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Universitas magistrorum et scolarium

Universitas magistrorum et scolarium :


Remarques sur l’Université du Luxembourg


Als wir im losen Mummenschanz getobt,
Da hat man unsres Witzes Salz gelobt;

Doch als die Wahrheit wir im Ernst gesagt,


Da wurden wir, die Jäger, selbst gejagt.

Wir irren heimatlos, geächtet, arm


Und essen fremdes Brot in Not und Harm.

Die Pfäfflein, denen unsre Hetze galt,


Sie tafeln alle noch gesund und alt.

Die Mönchlein, die wir kniffen bis aufs Blut,


Sie bechern alle wieder wohlgemut;

C.F. Meyer, Huttens letzte Tage, IX Epistolae Obscurorum virorum / Briefe der Dunkelmänner1

1. On ferme boutique

En catimini, on ferme des départements à l’Université du Luxembourg : ad patres, le


département de latin, en Sibérie, le département de géographie, arrivederci, le département
d’italien …2. Alors qu’on aurait dû ouvrir des départements et des sections — une section
de langue et de littérature portugaises par exemple —, mettre sur les rails de nouveaux
enseignements — un cours de langue et de littérature latine du moyen-âge — les
apothicaires de l’administration et des innombrables conseils universitaires entendent faire
leurs économies à la petite semaine et démontent à qui mieux mieux.

1
http://gutenberg.spiegel.de/cfmeyer/hutten/hutten02.htm.
2
Il n’y a eu aucune déclaration officielle, l’opération ayant été conduite dans une absence totale de
transparence. En tout cas semble-t-il, bien que quelques cours aient été maintenus, il n’est plus possible de
commencer un premier cycle études dans ces matières-là à l’UdL ; sur la situation des études classiques à
l’UDL, cf. l’article de (Deitz, 2004, 27, 29) : Denn obwohl noch immer völlig unklar ist, wer die Universität
leiten soll …, aufgrund welcher Kriterien die hauptamtlich Lehrenden eingestellt werden …, welche
Forschungsschwerpunkte wie festgelegt und umgesetzt werden sollen …, stehen die ersten Verlierer bereits
fest: es sind – wen wundert’s? – natürlich die Geisteswissenschaften, allen voran die alten Sprachen, die
man fortan in Luxemburg nicht mehr als Hauptfach wird studieren können. … Wenn man sich vor Augen
führt, dass die ersatzlose Streichung der klassischen Philologie an der Universität Luxemburg nicht ein
beliebiger “fait divers”, sondern in höchstem Maße emblematisch für eine geschichts- und gedächtnislos in
ihren eigenen Untergang torkelnde Gesellschaft ist, kann man sich nur wundern, dass sie so
unwidersprochen hingenommen worden ist und wird. Es beschleicht einen ein Gefühl der Ohnmacht
angesichts einer Bewegung, die weder Grenzen noch Ziele noch Programme kennt. Sollte am Ende doch
Fontane recht behalten, der da meinte, der sogenannte zivilisatorische Fortschritt entlasse seine Kinder
eines Tages als nichts anderes denn als “elektrisch beleuchtete Barbaren”? http://www.forum-
online.lu/textarchiv/2004/240/2004_240_Amnesie_und_Barbarei_ld.htm

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Cette politique de fermetures intempestives et inconsidérées, qui finira par briser la


dynamique du départ et étouffer l’originalité tant vantée du projet, révèle en fait un malaise
plus profond3 dont nous tenterons d’analyser ici les différentes facettes4.

2. Un départ manqué

Dès sa création, l’Université du Luxembourg a été confrontée à une série de problèmes


d’ordre structurel et idéologique.

2.1. Les problèmes structurels

2.1.1. Les structures décisionnelles

Tenter de décrire les structures décisionnelles de l’Université du Luxembourg relève de


la gageure.

En effet, ces structures sont beaucoup trop nombreuses, trop cloisonnées et pour
certaines trop éloignées des véritables problèmes du terrain pour être en mesure de garantir
un fonctionnement efficace de l’université.

