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a SL _ eau i HORREUR, EROTISME ET GINEMA Le succés public des films d'épou- vante ne. s'est jamais démenti, mais un phénoméne relativement récent trans- forme ce succés en véritable triomphe. Des manifestations comme le Festival de Science-Fiction de Trieste, comme la Convention Francaise du Fantastique de Paris, ou comme le Festival du Cinéma Fantastique de Bruxelles, sont aussi révélatrices que la multiplication des salles spécialisées dans les grandes villes, ou que la brusque inva- sion de publications spécialisées (re- vues, livres, etc partout dans le monde : il ne sagit pas seulement dune mode, plus ou moins éphémére, mais égale- ‘ment dun vaste mouvement denthou- siasme, parfois proche du fanatisme, pour un genre naguére considéré comme mineur, et ironiquement méprisé par les gens dits «sérieux » En toute logique, ce phénoméne se déroulant parallélement actuelle flam- tisme. les films dépouvante ‘mélent volontiers, désormais, la plus agressive sexualité 4 leurs thémes habi- tuels, dautant que, de tout temps, le cinéma fantastique fut lun des plus «| bérés» qui soient, et quil ne méconnut jamais les charmes dros. I nous a paru intéressant de faire, sur ce sujet, un bilan & la fois anthologique et révélateur des nouvelles tendances de ce courant cinématographique, qui englobe le fantastique, le merveilleux, Thorreur pure, le « suspense » épicé et la parodie de tout cela, pour ne rien dire de la Science-Fiction, qui constitue un domaine voisin, parfois superposable au fantastique. Cest 4 un des meilleurs spécialistes du film d'épouvante que nous avons demandé de superviser cet imposant panorama, et de puiser parmi les documents rares de ses archives: cest sans doute la plus illustrée et la plus importante des sommes jamais pu- bliées sur lérotisme et lépouvante, que nous proposons 4 votre curiosité.. DOSSIER 75 LES VAMPS LEFFROI Griffue, couturée de cicatrices, a demi animale, sortie du tom- beau pour une nuit. promise au bicher ou animée par la foudre, la vamp fantastique régne en déesse sur l'érotisme horrifique. Pour étre vénéneusement mortelle, elle n'est pourtant ni moins belle, ni moins désirable, qu'une femme banale. Au contraire, ses surnaturels appats la parent dun charme supplémentaire, mor- bide mais efficace. L'amateur de frissons réve, secrétement, d'étre déchiré par les voluptueuses griffes de la femme-reptile, ou d’étre amoureusement initié au culte du sang par la femme- vampire : au cinéma, les sorciéres et leurs infernales sceurettes sont rarement vieilles ou laides. La plus noble (ou, tout au moins, la plus émoustiliante) con- quéte du cinéma fantastique est neanmoins, sans doute, la venus préhistorique : vétue (aussi peu que possible) de fétichistes et rudes fourrures, elle n'a point sa pareille pour délicieusement hurler de photogénique terreur, face aux féroces bestioles géantes que la fantaisie des scénaristes place sur son chemin. Au pays magique des femmes artificielles, des sirénes et des femmes-singes, la vamp des cavernes est reine.. de beauté. Elsa Lanchester, en créature faite de débris humains assem: ilés, animée par la foudre, dans «La Fiancée de Frankenstein » ¥ de James Whale (1935) Kirsten Betts, une vénéneuse file-vampire. dans rochette de midinettes des cavernes, pour « When Dinosaurs led the Earth », toujours un film anglais, mais de Val Guest ‘cette fois (1969). Alb téte dune tribu de chasseresses, Martine Beswick voue é de noires destinées son esclave Edina Ronay, dans «Femmes préhistoriques , décorativement mis en scéne en 1966 par le producteur