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II
()
i Histrianorîum civitas
~\i · · · · Ijeg Aug pr. j>/r
») V. p. e. CIL. III 9754 ^equum-Dalmatia) et 88, 12: φνλή Λίγικορέων (cTJstria) τυν βωμύν ταΐς
13187 (Delminium, ibid.); Arch.-epigr. Mitt., XVII, Νύμφαις άνέστηαεν. En Scythie Mineure, comme en
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FOUILLES D'HISTRIA
pierre (cf. fig. 28) ne semble pas avoir appartenu à un H. Quant au nombre de lettres
qui manquent, la lacune admet, avant Vis du datif, trois ou quatre lettres, dont la
dernière serait celle en partie visible sur le monument; de même après Yet nous pou
vons restaurer autres trois ou quatre lettres, p . e. SÏLV, et puis, à la 2-e ligne, avant
SACRVM le reste de deux let
tres: A en ligature avec N, et
O: ANO. — A la 6-e ligne nous
avons la triple ligature de ΓΑ,
de TV et du R : A V R : il faut
donc lire comme dans l'inscrip
tion publiée dans Histria, IV,
p . 85, Aur(eli).— A la 8-e ligne,
avant SATVR, nous avons cru
déchiffrer sur la pierre: T I B ;
nous restaurons toutefois ce nom
avec un signe dubitatif. — Le
nom du quaeslor, dans la 10-e
ligne, est abrégé d'une manière
assez exagérée: T E R . MAT;
nous lisons cependant, avec les
meilleures chances de certitude,
Ter(entio) Mat(erno). Il est vrai
que le cognomen pourrait être
lu aussi Mat(uro). Nous choisis
sons le premier comme plus fré M : O-itS — J-
quent. — A la 9-e ligne, après Fig. 29.
NIN, il y a une brisure dans la
pierre: d'après la forme de l'éclat nous devons supposer qu'un O y a été gravé.—
lecture IVN à la 12-e ligne est certaine.
? Nymphjis et fSilv?
? anoj sacrum^
prjo salutem
IJmp. T. Aeli AntfnJ-
5 nini Hadrea(ni) (sic)
Aug. et Aur. Veri
Caes(aris), cura âge·
ntibus f?Tib.J Satur-
ninfoj et Bizienem
10 mag(istris) et Ter(entio) Mat(erno) quae-
storem, idibus
Iun(is), Q. Statio Ma-
xime et Avito c(onsulibus).
Dalmatie, l'eau est très rare et le culte des Nymphes très à sa place.
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VASILE PÂRVAN
') Pârvan. Histria, VII. p. 56, 63, 67, 72, 75. du vicus Quintionis d'époque plus tardive: v. les
-) Pârvan, Histria. IV, p. 85. citations ci-dessus dans le texte.
3 4
) Nous n'insistons pas sur les autres inscriptions ) Tomaschok, Die altni Thrakrr, II 2, p. 15 eq.
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FOUILLES D'HISTRIA
pères, Cutiunia el liurtsitsinis '), vu que c'étaient des noms personnels au sens moderne
du mot, et non des noms de famille, ou, éventuellement, des prénoms romains. —Le suffixe
-nis n'est pas Hop fréquent en thrace, mais il est très bien connu 2 ). Notre Bizienis
— à un seul nom — est un exemple de ces vieux Thraces consistentes vico Quintionis,
lesquels, lorsqu'on leur offrait l'honneur d'être maires ou caissiers du village, à côté
des Romaine, ne perdaient pas leur t ê t e ; dans ces premiers temps de l'organisation quasi-
municipale 3 ) des villages de la Scythie Mineure, on ne pouvait pas s'attendre à voir
les indigènes — aussi riches et plus nombreux que les Romains — quitter leurs an
ciennes traditions et devenir des adeptes des coutumes nouvelles. C'est justement la
grande différence entre ces paysans thraces, romanisés à peine au cours de nombreuses
générations, mais, une fois devenus romains, fondant un nouveau romanisme, aussi du
rable que celui d'Italie, — et les Graeculi d'origine syrienne ou anatolienne, très vite
métamorphosés en Italiques irréductibles, t a n t qu'ils étaient pressés par leurs intérêts
économiques ou sociaux, mais oubliant tout aussi vite leur passé romain et revenant aux
anciennes traditions orientales.
Quant aux ides de juin, grand jour de fête non seulement dans notre village, mais
aussi ailleurs en Scythie Mineure, j ' a i montré en d'autres occasions 4 ), qu'à cette date
l'on fêtait ici les Rosalia italiques, la fête de l'été, devenue chez les Daco-Romains du
Bas-Danube le jour sacré par excellence, lorsque les morts et les vivants communiaient
ensemble dans le culte de la terre-mère (Terra Mater, Cere.s, Diana Regina, etc.), — et que
les citoyens des villages florissants de ces contrées élevaient des autels «à la santé» des
empereurs et à la leur ( ! ) , a u x Dieux suprêmes de l'Empire, ou encore à leurs bons dieux
paysans, Silvanns Sator à leur tête 5 ).
19. Fragment d'une plaque en marbre, épaisse de 10 cm, haut et large de 15 cm,
trouvé dans les décombres des maisons immédiatement au N de la grande porte de
la ville. Lettres de la première moitié du
ΙΙ-e s., hautes de 35 mm. La seule chose que
nous pouvons tirer de l'examen du texte,
c'est que nous avons affaire à une inscrip
tion grecque (v. fig. 30).
....0....
? ajioiafa?
. . ? τ]ov %[....
Fig. 30.
') J ' a i discuté cette question déjà dans mon également empressées des Thraces et des Romains
Ilistrïa V I I , p. 72 et suiv., et je n'y reviens plus. (Histria, IV, p. 83 et suiv.).
4
-) En voir Histria, V I I , /. c , les exemples les plus ) Crestinismul Dacoroman, Bucarest, 1 9 1 1 ; Ul~
caractéristique· et les origines du suffixe. metum, 1911—1913 ; Histria, IV, 1916 ; Histria, V I I ,
3
) Notre village p . e. était, à l'époque où nous 1923 et surtout Inneputurile vietii rom. la gurilc
nous trouvons — vers 1 5 0 — a s s e z ancien et flo Dunârii, Bucarest. 1923. p. 98 et suiv. et 174 et
rissant non pas pour bâtir alors pour la première suiv.—Voir en italien mes Primordi délia civiltà
fois, mais déjà pour «réparer» (auditorio restituto) romana dans Ausonia, X , 1921 (Rome), p. 187—209.
s
le vieux local de la mairie et le décorer d'arae, de ) Pârvan, Primordi, l. c, p. 207 sq.
tablât (sic) et <le sigilla (sic) grâce aux contributions
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VASILE P A K V A N
20. Icône non achevée du Dieu Cavalier, en pierre calcaire, trouvée in situ, en
castrée comme image (de culte?) dans le mur septentrional d'une maison, au S de la
grande place d'entrée de la ville ; la plaque est haute de 75 cm, large de 50 et épaisse
de 15. Très haut relief, jusqu'au profil de 6 cm. Travail rustique du Il-e s. Très large
espace réservé en bas du relief pour l'inscription dédicatoire qui allait être gravée après la
vente de l'icône, d'après les noms et les voeux de l'acheteur. (Fig. 31). L'on voit re
présenté le Cavalier galopant vers la droite, l'autel au feu allumé en dessus, l'arbre
au grand dragon, dont la tête, à gueule largement
ouverte, se dirige vers la droite, descendant au-
dessus d'un hermès, qui occupe l'angle extrême
droit de la scène. L'autel et le dragon sont des
symboles presque obligatoires dans le culte thracc
du Héros Cavalier '). Au contraire l'hermès est
exceptionnel 2 ). Notre monument a été très bien
conservé, encastré dans un mur de l'époque by
zantine, très probablement comme image chréti
enne (!) de St. Michel ou de St. Georges. Quant à
son emploi originaire, nous sommes d'avis qu'il a
été soit l'enseigne même, soit l'un des exemplaires
mis en vente, dans la boutique d'un lapi(i<iriiis,ne-
gotiator d'Histria 3 ).
21. Stèle en marbre blanc (pris à un monu
ment antérieur) 4 ) équarrie d'une manière assez pri
mitive, haute de 0,45, large de 0,32 épaisse d'env.
0,18 m, trouvée dans les décombres du quartier
méridional de la ville, au NO de la basilique by
Fig. 31. zantine, comme matériel de construction d'un des
murs tardifs des habitations de cette région. Let
tres assez rustiques, hautes de 12 — 1 5 mm. Le texte est complet, mais assez mal
conservé; la plaque a été soumise à de rudes épreuves, qui ont par endroits presque to
talement effacé les lettres (v. fig. 32 et 33). Nous pouvons toutefois lire presque tout.
Il y a à retenir, pour la critique du texte, ce qui suit. A la 2-e ligne, malgré les trois
traits verticaux au commencement, il n ' y a qu'une seule lettre à lire, un / / ; à la fin
de la ligne un tout petit Ω, presque complètement disparu. En général les deux bouts
de chaque ligne sont plus ou moins endommagés. Nous n'avons cependant mis entre
crochets que les lettres dont nulle trace n'était plus à voir. A la 4-e ligne, avant νπατικοϋ,
il y a une brisure plus grande, où l'on surprend les traces très faibles d'une lettre, et une
') V. p. e. Kalinka, o. c , nos. 335, 341 et Dobrusky, ce motif chaque jour autour de lui, représente
dans Izvestia Muzei, Sofia, 1907, I, p. 36 et suiv. justement la contamination des symboles sacrés
2
) L'hermès est un motif décoratif presque ba traditionnels du Héros Cavalier, avec les scènes de
nal dans l'art décoratif hellénistique et romain: genre de l'art décoratif contemporain.
3
peintures, stucs, reliefs, représentant des scènes ) Ou bien negotiator artis lapidariac: cf. P â r v a n ,
religieuses ou pastorales, et en général des paysages, Nationalitiit der Kaufleute, p . 60 (Germania).
4
l'emploient fréquemment. Il est très probable que ) A ce qu'il semble, la moitié d'un fût de co
notre relief, oeuvre d'un artisan citadin qui voyait lonne.
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FOUILLES D'HISTRIA
autre brisure plus petite, où nous ne pourrions pas affirmer avoir déchiffré les traces d'un
A, pour pouvoir compléter les sigles A li: à(no)
β(ενεψικιαρίον ) . A la fin de la 5-e ligne nous
avons un T. Quant à la forme de l'aoriste, 3-e
pers. du pi., les traces encore conservées indi
quent la lecture ΕΓ/ΚΛ/Ν comme plus pro
bable que ΕΓ[ΚΟ]Ν. Les lignes 6 et 7 sont
plus courtes que les autres vers la fin, par suite
d'une lacune dans la pierre. A la 10-e ligne les
lettres de la fin, ΠΟΝΤΑΡ, sont parfaitement
lisibles. A la 15-e ligne nous déchiffrons aisément
avant ύπατΐΧθϋ le sigle pour β(ενεφικιάριος), ce
qui nous met sur la voie juste pour compléter
aussi à la 4-e ligne le même sigle. Le commen
cement et la fin de la 17-e ligne ne permettent
que les restaurations proposées ci-dessous:
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Y λ SI I I , l'A K VAN
toujours l'élément militaire et romain qui apparaît ici aussi, comme porteur de la
nouvelle croyance. Histria possédait naturellement une statio de benejiciarii (cousu-
loris Moesiae Inferioris), choisis parmi les principales de ce rang, dans les légions de INovae,
Durostorum ou Troesmis λ). Les chefs de cette station de la poste impériale appa
raissent dans la nouvelle inscription soit comme hqtïç, soit comme ενεργέται du col
lège culluel. Quant aux autres fidèles, nous voyons cité à leur tête le pontarque même
des villes grecques du Pont Thrace: ce
chef du culte de Rome et des Empereurs
dans le KOIVÔV politique était assez souvent
un hislrien, quoique la résidence de la
Pontarchie fût à Tomi 2 ). Il est dans
notre cas un citoyen romain dont la famille
avait reçu le droit de cité romain de
l'empereur Trajan, probablement à l'oc
casion des grandes réformes de l'an 100,
lorsque le gouverneur Laberius Maximus
en personne avait octroyé — au nom de
l'Empereur — une nouvelle «magna charla»
des droits et des privilèges de la «ville
libre» d'Histria 8 ). Les autres membres du
collège mithriaque sont soit des Romains
comme Aurelius Aemilianus ou Aelius Fir-
mtis, soit des Gréco-Romains comme ΑΌ.ιος
Αιοννοιυς Αη/ιοκράτους, ou le pontarque
Artemidorus, soit des Grecs. Parmi ces
Fis:. 34. derniers avait été choisi le pater du collège 4 ),
Μενίσκος Νονμηνίον, lequel n'était pas
un prêtre — au sens propre du mot — m a i s plutôt l'administrateur du collège, comme
dans les thiases d'autres dieux aussi: du Héros thrace 5 ), d'Isis "), de Silvanus 7 ).
La datation d'après le prêtre du collège mithriaque n'est pas inconnue. Carnuntum,
le grand centre militaire du culte de Mithras, nous offre — à ce qu'il paraît — un autre
exemple: Mal... sac(erdote) it(erum) 8 ). Parfois le sacerdos et le pater ne font qu'une
seule personne, comme à Virunum, l'autre grand centre mithriaque de l'Empire 9 ).
L'on emploie d'habitude le mot templum, teQOv, pour désigner le sanctuaire du
Dieu. Cependant nous connaissons aussi dans nos régions danubiennes le terme carac
téristique de .spe/aei/m, employé dans une inscription dédicatoirc: Invicto Milhrae spe-
laeum cum onine impensa Hermès... fecit 10 ).
tifs aux mystères de Mithra. Bruxelles, J 896 —1899, 6) CIL. III 8147 (Sinpidiiiium).
e
2 vol. gr. in 4°. ) CIL. III 882 (Potaiesa).
*) Voir les documents que j ' a i publié dans ') CIL. I I I 633, IV 3 (Pbilippi); cf. aussi l'in
Histria, IV, p. 136 sqq. et Histria, V I I , p . 52. scription de Poetovio pour les patres du eollegium
2
) Voir p. les détails et la bibliographie, mon luventutis (CIL. I I I 4045).
Histria, IV, p . 92 sqq. ») CIL. I I I 4417.
3
) P â r v a n , Histria, IV, p. 31 sqq. ») CIL. I I I 4800, de l'année 239.
4 10
) V. aussi CIL. I I I 3479, 11152, etc. et Cumont, • ) CIL. III 13283 (Senia, Dalmatie).
0. C, S. V.
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FOI ILLES D'HISTRIA
[D(is)jM(anibus).
I? L. Aclin?/ Severino
[trieraJrcho cl(assis) Fl(aviae)
IMoes(icae) qu/i vixit an·
5 [nos.../, Claudia Sa-
[? bina cjoniux me-
I mariant cjum sarco(phago)
/mûriflo bene me·
frentij et sibi fe-
10 [citj.
Fig. 35.
1 4
) V. mes Primordi dans Ausonia, X, Home, 1921 ) Nous ne pensons pour le moment qu'aux mo
p. 206. numents funéraires. Car par ailleurs le motif se re
*) Ibidem et Durostorum dans Mvista di Filo- trouve p. e. en profusion aussi sur le trophée du Mo
logia, LU, Torino, 1924, p. 325. nument d'Adamclissi: v. chez Tocilescu, Fouilles et
3
) Kalinka, o. c, p. 223 et fig. 7». recherches, Bucarest, 1900, p. 19 suiv. et fig. 7 et suiv.
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VASFLK 1»AKVA\
La 2-e ligne a été complétée exempli gratiu. A la 3-e ligne nous avons préféré
/triera/rcho à [navajrcho, d'après les autres cas survenant dans l'épigraphie des flottes
de guerre danubiennes: dans la classis Flavia Moesica, p. e. à Chersonesus Taurica, où,
de même qu'à Histria, nous rencontrons un trierarchus de cette flotte, en activité de ser
vice * ) , — et dans la classis Flavia Pannonica, p. e. à Bassiana 2 ), à Poetovio 3 ), à
Brigetio 4 ) ou à Aquincum 8 ). — A la 6-e
ligne il est beaucoup plus probable de sup
poser un nom plus bref, comme Sa/bina/,
au lieu d'un nom trop long comme Sa/tar-
ninaj: ce sont les deux cognomina classiques
des inscriptions de l'Illvrique, et. le premier
a dû être, très probablement, gravé aussi
sur notre monument. Cependant nous avons
maintenu le point d'interrogation, pour faire
la part due au hasard: rien n'empêche que
ce fût: Safturia/, Sa/batiaJ, Sa/cretia], Sa-
[lonia], SafhiaJ, Safpricia /, Safrapia],
Sa/tria/* Sa/tara/, etc. — Les lignes 7—10
sont sûres. Pour la manière de s'exprimer,
memoriam cum sarcophago... fecit, cf. d'un
côté memoriam sibi fecil e) ou memoriam et
statuas posait7), et de l'autre monnmentnm
cum sarcophago fecil 8 ).
23. Grande stèle funéraire en pierre cal
caire, brisée en trois morceaux, pour être
employée avec le plus de profit dans le pa
rement du côté septentrional de la tour G
d'Histria. La partie supérieure, avec le tri
angle du fronton et les deux aerotères laté
raux, est perdue. Quant aux deux autres
morceaux, ils constituent un bloc de 1,46
de haut, 0,85 de large et 0,29 d'épais, coupé
Fig. 36. au milieu d'une manière tellement barbare,
qu'on a détruit presque totalement deux
lignes de l'inscription (fig. 36). Lettres bien soignées, encore du ΙΙ-e s., hautes de
50 — 55 mm. Le relief au-dessus de l'inscription représente l'habituel banquet funèbre:
deux hommes sur la κλίνη, leurs couronnes de fête dans la main droite, une femme sur
le trône à haut dossier, un puer servant auprès de la table ronde à trois pieds ; le cadre
du champ sculpté et gravé est rempli du motif ornemental de la vigne à larges feuilles
et à raisins «pis de chèvre», très fréquents sur les monuments funéraires des régions da
nubiennes.
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FOUILLES D'HISTRIA
Après le nom du père, dans la 2-e et la 3-e lignes, nous pourrions supposer qu'on
ait mis ses titres ou son métier, ou son origine ; toutes les hypothèses sont possibles.
La forme sapulchrum, au lieu de sepulcrum, est assez intéressante pour le latin populaire de
nos régions; le c aspiré est fréquent justement dans notre vocable (v. CIL. I I I , p . 2571
et 2604) ; au contraire Va au lieu de Ve est assez rare: il n'est vraiment usuel que dans le
223
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VASIU; ΐ'λΐιν \ \
(courtine h, près de la tour G) il avait été employé, en deux blocs de parement. Haut
de 1,47, large de 0,68 (0.735) et épais de 0,65 (0.67). Toutes les quatre faces de l'autel sont
sculptées: en face l'inscription (v. fig. 38 et 39),
des trois autres côtés de grandes couronnes en re
lief, chacune stylisée d'une manière différente (fig.
40 —42). Belles Ici très du Il-e s., hautes de 50 — 5 5
mm. Malgré la grande lacune du milieu, provoquée
par la coupure de l'autel en deux blocs, ce qui a
dé! mit deux lignes de l'inscription, l'épigraphe peut
être complètement restaurée, grâce aux restes de
lettres encore lisibles dans les deux lignes mutilées:
aspect si soigné le
monument est en
tout cas du ΤΙ-e s.
Est-ce de l'épo- |
que où la V-e lé- |
gion était encore I Vtpi-ATINVSEXSIc-
en Mésie, c'est-à- VET^LEGVMAO
dire antérieure VIXITANNIS^LX<5
ment à Marc-Au-
rèle? Car il est ^
AVFIDIAMVITA
Fig. 38.
bien plus facile à ■$
j^yioTr-
comprendre que l'ancien signifer de la legio V Ma-
cedonica ait choisi comme lieu de retraite pour ses |
'«SrfENTIPOSVr
vieux jours la ville d'Histria, si nous supposons qu'il I
■^DESVO^l
avait fait son service à Troesmis en Scythie Mineure, .
et non à Potaissa en Dacie septentrionale. Cependant
rien n'empêche que l'inscription appartienne juste à |
^ oui
l'époque de transition *), où la légion se trouvait déjà |
en Dacie, mais les terribles guerres de l'Empire contre I
I
') J ' a i parlé ailleurs (Stiri noua din Dacia Malvensis, Buca- |
rest, Académie Roumaine, 1913, p . 45) sur cette question, me i
alliant a l'opinion de Premerstein (Wiener Eranos, 1909, p. 268)
. y jrj5 — i
comme quoi déjà vers 166 la V-e légion était en garnison à Potaissa. Fig. 39.
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FOUILLES D'HISTRIA
les Suèbes et les autres barbares du N semblaient ne plus finir; il n'est que trop
naturel que notre vétéran ait préféré de rentrer en Scythie Mineure, où il avait,
un quart de siècle auparavant, commencé son service militaire, et où la situation était
parfaitement consolidée, plutôt que d'accepter un lot de colon en Dacie, où les
invasions des Germains, des Sarmates et des Daces libres se succédaient à l'infini.
25. Stèle funéraire en pierre calcaire ayant servi de pierre de parement à l'angle
septentrional de la tour F d'Histria, haute de 1,58 m., large de 0,735 et épaisse de 0,30,
brisée par calcination en deux grands morceaux et en plusieurs petits éclats. Décora
tion très chargée sur la partie supérieure (v. fig. 44), mais complètement dépourvue de
toute représentation anthropomorphe. L'inscription est très mal conservée: le deuxième
nom du défunt ne peut être restitué qu'avec beaucoup de peine. Lettres assez régu
lières, à ce qu'il semble, de l'âge des Sévères, hautes de 25 — 35 mm (v. fig. 43). La stèle
a été achetée, toute prête à recevoir l'épigraphe, chez un negotiator lapidarius *), dont
la clientèle était plutôt romaine que grecque, car il avait déjà gravé, pour réduire au
minimum la besogne du scriplor, la formule de consécration latine: D(is) M(anibus),
ce que l'acheteur, qui parlait et écrivait le grec, n'a plus changé.
') V. p. e. les dix autels votifs, «nur roh behauen» rius de DionysopoJie, chez Kalinka, Ant. Denkm.
trouvés dans la boutique d'un negotiator lapida- in Bulg., no. 231.
225
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15 Dacia II 1925
VASILE PARVAN
w . ; 3 j _
!i . /îïw.
p
I
«-■feHCAC6.TW>€'"TW
ΤΙβΑΥΡ-MAPKOC /\
lioOCM\E1AlXAP!i-M
i l XAIPGITAPQ^ELITAI
[•ÉÉË
U-^
Fip. 43.
D(is) M(anibus)
Ένϋάόε κεϊται Άπολ-
λινάρις A ολιχην[άρ ?]ις
ζήοας ετη λε', τψ'
οτήλην άνέϋιγκε(ν )
Ανρ(ήλως) Μάρκος δ άδελ-
φός μνείας χάριν.
Χαϊρε παροδεϊτα.
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loi IIJKS irmsTRiA
vons ajouter que la lecture Δολιχην[άρ]ις est très probable: en effet nous croyons pouvoir
lire VA en ligature avec Λ' (entre les deux premières barres), tandis que le P paraît s'im-
l
) P â r v a n , Vurostorum, dans Hivista di Filologia, la bibliographie.
L U , Torino, 1924, p . 323—326, avec le» textes et
227
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15·
VASILE PAR VAN
poser par la présence des restes d'une barre verticale tout de suite après le N.— Si
nos yeux ne nous trompent pas, la forme que le nouvel appellatif aurait prise, aurait
été calquée d'après celle, très commune, du nom semblable, *Απολλινάρΐς.
26. Stèle en pierre calcaire, haute de 1,28 m, large de 0,89, épaisse de 0,37, encastrée
dans le parement de la courtine /, à ΓΟ de la
V-e porte de la ville. La partie supérieure de
la stèle est décorée de la scène habituelle du
repas funèbre. La partie inférieure est brisée,
de manière que le texte de l'inscription n'est
pas entièrement conservé. Lettres soignées de
la fin d u l l - e ou du commencement du I l l - e
s., hautes de 35 — 45 mm (v. fig. 45 et 46).
Nous lisons:
D(is) M(anibus).
Aur(elio) Ercula·
no Seuti, Aur(elia) Dus''a
Seuti coiux et Aur(elius)
5 Cocceius, er(es), et Aur(elius)
Genialis, er(es), et Aur(elius)
Claudius, er(es), et Aur(elius)
Vindix, er(es), fili et
eredes, bene m-
10 ferenti patri posueruntj.
savions encore rien des relations de famille entre tous ces personnages, que la nouvelle
inscription d'Histria nous révèle, peut être maintenant donnée. Déjà en 1896 Tocilcscu
publiait dans les Arch.-epigr. Mitt., X I X , p. 92 (et le Corpus, I I I , enregistrait sous
no. 14214 25) la partie supérieure d'une stèle funéraire 1 ) avec les premières lignes de notre
inscription de 1915:
D(is) M(anibus).
Claudia
Dusia vi-
fxit an(nis) . . ./.
A l'aide des trois inscriptions nous pouvons donc établir cette généalogie:
1
) Trouvée à Kassapkeuy, où Tocilescu croyait avons déjà remarqué que chaque brisure intentionnée
devoir localiser Histria même, tandis qu'en réalité des monuments d'Histria, employés d a n s les murs
il n'y a là-bas q u ' u n village du territoire rural de la ville, détruisait deux lignes de l'épigraphe.
3
d'Histria. ) Voir Tomaschek, o. c , I I 2, p . 32 sq. Pour le
2 vocalisme u > y > i , cf. p. e. le nom Buzes, Byzes,
) C'est-à-dire, très probablement, avec les noms
des deux frères, Cocceius et Genialis, qui manquent Bizes, que Tomaschek, p . 15—17, essaye d'expli
sur l'épitapbe de 1915, à compléter immédiate quer — de manière erronée — par des étymologies
m e n t a v a n t Claudius et Vindix; en effet, nous différentes.
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VASILE PARVAN
Dusia Seuti coiux: elle est l'épouse légitime du père du défunt; mais elle n'a pas Pair
d'être aussi la mère du défunt. Probablement le défunt avait été le fils de Seutus d'une
autre femme. En tout cas c'est la «grand"marâIre» qui paraît avoir eu soin des quatre
enfants d'Aurelius Erculanus et de Claudia Dusia.
En ce qui concerne le nom du grand'père, le Thrace Seutus, nous avons préféré
de rétablir cette forme latine, dont le génitif est tout naturellement Seuti, au lieu de
la forme thrace Seutes, le génitif de laquelle ne serait Seuti, que dans l'hypothèse
qu'il aurait eu en thrace — plus ou moins — le même traitement grammatical que
Posses, dont le génitif thrace est Possei *), ou Dateizes, dont le génitif est Dateizei '*),
c'est-à-dire pas tout-à-fait la même chose. En effet les Thraces du territoire rural d'Hist ria
latinisent leurs noms presque couramment: Mucatralus et Dolus au lieu de Mucatralis
et Doles :i), Britius au lieu de Brinis 4 ), Mucatrio, -nis au lieu de Muratra et Seuto, -onis,
au lieu de Seuthes r>), etc.—Nous devons encore ajouter que l'on pourrait penser, à propos
du génitif Seuti, aussi à une forme de nominatif Seutius, dont plusieurs exemples nous
sont connus de l'O italo-pannonien 6 ).
Pour le procès de la romanisation des Thraces du Bas-Danube notre nouvelle in
scription, corroborée par les deux autres fragments, devient un document de toute pre
mière valeur.
27. Fragment d'un monument funéraire en pierre calcaire (base, épistyle ou sarco
phage) à tabula ansata, haut de 0,245 m. Lettres assez soignées de la fin du ΙΙ-e s., hautes
de 36—40 mm (v. fig. 47). Trouvé dans les décombres de la région méridionale de la
ville, près de la basilique byzantine. Ce qui est con
servé de l'épitaphe ne permet aucune restitution
plus importante:
fjlio]
fpjientfissimo
Crispof
posufit. vixit annis
5 XVIII f
1
) Pârvan, Ulmetum, I, 1912, p. 65 sq. *) lbid,, p. 66.
2 6
) Pârvan, Histria, VII, p. 46. ) Pârvan, Histria, IV, p. 154 sq.
3
) lbid., p. 68 sq. «) lbid., p. 155.
230
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FOUTIJ.ES D'HrSTRIA
L'épigraphe est perdue, sauf les deux premières lignes, à lettres hautes de 40 — 50
mm (v. fig. 48).
D(is) M(anibus)
Val(eri) Iustini. Iusti-
[nus, ou -na . . . . fecitj.
•N^^^i.v.SU-J·-
Fig. 48.
231
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VASILE PARVAN
Θ (εόΐς) K (αταχΰονίοις).
Ένΰάο'εγώ κείμε
Κλΰτη *ΛπφΙα τε Φΰ.Ιππον.
πανοαμένη βωτοιο
ψάονς ετών εϊκοοι όκτώ·
232
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FOUILLES D'IIIST.UA
λίψα δ'έτηχϋονίοις
Ttalâa μοϋνον έμόν
τεκέων σρρενα πενταετή
ονν πατρϊ φίλο) έμώ τε συνεύιφ'
10 Λισχρίων 'Αριοταγόρον,
βονλεντής, δς ενικα μνή/ιης
καϊ τής παρεμοι φιλότητος
ζών τε και φρονέων
τόν δ'άνέΰηκε τίτλον.
15 Χαίρετε οοοι τυ
ζί;ν βιότον TtOQO-
Οεύετ άλνπως.
— — oib —
\ εΝΘΑΔ ε τ ο ΰ κ e i j u e i |
\ Κ\Ί Ή Λ π φ ! ΑΤ€φΐΛΙΠΒ|
jnAYCAueViHBWToio |
ΐφ^ογοεταϋΝεικοα^ι
]Λΐ|ΑΔεπΐΧΘΟΝ1ΟΙ0||
pAJAAUOYNONeUo^l
jT€ Κ €θ)ΝΑΡΙΕΝΑΤΈ NAëRl
|ΣΥΝ7ΤΑΤΡΐφ!Λ Ι Λ £ Μ ^ Ε [ Χ / ^ |
ΐΜΣΧΡΐυΝ'ΑΠΣΤΑΓθ^^
jBOYAErRSOlENIKANmU- m
|ΚΑΙΤΗΓΠΑΡΕΜθΐφΐΑΟΤ<^
μη ΝΚΑΐφρο Ν en Ν ^
ITONAAN'EOHCETITAoN
ΙΧΑΙΡΕΤΕΟΓΟΙΤΟ
ΓΖΗΝβίθΤΟΥπΑΡΟ
ϊΔΕΥΕΤΑΛΥπηΣ: :
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ViZ—
I l ·'
— ï
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ΥλΜΙ,Κ PARVAN
Les intentions poétiques de Fauteur de cette épitaphe ont été très au-dessous de
ses moyens techniques.—Il y a peu à dire sur la langue de l'épigraphe, qui se range très
naturellement parmi ses compagnes de style analogue, trouvées, soit à Tomi, soit à
Histria même 1 ). A la 3-e ligne l'on
pourrait lire aussi Κλντίη: la liga
ture du T avec 17/ le permettrait;
cependant VI n'est pas suffisamment
indiqué et la forme Κλντη, quoique
mmÈmummm mm 11 mi HÉ-iTummury
plus rare que Κλντίη, n'est pas moins
correcte, intéressante est la double
■ IIIL I m . m i , I III
■ , «m . ..... m.-.mm·*·^ ■'BllEl'ÉI
appellation de la défunte: grecque
(Κλντη)^ latine Άππία (c'est ainsi
que l'on explique ' Λπφία: Pape, o. c ,
.s. v.), ou bien thraco-phrygienne (v.
Pârvan, Histria, IV, p. 64). —A la 6-e
1. la forme λίψα, pour λείψασαι (cf. p.
e. Arch.-epigr. Milt., VI, 29, 59), est
L"ftC;U\TA(ïi assez curieuse ; elle ne semble pas
ι
ΤΓΛΓΓίφ.ίΛ!Λί·Μ-ί{!\^·
être une abréviation, mais un réel
provincialisme. De même, à la 8-e 1.
τεκέων (pour τεκοϋσα) 2 ), comme
P
φρονέων, à la 13-e. La forme τίτλον,
à la 14-e 1., est connue à cette épo
que-ci aussi ailleurs, en territoire grec
. Xn:^nuiiN!v\i'ii;TArot\vi ï
(v. Dittenberger, Syll.\ III 1123,
d'Amorgos, ΙΙΙ-e s., avec les notes).
Ce qui serait au contraire très
V >■'■!■
inattendu, ce serait la phrase: A.
A. βονλεντής, δς ενίκα μνή/ιης και τής
,ταρ' ε/iol φιλότητος ζών και φρονέων
τόν ό' άνέΰηκε τίτ/.ον, où ενίκα, d'ail
ίΠ"ΛΛΥΓΓ. leurs très clairement lisible et sans
aucune ligature, donnerait une ex
pression tellement alambiquée, qu'elle
nous apparaît comme parfaitement
absurde, — tandis que si nous pre
Fig. 52.
nons la liberté de lire ενικα (pour
ενεκα) la phrase devient tout simplement touchante par sa sincère simplicité. Il est
vrai νμχ'ενεκα est presque toujours employé après son régime ; mais les cas où il se
met avant, ne manquent pas (v. p. e. Dittenb., Syll.3, IV, p. 326, s. v.). Quant à Vi au
lieu de Ρε, cette vocalisation est au I l l - e s. apr. J.-Chr. presque obligatoire dans nos
régions gréco-thraces : nous rencontrons p. e. des formes comme ΐνεκα (au lieu άαίνεκα:
1
) V. le texte et les notes de notre numéro précé lieu des féminines, Kalinka, o. c , p . 288 su;, et
dent. 437 sqq.
■) Voir pour l'emploi des formes masculines au
234
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FOUILLES D'HI STRIA
Arch.-epigr. Mitt., XVII 220, 128), μι (au lieu de με, pour μετά: ibid., 192, 53), etc.
(v. l'index de Frankfurter aux AEM., p. 175). Nous avons donc lu ci-dessus, dans la
transcription de notre épitaphe, tout simplement ëvixa, sans aucun point d'interrogation.
31. Partie supérieure
d'une énorme stèle funérai
re en pierre calcaire ; frag
ment haut de 1,10, large de
0,98, épais de 0,36, trouvé
dans le parement du côté
septentrional de la tour G,
la face sculptée en haut.
Tout le champ à inscription
est perdu. De même le faîte
de notre fragment n'est pas
complet. A juger d'après
ce qui a été conservé, la stèle
entière a dû avoir une hau
teur de 2,50—3,00 m, ce qui
d'ailleurs n'est pas excepti
onnel en Scythie Mineure.
La stèle funéraire d'Ithazis
Dada d'Ulmetum 1 ) a une
hauteur totale de 2,81 m,
une largeur de 0,83 — 0,85 et
une épaisseur de 0,27 — 0,33.
Les excellentes carrières du
pays permettaient l'extrac Fig. 53.
tion de très beaux monoli
thes, comme, p. e. celui de C. Iulius Quadratus 2 ), ou les architraves dédiées à His-
tria par le gouverneur Vilrasius Pollio3), d'une consistance et d'une durabilité parfai
tes. Notre stèle est une oeuvre paysanne, très naïve et malhabile, où nous retrouvons
de nouveau (v. ci-dessus, no. 28), la double représentation funéraire du héros cava
lier et du banquet mystique. Très intéressante est l'asymétrie des deux acrotères
qui flanquent la scène du registre supérieur. Des addenda .syncrétistes — empruntés
au culte solaire thraco-iranien — enrichissent la composition: le buste du soleil (très
endommagé) et une rosette; la signification de ce dernier symbole n'est pas trop
claire (elle pourrait être un signe solaire aussi bien que l'allusion plastique à la
grande fête des morts, les Rosalia) 4 ). Dans le registre inférieur le banquet funèbre est
beaucoup mieux réalisé: la composition et la technique sont presque satisfaisantes 5 ).
') Pârvan, Ulmctum, I, p. 67. Primordi, Ausonia, X , Rome 1921, p . 207; Histria,
a
) P â r v a n , Viafa romand la gurile Dunârii, p. V I I , p. 57 et Viata romanâ, p . 98—102 et 174—177.
