui du pere qui regarde partir son fils. Ce becoin de tendresse que manifestait déja cet auditeur-pere & F, Dolto se retrouve chez V. Hugo qui nous révele que non seulement il attendait chaque matin avec impatience la venue de sa fille dans sa chambre, mais qu’en plas son propre état d’esprit dépendait des joies et peines que ressentait Léopoldine a tel ou tel moment, De tels Eats semblent donc donner raison & E. Badinter quand elle prend ses distances avec F. Dolto pour qui amour paternel ne peut se concrétiser qu’ distance. Cette demnire théorie se voit ailleurs contredite dans les fats. Piet si Léopoldine a des mots doux pour son pere, V. Hugo, cest bien grace a la compliité et a affection qut Caractérisent leurs relations, Le pére est donc aussi celui qui veut, comme Vindique B, Badinter dans le titre de son essai, de l'amour en plus. Presence physique, vie affective définissent donc les rapports que les peres entretiennent avec leurs enfants Mais ce nest pas tout. ‘Les documents montrenten effet une troisidme image du pere : lest celui qui initie. Cette initiation concemne tous les points qui intéressent les enfants et fait du pére réducateur par excellence. Cest ainsi que, toujours si Y'on en croit F. Dolto, ce demier est celui qui interpréte les illustrations des revues. Cette conception est manifestement corroborée par les autres documents. Ainsi B. Golfier cite quelques Fgnes gui révelent que Kafka a appris @ nager sous la conduite de son pere qui lui montrait comment faire en lui Hépélant inlassablement les mémes mouvements. Quant & V. Hugo, il représente aux yeux de sa file ce'si ant gat tout, etre omniscient que l'on peut interroger sur tout, ce qui sous-entend qu'il a réponse & tout. Dailleurs, fvestee pas lui qui Finite & Yapprentissage de la langue, de Vhistoir et de la grammaire ? Le pere a donc le prestige du maitre Cotte formation n'est pas seulement d’ordre intellectuel, elle concerne aussi la vie dans tous ses aspects. D/aprés E. Dolto, la mare est celle qui s'occupe de la maison tandis que Je pere s‘absente pour son travail. En conséquence enfant pense que le pare sait tout de la vie extérieure. C'est donc a lui de répondre & sos aitettes gn Temmenant découvrir ce qu'il y a d'intéressant hors de la maison et en choisissant les centres d’intérét en fonction de son sexe, Une fois dehors, enfant juge tout a 'aune de son pre, comme I'a écrit Kafka dans sa lettre. En initant son enfant, le pere Yarme pout la vie et favorise les conditions qui feront de lui un adulte qui n'a plus grand chose a crainde, Tel estle message que délivre le document iconique. Si le ptre y sourit son fils qui un pied léger prend son envol dans la vie, n’est-ce pas parce qu‘ lui a transmis ce qu'il savait D&s lors c¢ gorse peut se détacher de son pere, rompre le cordon ombilical symbolisé par la cravate et passer du statut du fs. & Fotui dt: pére, en un tranquille et éterel recommencement que suggerent les pluriols de la légende « Péres et fils » Les différents documents ont donc montré que si le pre s'impose par sa dimension corporelle évidente, il est pussl celui qui, sauf exception, recherche et dispense de I'affection tout comme il permet & ses enfants de comprendre la vie. Malgré la justesse de la plupart de ces propos, jestime néanmoins quis datent quelque peu. 1a répartition des roles a Fintérieur d'un ménage ne me semble déja plus aussi nette que les documents nee suggerent. Dans la mesure ot de plus en plus de femmes ont une vie professionnelle, eles ont maintenant les memes capacitss que les péres a expliquer le monde & leurs enfants. II y a aussi des familles, rares encore mais Tévolution est en cours, of le pere devient un véritable paps-poule qui soigne les blessures physiques et morales. ailleurs les peres contestent de plus en plus les décisions de justice qui leur refusent le droit de garde en cas de divorce, parce qu’ilssavent qu’ils sont aussi capables que les femmes & occuper des enfants et de la maison, Je Suis convainca que cotte mutation rest pas un mal dans la mesure oj, & mes yeux, Ie pére n’est pas seulement Thomme sévere et omniscient, mais que par sa douceur, sa comprehension, il mérite autant que la mére amour de oes enfants, Je considére dés lors que Ia these de F. Dolto est dépassée, tandis qu’E. Badinter, par ses critiques {mplictes, me parateannoncer image des nouveaux peres, celle qui, je r’en doute pas, finira par Simposer & Ia société. 14

Vous aimerez peut-être aussi