La loi du 12 août 2003 Mémorial A-N° 149 du 6 X 2003, prévoit dans son titre 3 Des
composantes et des organes de l’Université, art. 28, pp. 2994-2997 et titre 6 Des
relations avec l’Etat, du financement et de la gestion financière art. 52, p. 3002 huit
structures décisionnelles, à savoir :

1. le conseil de gouvernance ;
2. le commissaire de gouvernement ;
3. le rectorat ;
4. le conseil universitaire ;
5. le décanat ;
6. le conseil facultaire ;
7. la commission consultative scientifique ;
3
Sur les problèmes à l’UdL, cf. l’article bien informé de Michel Pauly, "uni.lu nach dem Sommergewitter",
F o r u m , 239, IX, 2004, http://www.forum-
online.lu/textarchiv/2004/239/0409_239uni_lu%20nach%20dem%20Sommergewitter.htm.
4
Le projet UdL est très bien documenté sur internet : les textes législatifs — la loi et le dossier parlementaire
— sont accessibles à partir du site L e g i l u x, Mémorial A sous "Université du Luxembourg",
http://www.legilux.public.lu/; un dossier très complet se trouve sur le site du gouvernement luxembourgeois,
http://www.gouvernement.lu/dossiers/education_jeunesse/universite/; des dossiers bien fournis peuvent être
consultés sur les sites du Lëtzebuerger Land, http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/ et du
Forum, http://www.forum-online.lu/forum/themen/schule/start.html.

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8. le directeur administratif.

Le pouvoir est en réalité concentré dans deux structures, le conseil de gouvernance,


d’un côté, le rectorat, en fait surtout le recteur, de l’autre.

Ces deux structures n’ont aucune légitimité démocratique5, les membres du conseil de
gouvernance étant nommés par le Grand-Duc sur proposition du Gouvernement en
conseil6, le recteur et les vice-recteurs étant désignés à leur tour par le Grand-Duc sur
proposition du conseil de gouvernance et après consultation du conseil universitaire7. Les
deux groupes véritablement fondateurs de la communauté universitaire, les enseignants et
les étudiants n’y sont pratiquement pas représentés.

Elles dépendent également étroitement l’une de l’autre, le rectorat préparant les


grandes décisions qui sont ensuite arrêtées par le conseil de gouvernance : « Outre la
gestion journalière, le rectorat exerce les attributions suivantes :… b) il élabore la
politique générale et les choix stratégiques de l’Université; c) il élabore le plan pluriannuel
de développement visé à l’article 44 ; d) il élabore le projet de budget et le budget annuels;
…8» ; « Le conseil de gouvernance arrête la politique générale et les choix stratégiques de

5
Sur l’absence de principes démocratiques dans l’organigramme de l’UdL, cf. l’article de F. Anton, "UdL,
l'école Anormale supérieure de Luxembourg ?! " publié dans le Lëtzebuerger Land du 14 II 2003,
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/aecs_unilux_140203.html: … « 5. Une organisation
interne féodale. L'université sera dotée d'un conseil de gouvernance, composé uniquement de personnalités
externes nommées par le ministère. Ce conseil, qui nomme à son tour un rectorat de cinq personnes (trois
suffiraient probablement), prend toutes les décisions importantes sous réserve d'approbation par le ministère.
En cas de discordance, le ministère impose sa décision. En outre, le Gouvernement peut à tout moment
révoquer le conseil au complet ou chacun de ses membres. Voilà une conception bien féodale de l'autonomie
annoncée ! Un deuxième conseil, le conseil universitaire, de 25 membres dont neuf seulement sont élus par
les professeurs, « avise l'ensemble des décisions du rectorat avant que celles-ci ne soient soumises au conseil
de gouvernance ». De plus, le recteur, personne toute-puissante, est le chef hiérarchique de tout le personnel
et préside ce conseil universitaire. Dans ces circonstances, non seulement le conseil universitaire n'aura
aucune influence sur la politique de l'université, il lui sera même impossible de formuler le moindre avis
discordant. » ; cf. également l’avis très critique de la Chambre de Travail, (Projet de loi portant création de
l'Université de Luxembourg: Avis de la Chambre de Travail 2003: 2): « Outre ces quelques exemples devant
montrer la mauvaise lisibilité du projet, d’autres critiques peuvent être faites, entre autres: – le modèle
autoritaire de la direction de l’université; – le caractère très relatif de l’autonomie par rapport au pouvoir
politique; … ».
6
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: Art. 19, p. 2994).
7
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: Art. 21, p. 2995); sur ce
problème, cf. (Zotz 2002): Warum schließt die Regierung, indem sie die Leitungsebene ausschließlich mit
universitätsfremden Persönlichkeiten besetzen will, wiederum die Lehrenden und Forschenden vom
Mitgestalten bei grundlegenden Entscheidungen und der Wahl des Rektors ihrer Universität aus? Dieser von
Dondelinger vorgestellte Aufbau entspricht jenem der katholischen Universität Louvain und ist für einen
weltanschaulichen Tendenzbetrieb berechtigt, dem es um die legitime Wahrung einer grundsätzlichen
Orientierung geht, auch unter dem Gesichtspunkt, dass hier lange und funktionierende Traditionen walten.
Der neu zu gründenden autonomen Universität eines pluralistischen demokratischen Staates ist er unwürdig.
Schon den preußischen Reformern war klar, dass man die Universität nicht obrigkeitsstaatlich führen kann
wie ein Amt.
8
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: Art. 22, p. 2995).