6
52 sqq. ) Cf. pour le coussin, et en général pour la
3
) P â r v a n , Histria, IV, no. 21 ; Histria, V I I , no. 47 forme de la κλίνη, le monument en marbre, de
et les fragments publics ci-dessus, no. 15 et 16. Tomi, publié dans notre Viata romanâ, p . 170.
4
) Voir les textes et la bibliographie dans mes
235
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VASILE Ι'ΛΚΥΛΝ
Deux esclaves, un homme à droite, la serviette sur l'épaule, une femme à gauche,
portant des mets, encadrent avec aisance la scène centrale (v. fig. 53 et 54).
236
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FOUILLES D'HISTRIA
tijbi cofm/mendfo
L e s t e r m e s manda, commcnda, s o n t c o n n u s
d a n s l ' é p i g r a p h i e funéraire b a l c a n i q u e : p . e. (hic)
mariens mandaverat, (illa) riva faciendum cu-
ravit1); ou bien (illum) com(m)e(n)do cum li-
bertin rneis 2 ) . Ce qui est t r è s c a r a c t é r i s t i q u e ,
c'est q u e l ' a u t r e e x e m p l e — seul c o n n u — de
l'emploi de la p a r o l e commendo d a n s les p r o
vinces d a n u b i e n n e s est aussi d e n o t r e région
d ' H i s t r i a : n o u s le t r o u v o n s d a n s l'inscription
funéraire de Lucius Pampeius Valens, grand
F
p r o p r i é t a i r e r u r a l , é t a b l i regione Histri, — q u i n e >g- 56.
p é c h a i t p a s p a r excès d e p u r i s m e , m a i s au con
t r a i r e parlait le serma rusticus le p l u s a u t h e n t i q u e . — Or, d a n s le r o u m a i n a c t u e l il y a
la p a r o l e comênd3), d ' u s a g e e x c l u s i v e m e n t funéraire, signifiant les dernières dispositions
au sujet d e l ' e n t e r r e m e n t et le b a n q u e t funèbre y a t t e n a n t . — C'est d o n c d e p u i s 157,
la d a t e de l'inscription de V a l e n s , j u s q u ' à nos j o u r s , q u e n o u s p o u v o n s p o u r s u i v r e en
t e r r i t o i r e d a n u b i e n la formation et l'évolution de ce t e r m e
r o m a n spécial, d e c a r a c t è r e religieux et j u r i d i q u e .
34. A u t r e f r a g m e n t (éclat) d ' u n e stèle funéraire en pierre
calcaire, h a u t d ' à peine 24 c m , t r o u v é q u e l q u e p a r t d a n s les
d é c o m b r e s de la c o u r t i n e / . L e t t r e s assez r u s t i q u e s , h a u t e s de
5 c m . N o u s déchiffrons (v. fig. 5 7 ) :
. . . . £ . .
?ljucf. .
vjixfit.
Fig. 57.
35. P e t i t éclat de la m ê m e h a u t e u r et p r o v e n a n c e q u e le
p r é c é d e n t , a y a n t a p p a r t e n u aussi à u n e stèle funéraire en p i e r r e calcaire. L e t t r e s
h a u t e s de 7 3 — 7 5 m m , ce q u i suggère des p r o p o r t i o n s exagérées et u n c a r a c t è r e r u s t i q u e
') CIL. TU 676, de Philïppi, en Macédoine. Fr. Damé, s. v., comândare, comôndat, — Candrea-
2
) CIL. III 12489, du territorium d'Histria. Densusianu, s. v. comândà.
8
) V. lev dictionnaires de H. Tiktin, I p. 395,—
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VASILE PÂRV V\
238
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FOUILLES D'HISTRIA
3
') CIL. III 7830: Arria Marna. ) Pârvan, Ulmetum, I, p. 69, avec tous les
2
) CIL. III 7559 Marna Dadae (Dadas, le mari, textes.
de nom thrace): voir notre Ulmetum, I, p. 69; <) CIL. III, p. 2570.
5
dans le CIL. III, p. 2600, on commet l'erreur de ) CIL. III 4282: latin rustique; des indigènes
prendre marna pour le correspondant latin de romanisés.
μάμμη; v. cependant CIL. III, p. 2399, s. v.
239
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VASILE l'\l{\ \ \
*) Dans nos conférences faites à l'Université de 1926, 851 pp. in 8"; 462 fig., 43 pi. et 4 cartes,
4
Cambridge en mars 1926 et à l'Université de Paris ) La Dacie colonisée par des'«Romains» déjà mis
en mai 1926 (le volume est en préparation). à point comme langue, parle plus correctement que
2
) Car il faut tenir compte aussi — comme dé- les Pannonies ou les Mésies, où les indigènes eux-
tails—de l'apport illyrien dans le SO et thrace mêmes s'expriment en latin: v. p. notre expression,
dans le S. CIL. III 1230, Apulum.
s
) Pârvan, Getica, Bucarest, Académie Roumaine,
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FOUILLES IVFÏISTRTA
(palmette) [χαϊρε]
ΐ£]α[ροδεϊτα] (?).
Fig. 64.
241
strorum Imperato-
rum Luci Septumi
Severi PertenacifsJ
[et Imperajt(oris) Mafrci] AurfeliJ 10
[Ântonini J
La fin de la troisième ligne doit contenir une erreur de lapicide: en effet le mot
reg(ione) est parfaitement lisible. Nous nous attendons à voir suivre le mot Is(lri),
ou Is(triae), comme dans l'inscription de Litchis Pompeius Valens: consist(il) r(egione)
Hist(ri) muneraque fecit Ilistro in oppido . . . ' ) . Car il serait absurde de chercher un
autre nom de région dans le territoire d'Histria, où le viens Secundini, très voisin de
la ville (il contribue par ses monuments —comme le vicus Quintionis et le vicus Céleris 2 ) —
à la réparation des remparts de la ville après la catastrophe de 238) se trouvait sans doute:
regio et territorium sont, comme l'on sait, des synonymes. Il faut donc admettre que le
lapicide s'est embrouillé dans la suite des deux seules lettres IS en les écrivant — comme
il nous arrive souvent — dans l'ordre inverse: SI. De nombreux exemples de «litterae
transpositae», recueillis dans les Indices du Corpus :i) inviteront le lecteur à prendre
en sérieuse considération l'explication que nous offrons pour éclaircir le texte si curieux
de la 3-e ligne.
La lecture de la 10-e ligne est conforme aux faibles traces que nous avons pu dé
chiffrer du nom de Caracalla, et qui montrent que le nom Marcus était écrit en toutes
lettres, étant précédé de Ylmperat(or) seul, dont le T est visible avant le M.
Cette nouvelle inscription, datable entre 198 et 211, remet en discussion la question
de la population appelée du nom de Lai, largement traitée dans notre Histria, V I I ,
p. 98—106 et 129—132. Nous avons essayé alors de démontrer que les Lai d'Histria
et les Lae de Tomi (CIL. I I I 7533) sont des Λαοί, des Gentes, venues de l'autre côté
de la frontière d'Empire pour obtenir des terres et devenir des colons dans les divers
vici de la Romania danubienne: «les Lai (Lae) de Scythie Mineure ne peuvent pas être
des laeti dans le sens germanique du mot, adopté par la suite aussi chez les Romains,
de Liten, mais des gentes libres, à propre civitas, comme p . e. ces cives Cotini, que nous
rencontrons en 223 à Rome dans la garde prétorienne ; il n'est donc pas nécessaire d'ad
mettre déjà du temps de Maximin des laeti en Scythie Mineure, mais seulement des Lai
[AaoiJ Lae (Laoe, de Λαοί, gentes) ; les cives Romani et Lai consistentes vico Secundini
sont tout simplement des Romains et des Pérégrins qui vivent ensemble, à la romaine,
exactement comme quelques dizaines d'années auparavant les cives Romani et Bessi»
(Histria, VII, p. 132). — Malgré les adhésions de plusieurs savants étrangers, dont l'opi
nion m'est hautement précieuse 4 ), je ne pourrais plus maintenir l'interprétation donnée
ci-dessus et que l'acquiescement de tels maîtres aurait dû confirmer encore de plus
dans mon esprit.
242
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FOUILLES D'HISTRIA
243
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lfi*
vvsii.i: PARVAN
mêmes territoires ruraux, d'Histria et de Tomi, à côté et en honne fraternité avec les
cives Romani et les veterani, fondateurs de vici à organisation quasi-municipale romaine,
dans un pays thrace qui ne demande pas mieux que de devenir romain.—Les Besses
émigrés en Dohroudcha au I-er s. avant
J.-Chr. ont entraîné avec eux leurs voi
sins occidentaux, les Laïens, lesquels étant
trop peu nombreux n'ont pu jouer aucun
rôle dans l'histoire de la Scythie Mineure:
Ovide, qui connaît très bien les Besses à
Tomi, à côté des Gètes quasi-autochtho-
nes J ) , ne parle jamais des Laïens, et les
autres auteurs encore moins. Au contraire,
à l'époque des Sévères, lorsque toutes les
petites nations de l'Empire commencent
à faire valoir leur existence propre, comme
gardiennes des frontières, la tribu des La
ïens prend elle aussi le courage de se pré
senter sur un pied d'égalité à côté des Bes
ses. des Sarmates, des Carpes, ou des Bas-
tarnes, qui fondent un peu partout des vici
nommés d'après eux-mêmes: Basternae2),
riens Carporum*)) Sarmatorum mutatio*),
pour ne plus parler des Bessi consistenles
un peu partout, parmi les Daci et à côté
des Romani.
Grâce à Thucydide nous croyons donc
pouvoir affirmer que le problème des Lai
Fi K . 67. de Scythie Mineure a pu être définitive
ment résolu.
Sur les noms de vici, donnés d'après des noms de personnes, nous avons déjà insisté
de manière détaillée à d'autres occasions 5 ). — En ce qui concerne la langue de notre in
scription, rien d'exceptionnel dans sa rusticité: Seplumi6) et Pertenacis1) sont connus
aussi par d'autres inscriptions des régions danubiennes.
42. Base en pierre calcaire, assez mutilée, employée comme matériel de construction
dans le montant extérieur gauche de la grande porte d'Histria. Le bloc, dans son
état actuel, mesure encore 1,17 m de haut, pour 0,69 de largeur et 0,625 d'épaisseur
(v. fig. 67 et 68). Lettres soignées, hautes de 45—50 mm. Les noms impériaux sont
martelés. Cependant les traces de lettres restées par-ci par-là (fig. 68) permettent une
restitution sûre et complète de toute la dédicace:
5
*) Trist., IV 1, 67 sqq. fvivere quant miserum ) Ulmetum, II 2, p. 4 2 ; Primordi, p . 202
est inter Bcssosque Getasque). sq. ; etc.
2 e
) P â r v a n , Getica, p. 87. ) Cf. d ' a u t r e s exemples chez P â r v a n , Ulmetum,
3
) P â r v a n , Durostorum, 1. c , p. 334. II 2, p . 42.
4 7
) K . Miller, Itin. Romana, s. v. (en Mésie Supé ) D'autres exemples, CIL. III, p. 2430.
rieure).
244
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FOUILLES iniISTlUA
Άγαϋήι τύχηι.
Tov ϋεοφιλέστα-
τον Καίοαρα [Γ. Ιούλ(ιον)
Μαξιμείνου ],
βονλη Οή/ιοζ
' Ιοτριηνών.
245
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VASILE PÂKVAX
de Macrinus (llistria, IV, p. 116 sq.) et le verrons encore ci-dessous, no. suivant, par
celui de Gordien, les villes et les autorités constituées de l'Empire avaient tout l'intérêt
de témoigner au plus vite leur loyauté envers le nouveau souverain, en lui érigeant
dans les premiers mois mêmes de leur règne, la statue maintenant obligatoire. NOMS sup
posons donc que de même que pour Macrinus et Diadumenianus, ainsi pour Maximinus et
Macrinus, il faut admettre comme date probable des dédicaces non pas, généralement,
toute la durée de leurs règnes si brefs, mais la première année même de ces règnes, c'est-
à-dire 217 et 235.
43. Autel en pierre calcaire, haut de 1.30 m, large de 0,39 — 0,40 (0,52 — 0,54), épais
de 0,42 (au fût), trouvé dans le parement du socle de la courtine i, — la face écrite à
l'intérieur du mur, — orné antérieurement à l'épigraphe (chez le negoliator lapidarius
qui l'avait fait sculpter pour l'agrément de tous les clients présumables), d'une simple
rosette centrale, à tiges latérales courant en volutes
vers les pseudo-acrotères des angles. Inscription
très rustique, détonnant par sa primitivité à
côté de l'ornement assez convenablement sculpté
sur le profil de l'autel. Cette inscription est elle-
même, à son tour, gravée en deux phases: d'a
bord la formule générale avec la date de la
dédicace d'après les noms des consuls éponymes ;
plus tard, dans un large espace libre, réservé au
milieu du champ de l'épigraphe, le nom de l'empe
reur, dont, un certain temps, on n'avait pas été tout
à fait sûr. Les deux lignes respectives sont encore
plus mal gravées que les autres et le nom de l'em
pereur n'est pas accordé grammaticalemerit avec
le reste des formules de la dédicace. Lettres inégales,
hautes de 25—40 mm. Ligatures assez rares. Texte
parfaitement clair (v. fig. 69).
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FOUILLES D'HISTRIA
quatrième fois les Lai (Lae). Nous renvoyons au commentaire donné au no. 4 1 ,
t a n t pour le vicus, que pour les Lai. Ce que nous devons ajouter encore, c'est que par
la découverte du nouvel autel nous sommes en mesure de constater dans le village de
Secundinus, ainsi que dans le village de Quintio, la coutume de dédier chaque année (v.
ci-dessus, p . 216), probablement toujours aux grandes fêtes de l'été, aux Rosalia, une
ara votive aux dieux de l'Empire pour la prospérité de la maison impériale. En effet
l'on avait consacré en 237 l'ara habituelle, découverte précédemment et publiée dans
Histria, V I I , p . 97 suiv., a la santé de Maximinus et Maximus. Mais dès le mois de fé
vrier 238 tout l'empire est en révolte contre Maximinus : Gordien le vieux, et son fils,
ensuite Pupienus et Balbinus, sont aussi proclamés empereurs. Ce n'est que vers la
moitié de juin que tous ces six empereurs disparaissent et l'empire reste sous la con
duite d'un enfant de treize ans, Gordianus III. A l'époque où les cives Romani, les Bessi
et les Lai du territoire rural d'Histria dédiaient leurs monuments (à Quintio, p . e., le
13 juin), l'on ne savait pas encore à la santé de qui devra-t-on consacrer l'autel. On
a accompli donc le rite avec une dédicace en blanc, qui n'a pas été complétée que quelques
semaines plus tard lorsque tout le monde a consenti a reconnaître Gordien, le pauvre
enfant, comme empereur. C'est ainsi que le nom du souverain s'est trouvé plutôt gratté
que gravé et mis au nominatif, sans aucun lien grammatical avec le reste.
Cura agentibus, non curam, est commun en Scythie Mineure (v. ci-dessus, p . 216).
Comme dans l'autre inscription, de l'an 237, on ne mentionne à Secundini vicus que
les deux magistri, tandis qu'à Quintionis vicus le quaestor (unique) partageait réguliè
rement cette distinction accordée à ses collègues majeurs.
Un autre fait très caractéristique: en 237 les deux magistri étaient, tout au moins
d'après la manière de s'appeler, deux citoyens romains: Aurelius Fortunatus et Aelius
Herculanus ; en 238 les magistri sont tous les deux des Lai : ils s'appellent, à la manière
barbare, avec le second nom au génitif: Bonosus Bonunis et lustus lustini. Le tour de
rôle entre les Romains et les Thraces est en principe également effectif dans l'occupa
tion des «magistratures» rurales, à Quintionis v. comme à Secundini v. ; en pratique, le
premier de ces villages, partageant toujours les deux places de magistri entre les Ro
mains et les Besses, ne changeait chaque année que — tout au plus — la nationalité
de ses quaeslores, tandis que le second village avait à tour de rôle une paire de Romains
et une paire de Thraces, comme magistri.
Le nom Bonosus n'est pas trop fréquent dans les provinces danubiennes; mais il
est romain. Au contraire Bonunis est épichorique. Est-il illyrien ou bien thrace ? Le suf
fixe -nis est thrace. Nous en avons parlé ci-dessus, p. 216 et suiv., où nous avons mentionné
aussi les exemples les plus caractéristiques. D'après le suffixe il y aurait quelque raison
de croire que le mot entier fut thrace. Ceci ne voudrait rien dire sur la question princi
pale de la nationalité péonienne, ou bien thrace, des Laïens, parce que toute la Scythie
Mineure était géto-besse et dans le vicus Secundini aussi, beaucoup de ces Thraces se
seront infiltré déjà depuis longtemps.
44. Fragment d'un couvercle de dolium de l'époque chrétienne de la ville d'Histria ;
terre-cuite (fig. 70); diamètre de la face inférieure 0,47 m., de la face supérieure, 0,48;
trou central, par où passait le bois du manche à manier le couvercle (ou la corde à sou
lever). Trouvé dans les nouvelles fouilles au N de la place centrale d'Histria. Epigraphe
chrétienne. Lettres hautes de 5—6 cm. La croix, de 6 cm (v. aussi fig. 71). Le sens de
247
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VASILE PARVAN
l'inscription est clair: il s'agit d'une substance (conservée dans le ilolium), dont le
nom et la quantité étaient indiqués sur le cou
vercle, p. c.:
f?ëXaioJv f
/ ? mesures/ κε .
Il faut supp
ser, à considérer le
grand nombre des
boutiques de l'épo
que byzantine, dé-
Fig. 70. couvertes dans le
quartier septentri
onal de la cité, que ce dolium a appartenu à quelque négociant d'huile d'Histria.
D'ailleurs les couvercles de vases à inscriptions chrétiennes en grec sont connues en
Scythie Mineure même dans des centres aussi éloignés de la côte, comme le camp
d'Ulmetum (v. notre Ulmetum, II 2, p. 24 sqq.). Mais tandis que les petits vases sont
ornés plutôt d'adloquia et d'acclamationes, sur les grands pithoi nous devons presque
toujours nous attendre à
des épigraphes de carac
tère pratique: indication
de la marchandise à vendre
et de la quantité contenue
dans le pithos.
45. Le nombre des bri
ques a\i timbre de l'empe
reur Anastase I, trouvées
Ιψ. 72.
dans le mur de la court ine
b, au dessus même de la
porte I d'Histria, s'est accru pendant les dernières fouilles. Nous ne reviendrons pas sur
le commentaire que nous en avons donné dans Histria, IV, p. 169 et suiv., auquel nous
n'avons rien d'essentiel à ajouter. Nous offrons seulement la photographie de quelques
nouveaux exemplaires (fig. 72) et nous retenons le fait important, (que les ruines
anépigraphes si nombreuses de l'époque byzantine d'Histria ne font que confirmer
chaque jour) de la renaissance de notre cité au Vl-e s., sous la protection des empereurs
d'Orient, exercée non pas par terre, où depuis longtemps toute communication directe
avait été interceptée par les barbares, mais par mer. Avant Gênes et Venise, Byzance
s'est créé dans le Pont Euxin et en amont des grands fleuves qui y aboutissent, tout
un empire colonial, dont les seules voies de communication vers la capitale étaient celles
de l'eau. Comme à l'époque géto-scythique, les Grecs du Midi civilisèrent de nouveau
les barbares du Nord. L'influence directe de leurs factoreries du Pont Euxin sur les
riches régions agricoles de l'intérieur, retombées dans la barbarie à la suite de la débâcle
romaine sur le Bas-Danube, fut vraiment admirable.
VASILE PÂRVAN
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248
LES STATIONS PREHISTORIQUES
1)1 LAC DE BOÏAN
Le lac de Boïan est une des nombreuses nappes d'eau auxquelles le Danube donne
naissance le long de son cours, sur toute sa rive gauche. A mi-chemin entre les villes
dOltenita et de Càlârasi (70 km), l'une et l'autre ports sur le Danube, le lac de Boïan
s'étend à 7 km environ vers l'Est de l'étang de Mostistea, sur les rives duquel on a
déterminé de nombreuses stations préhistoriques, dont la plus importante est Sultana.
Entre l'étang de Mostiçtea et le lac de Boïan, il existe une communication par un chenal,
dénommé «Batrâna». Au milieu du lac, il y a un îlot de forme allongée, composé
de deux parties bien
distinctes (fig. 1). Dans
la partie Ouest, on re
marque un mamelon de
7 m de hauteur (à 18 m
au-dessus du niveau de
la mer), qui est rongé,
en grande partie, par
les eaux. Exception
faite pour le mamelon,
le reste de l'emplace
ment est à 1 m —1,50 m
au-dessus du niveau de
l'eau, au mois de juillet,
quand le Danube est
b a s ; mais le terrain
s'exhausse, vers l'extré
mité Est, de 2 m au-
dessus du même niveau.
A la base du mamelon, de même que dans la partie la plus élevée vers l'Est,
il y a des ormeaux, ce qui a fait donner à l'îlot le nom de «la Ulmi» (aux
Ormeaux).
L'îlot a une très bonne défense naturelle, et d'autant plus qu'à l'époque de
la crue des eaux, il est complètement isolé de la terre ferme. Les parties les plus élevées
émergent de l'eau. Ce fait a été propice aux établissements humains aux temps les
plus anciens. Les établissements étaient aussi facilités par le fait que la nourriture était
assurée, d'un côté, par l'abondance du poisson, et, de l'autre, par la possibilité de
249
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V. CHRISTESCU
cultiver des céréales dans la zone inondable et la «lunca» du Danube, car la distance entre
l'îlot et la rive de la «lunca» est de 1.000 m en ligne droite.
Les premières recherches opérées du point de vue archéologique, sont dues à mon
collègue Vlâdescu-Vulpe, qui a noté les stations le long du Danube, de Mostiçtea à Câ-
lâraçi '). Il a rapporté de ce lieu de nombreux tessons, dont le caractère particulier
(décors formés par excision de la pâte) a attiré l'attention de M. le directeur V. Pârvan.
Pendant l'été de l'année suivante, au début de la campagne de fouilles archéologiques,
il m'a chargé de faire de nouvelles recherches.
A mon arrivée dans l'îlot, j ' a i vu qu'il y avait là deux stations différentes: la pre
mière, qui se trouve sur un tumulus, dont le sol a été érodé par les eaux, a livré un ma
tériel céramique primitif comme technique et ornementation. La second e est située vers
l'extrémité Est de l'îlot; bien plus grande que le tumulus, mais basse et lavée par les
eaux qui, aux époques de grande crue, l'inondent complètement 2 ), elle a fourni un
matériel céramique très caractéristique, surtout comme décor, ce qui a attiré l'attention
de mon collègue sur leur apparition plutôt rare dans ces régions et il a cru devoir
appliquer aux tessons l'épithète provisoire d'«exotiques» '). Cependant j ' a i moi-même
découvert une céramique identique à Luptâlori auprès de l'étang de Mostiçtea et à Cemica,
dans la vallée de Tânganul (à 15 km de Bucarest). Mon collègue Gh. Çtefan a rencontré,
lui aussi, une céramique analogue à Vqlp.n.-Pçpii- sur la rive droite d'Arges 4 ). Deux
fragments céramiques à décor semblable se trouvent même au Musée National d'Anti
quités, où ils sont donnés comme provenant de Hinog (Dobroudja) 5 ). Une nouvelle
station avec une céramique pareille, a été découverte par mon collègue I. Nestor à
Glina-Bâlâceanca sur la rivière de Dâmbovitza (10 km de Bucarest). Ce qui donnait
une importance extrême à cette station de Boïan, c'était le très grand nombre de frag
ments céramiques existants à la surface du sol.
Après l'examen du matériel que j'avais apporté, M. le directeur V. Pârvan a décidé
que des fouilles fussent effectuées aux stations de l'îlot et il m'a fait l'insigne honneur
de m'en charger. Pour me seconder dans ma tâche, il m'a adjoint M-lle Hortansa Du-
mitrescu, assistante au Musée National d'Antiquités, dont le concours m'a été bien pré
cieux.
Les fouilles ont été pratiquées dans des conditions difficiles, non seulement parce
que la station était éloignée de notre logis, situé au village de Vârâçti (à 3 km de l'îlot),
mais encore parce qu'il fallait traverser le lac en barque sur environ l km. Ajoutons
à cela le fait qu'à la station de l'extrémité Est, station sur laquelle s'est principalement
' ) Voir la carte archéologique de Radu Vulpe, sur pilotis. L'explication réside dans le fait que les
insérée au Buletinul Commisiunii Monumcntclor alluvions ont exhaussé le lit de l'étang.
3
Istorice (en roumain avec des résumés en français), ) Bul. Com. Mon. /si., Bucarest, 1924, fasc.
Bucarest, 1924, fasc. 40, p. 80 et 97 (le résumé 40, p. 84.
4
français). ) Un tesson avec décor identique fait partie de
2
) Nous croyons que le lieu était jadis plus élevé, la collection Istrati-Capsa, où il est mentionné
car les fouilles nous ont permis de constater que la comme provenant de la localité Nazâru, département
couche de culture va jusqu'au niveau actuel de de Brâila. — Voir C. Moisil: Antiquités préhistoriques
l'eau. Il serait d'ailleurs inadmissible qu'une sta- de Roumanie, (en roumain) Bul. Com. Mon. lit.,
tion, sujette à des inondations, eût pu subsister si IV-ème année, Bucarest, 1 9 1 ' , p. 138 — 140, fig. I.
5
longtemps, alors surtout que nous n'avons pas cou- ) Musée National d'Antiquités de Bucarest,
staté l'existence d'habitations lacustres construites salle 1, vitrine IV.
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250
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOlAN
portée notre attention, il y avait de nombreux ormeaux dont les racines s'étaient
enchevêtrées sous terre, ce qui rendait les fouilles très difficiles. D'autre part, l'eau
«'étant infiltrée dans la terre argileuse, celle-ci devenait gluante vers 50 — 60 cm., ce
qui accroissait les difficultés. Elles ont pu cependant être surmontées, et les fouilles
ont été effectuées en un mois aux deux stations. Ce sont les fouilles pratiquées à l'ex-
t rémité Est de l'îlot qui ont exigé le plus de temps. Je désignerai cette station par la
lettre A et celle du tumulus par la lettre B.
Commentons l'étude de la première station (A).
STATION A
Situation. La station s'étend sur la rive Nord-Est de l'îlot, et occupe une aire d'en
viron 12.500 me. Sa longueur Est-Ouest est d'environ 250 m et sa largeur, direction
Nord-Sud, d'à peu près 50 m (la bordure septentrionale commence à la rive même).
Il est à noter que c'est sur cette surface que nous avons trouvé des tessons. L'eau a
érodé et lavé une bonne partie de la station qui, autrefois, était peut-être plus étendue
qu'elle ne l'est aujourd'hui.
J e me suis efforcé de ramener au
jour le plus possible de matériel, en E
fouillant presque tout l'espace libre com
pris entre les arbres. C'est ce qui ex
plique pourquoi les fouilles ont un carac
tère irrégulier (fig. 2). Elles ont été pous
sées jusqu'à 1,80 — 2 m, profondeur à
laquelle la terre glaise est apparue au
niveau de l'eau (au mois de juillet,
quand elle est basse; autrement, le ni
veau de l'eau est plus élevé que celui
de la dernière couche de culture).
Les fragments céramiques décou
verts à la surface sont très variés com
me technique et surtout comme orne
mentation ; ils révèlent une succession
d'établissements de culture différente.
Par exemple, à côté de tessons à
décors géométriques incisés ou excisés
et emplis d'une matière blanche, j'en ai
découvert un autre, finement patiné, Fig. 2.
décelant une technique avancée, mais
sans ornement. A côté de ces tessons, il y en avait des autres dont la technique et les
décors étaient de caractère néolithique. Des tessons d'époque La Tène et grecs, sur
tout des fragments d'amphores, complètent l'inventaire des tessons trouvés à la sur
face de la station.
Comme objets: quelques haches en pierre polie, des silex, des pieds de figurines
ou de tables à décor géométrique servant au culte; un objet ressemblant à une poi
gnée de poignard anthropoïde (ou peut-être à un harpon pour saisir le poisson).
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251
Stratigraphie. Bien que les fouilles aient porté sur presque toute la surface libre
comprise entre les arbres, les objets céramiques caractéristiques des diverses couches
de civilisation ont été trouvés brisés et mélangés, à cause des racines des arbres et de
l'infiltration des eaux : aussi est-il difficile d'établir une succession de couches. On
pourrait peut-être avancer, se basant sur les foyers découverts à des profondeurs
diverses, qu'on est en présence de deux grandes couches.
Dans deux endroits seulement (tranchées A et B), où la céramique est moins mé
langée, il a été possible de définir trois couches céramiques, bien que trois rangées de
foyers ne leur correspondent pas.
Nous allons étudier la stratigraphie de chaque tranchée en particulier.
Tranchée A. Tracée au milieu de la station, sur la partie la plus élevée, cette tran
chée a 15 m de longueur NS et 5 m de largeur EO. Jusqu'à 0,30 — 0,40 m de profon
deur, les tessons étaient mélangés. C'étaient tantôt des tessons de pâte impure, décorés
de bourrelets et de proéminences, tantôt des tessons La Tène et grecs, ou bien des tes
sons à décor géométrique incisé et excisé, couverts ou non de patine, tantôt de simples
tessons en pâte fine, sans nul décor ou bien de simples raies légèrement tracées. Il a
été aussi trouvé un fer de lance, un petit bracelet de fer, une fusaïole et une perle d'ar
gile, une hachette en pierre lisse et plusieurs silex.
A partir de cette profondeur, le caractère de l'inventaire céramique n'est plus uni
forme pour toute la tranchée: il varie. Ainsi, dans la partie Nord de la tranchée, jus
qu'à 6 m vers le Sud, apparaissent, en grande et prépondérante quantité, des fragments
céramiques dont la pâte a été façonnée au tour, habituellement de couleur grise, plus
rarement rouge ou jaunâtre, ainsi que des fragments d'amphore: fonds, anses, etc.
Très peu de tessons à décor géométrique, un peu plus à proéminence et à bande ondulée.
Fragments de bousillage et très peu de silex. Nous sommes évidemment dans un milieu
d'époque La Tène. Ce milieu persiste jusqu'à 0,60 m de profondeur, à partir de laquelle
prédominent presque exclusivement des fragments à décor géométrique incisé ou ex
cisé. Parmi ceux-ci, à part quelques-uns présentant le caractère d'époque La Tène,
épars ci et là, il en est d'autres dont le décor est formé de lignes mises en léger relief
par pression du doigt sur la pâte encore molle, ou bien par un bourrelet à alvéoles et
à proéminences, grandes, aplaties, parfois rondes et alvéolaires.
Entre 0,90 —1,10 ni de profondeur, à côté de tessons à décor géométrique, on en
voit de simples, sans décor particulier, chargés seulement d'un bourrelet à alvéoles^
souvent aussi à proéminences alvéolaires. Les tessons dépourvus d'ornementation sont
couverts d'une belle patine brune, ou de teinte jaunâtre-rougeâtre; la pâte est fine.
A partir de 1,10 m et jusqu'à la terre glaise les tessons mentionnés plus haut sont
prépondérants ; ceux à décor géométrique ou de caractère La Tène sont en quantité
extrêmement réduite.
A 1,70 m, nous avons trouvé un anneau en bronze et très peu de silex. Bien
que de la terre brûlée, du bousillage et même du charbon aient été découverts
dans cette partie de la tranchée, il a été impossible d'y déterminer l'emplacement
d'un foyer.
Comme on le voit, l'inventaire céramique de cette partie de la tranchée révèle
l'existence de trois couches de civilisation : la 1-ère de caractère La Tène, la 2-ème, carac
térisée par de la céramique à décor géométrique, et la 3-ème, caractérisée par une
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
poterie à patine brune, noire ou bien de teinte à la fois jaunâtre et rougeâtre, ou sans
patine et portant le décor habituel du bourrelet alvéolaire.
La situation est toute autre dans le reste de la tranchée:
Nous avons vu que jusqu'à 0,30 — 0,40 m, l'inventaire céramique avait un carac
tère uniforme dans toute la tranchée. A partir de cette profondeur, la partie méridio
nale de la tranchée A présente, entre 6 et 15 m de longueur un inventaire céramique net
tement distinct. Vers 0,35 m, les tessons La Tène et grecs sont en quantité un peu plus
grande; à partir de cette profondeur, ils deviennent rares, puis manquent complète
ment vers le fond. La céramique prépondérante jusqu'à la terre glaise est couverte
d'une patine de teinte brune ou bien à la fois jaunâtre et rougeâtre, rarement noire,
sans décor, ou sans patine et ornée du bourrelet alvéolaire.
Bien que nous n'ayons pas trouvé de vases entiers, les fragments découverts ré
vèlent des vases à fond plat, à panse légèrement oblique, ou, parfois, renflée vers le
milieu : le rebord est droit ou légèrement rabattu à l'intérieur du vase, quelquefois un
peu évasé.
D'autres fragments, ceux surtout dont la patine est brune ou noire, indiquent des
vases à pied ou en forme de verre. Un de ces derniers présente aussi des traces de cou
leur rouge. Un autre tesson à patine brune est décoré de files verticales de trous. Les
tessons à décor géométrique se rencontrent incidemment.
Comme objets, mentionnons un petit bracelet d'argile et quelques silex.
Dans cette partie, nous avons pu identifier aussi deux foyers, donf l'un visible
à 0,20 m de profondeur et l'autre à 0,90 m. Le premier est de forme à peu près ovale;
le second est rond. Leur présence à des profondeurs différentes prouve qu'il y avait
là deux rangées de huttes, fait que corrobore la poterie qui y a été découverte. On
a trouvé de la terre brûlée et des restes de charbon dans presque toute la tranchée.
Nous avons rencontré une grande quantité de charbon à côté d'un peu de terre brû
lée, à 0,90 m de profondeur, vers le milieu de la tranchée et à proximité de la paroi Est.
Tranchée B. En la traçant d'après les dimensions: EO 6 m X NS 3 m, du bord
Ouest de la tranchée A, à 5 m du bord Nord, nous avons tâché de nous rendre compte,
par les fouilles pratiquées, de l'étendue de la couche de civilisation vers l'Ouest. L'inven
taire céramique est généralement plus simple que dans la partie correspondante de
la tranchée A. Ainsi, jusqu'à 0,40 m de profondeur, nous avons un mélange de
tessons La Tène, grecs (peu nombreux), à décor géométrique ou ornementés de raies
en relief et du bourrelet à proéminences ; les tessons sont chargés d'une patine brune,
noire ou de teinte à la fois jaunâtre et rougeâtre. Jusqu'à cette profondeur, les tessons
La Tène sont en infériorité numérique comparativement à ceux dont le décor est géo
métrique ou bien en relief et patiné. Vers 0,40 m, le nombre de tessons La Tène s'ac
centue, pour décroître ensuite immédiatement, à tel point qu'à partir de 0,60 m, on
n'en trouve qu'incidemment.
Les tessons à décor géométrique, incisé et excisé, se rencontrent en plus grand
nombre vers 0,60 m, sans avoir toutefois la prépondérance dans l'inventaire céramique,
car on trouve en tout aussi grand nombre les tessons à patine brune, noire ou de teinte
à la fois jaunâtre et rougeâtre, ou bien sans patine et avec décor en relief.
A partir de cette profondeur, jusqu'à 1,80 m, où nous avons rencontré la terre
glaise, la prépondérance revient aux tessons patines et sans décor, ou bien non-patinés
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253
V. CHMSTKSCU
et avec décor en relief; ceux qui sont à décor incisé et excisé se raréfient sensiblement.
Tous les tessons se multiplient d'ailleurs quantitativement.
Les formes des vases sont également celles des spécimens découverts dans la tran
chée A.
En dehors de quelques silex trouvés dans les couches supérieures, nous avons encore
découvert les objets suivants : une pendeloque en os, un petit peson de filet, un fragment
de vase troué (faisselle). A 0,45 m: deux pieds de table-support de vases à ornement
géométrique incisé.
A 0,95 m, nous avons trouvé, au coin SO, une pierre parallélipipédique, longue
de 0,30 m, haute de 0,11 m, et dont la partie haute est évidée et arrondie comme
un caniveau.
Le bousillage, découvert à la profondeur de 0,30 m, existait en petits fragments,
comportant des restes de brindilles. A 1,40 m, vers le coin NO, nous en avons rencontré
un plus gros morceau (0,20x0,12 m ) ; mais on n'a pas trouvé autre chose, sauf quel
ques petits tessons patines. Pas un foyer.