londonien Michael Carreras. Don Chaffey revient au récit préhistorique, en 1970, avec « Creatures the world oul fait inventer le jerk par une vamp pein lurée, nudiste et antédil interroge sur Iutilsation possible de ce curieux animal: Italie weve» (1970) ‘Ayant capturé Senta Berger, [homme des cavernes Giuliano Gemma s' ‘Pasquale Feste-Campanie a truffé de gags pailards son film « Quand les femmes avaient une a LEGRAN DES MANIAQUES Dés Méliés et le cinéma forain, 'écran ne se priva guére de se peupler de monstres de tout crin. Sous les feux de fexpressionnisme allemand, ces monstres commencerent 4 sintéresser aux femmes, se mettant a pourchasser, dans la brume nocturne, les belles terrorisées pour en faire leurs douces proies, Cette tradition se poursuivit pendent ce que fon a appele ' «age dor» de lépouvante hollywoodienne (les années 1930): Bela Lugosi, linégalable seigneur de cette époque, incarna souvent un «monstre» séduisant, d'une étrange beauté ténébreuse, qui faisait fremir de désir, plus que depouvante, ses pantelantes «victimes » Ce fut néanmoins dans les années 1950 que le cinéma dhorreur s’érotisa le plus ouvertement, avec le soudain déchainement des cinéastes britanniques : Terence Fisher, John Gilling, Henry Cass et quelques autres ouvrirent un authentique nouvel age dor, pour le fantastique, en multi Muet encore, le cinéma commence trés t6t & précipiter dinno- centes pucelles dens les griffes de maniaques surgis de la nuit: ul Dagover, aux esthétiques évanouissements, et Conrad Veidt dans «Le Cabinet du Dr Calgari» (1919). de Robert Wiene. le chef-d'ceuvre de Texpressionnisme allemand. pliant des films ot lérotisme le plus agressif et le plus mor: bide — complaisamment montré, et non plus simplement sous-jacent, comme par le passé — se mélait 4 rhorreur brute. Le nu féminin partait 4 la conquéte des écrans démo: niaques: qui s'en serait plaint? Naturellement, les années 1960 virent s'accentuer définit- vement le phénoméne: ce ne furent que longs et délec- tables hurlements (de frayeur ou de volupté, on ne sait trop), de la part de dames de plus en plus dénudées, poursuivies par des cohortes de monstres surgis de la nuit. Et vampires, loups-garous, tueurs maniaques, démiurges et autres speetres vinrent, en rangs serres, faire leurs classes d’ob- sédes sexuels un brin sadiques. L «explosion érotique » de 1970, enfin, incita 'pouvante ‘cinématographique @ jeter par dessus les moulins la vertu de ses héroines, avec leurs derniers vétements : le Cinéma érotico-horrifique moderne pouvait naitre. Pendant Ixge dor» américain des années 1990, linégaleble Bela Lugosi personnifie fréquemment un «monstre» dont les femmes tombent volontiers amoureuses. Dans «La Marque du Vampire », de Tod Brownina (1935). est buveur de sana, et El zabeth Allan est pour lui une proie palpitante, et consentante. Durant Occupation, divers cinéastes fran raire. Dans «Les Visiteurs du soir» de Marcel Carné (1942), ct Diable Wules Berry) change deux amants (Alain Cuny et Marie Déa) en statues... Meis, 60 pierre, leurs cceurs continuent de batte a Munisson. er I a sie ane aaron ernaeomnne ier Phyllis Kirk est agressée par Vincent Price, le fou meurtrier, hhéros de «L'Homme au masque de cre», un agréable film de série réalisé & Hollywood (en 3 dimensions) par André de Toth (1953), Un des premiers films mélant fantastique, horreur pure et tisme agressif: «Le Sang du Vampire », du Britannique Henry Cass (1957), avec Victor Maddern en nabot défiguré qui persé- ‘cute Barbara Beck, prés dune autre victime enchainée. Patricia Blake est menacée par les horribles créatures (Lon