LE CONTRAT
FORMATION – VALIDITÉ
Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 23 janvier 2007
N° de pourvoi: 05-13189
Publié au bulletin Rejet
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Donne acte aux sociétés Camaieu SA et Camaieu International de ce qu'elles se sont désistées
de leur pourvoi en tant qu'il était formé contre la société Montrico ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 12 janvier 2005), qu'à la suite d'un premier litige de
contrefaçon qui avait opposé la société de prêt à porter Créations Nelson à ses concurrentes,
les sociétés Camaieu SA et Camaieu International, les trois sociétés ont, le 19 novembre 2001,
conclu un accord transactionnel aux termes duquel la société Camaieu International prenait
notamment "l'engagement en tant que de besoin, de ne pas copier les produits commercialisés
par Créations Nelson, sous la marque Comptoir des cotonniers ou tout autre marque qu'elle
commercialise", en précisant "que l'engagement visé au paragraphe précédent constitue un
engagement exclusivement moral dont tout éventuel manquement ne saurait être considéré
comme une inexécution des termes du présent protocole" ; qu'un autre litige de même nature
étant néanmoins né quelques semaines plus tard entre les mêmes, la société Créations Nelson
a demandé judiciairement de constater que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International
avaient contrefait ses modèles de pulls ou tee-shirts, dénommés "Badi", "Danloux" et "Drap"
et sollicité la réparation de son dommage en fondant subsidiairement son action indemnitaire,
pour le cas où la contrefaçon alléguée ne serait pas retenue, sur la violation de l'engagement
souscrit par la société Camaieu International ; qu'après avoir rejeté l'exception d'irrecevabilité
soulevée par la société Camaieu SA, la cour d'appel a dit que le produit "Mésange" des
sociétés Camaieu SA et Camaieu International constituait une contrefaçon du modèle "Drap",
qu'en revanche le produit "Danloux" n'était pas susceptible de protection en l'absence de
nouveauté et d'originalité, mais que la société Créations Nelson était néanmoins recevable, sur
le fondement de l'engagement souscrit le 19 novembre 2001, à reprocher aux sociétés
Camaieu SA et Camaieu International d'avoir commercialisé le modèle "Glace", reproduisant
le modèle "Danloux", en cherchant de surcroît à créer, par association aux contrefaçons du
modèle "Drap", l'effet d'une gamme sous forme de déclinaison de modèles ;
Sur le premier moyen :
Attendu que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International font grief à l'arrêt d'avoir
rejeté l'exception d'irrecevabilité soulevée par la société Camaieu SA, alors, selon le moyen :
1°/ que l'engagement, au demeurant purement moral, de ne pas copier les produits
commercialisés par la société Créations Nelson n'a été souscrit au terme du protocole litigieux
que par la société Camaieu International et non par la société Camaieu SA ; d'où il suit que la
cour d'appel, qui justifie l'intérêt que la société Créations Nelson aurait à agir contre la société
Camaieu SA par la seule considération que l'action de la société Créations Nelson était
fondée, à titre subsidiaire, sur la violation du protocole d'accord du 19 novembre 2001,
dénature en violation de l'article 1134 du code civil les termes clairs et précis de cet accord ;
2°/ qu'en statuant ainsi, la cour d'appel qui ne justifie pas, par des motifs pertinents et
opérants, la recevabilité de l'action exercée par la société Créations Nelson contre la société
Camaieu SA, dont l'arrêt constate par ailleurs qu'elle n'exerçait aucune activité commerciale
ni ne jouait aucun rôle dans la fabrication et la commercialisation des modèles, viole les
articles 31, 122 et 123 du nouveau code procédure civile ;
Mais attendu qu'ayant relevé que la société Créations Nelson fondait subsidiairement son
action indemnitaire sur une violation du protocole d'accord du 19 novembre 2001 dont la
société Camaieu SA avait été signataire, la cour d'appel, qui n'a ni dénaturé les termes clairs et