C'est toujours afin de suivre vers l'Ouest la couche de culture, que nous avons
tracé une tranchée C, parallèle à la tranchée B, en partant de l'extrémité Sud de la paroi
Ouest de la tranchée A. A cause des arbres qui ont empêché l'élargissement de la
tranchée, nous avons tracé un fossé «a» pour unir la tranchée C à la tranchée B et iden
tifier la couche de culture.
C'est également afin de suivre la couche de culture, que nous avons tracé, vers le
Sud, en partant du bord Sud de la tranchée C une autre tranchée D, tandis que nous
tracions, à partir du coin NO, un autre fossé, de direction NO.
Ces couches présentent toutes une uniformité stratigraphique. Nous allons les
étudier l'une après l'autre.
Tranchée C. Tracée dans la direction EO, d'après les dimensions 12 X 2,50 m. Le niveau
de l'excavation varie à cause des racines; il y a toujours une différence de 0,10 — 0,20
m. en plus pour la rive Sud. Le bord Ouest se trouve d'ailleurs, lui aussi, à un niveau
plus bas d'environ 0,10 m que la rive Est. L'inclinaison est donc fort réduite.
Jusqu'à 0,35 m, l'inventaire céramique est tout aussi mélangé que dans les autres
tranchées: tessons La Tène, fragments d'amphore, tessons à décor géométrique incisé
et excisé. Certains tessons ont des décors en relief; d'autres, et ils sont assez nom
breux, sont privés de décor, mais couverts d'une patine brune, noire ou de teinte à la
fois jaunâtre et rougeâtre. Peu de silex. Vers le centre de la tranchée, les fragments
d'amphores et de vases La Tène sont particulièrement abondants.
A partir de 0,45 m de profondeur, nous avons fait la constatation suivante :
tandis que la présence de tessons grecs et La Tène persiste dans la partie Ouest de la
tranchée, on remarque que des tessons à patine brune, noire, ou rougeâtre-jaunâtre,
de même que des tessons non patines à décor en relief, commencent à prédominer dans
la partie Est.
Vers 0,60 m, les tessons à décor géométrique incisé et excisé se multiplient, pour
faire ensuite presque exclusivement place, à partir de cette profondeur, à la poterie pati-
née, sans décor, ou bien sans patine et à décor en relief.
En relation avec ce genre de céramique, apparaissent des fragments de pe
tits vases en forme de verre, dont la pâte est habituellement fine et couverte
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254
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
d'une patine noire, brune, ou café, qui présente parfois des traces de couleur
rouge *).
A 0,60 m, de profondeur, nous avons trouvé un petit vase de pâte grossière; le
contour, irrégulier, autorise à croire qu'il était caliciforme. Vers 0,80 m, nous avons
ramené au jour un autre petit vase, ayant la forme d'une petite écuelle, au rebord
irrégulier, de pâte fruste, de teinte rougeâtre-jaunâtre.
En ce qui concerne la quantité des tessons, elle a été assez grande jusqu'à 1,50 m.,
puis elle a subitement diminué. Dans la moitié Ouest de la tranchée, les tessons sont de
venus rares à partir de 1,20 m, puis nous n'en avons plus vu à la profondeur de 1,60 m
Au contraire, dans la motié Est, leur présence s'affirme jusque vers 1,80 m, où appa
raît la terre glaise.
Comme objets, nous n'avons trouvé que quelques silex.
Ce qui donne une importance particulière à cette tranchée, c'est le grand nombre
de foyers que nous y avons découverts (fig. 3).
') Des fragments de ces vases ont été découverts y avons trouvés en bien plus grande quantité,
incidemment dans la tranchée A, mais ici nous les
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255
V. CTÏRÏSTESC.IT
morceau de bousillage trouvé plus haut semble se rattacher lui aussi au foyer, on ne
saurait tirer aucune conclusion en ce qui concerne la forme de l'habitation. En ce qui
touche le groupe Est de foyers, on ne peut également tirer aucune conclusion surtout
que certains foyers (s, η) ont des dimensions trop exiguës.
Il est à remarquer que le foyer γ se prolonge, vers le Sud, au-dessus des racines d'un
ormeau; mais nous n'avons pas pu voir jusqu'où va le prolongement, à cause des
racines de l'arbre. Dans ce foyer, nous avons découvert un squelette, qui paraît être
de date récente. Le corps était orienté NS.
Nous sommes donc ici en présence de deux rangées d'habitations. Comme l'indique
le premier foyer, découvert à 0,20 m de profondeur, la première couche des stations
s'est moins bien conservée; la seconde, plus ancienne, est au contraire dans un état
de conservation bien meilleure, ce qui ressort du plus grand nombre de foyers qui s'y
trouvent et de leurs plus grandes dimensions (fig. 4, 5).
Fig. 4.
SB
deux vases de pâte noirâtre, mal pétrie:
a rr FERME l'un est plus grand que l'autre, il a la
GLAISE
BRVLEE forme d'un double tronc de cônes sans
rebord ni anse; l'autre est plus petit et
caliciforme.
Ces deux vases ont été découverts
près de la tranchée C, Le plus grand con
tenait quelques osselets et de la cendre.
Nous avons d'ailleurs trouvé des os, de la
terre brûlée et du charbon sur presque tout cet emplacement, sur une superficie de
1,50 X 3 m. Nous avons aussi trouvé là une pierre.
A cette profondeur (1,60 m), la terre est très molle et devient brusquement gluante,
ce qui prouve une puissante infiltration d'eau.
Dans la tranchée D, nous avons pu identifier un foyer nouveau, de forme ronde
et de 2 m de diamètre. Situé à 1,20 m de profondeur, à 1,10 m de distance du bord
Sud et à 0,25 m de celle de l'Est, il était plein de cendre, d'os et de coquilles. Nous y
avons également trouvé beaucoup de tessons patines ou non, à ornement en relief et
à décor géométrique (ces derniers moins nombreux).
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256
LES STATIONS PRÉHISTORIQ1 ES 1)1 LAC DE BOÏAN
Un autre foyer existe dans la paroi Est ; il est comme le prolongement du fo
yer γ de la tranchée C, où nous avons découvert le squelette dont il a été fait
mention.
Comme objets distincts, la terre a livré des silex, un projectile d'argile et une fu-
saïole.
Fossé «a». Tracé un peu obliquement, à cause des arbres, pour rattacher la tranchée
C à la tranchée B, ce fossé a comme dimensions 1,50 m EO X5,50 m NS.
La terre et la poterie rappelent celles de la tranchée C, à cette différence près qu*ici
la terre abonde en conquilles et en os d'animaux.
Objets distincts trouvés: quelques silex, un fragment de hachette de pierre verdâtre
polie, une aiguille en bronze à quatre arêtes, pointue aux deux extrémités (découverte
à 0,70 m de profondeur).
Fossé «6». Tracé à partir du coin NO du chantier C, nous lui avons donné la di
rection NO sur une longueur de 10 m ; largeur: 1,50 m.
Comme des tessons n'ont été découverts que dans la moitié Sud du fossé, il a
été réduit, à partir de la profondeur de 0,35 m, à 5 x 1 , 5 0 m. En ce qui regarde l'in
ventaire céramique, il est à remarquer que jusqu'à 0,45 m, la terre s'est montrée
pauvre de matériel ; c'est à peine à cette profondeur-là que les tessons sont devenus
nombreux. Le caractère et la stratification rappelent ceux de la tranchée C.
Objets différents: quelques silex, une hachette en pierre polie.
A 1,50 m de profondeur, dans la paroi Est, dans une aire de 0,65 m EO X 0,45 m
NS, nous avons trouvé du bousillage ainsi que de la terre bridée mélangée à un très
grand nombre de coquilles, os et tessons.
Tranchée E. Tracée dans la direction NS, parallèle
ment à la tranchée A, à 10 m de distance de celui-ci, vere
le S, cette tranchée a eu comme dimensions initiales
8 m EO X 12 m NS. La différence de niveau en plus
pour le bord Nord était de 0,40 m. Comme nous dispo
sions de peu de temps et qu'il était difficile de piocher,
nous avons à 0,60 m de profondeur, réduit de 4 m de
longueur l'étendue de la tranchée, de sorte qu'elle prend
par la suite la forme d'un carré dont le côté a 8 m.
<fig. 6).
La nature de la terre et la stratification de la céra
mique se présentent généralement comme dans la tranchée
A, avec cette différence que les éléments La Tène sont
en quantité réduite. Ainsi, jusqu'à 0,40 m, les tessons
se trouvent mélangés: portant une patine rougeâtre-jau- î - * ' ■ ' l
nâtre, soit noire ou brune, sans décor, ou à décor géomé- Fig. 6.
trique ou encore à décors en relief et sans patine. Les
tessons à décor géométrique sont abondants, surtout dans la partie Nord de la tranchée,
fait également constaté dans la tranchée A. Quelques tessons La Tène et grecs sont
disséminés parmi les autres.
Les fragments céramiques décèlent des vases comme ceux des autres tranchées
fouillées. Là aussi, on rencontre fréquemment le petit vase en forme de verre.
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257
V. CHRISTESCU
Comme objets: un objet en fer ayant la forme d'un briquet (découvert à 0,10 m
de profondeur), une minuscule perle blanche, quelques fragments de tables-supports
de vases à décor géométrique, une fusaïole, un fragment de pied de figurine, des
silex.
Vers 0,45 m, on a trouvé des foyers et «lu bousillage. A Ο,ύΟ ni de profondeur,
la céramique à patine jaunâtre-rougeâtre et brune prédomine, sans qu'il y ait, toutefois,
une réduction très accentuée des fragments à décor géométrique.
A mentionner le fragment d'un vase en forme de verre, à belle patine brune ; un
petit sillon est excisé parallèlement au rebord; l'emplacement excisé est plein d'une
matière rouge (v. fig. 2, pi. XV).
Vers 0 95 m les tessons deviennent moins nombreux; nous en trouvons deux-
trois qui sont grecs (fragments d'amphore) et quelques-uns à décor géométrique. De-ci
de-là un silex.
A 1,50 m nous rencontrons la terre glaise. Deux fragments d'un vase en forme de
verre, de pâte fine, à patine noire, présentent de larges excisions, pleines de couleur
rouge (planche X X I I , fig. 1, 2, 3).
M- Jfc m\ Dans cette tranchée également, on
\_ C i A «lislingm· d e u x rangées de IUNCIS: ΓΙΙΙΚ·
J
à 0,45 m de profondeur, l'autre à 1,20 m.
La couche inférieure est plus riche.
Alors que dans la couche supérieure, les
foyers n'ont pas une forme définissable,
dans la couche inférieure, nous avons
pu déterminer avec précision la forme
d'un foyer, qui est rond, plein de
cendres et a un diamètre de 1,40 m. Dans
ce foyer, nous avons aussi trouvé un
objet en bronze ayant la forme d'un gros
clou. A cette profondeur, nous avons
remarqué de la cendre sur plusieurs
points de la tranchée. Dans un endroit, il
y avait des os calcinés ainsi que des tes
sons pleins de charbon et de cendre.
A 0,75 m de profondeur, vers le coin NO de la tranchée nous avons ramené au jour
un crâne — malheureusement brisé par la pioche — et, à côté, le pied d'un vase, de
forme cylindrique, décoré d'incisions circulaires (pi. X I V , fig. 2), contenant un per
cuteur en silex.
Conclusion sur la stratigraphie. En résumé, nous pouvons affirmer, d'après les
descriptions qui précèdent, que nous sommes en pi ésence de deux couches de civilisation
déterminées avec précision par deux rangées de foyers: la première est à 0,20 — 0,45 m
de profondeur; la seconde à 0,85 m — 1 , 2 0 m. Bien que la céramique soit irrégulière
ment disposée du point de vue stratigraphique, elle correspond, en traits généraux,
aux deux rangées de foyers. La céramique La Tène correspondrait à la première rangée
de foyers ; la céramique patinée, sans décor ni patine, à décor en relief, correspondrait
à la seconde rangée.
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258
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
Il semblerait, logiquement, que la seconde rangée de foyers dût être à une plus
grande profondeur, étant donné que la couche de civilisation de la céramique correspon
dante va jusqu'à près de 2 m.
La couche de culture de la céramique à décor géométrique, localisée sur certains en
droits, apparaît comme quelque peu intermédiaire entre la couche La Tène et celle
de la céramique à patine ou à décors en relief.
SILEX E T O B J E T S EN P I E R R E ET EN OS
Silex (pi. I et X X I , fig. 4 — 6). Dans toute la station, aussi bien à la surface
que dans l'excavation, nous avons trouvé environ 150 silex; 17 seulement sont entiers
et leur longueur varie entre 0,03 — 0,10 m ; leur largeur entre 0,02— 0,04 m. Le res
te n'est formé que de fragments, dont certains sont assez longs (0,12 m) et généra
lement bien travaillés. Quelques-uns d'entre
eux sont minuscules. Cinq noyaux de
grandeurs diverses (0,04 — 0,08 m), un
racloir et cinq percuteurs (le plus grand
a un diamètre de 0,05 m) complètent
l'inventaire des silex.
Haches (pi. II fig. 9 — 1 1 , 14—16,
19 — 21 1 ). Nous avons découvert neuf
haches. Les plus petites sont entières. La
pierre est bien polie ; elle est de couleur
variée: blanche, jaunâtre ou bleuâtre. La
forme des plus petites haches est plutôt
I riangulaire ; la partie la plus large est vers
le tranchant. Les plus grandes sont plutôt
Mil*
quadrangulaires. La hachette la plus pe
tite et la plus finement travaillée a 0,04
m. de long, tandis que la plus grande est
large de 0,045 m, longue de 0,065 m et
épaisse de 0,015 m.
Trois fragments sont à mentionner
comme instruments en pierre: 1) la partie
supérieure d'une hache-marteau, 2) la par
tie inférieure d'un autre instrument iden
tique, et 3) la moitié de la partie inférieure
d'un instrument en forme de pic, à quatre
arête·? qui se terminent en pointe (pi. II fig. 8, 22, 23).
Un petit ciseau en pierre de couleur à la fois jaunâtre et rougeâtre; il est long de
0,035 m (pi. I l Fig. 18).
*) E n ce qui concerne leur aire de dispersion driesescu: Contributions à la Dacie d'avant les Ro-
dans la contrée carpatho-balcanique, voir I. An- mains (en roumain), Iasj 1912, p . 31 et suivantes.
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259
V. CHRISTKSCr
CÉRAMIQUE
La poterie de cette station est très variée aussi bien comme technique et comme
formes qu'au point de vue du décor.
lies groupes céramiques suivants sont tout d'abord à distinguer: 1) gréco-La Tène;
2) à décor géométrique excisé ou incisé;
< 3) à décor en relief ou sans décor.
•
Ç\. D'après la stratification, nous avons
constaté que ces deux derniers groupes se
figBr ΛΛΕΕΕΛ ^ Η fî\ rattachent étroitement l'un à l'autre. Nous
j lUlV \^· " allons les examiner, en commençant par 1rs
vases à décor géométrique excisé et incisé.
Nous passerons ensuite à ceux à décor en
relief, et finiront par les gréco-La Tène.
Vases à décor géométrique. Technique.
La pâte des vases de ce groupe a été pétrie
à la main. Certains fragments de grands
vases sont en pâte bien pétrie, mais im
pure; d'autres, plus petits, sont en pâte
plus fine. La pâte d'un certain nombre est
très bien cuite, et les nuances vont par
fois du rouge au brun ; dans ce dernier
cas, les tessons sont couverts de patine.
Assez fréquemment remarquée, celle-ci est
fine en général. Sur certains de ces vases,
PI. I I I .
les excisions sont emplies d'une matière
blanche. Sur très peu d'exemplaires qui
appartiennent à un type spécifique (de
verre) et semblent ne pas être de pro
duction locale, l'excision est pleine d'une
matière rouge (pi. XXII, nos. 1, 23) ] ).
Ce qui caractérise encore les vases à excisions remplies de matière blanche, c'est
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') Sur certains tessons, les raies ont été tracées260procédé à l'excision (pi. I I I fig. 1, 4). L'excision
avec u n e l a m e ; disposées pour former les motifs pouvait être linéaire, quand on laissait en relief
d'ornementation, elles montrent qu'on a ensuite des ornements linéaires, ou en surface, quand on
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES 1)1 LAC DE BOÏAN
que souvent, après les avoir façonnés, on les a encore enduits d'une pâte argileuse sur
laquelle on a exécuté le décor 1 ).
Les raies des ornements sont tracées avec précision et leurs combinaisons présen
tent de la variété. 11 en est de même pour le contour des vases, ce qui prouve l'habileté
particulière des potiers de la région *). Cette opinion est aussi corroborée par l'étude
des formes et des décors.
Formes. Les formes des vases de
cette catégorie sont variées. Le type
le plus fréquent, caractéristique du
groupe entier, est celui d'un vase aux
flancs obliques, sans courbure, vase dont
l'orifice, terminé par un rebord qui é-
merge verticalement du col fort réduit
du vase, est plus grand que le fond.
Toute la paroi extérieure est couverte
du décor géométrique (pi. III, no. 11,
pi. IV, no. 1, pi. V, fig. 2 et 3, pi. X,
fig. 12).
Cette forme se retrouve aussi dans
des variantes (pi. IX, f. 3 et pi. V, fig. 4 ;
pi. X, fig. 10 et pi. V, fig. 9).
Sur les vases de ce type, y compris
toutes ses variantes, le décor débute à
une certaine distance de la dépression
du col; la séparation est marquée par
une zone d'incisions parallèles, ou, rare
ment, par une zone d'ornementation
formée de cariés excisés en damier (pi.
IV, fig. 1, 2 et pi. V, fig. 2 ; pi. X, fig.
10 et pi. V, fig. 19). PI. IV.
laissait des surfaces en relief. département de Romana^i, où des fouilles ont été
Sur un tesson, on voit l'excision d'une grande pratiquées pendant l'été de 1926 et où la terre a
partie de la surface du vase, pour ne laisser en livré de la céramique à décor excisé, incrustée de
relief qu'une bande verticale (pi. I X fig. 2 ; des matière blanche et rouge.
exemplaires identiques ont .été découverts à Cas- ') Ce procédé technique a été également remarqué
cioarelc par mon collègue Gh. Çtefan: Câscioarcle, en Transylvanie, à Korpad, sur le Someç. Voir:
Dacia II). .1. Kovâcs, La station préhistorique de Korpad,
L'emploi du même procédé se remarque sur un Dolgoszatok, Travaux de VInstitut archéologique.
tesson du Musée d'Antiquités de Bucarest (salle I, Cluj, 1913, p. 16. Cette station, datant du début
vitrine I V ) ; il proviendrait de Hinog. de l'âge du bronze, présente aussi un système de
E n ce qui concerne le procédé par incrustation décor géométrique des vases, système qui se rap
avec de la matière blanche ou rouge et son aire proche de celui des groupes céramiques que nous
/ d'expansion, voir M. Wosinsky: Die inkrustierte avons étudiés.
2
H Keramik, Berlin, 1904,passim et L. Rey: Bull. Corr. ) Déchelette mentionne cette technique dans
\ Hell, 1917 — 1919, p . 222 sqq. son Manuel d'archéologie préhistorique, I I , 1, p. 378
Il convient de mentionner la station nouvelle de et suivantes ; il dit qu'elle a fait son apparition pen
«Mfigura-Fetelor», découverte par nous à Vâdastra dant le Bronze I I I . Il est à remarquer que dans les
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261
V. CHRISTESCU
On trouve aussi le vase à panse verticale et rebord droit (pi. III, fig. 7; pi. VI,
fig. 6, 11, 16; pi. X, fig. 6).
Un autre type, tout aussi fréquent, est celui des vases à rebord droit et dont la
panse est, le plus souvent, renflée.
Certains fragments, d'une pâte couleur brique, bien cuite, décèlent des vases cy-
l'I. V.
lindriques. Le rebord est constitué par l'extrémité même de la paroi ; l'ornement, formé
d'une zone verticale, avec décor en damier, commence au rebord même du vase
(pi. VII, fig. 16 et pi. V, fig. 7).
stations de France, de même que dans celle de Bolan, stations de céramique analogue, mais elles sont plus
la céramique de cette catégorie n'a été découverte petites et plus pauvres. T,a première est à «Luptâ·
qu'à l'état fragmentaire (Déchelettc: ibidem, p. 379). tori», sur la Mostiçtea (à 12 km au Nord de Boïan),
Cette céramique, comme décor analogue, se re la seconde à Cvrnica, dans la vallée Tfmganul (à
trouve aussi en Bulgarie: Wilke, art. Bulgarien — 15 km à l'Est de Bucarest). Une céramique semb
Reallexikon der Vorgesch, II, Berlin 1925, page lable à été découverte dans la station préhistori
204 sqq., planche 89, fig. a, pi. 95, fig. C (pré· que de Glina-Bâlâceanca sur la rive droite de la
/ mier tesson à gauche), fig. b. (dernier néolithique, rivière Dâmbovitza, a 10 km de Bucarest (fouilles
j et en Transylvanie, à Mâgura: Wosinsky, Inhr. pratiquées par mon collègue I. Nestor). Dans cette
'■ Keramik, pi. X, fig. 5). station, les tessons excisés ont été trouvés à 3 m
Des recherches que nous avons faites ultérieure de profondeur, sous une couche à céramique pri
ment nous ont permis de reconnaître deux autres mitive.
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262
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
Les vases caliciformes se rencontrent assez souvent (pi. I I I , fig. 10, pi. V, fig.
5 ; pi. IV, fig. 9, pi. V, fig. 1 2 ; pi. I X , fig. 4 , pi. V I , fig. 7 ; pi. X , fig. 8, pi. V, fig-
10), a.nsi qne les vases à forme d'écuelle (pi. I I I , fig. 5, p l . V , fig. 1 1 ; pi. I I I fi„ 12
pi. V I , fig. 2 ; pl. X , fig. H , p l . V I , fig. 1 ; p i . χ γ π ΐ , fig. 1, pl. V I . fig. 8 ; p l Vl]
fig. 4).
D ' a u t r e s fragments révèlent le vase à pied (pl. V I I I , fig. 15) Souvent, le pied, de
Pl. VI.
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263
Y. CHRISTEL I
Un autre type est celui d'un vase à long col, se terminant par un rebord dont l'ex
trémité se dirige vers l'intérieur (pi. XVI, fig. 6).
Le décor de ces vases est formé de dépressions. Une rangée de petites dépressions
se trouve sur l'extrémité extérieure du rebord; une autre rangée de plus grandes
dépressions, parallèle à la première, se trouve plus bas (pi. X I X , fig. 9).
Un vase minuscule, sacré probablement, dont la pâte a été mal pétrie et non cuite,
au rebord irrégulier, a la forme d'un petit verre. La panse porte quelques lignes incisée*
qui sont évidemment un essai d'ornementation (pi. X X I I , fig. 8).
Sur une sorte de proéminence triangulaire, la seule qui ait été rencontré sur des
vases de cette catégorie, on distingue l'ornement «dents de loup» ; cet ornement se trouve
aussi sur une poignée de couvercle (pi. X X I , fig. 2). Sur une autre poignée de cou
vercle, il y a des raies incisées en forme de croix; des lignes angulaire se voient entre
les bras de la croix (pi. VIII, fig. 14 et pi. X I I , fig. 14).
Ornements. Sur les vases de la catégorie étudiée ici, l'ornementation présente une
grande variété dans la combinaison des motifs. Les décors, formés de lignes inci
sées, indiquent une première étape vers l'aspect définitif du vase, décoré par excision,
car l'incision la précède (pi. I I I , fig. 1, 4, 8). La forme la plus simple du décor géo
métrique, soit incisé soit excisé, se réduit à des zones de raies parallèles que divisent
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264
LES STATIONS PRÉHISTORIQUE Dl I.AC DE ROÏ\N
les zones de la panse du vase restées non travaillées au point de vue du décor (ol. I I I ,
fig. 2, 3, 7).
Cet ornement se rencontre, il est vrai, rarement, car il est presque toujours com
biné avec un autre. Un peu plus complexe est le décor formé d'une zone de raies paral
lèles situées au-dessus du col, au-dessous duquel commence immédiatement une zone
de raies verticales (pi. I I I , fig. 5), qui se prolongent vers le fond du vase. Cette
zone peut partir parfois de dessous le rebord (pi. I I I , fig. 2); quelquefois, les raies
verticales sont réduites et forment des zones sur la panse du vase (pi. IX, fig. 8).
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265
V. CHRISTESCU
des zones des raies obliques parallèles (pi. V I I , fig. 12). Ces zones p a r t e n t m ê m e , par
fois, de dessous le rebord (pi. I I I , fig. 7).
Le décor formé de raies revêt aussi la forme angulaire, mais le s y s t è m e des zones
e s t toujours respecté. A certaine d i s t a n c e de la zone à lignes parallèles et horizontales,
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266
LKS STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC. DE ROÏAN
ment travaillée en lignes méandriques, mais, pour qu'il y eût plus de variété, le potier
a laissé intacte une partie intérieure (pi. IV, fig. 6, 8, 9, 11 ; pi. VII, fig. 5, 7, 9). Cette
surface peut être couverte, elle aussi, d'autres motifs ornementaux (dents de loup, etc.,
pi. V I I , fig. 5,9). Sur un fragment de vase, de pâte fine, couverte d'une patine d'un brun
rougeâtre et présentant des raies en léger relief tracées très régulièrement, on distingue,
sur deux points, des zones formées de lignes brisées et incisées, qui donnent naissance
à des parallélogrammes à l'intérieur de la zone (pi. VII, fig. 8).
Par une légère courbure de la ligne oblique ou angulaire, on peut former des décors
nouveaux ayant un caractère sinueux, circulaire (pi. VII, fig, 10—15). Au lieu d'angles
nous aurons alors des lignes courbes, et au lieu des triangles résultant de la surface où
mille excision n'a été pratiquée, nous aurons des fragments de cercles (pi. V I I , fig. 13,
1 5 ; pi. XT, fig. 7, 11). L'évolution de cet ornement se clôt par la spirale.
Comme ornements particuliers, mentionnons le décor «en damier» 1 ) qui ne se trouve
seul que sur quelques fragments (pi. VII, fig. 16; pi. IX, fig. 10). Ce décor entre, d'ha
bitude, combiné avec les éléments décrits plus haut ou avec d'autres, que nous décrirons
plus loin (pi. I I I , fig. 9, 14; pi. X, fig. 1, 4, 5, 7 , 9 , 1 2 ; pi. X I , fig. 14; pi. X V I I I , fig 1).
L'ornement dénommé «dents de loup» 2 ) se trouve seul lui aussi (pi. I X , fig. 3 ; pi.
X , fig, 2, 3) ou combiné avec d'autres motifs (pi. V I I , fig. 5 ; pi. V I I I , fig. 7, 9,
12, 1 3 ; pi. I X , fig. 2, 1 1 ; pi. X , fig. 5, 13 ; pi. X I , fig. 7, 13, 14). Sur un fragment
de table-support pour vase, on voit des raies méandriques. Une de ces raies est rem
placée par trois «dents de loup» (pi. X , fig. 14).
Sur un fragment de vase analogue nous avons, au lieu de «dents de loup», une zone
verticale «en damier».
La spirale est assez bien représentée, soit seule, soit, principalement, alliée à d'autres
motifs ornementaux. Solitaire, elle est admirablement excisée, sur deux tessons, dont
l'un est en pâte épaisse, impure (pi. X , fig. 16 3 ), sur l'autre, de même pâte, les exci
sions sont pleines d'une matière blanche (pi. X I , fig. 9 4 ).
') 1-e décor en damier est la caractéristique de carest, salle I, vitrine IV). Il porte également une
l'ornementation géométrique. Incisé et incrusté de zone de raies en creux, au-dessous de laquelle
matière blanche, il se trouve dans le néolithique commence une autre zone de raies — peut-être de
crétois. (Déchelette: Manuel, I I , 1, p, 42, fig. 10 e). méandres — mises en relief par excision de la pâte.
On le voit aussi dans la péninsule balcanique (en On l'a aussi remarqué en Transylvanie, à Csaklya
Bulgarie à Tell Melchkur: Seure-Dcgrande, B. C.H. (Wosinsky: op. cit., pi. V I I No. 7) et à Pétris
1906 p. 417 c, et à Deve Bargan: Reallexikon d. (néolithique, ibidem, pi. I X No. I ) .
3
Vorgesch., I I , Berlin 1925, art. Bulgarien, planche ) Un correspondant de cet ornement, de forme
65 b.). de même q u ' e n Hongrie (département de à peu près identique, se voit sur u n fragment de
Tolnn. Wosinsky, op. cit., p , 79 et suiv., et pi. céramique, de pâte épaisse et bien cuite (grise à
X L I , No. 6 ; en Transylvanie, à Turdaç (H. la cassure) du Musée National d'Antiquités de
S c h m i d t : Tordas dans Zcitschr. far Ethnologie Bucarest (salle 1, vitrine I, provient de Hinog,
1903, p.452, fig. 34 b), à Grossgartach (A. Schliz: Dobrogea) On y remarque des traces d'incrusta
Dos steinzeitliche Dorf Grossgartach Stuttgart, 1901, tions faites avec une matière blanche dans les
pi. V I I I — X I ) et en France (Déchelette: Manuel, interstices résultants d'excision.
I I , 1, p. 379;. *) Un correspondant peint de la spirale de ce
'*) Cet ornement, qui est excisé, se trouve sur tesson se remarque sur u n autre provenant de
un tesson d o n t la pâte bien cuite, est à la fois Satoralya-Ujhely (département de Zemplén — Hon
rougeâtre et j a u n â t r e ; ce tesson provient de Hinog g r i e — Archeologiai Êrtesitô, 1907, p . 281, fig. 5,
en Dobrogea (Musée National d'Antiquités de Bu et pi. I, No. 15 (le même).
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V. CIIKISTESCU
La spirale se trouve seule sur nombre d'autres fragments. Combinée, elle peut
figurer dans le décor, aussi bien sous forme de raie que sous forme de bande. La
raie horizontale ou angulaire est d'habitude l'élément auquel elle est associée (pi. X I ,
fig. 3, 4, 5, 6, 8, 10, 15, 16 l ).
Il est un genre d'ornementation caractéristique de ce groupe de vases. Ce genre
consiste à tracer — par excision de surfaces entières aux formes régulières — des tri
angles, des bandes horizontales ou verticales (pi. IX, fig. 2 ; pi. XVIII, fig. 4). Dans
d'autres cas, l'excision est très
peu profonde et les reliefs sont
faibles (pi. VIII, fig. 1, 4). Ici
nous sommes évidemment, en
présence d'une manifestation
$ d'influence de la céramique
peinte. Trois fragments de
vases nous offrent un décor
identique ; leur pâte est fine ;
leur patine est brune-noire. Les
décors en relief ont la forme
de bandes horizontales ou cour
bes (spirales) ; quelquefois ils
ont la forme de rectangles dis
posés obliquement, de manière
PI. XIII qu'ils ne puissent se toucher
que par une pointe. Us ont aussi
d'autres formes géométriques. Le reste de la panse du vase est excisé et empli d'une
matière rouge, qui disparaît sous un léger frottement (pi. X X I I , fig. 1 — 3). La couleur
ne s'employait d'ailleurs que comme un élément absolument secondaire. Elle est blanche
d'ordinaire; plus rarement rouge; elle servait à emplir les raies en creux et à agrémenter
le décor 2 ). Le désir de l'ornementation était si profond chez les potiers, qu'ils ont paré
jusqu'aux protubérances et même le pied des vases.
Groupe des vases à décor en relief et sans décor. Comme nous l'avons dit plus haut,
ce groupe est en étroite liaison stratigraphique avec le précédent.
l
) La spirale excisée, combinée avec d'au lieu de la matière blanche, se remarque habituelle
tres éléments ornementaux, se voit également sur ment au Sud (à Klicevats en Serbie. — Wassits:
trois tessons découverts en Roumanie à Petresti- Rev.Arch., 1902, p. 172 —190 et L. R e y : Observa
40-de-Cruci (départ, de Vlasca). Wosinsky: op. cit., tions sur les premiers habitats de la Macédoine
pi. CXI, Nos. 2, 4, 5 (douteux). Sa présence a été dans B. C. H., 1917 —1919, p. 222. L'incrustation
constatée en Transylvanie, en amont de la rivière n été aussi rencontrée au Sud de la France (Dé-
Oit (J. Teutsch: Die spàtneolitischen Ansiedlungen chelette: Manuel, I I , 1, p . 382. L'incrustation
mit bemalten Keramik am oberen Laufe des Ait· avec de la matière blanche et rouge a été égale
/lusses, Mitteilungen der Pràhist. Kommission d. ment constatée sur de la céramique découverte
Kais. Akademie d. Wissenscha/ten, Wien, I-er vol. dans la station de «Mâgura-Fetelor», dans le village
No. 6, 1903, p . 394, fig. 163. Vâdastra (départ, de Romana^i), où des fouilles ont
i été pratiquées en 1926.
) L'incrustation avec de la matière rouge, au
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
*) Cette céramique, rencontrée aussi en Macé- p. 225); elle se rattache au style No. 4 de la eéra-
doine, a été dénommée par L. Rey «avec la face mique des tumulus macédoniens. Le même auteur
externe plissée» (op. cit., dans B. C. Ji.,1917—1919, donne aussi l'aire de dispersion de cette céramique.
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v. cnmsrcscu
Il est aussi des vases à panse renflée d'où émerge un long col terminé par un rebord
évasé vers l'intérieur (pi. XVI, fig. 6).
Une forme, très fréquente dans ce groupe, est celle du «verre». Les vases de cette
catégorie sont petits et de pâte fine, généralement patinée. Le décor habituel est celui
de rais et lignes circulaires en relief (pi. XV, fig. 2, 3 ; pi. XVI, fig. 5 ; pi. XVII, fig. 3, 7,
10; pi. XVI. fig. 2 ; pi. XVIII, fig. 2 ; pi. XVI, fig. 7). Certains portent l'ornement incisé
(voir pi. VII, fig. 8, cité au groupe ci-dessus, à savoir : le parallélogramme).
Un petit verre, à fond presque aussi large que l'orifice, trouvé à la surface et très
rongé par les eaux, présente sur la face extérieure des dépressions verticales résultant
de la pression du doigt. Le contour n'est pas très bien précisé, bien que la pâte soit en
partie cuite jusqu'à ce qu'elle soit devenue
rouge (pi. XVI fig. 12).
Des vases à pied se voient aussi dans
ce groupe.
Comme vases présentant des parti
cularités, nous avons — en dehors de ceux
qui seront mentionnés plus loin — des
spécimens dont les fragments marginaux
indiquent qu'ils avaient un rebord dentelé
à larges lobes. Dans ce cas, le rebord est
droit, la pâte grossière et non cuite (pi.
XVII, fig. 1; pi. XVIII, fig. 8).
Mentionnons des vases entiers ou
pouvant être reconstitués: une écuelle à
oreillette (pi. X I I I , fig. 4, pi. XVI fig. 8) ;
un plus grand vase, trouvé à la dernière
profondeur (1,75 m) et ayant la forme d'un
double tronc de cône. La pâte est impure,
mais bien pétrie ; le contour n'est cepen
dant pas assez finement précisé. L'anse,
Vji JÉ*.^1 H Βί indiquée seulement par la partie inférieure,
^fcj- I H adhérente à la ligne médiane du vase (par-
8 ^^^^*™ ^ ^ ^ ^ ^ P ^ - P | j ( . [a plus renflée), lait défaut, de même
Pi. xv. que le rebord (pi. X I I I , 2 ; XVI, 10).
Au même endroit, nous avons décou
vert un petit vase (caliciforme) à fond plat; les flancs s'érigent légèrement obliques.
Vers le milieu, les flancs sont renflés, puis se rétrécissent et forment le col ; vers l'ori
fice, le col s'élargit et donne naissance au rebord. La pâte, impure, n'est pas cuite ; le
flanc du vase présente des irrégularités (pi. X I I I , fig. 1; pi. XVI, fig. 9).