Chaney Jr. John Carradine, Tor Johnson, George Sawaya et Phylis. Stanley) fabriquées par un savant dément: photo de tournage du bizarre film de Reginal Le Borg, « The Black Sleep » (1956) ‘maux: Robert Mitchum incarne un pasteur en proie & une froide folie criminelle, dans « La Nuit du Chasseur », funique film réalisé (en 1955) par Charles Laughton. Ici, le prétre meurtrier assas- sine, avec un calme effrayant, la femme quil vient dépouser: En 1957, le Mexicain Fernando Mendez réalise «Les proies du vampire » («El vampiro, le buveur de sang »). Dans le sillage dun couple de vampires, cette fantématique vieille femme y hante ¥ _les passages secrets dun caste! gothique. Muette, linfortunée Yvonne Romain, emprisonnée avec un homme retourné & I’stat animal (Richard Wordsworth), ne peut hurler: elle sera violée et, engrossée, donnera naissance d un petit lycanthrope. Tel est le theme de «La nuit du loup-garou» (1961), du maitre de Tépouvante anglaise, Terence Fisher. Les charmes du «thriller» horrifique allemand : géant, aveugle et ‘meurtrier, Iétonnant Ady Berber veut faire un mauvais sort é la pimpante Karin Baal dans «Les mystéres de Londres » (1961, le meilleur film du prolifique, inégal et méconnu Alfred Vohrer. A son apogée, le «péplum- italien, déjé volonti aborde de front le fantastique. Dans « Hercule contre les vam: pires, de Mario Bava, Hercule Reg Park) empéche Thésée (Giorgio Arcisson), avec quiil est descendu en Enfers au centre de la terre, de se jeter dans les bras tentateurs dune belle da. ‘esse légérement vétue. 1961 : LEspagnol Jess Franco signe avec «L horrible Dr. Oriof» son premier fil dhorreur. Dans ce frénétique film gothique, le hideux aveugle Morpho (Ricardo Valle) traque de pulpeuses femmes, qui éveillent en lui les plus étranges des désirs. ui) et angoisse, dans im», dAlbert Zugsmith ‘4A quelles inavouables fins a-t-on enchainé cette malheureuse, prés dun profond puits grand ouvert ? Tout simplement pour que le monstre de service, love au fond du gouttre, vienne la saisir. Roger Corman filme habilement cette périoétic de «La malédiction dArkham» («Le Palais hant Epouvant itionnisme : voici venu le temps des japonaises. Une image du célébris: ¥_sime «Barriére de chair», de Kiyonori Suzuki (1964). A Crucifiée, fcelée, dénudée, [éternelle héroine des films dépou- vante représente, plus que jamais, comme chez Sade, linfortu- née et naive Vertu bafouée par le Vice, le mal et le male: une image du film italien dAnthony Khristie «Le manoir maudlt» (1963), Blood feast» (1963) de Hershell Gordon Lewis, s’eforce avec application détre aussi sanglant que possible, tout en sacrifiant v 4 un érotisme traditionnel \Lérotisme horrifique fait école : on le retrouve dans le complai- ‘sant «reportage des ltaliens Gualtiero Jacopetti et Franco Prosperi «Lincroyable vérité »-(« Mondo Cane re 2»), en 1964, Une constante de lérotisme morbide des films dhorreur: le fétichisme des mannequins inanimés. Une image de «Six y femmes pour assassin» (1964) de Mario Bava A Sylvia Sorrente toute nue? Le spectacle serait banal si elle nin: carnait pas une vampirique femme- fantome, dans le frénétique «Danse macabre» (1964) de Italien Anthony Dawson Antonio ‘Margherit Crue! Paul Miller! Ii fait dodieuses popouilles & son Spouse attachée et troussée (Barbara Steele) dont Tamant de covur, li. goté et ensan- Glanté, ne peut uére intervenir I Sagit dune scene des —«Amants dloutre-tombe » (1965) 24 Les dames s‘expliquent: Martine Beswick, belle reine des Ama- zones, trucide par empalement sa sujette Caro! White dans «Femmes préhistoriques» de Michael Carreras (1966). Rien ne va plus pour 'émoustilante Carita, promue «La reine des Vikings » par FAngleis Don Shaffey en 1967, dans un caraco- lant film érotico-historico-hystérique: les vétements en lam beaux, la malheureuse souveraine est plus meltritée quune esclave. Jane Fonda, futuriste (et libertine) vamp de espace, est enlevée par les robustes bras de, lange aveuple John Philip Law, dans appliqué « Barbarel- la» que Roger Vadim ‘mit luxueusement en scéne en Italie (1967. ‘ALe vampire, le loup-garou et la belle au sein dénudeé, dans « Dra- ‘cula's, Liisterne Vampire » (e Dracul, vampire du sex» ou « Dra- Cula, sex-vampire ), film germano-suisse de Mario dAlcala 1970. ‘4 (Une image symbolique de la victime dans les films dhorreur: rue, attachée, écartelée, offerte aux pires convoitises, dans une Scene Géservéa 4 Pépoque, 4 Fexportation) du premier fn de Jean Rolin, soul spécialiste francais du fantastique érotique, «Le Viol des vampires» (1967. Une trés réelle cérémonie magique (et orgiaque). flmée en 1969, en Angleterre, par Malcolm Leigh, dans « The Legend of the Witches». Ce sulfureux film ne sortira en nos contrées que y trés gravement tronqué (sous le titre «Messe Noire») Mh 4 a Za ~ | Pret : ie a A, ar beara) Frankenstein ca Oa ert Sexe ——————— Une admirable image classique d'un admirable film classique : le Monstre de Frankenstein (Boris, Karlof?, face & la femme, frémissante en sa virginale robe de mariée (Mae Clarke). que doit épouser son créateur, dans «Frankenstein» de James Whale (1931). On connait la legende du Baron Frankenstein, ce savant qui, avec des debris macabres, veut fabriquer un étre humain. La foudre anime sa créature artfcielle, mais celle-ci se révéle étre, physiquement, un monstre. Boris Karloff, en 1931, incarna si magistralement le Monstre de Frankenstein que, pour le grand public, la créa- ture prit volontiers le nom de son créateur (souvent encore, on dit «Frankenstein» pour désigner le Monstre créé par Celui-c) : "histoire jadis inventée par Mary Shelley ('épouse du grand poéte anglais) entrait dans la mythologie cinéma tographique. La saga filmique du Monstre de Frankenstein allait étre considérable, et elle se dégrada, parfois, quelque peu. Mals, de film en film, demeura une constante : lattirance du cher 28 Monstre pour le beau sexe. On le vit, en 1935, exiger de se voir donner une «fiancée», comme lui faite de débris humains. L'expérience s'étant soldée par un apocalyptique échec, le Monstre se contenta longuement, ensuite, de tra: quer les belles et de jouer a les transporter dans ses puis- sants bras, joliment évanouies. Avec le phénoméne du « nu- die» américain, ses instincts libidineux se réveillérent enfin, ‘et ce fut en compagnie de dames anachroniquement nues quon le vit alors frequemment. Dans plusieurs films, le Monstre n‘hésita point, par amour pour la féminité, a lui méme devenir du sexe faible! Le mythe frankensteinien, aujourd'hui, est plus vivant qué jamais ; ei, plus que jamais, le bon vieux Monstre se montre assidu auprés des femmes. Pour étre laid, le bougre n’en Pas moins bon goit Le savant Fran Kenstoin (Colin Clive) et le de miurge Pretori mest Thesiger) présentent — au Goris gulls fui dest ont (Elsa Lan- chester, dans le Le nabot Igor Bela Lug voudrait bien que son ami le Monstre (Lon Chaney Jr) n’em: froyables seins?) _ Evelyn Ankers qui. de vo- évanouie ses bras. dy foul etonesque «Le spectre de Fran- kenstein» (1942), du_méconnu Erle . Kenton, 4 Co mest pas linterprete off Ciel du Monstre (Bela Lu gos) mais sa doublure (Ec Parker) qui dans «Fran kenstein rencontre le loup garou», de Foy Willam