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l’Université et exerce le contrôle sur les activités de l’Université. Pour ce faire, il :… f)


arrête le plan pluriannuel de développement de l’Université visé à l’article 44 ; … h) arrête
le projet de budget et le budget annuels; … 9».

Si on sait que le conseil de gouvernance est composé de personnalités exerçant leur


mandat à côté de responsabilités importantes et prenantes dans le monde universitaire et
économique et résidant souvent loin du Luxembourg10, si on considère d’autre part que les
décisions du conseil de gouvernance peuvent être invalidées par le commissaire du
gouvernement, véritable éminence grise du pouvoir11, les blocages et les
dysfonctionnements des organes décisionnels essentiels de l’Udl sont inscrits dans le texte
même de la loi.

Dans son avis sur le projet UdL, le Conseil d’Etat avait d’ailleurs attiré l’attention du
législateur sur les risques de blocage du processus décisionnel dans des structures si
complexes : « Dans le projet de loi sous examen, les organes tant consultatifs que décisionnels sont
nombreux : le conseil de gouvernance, le rectorat, constitué du recteur et des vice-recteurs, auquel il est
adjoint la commission consultative scientifique, le conseil universitaire, ainsi qu’au niveau de chaque Faculté
un doyen, assisté d’un conseil facultaire, l’ensemble chapeauté par le commissaire du Gouvernement.

Certes, les attributions des uns et des autres sont strictement circonscrites et ces structures sont censées
être les garantes d’un fonctionnement transparent et efficace de l’université à créer. Toutefois, cette
abondance d’organes ne risque-t-elle pas de constituer une source de conflits et d’allonger considérablement
les procédures et les prises de décision ? Il conviendra donc d’éviter à tout prix des blocages susceptibles
12
d’entraver le fonctionnement et le développement de l’université à créer .»

9
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: Art. 19, p. 2994).
10
Le Conseil a finalement procédé à la nomination des membres du Conseil de gouvernance de l’Université
du Luxembourg, dont la mission est d’arrêter la politique générale et les choix stratégiques de l’Université et
d’exercer le contrôle sur l’établissement: - M. Michel Goedert, chef de groupe au laboratoire de
neurobiologie de l’Université de Cambridge (sciences de la vie); - M. Gérard Hoffmann, directeur et
président du conseil d’administration de Telindus SA Luxembourg (informatique); - M. Raymond Kirsch,
directeur général de la Banque et Caisse d’Epargne de l’État (finances); - M. Willy Legros, recteur de
l’Université de Liège (technologie); - Mme Laurence Rieben, ancienne vice-rectrice de l’Université de
Genève (sciences de l’éducation); - M. Charles Ruppert, directeur général de Saint-Paul Luxembourg SA
(économie et gestion); - M. Pàll Skùlason, recteur de l’Université d’Islande (sciences humaines-philosophie).
M. Raymond Kirsch est nommé aux fonctions de président du Conseil de gouvernance. Conseil de
gouvernement Résumé des travaux du 16 janvier 2004;
http://www.gouvernement.lu/salle_presse/conseils_de_gouvernement/2004/01/16conseil/index.html#15.
11
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: Art. 52, p. 3002) : (1) Le
Ministre désigne un commissaire de gouvernement qui assiste avec voix consultative aux séances du conseil
de gouvernance. Le commissaire de gouvernement jouit, par ailleurs, d’un droit d’information et de contrôle
sur l’activité de l’Université ainsi que sur sa gestion technique, administrative et financière. (2) Il peut
suspendre les décisions du conseil de gouvernance, lorsqu’il estime que celles-ci sont contraires aux lois, aux
règlements et aux contrats conclus avec l’Etat. Dans ce cas, il appartient au Ministre de décider dans un délai
de 60 jours à partir de la saisine par le commissaire de gouvernement.
12
(Projet de loi portant création de l'Université de Luxembourg: Avis du Conseil d'Etat 2003: 3-4).

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On a passé outre…

Comment sortir maintenant de l’imbroglio ?

Il nous semble qu’il serait utile de revenir aux origines mêmes de l’enseignement
universitaire, à l’idée de communauté universitaire : universitas magistrorum et scolarium.