Un autre petit vase, probablement de culte, trouvé à 0,50 m de profondeur, a
une forme qui se rapproche de celle du précédent; mais la pâte est très épaisse et |
irrégulière. Du fond du vase, les flancs se dressent dans le sens oblique, jusqu'à son ;
milieu. En ce point-là, ils s'élargissent et se renflent, pour se rétrécir ensuite brusquement
et finir en un col allongé. Près de l'orifice, celui-ci, s'évase subitement et son diamètre
atteint celui du vase à son milieu. L'évasement du goulot donne naissance au rebord,
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270
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
qui, sur la partie supérieure, est plat et poli. Le pourtour du rebord est irrégulier.
L'orifice et la cavité du vase sont, par contre, parfaitement circulaires, ce qui dénote
que le vase a été d'abord façonné en argile, et que, pour former sa cavité, il a été en
suite évidé à l'aide d'un objet cylindrique (pi. X I I I , fig. 3).
Un autre petit vase, trouvé à 0,60 m, a la forme d'une écuelle ; le fond est troué
d'un côté; le rebord est irréguhèrement tracé (pi. X I I I , fig. 5, pi. XVI, fig. 11).
Ornements. Le nombre en est réduit. Le décor qui se voit le plus fréquemment est
le bourrelet alvéolaire. Formé d'alvéoles très régulières et légèrement évidées, il est dis-
Pi. XVI.
posé au-dessous du rebord, tout autour du vase (pi. XVIII, fig. 12; pi. X I X , fig. 1).
Le bourrelet se présente parfois, sur des fragments de pâte plus impure, sous forme
de reliefs résultant d'une pression exercée de place en place. Ce bourrelet est interrompu
de-ci de-là par une proéminence, d'ordinaire aplatie et pointue (pi. XVIII, fig. 14; pi.
X I X , fig. 12). La proéminence peut-être demi-ovale (pi. X X , fig. 11). Le bourrelet
se présente également sous forme de reliefs résultant de l'évidement de la pâte à
l'aide d'un objet pointu (pi. XVIII, fig. 11) »).
Comme éléments ornementaux, on distingue sur quelques tessons, dont l'un est
couvert à l'extérieur d'une belle patine noire, des fragments de spirale en relief (pi. X I X ,
fig. 2 — 4, 6 2 ). Sur un autre tesson, de pâte jaune bien pétrie, on voit une sorte de
2
*) Nous croyons que les fragments céramiques ) Certaines peuvent être des anses «muettes»,
ornés d'un bourrelet appartiennent à la couche comme, par exemple, les spécimens découverts à
La Tène. En ce qui concerne l'analogie, voir Sanskimost (Fiala, Das Flachgràberfeld und die
la céramique à bourrelet de Crâsani (I. Andrie- prahistorischen Ansicdlung in Sanskimost, Wissen-
sescu, Piscul Crâsani (en roumain avec un ré schaftlichen Milteilungen aus Bosnien und Herze-
sumé en français), Bucarest, 1924 (pag. 35 et 99), govina. VI, 1899, p . 103, fig. 156: «Tonbecher mit
et Zimnicea (encore inédit). drei plastischen, halbmond formigen Verzierungen
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271
V. CHKISTKSOI
moulure verticale en relief. Peut-être se répète-t-elle sur le reste du vase; dans ce cas,
elle devient un élément ornemental (pi. X I X , fig. 11).
Sur un tesson, on voit un décor d'alvéoles profonds, quadrangulaires, qui recou
vrent toute la surface extérieure du vase (pi. XVIII, fig. 9 J ).
La plus simple forme d'ornement en relief se trouve d'habitude sur des tessons
de pâte grossière. Ce décor se compose de raies verticales, horizontales ou obliques,
mises en rebief par pression du doigt sur la pâte molle (pi. XVIII, fig. 5, 10). Sur un
tesson orné de raies verticales en léger relief, le potier a ajouté, pour compléter le décor,
deux petites protubérances, disposées l'une à côté de l'autre. Il est des tessons ou les
raies en relief sont disposées obliquement et verticalement, et partent d'une protubé
rance en allant dans des directions diverses (pi. XVIII, fig. 10). Sur les vases de pâte fine,
à belle patine brune ou noire, nuancés parfois de rougeâtre et jaunâtre, le potier a fait
ressortir les décors en relief, très finement exprimés, avec précision et régularité (pi.
J
— junghallstattisch) et ceux provenant de Bazzano ) Paraît être une empreinte «en forme de gaufres*,
prov. de Bologne, Italie (Montelius: Civilisation comme celles qui ont été découvertes à Beauvray
primitive en Italie, I, pi. 91· No. 5, âge du Fer). (France) et à Stradonitz (Bohême). Déchelette:
Des spirales en relief ont été aussi trouvées en Manuel, I I , 3-e La Tène, p. 1546, fig. 715, Nos.
Bulgarie, à Tell Metchkur (Seure-Degrande dans 4 et 5).
B. C. H., 1906, p. 416.)
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272
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE ROÏAN
XV, fig. 3 ; pi. XVI, fig. 5 ; pi. XVII, fig. 2, 3, 7,13 ; pi. XVI fig. 2, 4 ; pi. XVIII, fig. 2, 7 ;
pi. XVI fig. 7). Les lignes en fin relief sont disposées horizontalement, verticalement
ou obliquement en forme de rais.
Le rôle des protubérances est à la fois ornemental et fonctionnel, ou seulement
ornemental. La première catégorie comprend les grandes protubérances, aplaties, de
forme quadrangulaire ou demi-ovale (pi. XX, fig. 11) et les protubérances triangulaires
qui ont la pointe dirigée un peu vers le rebord du vase (pi. XVIII, fig. 14; pi. X I X ,
fig. 12).
Mentionnons une petite proéminence, oblongue, perforée de deux trous, ce qui
marque son caractère d'anse.
D'autres proéminences, triangulaires n'ont pas les bords arrondis mais taillés en
surfaces régulières, ce qui donne à la protubérance la forme pyramidale.
Les protubérances aplaties sont de caractère plus ornemental ; elles ont la forme
d'un anneau, mis en relief sur le flanc du vase, ou de deux valves (pi. XVIII, fig. 12 ;
pi. X I X , fig. 6 — 8). Les anses sont d'habitude rondes (pi. XV, fig. 8). Une seule in
dique une anse à surfaces rectangulaires et disposée en angle droit sur le vase (pi. X X I ,
fig. 3). Une autre, petite et courbe, porte des raies en creux sur la surface extérieure
(pi. X I X , fig. 14).
Vases La Tène et grecs. Ces vases, découverts par petits fragments, sont peu
nombreux. La pâte des vases La Tène est grise et façonnée au tour. Quelques tes-
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\ . UIHISTESCIT
sons sont en pâte jaunâtre. D'après les fragments de rebords, qui ont été décou
verts, on constate que la forme la plus répandue est celle des vases à rebord
évasé (pi. X X , fig. 2, 4). Certains vases ont le rebord profilé en arêtes et rabattu
en dehors ; au-dessous se trouve une raie circulaire en relief parallèle au rebord.
Sur d'autres vases, le rebord est arrondi et rabattu vers l'intérieur (pi. X X , fig. 8).
Quelquefois, le rebord évasé est travaillé de place en place en forme d'anse en tort il.
Les anses sont en général rondes ou aplaties.
Sur les fragments découverts, il n'y a aucun décor.
Les vases grecs qu'on trouve le plus fréquemment sont les amphores. Nous
avons découvert à l'état fragmentaire: des fonds, des panses, des anses (pi. X X fig.
3, 5, 6, 10). La pâte de certains fragments est jaunâtre, celle d'autres est d'un rouge
vif. Nous avons également découvert quelques fragments à petit pied, toujours en
pâte grecque (pi. X X , fig. 7).
Aucune anse d'amphore ne porte d'estampille, hormis un fragment ou l'estampille
n'est conservée qu'en partie. On peut y distinguer un tête barbue fort bien rendue ;
la chevelure, disposée suivant la mode grecque, est retenue sur la nuque par un ruban.
La partie supérieure de la tête manque, l'anse étant brisée; la couleur de celle-ci est
jaunâtre (pi. X V I , fig. 13 et pi X X I I fig. 7).
Ce groupe, restreint en ce qui concerne la quantité, est un matériel à part dans
la culture de la couche supérieure de Boïan.
Les vases grecs et La Tène décrits plus haut sont d'importation; ceux qui sont
de provenance locale portent l'empreinte de l'ancienne tradition de l'époque néoli
thique comme à Crâsani ou dans d'autres stations La Tène ' ) . Leur présence, surtout
celle d'amphores grecques, est expliquable par le fait que les Grecs faisaient du com
merce sur le Danube et que, Boïan, Mânâstirea, Coconi '-), étaient des stations ou
s'arrêtaient leurs bateaux.
O B J E T S EN A R G I L E E T EN METAL
Objets en argile. Nous avons trouvé: quatre fusaïoles entières :!) dont une grande
ayant un diamètre de 0,05 m, et la forme d'un double tronc de cône; deux autres, tou
jours de la même forme, mais mieux travaillées et d'un diamètre de 0,03 m ; une autre,
sphérique, plus mal travaillée et d'un diamètre de 0,025 m (pi. I I , fig. 3,5, 6, 7).
Sur une moitié de fusaïole d'un diamètre de 0,04 m, on voit un décor d'angles profon
dément incisés (pi. X X I I , fig. 12 4 ). Trois perles d'argile, cylindriques, dont une de 0,10 m,
de long, l'autre de 0,085; la troisième, moins longue (0,06 m), a un diamètre de 0,04 m,
(pi. II, fig. 1, 2,4). Un anneau d'argile, d'un diamètre de 0,05 m, (pi. X X I I , fig. 13); un
*) I. Andrieçescu, Piscul Crâsani (en roumain, pfeld: Troja und Ilion, I, p . 424, pi. 47, No. 4793);
avec un résumé en français), Bucarest, 1924. page 35. en Bosnie, à Debelo Jirdo bei Serajevo (Wissen-
2
) V. Pârvan, La pénétration hellénique et hellénisti schaftlichen Mitthvilungen aus Bosnien u. Herze-
que dans la vallée du Danube, Bucarest, 1923, p. 15. govina, 1896, IV, p. 52, fig. 101).
^) Voir à ce sujet: I. Andrieçescu, op. cit, p . 37. Toujours comme décor angulaire, mais formé de
4
) Ce décor, incisé sur une fusaïole, se voit assez cordes incisés, il a été également rencontré à Borsod,
fréquemment ; il a été également remarqué sur des en Hongrie (Arch. Êrt., 1894, pi. I).
fnsaïules découvertes à Troie (III—V station, Doer-
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LES STATIONS l'KKII ISTOKI 01 ES DU LAC DE BOÏAIN
autre, fortement calciné, à bords plats, d'un diamètre de 0,03 m (pi. X X I I , fig. 14).
Quatre projectiles d'argile; le plus grand a un diamètre de 0,06, le plus petit de 0,025 m.
Sept pesons, dont quatre de forme ovale (pi. X X I , fig. 8, 9); les autres sont informes.
Nous avons également découvert plusieurs fragments de tables-supports de vases,
probablement de culte. Le travail en est soigné; au milieu, la dépression est ronde
et le contour bien fait. D'habitude, sur la partie extérieure, principalement sur les
pieds, elles ont un décor géométrique incisé λ) (pi. X, fig. 14, pi. V, fig. 1).
Figurines. Nous n'en avons pas trouvé d'entières. Quatre pieds de figurines dé
couverts à la surface de la station et dans l'excavation, révèlent toutefois leur existence
(pi. X X I I , fig. 6, 9, 10, 11).
Objets en métal. Nous en avons peu trouvé; ils sont en cuivre, en bronze et en fer.
L'inventaire comprend: un objet en cuivre ressemblant à un clou ou à un poinçon, long
de 0,085 m, découvert à 1,50 m, de
') Des objets semblables ont été découverts à Dacia I I , 1925); mais ils sont bien plus primitifs
Gumcîni}a (voir Vladimir Dumitrescu: Gumelnita, comme exécution et n'ont aucun décor.
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275
V. CHRISTESCU
Les objets en fer ont été généralement trouvés vers la surface. Un petit bracelet
en fer, découvert à 0,10 m, de profondeur, est effilé vers les extrémités, qui se
superposent; il est travaillé en arêtes; son diamètre est de 0,04 m, (pi. X X I I , fig. 28).
A 0,15 m, de profondeur, nous avons rencontré un objet qui ressemble à une poignée
de poignard à antennes; sur la surface on voit aussi un bouton; selon toutes appa
rences, le bois était fixé à l'aide d'un clou. J e crois que c'est un harpon pour saisir
le poisson (pi. X X I I , fig. 27).
A la même profondeur, nous avons trouvé: 1) un fer de lance mieux conservé 1) ; la
forme en est précise; sa longueur, y compris la fusée à introduire dans le bois, est
de 0,12 m ; sans la fusée, elle est de 0,75 m (pi. X X I I , fig.. 29); 2) un objet,
composé d'une lame plus large vers le milieu, à extrémités renversées en forme d'arcs ;
on dirait un briquet; les extrémités sont brisées (pi. X X I I , fig. 23 2) ; quelques frag
ments de couteaux (pi. X X I I , fig. 26, 30 — 32).
STATION B
Situation. La station B est à l'extrémité Ouest de l'îlot, qui est à 7 m environ au-
dessus du niveau de l'eau et à 18 m. au-dessus du niveau de la mer. La station a été
aux trois quarts érodée par les eaux, dont l'action s'est principalement exercée sur la
partie Sud. La partie encore existente est longue de 80 m, en direction EO, et large
de 20 m, en direction NS (dans la portion existante).
Stratigraphie. Nous avons creusé deux tranchées, dont la première A de 3 EO X
6 m, NS, est orientée vers le N S ; le bord Sud atteint les confins érodés parles eaux.
Entre le bord Nord, qui est plus bas, et le bord Sud, qui est plus élevé, il y a une
différence de niveau de 1,40 m, A l'Ouest de celle-ci, qui est de direction EO et
parallèle au bord Sud des confins, à une distance de 2 m de la tranchée A, nous
avons creusé la deuxième tranchée B, dont les dimensions sont 10 m EO X 3 m, NS.
Dans la même direction, à une distance de 3 m vers l'Ouest de la surface B, nous
avons étendu les recherches en creusant le fossé I (dimensions: 8 EO X 2 m, NS).
Pour reconnaître l'étendue de la couche de culture, nous avons aussi pratiqué des son
dages, l'un vers l'extrémité Est du tumulusfaj, l'autre vers le Nord (b) (fig. 7).
Nous avons distingué, en général, deux couches de culture: la première, qui va,
en moyenne, jusqu'à 0,80—1 m, de profondeur; la seconde jusqu'à 1,50—1,70 m. A
cette dernière profondeur, nous avons rencontré la terre glaise.
La première couche de culture est caractérisée par une poterie de technique variée,
rarement patinée, mais de formes et décors présentant assez de variété. Au contraire,
la couche inférieure a livré presque exclusivement une céramique patinée, de teinte
brune ou jaunâtre, de formes moins variées et plus pauvre en ornements. Du point de
vue technique, la poterie de la couche inférieure est supérieure à celle de la couche su
périeure. C'est là un phénomène remarqué dans la plupart des stations du Sud-Est
') Selon toutes probabilités, ce fer de lance date Jezerina in Pritoka. Wiss. Mitt. B. u. IL, 1895, I I I ,
d'une époque récente: La Tène ou barbare. p. 166, fig. 513 ; id. : Der pràhist. Pfahlbau von Ripac
*) Des briquets semblables ont été trouvés aux bei Bihac, ibidem, 1897, V, p . 41 et pi. X V I I I No. 9.
stations de Bosnie (Radimsky: Die Nekropole von Les deux sont d'époque La Tène.
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE HOÏAN
européen '). Au fond delà couche inférieure, nous avons rencontré des foyers, tandis qu'ils
faisaient défaut dans la couche supérieure. Nous n'avons trouvé qu'un four.
Nous allons maintenant étudier la stratigraphie de chaque fouille.
Tranchée A. Dimensions: 3 x 6 m, direction: N S ; elle atteint le bord éboulé.
Cette tranchée a une inclinaison de niveau de 1,40 m. Jusqu'à 0,60 m de profondeur,
nous avons rencontré en abondance des tessons, de technique diverse. Pour les uns,
elle est assez avancée; pour d'autres, elle est restée inférieure,
Inventaire: Rebords de vases aux formes variées, dont certains sont à entailles,
fonds plats, indiquant parfois un vase à pied, proéminences (les unes plus petites et
plus anguleuses, d'autres plus grandes et plus larges). Quelques-unes ont la forme d'une
tête d'oiseau. Une des proéminences est aiguë et ressemble à une corne; elle est ornée
de trois rangées de dépressions, qui partent de l'extrémité. Des boutons, soit un seul
soit plusieurs ensemble, des fusaïoles, deux lingots d'argile parallélipédiques, un fragment
de hachette en pierre
polie, une pendeloque
en os, des perles en ar-
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277
V. CHRISTESCU
') Il y a une grande ressemblance entre une celle de la couche inférieure, céramique patinée
partie de la céramique de cette couche — aussi sans ornement ou sans patine et avec décor en
bien aux points de vue de la technique et des relief, de la station A.
formes qu'en ce qui concerne les décors — et
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
taire se montre assez riche. De nombreux tessons, de pâte révélant un art assez peu
avancé, hormis quelques, exceptions présentent les décors habituels, à savoir: 1 ) le bourrelet,
parfois double et triple, pui ceint le vase; le bourrelet est, souvent aussi, alvéolaire;
2) les cannelures ou raies en relief formées par pression du doigt sur la pâte molle;
3) les incisions en forme de parenthèses, décor plus rare; plus souvent les incisions sont
disposées en rangées autour du vase.
Nous n'avons trouvé qu'un seul tesson orné de deux raies incisées, légèrement
en zigzag, au-dessous desquelles figurent des triangles incisés *).
Un autre tesson, de pâte fine, est décoré de groupes de raies parallèles, horizontales
et obliques, qui forment des angles; deux petits boutons se trouvent dans l'ouverture
du premier angle.
Mentionnons des proéminences, variées comme forme et dimensions, ainsi que des
boutons plus ou moins grands.
Les rebords des vases sont variés.
A noter une proéminence organique, ronde et plate, sur un fragment de vase rou-
geâtre, de pâte fine et mince, portant des traces d'incisions.
L'inventaire se complète de quelques vases entiers ou qu'on peut reconstituer,
ainsi que de deux fragments de harpons, deux fusaïoles, deux perles oblongues en terre,
des silex, un percuteur en silex, un os travaillé comme une lame, des pierres (calcaires
ordinairement) et du bousillage, disséminé de-ci de-là.
A partir de 0,50 m, et jusqu'à 0,80 — 0,85 m, où apparaît la terre argileuse dure,
les tessons se font rares, mais leur caractère est le même. Ceux qui sont couverts de pa
tine deviennent nombreux, sans prédominer toutefois.
A noter: un tesson à proéminence, près de et au-dessous de laquelle se déploient des
bourrelets alvéolaires ; puis un rebord de vase, tronqué dans sa partie intérieure, de forme
évasée, à poignée aplatie, formée par l'évasement du rebord.
Autres objets trouvés: un harpon (brisé), un os travaillé, cinq silex, un percuteur
en silex, une figurine en argile, assez primitive ; les bras sont ramenés sur la poitrine.
Nous avons trouvé beaucoup d'os d'animaux.
Entre 0,85 — 1,40 m, la terre argileuse, dure, surabonde en os et surtout en coquilles
d'escargots ; de-ci, de-là du bousillage.
De 1,40 m à 1,70 m, — dernier niveau jusqu'où l'on ait pioché — la terre est tou
jours argileuse, mais molle et à nuances verdâtres. Les tessons patines commencent
à prédominer. La patine est ordinairement de teinte à la fois jaunâtre et rougeâtre,
noire ou brune. Les formes des vases, rebords et anses sont généralement identiques
aux spécimens découverts antérieurement. L'ornementation consiste en bourrelets,
raies obliques ou verticales en relief, boutons, proéminences et cannelures.
Les formes et ornements nouveaux appartiennent à des vases entiers ou pouvant
être reconstitués, vases qui sont énumérés ci-dessous.
Ainsi, à 1 m, de profondeur, près du bord Sud, nous avons découvert un vase piri-
forme, à protubérances en forme de cornes et à rais obliques (pi. X X V I I , fig. 1). A 1,10 m,
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V. C.IIRISTESCU
la terre a livré deux petits vases en argile non cuite, dont l'un, en forme de verre à pied,
et l'autre ressemblant à une petite écuelle. A cette même profondeur, nous avons
ramené au jour un vase qu'il est possible de reconstituer; la pâte est mauvaise; il
est orné d'un bourrelet et porte une proéminence.
A 1,50 m : cuillère d'argile hémisphérique, avec son bec; à 1,60 m : un fragment
de soucoupe d'argile.
En dehors des vases, nous avons aussi trouvé: une petite table pour le culte, à
laquelle il manque un pied; des objets en os lustré et travaillé comme des lames poin
tues, un fragment de poinçon, des os aux formes courbées (l'un d'eux paraît être le
fragment d'un bracelet). Les objets en pierre comprennent une lame travaillée comme un
silex, trois projectiles (percuteurs), une hachette en pierre calcaire jaunâtre, bien polie.
Vers le fond, les silex sont plus nombreux.
A 1,40 m de profondeur vers le bord Est, nous avons trouvé un fragment de figu
rine stéatopyge (la partie supérieure manque) ; le sexe est indiqué par un triangle. Le
travail de cette figurine est bien supérieur à celui de la figurine trouvée plus haut.
A partir de 1 m de profondeur, des pierres de grandeurs diverses apparaissent, et,
de-ci de-là, on voit de la terre brûlée. A 1,40 m les pierres se multiplient et forment
même des groupes. Par exemple, à 3,60 m, de distance du bord Est et à 0,65 m, du bord
Sud, il y a plusieurs pierres superposées ; celle de dessus est longue de 0,36 m, et large
de 0,12 m. A 1,40 m de distance de cette pierre et à une égale distance du bord Sud,
il existe un autre tas de pierres ; en ce point, la profondeur à partir de la surface est
de 1,10 m. A 0,90 m de cet endroit, il y a encore un tas de pierres de formation simi
laire et adhérant à la paroi Sud. Presque en face de celui-ci il en est un autre analogue,
adhérant à la paroi Nord. La distance qui les sépare est de 1,55 m. Les pierres sont
parallélipipédiques (long. = 0,36 m, larg. = 0,06). Parmi elles, il se trouve des mottes
calcaires informes. La profondeur, par rapport au niveau de la surface, est, pour le tas
de la paroi Sud, de 1,25 m, et pour celui de la paroi Nord, de 0,70 m ] ). Ayant remarqué un
amas de cendre près de la paroi Sud et pour 2,70 m du coin Ouest, nous avons creusé celle-
ci sur 0,60 m de profondeur. Les cendres étaient pétrifiées et il y avaient une pierre par
dessus.
Bien que les pierres trouvées soient disposées avec une certaine régularité, nous
n'avons pu identifier la forme d'aucune habitation. Nous avons, par contre, identifie un
foyer, à proximité immédiate de la paroi Nord, sur 1,85 m, de longueur. La plus grande
largeur est de 1,30 m, laquelle se rétrécit, vers le Sud, jusqu'à 0,75 m. La profondeur,
par rapport à la surface, est de 0,90 m, à la bordure Est, et de 1,05 à celle de l'Ouest
(du foyer). La hauteur du foyer est de 0,35 m ; la partie la plus élevée, au centre, a
0,60 m (la hauteur la plus grande est donc de 0,60 m).
Etant donné que tous les tas de pierres sont, jusqu'à un certain point, groupés
autour de ce foyer, nous sommes induits à croire que nous nous trouvons en présence
d'une habitation. Tenant compte de la différence de niveau entre les bords Sud et
Nord (0,60 m en plus pour le bord Nord), nous aboutissons à la conclusion que les
pierres et le foyer se trouvent sur le même plan. D'autre part, si nous prenons en con
sidération la distance qui existe entre les tâs de pierres et le foyer, on pourrait fixer
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
les dimensions relatives de cette hutte, sans pouvoir toutefois en déterminer la forme.
Comme dimensions approximatives, nous pouvons donner 3m X 3 m. (fig. 8).
Fossé I. Creuse à 3 m, vers l'Est de la tranchée B ; dimensions : 2 X 8 m ; orientation
EO. La distance à partir du bord Sud (éboulé) du tumulus est de 1,50 m ; la diffé
rence de niveau entre les bords Sud et Nord est de 0,30 m en plus pour le bord Sud.
La terre a été creusée jusqu'à 1,80 m, où la terre glaise a été rencontrée.
La stratification de ce fossé est différente que celle de la tranchée B. La terre
noire se voit jusqu'à 1 m de profondeur, où commence la terre argilleuse. La céramique,
abondante jusqu'à 0,50 m, se raréfie sur une portion de 0,20 m de profondeur, puis
devient abondante jusqu'à 1 —1,20 m, profondeur à laquelle les tessons diminuent sen
siblement pour se multiplier encore vers 1,40 m, puis décroître aussitôt et finalement
aller en diminuant à mesure que l'exploration avance.
A partir de 0,80 m, le nombre de tessons patines augmente, mais c'est seulement
à partir de 1,20 m qu'ils commencent à prédominer.
A 0,60 m, nous avons trouvé des os, dont certains calcinés, et des coquilles. Ces
dernières ont été rencontrées jusqu'à 0,80 m. Nous n'avons vu ni pierres, ni bousillage.
L'inventaire se présente ainsi: jusqu'à 1,20 m, tessons de pâte accusant une tech
nique variée. Ils sont chargés de décors variés, comme ceux qui ont été découverts dans
la couche supérieure de la tranchée B : bande
alvéolaire, parfois double ou triple; dans cer
tains cas, files de raies en creux, verticales ou
obliques, cannelures, raies mises en relief par
la pression du doigt sur la pâte encore molle,
protubérances, boutons. Les rebords et les fonds
de vases ressemblent à ceux des couches supé
rieures des tranchées A et B. Fig. 8.
Les anses de vases, plus nombreuses ici,
présentent une plus grande variété. Dans cette tranchée, la quantité de vases, entiers
ou se prêtant à une reconstitution, est également plus grande. Ainsi, en dehors
des vases qu'il est possible de reconstituer comme forme, nous avons rencontré à
0,70 m, un vase à trois protubérances en forme de petites cornes, mais l'anse est
très grande; le rebord, du côté opposé à l'anse, est plus élevé (mit abgeschràgtem
Rande) (pi. X X V I I , fig. 3). A 0,90 m de profondeur, nous avons rencontré un
vase piriforme; le rebord et l'anse manquaient; aucune proéminence (pi. X X V I I ,
fig. 6).
En dehors de la poterie, nous avons découvert: quelques bois de cerfs ou des frag
ments ; l'un d'eux est travaillé ; c'est un manche de hache (pi. X X V I , fig. 5) ; un
bout d'os poli, un harpon, un peson de filet, des fragments de perles en argile, un lingot
parallélipipcdique en argile, des fragments de silex.
A partir de 1,20 m, les tessons, assez rares, sont presque tous patines. Vers
1,40 m, ils deviennent abondants, puis rares subitement, et, tout à coup, on n'en
voit plus.
Les rebords et les fonds des vases n'ont rien de particulier qui les distingue de ceux
qui ont été découverts jusqu'à présent dans les couches respectives des autres chantiers
fouillés. Il en est de même pour les décors.
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281
V. CHKISTKSCU
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282
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
SILEX, OBJETS EN P I E R R E ET EN OS
Silex. Nous avons trouvé sur le chantier 95 silex soit entiers, soit fragments. La
terre a livré 4 lames entières dont la longueur varie entre 7 et 11 cm; la largeur varie
entre 2 — 3 cm. En dehors de 8 noyaux, de 7 râcloirs (les dimensions varient: hauteur
5 — 8 cm, largeur 3 — 5 cm), le reste des silex est composé soit de fragments de lames ou
râcloirs, soit de fragments indéterminables (pi. XXIII).
On a découvert cinq percuteurs en silex; le plus grand a un diamètre de 0,035 m,
(pi. XXVI, fig. 9).
Objets en pierre. Projectiles. Les projectiles en pierre qui ont été découverts sont
au nombre de 8 ; ils sont de grandeurs diverses et leur diamètre varie entre 0,02 — 0,06
m, (pi. XXVI fig. 9).
Haches et marteaux '). Les fouilles ont livré des fragments de quatre hachettes et
d'un marteau, tous de pierre. Trois de ces fragments sont plus grands et permet
tent d'en préciser la forme. L'un d'eux (pierre jaunâtre, calcaire, polie) est de forme
triangulaire; le tranchant n'est pas conservé entier (pi. XXIV, fig. 5). Dimensions:
0,06 X 0,045 m. Le deuxième fragment, sans tranchant ni partie supérieure, est
en pierre polie; type quadrangulaire. Dimensions: 0,06 X 0,04 m, (pi. XXIV, fig. 6).
*) Au sujet de l'industrie des haches et des dans l'aire de culture carpatho-balkanique, voir
marteaux ainsi que de leur zone de dispersion I. Andriesescu, op. cit., p. 31 et suivantes.
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283
V. CHRISTESCU
f
h a r p o n s , à d e u x rangées de b a r b e l u r e s ;
le plus g r a n d fragment a 0,19 m (pi.
X X V , fig. 16 — 2 1 ) ; 2) trois lames en os
11
— — j
^fe ■ . ^K 1 1 1 /
bien polies, d o n t d e u x de forme q u a -
drangulaire et la troisième t r a p é z o ï d a l e ;
leurs dimensions v a r i e n t , à s a v o i r : lon-
I? | Ê «... i l Ê^ fi I \ gueur, 0,05 0,75 m ; largeur, 0,025
on voit d'ailleurs qu'il a été coupé d'un côté ; 2) une corne, découverte à 0,80 m, est
façonnée en deux parties ; la plus petite est courbée et forme un angle droit avec la
plus grande ; l'une et l'autre sont appointées aux extrémités. Au point de suture, on
remarque une cassure; cela prouve la présence d'une autre partie, qui a été brisée. La
partie la plus petite a 0,04 m, la plus grande 0,13 (pi. XXV, fig. 13) ; 3) un bois de cerf, tra
vaillé pour servir de manche à une hache ; c'est l'unique spécimen découvert dans la tran
chée à 0,60 m de profondeur (pi. XXVI, fig. 5).
CÉRAMIQUE
Technique. Comme nous l'avons dit plus haut, quand nous avons fait la strati
graphie de la station, la céramique que la terre y a livrée révèle l'existence de deux couches
de culture, distinctes l'une de l'autre.
En ce qui touche la technique, cette
différence persiste, avec quelques ex
ceptions explicables.
La poterie de la couche inférieure,
plus ancienne, est caractérisée par une
technique supérieure à celle de la poterie
de la couche supérieure, qui est plus
récente '). Les vases de la couche inféri
eure, dont la patine est noire, brune ou
rougeâtre, nuancée de jaunâtre, sont en
pâte bien pétrie et les contours sont
bien définis. Les fragments de poterie
qui ne sont pas couverts de patine ré
vèlent une technique avancée. Les exem
plaires mal cuits sont rares.
Dans la couche supérieure, hormis
les vases et fragments patines, qui accu
sent une persistance des anciennes for
mes de la couche de culture inférieure
et dont la pâte est généralement mieux
travaillée, le reste de la céramique est
d'une technique moins avancée. La pâte
est plus impure, souvent mal pétrie PI. XXVI.
et présente des irrégularités sur les
parois du vase. La cuisson est imparfaite, et elle n'existe même pas pour certains
vases de dimensions moindres. Mais les vases à proéminence en forme de corne nais
sante et le vase en forme d'écuelle (pi. X X V I l , f. 1; pi. X X V I I I , f.. 1) sont d'un
travail soigné, bien que la pâte ne soit pas très fine.
Il est aussi à noter que les vases de petites dimensions sont, sauf quelques exceptions,
d'un travail plus soigné, et cette remarque s'applique tant aux vases de la couche
*) C'est un phénomène qui se remarque dans européen (Andrieçescu, op. cit., p. 46, note 17).
toute la région danubienne et dans tout le Sud-Est
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285
V. CHRISTESCU
supérieure qu'à ceux de la couche inférieure. La pâte est fine, les contours sont précis,
et s'ils portent un décor, celui-ci est bien rendu.
Formes. Les formes des vases de la couche inférieure, de même que leur technique,
se distinguent de celles
des vases de la couche su
périeure.
Formes de la couche in
férieure. Les formes des
vases de la couche inféri
eure se retrouvent en par
tie dans les spécimens de
la couche supérieure qui
est plus récente.
La forme qui se voit le
plus fréquemment dans la
couche inférieure — fré
quence également remar
quée, d'ailleurs, dans la
W
PL XXVII. couche supérieure — est
celle de l'écuelle (pi.
XXVII, f. 2), dont le rebord varie comme forme '). La pâte est le plus souvent patinée.
Le rebord d'un vase de
ce genre, découvert à 0,^0 m
de profondeur, est rabattu
vers l'intérieur. Sur un autre
vase, un petit pli vertical en
relief est perpendiculaire au
rebord (pi. X X V I I I , f. 1). Il
arrive aussi que le rebord,
rabattu vers l'intérieur, pré
sente des reliefs obliques
rappelant le tortis d'une
corde (pi. X X X I , f. 7, pi.
X X I X , fig. 1). Sur d'autres
vases, le rebord, également
rabattu vers l'intérieur, pré
sente, au lieu de reliefs obli PI. XXVIII.
ques, des raies obliques al
lant de gauche à droite, ou inversement, (pi. X X I X , fig. 2, 32). Quelquefois, au lieu de
') E n ce qui concerne les diverses formes mar rencontrent aussi en Bosnie, à l'âge du bronze
ginales de ces sortes de vases, consulter, pour le Sud Curiic, Die Gradina an der Ramaqucllc in Bezirkc·
balkanique: Léon R e y , Observations sur les pre Prozor. Wiss. Mitt. Bos. Uerzeg., 1902, V I I I , pi.
miers habitats dp la Macédoine, B. C. H., 1917-1919, V I I I , fig. 7, 8, 9 ; à Donja Dolina: Trubelka, ibidem,
p . 184, et fig. 1). 1904, I X , pi. X L , fig. 18.
2
) Les vases a y a n t des bords de ce genre se Un autre t y p e du même genre est donné p a r
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286
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
raies, il y a des incisions remplies d'une matière blanche (pi. XXIX, f. 11 et 12, '). Dans
d'autres cas, le vase est muni, sur la paroi extérieure, d'une anse relativement petite
(pi. X X I X , fig. 4 et 5); cette anse a quelquefois l'aspect d'une petite protubérance
percée d'un trou de suspension 2 ).
D'autres vases, de même forme, découverts dans les deux couches de civilisation, ont
PI. XXIX.
H. Schmidt in Zeitschr.fur EthnoL, 1905, p. 97, fig. 2 touche la technique de l'incrustation avec de la
(de Hagio Elia en Macédoine). matière blanche, voir plus haut, p . 260, note 1.
2
Nous avons trouvé très peu d'exemplaires de ce ) Pour ce genre de proéminences, consulter: I.
genre dans notre station. Andrieçescu, Contributions sur la Dacie avant les
') Il en a été trouvé aussi à Sultana. I. An- Romains (en roumain), p. 65.
3
dricçescu, Fouilles de Sultana, Dacia I. En ce qui ) Ibidem, p. 69, 70.
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V. CHKISTKSCU
rebords qui sont séparés de la panse du vase par un évidement plus ou moins accentué
du rebord. Celui-ci est situé entre l'extrémité supérieure et la ligne de démarcation
du rebord. Dans ce cas, le profil du rebord peut varier, mais le corps du vase, reste
le même. Le rebord peut être incliné vers l'intérieur du vase, ou bien, au contraire,
légèrement rabattu en dehors. Cette inflexion à l'extérieur peut être prononcée ; en ce
cas, la ligne de séparation entre le rebord et le corps du vase passera par la pointe même
de l'angle formé (pi. X X X I I , fig. 2 ; pi. X X I X , fig. 7, 18, 23). La panse d'un vase de
ce genre est cannelée (pi. X X I X , fig. 14, tesson patiné). Un autre vase, cannelé lui
aussi, a le rebord rabattu vers l'intérieur. Ces cannelures sont couvertes d'une belle
patine d'un gris brun ou de teinte jaune. Sur un tesson où le rebord est rabattu en dehors,
PI. XXX.
on remarque trois trous très nets dans le corps du vase, dont deux au-dessous du re
bord et un plus bas *) (pi. X X X I I , fig. 2).