Neil 4943) kidnappe lami gnonne llona Massey inévi tablement inanimée. Culturiste, mais nanti dun faciés carneavatesquement hideux, le jeune Monstre (Gary Conway) posséde de fibidineux projets envers la blondinette Phyllis Coates: «/ was a teenage Frankens- tein», le film «pop» avant la lettre dHerbert-Lee Strock 1957), est caractéristique- ment distribué en Belgique sous le titre « Des files pour vy Frankens ‘Le Monstre Warren Ames) devenu carrément érotomane, Encore le Monstre (Fred Coe) faisant joujou avec une starlette pend ivraison dune figurante nue. photo de tournage du snu- nue: photo de tournage de «La vie sexuelle de Frankenstein», Wie» de Robert-Lee Frost «Le Vampire érotique» (1962. un «nudie» signé en 1963 par le producteur Harry Novak Devenu figurant anonyme, le bon vieux Monstre brise ses liens et fait peur 4 limpru- dente qui a, devant lu, effec tué un savant strip-tease, dans fun des sketches de «Sexy Super Interdit», film de music-hall italien troussé par Marcello Martinelli 968), 3 2 rigolard, le Monstre ohn Bloom) s’empare un gina Carrol, dans « Dracula =) Al femme, dont il exhibe lintime chérie» (1967), un court métrage (et anonyme). ‘4 Chanteuse de bastringue, Josiane Gibert montre ses jambes Gétichistement gainées de soie noire), et excite ainsi la convo ‘o-strangulatoire du Monstre (Fernando Bilbao), e7 marge al tournage de «Dracula prisonnier de Frankenstein (1971), de Jess es monstres amoureux Lillustre exemple de la glorieuse créature de Frankenstein fut suivi par dinnombrables autres monstres : gorilles gigantesques, momies vivantes et autres personages cauchemardesques allaient promptement, a leur tour, se prendre de passion pour le beau sexe. On vit, ainsi, le titanesque King Kong s prendre maine, et Messire Satan follement dune minuscule hu- ne dédaigna point de venir honorer virilement les charmes de ses ado- ratrices. Et, surtout, on vit les légions de monstres sap- pliquer, 4 Vinstar de leur collégue créé par Fran- kenstein, 4 pourchasser les dames pour les ter, inlassablement, de film en film, mignonnement inanimées. Pour conserver le petit bout de femme (Fay Wray) dont il est amoureux, le gorille géant livre un ‘combat mortel contre un ptérodact maitresses de « King Kong, la bouleversante. tyle préhistorique (.. et sans doute jaloux): une des scénes histoire d'amour fou filmée par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack (1933). Peeriuae retootes eed a ae ry Surhomme mexicain dote de powvoirs quasi magiques, El Santo Tirte avec une danseuse du ventre dans - El Santo contro les er aN Cae Ce aL ‘Patricia Hermenier, sous les runes hantées, dans «Les démo ere a a ea ar ee eg ¥ francais de Michel Lemoine, «Les chiennes - (1973). ‘4 Zombie assez impressionnant, Noble Johnson est sorti de la tombe pour terroriser Paulette Goddar moulée dans un mai ‘anachror fot de bain, dans «Le Mystére du cha it», une parodie de George Marshall (1940). < Ments doublement contre nature, tr s étreintes bes: ‘que semble ui proposer thomme-crocodile (Richard ‘dont Roy Del Ruth fait la vedette de «The Aligator People» (1959) ‘Nue, Lieva L "Dem 1@ est, pour Messire le Démon (Misha Zivomir, proie pleinement consentante, dans «Les vaques, de Jean Rollin (1973) Dans son bizarre « Captive Wild Woman » (1943), Edward Dmy- tryk méle subtilement le lesbianisme a la bestialté : nantie d'un cerveeu de jeune lady et dun corps dorang-outang méle, la femme-singe Paula Gouge par Acquanetta). mue per des sent isporte inconsciente Fay ie un jeune marié porte son épouse au seuil de la chambre nuptiale. Helm, cor Signe du temps (et du MLF2: en 1973, cest la femme-vampire qui transporte gail proie masculine dévétue | (une image du film espagnol de Léon Kiimovsky «La Or de las Vampira») inte (Eddie Powell), cette ze adroitement_entrovoi ns le film anglai mie » (1966) ja Nocturna LE CHARME DES URMPIRES Sortis, dés la nuit tombante, de leurs sépultures pour venir se gorger du sang des vivants, les vam- pires sont, de loin, les plus fascinants des grands maitres d'outre-tombe dont le cinéma a conté les aventures. Depuis Bela Lugosi, en effet, le vampire inspire iment plus didées libertines que de terreur: sa morsure — ou plutdt, son baiser — est connue pour étre voluptueuse, et n‘apporte-t-elle pas 4 ses «victimes » une jeunesse et un amour éternels, aux- quels la froideur du tombeau donne un pervers charme morbide supplémentaire ? Dailleurs, le vampire n'est ni laid, ni repoussant Et, fin psychologue, ila su se mettre au gout du jour, senhardir prés des dames: désormais, il nhésite guére les mordre en des endroits beaucoup plus Coquinement intimes que le cou, et a enjoliver Iini tiation vampirique de douces papouilles, dont on aurait pu le croire dédaigneux. ie i ‘A Le plus hallucinant couple de vampires de toute Ihistoire du cinéma: il est évident que, dans ces conditions, la femme- Caro! Borland et Bela Lugosi, dans le vénéneux film de Tod Browning «La vampire est plus venéneusement fascinante encore ‘Marque du Vampire» (1935) que son compére masculin : cette belle tenébreuse F soni lreavole cour dees coo wes lonaus Coreen ra Cs ra) perce ats dents trop blanches, promettre toute linfinité des fg version espagnole de «Dracula» (1931), réalisée par George Melford voluptés interdites. v dans les décors du film (américain) de Tod Browning. at =i Sc ie 4 Fascinée. la femme davient lesclave docile du vampire. ce mai tre autoritaire, mais dispensateur de voluotueux pleisirs inter. dits: Bela Lugosi et Helen Chandler dans «Dracula » de Tod Browning (1931) On ne fera jamais assez remarquer combien la morsure du vampire s'apparente 4 un baiser, mortel et scandaleux (au sens sadien de ce terme): léquivoque et remarquable David Peel dans «Les maitresses de Dracula», du Britannique Terence Fisher (1960) > Permanence des gestes rituels de I’érotisme vampirique : Chris- topher Lee et Veronica Carlson dans « Dracula et les femmes » de "Anglais Freddie Francis (1968) Les temps sont & la décolonisation : Dracula fait un disciple noir Wiliam Marshal) en 1972, dans «Blacula» cuisiné par Willa Crain Ténébreux séducteur sir de son charme, Dracula (Christopher Lee) n'a qui tendre les bras pour que, fissonnante, sa future Victime s'y jette avec extase : une scéne de « Une messe pour ¥ Dracula», réalisé en Angleterre par Peter Sasdy (1969). ‘plus prometteur quiun vi nd, elle aussi, ses bras, mortelles éveintes dens »Chi O Suu Mix (Lake of Dracula 1 noto (1970) ‘échaneré, se dressant du cercueil er ee ae sce dente ie lone Te moins désirable, parce qu'on la sait donneuse de mort, 0 plus exactement, de vie éternelle ? ci Ingrid Pitt dans «La mai ‘son qui tue», de Peter Duffell (1970) ‘A Sa coquine nuisette allégrement ouverte sur la poitrine, la fem- a Les vampirettes ne dédaignent point les doux charmes du sa ‘me-vampire (Madeleine le male, dans « fa, de John Hough (1972) vampires se modernisent et, é Iheure des sex- nt pour la libéralisation du nu: dans «L‘horrible vampire sexuel>, film hispano.talo-allemand de José-Luis Mahi Delaveres (1970), c'est sur leur sein uérude que Walde mar Woblfahrt mord ses proies. Yutte Stensgaard dans « Lust for a vampire», de lex ‘scénariste britannique Jimmy Sangster (1970. Et