Sans aller dans les détails, il s’agirait de remplacer les structures véritablement
staliniennes de l’UdL par des structures décisionnelles fondées sur des principes
démocratiques et de confier la direction de l’université à deux institutions seulement : une
assemblée de l’Université où siégeraient des membres élus par les différents groupes
constituant l’université — corps enseignant, étudiants, personnel technico-administratif —,
assemblée de l’Université qui élirait à son tour les membres du rectorat.

En fondant l’organisation de l’université sur des principes démocratiques, on se


rapprocherait enfin des types d’organisation en usage dans les universités des grands pays
limitrophes, l’Allemagne et la France.

2.1.2. Les structures pédagogiques

Par structures pédagogiques nous entendons les structures qui organisent


l’enseignement, à savoir les facultés.

A l’art. 15, la loi du 12 VIII prévoit la création de 3 facultés : « … (3) L’Université


comprend les facultés suivantes :
a) la Faculté des Sciences, de la Technologie et de la Communication;
b) la Faculté de Droit, d’Economie et de Finances;
13
c) la Faculté des Lettres, des Sciences Humaines, des Arts et des Sciences de l’Education .»

Les auteurs du projet de loi avaient opté pour un nombre somme toute restreint de
facultés afin d’éviter une trop grande dispersion14.

La décision était mauvaise pour deux raisons :

1. On créait des facultés trop grandes fonctionnant sur des sites différents.

2. On regroupait au sein d’une faculté des enseignements fondamentaux conduisant


vers des études longues — médecine, sciences naturelles, mathématiques, lettres

13
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: 2993).
14
(Projet de loi portant création de l'Université de Luxembourg 2002: 31): « Le nombre de facultés est fixé à
trois. Le nombre restreint de facultés et leur dénomination témoigne du souci de regrouper les enseignements
et d’éviter les éparpillements. »

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… — et des enseignements professionnalisants menant vers des études brèves


— études d’ingénieur industriel, formation des instituteurs… —.

De telles structures lourdes et composites sont difficilement gérables et risquent


d’entraver voire de bloquer le fonctionnement de l’ensemble du système. En fin de compte,
cela pourrait conduire à la disparition pure et simple de l’enseignement professionnalisant
coûteux, difficile à gérer et s’intégrant mal dans une université axée d’abord sur la
recherche15 : The University of Luxembourg will seek to be innovative and relevant to the needs of the 21st
century, but it will not be modelled on traditional regional Universities; - The primary focus of the new
University should be research and, in this regard, the University should develop a few niches in which it can
16
serve the interests of Luxembourg and achieve international recognition ;

Quelle serait alors la légitimité d’une Université du Luxembourg n’arrivant plus, ne


voulant plus former les enseignants, les instituteurs dont le pays pourtant a tellement
besoin ?

Ici également il y a péril en la demeure et il faudrait rapidement changer de cap.

Or la loi du 12 août prévoit expressis verbis la création de départements au sein d’une


faculté : «(4) La faculté peut être subdivisée en sous-structures qui regroupent les enseignements et les
projets de recherche représentant des disciplines voisines et qui constituent entre elles un ensemble
17
scientifique. Exceptionnellement, le département peut être rattaché directement au rectorat .»

15
Sur ce problème, cf; l’avis de la Chambre des employés, 5-6 : 11. Dans le domaine de la formation on
risque de faire autrement: il n’y a pas lieu de sacrifier sur l’autel de l’excellence des acquis dont notre
économie et sa population n’ont pas moins besoin. Il s’agit en l’occurrence de formations supérieures
intermédiaires destinées à former les futurs cadres moyens et supérieurs. Les industries demandent depuis
des années des ingénieurs techniciens, les lauréats des DUT au Centre Universitaire qui étaient embauchés
avant la proclamation des résultats d’examen. De même, les éducateurs gradués trouvaient aisément un
emploi. En plus, le secteur de la santé ne peut pas fonctionner sans gradués formés à l’étranger; les détenteurs
d’un graduat en comptabilité sont recherchés sans que cette formation n’existe au Luxembourg. 12. Les
auteurs du projet de loi déclarent qu’ils ont choisi la solution d’une université unique, devant englober
également des formations dispensées dans des „Fachhochschulen“, ou dans des IUT, IUP ou des IAE.
Malheureusement, le texte du projet de loi ne dit rien au sujet de tels axes de formation, bien au contraire. Le
corps professoral prévu dans le projet réduit l’espoir dans la survie ou dans la création additionnelle de
formations dont notre pays a cruellement besoin et pour lesquelles un nombre important de bacheliers
luxembourgeois veut se décider. Il est en effet illusoire de croire que des spécialistes éminents, voyant dans
l’enseignement une activité secondaire à la recherche, tiennent cours devant des futurs gradués. Il est autant
illusoire de faire fonctionner de telles formations uniquement avec des vacataires. Et par conséquent, il est
peu probable qu’une faculté accorde l’importance nécessaire au développement de tels enseignements. Le
texte, il faut le reconnaître, prévoit bien des bachelors professionnalisés. Néanmoins, les difficultés de mise
en oeuvre sont les mêmes que celles mentionnées ci-devant: si un ou plusieurs de ces diplômes se créaient, ils
resteraient toujours l’enfant pauvre de l’UdL, institution de prestige.
16
(The University of Luxembourg: Policy Pamphlet. A guidance book for frequently asked questions and
concerns s.a.: 5).
17
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: art. 15, p. 2993).