Un petit vase, couvert d'une fine patine à nuances rougeâtres, a le rebord élevé,
légèrement rabattu au dehors à la partie supérieure, puis droit jusqu'à la ligne de sé
paration du corps du vase (pi. X L I , fig, 4).
Sur certains vases, la ligne de séparation entre le rebord et le corps du vase est
un bourrelet, formé d'évidements ou d'alvéoles, de laquelle émergent d'habitude des
raies obliques ou verticales en relief. Ces bourrelets sont interrompus par une proéminence
') Sur les vases percés de trous, voir la biblio- 1917 — 1919, p. 189 et note 2.
graphie donnée par L. Rey, op. cit., B. C. H.,
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288
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOlAJN
qui, dans certains cas, a un caractère ornemental, dans d'autres fonctionnel (pi. XXXV
fig. 6; pi. X X X V I , fig. 1—4, 12; pi. X X X I X , fig. 6).
Les vases de plus grandes dimensions sont, d'habitude, à fond plat. Dans certains
cas, la séparation entre le rebord et le corps du vase est obtenue par l'accentuation
du rebord et par des groupes de petites proéminences, d'où partent des raies obliques
en relief ou en creux (pi. XXXVI, fig. 1, pi. X X X V I I , fig. 8).
Il est des grands vases dont le rebord est grand et séparé du corps par 1s mise en
relief de la ligne de séparation, de telle sorte que le rebord décrit avec le corps du vase
un angle, dont la pointe est sur la ligne de séparation. De cette ligne partent des raies
verticales très symétriques et en relief, qui divisent la panse en compartiments (pi. XXXV,
fig. 2).
Nous avons enfin des vases à pied de grandeurs diverses. Le pied est parfois le
prolongement dans le sens vertical de la panse renflée du vase. On peut classer dans
cette catégorie un petit vase en forme de verre, d'une technique primitive et dont le pied
est formé d'une plinthe (pi. XXVII, fig. 5, pi. X X I X , fig. 12 ] ). Le vase à pied pro
venant de la couche supérieure a un caractère d'évolution plus accentué.
Mentionnons aussi la particularité suivante: le fond d'un vase, formé par le pro
longement vertical de la paroi du vase, présente à l'intérieur une petite paroi circulaire
qui sépare la cavité du fond de celle du vase (pi. X X X I I I , fig. 8).
Une autre forme est à signaler: c'est celle d'une écuelle à parois élevées. Un vase
de ce genre, dont nous avons une moitié, a des parois élevées ; la pâte dénote une tech
nique supérieure ; elle est bien cuite et couverte d'une patine à nuances à la fois rougeâtres
et brunes (pi. X X X I I , fig. 5).
Le vase-coupe est également représenté. Un petit vase de ce genre a le rebord
irrégulier, et le poli de la pâte l'est aussi. Un petit vase en pâte impure, grossièrement
façonnée et mal cuite, est aussi une coupe a ).
D'autres vases sont piriformes. Ils ont été presque tous découverts au milieu de
la tranchée, au point de passage de la couche inférieure à la couche supérieure. Un
petit vase en pâte fine et patinée a sa partie inférieure convergente vers le fond étroit,
tandis que la partie supérieure est penchée moins obliquement vers l'orifice du vase,
bien plus large que le fond (pi. X L I , fig. 2). 3) La ligne de profil qui sépare la partie su
périeure du vase de sa partie inférieure devient, sur les grands vases qui accusent une
évolution, une surface qui peut être sujette à une ornementation particulière, de sorte
que le corps de celui-ci est divisé en trois parties, à savoir: la partie supérieure, com
prenant l'anse, le col et le rebord ; la partie médiane, et la partie inférieure avec
le fond. Dans ce cas, la partie médiane du vase peut présente un décor différent.
*) Un vase à pied plinthe, comme celui qui a çescu, op. cit., p. 51 et note 35, puis p. 54 et note 53.
2
été décrit plus h a u t , mais bien mieux façonné et ) Sur Taire de dispersion dans le milieu carpatho-
d'une technique supérieure, a été découvert à balkaniquc, consulter I. Andriesescu, op. cit., p. 51
Jezérine: Radimsky, Die Nekropole von Jézerina in et suivantes.
3
Pritoka. Wiss. Mitt. B. Herz., 1895, I I I , p . 70, fig. 71. ) De tels vases se retrouvent à Sultana (I. An
Contrairement à la plinthe de notre vase, dont driesescu: Sultana, Dacia I, 1921), à Câscioarele
les bords sont obliques, celle du vase de Jézerina (Gh. Çtefan: Câscioarele, Dacia II), et à Gumelnila
a les bords droits. (VI. Dumitrescu: Gumelnila, Dacia II).
Pour les vases à pied plinthe, voir aussi I. Andrie-
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289
V. CHRISTESCU
L'évolution se remarque sur quelques vases entiers et sur quelques tessons dé
couverts dans cette station.
Sur le vase no. 6 de la planche XXVII, la partie médiane, sans nul ornement, ne
forme qu'un passage de la partie inférieure à la partie supérieure.
Par rapport au vase cité plus haut, nous n'avons qu'une seule variété de profil :
mais la partie médiane du vase à patine brune (pi. X X X I , fig. 1) est aussi travaillée au point
de vue du décor, qui consiste en can
nelures verticales, interrompues de-ci
de-là par une proéminence organique,
résultant du relief exagéré d'un des bords
de la cannelure '). Ce fragment de vase
est muni d'une anse large, qui s'élève, en
partie, au-dessus de l'orifice, pour se
fixer au milieu du vase, après avoir
décrit une jolie courbe.
Sur le vase no. 4 de la planche
XXVII, les rais sont plus drus et moins
prononcés ; la proéminence est par con
tre plus prononcée; elle devient angu
leuse et a la pointe élancée.
Nous avons, au total, trois pro
éminences symétriquement disposées
vis-à-vis de l'anse. Dans la zone qui
^^m^^ P - a voisine le rebord, la partie supérieure
V V ÂÊ ~ commence à être, elle aussi, décorée de
^Bj HF fl^fl *y circulaires, <l<· eorte <ju<· la ligne
^^j^r \^. Z$r de démarcation entre le col el la panse
est définie.
PI. XXXI. Comme dernier spécimen de ce genre
d'évolution, nous avons le vase no. 1 de la
planche XXVII, (pi. X X I X , fig. 24), où la partie médiane est également décorée
de raies, mais obliques cette fois et très régulières. Les proéminences, toujours au
nombre de trois, sont plus accentuées et ressemblent à des cornes ; disposées à égale
*) Un correspondant de ce vase, qui est d'une HallstaUzeit bri Statzendorf in JSiederosterreich. Mitt.
technique avancée, a été découvert en Bosnie, à d. prahist. Kommission d. K. Altad. d. Wisscnsch.,
Donja-Dolina (Truhelka in Wiss. Mitt. B. u. IL, Wien, I I , No. 1, 1908; p. 3, fig. 3 ; p. 6, fig. 1 3 ;
1904, I X , pi. XLIV, fig. 25 et pi. L X I , fig. 16), p. 8, fig. 21 ; p. 9, fig. 25); en Bohême, a Platenice
et dans la région de Prozor; ibid., 1902, V I I I , p. (Pic: Die Urncngrâbcr Bbhmens, planches X X X V I ,
55, fig. 23). X X X V I I , X X X V I I I ) , en Silésie et en Occident.
Des vases à cannelures sur la partie médiane C'est au III-ème âge du bronze que ce vase
ont été également découverts en Styrie centrale. apparaît dans ces contrées (Déchclctte, Manuel, I I ,
(Radimsky et Szombathy, Urgeschichtliche For· 1, p. 385).
schungen in der IJmgegend von Wies in Mittel- Au Sud du Danube, on l'a rencontré à Kodja-
Steiermark. Mitteilungen d. Anlhrop. Gesdlschaft, Dermen (Popov, Isvestia. Bulletin de la Société
Wien, XV, 1885, pi. X I , fig. 1); en Basse Autriche, Archéologique Bulgare, 1916—1918, p. 111, fig. 104).
à Statzendorf (Adalbert Dungel, Die Flachgriïber der
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES OU LAC DE BOÏAN
distance l'une de l'autre, y compris l'anse, elles divisent le vase en quatre parties égales.
Il est à noter que le col du vase est différencié par le décor de raies circulaires ' ) .
Sur des fragments de grands vases, on constate que la partie renflée, prenant nais
sance immédiatement au-dessous du rebord, présente des reliefs obliques, faibles et
irrégulièrs, issus de la pression du doigt sur la pâte crue ; on voit parfois une légère proé
minence au-dessous du rebord.
Mais ce qui caractérise ce genre de
vases, c'est que le rebord est toujours
patiné extérieurement, tandis que la
panse est sans patine (pi. X X X I V , fig.
1, pi. X X I X fig. 23 2 ). Dans la couche
supérieure, cette forme se distingue
surtout en ce que le rebord est plus
étroit et sans patine, et que les bgnes
obliques sont plus en relief (pi. X X X V ,
fig. 9). Il est aussi des cas où, dans les
deux couches de culture, le corps du vase
est moins renflé si le rebord du vase
est plus grand et r a b a t t u au dehors
(pi. X X I X fig. 18,19).
Pour qu'on se fasse une juste idée
des formes de vases de la couche inféri
eure, nous reproduisons quelques tes
sons (pi. X X I X , fig. 20, 2 1 , 22, pi.
X X X , fig. 2) et anses. A remarquer
une anse, étroite vers sa partie supé
rieure, qui porte quelques cannelures
transversales, puis s'élargit vers la partie
PI. XXXII.
inférieure. La patine, grise, et la forme
sont de type Lausitz (pi. X L , fig. 1 1 ; pi. X X I X , fig. 11).
La couche inférieure a livré aussi quelques couvercles; certains sont munis d'une
anse large ; d'autres ont un bouton proéminent, qui remplit l'office d'anse (pi. X X X I I fig.
*) Le vase à cornes est également répandu dans en Lusace et dans le Brandenburg (Voss: Kera-
le milieu Sud-Est européen, de Troie jusqu'en mischc Stilarten der Provinz Brandenburg u. Nach·
Lusace. Pour Troie, voir Hubert Schmidt, dans barter-Gebiete. Zeitschr. fur Ethnologie, 1903, p. 177,
Dôrpfeld: Troja und Won, 1902,1, p. 301, fig. 216 fig. 32 a et b).
et Reaïlexik. d Vorgesch. Berlin 1925, II, art. Buckel- M. le Prof. V. Pârvan est d'opinion que ce type
keramik, page 200 et pi. 85 e. f. ; en Hongrie, il a de vase est originaire des régions carpatho-danu-
été rencontré à Borsod (I. Hampel, .4 bronzokor biennes et que son apparition à la Vll-èm? période
emlékei Mngyarhonban, II, pi. CXLI, 2 et sur la de Troie est due aux éléments gétiques qui y
couverture du volume) ; à Donja-Dolina en Bosnie avaient été entraînés par les migrations tréro-
(Truhelka Wiss. Mitt. B. u. //., IX, 1904, pi. cimmériennes (V. Pârvan, Les Daces à Troie (en
X I X , No. 9 ; LXII, No. 2, LXXIII No. 1, LXXVTI, roumain), extrait de la revue «Orpheus», Bucarest,
No. 31); à Wivs en Styrie (Radimsky et Szotn- II-ème année, No. 1, p. 7).
batby, Mitt. d. Anthrop. Ges. in Wien, XV, 1885, *) Des fragments indiquant des vases semblables
pi. X, fig. 3 ; pi. XI, fig. 1 ; pi. XII, fig. 9 et 12); ont été aussi découverts dans les sondages faits à
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V. rilRISTKSCl'
7 ; pi. X X X I I I , fig. l).Sur l'envers d'un de ces couvercles, on voit des raies en spirale
en puissant relief (pi. X L fig. 4).
Formes propres à In couche supérieure. Les caractéristiques de cette couche sont
représentées par les vases suivants:
Un vase, en pâte de qualité inférieure et non patinée, à fond plat, à la panse légè
rement renflée et à orifice bien plus large
que le fond, a un rebord droit. Au-dessous
du rebord, un bourrelet, résultant des re
liefs obtenus par pression du doigt sur
la pâte crue (le bourrelet avait peut-être
été disposé en guirlande) décore le vase (pi.
X X V I I I , fig. 2, pi. X X X fig. 1 ' ) .
Quelques vases à paroi oblique et d'as
pect trapu, dont la pâte est travaillée comme
celle du vase précédent, ont également le
fond plat et plus étroit que l'orifice. Ces
vases, dont nous n'avons que des fragments,
sont de petites dimensions. Le fond de
l'un d'eux présente une arête vers son
extrémité.
Un petit vase, probablement sacré,
ressemble à une soucoupe. Il est en pâte
assez grossière et non cuite; la panse et le
rebord, qui se confondent, résultent de
l'amincissement du fond vers les extrémi
tés, afin de produire un léger évidement,
qui dévient la cavité même du vase.
Un vase en forme de tasse plus grande,
est muni d'une anse qui, partant du rebord,
PI. XXXIII. s'érige au-dessus de celui-ci, puis s'incline
pour aller se fixer sur le milieu de la panse.
La pâte est impure et non cuite (pi. X X V I I I , fig. 3).
Un fragment marginal, peut-être toujours de tasse, porte une proéminence per
forée, qui se trouve près du rebord et correspond avec la cavité du vase par un trou
qui le traverse. Ce devait être un bec pour verser le liquide du vase (pi. X L I , fig. 6, pi.
X X X , fig. 3).
Un vase, qui révèle une technique soignée, est orné sur sa partie médiane, de raies
ainsi que de proéminences ; le rebord est rabattu en dehors et légèrement relevé dans
la zone opposée à l'anse («mit abgeschrâgtem Rande). L'anse aplatie ressemble à celle
décrite plus haut (pi. X X X I , fig. 1); elle se détache du rebord pour se dresser à une
assez grande hauteur et le dominer. Après avoir décrit une courbe élégante, l'anse
Fundeanca-Chisclet (à 12 km. à l'Ouest de Boïan; posé de la même manière que sur notre vase, a
M-lle H. Dumitrescu, Dacia II). été découvert a Plalvnice en Bohême (Pic: Die
x
) C'était peut-être une urne, car un vase-urne Urnengràber Bohmens, Leipzig, 1907 pi. XL, fig. 2).
de même forme et sur lequel le bourrelet est dis-
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292
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE HOÏAN
vient s'appliquer sur la partie médiane du vase (pi. XXVII, fig. 3, pi. X X X , fig. 4).
Il est à noter que cette anse est disposée asymétriquement par rapport aux trois proé
minences, contrairement au vase décoré de cornes, vase dont il a été question plus haut
(pi. XXVII, fig. 1 ' ) .
Dans cette couche de culture, un groupe distinct est formé par des vases de dimen
sions variées, couverts ou non de
patine, et dont le rebord, large d'habi
tude, est rabattu au dehors (pi.
X X X I I I , fig. 4, 5, pi. X X I X , fig. 16,
19). Le rebord est souvent indiqué,
à son point de suture avec le corps
du vase, par une ligne légère ou par
plusieurs raies (pi. X X X I I I , f. 5), soit
encore par des raies en creux ver
ticales ou horizontales, soit enfin
par une rangée d'entailles (pi. X X X ,
fig. 5). Il existe peu de vases où
le renflement se manifeste au-dessous
même de la ligne de séparation du
rebord. Il est aussi des vases, qui
décèlent une technique moins par
faite, dont le rebord est plus étroit
et moins rabattu à l'extérieur, mais
toujours à entailles (pi. X X X V I I I ,
% 2,3«).
Mentionnons un fragment de plat
dont le rebord est évasé et décoré d'in
cisions angulaires (pl.XXXVII,fig. 4).
Citons aussi un fragment de vase
dont la panse est renflée vers la par
49 « m PI. XXXIV.
tie inférieure ; le fond est plat et large. Vers la dépression du col, la paroi prend une
allure oblique et donne naissance à un col étroit qui s'épanouit au dehors en un
rebord également étroit (pi. X X X I , fig. 2 ; pi. X X X , fig. 6).
D'autres grands vases, de pâte plus grossière et non patinée, ont des parois droites,
terminées par un rebord dentelé. Ce qui caractérise ces vases, c'est une anse en forme
de tête d'oiseau (pi. X X X I X , fig. 8, 9 ; pi. X X X , fig. 9 3 ).
J 2
) Du point de vue du style, ce vase peut être ) Les rebords à entailles se voient sur des vases
apparenté au vase que représente la figure 4 de la découverts à Ripac, près de Jezerina en Croatie
planche X X V I I , et surtout au fragment de vase à (Radimsky, dans Wiss. Mitt. B. u. H., 1895, I I I ,
cannelures et proéminences organiques (pi. X X X I , p . 221, fig. 1 1 ; p. 222, fig. 14), en Bosnie (Curcic:
fig. 1) dont l'anse ressemble à celle de ce vase. Die Gradina nu der Kamaquelle, ibidem, 1902, V I I I ,
Une forme moins ressemblante a été remarquée p . 54, f. 20) et à Gradina-Cungar, près de Cazin
à Debelo Brdo, près de Serajevo (Fiala dans Wiss. (Radimsky, ibidem, 1896, IV, p . 88, fig. 9 1 ; p .
Mitt. Bosnien u. Herzeg., 1896, IV, p. 48, fig. 68) 91, fig. 112, 113).
3
ainsi qu'en Transylvanie. Dolgozatok — Travaux, ) En ce qui regarde les anses en forme de tête
1911, p . 13. d'animal de la zone carpatho-balkanique, voir I .
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V. CHRISTESCU
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LES STATIONS PREHISTORIQUES 1)1 I.AC DE BOÏAN
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Y. CI1MSTK5CIT
a
u n fragment de plus grand vase, sur
H ^P» ^Jfer-r lequel se t r o u v e u n e p r o é m i n e n c e éga-
|£ lement plus g r a n d e .
«3i£& ΒΜί lB£i^ Sur divers a u t r e s fragments, décou
v e r t s d a n s la couche supérieure ou bien
d a n s la couche inférieure, les raies, plus
ou moins en relief, sont soit obliques ou
horizontales, soit verticales (pi. X X X I V ,
fig. 2 — 10 ; pi. X X X V , fig. 1 — 4). D a n s
ce dernier cas, les raies sont très s y m é t r i
q u e m e n t séparées et elles divisent les
flancs du v a s e en p a r t i e s égales (pi.
X X X V , fig. 1, 2 — couche inférieure).
D ' h a b i t u d e , u n e raie horizontale en
f
|:> B| am^^&Êi ° relief, parfois i n t e r r o m p u e par des proé-
(- Β ^ η ^ {I , minences simples <>u doubles, <li\ ise le
m >T >·*· **- - v a s e en z o n e s ; les a u t r e s raies p a r t e n t
^^r IJV' Jf ' M ''' , , | , Γ r i l ' r horizontale et se dirigent
vers l'orifice ou la base du vase (pi.
X X X I V , fig. 7, 9 ; pi. X X X V , fig. 2).
PI. XXXVII. L a figure n o . 7 de la p l a n c h e X X X I V
d o n n e u n décor plus v a r i é , p a r suite d e
la combinaison des lignes obliques a v e c
les lignes horizontales. Il est u n cas où
sur le r e b o r d , u n e raie oblique se t r o u v e au-dessus de la zone des raies verticales (pi.
X X X V , fig. 4). U n f r a g m e n t de vase, d é c o u v e r t près de la surface, p r é s e n t e , u n décor
formé de raies obliques et d i v e r g e n t e s , q u i p a r t e n t du b o r d de la b a s e . A l'intérieur
de la zone formée, des lignes courbes, d o n t l'arc se dirige vers le fond, u n i s s e n t les b o r d s
de la zone (pi. X X X V , fig. 5). Les b o u r r e l e t s bien plus r a p p r o c h é s sur les t e s s o n s
de la couche supérieure, s o n t soit alvéolaires ou formés de reliefs r é s u l t a n t d ' u n evide-
m e n t , soit à dépressions c o n t i n u e s .
Ces bourrelets sont disposés de diverses manières sur les flancs d u vase ; ils s o n t
parfois i n t e r r o m p u s p a r des p r o é m i n e n c e s . Ils ceignent o r d i n a i r e m e n t le v a s e a u - d e s
sous du r e b o r d . D a n s ce cas, le décor se complète p r e s q u e toujours p a r de lignes e n
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relief sur les flancs du vase (pi. X X X V , fig. 296 6 ; p i . X X X V I , fig. 4 ) .
LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
Sur des tessons, le bourrelet se répète deux, trois, quatre fois et même plus (pi.
X X X V I , fig. 5, 6, 8, 9, 13; pi. X X X V I I , fig. 13, 14).
Sur un tesson, plusieurs bourrelets alvéolaires obliques s'arrêtent dans d'autres
bourrelets alvéolaires, mais disposés
horizontalement; ce décor paraît sur
tout le vase pi. (XXXVI, fig. 13). Sur un
fragment marginal, le bourrelet part
vertical de dessous le rebord et fait cro
ire qu'il se répétait sur tout le vase (pi.
X X X V I , fig. 5). Sur une autre frag
ment, un bourrelet vertical se détache
d'un bourrelet oblique (pi. X X X V I ,
fig. 11).
Un tesson de la partie inférieure
d'un vase présente un décor formé de
groupes de trois rangées de reliefs, qui
résultent de l'évidement de la pâte à
l'aide d'un instrument. Ces groupes sont
disposés symétriquement sur les flancs
du vase (pi. X X X V I I , fig. 10).
Les proéminences sont à peu près
les mêmes dans les deux couches de
culture et se présentent très fréquem
ment associées à un autre ornement. Les
proéminences qu'on rencontre le plus
souvent sont aplaties et ont le bord
arrondi. D'autres fois, elles sont de for
me pointue ou rectangulaire; dans ce
dernier cas, elles remplissent aussi le rôle d'anses. Sur un tesson, il y a une proéminen
ce à la forme d'une pyramide triangulaire, à dos plat. Certaines proéminences sont évi-
dées au milieu et, si l'on a fait deux dépressions, il en résulte une double ou triple proé
minence.
D'autres proéminences ont la forme de petits boutons (pi. X X X \ r , f. 11 ; pi. X X X V I I ,
fig. 3 ; pi. X X X V I I I , fig. 10; pi. X X X I X , fig. 13). Deux grandes proéminences, dont une
haute et l'autre plate, ont le caractère très net d'anses (pi. XL, fig. 12: pi X X X I , fig. 8).
On peut aussi ranger parmi les proéminences celles, trouvées dans la couche su
périeure, qui ont la forme d'une tête d'oiseau (pi. X X X , fig.9 J ).
Une proéminence plate, découverte dans la couche supérieure, a les extrémités
allongées comme des petites cornes (pi. XXXV, fig.. 12 2 ).
*) Voir plus haut page 293, note 3. Bumir, pi, IV, fig. 17), à Ripac (Radimsky : Der
*) Cette sorte de proéminence, qui sert d'anse, pràh. Pfahlbau von Ripac. Wiss. Mitt. a. B. u. H.,
se rencontre en Macédoine, à l'époque prémycé- 1897, pi. X X X V I , fig. 290, 296, 301, âge du
nienne ( L é o n R e y : o p . cit., B. C. H., 1917 — 1919, bronze) et en Hongrie, dans la station de bronze
p . 186 et pi. II,fig. 5 ; pi. I I I , fig.3 — 4 et note 5); de Velem Szent-Vid (département de Vas), Arch.
en Bosnie: à Butmir (Die neolit. Station von Ertesito, 1897, p. 297, fig. 23.
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LES STATIONS PRÉHISTORIQUES DU LAC DE BOÏAN
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V. CHHISTESCU
A mentionner aussi comme décor exécuté par incision, celui qui est formé de pe
tits cercles concentriques sur la proéminence; v. pi. XL, fig. 13 ').
Les cannelures sont assez bien représentées dans les deux couches. En de
hors des cannelures horizontales qui
figurent sur l'anse de type Lausitz, de
même que sur les vases mentionnés
plus haut, on voit aussi sur de grands
vases des cannelures courbes ; l'arc de
la courbe se dirige vers l'orifice ou vers
le fond du vase (pi. XL, fig. 5, 6).
Sur un fragment marginal, gris sur
la surface extérieure, on distingue un
décor formé de cannelures peu profon
des et larges ; ces cannelures sont sous
le rebord du col, sur lequel se trouve
la proéminence. Des cannelures hori
zontales, parallèles à la ligne de sépa
ration du col s'arrêtent dans d'autres
cannelures verticales, partant de des
sous la proéminence qui est sur le bord
du col (pi. XL, fig. 3).
Sur un fragment marginal, on dis-
tinsue des cannelures sur les surfaces
extérieure et intérieure. Celles qui sont
sur cette dernière forment une zone de
PI. XL. quatre cannelures, qui commence im
médiatement au-dessous du rebord (pi.
X X X , fig. 18).
Les cannelures des tessons de la couche supérieure sont bien rendues et prouvent
une technique avancée (pi. XL, fig. 1, 5, 6, 9).
Sur la surface intérieure d'un couvercle, on distingue des cannelures en forme de
cercles concentriques ou, peut-être, de spirale (pi. XL, fig. 4).
Le groupe d'ornements spiralo-méandriques est faiblement représenté par deux
fragments qui ont été découverts dans la couche supérieure. Ainsi, sur un tesson dont
la pâte n'est pas cuite, on distingue nettement le relief du bord d'une bande en spirale
(pi. XL, fig. 7 ■).
Le second fragment, marginal, présente l'ornement méandrique stylisé par excision.
Une bande en spirale (pi. XL, fig. 8 3 ) est indiquée, toujours par excision, sur la
partie inférieure du vase.
' ) Voir plus haut page 298, note 2. rale en relief, voir L. Rey, op. cit., B. C. H., 1917—·
2
) Pour l'ornement spiralique dans les régions 1919, p. 210 et fig. 27.
s
carpatho-balkaniques, voir I. Andriesescu: Contri ) E n ce qui concerne l'ornement méandrique,
butions à la Dacie, p. 80 et suivantes. Pour la spi voir I. Andriesescu, op. cit., ibidem.
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LES STATIONS P R É H I S T O R I Q U E 1)1 LAC DK BOÏAN
OBJETS EN ARGILE
Fusaîoles. La première couche de culture a livré sept fusaîoles de grandeurs et ca
ractères différents (pi. X X I V '). Quatre ont la forme d'un double tronc de cône; Tune
d'elles a une forme précise, elle est plus
allongée; hauteur: 0,04 m diamètre: 0,04.
Les trois autres sont aplaties et plus larges
au centre que hautes ; leurs dimensions
varient entre 0,04 — 0,045 m, pour la hau
teur et 0,05 — 0,06 pour le diamètre. Deux
autres fusaîoles sont de forme ronde et
aplatie; les trous qui le traversent sont
plus larges. Diamètre: 0,05 et 0,055 m.
Une autre fusaïole a la forme d'un
cône dont la pointe est percée d'un trou
assez étroit, qui va jusqu'à la base du
cône. Hauteur: 0,015 m ; diamètre: 0,04
m, (pi. XXIV, fig. 3).
Perles en argile. Le résultat des trou
vailles faites dans les deux couches de
culture se totalise par 10 perles entières
ou fragmentées, de forme cylindrique. La
longueur de celles qui sont entières varie
entre 0.07 — 0,095 m, et leur diamètre entre
0,015 — 0,035 m (pi. XXIV, fig. 8, 9.
13, 14).
Pesons de filet. Il n'en a été trouvé
que trois dans la couche supérieure. Ils ont PI. M l .
la forme d'une prisme rectangulaire, légè
rement arrondie à sa partie supérieure. L'un d'eux porte sur la surface de la base six
petits trous, disposés symétriquement comme les points noirs d'une pièce de domino
(pi. X X X , fig. 10 2 ). Tous ces pesons ont à peu près la même hauteur (0,11—0,12
m) et la même largeur (0,045 — 0,05 in; pi. XXVI, fig. 1—3).
Table de culte. Table de forme carrée, grossièrement travaillée ; il lui manque deux
pieds (pi. XXV, fig. 4).
Un pendantif en argile (pi. XXV, fig. 14).
Cuillère. La couche inférieure a livré une cuillère hémisphérique; le bord est
ébréché par endroits de même que le manche (pi. X X X I , fig. 3, pi. X X X fig. 16).
Lingots en argile. Nous en avons découvert quatre, dont un brisé. De même que
les pesons de filet et les fusaîoles, ils ne proviennent que de la couche supérieure. Ils
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301
V. CHRISTESCU
ont la forme d'une prisme rectangulaire; leurs arêtes sont précises. Les dimensions
des lingots entiers varient entre 0.045 — 0,075 m pour la hauteur et 0,013 — 0,02 m pour
la largeur (pi. X X V I , fig. 4, 7, 8).
Figurines. ] ) Une petite figurine (0,045 m), assez bien traitée, les bras ramenés sur
la poitrine, provient de la couche supérieure. Les yeux sont indiquée par deux cavités,
et les pieds par un évidement à la base. Les oreilles sont indiquées par deux creux plus
petits, en arrière de l'orbite des yeux (pi. XXV, fig. 2) 2 ).
De cette même couche provient aussi une figurine représentant un animal incomplet
(longueur: 0,065 m (pi. XXV, fig. 3). Comme la tête est brisée, il est impossible d'iden
tifier l'animal. En ce qui concerne la forme, elle se rapproche de celle de la figurine
découverte à Chiselet 3 ).
L'exploration de la couche inférieure a fait apparaître un pied de figurine (pi.
XXV, fig. 6). La même couche a livré une autre figurine stéatopyge (pi. X X V , fig. I et
pi. X X X I , fig. 6), dont il n'existe que la partie inférieure. Les contours de la stéatopygie
sont harmonieux et précisés par une ligne médiane qui indique aussi les pieds, qui se
confondent à la base en un seul bloc. La différence sexuelle est figurée par un triangle
très régulier, dont la pointe est en bas. Afin de préciser davantage le sexe, le potier a
pratiqué une incision verticale qui part du centre du triangle et aboutit à sa pointe.
La technique du façonnage est assez avancée.
La moitié restée est longue de 0,08 m ; le milieu de la figurine est large de 0,04 m.
D'après ces dimensions, la figurine devait être assez grande, comparativement à celle
qui a été découverte dans la couche supérieure 4 ).
*) Sur les figurines de l'aire carpatho-balka- Mentionnons deux figurines provenant de Butmir
nique, voir: I. Andrieçescu, op. cit., p. 97 et sui et qui ressemblent à la nôtre (Fiala-Hoerncs: Die
vantes. ncolitische station von Butmir, I I , Wien, 1898. pi.
2
) Telles figurines, avancées comme réalisation, I I I , fig. 1 et 2, surtout I).
3
mais toujours avec les mains sur la poitrine se ) Voir Dada, I I I , 1926.
4
rencontrent aussi dans le monde miuoïque (Hoer- ) L'absence de la partie supérieure de cette fi
nes, Urgesch. d. bildenden Kunst, 1925, p. 389, gurine rend impossible la découverte d'un cor
fig. 5 et Déchelette, Manuel, I I , 1, p . 57, fig. 1 respondant dans d'autres régions. Il paraît avoir
et 2. à Petsofa, les statuettes peintes du minoen un corespondant dans l'idole en argile (seulement lu
moyen I et I I ) . partie inférieure) trouvé a Cernavoda (Dobroudja. —
C'est encore avec le mains sur la poitrine qu'est Reallexikon d. Vorgesch,. I I , Berlin 1925, page 295
représentée la figurine de pierre aOliaros (figurine et pi. 145d.
ammorgienne) prémycénienne. Déchelette, ibidem, Des figurines stéatopyges en argile, avec indi
p . 45, fig. 12. cation du sexe, se trouvent dans toute l'aire de
Les mains posées sur la poitrine se voient aussi culture du SE européen (Andriesescu, op. cit.,
sur les idoles en marbre, découverts à Stara-Zagora p. 97 et suiv.).
(Bulgarie) et qui varient en ce qui concerne le Seul reste acquis le fait que cette figurine est
travail des autres parties du corps et de la tête d'un travail supérieur à celui de la figurine de la
(Isvestia. Bulletin de la Société archéologique bulgare, couche supérieure.
1925, p. 9 1 , fig. 1 (avec le triangle indicateur du De même, le pied de figurine, dont nous avons
sexe). parlé plus h a u t et qui provient de cette couche,
Voir aussi l'idole trouvé dans la station énéolithi- montre la supériorité, au moins technique, égale
que de Sveti Kirilovo (près de Stara Zagora-Bul- ment dans le domaine de la plastique de cette
garie), qui ressemble à notre figurine ( Reallexikon couche, par rapport à la couche supérieure.
d. Vorgesch. I I , 1925, art. Bulgarien. pi. 97 fig b.).
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LES STATIONS PRÉHISTOBIQ1 ES Du LAC DE BOÏAN
V. CHRISTESCU
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FOUILLES DU LECHINJA-DE-MUREÇ
Lechinta-de-Mureç (département de Turda, Transylvanie), située sur la rive droite
du Mures, est une de ces nombreuses stations pré- et protohistoriques disséminées le
long des deux rives du Mures, rivière qui, de l'Est à l'Ouest, arrose presque toute la
Transylvanie.
Π_ I station. La rive du
Fig. 1. Mures, qui atteint par
endroits 8 m de hauteur
domine les alentours. Au Nord, le ruisseau Comlodul, après avoir décrit une courbe
d'une large amplitude, en coulant du Nord à l'Ouest de la station, isole l'emplacement
le long de celle-ci. Vers l'Ouest, où le terrain est bien plus bas, on pourrait admettre
que les eaux du Mures ont franchi la rive et que, après s'être confondues avec celles
du ruisseau, elles ont formé une sorte de péninsule, où, tout au moins, un terrain
inondable, marécageux, qui, en ce point, met la station à l'abri de toute attaque. La
zone Est, en effet, est la seule abordable (fig. 1).
*
* *
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FOI'ILLKS ni; LK<:IUNTA-DE-MI;REÇ
* *
Comme les abords Sud et Nord de la station ont à peu près 300 m de longueur,
ceux de l'Ouest 100 et ceux de l'Est 250, il m'a été impossible de procéder à des fouilles
sur une si vaste superficie. J'ai en conséquence, fait des fouilles dans trois points, à la
bordure marginale Sud, c'est-à-dire précisément au sein de la rive même du Mureç,
emplacement qui, par son élévation et sa proximité de la rivière, m'a paru le plus
propice à des recherches.
Les surfaces fouillées sont les suivantes : A = 18 m X 5 m ; B = 9 m X 3 m et C
C = 10 m X 10 m.
* *
Parallèlement à la rive droite du Mures, à 200 m vers l'Ouest du village et à 5 m
du talus, les fouilles ont été entreprises sur une superficie de 18 m X5 m et dans la di
rection EOU (A). Il m'eût été plus agréable de débuter à la bordure du talus, car, au
cours des âges, une bonne partie de la rive a été lavée par les eaux, de sorte que les
habitations, qui étaient probablement sises à proximité du talus, ont dû laisser des traces
tout près de celui-ci. Mais comme une large bande de la bordure a été creusée pendant
la guerre à une grande profondeur, afin d'y ouvrir des tranchées, j ' a i jugé inutile de
recommencer à remuer le terrain.
La couche d'humus reste apparente jusqu'à 30 cm environ. Les tessons découverts
dans l'excavation A formaient un ensemble fort hétéroclite. E t a n t donné qu'ils datent
de quatre époques différentes, il m'a été difficile de préciser distinctement les couches
de civilisation. J e m'efforcerai néanmoins de dresser un tableau quantitatif où se révélera
la prédominance qu'une catégorie de fragments, découverts à diverses profondeurs,
présente par rapport aux autres.
Jusqu'à 35 cm de profondeur, c'est-à-dire tant qu'on voit la couche d'humus, la
plupart des fragments proviennent de poteries dites barbares (du moyen âge), fragments
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20 Dacia II l!^5
DORIN O. l'OPESCU
qui sont constitués d'une pâte noirâtre et légère, travaillée au tour. Le trait en bande
ondulée, tracé horizontalement au-dessous du rebord, puis les raies simples en creux,
toujours horizontales, en sont l'ornement caractéristique et presque unique. Les re
bords de la plupart des fragments font plus ou moins saillie en dehors.
A ces fragments de poterie barbare s'ajoutent quelques débris de poteries en pâte
grise La Tène, façonnée au tour, ainsi que des débris, très peu nombreux, d'une poterie
en pâte noire datant de l'âge du bronze et qui, à mon avis, ont été rejetés à la surface
du sol, quand on a ouvert des tranchées. Plus bas, en effet, ces fragments disparaissent,
pour reparaître à une plus grande profondeur et en quantité plus considérable.