voils ! Dracula (Vince Kelly) est devenu si obsédé par le sexe le bougre, quil oublie presque de mordre les jolies files qui collectionne, nues et ficelées, et quil adore peloter comme un vulgare amant mortel, dans le sriudie» de Willen Edmards «Dracula, ce vieux cochon» (1989) ue) chez les vampires: Dracula (Paul Naschy) et ses compagnes (en déshabillés vaporeux), dans «Le grand amour du comte Dracula, petite bande ibérique de davier Aguirre (1973) Encore une chauve-souris vampire. Mais les moeurs évoluent,k censure aussi: c'est directement au sexe de sa victime enchai née que siattaque désormais la sanguinaire bestiole, dans « Fe- uiem pour un vampire», du francais Jean Rollin (1971) Quand le Mal attaque le Mal: cet étonnant (et fort bref plan du fim anglais « Le beiser du Vampire », de Don Sharp (1962) mon- tre une chauve-souris vampire trucidant une vampire humaine sobel Black), en dégustant le mets de choix quest une belle 3. De surat cela permet aux amateurs de jeter un coup fans le film trang: » Gla co , signé LP. Johnson D de Karstein (Lina Fomay) La voluptée dela mort ‘Au cinéma tout au moins, la mort n'est guére menacée d'étre condamnée pour son intensif usage de faux: Vactivité de la Grande Faucheuse, en effet, vaut au cinéma fantas- tique quelques-uns de ses plus beaux mo- ments. Laissons 4 Georges Batallle, et autres peu joyeux philosophes du sexe, le soin d'expliquer la nature de cette trouble volupté quins- pire lidée de la mort, et bornons-nous a consta- ter que, sur les écrans, Madame la Mort se pare trés volontiers de mille spectaculaires at- traits. Les héros du cinéma d'épouvante sont sou- vent hantés par la mort. Et, fréquemment ni crophiles, ils transcen- dent l'ancestrale terreur humaine en une sorte de féte morbide, dont les fastes érotiques sont étrangement pho- togéniques. Lépouvante cinématograp se référe volontiers au fét chisme nécrophilique tradition- nel, assalsonné de nuaite agressive : Edna Houillon dans le court. métrage expérimental canadien « Héloise, ou la veuve au vagin denté », de Jean-Etien- ne Beaujean (1972), a La jeune fille et larsenal de la mort: une image du film de Jean Rollin «Le frisson des vampires» (1970), > «Lienterré vivant», de Roger Corman (1961), i- lustre pleinement _ fob- session de la mort pro- pre aux héros des films dhorreur: Ray Milland se penche ici avec davan- tage de convoitise que de répulsion, sur le cada- vre de la femme aimée. 46 Morbide par définition, lérotisme fantastique adore, au cinéma, pré. ‘senter de pulpeuses files dans le macabre écrin diun cercueil: ici Lin- a Flogers en marge du tournage de « The comedy of Terrors» («Les Y —contes de la terreur=) de Jacques Tourneur (1963). En 1971, cest toute nue quion place la demoiselle dans le cercueil: > une image de «Burke and Hare», un remeke (anglais, sexy, et. trés languissand de =Limpesse aux violences.», oi au vétéran Vernon Sewell L EROTISME ET L EPOUVANTE DANS LE CINEMA MODERNE On aurait tort dimaginer que le cinéma d’épou- vante, aprés tant d’années de productions, stest essouffié, a épuisé son inspiration, est devenu moribond. Au contraire, il entre dans une nouvelle ére de prosperité, et les films d'horreur — quelle que soit encore, a leur égard, la méfiance des esprits cha- grins.. et des critiques culturels — se multiplient, avec un succés croissant. Les pays les plus inat- tendus en produisent en quantité : les Philippines, Hong Kong, la Finlande, le Danemark.. et méme, 6 surprise, la France et la Belgique, qui possédent leurs cinéastes spécialisés! Une évolution s'est faite — avec laquelle; au demeurant, le