précis de cet accord ni violé les textes évoqués par la seconde branche, a, abstraction faite du
bien ou du mal-fondé de la prétention, souverainement apprécié que cette société justifiait
bien d'un intérêt direct et personnel à agir contre la société Camaieu SA ; que le moyen n'est
pas fondé ;
Sur le second moyen :
Attendu que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International font encore grief à l'arrêt de
les avoir condamnées in solidum à réparer le préjudice subi par la société Créations Nelson,
alors, selon le moyen :
1°/ qu'un engagement purement moral ne peut juridiquement être sanctionné ; qu'en l'espèce,
si la société Camaieu International avait déclaré dans le protocole litigieux s'engager "à ne pas
copier" les produits commercialisés par la société Créations Nelson, il était précisé
immédiatement après que "l'engagement visé au paragraphe précédent constitue un
engagement exclusivement moral dont tout éventuel manquement ne saurait être considéré
comme une inexécution des termes du présent protocole" ; qu'en retenant que si le modèle
"Danloux" n'était pas protégeable au titre du droit d'auteur, sa reproduction au travers du
modèle "Glace" de la société Camaieu International constituait une violation de l'engagement
qu'elle avait souscrit au terme du protocole litigieux de ne pas copier les produits de la société
Créations Nelson, sans avoir égard à la réserve claire et précise du protocole en cause d'où il
résultait que l'engagement litigieux était purement moral, de sorte qu'il ne pouvait constituer
la source d'une action en responsabilité civile, la cour d'appel l'a dénaturé en violation de
l'article 1134 du code civil ;
2°/ qu'en faisant produire un effet juridique à une obligation à caractère exclusivement moral,
la cour d'appel a violé l'article 1134 du code civil et les règles régissant les obligations
naturelles ;
3°/ que la cour d'appel qui retient que les sociétés Camaieu SA et Camaieu International
auraient commis des actes de concurrence parasitaire en contrefaisant deux modèles de la
collection de la société Créations Nelson "Drap" et "Danloux", et ce en cherchant à créer un
"effet de gamme", sous la forme d'une déclinaison de modèles, justifiant leur condamnation
au titre d'un préjudice distinct, viole de nouveau l'article 1134 du code civil en justifiant la
faute consistant en la reproduction de l'un des modèles en cause ("Danloux") par l'engagement
qu'aurait contractuellement souscrit la société Camaieu International au terme du protocole
litigieux, lequel engagement était purement moral ;
Mais attendu qu'en s'engageant, fût-ce moralement, "à ne pas copier" les produits
commercialisés par la société Créations Nelson, la société Camaieu International avait
exprimé la volonté non équivoque et délibérée de s'obliger envers la société concurrente ; que
la cour d'appel, qui n'encourt aucun des griefs du moyen, en a donc exactement déduit que
cette clause avait une valeur contraignante pour l'intéressée et qu'elle lui était juridiquement
opposable ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE le pourvoi ;
RTD Civ. 1995 p. 351
Les promesses politiques ne font pas naître d'obligations civiles...
Cette indication, donnée par la cour d'appel de Paris (1re ch. A, 18 oct. 1994, Belhomme c/
Parti socialiste et autres, inédit), rassurera le personnel politique en même temps qu'elle ne
surprendra ni les juristes ... ni les électeurs !
La leçon est claire : les promesses politiques n'obligent pas civilement leurs auteurs envers
leurs bénéficiaires. Tout au plus, pourrait-on y voir - mais la question n'était pas ici posée -
des devoirs moraux constitutifs d'obligations naturelles ou encore des engagements
d'honneur ... au terme sans doute d'intenses réflexions car politique, morale et honneur
forment, il faut bien le reconnaître, un triptyque explosif.
NÉGOCIATIONS, RUPTURE DES POURPARLERS
Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mercredi 26 novembre 2003
N° de pourvoi: 00-10243 00-10949
Publié au bulletin Rejet.