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C’est sur cette voie qu’il faudrait s’engager en scindant chacune des trois faculté en
deux départements, l’un consacré aux études fondamentales longues, l’autre aux études
professionnalisantes brèves.

2.2. Les problèmes idéologiques

Dès ses débuts, le projet UdL a été malheureusement porté par une certaine idéologie
néolibérale, par cette pensée unique qui partout dans le monde mine les fondements des
États et des civilisations les jetant inévitablement dans une nouvelle barbarie.

Le terme même choisi pour désigner l’organe suprême chargé de diriger l’Université, le
conseil de conseil de gouvernance, inscrit l’UdL dans ce courant de pensée.

En effet, le mot gouvernance est un des termes phares de la pensée unique comme l’a
montré Bernard CASSEN dans son article "Le piège de la gouvernance" publié dans le
Monde diplomatique : Choisir le terme « gouvernance » n’est pas le fruit du hasard, tant le terme a en
effet une histoire chargée. Utilisé en ancien français au XIIIe siècle comme équivalent de « gouvernement »
(l’art et la manière de gouverner), il passe en anglais (governance) au siècle suivant avec la même
signification. Puis il tombe en désuétude. Son grand retour s’effectue à la fin des années 1980 dans le
discours de la Banque mondiale, repris par les autres agences de coopération, le Fonds monétaire
international (FMI) et par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). La « bonne
gouvernance », explique Marie-Claude Smouts, directrice de recherche au CNRS, c’est « un outil
idéologique pour une politique de l’Etat minimum …». Un Etat où, selon Ali Kazancigil, directeur de la
division des sciences sociales, de la recherche et des politiques à l’Unesco, « l’administration publique a pour
mission non plus de servir l’ensemble de la société, mais de fournir des biens et des services à des intérêts
sectoriels et à des clients-consommateurs, au risque d’aggraver les inégalités entre les citoyens et entre les
régions du pays … ». En bref, l’habillage institutionnel des plans d’ajustement structurel et du « consensus de
Washington … ». Dans un autre domaine, celui de l’entreprise, la corporate governance, ou « gouvernement
d’entreprise », est la nouvelle dénomination de la dictature des actionnaires, qui aboutit aux licenciements de
18
convenance boursière dans des firmes pourtant prospères comme la division LU de Danone .

Au niveau de l’UdL, la pensée unique se manifeste à quatre niveaux :

1. L’Université est un établissement public et ne dépend plus directement de


l’Etat19.

18
(Cassen 2001); http://www.monde-diplomatique.fr/2001/06/CASSEN/15272.
19
« Il est créé un établissement public d’enseignement supérieur et de recherche dénommé Université du
Luxembourg et désigné ci-après par le terme «Université». » (Loi du 12 août 2003 portant création de
l'Université du Luxembourg 2003: art. 1er, p. 2990).

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2. Elle est dirigée par des décideurs venus du monde économique : le président du
conseil de gouvernance, un ancien dirigeant de banque, est l’actuel président du
conseil d’administration de la Bourse de Luxembourg .
3. Elle est conçue comme une entreprise, une unité de production de services
d’enseignement et de produits et services innovants : « Ce changement de paradigme
transforme l’étudiant en un client de services éducatifs et on peut prévoir que les étudiants seront
de plus en plus nombreux à opter pour des programmes bénéficiant d’une accréditation
20
internationale, interactifs et flexibles au niveau du temps, du lieu et du contenu .»
a. elle fera donc d’abord de la recherche appliquée et de la recherche et
développement — R&D — 21 : The primary focus of the new University should
be research and, in this regard, the University should develop a few niches in which it
can serve the interests of Luxembourg and achieve international recognition; … In
keeping with the research focus of the university the main degrees will be research
oriented, i.e. masters and doctorates; The University of Luxembourg will offer a small
number of undergraduate degree programmes at the bachelor level which are broadly
based, learner-centred and which require students to spend some time abroad. Some
may reflect the current offerings of existing institutions. … The ultimate goal of the
22
University is to achieve excellence in research quality .
b. elle sera financée certes par une dotation de l’Etat mais aussi par « b) des
revenus provenant de ses activités d’enseignement et de recherche ; c)
des revenus provenant de l’exécution d’un contrat ou d’une convention
conclue avec une institution, un organisme ou une société externes; … e)
des revenus provenant de la gestion et de la valorisation de son
patrimoine ainsi que de ses prises de participation; f) des revenus
provenant d’une cession des droits de propriété ou d’une attribution de
licence; h) des droits d’inscription perçus23. »
c. le personnel, technico-administratif, enseignant, travaillant à l’Université
est d’abord un facteur de coût qu’il faut maîtriser ou pouvoir réduire à
tout moment ; on ne sera donc pas trop regardant pour ce qui est des
qualifications des enseignants, on évitera les contrats à durée
indéterminée en recourant massivement aux vacataires ; c’est ainsi que le
corps enseignant de la faculté de droit, d’économie et de finance est dans