cinéma fantastique a parfois perdu Dans «Les Diables » (1970), Anglais Ken Russell utilise, avec un sens consommé des recettes commerciales, le nouveau poncif de Térotisme fentastico-culturel: le sacrilége décoratif et inoffensit un peu du secret de son romantisme noir. La libé- talisation de la censure, jointe a une certaine satu- ration des «effets» horrifiques habituels, a pro- gressivement amené le cinéma d’épouvante a mieux mériter son appellation: aujourd'hui, on montre ce quion suggérait naguére, et tant pis sile fantastique y laisse une part de son mystére ! On nhésite plus a insister sur les détails les plus san- glants, les plus violents, les plus horribles, les plus sordides et les plus morbides. Parallélement, bien sir, l'érotisme est devenu aussi constant et aussi aponais Eiichi Yamamoto (1973), montre cet énigmatique visage de sorciére, dévoré de flammes — qui ne le rendent que plus tragiquement beau. Cette damnée fut une des vedettes du der- nier Festival de Bruxelles.. Nécrophille et saphisme, dans « Sir Harry's Coffin», de "Anglais Robert Streisand (1973) Devant le cercueil de verre ou git son mari Tony Cades), Lady Vera Enea Schreiber) fait fa gatante ¥conquéte dune file déjé nue (Andrea Cromarty) Nue dans un cimetiére, promue sorci Frangoise Pascal uffe ses sens prés dune tombe en fev: de fer», de Jean Rolin (1973). S'ppréte 4 placer le corps dun de leurs parents! ‘ALe nain Torben incarne un bien peu banal collectionneur de femmes nues, quil torture dans un grenier, avec la complicité de madame sa mere (2, dans le film anglo-danois de Vidal Raski (1973), « The dwarf» (ou « The sinful dwarf=), présenté margina- lement au Festival de Cannes et diffusé en Belgique sous le ttre «Le nain débauché » (ou «La mansarde du nain débauché ») a Sous alle protectrice dun Ange Noir. Lieva Lone est un Spectre ensanglanté mais troublant dans «Les démoniaques », de Jean Folin (1973) ‘4 Possédée par lesprit du Malin, ladolescente Regan (Linda Blair) ‘hystérique, prend. a montrer son corps par contre-jour, un mal ‘sain plaisir que réprouve trés moralistement Willam Friedkin, le réalisateur de «Lexorciste » (1973). 4, film francais. si. gné J.B John- on (1974) mais lb messe noire que ménent Lina Romay et France Nicoles, sur le corps renversé nu de Catherine Lak feriére, reléve dun esprit av- trement plus maléfique. Linfortuné Bo- b ris (Stéphane Shandor) ne peut savoir si Sa_compagne Madeleine (Ne thalie Courval) est bien une file réelle, dans sa ravissante nudité, ou sil Sagit dun des tres infernaux qui semblent peupler «La grande _ trouil Te», du francais Pierre Gruns- tein (1974), ‘abominations. et cinéma sexy: une seéne-choc de monde il en a deux», film francais signé Michel Gentil 978. Carlson) est rehausse par la'splendeur de la mode «rétro», dans «The ghouls» (1974, du Britannique Freddie Francis. A tout Seigneur, Jhonnour du mot de lafin. Dane lo dé métrage belge de David Mc Soubirous » (1974), Dieu lutméme accueile Bernadette Viviane Called dans un paracls ou régne le plus fantasste des liberi rages. Désormeis, e musée des affiches ariolée, suggestive, prometteuse et racoleuse, souvent trés belle iusque dans le mauvais gout, laffiche refléte, a travers les ans, les gudaces du cinéma fantastique: en voici un éventail, dont le baroquisme fait réver.. rineetle rs Al si . [oe tr Se OE Tr ce re re PU erg a TTS Te ATCT IVERDWENEN LICHAME! ~ MARK DAMON ns ADH GRAVY NA CHM INE emg uy SEKS DUIVELS & mei LN j i 13 FIANCEES DE SO aN = JEN FU MANCHU ue, atone Aphoe Goel, 9 S20, Grane a aa ii! EERE

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