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, FINANCIERE ET
ECONOMIQUE, a rendu l'arrêt suivant :
Donne acte aux consorts X... et à M. et Mme Y... de ce qu'ils se sont désistés de leur pourvoi
n° B 00-10.949 en tant que dirigé contre la société Stuck, la société Les Complices et M. Z... ;
Joint les pourvois n° J 00-10.243, formé par la société Alain Manoukian, et n° B 00-10.949,
formé par les consorts X..., M. et Mme Y..., qui attaquent le même arrêt ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Paris, 29 octobre 1999), que la société Alain Manoukian a
engagé avec les consorts X... et Y... (les consorts X...),, actionnaires de la société Stuck, des
négociations en vue de la cession des actions composant le capital de cette société ; que les
pourparlers entrepris au printemps de l'année 1997 ont, à l'issue de plusieurs rencontres et de
divers échanges de courriers, conduit à l'établissement, le 24 septembre 1997, d'un projet
d'accord stipulant notamment plusieurs conditions suspensives qui devaient être réalisées
avant le 10 octobre de la même année, date ultérieurement reportée au 31 octobre ; qu'après
de nouvelles discussions, la société Alain Manoukian a, le 16 octobre 1997, accepté les
demandes de modification formulées par les cédants et proposé de reporter la date limite de
réalisation des conditions au 15 novembre 1997 ; que les consorts X... n'ayant formulé aucune
observation, un nouveau projet de cession leur a été adressé le 13 novembre 1997 ; que le 24
novembre, la société Alain Manoukian a appris que les consorts X... avaient, le 10 novembre,
consenti à la société Les complices une promesse de cession des actions de la société Stuck ;
que la société Alain Manoukian a demandé que les consorts X... et la société Les complices
soient condamnés à réparer le préjudice résultant de la rupture fautive des pourparlers ;
Sur le moyen unique du pourvoi formé par les consorts X..., pris en ses deux branches :
Attendu que les consorts X... font grief à l'arrêt de les avoir condamnés à payer à la société
Alain Manoukian la somme de 400 000 francs à titre de dommages-intérêts alors, selon le
moyen :
1 / que la liberté contractuelle implique celle de rompre les pourparlers, liberté qui n'est
limitée que par l'abus du droit de rompre qui est une faute caractérisée par le fait de tromper la
confiance du partenaire ; que la cour d'appel, qui n'a relevé aucun élément à la charge du
cédant de nature à caractériser un tel comportement, contraire à la bonne foi contractuelle, a
privé sa décision de toute base légale au regard des articles 1382 et 1383 du Code civil ;
2 / que celui qui prend l'initiative de pourparlers en établissant une proposition d'achat de la
totalité des actions d'une société, soumise à plusieurs conditions suspensives affectées d'un
délai de réalisation, et qui ne manifeste aucune diligence pour la réalisation de ces conditions,
ne saurait imputer à faute la rupture par son partenaire des pourparlers, après l'expiration de ce
délai, de sorte que la cour d'appel, en statuant comme elle l'a fait, a violé les articles 1382 et
1383 du Code civil ;
Mais attendu, d'une part, qu'après avoir relevé, d'un côté, que les parties étaient parvenues à
un projet d'accord aplanissant la plupart des difficultés et que la société Alain Manoukian était
en droit de penser que les consorts X... étaient toujours disposés à lui céder leurs actions et,
d'un autre côté, que les actionnaires de la société Stuck avaient, à la même époque, conduit
des négociations parallèles avec la société Les complices et conclu avec cette dernière un
accord dont ils n'avaient informé la société Alain Manoukian que quatorze jours après la
signature de celui-ci, tout en continuant à lui laisser croire que seule l'absence de l'expert-
comptable de la société retardait la signature du protocole, la cour d'appel a retenu que les
consorts X... avaient ainsi rompu unilatéralement et avec mauvaise foi des pourparlers qu'ils
n'avaient jamais paru abandonner et que la société Alain Manoukian poursuivait normalement
; qu'en l'état de ces constatations et appréciations, la cour d'appel a légalement justifié sa
décision ;
Et attendu, d'autre part, que la cour d'appel ayant relevé, par un motif non critiqué, que les
parties avaient, d'un commun accord, prorogé la date de réalisation des conditions
suspensives, le moyen pris de la circonstance que la rupture des pourparlers aurait été
postérieure à cette date est inopérant ;