20
("Le livre blanc de l'enseignement supérieur au Grand-Duché de Luxembourg" 2000: 26).
21
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: art. 2, p. 2990).
22
The University of Luxembourg: Policy Pamphlet. A guidance book for frequently asked questions and
concerns s.a.: 5-6, 10).
23
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: art. 46, p. 3001).

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une large mesure constituée d’enseignants vacataires24 qu’on pourra


licencier à tout moment fût-ce sous le couvert de moult évaluations
internes ou externes25 …
4. Enfin, ce sont les grandes universités du monde anglo-saxon, le nirvana de la
pensée unique, qui ont servi de modèle à l’UdL26.
Ce projet non seulement est complètement mégalomaniaque27, irréalisable — comment
veut-on construire une grande université de recherches, alors qu’on n’a pas de bibliothèque
universitaire28 ? — déphasé par rapport aux véritables besoins de la société
luxembourgeoise mais il contient en plus en germe les éléments de sa propre négation. En
effet, si le projet était vraiment mené à terme, l’UdL ne deviendrait certainement pas un
centre d’excellence mais bel et bien une pseudouniversity selon la définition du professeur
Philipp G. Altbach, directeur du Center for International Higher Education, Boston
College29 : The pseudouniversities are highly specialized institutions. They do not offer programs in a
wide range of subjects but rather focus on targeted, market-driven fields, and have the ability to shift focus
based on student demand. So far, management and business studies, information technology, and some areas
of teacher training and educational administration have been the most appealing fields. The chosen areas

24
http://www.cu.lu/def/adminDEF.html.
25
Sur la manie de l’évaluation, cf. (Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg
2003: art. 43, p. 3000).
26
Sur l’orientation néolibérale de l’UdL, cf. (Hansen 2000) : « Car désormais, les étudiants sont considérés
comme des consommateurs, des « clients de services éducatifs » et « suite à [sa] mondialisation,
l'enseignement supérieur devient une activité commerciale et il se crée un marché de l'enseignement
supérieur sujet aux mêmes règles de la concurrence que le marché des services » estime le Livre blanc (page
29). Dans cette optique, l'enseignement supérieur est considéré comme un élément de la politique
économique plutôt que d'une offre non-profit d'un État pour ses citoyens. Et les enseignants, outre leurs
missions aussi bien d'enseignement que de recherche, d'encadrement des étudiants, de publication et même
administratives, doivent constituer des « arguments de vente » supplémentaires pour le « site Luxembourg ».
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/livre_blanc_sup_120500.html.
27
Cf. le Discours de Madame Erna Hennicot-Schoepges, Ministre de la Culture, de l’Enseignement
Supérieur et de la Recherche, lors du séminaire de Mondorf sur l’Université de Luxembourg 14 mars 2002,
9 : « L’Université de Luxembourg sera donc appelée à devenir une institution « haut de gamme », une
institution de qualité du type « small but beautiful ». L’Université doit regrouper en son sein des centres
d’excellence, et puisqu’on ne peut exceller en tout, elle devra nécessairement opérer des choix quant aux
priorités qu’elle entendra se donner. Les priorités seront telles qu’elles permettront le brassage d’idées, le
travail en équipes pluridisciplinaires. » ;
http://www.gouvernement.lu/salle_presse/actualite/2002/03/14hennicotuni/discourshs.pdf.
28
Sur ce problème, cf. l’excellent article de (Wehenkel 1999) : « Ce but, cette ambition quelle peut-elle être?
Nous pensons que la Bibliothèque nationale devrait répondre aux normes de ce que peut être aujourd'hui une
bibliothèque universitaire, en prenant comme modèle de référence la Bibliothèque universitaire de Trèves. La
Bibliothèque nationale devrait fournir l'outil qui nous permettrait d'être en communication avec le savoir
universel et d'être au courant des recherches les plus actuelles…. Il vaudrait sans doute mieux ne pas parler
d'université, si on n'est pas prêt à en jeter dès maintenant les bases et d'en créer les conditions préalables. Il
vaudrait mieux ne pas parler de société de l'information, si on n'est pas prêt à avancer dans cette direction. Et
si une université luxembourgeoise consiste seulement à distribuer des chaires et à retenir chez nous nos
étudiants au lieu d'ouvrir l'accès au savoir et aux échanges, alors l'université luxembourgeoise est un piège.
Le sort de la Bibliothèque nationale en est la clef. »
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_luxemburgensia/bibliowehenkel_040699.html
29
Cf. le site du Center: http://www.bc.edu/bc_org/avp/soe/cihe/index.html.