A partir de 35 cm de profondeur et jusqu'à 85 cm, les fragments de poterie «barbare»
continuent à prédominer, mêlés à une faible quantité de débris de poterie romaine,
d'une pâte rouge, fine, lustrée ou mate, et à quelques tessons de La Tène, de couleur
grise. Entre 85 et 105 cm, le rapport entre les divers fragments est le même ; mais ceux
de La Tène disparaissent pour le moment.
A 105 cm de profondeur, apparaissent, sans transition aucune et presque subite
ment, des tessons caractéristiques de l'âge du bronze, de patine noire ou brune, en quan
tité assez grande et égale à celle des fragments de poterie romaine.
Les fragments de poterie de La Tène viennent en troisième lieu et ceux de poterie
«barbare» en dernier lieu. Cet ordre de succession se maintient jusqu'à 140 cm, profon
deur à laquelle les débris de l'âge du bronze ont toujours la prééminence, les fragments
de poterie «barbare» figurent au deuxième rang, pour laisser le troisième aux débris de
l'époque romaine, et, finalement, à des débris de La Tène.
A la profondeur de 155 cm — 20 cm plus bas — les fragments appartienent, pour
la plupart, à l'âge du bronze. Viennent ensuite les débris de poterie «barbare», puis ceux
de La Tène. Les «spécimens» de poterie romaine disparaissent ensuite définitivement.
De 170 à 190 cm on constate que les fragments sont en quantité minime et tous
de l'âge du bronze. Ayant rencontré du sable jaune à cette profondeur, j ' a i fait sus
pendre les fouilles sur le point A, car poussées plus loin elles eussent été infructueuses.
En ce qui concerne la quantité de fragments — de quelque nature qu'ils soient —
la situation se présente comme il suit:
À partir de 0,30 cm: peu de fragments
De 30 à 60 cm: fragments un peu plus nombreux
» 60 » 85 » » en plus grande quantité
» 85 » 125 » » moins nombreux qu'à la profondeur précédente
» 125 » 155 » » plus nombreux
» 155 » 175 » » bien moins nombreux qu'à la profondeur précédente.
A 140 cm, des traces d'habitations apparaissent. Elles consistent en une terre
calcinée, pulvérulente, éparse, et à légère teneur en gravier et cendres.
En ce même endroit, j ' a i relevé une trace digne de remarque et qui est aussi un
argument à l'appui de l'existence d'habitations à cette profondeur.
Ces indices d'habitations sont d'ailleurs, des plus imprécis: en effet, pas la moindre
parcelle de chaux, nul vestige d'âtre; seules quelques dalles, épaisses et larges, éparses
sans aucun ordre.
Bien que les couches ne se distinguent entre elles par aucune particularité, il me
semble acquis qu'en ce point de la station, c'est l'âge du bronze qui imprima son ca-
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MURES
ractère, car la poterie de cet âge-là se révèle à une certaine profondeur et persiste jusqu'à
la fin. La prééminence lui est acquise non seulement à diverses profondeurs, mais même
sur l'ensemble des tessons recueillis dans cette excavation.
* *
* *
La troisième et dernière superficie fouillée a la forme d'un carré dont les côtés ont
10 m ; elle est située parallèlement à la rive du Mureç, à 150 m, vers l'Ouest des abords
du village et à 1 m, du talus. Cette superficie est donc située plus vers l'Est que les deux
autres.
Le matériel provenant de ce point se présente tout aussi irrégulièrement que celui
des superficies explorées précédemment. La différence qui existe entre elles est la
suivante: tandis que le caractère principal de ces dernières était celui de l'âge du
bronze, c'est la poterie de La Tène qui prédomine ici.
A la surface des terres remuées, j ' a i trouvé un assez grand nombre de fragments
de poterie barbare, analogues à ceux qui ont été trouvés lors des deux autres fouilles.
Cette découverte s'est accrue de celle de deux tessons de poterie romaine et d'un de
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20*
IMUUN O. l'DI'FSII
La Tène, preuve qui, dès le début, trahit le principal caractère de cette partie de la
station. A partir de 0 — 1 5 cm, la majorité est acquise aux débris de poterie barbare;
viennent ensuite ceux de La Tène, puis ceux de poterie romaine. Même rapport de 15 à
30 cm. A 30 cm, apparaissent en grand nombre des fragments de La Tène, qui prédo
mineront jusqu'à 130 cm, de profondeur. Près d'eux, les spécimens d'autres catégories
se trouvent dans le rapport suivant:
Comme on l'a vu par cet essai de stratigraphie, il ne peut s'agir, pour Lechinta-
de-Mures, de couches de civilisation nettement distinctes, montrant dans l'excavation
l'épaisseur d'une couche et aidant à déduire la durée ainsi que l'intensité d'une civili
sation.
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FOUILLES DK LLCHINJA-DE-MUREÇ
LES HABITATIONS
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DORIN 0 . POPESCU
rive les traces verticales de deux pieux minces, fichés en terre à leurs deux extrémités
et à faible distance l'un de l'autre. Ces pieux devaient être minces et pointus. Les traces
qu'ils ont laissées n'étant longues que d'une main, il va de soi qu'on ne voit plus que
la forme de la pointe qui pénétra dans la terre.
Dans la partie gauche, la distance séparant les deux pieux n'est que de 35 cm ;
vi^.nt ensuite une distance de 130 cm, jusqu'aux deux autres pieux, qui sont disposés
à 75 cm, l'un de l'autre. Leur longueur et leur épaisseur sont inégales, fait sans impor
tance, car, du moment qu'ils étaient enfoncés en terre, ils pouvaient être plus ou moins
aigus et plus ou moins longs.
Non loin de là, on remarque les traces d'une autre habitation de la même forme, avec
cette différence que la distance entre les pieux n'est plus la même. Dans la bordure
gauche de la couche de pierres, le premier pieu a été enfoncé à 75 cm, du second. L'un
et l'autre sont d'égale longueur. A une distance de 75 autres centimètres, on voit les
traces de deux pieux un peu plus longs et plus aigus, disposés à 10 cm, l'un de l'autre.
Il n'y a plus que 60 cm, environ jusqu'à l'extrémité de la couche de pierres.
Ces traces sont à 2 m, de la surface ; elles sont, par conséquent, un peu plus profondes,
que les premières. Sur les deux points, la couche de pierres est épaisse d'environ 10 cm
A en juger par ces modestes vestiges qui doivent, remonter à l'horizon des âges,
le corps du logis devait être de claies, de ramilles ou de chaume, sur lesquelles on établis
sait ensuite l'aire de terre. Des pieux auxquels se rattachaient les claies étaient en
foncés en terre à distance irrégulière.
En ce qui concerne la couche de pierres, dont j ' a i trouvé une grande quantité en
remuant la terre, je crois qu'elles servaient à consolider les pieux fichés en terre. Ce
qui renforce cette supposition, c'est que cette disposition a été constatée également
ailleurs, par exemple aux habitations de l'âge du fer de Vehlow, à Ostprignitz x ), où
le socle des maisons reposait sur des pierres, là où se trouvaient des poutres. Les parois
du logis étaient étayées de poteaux, un à chaque coin, avec un côté dedans et un autre
dehors. Les autres poteaux s'échelonnaient le long de la paroi. Les habitations de
Vehlow étaient formées de solives, comme un «blockhaus», et il fallait des poutres
pour les soutenir. Les habitations de Lechinta étant formées de claies, il suffisait de
simples pieux pour remplir le rôle de poutres.
Voici comment peut s'expliquer le fait qu'une très petite quantité de bousillage
a été découverte:
Les habitations n'ont probablement pas subi les ravages du feu; en ce cas, le bou
sillage n'ayant point brûlé, il n'a pas pu se durcir à la façon d'une brique, mais il s'est
mélangé avec la terre, sans laisser de trace. Le peu de bousillage qui a été retrouvé
provenait certainement d'une ou deux habitations détruites par le feu.
En ce qui concerne la grandeur et la forme des habitations, on peut tirer les con
clusions suivantes des traces imprimées sur la rive:
La distance entre le point de l'extrémité gauche de la couche de pierres et celui
de l'extrémité droite étant très faible (2 m, seulement), on ne peut pas supposer que
ces traces soient celles de la façade d'une habitation, car celle-ci aurait eu, en ce cas, dee
1
) Paul Quente, Das germanische II ans von gegeben von Prof. Dr. H . H a h n e . Mannus Biblio-
Vehlow, Ostprignitz, 25 Jahre Siedlungsarcheologie, thek No. 22, Leipzig 1922, p. 67, pi. V I et V I I .
Arbeiten aus dem Kreise der Berlincr Schule, heraus-
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FOUILLES DE LECHINTA-DE-MURE§
CÉRAMIQUE
Céramique de Vâge du bronze. P o u r faire la description chronologique d u m a t é r i e l
r e n d u à la lumière, j e parlerai t o u t d ' a b o r d de la c é r a m i q u e de l'âge d u b r o n z e , laquelle
est la m i e u x r e p r é s e n t é e d a n s cette s t a t i o n .
Sa présence se décèle irrégulièrement à diverses profondeurs ; m a i s , à c e r t a i n e
p r o f o n d e u r , elle à la p r é é m i n e n c e sur t o u t e s les a u t r e s poteries, a u p o i n t de v u e n o n seule
m e n t de la q u a n t i t é , m a i s encore de la v a r i é t é des formes et des o r n e m e n t s .
L a t e c h n i q u e q u i a présidé à la fabrication des différents vases p r é s e n t e assez d e
v a r i é t é . O n d i s t i n g u e , en p r e m i e r lieu, des fragments faits d ' u n e p â t e fruste, de t e i n t e
t e r r e u s e . La p â t e est g r e n u e , m a l cuite, d ' h a b i t u d e m i n c e , mais o n en t r o u v e aussi
d'épaisse, et, d a n s ce cas, elle p a r a î t encore plus fruste.
E n dehors de ce spécimen, il est aussi d ' a u t r e s f r a g m e n t s de la m ê m e p â t e , m a i s
elle est m i e u x c u i t e , et l ' a s p e c t i n d i q u e plus de consistance.
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DORIIS <). POPESCU
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MURES
Comme ornement, le vase présente, au-dessous de la ligne du col, sous chaque lobe
du rebord, deux petites proéminences, coniques et accolées. Au-dessous de ces proé
minences, une bande ondulée et incisée, constituée par quatre raies fines, ceint le vase.
Au-dessous de cette bande se détachent, à 2 cm, de distance, quatre raies presque ver
ticales (légèrement obliques), qui descendent jusqu'à la base du vase (PI. I, 5 et fig. 2).
Un autre fragment appartient à la même forme de vase ; l'ornement est identique,
mais, au lieu de compressions, on voit deux dépressions circulaires (PL I, 10).
PI. I.
Puisqu'il s'agit de cette forme, il faut décrire aussi une urne funéraire, haute de
30 cm, exhumée, à la profondeur de 140 cm, de la bordure Est de l'excavation: et qui
fait partie de la même catégorie.
L'urne se trouvait dans un amas de terre calcinée, de gravier et de cendre ; elle
était, par conséquent, en des parages qui étaient habités. On pourrait même en inférer
que les habitants de la station enterraient les urnes funéraires autour de leurs logis.
Le rebord de l'urne, très peu saillant en dehors, a la forme d'un bourrelet dentelé. Au-
dessous du rebord se détachent des raies verticales, irrégulièrement incisées, qui se
dirigent jusqu'à un autre bourrelet alvéolaire, sur une bande large de 10 cm. Au-dessous
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DORIN O. POPESCU
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FOUILLES DE LKCHINJA-DE-MURES
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DOK1N O. POPESCU
Rappelons également la moitié d'un petit vase, faisant partie de la série dite
«Râuchergefâsse». Hauteur: 10 cm. La surface extérieure porte des rangées verticales
de sept trous. Au bout le plus étroit, la distance entre ces rangées est de 2 cm ; vers
l'autre extrémité, elle va jusqu'à 4 cm ').
Mentionnons aussi un fragment de grande écuelle au large rebord, légèrement rabattu
en dehors ; à l'intérieur, il est orné entièrement de cannelures horizontales. La paroi est
oblique, un peu infléchie vers l'intérieur; le fond est bien plus étroit que l'orifice. La
surface intérieure est chargée d'une patine noire.
De nombreux rebords proviennent de petites assiettes identiques entre elles, au
rebord plus évasé et au corps plus petit. Un fragment de soucoupe en miniature a le
rebord légèrement ondulé ; «omphalos» au fond ; patine brune.
Tous ces rebords, à l'exception d'un seul, sont ornés de cannelures à l'intérieur
et chargés de patine noire ou brune sur les deux parois. Il arrive aussi que la patine
soit la même à l'extérieur et à l'intérieur.
Voici la description d'une jatte, presque intacte, dont le rebord seul est ébréché.
Elle est profonde ; le rebord, large de 6 cm, est évasé, entouré à l'intérieur de cannelures ;
le fond est haut de 1 cm ; à l'intérieur, renflement circulaire, dit «omphalos» produit par
une pression extérieure. Patine noire aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur (PI. I I , 7).
Cette forme se maintiendra jusqu'à l'époque LaTène, où nous la trouverons presque
identique à celle des vases de pâte grise travaillée au tour 2 ).
Rappelons enfin quelques fragments au rebord infléchi ou presque oblique par le
haut (PI. 11,4 — 6).
* *
4. Passons maintenant à la quatrième catégorie, où j'ai classé plusieurs formes de
petites coupes se ressemblant beaucoup. Elles portent toutes, l'empreinte d'un travail
particulièrement soigné; leur patine est noire ou brune. Comme nous possédons des
moitiés de coupes, il est possible d'en rétablir la forme. Elles sont petites et le fond est
à peine marqué; au fond de certaines d'entre elles, on remarque l'«omphalos» caracté
ristique de cette époque (PI. I I , 8). Aucune n'atteint la grandeur moyenne, et leur paroi
est plus ou moins incurvée. Le fond de certaines d'entre elles est mieux marqué, et
la ligne du rebord est très légèrement ondulée. Le rebord d'une autre coupe, très peu dé
taché du corps du vase, est plissé verticalement; les plis sont des petites lignes incisées,
assez rapprochées l'une de l'autre. Le dessous de ces entailles est orné d'amas de sept
points enlevés en creux et disposés par groupes de trois points parmi les raies obliques,
le septième étant au-dessus de la première. Les amas sont distants de l 1 2 cm, l'un de
l'autre (PI. I I , 10).
Les autres fragments ont pour unique ornement un rebord légèrement ondulé ou
retroussé (PI. II, 11).
L'élégance des formes et le soin apporté à la fabrication de ces poteries accusent
l'emploi, assez répandu, des coupes à boire.
*
* *
') Des fragments de formes semblables ont été Fouilles de lioian.
2
découverts à Câscioarele, Cf. Dacia, I I , Gh. Çtefan, ) Cf. I. Andricçescu, Piscul Crâsani.
op. cit., et à Boian, Cf. Dacia, I I , V. Cristescu,
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MIJRES
La figure (PI. I I , 13) représente la moitié d'une belle tasse au rebord lobé; le col,
large de 2 cm, est légèrement incurvé; au-dessous, la paroi est renflée, puis s'infléchit
brusquement vers l'intérieur jusqu'au fond. Une anse, courte et plate, commence au
dessous du rebord et va jusqu'au-dessous du col. Les flancs de la tasse sont ornés de
traits verticaux ressemblant à d'étroites cannelures. La paroi, tant extérieure qu'inté
rieure, est couverte de patine noire.
*
* *
Avant de clore la série des formes, je décrirerai quelques vases entiers:
PI. IL
Le premier qui se signale à l'attention est un petit vase à patine noirâtre, haut de
6 cm, le diamètre de l'orifice est de 5 cm. Le rebord fait saillie en dehors. Au-dessous
du rebord, le vase descend en ligne presque droite jusqu'au milieu, ou il est renflé, puis
se rétrécit vers le fond, large de 2 cm seulement (PI. I I , 15).
Le deuxième vase est encore plus petit que le premier ; il n'a que 4 cm, de haut,
et l'orifice est de la même largeur. Le rebord est formé de quatre lobes saillants, ce qui
lui donne l'aspect d'une fleur épanouie. La panse est si fortement renflée au milieu que
le vase est plus large là qu'à l'orifice. Le fond comprimé à l'intérieur, i'«omphalos» à
pu se former. La patine est d'un brun clair (PI. II, 16).
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ηοπΐΝ ο. poi'isi ι
Passons maintenant à la plus belle découverte qui ait été faite à Lechinta:
Il s'agit d'un vase d'une élégance remarquable. La hauteur de la paroi n'est que
de 4 cm. Par la forme, il appartient à la série de ces vases que les archéologues alle
mands nomment «Schopfgefâsse». Il est en argile, et, en toute certitude, bien plus an
cien que les vases en métal d'Occident, de forme identique mais provenant de l'époque
hallstattienne ou d'une époque plus récente encore. Il est ellipsoïdal et aplati sur l'un
des côtés longs, où se
trouve l'anse. Celle-ci
est large et éyidée, ce
qui fait que les bords
se relèvent un peu.
Partie du fond, elle va
en s'exhaussant, puis
surplombe l'orifice du
vase, soutenue qu'elle
est par une bande haute
de 1 cm, qui émerge du
rebord. Cette bande est
ornée de cinq stries
horizontales cannelées.
Elle sont légèrement
incisées dans la partie
qui est devers l'orifice
du vase. C'est une des
caractéristiques du type
Lausitz. Le rebord est
quelque peu saillant
en dehors ; et très fi
nement, presque imper
Fig. 4.
ceptiblement ondulé.
Un «omphalos» ellipsoïdal est résulté de la compression subie par le fond. Le vase est long
de 15 cm et large de 11 (fig. 4 et 5).
Il n'y a pas grand'chose à dire à propos des anses de cette époque, qui ont été dé
couvertes à Lechinta. Elles sont presque toutes larges, légèrement renflées au milieu
et jamais très résistantes. Elles diffèrent par leur grandeur des autres anses semblables.
Certaines oreillettes sont très petites, à peine trouées ; elles sont plates quelquefois et à
peine évidées (PI. I I , 9, 14, 17, 18, 20). Il en est deux dont l'extrémité supérieure se
termine par un bouton; elles appartiennent donc au genre dit «à bouton» (PI. I I , 19).
Passons maintenant aux ornements des divers fragments, ornements dont je vais
former plusieurs catégories, afin de rendre l'exposé plus clair:
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FOUILLES DE LKCIILNJA-DE-MUREÇ
Il existe divers autres ornements qui, le plus souvent, se trouvent sur des vases
sans patine : ce sont les entailles des rebords, entailles drues et courtes ; elles forment
aussi une bande en relief qui se développe sur tout le pourtour du rebord et immédia
tement au-dessous de celui-ci ; ou bien encore, une bande à entailles parfois verticales
et formant ce qu'on nomme des «dents de loup», parfois obliques, drues et courtes.
Ces incisions sont plus fréquentes au-dessous même du rebord, et sans bande en relief.
Les entailles sont souvent remplacées par une rangée horizontale de points en creux,
plus ou moins grands, qui soulignent, tout autour du vase, la ligne du rebord.
Bien que les traits incisés et les points en creux se rattachent plutôt à la deuxième
catégorie des ornements en creux, je les ai classés dans la présente catégorie à cause
de leur affinité avec les traits incisés sur les bandes proéminentes, lesquelles appar
tiennent aux ornements en relief 5 ).
') Cf. Dacia, II, Vlad. Dumitrescu, Fouilles de minences et les bourrelets. On en a trouvé aux
Gumelnita. stations ci-dessus, de même qu'à celles des contrées
-) Cf. Dacia, II, Gh. Çtefan, op. cit., avoisinantes, par exemple à Ripaç en Bosnie.
*) Cf. Dacia, II, V. Cristescu, op. cit. Cf. Wiss. Mittheilungen aus Bosnien undder Herzé-
*) Cf. Dacia, I, I. Andrieçescu, Fouilles de Sultana. govine, vol. III, 1895, p . 2 2 1 - 2 3 , et idem, vol. V,
fc
) Ces lignes étaient aussi usitées que les proé- pi. X X X I I I , fig. 243.
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DOKIN (). POPKSCU
*) Cf. Hoernes-Menghin, Urgeschichte der bilden- 1895, p. 137, fig. 370, et p . 138, fig. 3 7 9 ; vol. V ,
den Kunst in Europa, p . 369. 1897, pi. X X X V .
4
'') Idem, ibidem, p . 417, fig. 1. ) I. L. P i c : Urnengriiber Bôhmens.
3 6
) Wiss. Mittheilungen aus Bosnien und der Her- ) Archeologiai Êrtesito, vol. 29, 1909, p . 126.
zégovine, vol. IV, 1896, p . 45, fig. 1 1 ; vol. I I I ,
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FOI ILLES DE LECHINJA-DE-Ml MIS
l'intérieur. Au-dessous du col, la p a n s e d u vase devient très renflée, mais elle perd de
son a m p l e u r vers le fond, qui d e v a i t être u n peu plus étroit q u e l'orifice, d o n t le dia
m è t r e p o u v a i t avoir 40 c m . La h a u t e u r a pu être d'environ 60 c m ; sa plus g r a n d e lar
geur, i m m é d i a t e m e n t au-dessous du col, d e v a i t être d'à peu près 50 c m . I m m é d i a t e
m e n t au-dessous du col, le fragment est orné d ' u n e rangée de p e t i t s triangles, h a u t s
d'environ 2 c m , et d a n s chacun desquels sont comprises d e u x raies obliques en c r e u x .
Ces triangles sont soulignés d ' u n e ligne horizontale en creux. Au-dessous de cette ligne
il y a t o u t a u t o u r du vase, u n e rangée de spirales reliées e n t r e elles. La h a u t e u r de c h a q u e
spirale est de 10 crn. Les spirales forment des
b a n d e s d o n t la largeur varie e n t r e 1 et 2
c m ; elles sont bordées de raies p r o f o n d é m e n t
incisées. P a r m i ces raies, il y en a de petites
en c r e u x , q u i sont c o u r t e s , obliques et dis
t a n t e s de l'/g c m , l'une de l ' a u t r e (fig. 6).
T a n t à l'extérieur q u ' à l'intérieur, le vase
est c o u v e r t d ' u n e p a t i n e n o i r â t r e .
U n a u t r e fragment, p r o v e n a n t d ' u n vase
s e m b l a b l e , p o r t e sur le pli m ê m e du rebord
trois raies obliques en c r e u x , auxquelles en
s u c c è d e n t trois a u t r e s , disposées en sens in
verse. Au-dessous du col, on aperçoit l'ébau
che d ' u n o r n e m e n t spirale en creux, large
d ' e n v i r o n 1 c m , et e n t o u r é , des d e u x côtés,
de raies courtes et obliques en c r e u x .
L ' o r n e m e n t m é a n d r i q u e se r e t r o u v e sur
u n tesson où les raies en creux sont très n e t
tes ; l'espace compris e n t r e d e u x raies est com
blé de raies obliques en creux (PL X , 9). Le
m ê m e o r n e m e n t existe sur u n f r a g m e n t d é
c o u v e r t à P e r t o s a ' ) , près de Salerno (Italie),
m a i s , au lieu de raies obliques, il y a des PI. IV.
p o i n t s en c r e u x .
Les o r n e m e n t s décrits j u s q u ' à p r é s e n t : triangle, spirale et m é a n d r e sont d'ori
gine n é o l i t h i q u e , et l'usage en a persisté j u s q u ' à l'âge du b r o n z e . D a n s nos contrées,
le m é a n d r e p a r a î t n é a n m o i n s avoir été assez r a r e en ce t e m p s - l à .
S u r u n tesson, on voit, i m m é d i a t e m e n t au-dessous du r e b o r d , des plis c o u r t s e t
v e r t i c a u x ; au-dessous des plis, il y a des groupes de raies courtes et horizontales en
c r e u x , d o n t d e u x s o n t d a n s la m ê m e rangée, soit u n e en h a u t et l ' a u t r e en b a s
(P1.X,2).
U n a u t r e o r n e m e n t est à m e n t i o n n e r : il consiste en des raies horizontales, longues
de 1 c m , et disposées l'une sous l ' a u t r e (PL X , 8).
D e très p e t i t s triangles excisés, disposés face à face, c o n s t i t u e n t l ' o r n e m e n t d ' u n
tesson u n i q u e .
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21 Dacia II 1925
DOHIN o. rnpKsci'
Un fragment porte en creux des petits carrés, disposés obliquement et reliés entre
eux; au-dessous du rebord, il y a une rangée de raies courtes et obliques. A 1 cm, de
distance, une autre
rangée, et, au-des
sous de celle-ci, des
lignes obliques plus
longues, disposées en
sens inverse et com
prises entre deux
raies en creux (PI.
X I , 9).
Un ornement li
néaire, imprécis, se
trouve sur un autre
fragment.
Trois fragments
ont sur toute leur
Fig. 6. surface des raies ver
ticales longues de 2
cm et situées à petite distance l'une de l'autre.
Mentionnons trois rangées de raies courtes en creux, dont celle du milieu est en
sens inverse. Elle sont comprises entre deux
files de points en creux (PI. X I , 8).
Sur un fragment, apparaît isolé un orne Λ
ment dérivé de la spirale, lequel consiste en
un grand cercle, à peine incisé (PI. X I , 3).
Toute la surface de certains tessons de
pâte plus fruste est couverte de raies hori
zontales incisées, mais très irrégulières.
S
Sur la partie renflée d'un fragment de
vase, on voit encore des plis verticaux, au-
dessous desquels se trouvent, à une grande
distance, quatre points en creux (PI. X , 10).
A une faible distance du rebord, un frag
ment porte des dépressions circulaires, qui
ceignent la panse comme une bande.
Mentionnons un ornement, d'âge plus
récent, qui consiste en des raies formant une
bande ondulée («Wellenornament») et que j ' a i
retrouvé sur quelques fragments découverts
à Lechinta. Sur trois tessons à patine brune,
on voit des bandes horizontales formées de
cinq raies finement incisées (PI. X I I , 1, 3, PI. V.
5). Sur les fragments d'un vase à patine
noire, au rebord fortement lobé, cet ornement est identique, mais il est interrompu
322
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MUREÇ
par une dépression circulaire (PI. IX, 3). Sur trois autres fragments, la bande est tou
jours formée de cinq raies, plus ou moins ondulées.
La plus belle bande ondulée, se voit sur un vase intact à patine brune et au rebord
lobé (voir pi. I, fig. 5). Composée de cinq raies fines, à ondulation très accentuée, elle
enveloppe la panse du vase. Sous la bande ondulée quatre raies obliques en creux, se
dégagent légèrement courbées à leur naissance, puis infléchies à leur extrémité; ces
raies vont jusqu'au fond du vase; un espace de 1 à 2 cm les sépare l'une de l'autre.
Chacun des quatre lobes du rebord a par
dessous deux petites proéminences coniques.
La même forme d'ornement se retrouve
sur un autre tesson, mais deux dépressions
< irculaircs y remplacent les proéminences
(PI. IX, 5).
Des ornements identiques, consistant
en raies verticales, qui se détachent de des
sous le voile pour gagner le fond du vase, ont ''1
' ) (If. Dolgozatok-Travaux, Dr. Roska Mârton, Mor: A Gerjeni asatasok 1892-ben, p . 8, fig. 7 . —
Âsatâs a Nagy Sanczon, p . 12, fig. 16 ; p . 23, fig. 38· Arch. ÊrU, vol. 18, 1898, Br. Miske Kâlmân, Ujabb
— Archaeologiai Êrtesito, vol. 14, 1894, Wosinsky leletek Lovasb(rényben, p . 327, fig. X V I .
323
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21*
DOH1.N 0 . POPESCU
Les tessons en pâte modelée soni en très petit nombre et de la même pâte grise.
Leurs formes ne semblent pas se distinguer beaucoup de celles des tessons provenant
de vases façonnés au tour.
A en juger par un rebord à évasemenl de 7 cm, le vase dont il est détaché devait
être de grandeur considérable.
Deux autres rebords, épais et plus résistants, un peu évasés et qui ne peuvent pro
venir que de vases dont la pause présente une saillie légèrement anguleuse, complètent
la série des tessons de vases modelés.
Il y a peu de chose à dire à propos de la technique de la poterie façonnée au tour.
La pâte dont cette poterie est faite
est celle qu'on employait pour les pro
duits de l'époque La Tène, laquelle
est façonnée au tour, résistante, bien
cuite, très sonore et de teinte grise. Des
spécimens faits de cette pâte ont été
découverts à toutes les stations de l'épo
que La Tène de notre pays *).
L'épaisseur de la pâte varie d'après
les dimensions des vases, les plus grands
ayant, naturellement, la panse plus
épaisse que les petits. La patine ne
se rencontre que par exception. Les
fs décors sont rares et se réduisent presque
à des raies horizontales, car le tour
réduit sensiblement l'étendue de l'orne
ment.
Les tessons provenant, pour la plu
part, du rebord, il est difficile de dé
terminer les diverses formes de vases
dont ils sont détachés. Presque tous les
rebords font saillie en dehors ; les autres
sont seulement arrondis, mais toujours
en dehors.
A en juger par les rebords qui sont
PI. VII. soit évasés, soit droits, soit légèrement
inclinés ou arrondis, la forme qu'on
rencontre le plus fréquemment est de grandeur moyenne et rappelé celle d'une écuelle
(PI. XIV, 3, 5).'
Il y a aussi des vases de grandeur moyenne, à la même forme d'écuelle, forme qui
a été souvent remarquée dans le matériel de Piscul Crâsani 2 ).
J
) E n ces derniers temps, des poteries identi Vlâdescu-Vulpe, Fouilles de Tinosul) et à Mânâs-
ques ont été découvertes: à Crâsani (voir: I. Andrie- tirea (voir: Dacia, I I , Gh. Çtefan, Fouilles de Ma-
çescu: Piscul Crâsani, Bucarest, 1924), à Zimnicea naslirea).
(matériel qui n'a été l'objet d'aucune publication), *) Cf. I. Andrieçescu, op. cit., fig. 133 -159.
à Tinosul, dép. de la Prahova (voir: Dacia, I,
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FOI ii.iKs D E Μ·;<:ιιι.Υ(\\-ΐ)ΐ:-Μΐ m s
Si Ton s'en rapporte à deux pieds de vases (PI. XIV, 14, 15), certains de ceux-ci
auraient été à pied *) ; les autres auraient eu seulement un fond haut d'un doigt environ,
qui remplissait fort bien le rôle d'un pied, mais faisait perdre au vase de sa souplesse
et de son élégance 2 ).
En ce qui touche leurs dimensions, elles varient d'un vase à l'autre, sans toute
fois dépasser la moyenne.
En dehors de ces rebords, qui proviennent des écuelles décrites, il en est quelques-uns
qui appartiennent à des bols. Un seul
de ces rebords est plus grand que les
autres. Ce fragment représente à peu
près la moitié d'un bol fort bien façon
né et dont la pâte est plus fine que cel
le des autres tessons. Le rebord, peu
prononcé, retombe légèrement en s'ar-
rondissant; il est séparé du reste du
vase par iine strie profonde. Le profil
se dégage de dessous le rebord, en trait
oblique, sur une distance de 1 cm, puis
continue, après avoir formé un pli lé
gèrement anguleux. A l'intérieur, le
profil entier revêt un aspect un peu
anguleux (fig. 7).
Le sol de toutes les stations mention
nées plus haut a livré des bols de formes
semblables. En Transylvanie, au cime
tière d'Apahida 8 ) (de l'âge de LaTène),
le Dr. I. Kovâcs a ramené au jour un
grand nombre de bols, qui ne présentent
que de très légères différences au point
de vue de la rotondité des rebords.
Un autre bol découvert à Lechinta PI. VIII.
est de petites dimensions ; la panse est
plus renflée et traversée horizontalement par une raie incisée. Ce bol, dont le fond
a dû présenter une légère saillie anguleuse — comme aussi un autre bol, découvert
à Crâsani 4 ) — ressemble parfaitement à celui qui a été décrit (PI. XIV, 7).
Mention doit être faite aussi de quatre fragments de bols, qui se distinguent un
peu des autres par les rebords plus ou moins saillants en dehors (PI. XIV, 11, 22).
Le bol étant une forme typique dans la céramique, il ne peut présenter trop de
dissemblances, parce que son caractère de bol en serait altéré; or, c'est précisément
le respect d'une forme nettement déterminée qui lui confère ce caractère 5 ).
') Idem, ibidem, fig. 154. *) I. Andriesescu, op. cit., fig. 170.
6
") Idem, ibidem, fig. 123. ) Des bols de formes semblables ont été trouvés
3
) Dolgozatok-Travaux, 1911, I I , 1. Dr. T. Ko- en Hongrie, à Balsa (département de Szabolcs), cf.
vues, Az apahidai oskori telep es La Tène temetô, Dolgozatok-Travaux, 1895, VI. 1. Dr. Roska Mârton,
p. 26, 3 1 , 36, 37, 4 1 , 43, 48, 51. Kelta sirok es egyébb emlékek Bahârol, fig. 4 — 5.
325
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DOUIN O. POPESCU
Mentionnons aussi un fragment de rebord évasé d'un grand vase à parois plus
épaisses. Au-dessous du rebord, la panse est légèrement incurvée, puis elle avance et
devient renflée, ce qui donne au vase — dont la hauteur a pu être d'environ 30 c m , —
un profil presque rond J ).
Un autre rebord, de même forme, est plus étroit ; il provient d'un vase plus petit.
Un rebord fragmenté, quoique légèrement dévié, de certain vase, de dimensions
bien moindres, au rebord moins évasé et
/^lP\ ""^^^^^^ta—^. s'affaissant en sens oblique se rattache
fl Γ^. " ^ ■ aussi au même type. La paroi se dégage
ViL I i ~-\ brusquement de dessous le rebord, puis
VH^P p avance sous forme de bandes larges de 1
cm, dont l'une est plus profondément in
cisée que l'autre, ce qui donne à la paroi
l'aspect du décor géométrique en échelle
(PI. XIV, 4) (ceci entraîne la dispari-
\s lion de l'arc constituant le col).
De nombreux rebords, les uns plus
étroits, d'autres plus larges, mais en
général, plutôt étroits, semblent avoir
appartenu au même type de vases, plus
ou moins dénaturé. Je décrirais l'un
d'entre eux dont le profil est identique
à celui d'un vase entier, qui a été dé
couvert en Hongrie, à Balsa 2 ) (départe
ment de Szabolcs).
Le vase est d'une grandeur dépas
sant la moyenne, mais on en trouve
cependant aussi de plus petits ; le re
bord est arrondi en dehors, les arêtes
PI. I V sont parfois affilées. Au-dessous du re
bord, la paroi est incurvée à l'intérieur,
et la dépression persiste jusque vers le milieu du vase, point à partir duquel l'arc
décrit une courbe en sens inverse, qui se prolonge jusqu'au fond.
Des vases semblables, de grandeurs diverses, au profil plus rond et au ressaut
anguleux, ont été découverts à Apahida 3) (Transylvanie), ce qui prouve qu'ils se ratta
chent à une famille dont la forme est fréquente en Dacie.
Il est aussi des formes qui sont plus rares que celles dont j ' a i fait la description.
Il s'agit de vases, en général bas, dont le petit rebord, arrondi au dehors, est séparé
de la paroi par un trait infléchi. La paroi est légèrement renflée jusqu'au milieu du vase,
2
') Des tesson de vases semblables, mais à paroi ) Dolgozatok-Travaux, 1895, V I , 1. Dr. Roska
plus renflée et ornementée ont été découverts en Mârton, op. cit., p. 20, fig. 2.
3
Hongrie: à Hatvan-Boldog (département de Pest- ) Dolgozatok-Travaux, 1915, V I , 1. Dr. Kovâcs
Kis-Kun), cf. Archeologiai Êrtesitë, vol. 15, 1895; Ietvfin, op. cti. Un vase identique se trouve au
Dr. Posta Bêla, A Hatvan-Boldogi âsatâsok, p . 13, musée du collège réformé d'Aiud.
fig. 24 — 25.
326
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MURES
') Dolgozatok-Trauvax, 1915, VI, 1, p. 25, fig. 4, Dr. Kovâcs Istvân, op. cit.