D'où il suit que le moyen ne peut être accueilli en aucune de ses branches ;
Sur le premier moyen du pourvoi formé par la société Alain Manoukian :
Attendu que la société Alain Manoukian fait grief à l'arrêt d'avoir limité à 400 000 francs la
condamnation à dommages-intérêts prononcée à l'encontre des consorts X... alors, selon le
moyen, que celui qui rompt brutalement des pourparlers relatifs à la cession des actions d'une
société exploitant un fonds de commerce doit indemniser la victime de cette rupture de la
perte de la chance qu'avait cette dernière d'obtenir les gains espérés tirés de l'exploitation
dudit fonds de commerce en cas de conclusion du contrat ; qu'il importe peu que les parties ne
soient parvenues à aucun accord ferme et définitif ; qu'en l'espèce, la cour d'appel a constaté
que les consorts X... avaient engagé leur responsabilité délictuelle envers la société Alain
Manoukian en rompant unilatéralement, brutalement et avec mauvaise foi les pourparlers qui
avaient eu lieu entre eux au sujet de la cession des actions de la société Stuck exploitant un
fonds de commerce dans le centre commercial Belle Epine ; qu'en estimant néanmoins que le
préjudice subi par la société Alain Manoukian ne pouvait correspondre, du seul fait de
l'absence d'accord ferme et définitif, à la perte de la chance qu'avait cette société d'obtenir les
gains qu'elle pouvait espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce et en limitant la
réparation du préjudice subi par la société Alain Manoukian aux frais occasionnés par la
négociation et aux études préalables qu'elle avait engagées, la cour d'appel a violé l'article
1382 du Code civil ;
Mais attendu que les circonstances constitutives d'une faute commise dans l'exercice du droit
de rupture unilatérale des pourparlers précontractuels ne sont pas la cause du préjudice
consistant dans la perte d'une chance de réaliser les gains que permettait d'espérer la
conclusion du contrat ;
Attendu que la cour d'appel a décidé à bon droit qu'en l'absence d'accord ferme et définitif, le
préjudice subi par la société Alain Manoukian n'incluait que les frais occasionnés par la
négociation et les études préalables auxquelles elle avait fait procéder et non les gains qu'elle
pouvait, en cas de conclusion du contrat, espérer tirer de l'exploitation du fonds de commerce
ni même la perte d'une chance d'obtenir ces gains ; que le moyen n'est pas fondé ;
Et sur le second moyen du même pourvoi :
Attendu que la société Alain Manoukian fait encore grief à l'arrêt d'avoir mis hors de cause la
société Les Complices alors, selon le moyen, que le seul fait pour l'acquéreur de garantir par
avance le vendeur de toute indemnité en cas de rupture des pourparlers auxquels ce dernier
aurait pu se livrer avec un tiers antérieurement constitue une faute dont l'acquéreur doit
réparation envers la victime de la rupture des pourparlers dès lors qu'une telle garantie
constitue pour le vendeur, et pour le profit de l'acquéreur, une incitation à rompre brutalement
des pourparlers, fussent-ils sur le point d'aboutir, sans risque pour lui ; qu'en l'espèce, la cour
d'appel a constaté qu'aux termes de la convention de cession liant les consorts X... à la société
Les complices, celle-ci s'était engagée à garantir les vendeurs de toute indemnité que ceux-ci
seraient éventuellement amenés à verser à un tiers pour rupture abusive des pourparlers ;
qu'en considérant néanmoins que la société Les complices, dont les juges du fond ont constaté
qu'elle avait profité des manoeuvres déloyales commises par les consorts X... à l'encontre de
la société Alain Manoukian, n'avait commis aucune faute envers la société Alain Manoukian,
victime de la rupture brutale des pourparlers qu'elle avait engagés avec les consorts X..., peu
important qu'il n'ait pas été démontré que la société Les complices avait eu connaissance de
l'état d'avancement de ces pourparlers, la cour d'appel a violé l'article 1382 du Code civil ;
Mais attendu que le simple fait de contracter, même en connaissance de cause, avec une
personne ayant engagé des pourparlers avec un tiers ne constitue pas, en lui-même et sauf s'il
est dicté par l'intention de nuire ou s'accompagne de manoeuvres frauduleuses, une faute de
nature à engager la responsabilité de son auteur ;
Attendu qu'ayant relevé que la clause de garantie insérée dans la promesse de cession ne
suffisait pas à établir que la société Les Complices avait usé de procédés déloyaux pour
obtenir la cession des actions composant le capital de la société Stuck, ni même qu'elle avait