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are those in which low-cost instruction can be offered without the need for expensive laboratory equipment.
The curriculum is also subject to change. If demand falls off in one area, another can quickly be substituted.
The pseudouniversities have no permanent faculty are staffed by managers who make decisions about
both the business and the curricular aspects of the institution. Instructors are hired to provide instruction,
develop web-based modules, and ensure that customers are served. Costs are kept low by hiring instructors
to teach specific courses. Benefits are generally not available, and there is no commitment by the institution
to those offering the instruction. Instructors lack academic freedom in the traditional sense of that term–they
are hired to teach a specific content and cannot stray from it. There is absolutely no protection for teachers
who might express divergent views, disagree with institutional directions, or management decisions.

In the traditional universities, the concept of shared governance means the academic staff has a
significant role in decision making about the institution. In pseudouniversities, there is no shared governance
at all but simply management. Managers make the Key decisions, with subject matter specialists brought in
30
to develop degree structures. Power is entirely in the hands of management .

Les hommes et les femmes politiques du PCS ont réussi un remarquable tour de passe-
passe en créant une université, qu’au fond ils n’ont jamais voulu31 parce qu’ils ont toujours
redouté la masse critique qu’elle pourrait représenter, de telle façon que le texte fondateur
même contient les éléments de son annihilation.

Il faut au plus vite arrêter le gâchis, se défaire de cette nébuleuse idéologique, du


spectaculaire et de l’événementiel et définir un projet beaucoup plus modeste s’étalant sur
une longue durée et fondé sur trois idées-clés s’inspirant en partie du grand projet
humboldtien, à savoir :

1. L’unité de l’enseignement et de la recherche ; c’est le principe qui doit fonder la


démarche pédagogique de l’université. Ce principe est d’ailleurs inscrit dans la loi
du 12 août 200332.
2. La liberté de la science indépendante du pouvoir politique et économique ; c’est le
principe qui protège l’université contre toutes les dérives ; en effet, une université,
liée au pouvoir politique ou économique, c’est l’université hitlérienne avec ses

30
(Altbach 2001: 3a); http://www.bc.edu/bc_org/avp/soe/cihe/newsletter/News25/text001.htm.
31
Sur l’attitude ambiguë des politiques et notamment des membres du PCS, à l’égard de la création d’une
université au Luxembourg, cf. (Hansen 1999) : « Vous avez affirmé à plusieurs reprises que la création d'un
ministère de l'Éducation supérieure est un signe extérieur de l'attachement de ce gouvernement au
développement des études supérieures. Pourtant, le Premier ministre Jean-Claude Juncker (PCS) affirme qu'il
est « fanatiquement contre » la création d'une université luxembourgeoise, craignant « l'inceste académique
»... N'est-ce pas contradictoire ? » http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/itv_hennicot_121199.html
32
(Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg 2003: art.3, p. 2990): « (2) Du point
de vue organisationnel, elle se fonde sur: … b) la symbiose de l’enseignement et de la recherche; ».

10
Universitas magistrorum et scolarium

départements d’eugénique, ce sont les Chicago Boys du professeur M. Friedman


important le monétarisme et la misère dans le Chili du général Pinochet33.
3. Le dévouement à l’intérêt général ; c’est le principe, qu’on retrouve par ailleurs dans
les land grant universities aux Etats-Unis, qui génère la recherche appliquée et qui
lie l’université à la communauté nationale et régionale.

En pratique cela reviendrait à construire sur une cinquantaine d’années une université
régionale, s’investissant dans un enseignement fondé sur une bonne recherche
fondamentale et formant les universitaires dont le pays a besoin, des enseignants, des
éducateurs, des juristes, des cadres de banque, des médecins, et se lançant également dans
des projets de recherche appliquée qui répondent aux problèmes et aux interrogations de la
société luxembourgeoise dans son ensemble.