327
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IHMUN 0 . POPESi I
n'est pas très en usage dans nos contrées, car on n'a pas signalé sa présence aux
stations typiques de La Tène de notre pays. Nous verrons cependant cette forme per
sister dans certains vases romains découverts à la même station.
Mentionnons enfin le fragment d'un petit vase à rebord vertical, au-dessous duquel
la paroi est renflée. Ce fragment complète la série des diverses formes. Le rebord est
sillonné par deux cannelures étroites
et profondes, fait qui démontre que
le même système a été appliqué à
un rebord tout-à-fait distinct des
précédents (PI. XIV, 8).
Comme on l'a vu, des fragments
de poterie de La Tène, sont en nom
bre relativement restreint, et présen
tent un assez grand nombre de vari
étés. Bien que l'adoption du tour,
à cette époque-là, ait tenté d'unifor
miser la fabrication de la poterie, on
n'en constate pas moins la persis
tance de formes diverses. J'ai fait
cette constatation non seulement,
par le matériel de Lechinta-de-Mu-
res, mais encore par celui d'autres
stations de la même époque dans
notre pays. A Zimnicea, Cràsani, Ti-
nosul, Mânastirea, stations de l'An
cien Royaume, où de fouilles ont été
entreprises en ces dernières années,
le matériel est tout aussi varié, et
PI. XI. il ne l'est pas seulement dans les
stations isolées, mais aussi, en compa
raison avec d'autres stations, ce qui dénote une abondance de formes encore plus grande.
Ce qui caractérise les stations La Tène en Dacie, c'est leur pauvreté en métal.
A Lechinta, par exemple, en dehors de quelques fragments de clous de fer, je n'ai pas
trouvé d'autre objet en métal remontant à cette époque-là. Le fait serait explicable,
étant donnée la pauvreté de la station, mais il en est de même pour les stations men
tionnées un peu plus haut, entre autres à Zimnicea et Crâsani, qui ont le caractère
d'agglomérations riches et occupent une vaste superficie. Cependant on n'y a découvert
que peu d'objets en métal. M. V. Pârvan attribue leur absence à l'emploi d'outils en
bois, qui ont pourri ensuite.
Avant d'entreprendre la description des décors, je reparlerai des cinq anses d'époque
La Tène découvertes à Lechinta.
Elles sont toutes du même type, mais elles diffèrent par la longueur et la largeur.
Trois sont larges de 3 à 4 cm. Quant à leur longueur, elle ne peut être déterminée avec
328
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MUKEÇ
précision, car elles sont brisées» on peut toutefois avancer qu'elle ne devait pas dépasser
12 cm. Les anses sont traversées, dans leur longueur, par deux cannelures, qui les divisent
en trois parties bien distinctes (PI. XIV, 18), dont l'une — la bande marginale — est
presque aussi large que les deux autres ensemble. Ces dernières n'ont que 2 cm, de
largeur ; l'une d'entre elles, presque intacte, est longue de 7 cm, mais je crois que l'autre
ne devait pas être plus longue.
Tout comme les autres anses, celles-ci sont traversées par deux cannelures longi
tudinales (PI. XIV, 19), mais elles parais
sent être rares dans nos contrées, où les
anses habituelles sont ordinairement en
trelacées, forme qui n'exclue pas plusi
eurs variétés.
A Crâsani, on n'a trouvé qu'une seule
anse appartenant au même type, mais
elle est divisée, dans sa longueur, en six
parties égales *). Par contre, à Mânâstirea
— station tout aussi pauvre que Lechin
ta —, on a découvert des anses identi
ques 2 ). Comme on a trouvé de la poterie
romaine tant à Mânâstirea qu'à Lechinta,
ces anses pourraient trahir une influence
romaine, d'autant plus que les fouilles de
Lechinta ont livré des anses identiques,
dont la pâte est analogue à celle des po
teries romaines.
On a trouvé une anse semblable à
llatvan-Iioldo g
^~-'.^<u,Y
Passons maintenant aux décors, qui,
PI. XIE
ainsi que je l'ai dit, au début du chapitre,
se réduisent à la raie ondulée et à divers traits incisés.
Le décor de la simple bande ondulée se voit sur trois tessons. Elle est au-dessus
d'une raie incisée horizontalement. La raie de la bande est large, peu profonde, de cour
bure très prononcée et d'une élégante simplicité. M. I. Andriesescu 4 ), qui a étudié
l'origine de cet ornement, cite, à ce sujet, un passage de Forrer — passage que je crois
intéressant de reproduire. Il aboutit à la conclusion qu'on verra plus loin.
Voici comment Forrer s'exprime au sujet du décor en forme de bandes ondulées 5) :
' ) I. Andrieçescu, op. cit., p . 62, fig. 149. Nous reproduissons aussi l'opinion de T. L. Pic
2
) Dacia, I I , Gh. Stefan, Fouilles de Mânâstirea. sur la bande ondulée: «Die Wellenlinie als kerami-
3
) Archaeologiai Êrtesito, vol. 15, 1895. Dr. Posta sches Ornament gehôrt gewiss zu den so einfachen
Héla, op. cit., p. 13, fig. 33. Ausschmuckungen, dass es in den verschieden-
*) I. Andries,escu, ibidem. artigen Kulturzentren erscheinen konnte. I n nahe-
b
) Dr. Robert Forrer, Keallexicon der prehistori- rem Zusamenhange steht das La Tène-Ornament,
schen, hlassischen und friïchristlichen Allertiimer, in altérer Zeit, aus graphitierter, eingepresster Linie
Berlin u. Stuttgart, 1907, p. 900. bestehend auf den» Mont Beuvray und in Stradonic
329
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nom\ <>. POPESCU
«Les bandes ondulées, utilisées comme décor céramique, se voient également sur
des vases découverts dans les sépultures égyptiennes de l'époque néolithique, qui ont
été exhumées à Nequada et à Ballas. C'est souvent la raie en zigzag qui s'est comme
arrondie. Bien plus tard seulement, à un stade avancé des temps historiques, on la voit
à peine apparaître sur des vases de l'époque La Tène, puis sur la poterie romaine rus
tique. Elle aura ensuite un cachet particulier, sur la céramique slave plus ancienne».
M. Andriesescu, qui s'est demandé à quelle époque l'usage de ce décor remonte
dans notre pays, a abouti à la première
conclusion, à savoir: que ce décor ne peut
être d'origine slave, parce qu'il diffère
du décor slave tant par les formes que
par la technique. D'autre part, on le re
marque sur des vases de l'époque La
Tène, lesquels sont antérieurs aux vases
slaves. Il ne peut non plus, dit-il, dater
de l'époque de l'empire romain, car, bien
qu'on le retrouve dans le milieu romain
et gréco-romain, au Nord et au Sud du
Danube, on n'a cependant rien décou
vert à Crâsani qui ait le cachet romain.
D'un autre côté, la présence de ce décor
n'est pas suffisante pour qu'on puisse se
permettre d'appliquer une date à tout
le matériel de cette époque.
Voici en quels termes M. Andrie
sescu termine ses considérations sur le
bandes ondulées:
«Ce décor est de tradition antique
dans nos contrées, caractérisées préci
sément par l'emploi exubérant du décor
Pi. XIII. méandro-spiralique, néo-énéolithique et
de l'âge du bronze. Cette explication
me paraît d'autant plus vraisemblable qu'elle n'a rien d'autre. Ce même décor a
été ensuite presque complètement abandonné, de même, d'ailleurs, que toute la
tradition artistique plus ancienne, au cours des événements troubles de la fin du
II-ème millénaire et du début du I-er millénaire avant Jésus Christ. Il s'est passé
quelque chose ici: une invasion conquérante, une migration épuisante, enfin quelque
chose dans ce genre. Sans quoi, on ne peut pas s'expliquer, du point de vue archéolo
gique, le mouvement rétrograde, presque total, mouvement qui contraste si violemment
avec le passé. Cette culture primitive, se différencie également de la culture orientale-
scythique et occidentale-hallstattienne, de celle du Sud-Est de la Grèce et de la Grèce
même, ainsi que de l'Ouest et du Nord-Ouest La Tène-celtique. La situation s'entrevoit
dans la simplicité même de la vie au Piscul Crâsani, au sein d'un monde ambiant tout-
bereits aurh mit einern K a m m ausgefuhrt». I. L. Pic, Die Urnengràber Bohmens. p . 260, note 240.
330
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FOUILLES DE LECHINTA-DE-MUREÇ
à-fait supérieur. Le décor de la bande ondulée apparaît de la sorte sous les formes
caractérisées que voici : à la fin de l'époque de La Tène, il est simple en Orient, comme
une nouveauté, bien qu'aucune des formes ne soit stylisée; il est complexe et ample en
Occident ! ), qui à l'abri des secousses dont l'Orient a été ébranlé, a conservé et perpétué
- en simplifiant et amplifiant, d'après les lieux et les peuples — la plupart des traditions
anciennes. Sur celle-ci se sont implantés, de manière lente et organique, les éléments
supérieurs du monde méditerranéen. Nous arrivons ainsi, avec le décor de la bande
ondulée, à l'époque impériale romaine, dont le rôle a été important, mais sans distinction
particulière, puis, par adaptation, au milieu absolument inférieur qu'est le monde
slave» 2 ).
Un ornement identique a été aussi trouvé à Mânâstirea 3 ).
Le décor de la raie ondulée peut être plus compliqué. Deux tessons *) sont, en effet,
ornés de trois raies au lieu d u n e , mais elles sont plus fines, plus courtes et incisées hori
zontalement.
Plusieurs fragments, détachés de plus grands vases, portent comme décor une ou
deux raies incisées horizontalement tout autour du vase, lignes qui, à cause de leur
largeur, ont parfois l'aspect de cannelures.
Des raies identiques occupent une grande partie de la surface de deux autres tessons;
elles sont accolées et assez profondément incisées. La pâte des fragments est plus gros
sière et plus dure.
Le même décor, mais représenté sur un seul fragment, consiste en deux raies, verti
cales et courtes, distantes l'une de l'autre de 1 cm, et qui semblent avoir été tracées
à l'ongle. À letir extrémité inférieure, deux autres raies identiques comprennent entre
elles les deux premières. Au-dessus des deux premières, il y a une raie horizontale
profondément incisée.
Sur un autre tesson, des raies verticales, très rapprochées, faiblement incisées et
irrégulières, se dégagent au-dessous de trois autres raies incisées horizontalement, mais
on ne peut en suivre le développement, car elles ne figurent que sur un fragment.
Mentionnons aussi un décor linéaire, que j ' a i vu seulement sur un seul tesson. Il
consiste en raies obliques et parallèles, faiblement incisées. Je rappelerai aussi un tesson
ornementé de deux raies horizontales de rosettes imprimées. Cette technique est d'ori
gine hallstattienne et elle se continue jusqu'en plein moyen âge (PI. XIV, 3).
Enfin, en dehors des décors incisés, mention doit être faite également d'une proé
minence légèrement allongée, de caractère néolithique, ainsi que d'une bande de la même
tradition, lesquelles complètent la série des décors.
Céramique romaine. L'époque romaine est la plus faiblement représentée à Le-
chinta-de-Mureç ; c'est celle aussi qui nous intéresse le moins, car la céramique romaine
') Beuvray d'après Déchelette, Fouilles de 1 avant J . C. Mais c'est une question à p a r t .
2
Beauvray, pi. X V I I , trois fragments avec décor ) I. Andrieçescu, op. cit., p . 66 — 68.
3
de bande ondulée. Cf. Déchelette: Manuel, I I , 3, ) Cf. Dacia, I I , Gh. Çtefan, Fouilles de Mânâ-
p. 1485, fig. 679, et passim, tout l'aspect du stirea.
La Tène occidental. Archéologiquement parlant *) Même décor qu'à Crâsani, à cette différence
on pourrait même suivre la ligne jusqu'à laquelle près qu'il est compris entre deux lignes simples.
on voit en Europe centrale les traces des grands Cf. I. Andriesescu, op. cit., p . 74, fig. 195.
bouleversement d'Orient, depuis le début de l'an
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nom\ o. POPESCI
PI. XIV.
2. La poterie faite d'une pâte rougeâtre, plus âpre au toucher; elle est douée de
la même résonance que la poterie en pâte grise de La Tène.
La plupart des tessons de la première catégorie appartiennent à un type unique,
représenté par plusieurs variétés, dont la caractéristique commune est le rebord plus ou
moins arrondi. Les fragments proviennent tous de petits vases qui, parfois, atteignent
à peine la grandeur moyenne, sauf un seul, qui est détaché d'un vase plus grand, à large
orifice, à panse légèrement renflée, ce qui donne au vase l'aspect d'une écuelle (PI.
XIV, 13).
De nombreux tessons proviennent de petites écuelles qui, toutes, ont l'ouverture
plus large que le fond (PI. X I V , 16) et les flancs presque droits. Certains fragments,
légèrement renflés, proviennent certainement de bols dont le fond est juste assez large,
pour que le vase puisse rester debout (PI. X I V , 21, 24, 26, 33).
332
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FOUILLES DE LEfUlYTA-DE-Ml RES
La figure 30 PL, XIV reproduit la forme d'un bol peu différent des autres
spécimens. Il est plus grand et plus bas et ressemble plutôt à une assiette. Le
flanc étant infléchi, le rebord paraît incurvé, bien qu'il soit arrondi. De dessous le
rebord se dégage une raie large, à peine accentuée, qui ceint le vase; la panse se
continue régulièrement sur une distance de 1 cm, où un pli très en relief et arrondi
scinde le vase en deux. Au-dessous de ce pli, le flanc du vase s'infléchit pour former
ensuite le fond.
Deux fragments de petits bols ont la paroi trouée, l'un immédiatement au-dessous
du rebord, l'autre à 2 cm, afin de pouvoir les suspendre à l'aide d'une ficelle. Ce fait
prouve l'étroitesse de leur fond et l'impossibilité où ils étaient de rester debout.
Le seul décor qu'on remarque sur la plupart des vases consiste en une ou deux
raies horizontales incisés sous le rebord.
Un autre type de petit vase est identique à ceux de l'époque La Tène qui ont été
décrits plus haut. Au milieu de la panse, il est divisé en deux par un pli en relief, au-
dessous duquel la panse prend la forme incurvée. Jusqu'à ce pli, le flanc est presque
droit ou légèrement concave, et le rebord plus ou moins arrondi en dehors.
Un seul fragment a une forme distincte, par le fait que le rebord est à peine indiqué
par un léger relief de la paroi; celle-ci est presque imperceptiblement infléchie jusqu'à
un point où la raie horizontale, largement incisée, divise le vase en deux. Au-dessous
de cette raie, le flanc est légèrement incurvé. De l'orifice jusqu'à la raie incisée, trois
raies décorent le vase. Les deux bandes ondulées supérieures semblent être plutôt des
zigzags, la troisième est un peu plus aplatie et plus ronde (PI. XIV, 20).
De nombreux fragments de bols se distinguent des premiers en ce que leur rebord
est fortement dirigé vers l'intérieur, d'où il résulte que la paroi est en arc de cercle plus
prononcé (PI. XIV, 27).
En dehors de ces tessons, dont beaucoup appartiennent à un même type de vase,
il y a des formes rares que je ne mentionnerai qu'en passant, car une description détaillée
n'offrirait pas d'intérêt.
J e ferai mention, en premier lieu, d'un fragment d'assiette presque plate ainsi
que de deux fragments d'un vase bas aux flancs presque verticaux. Comme il s'élargit
vers l'orifice, qui est entouré de cannelures horizontales, il a l'aspect d'un lampion
(PI. XIV, 31). A citer aussi deux tessons provenant de deux vases identiques, mais à
cannelures plus larges. Quelques fragments ont le rebords fortement dirigé vers l'ex
térieur (PI. XIV, 23, 25, 32, 34).
Je n'insisterai pas non plus sur plusieurs rebords — épaves de petits vases — plus
ou moins saillants au dehors, plus ou moins arrondis ou anguleux.
Un fragment de tasse (PI. XV, 2) au profil anguleux est muni d'une anse courte,
scindée en deux bandes verticales qui se dégagent sur la droite du rebord.
N'omettons point trois tessons provenant de petits vases à rebord presque droit,
divisé en trois bandes horizontales et au-dessous duquel la panse prend la forme renflée
vers le fond. Ajoutons un petit vase dont la forme se retrouve parmi celles de l'époque
La Tène (PI. XV, 8).
Les figures 3 — 7, PI. XV montrent plusieurs profils particuliers.
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Ι Ι Ο Κ Ι λ (». 1MHM s< ι
En ce qui concerne les décors des divers tessons, on peut compléter leur description
par les exemplaires suivants:
Un seul d'entre eux a un décor très beau et varié; il consiste en une file de rosettes
en creux, disposées l'une à côté de l'autre, file qui surmonte une rangée de croix, à
laquelle succède une rangée de croissants.
Deux fragments à décors également en creux; sur l'un d'eux, l'ornementation
consiste en rangées horizontales de feuilles (PI. XV, 12),
sur l'autre, elle est plus compliquée, elle comporte une
série de croissants qui se font suite et que surmonte une
file de points d'interrogation renversés dont la tête touche
les extrémités des croissants.
Mais on trouve des décors plus simples: par exemple,
deux tessons sont ornés de séries horizontales de raies in
cisées, rapprochées l'une de l'autre.
J e dois mentionner aussi trois minées fragments dont
la pâte se distingue par sa finesse et qui est couverte d'une
patine noirâtre. Le rebord du premier est infléchi et séparé
du col par une raie horizontale en relief, au-dessous de la
quelle vient une raie incisée, puis le col se prolonge en
Fig. 8. décrivant un arc aussi élégant que celui du rebord. Aussi
bien à la naissance qu'à la limite du col, trois rangées très
serrées de pointillé en creux à peine ébauché achèvent la parure de ce fragment de vase
façonné avec un soin exceptionnel (PI. XV, 10).
Un autre fragment, un peu plus épais mais de pâte semblable, couvert de patine
noirâtre, porte des décors en relief dont l'interruption ne permet pas de concevoir le
développement.
Un tesson de la même pâte a pour décor des rangées horizontales de raies incisées,
courtes et verticales.
Un seul vase a été reconstitué en partie, de sorte qu'on peut en reconnaître la
forme. J'en ferais la description parce que le col porte une inscription faite à l'aide d'un
objet tranchant.
Le rebord du vase, étroit et oblique, est toutefois en relief, parce que le col décrit
un petit arc à l'intérieur et se prolonge, presque dans le sens vertical, jusqu'à la panse
du vase. Celle-ci devient très renflée et va en décroissant vers le fond étroit du goulot
(fig. 8). La hauteur du vase est de 15 cm, le diamètre de l'orifice est de 9 cm, et
celui du fond de 4.
Les lettres, très finement gravées, sont hautes de 2 cm, et se présentent comme il suit :
MARIT(V)MI
L'inscription, interrompue, parce que le col du vase est brisé, devait comprendre
encore autant de lettres. On le voit d'ailleurs à quelques traits indistincts de quelques
lettres qui se continuent sur le col à une distance de 7 cm. de la dernière lettre lisible.
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FOUILLES DE LECIllYrA-DE-MUREÇ
trois ou quatre bandes longitudinales, par les cannelures qui les sillonnent dans le sens
de la longueur, prend naissance à la lèvre même, puis forme un arc de cercle à convexité
dirigée vers la panse du vase. Le rebord, plus ou moins évasé, présente, sur tous les
tessons, la même caractéristique, c'est-à-dire qu'il est divisé en plusieurs bandes inégales,
par des raies incisées horizontales, qui, parfois, revêtent, à cause de leur largeur, l'aspect
de cannelures (PI. XV, 11).
Le même genre de rebord se voit aussi sur des fragments de la première catégorie,
mais ceux-là proviennent de vases plus petits. Nous avons un fragment de rebord
identique provenant d'un bol.
En dehors des rebords, il est de nombreuses anses, dont la forme rappelle celles
qui ont été décrites plus haut et qui appartiennent à des vases de forme analogue (fig. 10).
*
* *
L'mportance de la poterie romaine de Lechinta-de-Mures, dont j ' a i fait la brève
description, consiste pour nous en sa ressemblance avec celle de la période de La Tène.
Au cours de cette description, j'ai d'ailleurs fait remarquer les formes rappelant celles
des vases de cette période. Les dernières, qui figurent sur la page précédente, sont iden
tiques, comme rebord et anse, à celles des vases La Tène, décrites plus haut. Cette
ressemblance s'explique très facilement, quand on pense que la civilisation romaine
a été, elle aussi, influencée, en grande partie, par la civilisation celtique, et si elle n'a
pas engendré les mêmes formes, rien n'empêche qu'en s'infiltrant dans nos régions,
elle ait adopté des formes qui auparavant lui étaient familières.
335
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DOIUN (t. POPESCl
que des décors. L'épithète de slave, qu'on a appliquée à cette «Burgwallkeramik», n'est
fondée qu'en partie, car l'origine de cette poterie n'est pas slave, elle est, au contraire,
bien plus ancienne. La fabrication s'est développée dans les provinces romaines, sous
l'influence de la poterie de l'époque La Tène 1 ), influence qui se manifeste aussi sur
les fragments de vases découverts dans notre pays.
Vers le II-ème siècle après Jésus Christ, elle a pris naissance en Noricum et en
Rhaetia, puis elle a subsisté comme poterie de province romaine, et à l'arrivée des Bar
bares, elle a été adoptée par eux. La fabrication s'est ensuite maintenue pendant tout
') I. L. Pic, Die Urnengràber Bôhmcns, p. 260 die ganze Entwickelung diescr Keramik ans den
«In den romischen Provinzen lasst sich sozusagen Typen der La Tène-Keramik verfolgen» . . . .
336
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MURES
' ) Idem, ibidem, p. 2 6 1 : «Wir konnen daher mit weichenden Charakter. Der Hauptunterschied be-
ganzer Sicherheit behaupten, dass sich die Burg- steht darin, dass sie henkellos sind; noch nirgende
wallkeramik, dem Zeugnisse der Miinzen gemâss, hat man bis jetzt am slavischen Topfgerath einen
schon im I I . .Jahrh. n. Ch. in Noricum und Rhaetien Henkel entdeckt. Dieselben sind grob, plump ge-
entwickelt hat, dass sie als provinzial-romische formt, von grauer Farbe, hart g e b r a n n t ; selten
Lokalkcramik erhalten blieb, ja dass sie den Unter- ist die Farbe rothlich, wahrscheinlich sind letztere
gang diescr Provinzen uberdauert und bei den stiirker gebrannt». . . .
3
Barbaren Aufnahme gefunden h a t , wo sie in der ) Robert Behla, op. cit., p . 15: «Die Bruch-
germanischen Merowingerkultur im ganzen spo- stûcke lassen auf Topfe mit weiter Ôffnung schlies-
radisch crscheint, jenseits der Elbe aber in den sen. Manche erweiten sich nunmehr von u n t e n
slavischcn Landern, in der nachfolgenden Période nach oben und aussen bis zum oberen R a n d , der
die typische Keramik wird». regelmâssig nach aussen umgelegt ist ; in der Mehr-
2
) Robert Behla, Die vorgeschichtlichen Rund- zahl bauchen sie sich in der Mitte am meisten
wâlle im ostlichen Deutschland, Berlin 1888, p . 15: aus, um sich dann nach dem Hais zu verjungern».
«Die slavischen Scherben haben einen ganz ab- «) I. L. Pic, op. cit., p . 259, fig. 81.
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22 Dacia II 1925
IXHUN 0. POPESCU
338
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FOI ILLES DE LECHI^A-DE-MUREÇ
2. Les vases identiques, mais qui se distinguent des premiers en ce que la plus
grande largeur se trouve au milieu de la panse.
3. Les vases à rebord moins saillant, presque droit, et à flancs en arc de cercle peu
prononcé. Le plus grand diamètre de ces vases est à leur orifice.
C'est à des vases de cette dernière forme qu'appartiennent de nombreux fragments
de rebords. Ces vases avaient de grandes dimensions, leur orifice était très large et leur
diamètre avait près de 40 cm. Les rebords sont horizontaux et font très peu saillie en
dehors. Quelquefois la saillie est plus pro
noncée à l'intérieur et le bord est lobé. (PI.
XV, 14). Les lobes portent des trous verti
caux et assez larges. Je ne sais pas si tous
les lobes étaient perforés, car il n'existe
pas un seul fragment à plusieurs lobes,
mais je crois qu'il devait s'y trouver deux
trous où s'introduisait le lien destiné à
suspendre le vase.
La panse du vase s'élance de dessous
le rebord en décrivant un arc de cercle
peu prononcé, puis elle incline vers le fond,
qui devait être, lui aussi, assez large.
Une ligne ondulée, largement incisée
et légèrement courbe, serpente au-dessous
«lu rebord même de certains fragments.
A ces formes — à en juger du moins
par quelques fonds qui ont été découverts —
il convient d'en adjoindre une qui rappelle
un pot de fleurs. Certains de ces vases ont
le fond large et plane; leurs flancs se
dressent en s'élargissant vers l'orifice (PI.
XV, 15). La pâte de ces vases est épaisse
et lourde, comme celle des trois rebords FI. XVIII.
décrits. La pâte des autres vases ne sort
pas de l'ordinaire, et les flancs, en arc de cercle, font saillie en dehors bien plus brusque
ment (PI. XV, 19). J e ne saurais dire quelle était la forme des rebords, mais je sup
pose que celle des deux premiers était presque droite, tandis que chez les autres, elle
se dirigeait au dehors ] ).
Mentionnons aussi plusieurs fragments de couvercles, munis d'une anse dont la
forme rappelle celle d'un fond de vase, rond, large de 3 à 5 cm, et haut de 1 cm. A partir
de l'anse, le couvercle prend une direction oblique; sa forme est élégante, l'ouverture
du couvercle est large. La hauteur de ces couvercles atteint jusqu'à 8 cm, l'ouverture
du couvercle en a jusqu'à 15 cm. Certains sont petits. L'anse de deux d'entre eux est
perforée au centre, probablement pour y introduire un lien de suspension.
' ) J e crois que ces formes ressemblant à celles grie). Cf. Archaeologiai Értesitô, 1881, vol. 1 — 2,
de trois vases entiers découverts à Kcszthely (Hon p . 143.
339
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22»
DOHIN <>. POPESCL
Ce qui me fait affirmer qu'on est en présence de couvercles, c'est que des fragmente
identiques ont été découverts à Also-Szent-Ivâny (département de Fejér). appliqués
sur des vases à large orifice, où ils remplissaient le rôle de couvercles *).
Avant de passer à la description des décors, je citerai quelques endroits, tant de
notre pays que des régions avoisinantes, où Ton a trouvé une céramique de ce genre.
En Roumanie: à Manastirca 2) (dép. d'Ilfov).
En Hongrie: à Nyitra a ), à Velem-Szent-Vid 4 ), à Also-Szent-Ivany 5 ), à Szilàgy-
Nagyfalu 6) et à Keszthely 7 ).
Les décore de la céramique «barbare», qui est décrite dans ce cbapitre, sont assez
variés. Les mêmes motifs d'ornementation se répètent de diverses manières. Ils consis
tent presque tous en raies horizontales incisées et en raies ondulées, également incisées.
Les premières semblent variées à cause de la disposition des raies. Sur la plupart
<Ies fragments, on trouve de deux à trois raies horizontales incisées ou même plus, dis
posées l'une à côté de l'autre et qui s'évadent de dessous le col du vase, qu'elles font
ressortir. Elles annoncent l'éclosion de la panse du vase. Les raies sont parfois claires,
larges et ressemblent plutôt à d'étroites cannelures, parfois aussi, elles sont très étroites,
fort rapprochées et tracées assez régulièrement. J'ai sous les yeux un fragment qui,
à faible distance du rebord, est orné de 11 de ces raies, finement incisées et serrées.
Sur un autre fragment les raies partent de dessous le rebord, drues et irrégulières,
et. vont rayonnant sur toute la surface du tesson. Quelques fragments montrent des raies
incisées à 1 — P/o cm, au-dessous du rebord; elles sont au nombre de six, peu pro
fondes et de teinte claire. Sur d'autres fragments, les raies émergent de dessous le
rebord sans la moindre symétrie; un espace inégal les sépare.
Sur des fragments, qui ne proviennent pas de rebords de vases, les raies sont dis
posées de manières diverses. Dans la plupart des cas, elles zèbrent toute la surface
du tesson et ne sont distantes l'une de l'autre que de 11/2 cm ; elles sont larges et profondes ;
leur teinte est claire.
De même que sur les fragments de rebords, on trouve des raies fines et drues et
presque toujours irrégulièrement tracées.
Parlons maintenant de la ligne ondulée («Wellenornainent»), ce décor caractéristique
de l'époque.
L'opinion a été longtemps accréditée que ce décor était purement slave; mais
on a ensuite acquis la conviction qu'il était bien plus ancien, non seulement en Occident,
mais aussi dans notre pays, où son existence à l'âge du bronze a été constatée. Il n'en
«st pas moins vrai, toutefois, qu'au début du moyen âge, il était devenu un décor
typique pour la céramique slave 8 ).
s
») Arch. Êrt.,\ol. 13,1893, Nagy Géza, Az Alsô- ) Arch. Êrt., 13-e vol., 1893, p . 28 — 37.
Szent-Ivanyi Sirdombok (Kunhalmok) Fejérmcgyé· «) Arch. Êrt., 1-er et 2-e vol., 1881, p . 156—161.
7
hen, p . 35, fig. 4, 7 ; p . 37, fig. 11 b , 11 a-b, 13 b . ) Ibidem, p. 163.
2 8
) Cf. Dacia, I I , Gh. Çtefan, Fouilles de Mânà- ) Robert Behla, op. cit., p . 15: «Charakteristiscb
jstirea. sind die Ornarnente ; ain hervorstehendsten ist die
3
) Archeaologiai Êrtesitô, 19-e vol., 1899, p. sogenannte Wellcnlinie. Dieselbc besteht darin, dass
404 — 407; à mentionner, entre autres, deux anses auf dem Gefass mit cinem mehrzinkigen (1 — 4
identiques à la seule anse d'un vase d'époque meist 3-zinkigen) Gerath, Wellenlinien eingeritzt
barbare qui a été découverte à Lechin^a. sind, zuweilen senkrecht, manchmal unter und
«) Arch. Êrt., 17-e vol., 1897, p. 299. ineinander ziehend».
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FOUILLES DE LECHINJA-DE-MUREÇ
') Robert Behla, op. cit., p. 15: «Anstatt der ziehende, wahrscheinlich durch Nageleindrucke be-
Wellenlinie bemerkt man ofters und um das Gefâss wirkte Vertiefungen».
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i><>m M O. POPESCU
OBJETS DIVERS
P a r m i les divers objets d é c o u v e r t s à Le-
chinta-de-Mures, je mentionnerai a v a n t tout
quelques figurines en argile. L ' u n e d'elles, qui
est entière, r e p r é s e n t e u n bélier. U n e a u t r e ,
i d e n t i q u e , est l é g è r e m e n t ébréchée. U n e troisi
ème r e p r é s e n t e u n cheval au col perforé à sa
p a r t i e supérieure et d o n t u n e seule j a m b e est
entière. U n e q u a t r i è m e figure é g a l e m e n t u n
cheval, d o n t le v e n t r e et u n e seule j a m b e s u b
sistent. L a m ê m e t e c h n i q u e a présidé au t r a
vail de ces figurines, qui o n t été modelées avec
soin et sont légèrement stylisées. J e ne crois
pas faire erreur, en leur a t t r i b u a n t u n e origine
r o m a i n e (PI. X I X , 4 , 5, 6, 7).
M e n t i o n n o n s des fusaïoles habituelles, d o n t
la q u a t r i è m e bicontronique, puis u n e m o i t i é e
(/
de fusaïole s p h é r i q u e . L e u r d i a m è t r e est de 2 à 3 2 c m (PI. X I X , 8, 9, 10, 11).
D e u x petites billes d'argile.
U n objet conique en argile, d o n t la p o i n t e est coupée, a y a n t u n t r o u peu profond
à sa b a s e ; h a u t e u r , 3 c m ; d i a m è t r e de la b a s e : 3 l / 2 c m .
U n e pierre r e c t a n g u l a i r e , longue de 7 c m , large de 6, a y a n t d a n s sa largeur u n e raie
fortement entaillée, et, vers le milieu, u n t r o u conique. Elle s e r v a i t p r o b a b l e m e n t à
a p p o i n t e r des poinçons de m é t a l (PI. X I X , 3).
U n e a u t r e pierre, plus large, p l a t e , longue de 21 c m , large de 18, p o r t a n t à sa surface
des traces de r a y u r e s .
342
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FOUILLES 1)1. LECHINJAOE-M1 RES
CONCLUSIONS
2
*) Arch. Êrt.y 18-ème vol., 1898, p. 61, fig. 2 et 4. ) Arch. Êrt., 25-ème vol., 1905, p. 43, fig. 12 et 13.
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1)0 JUN O. POFESCU
de traces de quatre époques bien tranchées, qui ne se distinguent l'une de l'autre que
par des restes particuliers et non par la disposition des couches. Au début de ce travail
j ' a i attribué l'irrégularité de la stratification — constatée aux trois endroits fouillés —
au séjour continu des habitants. A cette station la vie commence à se manifester dès
l'âge du bronze, et, surtout, je crois pendant les dernières phases de cette époque. Elle
s'est prolongée probablement aussi à l'époque du Hallstatt occidental, lequel correspond
ici à la fin de l'âge du bronze. De cet âge elle passe à l'époque La Tène, assez bien
représentée par des fragments céramiques, caractéristiques de l'époque. Les formes
céramiques offrent une grande ressemblance avec celles des fragments découverts à
d'autres stations La Tène du pays, mais certaines de ces formes sont rares. La ressem
blance de quelques-unes avec des formes de la céramique romaine, m'induit à croire
que nous avons affaire à une tardive période de l'époque La Tène, qui s'est continuée
dans l'époque romaine. La céramique romaine de cette station ne présente rien de
particulier, elle rappelle la céramique romaine habituelle de la Dacie. Certaines formes
sont la répétition de celles de l'époque La Tène, fait qui s'explique, puisque l'établis
sement des Romains est venu continuer celui d'une station La Tène. A l'établissement
de cette dernière a succédé, au moyen âge initial, l'établissement d'une station barbare,
à laquelle j ' a i cru devoir attribuer une origine slave, en invoquant comme arguments
la technique, les formes et les décors de la céramique slave, telle qu'elle est décrite par
Robert Behla.
L'établissement de ces quatre stations distinctes s'est opéré en laissant entre cha
cune un espace de temps trop bref pour qu'une assise protectrice s'ait pu former par
dessus les divers établissements. Ainsi s'explique, je crois, le mélange de couches de
ces quatre époques.
En ce qui a trait à l'intensité de culture de Lechinta-de-Murcs — bien que cette
station soit pauvre comparativement à d'autres — elle a dû atteindre le point culmi
nant à l'âge du bronze, à en juger par la quantité et la qualité des fragments découverts.
Au point de vue de l'intensité de culture, le deuxième rang doit être assigné à l'époque
La Tène et le troisième à l'époque barbare. Quant à l'époque romaine, elle est
très faiblement représentée.
DORIN O. POPESCU
Membre de VÊcole roumaine en France
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NOUVELLES CONTRIBUTIONS
SUR L'AGE DU BRONZE EN ROUMANIE
LE D É P Ô T D E B R O N Z E S D E D R A J N A - D E - J O S E T L ' É P É E D E BUCIUM
Lorsqu'en 1915, conformément à la mission que m'avait confiée M. P â r v a n , direc
teur du Musée National d'Antiquités de Bucarest, j ' a i commencé l'arrangement et la
publication des collections préhistoriques du Musée, opération qui n'est pas encore
achevée pour des raisons se r a t t a c h a n t à des conditions peu favorables, dont la plus
importante est le défaut de place suffisante, j'avais choisi parmi les matériaux existants
au Musée, les pièces du dépôt de bronze de Sinaïa, ainsi que quelques objets du même
métal découverts à Prédéal *). J ' a i fait alors ce choix surtout comme un commence
ment de preuve que la Roumanie, et particulièrement le territoire de l'ancien R o y a u m e
auquel je me rapportais spécialement, loin d'être considérée comme une région possédant
une florissante culture néo- et énéolithique, connue comme telle antérieurement, mais
surtout depuis les fouilles de Cucuteni, dues à M. H . Schmidt de l'Université de Berlin
(1909—1910), a eu de même, disais-je, «une époque florissante du bronze», ainsi que
«l'époque connue sous le nom d'époque du bronze hongroise-transylvaine ne s'arrête
nullement a u x Carpathes, mais qu'elle peut être poursuivie ici (l'ancien Royaume)
dans toute l'extension de son évolution» 2 ). Nos affirmations étaient alors plutôt des
suppositions, — suggérées à leur tour à un faible degré par le matériel se t r o u v a n t au
Musée ou p a r d'autres collections publiques et privées existantes, que je connaissais ;
rien n ' a v a i t encore été publié. Ce qui surtout me semblait tout-à-fait surprenant,
c'était le contraste, que rien ne faisait prévoir, entre la Roumanie néolithique, reconnue
florissante, et celle du bronze, presqu'entièrement dépourvue d'une culture remarquable,
laquelle s'arrêtait ainsi, selon l'opinion générale, à la chaîne des Carpathes — d'où la
dénomination, bien connue dans les recherches archéologiques a y a n t trait à l'Europe
centrale, de «type hongrois». On attribuait donc à cette chaîne de montagnes un caractère
de frontière, caractère qui, nous le savons bien par l'histoire, ne lui a jamais appartenu.