une connaissance exacte de l'état d'avancement des négociations poursuivies entre la société
Alain Manoukian et les cédants et du manque de loyauté de ceux-ci à l'égard de celle-là, la
cour d'appel a exactement décidé que cette société n'avait pas engagé sa responsabilité à
l'égard de la société Alain Manoukian, peu important qu'elle ait en définitive profité des
manoeuvres déloyales des consorts X... ; que le moyen n'est pas fondé ;
PAR CES MOTIFS :
REJETTE les pourvois
Cour de cassation
chambre commerciale
Audience publique du mardi 20 novembre 2007
N° de pourvoi: 06-20332
Non publié au bulletin Rejet
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Cour de cassation
chambre civile 3
Audience publique du mercredi 6 mars 1996
N° de pourvoi: 93-11113
Publié au bulletin
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, TROISIEME CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :
Sur le moyen unique du pourvoi incident :
Vu l'article 8-1 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des
libertés fondamentales ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Fort-de-France, 23 janvier 2004), que la Société Martiniquaise
d'habitations à loyer modéré (SMHLM) a donné en location un appartement à Mme Marie-
Josée X... et à M. Y..., le 28 novembre 1980 ; qu'après avoir quitté les lieux, M. Y... a fait
assigner Mme Pierrette X..., la fille de sa colocataire, pour obtenir son expulsion et que Mme
Marie-Josée X... est intervenue volontairement à l'instance ;
Attendu que pour accueillir cette demande et condamner Mmes Pierrette et Marie-Josée X...
au paiement de sommes à titre de dommages-intérêts, l'arrêt retient que Mme Marie-Josée X...
est à ce jour cotitulaire du bail, que, sauf enfant mineur, un des cotitulaires ne peut imposer à
l'autre la présence d'une tierce personne majeure alors que le bail stipule une clause
d'habitation personnelle prohibant toute sous-location, cession et mise à disposition gratuite
de l'appartement, et que Mme Marie-Josée X... maintient dans les lieux sa fille majeure dans
une situation illicite au regard du bail ;
Qu'en statuant ainsi, alors qu'elle avait relevé que Mme Pierrette X... avait établi sa résidence
chez sa mère qui occupait personnellement le logement et que les clauses d'un bail
d'habitation ne peuvent avoir pour effet de priver le preneur de la possibilité d'héberger ses
proches, la cour d'appel, qui n'a pas tiré les conséquences légales de ses propres constatations,
a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS et sans qu'il y ait lieu de statuer sur le moyen unique du pourvoi
principal :
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 23 janvier 2004, entre les
parties, par la cour d'appel de Fort-de-France ; remet, en conséquence, la cause et les parties
dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d'appel de Fort-de-France, autrement composée ;
Cour de cassation
chambre sociale
Audience publique du mardi 14 octobre 2008
N° de pourvoi: 07-40523
Publié au bulletin Cassation
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Vu l'article L. 120-2 devenu L. 1121-1 du code du travail, ensemble l'article 1134 du code
civil ;
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme X... a été engagée le 26 janvier 2001 par la société
Pricewaterhouse en qualité de consultante, à temps complet, puis à temps partiel dans le cadre
d'un congé parental à compter du 6 juin 2003, que le contrat de travail prévoyait que le poste
était fixé à Marseille avec possibilité de déplacements en France et à l'étranger et qu'il pourrait
être demandé à la salariée d'effectuer des missions justifiant l'établissement temporaire de sa
résidence sur place ; que suite au refus de Mme X... d'accepter une mission en région
parisienne pour une durée de trois mois, l'employeur l'a licenciée par lettre du 26 février
2004 ; que la salariée a saisi la juridiction prud'homale de diverses demandes ;
Qu'en se déterminant ainsi, sans rechercher si, comme le soutenait Mme X..., la mise en
oeuvre de la clause contractuelle ne portait pas une atteinte au droit de la salariée à une vie
personnelle et familiale et si une telle atteinte pouvait être justifiée par la tâche à accomplir et
était proportionnée au but recherché, la cour d'appel n'a pas donné de base légale à sa décision
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses dispositions, l'arrêt rendu le 30 novembre 2006, entre
les parties, par la cour d'appel d'Aix-en-Provence ; remet, en conséquence, la cause et les
parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie
devant la cour d'appel d'Aix-en-Provence, autrement composée
ORDRE PUBLIC
Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mardi 13 décembre 2005
N° de pourvoi: 04-13772
Non publié au bulletin Cassation partielle
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, PREMIERE CHAMBRE CIVILE, a rendu l'arrêt suivant :
Attendu que la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) a consenti à M. et Mme X... deux
prêts immobiliers aux termes desquels l'emprunteur s'engageait "à habiter personnellement et
continuellement l'immeuble faisant l'objet du prêt et à ne pas le vendre ni le louer sans
l'accord du prêteur" et qui stipulaient que "dans le cas où l'immeuble serait loué ou vendu en
tout ou en partie, sans l'accord du prêteur", toutes les sommes dues par l'emprunteur seraient
exigibles de plein droit; que les emprunteurs ayant loué le bien objet des prêts sans en avertir
le prêteur, la CDC a réclamé l'application de la clause d'exigibilité des sommes dues au titre
du prêt non soldé ;
Sur le premier moyen, pris en ses quatre branches :
Attendu que la CDC reproche à l'arrêt attaqué (Fort-de-France, 13 février 2004) d'avoir fait
droit à la demande des époux X... qui contestaient la validité des clauses litigieuses, alors,
selon le moyen :
1 / qu'en décidant que les clauses litigieuses portaient atteinte au droit du propriétaire de
disposer de son bien de la manière la plus absolue et que la CDC ne saurait revenir
unilatéralement sur le contrat de prêt tout en constatant que la clause litigieuse ne procurait
aucun avantage particulier à l'une des parties et sans en déduire qu'elle ne pouvait donc pas
être qualifiée d'abusive, la cour d'appel a violé l'article L. 132-1 du Code de la consommation;
2 / que, subsidiairement, en affirmant que des clauses qui prévoyaient les effets de la décision
de l'emprunteur de vendre ou de louer le bien faisant l'objet du prêt sans l'accord du prêteur,
portaient atteinte au droit de propriété de ce dernier, la cour d'appel a dénaturé le sens de ces
clauses méconnaissant ainsi l'article 1134 du Code civil ;
3 / qu'à titre infiniment subsidiaire, en prononçant la nullité de ces clauses du fait qu'elles
méconnaîtraient le droit de propriété alors que les clauses d'inaliénabilité ne sont pas
nécessairement nulles, la cour d'appel a violé ensemble les articles 6, 900-1, 1134 et 1172 du
Code civil ;
4 / qu'en affirmant qu'il résulterait des stipulations du contrat de prêt que la CDC se serait
réservée le pouvoir de revenir unilatéralement sur le contrat prétexte pris d'un changement
dans la situation de l'emprunteur, la cour d'appel a dénaturé les clauses des articles 10 et 12 du
contrat de prêt qui ne prévoient aucune faculté unilatérale de la CDC en violation de l'article
1134 du Code civil ;
Mais attendu que l'arrêt retient que les clauses du contrat de prêt relatives à l'interdiction de
location sans accord du prêteur sous la sanction de l'exigibilité anticipée de ce prêt qui ne
procurent aucun avantage particulier à l'une des parties, sont prohibées au regard des articles 6
et 1172 du Code civil en ce qu'elles constituent une atteinte au principe constitutionnellement
reconnu et énoncé à l'article 544 du même Code de disposer de son bien de la manière la plus
absolue et également une condition affectant les modalités d'exécution de l'engagement
contracté, prohibée par la loi ; qu'ainsi, la cour d'appel, qui n'a pas fait application de l'article
L. 132-1 du Code de la consommation et qui n'a fait qu'appliquer sans les dénaturer les
clauses claires et précises du contrat de prêt, en a justement déduit que de telles clauses étaient
contraires à l'ordre public ; que le moyen, qui manque en fait en sa première branche, est mal
fondé en ses autres griefs ;
Mais sur le second moyen, pris en ses deux branches :
Vu l'article 1382 du Code civil ;
Attendu que la défense à une action en justice ne peut, sauf circonstances particulières qu'il
appartient au juge de spécifier, constituer un abus de droit, lorsque sa légitimité a été reconnue
par la juridiction du premier degré, malgré l'infirmation dont sa décision a été l'objet en appel;
Attendu que pour condamner la CDC à payer à M. et Mme X... des dommages-intérêts pour
procédure abusive, l'arrêt infirmatif attaqué retient, d'une part, une légèreté blâmable dans le
suivi du dossier avant engagement de la procédure et, d'autre part, la délivrance d'un