Si le travail est fait avec sérieux et professionnalisme, la reconnaissance régionale et


internationale tant recherchée suivra.

3. Die Luft der Freiheit weht

On nous pardonnera de signer cet article par un pseudonyme . Mais dans ce bon pays à
tradition catholique on aime trop à notre goût brûler à petit feu ceux qui ne pensent pas
bien : Doch als die Wahrheit wir im Ernst gesagt, Da wurden wir, die Jäger, selbst gejagt..

Larvatus prodeo et on portera donc le nom d’Ulrich von Hutten, un homme de la


Réforme et de la Renaissance qui au XVIe siècle avait contribué à une savoureuse critique
de l’Université du Moyen-âge, les Epistolae Obscurorum virorum, Die Briefe der
Dunkelmänner.

C’est d’ailleurs également à Hutten que la célèbre Université de Stanford en Californie,


l’un des modèles évidemment de l’Université du Luxembourg, a emprunté sa belle devise
officieuse : Die Luft der Freiheit weht.

Mon Dieu, qu’elle est loin la Californie !

Ulrich von Hutten, Ex Novis Epistolis Obscurorum Virorum

33
Sur ce problème, cf. l’excellent article de (Zotz 2002) ; h t t p : / / w w w . f o r u m -
online.lu/textarchiv/2002/215/215zotz.html.

11
Universitas magistrorum et scolarium

4. Sources

4.1. Bibliographie

Altbach, Philip. G. "The Rise of the Pseudouniversity." International Higher Education 25, no. Fall 2001
(2001): 2-3. http://www.bc.edu/bc_org/avp/soe/cihe/newsletter/News25/text001.htm
Anton, Fernand. "UdL, l'école Anormale supérieure de Luxembourg ?!" Lëtzebuerger Land, 14 II 2003.
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/aecs_unilux_140203.html
Cassen, Bernard. "Le piège de la gouvernance." Monde diplomatique, VI 2001, 28. http://www.monde-
diplomatique.fr/2001/06/CASSEN/15272
Deitz, Luc. "Amnesie und Barbarei: Zum Stellenwert der Geisteswissenschaften in Luxemburg." Forum, X
2004, 27-30. http://www.forum-online.lu/textarchiv/2004/240/2004_240_Amnesie_und_Barbarei_ld.htm
Hansen, Josée. "Core Business." d'Lëtzebuerger Land, 12 V 2000.
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/livre_blanc_sup_120500.html
———. "Tous à la fac ! Quel développement pour l'éducation supérieure au Luxembourg ? Comment
encourager la société du savoir ? Un entretien avec la ministre Erna Hennicot-Schoepges (PCS)."
L ë t z e b u e r g e r L a n d , 12 XI 1999.
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/itv_hennicot_121199.html
"Le livre blanc de l'enseignement supérieur au Grand-Duché de Luxembourg." Ministère de la Culture, de
l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, 2000.
Loi du 12 août 2003 portant création de l'Université du Luxembourg. Mémorial A-N 149, 6 X 2003.
Pauly, Michel. "uni.lu nach dem Sommergewitter." F o r u m , IX 2004 2004. http://www.forum-
online.lu/textarchiv/2004/239/0409_239uni_lu%20nach%20dem%20Sommergewitter.htm
Projet de loi portant création de l'Université de Luxembourg.
Projet de loi portant création de l'Université de Luxembourg: Avis de la Chambre de Travail.
Projet de loi portant création de l'Université de Luxembourg: Avis du Conseil d'Etat.
The University of Luxembourg: Policy Pamphlet. A guidance book for frequently asked questions and
concerns. s.a.
Wehenkel, Henri. "Drapeau noir sur la Bibliothèque nationale." d'Lëtzebuerger Land, 4 VI 1999.
http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_luxemburgensia/bibliowehenkel_040699.html
Zotz, Volker. "Université de Luxembourg. Wohin die Reise geht. 1" F o r u m, no. 215 (2002).
http://www.forum-online.lu/textarchiv/2002/215/215zotz.html

4.2. Sitographie

D’Lëtzebuerger Land : dossier "Université du Luxembourg",


http://www.land.lu/html/dossiers/dossier_education/
Forum : dossier "Université du Luxembourg", http://www.forum-online.lu/forum/themen/schule/start.html
Legilux: Le site de la législation luxembourgeoise, http://www.legilux.public.lu/
L’Université du Luxembourg : Le site gouvernemental consacré à l’Université du Luxembourg,
http://www.gouvernement.lu/dossiers/education_jeunesse/universite/

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