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Le discours de Socrate : la vérité sur l’amourC’est ce que Socrate va lui reprocher, comme il le reproche auxautres intervenants. Vous ne vous préoccupez pas de la vérité, leurdit-il en substance, vous attribuez  l’amour ! les qualités les plus"randes et les plus belles possible, vraies ou non, la #ausseté n’a$antpour vous aucune importance
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 '. (n d’autres termes : vous )tes dessophistes ou des po*tes + vos discours sont beaux, mais iis nepeuvent convaincre que des i"norants, point ! ceux qui savent  cuots’en tenir
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 '. Socrate, lui, est incapable de ce "enre d’élo"e. l ne saitdire que la vérité, quand il la conna/t, ou son i"norance, quand lavérité lui échappe. (n l’occurrence, sur l’amour, 01tii est ce qu’ilconna/t le mieux
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, c’est bien la vérité qu’il va dire. 3arce qu’il l’ainventée 4 5videmment pas, puisque toute vérité est éternelle. 3arcequ’il l6a découverte 4 7on plus. 8ais parce qu’on la lui a ensei"née. lla tient d’une #emme, 9iolime. elle-m)me experte en amour et qui #utson initiatrice.l est tr*s rare, dans toute la philosophie "recque et spécialementdans l’uvre de 3laton, que la vérité vienne d’une #emme
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. (t cen’est sans doute pas un hasard si c’est ustement sur l’amour quecela se produit. l m’est arrivé de dire, par bravade, que l’amour estune invention des #emmes. Les "ens en concluent par#ois que e necrois pas  l’amour, que l’amour, selon moi, n’existerait pas... <ien s=rque si > Les #r*res Lumi*re ont inventé le cinéma : cela ne veut pasdire que le cima n6existe pas + cela veut dire qu’il existe, aucontraire, puisque les #r*res Lumi*re l’ont inventé, et qu’il #aitdésormais partie, pour nous tous, du réel commun. 3as besoin d6)treinventeur, ni m)me cinéaste ou cinépnile, pour constater la réalité ducinéma > 9e m)me, quand e dis que l’amour est une invention des#emmes, cela ne veut pas dire que l’amour n’existe pas : cela supposeau contraire qu’il existe, $ compris pour les hommes, mais qu’iln’existerait pas si les #emmes n’en avaient pris l’initiative. Ce que eveux su""érer, par cette boutade qui n’en est pas tout  #ait une,c’est qu’une humanité exclusivement masculine ?cela aurait pu )tre lecas : la nature présente d’autres modes de ration que lareproduction sexuée@ n’aurait amais inventé l6amour. Le sexe et la"uerre auraient suA touours - disons, pour )tre moins incomplet : lesexe, la "uerre, l’ar"ent et le #ootball auraient suA touours >  setrouve que pour les #emmes, #ort heureusement, cela ne suAt pas.
 
(lles ont donc inventé autre chose, qui touche  la culture au moinsautant qu’ la nature ?mais la culture #ait partie du réel@, autre chosequ’elles ont vécu en tant que m*res, sans doute, bien davanta"e etbien plus tBt qu’en tant qu’amantes ou qu’épouses, autre chose quenous appelons l’amour, qu6elles se sont empressées d’ensei"ner aussiaux hommes ? leurs ls,  leur compa"non@, lesquels ont réussi peu pr*s  l’apprendre, de "énération en "énération, au point quepour les plus talentueux d’entre eux on pourrait presque oublier quec’est un rBle de composition...Due saurions-nous de l6amour sans les #emmes 4 Due saurions-nous de l6humanité sans les m*res 4 Eux anthropolo"ues de répondre,s’ils le peuvent. L’amour n’est pas donné tout #ait par la nature + il#allut donc l’inventer ou,  tout le moins, le cultiver. 3ourquoi les deuxsexes, dans cette histoire, auraient-ils un rBle équivalent 4 (tcomment le sexe, comme or"ane ou comme pulsion, pourrait-il $suAre 4 9ire que l’amour est une invention des #emmes, ou en #airel’h$poth*se, ce n’est pas prétendre que l’amour n6existe pas, ni queles hommes en sont incapables + c’est reconna/tre au contraire qu’ilexiste, $ compris pour les hommes ?au reste l’expérience le montreassez@, mais su""érer qu’il n’aurait peut-)tre Famais existé, en tout cas sous les #ormes due nous luiconnaissons, si ia partie #éminine de l6humanité n6avait entrepris, aul dos millénaires, de le #aire advenir. 8esdames, du #ond du cur :bravo, merci et continuez >L’amour comme manque8ais revenons au discours de Socrate ou de 9iolime. Celtederni*re n’est pas seulement une #emme + c6est une pr)tresse. (tsans doute n’est-ce pas un hasard non plus si, sur l’amour, la véritévient d’une #emme qui est aussi une pr)tresse - si l’amour a quelquechose  voir, d*s le départ, avec la reli"ion.Du’est-ce que 9iolime a révélé Socrate 4 Du’est-ce quel’amour, pour elle et pour lui 4 La réponse tient en une doubleéquation :
 Amour - désir - manque.
C’est la #ormule ma"ique de 3laton, et de l6humanité peut-)tre.Sau# que ce n’est pas de la ma"ie, et que cela ne cesse de nousséparer du bonheur et de nous-m)mes. 8ais n’allons pas trop vite.L’amour est désir
GH
, explique Socrate, et le désir est manque
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. Jn
 
peut en conclure, par transitivi, que ! l’amour aime ce dont ilmanque et qu’il ne poss*de pas
G
K ', qu’il désire ! ce dont il nedispose pas
IG
 ', ce qui n’est ! ni actuel ni présent
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 '. Commentpourrait-on désirer ce qu’on a ou ce qu’on est
II
 4 (t 3laton d’en#oncerle clou : ! Ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque,voil les obets du désir et de l’amour
GH
. ' C’est pourquoi l’amourn’est pas 9ieu - puisque le divin, lui, ne manque de rien. L’amourn’est pas un dieu mais un intermédiaire, un médiateur, un
daimôn
 ?unbon démon, pas du tout un diable, plutBt une esp*ce d’an"e, au sensét$molo"ique du mot : un messa"er ou un nterpr*te entre les dieuxet les hommes
I
@. <re#, Eristophane n’a rien compris : l’amour n’estpas complétude, mais incomplétude + non pas #usion, mais qu)te +non per#ection comblée, mais pauvreté dévorante. 5ros est le ls de3énia ?la pauvreté@ el de 3oros ?l’expédient, ia ressource@. Eussi est-iltouours pauvre, comme sa m*re, et touours en chasse, comme sonp*re,  la #ois sans domicile et sans repos, touours indi"ent et hardi,malpropre et rusé, avide et enchanteur
I2
. Comment serait-il comblé 4Jn n’aime que ce qu’on aésirc + on ne désire que ce qui manque. outamour est d’absence ?tant qu’il reste terrestre@ ou de transcendance?s’il s’él*ve ! au-dessus du ciel
IG
 '@. Vérité de la passion. Vérité de lareli"ion. ! l #aut )tre dans un désert, dira la plus "rande platoniciennedu xxM si*cle + car celui qu’il #aut aimer est absent
NH
. ' Ce désert, c’estle monde + cette absence, c’est 9ieu. Eb/me du platonisme : l’)tre estailleurs > l’)tre est ce qui manque > Oelisez le m$the de la caverne
N&
.C’est cet ab/me - comme un monde qui s’inventerait un Ciel - quel’amour en nous ne cesse de creuser.

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