commandement de payer postérieur de près de trois mois au paiement de la somme mise à la
charge des emprunteurs par les premiers juges et que la CDC avait reconnu comme soldant
intégralement la dette ;
Qu'en statuant par de tels motifs insusceptibles de caractériser les circonstances particulières
constitutives d'un abus de droit, dès lors que la légitimité de l'action de la CDC avait été
reconnue par la juridiction du premier degré, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;
PAR CES MOTIFS :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a condamné la CDC à payer à M. et Mme
X... la somme de 7 622,45 euros à titre de dommages-intérêts, l'arrêt rendu le 13 février 2004,
entre les parties, par la cour d'appel de Fort-de-France ;
remet, en conséquence, quant à ce, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient
avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Basse-Terre ;
Cour de cassation
chambre sociale
Audience publique du mercredi 25 mars 2009
N° de pourvoi: 07-41894
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Rennes, 15 février 2007), que Mme X... a été embauchée par la
société Cabinet Saint-Gilles immobilier le 5 janvier 2004 en qualité de négociatrice
immobilière ; que, le 5 octobre 2004, elle a remis sa démission à effet du 20 octobre suivant ;
que l'article 13 du contrat de travail comportait une clause de non-concurrence de six mois,
assortie d'une contrepartie financière ; que la salariée a saisi la juridiction prud'homale pour en
demander le paiement, ainsi que celui d'un rappel de commissions ;
Mais attendu, d'abord, que la cour d'appel a relevé à bon droit que rien n'empêchait
l'employeur de notifier la dispense à la dernière adresse connue de la salariée qui avait bien
reçu certains courriers de novembre 2004 ;
Attendu, ensuite, qu'il appartient à l'employeur de rapporter la preuve d'une éventuelle
violation de la clause de non-concurrence et que la cour d'appel a décidé à bon droit que la
clause contractuelle disposant du contraire était inopérante ;
D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 3 juillet 1996
N° de pourvoi: 94-14800
Publié au bulletin Rejet.
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE COMMERCIALE, a rendu l'arrêt suivant :
Attendu, selon l'arrêt attaqué, que M. X..., en qualité de liquidateur judiciaire de la société
Colo, a vendu à M. et Mme Y..., par l'intermédiaire de la société Must immobilier (la société
Must), le fonds de commerce de bar-restaurant de celle-ci ; que quelques jours après la vente,
les acquéreurs ont appris que le commerce n'avait jamais obtenu l'autorisation d'ouverture en
raison d'un avis défavorable de la commission communale de sécurité et que la terrasse n'était
pas conforme au permis de construire ; que l'établissement ayant fait l'objet d'une fermeture
administrative et que le bail ayant été résilié, M. et Mme Y... ont assigné M. X..., ès qualités,
la société Must et son assureur, la société Axa France (la société Axa), en résolution de la
vente et en responsabilité ;
Attendu que pour écarter toute responsabilité du vendeur, l'arrêt retient que les clauses de
dispense concernant la réglementation de sécurité qui figurent dans la promesse d'achat et
dans l'acte de vente du fonds de commerce sont valables dès lors qu'elles traduisent
l'acceptation par les acquéreurs d'un aléa ou d'une obligation qu'ils étaient en mesure
d'identifier ;
Attendu qu'en statuant ainsi, alors que M. X..., ès qualités, qui avait comme obligation
essentielle de délivrer le fonds de commerce pourvu d'une autorisation d'ouverture, ne pouvait
s'en exonérer par une clause élusive de responsabilité qui, contredisant la portée de son
engagement, devait être réputée non écrite, la cour d'appel a violé les textes susvisés ;
(…)
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu de statuer sur les autres griefs :
CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a rejeté toutes les demandes de M. et Mme
Y... à l'encontre de M. X..., en qualité de liquidateur judiciaire de la société Colo, de la société
Must immobilier et de la société Axa France, l'arrêt rendu le 20 février 2007, entre les parties,
par la cour d'appel de Montpellier ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties
dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la
cour d'appel de Montpellier, autrement composée
Cour de cassation
chambre civile 1
Audience publique du mercredi 3 novembre 2004
N° de pourvoi: 02-10880
Publié au bulletin Rejet.
REPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS
Décidément, politique et droit des contrats ne font pas bon ménage. Déjà il y a quelques
années, la Cour d'appel de Paris (1re ch. A, 18 oct. 1994, RTD civ. 1995.351) avait indiqué
que les promesses politiques ne faisaient pas naître d'obligations civiles au bénéfice de ceux
qui les avaient reçues et éventuellement ratifiées par leur vote ! Aujourd'hui cette même
juridiction s'attaque, si l'on peut dire, au mandat d'investiture délivré par un parti en lui
déniant le droit de constituer l'objet d'une convention au sens de l'article 1128 du code civil.
En l'occurrence, un candidat du Front national, qui avait été élu conseiller régional, se voyait
réclamer par son parti l'exécution d'un accord passé lors de sa désignation comme candidat et
dont l'article 1er était ainsi rédigé : « Le candidat, ayant reçu et accepté l'investiture officielle
du Front national pour l'élection de référence, reconnaît par les présentes que la quote-part le
concernant des dépenses directement liées à la campagne dans sa circonscription mais
engagées au plan national par le Front national relativement à l'élection à venir s'élève à 180
000 F. Cette somme s'entend de toutes dépenses indirectes, qu'elles résultent des frais de
secrétariat, publicité, affichage, promotion, conseil, organisation de réunions publiques de
portée nationale, des relations avec la presse, édition ou diffusion nationale de tous
documents, livres, tracts, circulaires et généralement de toutes les activités politiques
autorisées par la loi ».
En effet, si aux termes de l'article 2 de ce même accord le Front national déclarait abandonner
sa créance à l'égard du candidat qui « ne serait élu à aucun moment de la mandature », le
candidat heureux s'engageait en revanche, aux termes de l'article 3, à rembourser la somme
sous la forme d'un virement bancaire mensuel de 2 500 F. L'accord était donc à cet égard des
plus clairs, et se trouvait, au demeurant, complété par d'autres dispositions : notamment, un
article 5 aux termes duquel le Front national renonçait au solde de sa créance « en cas
d'interruption du mandat par suite de décès, démission comportant résiliation du mandat, effet
de la loi », et un article 7 prévoyant que la dette souscrite par le candidat continuerait, en
revanche, d'être exigible au cas où, postérieurement à son élection, il croirait devoir quitter le
groupe politique ou cesserait d'appartenir au Front national pour quelque cause que ce soit.
Mais, si le Tribunal de grande instance de Paris a fait droit à la demande du parti, la cour
d'appel déboute ce dernier en se référant à l'article 1128 du code civil. Elle observe d'abord
que l'objet de la convention est bien l'investiture du candidat et non le remboursement de
dépenses de campagne prises provisoirement en charge par le parti : « il résulte des clauses
contenues dans les articles 2, 3, 5 et 7 de la convention, que l'obligation de remboursement est
liée, non pas aux dépenses de campagne dont les candidats seraient systématiquement
redevables du seul fait qu'elles auraient été engagées mais directement et exclusivement à
l'exercice du mandat électoral obtenu sous l'étiquette du Front national, la reconnaissance de
dette étant intégralement ou partiellement non avenue à défaut de mandature ». Et elle conclut
alors « qu'il s'ensuit que la cause déterminante de l’engagement de M. S... n'est pas celle
exprimée à l'acte du 21 janvier 1992 et que l'opération litigieuse est, en réalité, relative aux
conditions de présentation au suffrage des électeurs d'un candidat à une élection politique
lesquelles sont hors du commerce ».