Nos suggestions et nos affirmations obtinrent, dès l'année suivante, une confirmation
brillamment fondée. Il s'agit justement du dépôt de Drajna-de-jos dont il sera ques
tion dans ce qui suit.
Au printemps de l'an 1916, la Direction du Musée National d'Antiquités recevait
de M. N . Iorga de Valenii-de-Munte (localité bien connue dans l'Occident par l'Uni
versité populaire sous la direction de notre grand historien), une petite caisse qui,
345
©ONATl*
PROF. ION NESTOR
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I. ANDRIEÇESCU
à notre grande et agréable surprise, contenait une série entière de bronzes préhistoriques,
les uns d'une forme encore tout-à-fait inconnue dans l'ancien R o y a u m e , haches, bâtons
de commandement, faucilles etc. *).
Ainsi que nous l'avons appris plus lard, les pièces en question n'étaient que des échan
tillons d'objets a y a n t été trouvés antérieurement à I)rajna-de-jos, mais dont 1rs
autorités n'avaient trouvé la trace qu'à l'époque indiquée, à l'occasion de la réquisition
du cuivre. Le vigilant administrateur d'arrondissement, M. ]\l. Cheorghiu, a y a n t re
m a r q u é dès le premier instant l'aspect et les formes inusitées des objets, en avait choisi
quelques uns — son choix porte sur les objets dont il avait disposé tout d'abord —
et les avait présentés à M. lorga pour en obtenir des éclaircissements. M. Iorga les
expédia au Musée.
Nous attendions des détails sur la provenance des objets, lorsque par une lettre
directe (No. 1067 du 9 mai 1916), l'administration de l'arrondissement du Téléajen de
Prahova nous fit savoir qu'elle nous avait expédié une caissette renfermant «autres 34
pièces métalliques anciennes, de formes variées, trouvées par un h a b i t a n t sur la rive
gauche de la rivière Téléajen». L'administrateur joignait à son envoi un procès-verbal
sur les «conditions dans lesquelles ces objets d'importance archéologique ont été trouvés».
II est mentionné, dans le procès-verbal du 29 avril 1916, que le nommé Soare
Dursinâ, habitant Drajna-de-jos, s'est présenté à la commission pour la réquisition
du cuivre et lui a remis 34 pièces de vieux m é t a u x de formes diverses.
Lorsqu'on lui eût demandé des explications sur leur provenance, le nommé Soare
Dursinâ déclara qu'il avait trouvé les métaux en question deux ans avant sur la rive
gauche du Téléajen, en amont des maisons seigneuriales et des jardins de M-me Cretzu-
lescu, sur le territoire de cette commune, à l'endroit appelé «près du chemin de la vallée»
où le paysan creusait une fosse pour en extraire la glaise nécessaire à la construction
d'une maison.
Le nombre des pièces découvertes paraît avoir dépassé celui que notre paysan
avait déclaré. E n effet, à la fin du même mois l'administration de l'arrondissement,
par une nouvelle lettre, 2 ) nous expédiait «encore quatre pièces en vieux métal», faisant
suite à l'envoi antérieur, ces dernières pièces a y a n t été trouvées chez un autre h a b i t a n t
de la même commune.
La direction de notre Musée venait de prendre les dispositions nécessaires en vue
de recherches minutieuses sur les lieux, qui devaient avoir lieu sous peu, au commence
m e n t de la campagne d'été, lorsque, cette fois-ci par un télégramme a ) , l'administration
du même arrondissement nous faisait connaître q u ' a u même endroit «on avait encore
trouvé 200 pièces en bronze de l'époque préhistorique» et qu'elles ont été expédiées,
par l'entremise de la gendarmerie, à la Préfecture de P r a h o v a .
J e me suis immédiatement mis en liaison avec cette dernière et j ' a i fait des re
cherches sur les lieux, mais sans de nouveaux résultats, excepté la confirmation de
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346
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
l'endroit de la trouvaille et des précisions sur les conditions dans lesquelles les objets
avaient été découverts. J e me fis confier les objets remis à la préfecture de Prahova et
je les emmenai moi-même à Bucarest.
Le procès-verbal, dressé par le poste local de gendarmerie et annexé à la lettre
de la préfecture de Prahova *) au Musée d'Antiquités porte que le 10 juin 1916 il fut
informé que dans ladite commune, «derrière la cour de M-me Cretzulescu, sur la butte
auprès de laquelle passe le chemin de la vallée vers les eaux du Téléajen, il a été trouve
par le nommé Const. G. Vàcârelu, pendant qu'il piochait
pour extraire de la glaise, plusieurs objets anciens en
métal». Arrivé sur les lieux, le représentant de l'autorité
trouva le paysan nommé chargeant sur un char à boeufs
de la terre destinée à construction d'une maison et ex
traite des rives du cours d'eau, sur lesquelles, «en piochant
jusqu'à 40 cm», il avait découvert plusieurs morceaux de
métal en forme de faucilles et de javelots. Le représentant
de l'autorité a arrêté le piochage et, ayant fait le compte
des objets, en a trouvé 190 en forme de petites faucilles et RAJKA DE JOS
l
) No. 466 du 18 juin 1916. enfouis communément à une profondeur de 0,50 m
a
) J . Déchelette: Manuel d'Archéologie préhisto- à 0,80 m. se rencontrent surtout, au cours des
rique, Paris, 1 1 , 1 , 1910, pag. 163: «Les dépôts, travaux__de terrassement ou de défrichement».
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347
1. ANDKIEÇESCU
ait été immédiatement arrêtée. Il n'est pas possible qu'il n'y ait eu d'autres objets
que ceux réunis par les premiers fouilleurs. Nous avons appris qu'il y avait encore
d'autres détenteurs d'objets de même provenance et qu'ils continuent à les receler. Il
est certain que deux ans après cette première découverte, le 10 juin 1916, l'habitant
Const. G. Vacârelu, faisant une fouille au même endroit et dans le même but, trouva
«immédiatement en-dessous» les 200 et quelques derniers objets, faucilles et javelots.
Cette fois-ci mon informateur, non prévenu de la manière dont on peut trouver de
pareilles choses, a pu me donner certaines précisions sur les conditions de leur
découverte, tout particulièrement intéressantes. Les faucilles (de la seconde décou
verte, car on en avait trouvé aussi lors de la première), étaient disposées ordonnément,
en cercle; au milieu se trouvaient les javelots.
Voilà à quoi se réduisent les données obtenues. Pas la moindre trace de tessons, de
maisons, de cendres ou de pierres de clôture, qui n'eussent pas manqué d'éveiller l'at
tention des autochtones. A notre avis, il n'y a pas de trace de couches de civilisation qui
puissent être attribuées à l'habitation prolongée de cet endroit ' ) . Ce sont là les conditions
habituelles de découverte d'un dépôt, dont la trouvaille, comme en beaucoup d'autres
endroits, est due au hasard 2) ; mais, toujours comme ailleurs, sa présence, à l'endroit
où il a été trouvé, — enterré en deux séries, l'une immédiatement au-dessus de l'autre
et toutes les deux, sans doute, ensevelies à la même époque, comme nous le verrons —
constitue un document probant de vie, d'existence et de relations suivies dans la vallée
du Téléajen — une puissante artère de vie, même à cette époque reculée, ensuite pen
dant l'époque romaine, lorsqu'un peu plus au Nord, à Drajna-de-sus a existé une
citadelle romaine gardée par des troupes de la Mésie inférieure 3) et jusqu'à une époque
très rapprochée de nous, lorsque par un événement tout-à-fait inattendu, toute son
importance lui a été enlevée par la vallée voisine de Prahova, vallée choisie comme
résidence par le roi de la Roumanie contemporaine 4 ).
Quelque part, aux environs de l'endroit où a été trouvé le dépôt, il a dû exister des
établissements destinés à la cohabitation d'êtres humains, très probablement même des
temps néolithiques. La vallée de Téléajen ne peut faire exception parmi les autres vallées
du pays et d'ailleurs 5 ). Bien plus même, la rive gauche de la rivière est partout plus
l
) Parmi les dépôts plus rapprochés de nous et tation industrielle et comprennent sans doute tout
étudiés méthodiquement, nous retrouvons la même à la fois des offrandes votives ou religieuses.
3
situation en Bosnie, à Sumetac, par exemple, ) V. P â r v a n : Les commencements de la vie ro
comme à Drenovi dô, où, en plus, nous retrouvons maine aux bouches du Danube. Collection «Tara
aussi des objets du même genre que les nôtres noastra», Bucarest, Cultura Najionalâ, 1923, pag.
de Drajna-dc-jos, faucilles et haches à douille. 140 et 142.
Wissenschaftliche Mitteilungen aus Bosnien u. Her 4
) G. M. Murgoci: La Vallée du Téléajen, des
zégovine Wien 1893, I, pag. 3 5 ; I X , 1909, pag. 16. cription en vue des excursions, avec un complément
*) Déchelette: Manuel, I I , 1, pag. 170. Pour descriptif et informatif par N. Iorga, Valenii-de-
leur classification, idem, pag. 65 et plus complè Munte, 1909. Esquisse succincte, mais complète,
tement Reallexikon der Vorgeschichte, éd. par Max concernant la géologie, l'anthropogéographic et les
Ebert, I I , 1925, pag. 362 et suiv. Depotfund (G. monuments avec un supplément indiquant la
Wilke). Le dépôt de Drajna-de-jos est tout à fait plupart des inscriptions religieuses.
semblable à la 2-e catégorie établie par Déchelette *) Déchelette, op. cit., pag. 172. «La répartition
d'après les dépôts de fondeurs. Ce sont les dépôts des villages néolithiques nous a déjà montré que
simples qui se composent des trouvailles qui ne les agglomérations se groupaient de préférence le
contiennent aucune pièce indiquant une exploi long des cours d'eau. C'est aussi dans les vallées
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348
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR I/ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
baute et domine d'en haut les localités d'en face et des alentours, situation habituelle
de nos établissements préhistoriques de tout le pays. Le point le plus élevé de la localité
c'est «Cetâtuia» (petite citadelle), dans la partie nord du village Drajna-de-jos, devant
les villages de Drajna-de-sus et Homoriciul, sommet recouvert de forêts avec une
petite clairière vers le sommet extrême. L'extrémité crénelée, due non pas à la nature,
mais, au dire des gens du peuple, à la main de l'homme, aurait abrité une enceinte forti
fiée aux murs en pierre que l'on ne retrouve plus aujourd'hui. Dans l'enceinte même,
l'imagination populaire place un caveau rempli de monnaies et d'objets précieux, ne
pouvant être découverts à cause du diable qui habiterait des cachettes fermées par des
portes en pierre armées de chaînes en fer. En cherchant des trésors, les habitants
ont, comme d'habitude, fait de nombreuses fouilles dont le résultat nous est inconnu.
A gauche de Cetâtuia l'on voit la région de Homoriciul et Cheia, dans le voile de
bruine recouvrant les montagnes, voile au travers duquel on passait il y a quelques
années l'ancienne frontière. Du haut du sommet de Cetâtuia on peut contempler à
l'oeil libre toute la contrée de Prahova jusqu'à Ploesti.
* *
Le dépôt de bronze de Drajna-de-jos se compose de 240 pièces, à savoir: 7
épées plus ou moins fragmentaires, 16 pointes de javelots, 13 haches à douille lon
gitudinale, 2 haches à douille transversale, 2 haches-marteaux à douille transversale, 1
sceptre de commandement à douille transversale et enfin 199 faucilles.
Je suis sûr, selon des informations de toute confiance, que le nombre des pièces
du dépôt a été beaucoup plus grand et qu'un certain nombre a passé, à l'occasion des
découvertes, en mains diverses ; en tout cas ces pièces ont dû être peu nombreuses.
Pendant la guerre le dépôt a été conservé presqu'intact ; on n en a égaré que
trois tronçons d'épée qui ont été soustraits au Musée dans des circonstances qu'on ne
saurait reconstituer avec certitude. Nous avons toutefois conservé de ces tronçons le»
croquis exécutés antérieurement par notre dessinateur expérimenté, M. D. Pecurariu.
Nous pourrons de la sorte en donner les dimensions à défaut de leurs poids.
Le caractère de dépôt de la découverte étant hors de doute — des cas semblables
de simultanéité d'inventaire se rencontrant à plusieures reprises en d'autres endroits
— nous décrirons tour à tour chaque catégorie de pièces trouvées, en les accompagnant
des photographies et des dessins nécessaires, ainsi que des spécifications de leurs dimen
sions principales ou de toutes autres données utiles.
Nous concluerons par les observations concernant le style, l'ordre chronologique,
culturel et historique que comporte une pareille découverte.
* *
Des sept épées trouvées à Drajna-de-jos trois seulement représentent leur partie
supérieure et peuvent par conséquent être identifées (pi. I, fig. 1—3 et fig. text 2).
Parmi les autres quatre pièces, l'une est un fragment de la partie moyenne (pi. I,
fig. 4) et les trois autres sont toutes des pointes d'épées (pi. I, fig. 5—7) dont nous
ne connaîtrons jamais avec précision la partie supérieure.
des fleuves et de leurs affluents que s'échelonnent elles servaient de voies de communications et c'est
les dépôts de l'âge du bronze. D'ailleurs les vallées par elles que les productions industrielles s'échan
n'étaient pas seulement des centres d'habitat; geaient d'une province à l'autre».
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349
I. ANDRIEÇESCU
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350
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
les épées à soie plate aux bords relevés et à rivets, c'est-à-dire, d'après le même Déche-
lette, semblables à l'une des épées les plus communes durant l'âge du bronze IV dans
l'Europe occidentale et centrale, est pareillement évidente. Ce type, dit plus loin Déche-
lette, se rencontre dans la Grèce continentale, dans l'Italie centrale, en Hongrie et dans
les Balkans. «Il est possible, conclut-il, que, contrairement aux autres modèles, il ait
été importé de l'Europe centrale sur le territoire grec, d'où il aurait cheminé jusqu'en
E g y p t e . M. Arthur Evans a montré que les premières épées de fer de la période géo
métrique ou dipylienne, en Grèce et à Chypre ont eu ce modèle pour prototype» *). Naue
avait à peu près dit la même chose: «Après de longues études et un examen approfondi,
je suis arrivé à la conviction qu'en ce qui concerne l'épée trouvée dans l'Acropole de
Mycènes, considérée jusqu'à présent comme une «épée plus récente de Mycènes», elle
ne peut être considérée comme un prototype apporté d'Egypte en Grèce, ni comme
s'étant répandu d'ici en Europe centrale et dans le Nord de celle-ci».
«Il est indubitable que l'Egypte ne peut être mis en discussion, d'après ce qui vient
d'être dit plus h a u t . De même l'île de Chypre ne peut avoir donné naissance au proto
type ; sans cela, après les nombreuses fouilles qui y ont été faites, on aurait découvert
351
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Γ. ANDKIEÇESCU
un plus grand nombre d'épées en bronze de la même espèce. De la Grèce nous ne con
naissons que deux épées en bronze trouvées à Mycènes, Tune de la maison eyelopéenne,
l'autre du trésor de l'Acropole. J e me rallie pour cette raison à l'opinion de Montélius,
c'est-à-dire que «l'épée mycénienne a dû être apportée de l'Europe centrale en Grèce,
parce que ce type, que nous rencontrons partout dans certains pays de l'Europe
moyenne et du Nord, en Grèce ne se trouve pas dans son milieu» *).
Un an après l'apparition de l'ouvrage de Naue, à l'occasion de l'apparition de la
publication des matériaux de Donja Dolina, sur les rives de la Sava (en Bosnie) 2 ), le
Dr. Ciro Truhelka présentait parmi d'autres objets de cet endroit, deux épées (il n'en
reproduit qu'une) ressemblant comme type aux nôtres de Drajna, mais plus anciennes.
Avec une lame plus svelte, les épécs ont de chaque côté de la poignée un trou (non
point deux comme à Drajna), la soie de la poignée ayant seulement deux trous (et non pas
trois, comme à Drajna). Se reportant à Montélius, le seul qu'il cite 3 ), Trubelka classe
les épées de Donja Dolina dans la même époque, s'appuyant sur le fait qu'en même tempe
que les épées de Donja Dolina il a été trouvé également un poignard dont la forme, d'a
près Montélius, dériverait de celle d'un poignard italien, courte et triangulaire, de la
première période de l'époque italique du bronze. «Les deux épées, dit-il, appartiennent
à la même époque. Elles représentent l'une des formes les plus répandues de l'époque
du bronze, de Mycènes jusqu'en Scandinavie, de l'Espagne jusqu'au Caucase ; elle
s'étend même au-delà de la Méditerranée, en Egypte et probablement dans des régions
plus écartées vers l'Est de notre continent, car on a trouvé des formes semblables
d'épées et de couteaux dans des stations transcaucasiennes et sibériennes. Ce vaste
territoire d'expansion de l'une des formes les plus habituelles de l'époque du bronze
est la meilleure preuve de l'uniformité et de la puissance d'expansion de la culture de
l'époque du bronze, qui, en cette circonstance, a dépassé de beaucoup l'époque gréco-
romaine».
G. Kossinna est du même avis que Montélius, Artbur Evans, Naue, Truhelka et
Déchelette, en ce qui concerne l'origine et la direction de l'influence culturelle nord-
sud (quoique non seulement pour les cas isolés, comme celui des épées du type
indiqué) ; — il encadre aussi mais avec plus de minutiosité leur typologie dans son système
complet stylistique et chronologique qui souvent présente d'importantes différences de
style et de chronologie par rapport aux prédécesseurs, — Déchelette avait place l'épée
de Mycènes purement et simplement à côté de celle de Mouliana *).
1
) N a u e , Die vorromischen Schiverter, pag. 15. Chronologie der àltesten lîronzezeit in Deutschland
Les épées de Mycènes sont classées par N a u e , d a n s u. Skandinavien, Braunschweig, 1900, pag. 168,
son t y p e I I . Dans une notice il cite à n o u v e a u fig. 405 (avec trois troux latéraux — comme à
l'opinion de Montélius qui donne pour d a t e à l'épée Drajna — mais avec 4 trous de rivets a la soie
de l'Acropole de Mycènes l'an 1200 av. J . Ch., de la poignée et non pas 3, comme a Drajna).
mais aussi la contradiction de celui-ci lorsqu'il *) N a u e avait fait la même chose, lorsqu'il
donne l'épée pour contemporaine de t o m b e a u x m e t t a i t l'épée de Sulmoua de l'Italie m o y e n n e , ù
qu'il considère comme é t a n t du XV-e siècle a v . côté de l'épée des rives du lac Trasimène. Cette
J . Ch. épée est en tous points semblable a u x nôtres de
2
) Mitteilungen aus Bosnien u. Herzégovine^, I X , Drajna, mais plus ressemblable ù l'épée mycénienne ;
1904, pag. 69 et fig. 40 de la page 68. sur les côtés il y a toujours trois t r o u x et la
3
) L'épée mycénienne, semblable aux nôtres de soie de la poignée est toujours à q u a t r e t r o u s . Il en
Drajna, est reproduite dans son o u v r a g e : Die est de même d ' u n e a u t r e épée des bords du m ê m e
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NOl M i l I S CONTRIUl TIONS SI M I/ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
Pour des considérations de style, qui réclament une différentiation claire entre
ce que les archéologues allemands appelent «Schwerter mit Griffzunge» ') ou Grif-
fzungenschtverter et les épées qui en plus ont un appendice (mit
obèrent Zungenfortiatx),— Kossinna attribue l'épée de Mycènes 2) à
la ΙΙΙ-e période a de l'époque du bronze; l'épée de Mouliana,
répondant à la dernière variante du même type, appartient toute
fois d'après lui, à la 111-e période 6, ce qui, dans ses précisions
de chronologie absolue, constitue la différence entre 1400—1300
(ΠΙ-e période a) et 1300 — 1150 (Ill-e période b) 3) av. J.-Chr.
Insistant davantage sur la typologie de ces épées, G. Kos
sinna dit : «Les épées à soie plate germaniques apparaissent pour
la première fois dans la période du bronze germanique ΙΙ-e b
(ce qui pour Kossinna signifie 1750 — 1550 av. J.-Chr.) — et nous
montrent qu'à ce temps-là la poignée de la soie plate qui devait
être en bois, en corne ou en os (aujourd'hui généralement pourrie
depuis longtemps) était consolidée à la base de la soie, élargie à
cet effet en demi-cercle, seulement à l'aide de deux rivets de
chaque côté, tandis que la soie même en faisait tout-à-fait dé
faut. Dans la ΙΙ-e période c germanique (Kossinna: 1550 —1400
av. J.-Chr.), la soie de la poignée reçoit déjà trois rivets de chaque
côté. On trouve souvent maintenant même un seul rivet ou,
d'après le modèle antérieur, deux rivets de chaque côté; ce
pendant dans ce cas la soie ou la lame de la poignée reçoit un
ou deux rivets».
«C'est à peine pendant la Ill-e période (Kossinna: 1400 —
1300) que nous voyons apparaître des soies dont la base élargie
est traversée de trois, rarement de deux rivets de chaque côté ;
simultanément, la lame ou la soie de la poignée elle-même, est
traversée par trois ou quatre rivets» 4) et l'auteur donne comme
exemple une épée jutlandaise, ressemblant aux nôtres avec cette
différence toutefois que la lame de l'épée jutlandaise est, comme
la lame mycéenne, plus élancée. Fig. 2.
lac, encore plus semblable aux épées de Drajna, Nord, spécialement les épées hongroises: Unsed,
même quant au nombre et à la distribution des Études sur Vâge de bronze de la Hongrie, Christiania,
trous. Il en est de même aussi d'une autre épée 1880, pag. 148 et fig. 19, plus in extenso et avec
de l'Apulie (mit etwas kiirzerem oberen Zapfen). Die un cadre de classification stylistique et chronolo
vorromischen Schwerter, pag. 25 et Album pi. V I I , gique de Julius N a u e : Die vorromischen Schwerter,
fig. 1 et 2 ; pag. 1 6 ; Album pi. V I I , fig. 4 et 6. pag. 12 et suiv., pi. VI, fig. 3 ; ce n'est d'ailleurs
Que Naue ne les distingue pas comme époque, cela pas la seule ; il y en a une autre trouvée par Tsountas
se voit aussi par ailleurs: «Dit; Mehrzahl der Schwerter dans le trésor de l'Acropole de Mycènes et publiée
bezeigt hornerartige Grifffliigel (comme la première par lui dans: Tsountas, Έν Μηκηνιδν de Έφ.
de Drajna) seltener kugelformige, diinne Zapfen Λρχ. 1891, pag. 2 6 ; Naue la cite aussi, l. c ,
und noch seltener nagelartige Aufsatze», pag. 17. note 3. Voyez aussi plus haut.
a
*) V. aussi, J . Schlemm: Worterbuch zur Vor- ) G. Kossinna: Deutsche Vorgeschichte, etc., 3-e
gcschichte, Berlin, 1908, pag. 191. éd. Leipzig, 1921, p. 127.
2
) Mise en comparaison avec les similaires du *) Op. cit., p . 126.
353
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23 Dacia ΙΓ 1925
I. ANDRIEÇESCU
1
) C e t A. de Mortillet classaient (1903) le type Schwerler, page 43 et suiv. avec 112).
d'épées, du genre des nôtres — (pour préciser type Cependant d'après tout ce qui précède, aussi bien
II Naue), dans le «morgien», à côté des faucilles dans la péninsule des Balkans, que dans l'Europe
du type à bouton (à Drajna-de-jos une seule), dis centrale et dans celle du Nord, les épées de notre
tinctes de celles du «larnaudien», sa deuxième et type ont une plus grande ancienneté que celle
dernière période de l'époque du bronze ; ces épées d'Italie, ce qui s'oppose assez sérieusement à l'ad
ont été ensuite comprises par Naue dans le type mission d'une origine italienne, préconisée par
I I a et suivants. G. et A. de Mortillet: Musée Naue (ibid., p. 17). Nous reviendrons encore plus
préhistorique, 2-e éd., Paris, 1903, pi. LXXV, fig. tard sur cette question.
856 et pi. LXXXVII, fig. 1068. 3
) En ce qui concerne Kossinna, op. cit., p. 126,
2
) Trouvée avec le poignard du type caracté fig. 251, 253.
4
ristique italien, (voyez plus baut les références de ) Naue, op. cit., p. 26; Album pi. VU, fig. 4.
6
Truhelka), elle se place, à cause de cela, à côté, ) Cf. Naue, p. 19.
des plus anciennes épées italiques du type A Naue «) Ibid.
ce qui, de l'avis de ce dernier, signifie, comme ") Musée préhistorique, pi. LXXV, fig. 856.
8
d'ailleurs d'après Truhelka, — la première période ) Naue, op. cit., p. 19 et 108; Album pi. XL,
de l'époque du bronze italique de Montélius (en fig. 3—7.
viron 1700—1650 av. J. Ch.). (Naue: Vorrômische
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\ o r \ i : u . i ; s CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZK EN ROUMANIE
Plus près de nos frontières sont les fragments d'épée de Péringrad, publiés par Fiala l),
et mentionnés aussi par Naue 2 ). Ce qui présente pour nous un intérêt particulier, indiqué
aussi partiellement plus haut, c'est que ces fragments ont été trouvés dans un dépôt
et que ce dépôt comprend en dehors de fragments d'épées, plusiers faucilles (toutes à
languette, une seule à Drajna de ce type) et même une hache à douille: même si la
forme du tranchant diffère totalement de celle de nos haches de Drajna, on la rencontre
toutefois fréquemment dans les régions occidentales de notre Dacie et en Hongrie 3 ).
En Bulgarie on n'a trouvé que la soie d'une épée, tout-à-fait semblable aux nôtres.
Présentant deux trous de rivets sur les côtés de sa partie inférieure, la lame de la soie
elle-même en a quatre 4) et non point trois comme à Drajna. Quoique fragmentaire,
par la région à laquelle elle appartient, elle remplit un vide de manière caractéristique,
à côté des pièces similaires déjà mentionnées.
Beaucoup plus nombreux, quoique présentant quelquefois un caractère de variante,
mais toutefois intéressants, sont les exemplaires trouvés à l'Ouest de nos régions.
Parmi trois épées de notre type, trouvées dans le comitat hongrois de Borsod, sur
le côté droit de la Theiss du Nord-Ouest, l'une a de chaque côté deux trous latéraux
et trois dans la lame de la soie (comme les nôtres de Drajna), une autre a de chaque
côté deux trous latéraux et quatre ; sur une troisième, n'étant pas droite, mais échancrée
à la base, on ne peut apercevoir que les deux trous latéiaux de chaque côté 5 ).
Il faut ajouter que toujours en cet endroit, semblable à celle que nous avons
citée- en dernier lieu, il en a été trouvé une autre 6 ), qui, plus échancrée encore à la
base (avec deux trous latéraux de chaque côté et un seul à la base) présente une res
semblance frappante avec une épée trouvée au Sud du Danube, en Bosnie à Buzija
(publié par Fiala) 7 ). Un autre exemplaire similaire retrouvé dans la Drina, noté par
Fiala H)„ est aussi consigné par Naue comme une variante ultérieure des épées de son
type II ! ) ) qui constitue le type de nos épées.
La correspondance des types du Nord au Sud du Danube est encore une fois docu
mentée et, se trouvant dans une aire relativement étroite, elle ne peut à mon avis
manquer de la signification, qui se rapproche le plus de la certitude d'une ressemblance
de manifestations culturelles croisées, ayant une plus grande importance comme va
leur déductive que d'autres manifestations semblables de par ailleurs, plus isolées ou
moins convergentes.
Revenant à ce qui a été trouvé dans le comitat hongrois cité, nous trouvons remar
quable non seulement une cinquième épée, qui, du type E Naue, appartient, d après
toutes les données, à la fin de l'époque du bronze plus récente 1 0 ), mais le fait qu on
a conservé une série entière de pointes de lance, du même endroit, les uns très
') Wissensch. Milleil aus Bosnien u. Herzegovina, *) Idem., pi. CCXVI, fig. 1.
7
IV, 1896, p . 180—182. ) Wissensch. Mitteilungen aus B. u. H., V I ,
*) P . 17. 1899, p . 142, fig. 10, et p . 143.
8
*) E n plus de ce que cite Fiala (p. 180), v. J . ) Wiss. Mitt. aus B. u. IL, V I , p . 143 (publié
H a m p e l : A bronzkor emlékei magyarhonban, II, dans le vol. I, 1893, p . 318, fig. 4).
9
B u d a p e s t , 1892, p . C L I , fig. 2 et 4 ; pi. C L X X I I , ) N a u e : Die vorromischen Schuerter, p . 17,
fig. 15 et 1 8 ; I I I , 1896, pi. CCXIV, fig. 2 1 . note 1 «eine Weiterbildung des Typus II».
4 10
) Bulletin de la Société archéologique bulgare, ) Hampel, pi. CCXVI, fig. 5 ; N a u e , op. cit.
I I I , 1913, p . 293 et fig. 217. et Atlas passim.
*) H a m p e l , op. cit., I I I , pi. CCXVI, fig. 2—4.
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355
23*
I. WDKIKSKSCU
ressemblants à celles trouvés à Drajna (voyez plus bas) ; de même, plusieurs haches à
douille, toutes avec la ligne du tranchant plus ou moins concave *), ressemblant du
reste à la seule hache en ce genre trouvée à Drajna.
Nous signalons à nouveau la similitude des inventaires, caractéristique
par les différences même qu'ils présentent. Certaines différences sont dues
sans doute aux différences de régions, d'autres auront aussi une signifi
cation de chronologie absolue qu'il faudra avoir en vue dans l'avenir.
Toujours du côté Ouest de la Dacie, citons encore les exemplaires
du comitat hongrois Bereg dont l'un avec deux orifices latéraux de chaque
côté et trois sur la soie de la poignée (comme à Drajna, mais moins droite,
ce qui lui donne un aspect de variante) ; la deuxième a deux trous de
chaque côté et cinq trous dans la soie de la poignée 2 ).
Parmi deux autres 3 ), l'une est large et droite comme les nôtres (à deux
trous de chaque côté et un seul dans la soie de la poignée), l'autre quoique
du même type, a une silhouette d'épée du type II a Naue prononcée, type
qui, d'après Naue, a évolué à partir du type de nos épées et se trouve fré
quemment dans toute la seconde moitié de l'époque du bronze 4 ). A signaler
ici un exemplaire similaire de la Pologne occidentale (ayant deux trous de
chaque côté et deux dans la soie de la poignée) 5 ).
Du grand dépôt-fonderie de Spâlnaca, (Tiansylvanie), quelques frag
ments au moins sont sûrement du type des nôtres 6 ), ajoutant encore une
note de similitude d'inventaire, qui, comme on le verra, n'est pas unique, mais
compte au contraire parmi les nombreuses notes qui font que ce dépôt-fon
derie soit des plus resemblants au nôtre.
Voici dans quel cadre de faits il convient, à mon avis, de présenter de
suite l'épée qui, sans être de Drajna, est quand même d'en deçà des
Carpathes, de Bucium, près de Iassy, épée qu'une chance heureuse m'a
permis d'identifier pour la première fois, il y a 9 ans, mais que je n'ai pu
malheuresement acquérir pour notre Musée, faute des fonds nécessaires
(fig. 3) ' ) .
D'une longueur de 0,785 m. et d'une largeur maximum de 0,050, avec
deux rivets de chaque côté et cinq autres traversant la soie de la poignée
même, pesant 625 gr., l'épée des environs de Iassy, par l'élégance de sa
forme et sa perfection technique (sa surface est recouverte d'une splendide
patine verdâtre), occupe une place spéciale et significative parmi toutes
celles présentées plus haut. Un peu moins que les épées similaires de Drajna
et d'ailleurs, citées par nous, avec la soie de la poignée plus longue, l'épée
Fig. 3. de Bucium a sa nervure médiane encadrée par deux autres nervures paral
lèles et d'une grande finesse.
e
') Ibid., pi. CCXVII, fig. 1—9. ) Cf., par exemple, Hampel, II, pi. CXLIV,
«) Hampel, II, pi. CLXXI, fig. 4 et 3. fig. 22—24 avec les premières de nos épées, ou
3
) Ibid., pi. CLXXX, fig. 13 et 10. Hampel, fig. 5 et 6 avec nôtre fragment 3; de
*) Naue, op. cit., p. 20; Atlas, pi. IX, fig. 2. même fragment 1 et 19 de Hampel avec nôtre
5
) Dr. Josef Kostrzewski : Wirlkopolska w czasach fragment no. 4.
7
przedhistorycznych, Poznan, 1919, p. 61, fig. 174. ) L'épée, considérée alors comme une falsifi-
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356
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE Dl BRONZE EN ROUMANIE
Un peu plus récente, par conséquent, que les nôtres de Drajna-de-jos, elle me
semble, par dessus tout, un nouvel exemple des surprises que nous réserve encore le
sol et l'avenir. Ceci jette une lumière spéciale, indiquant le provisoire, sur les théories
que l'on émet, tant que le matériel afférent de tant d'endroits est encore aussi réduit ou
fait complètement défaut.
*
De beaucoup plus nombreuses et presque toutes entières, ont été trouvées à Drajna-
de-jos les lances au nombre de 16. S'il faut en croire notre informateur, pendant
que les faucilles (de la seconde découverte) étaient arrangées en cercle, les pointes de
lance se trouvaient rangées au milieu.
Leurs dimensions ainsi que leurs données principales sont les suivantes:
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a y.
1 Entière 14 116 38 16x13 1 2 71 PLI]Uig.l belle patine verte
2 Pointe un peu brisée 11 126 30 16 x l 3 2 88 » » 2
3 » 35 128 33 17 x l 4 2 83 » » 3 les 2 trous brisés
4 » 36/41 158 34 17 x l 7 2 119 » » 1
5 » 12 161 34 18x16 2 113 » » 5
6 Entière 13 132 30 12 x l 2 2 79 » » 6 un des trous fort brisé
7 » 44 116 30 16 x l 5 2 69 » » 8
8 » 38 142 32 16 x l 5 2 87 » » 9 un des trous brisés
9 Brisée en deux 42/43 132 31 12 x l 2 2 70 » » 10
10 Lame part, brisée 37 122 40 17 x l 7 2 98 » » 11 l'un des trous brisé :
largeur quand elle
était entière
11 Entière 8 135 33 21 x l 9 2 103 » » 13 deux brisures près
des trous
12 » 40 137 42 18 x l 7 2 106 » » 11 un trou brisé et un
creux
13 » 10 123 32 17 x l 6 2 65 » » 1S deux brisures sur les
côtés.
14 » 39 146 42 18 χ17 1 92 » » 1(> le trou unique est
brisé
15 Pointe brisée 33 216 36 — 132 » » l\
lf Brisée à la douille 5 271 58 —
1- 221 » » 1 2 bien conservée
Nous sommes en présence, je crois, de deux types de lances et d'une forme à part
qui toutes, si elles n'apportent rien d'exceptionnel dans l'entière l'étendue de la Dacie
et de l'Europe du Sud-Est, sont d'autant plus caractéristiques, que nous les trouvons,
pour la première fois, en plus grand nombre au Sud des Carpathes, de même en une
compagnie d'inventaire qui, encore une fois, consolide notre dépôt comme t e l 1 ) .
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357
I. AINDRIESESCU
(fig. 5 et 6) ont été trouvées, comme à Drajna- dans un milieu hallstattien (Hampel, I I I . pi. CXC.V).
de-jos, a côté de faucilles à bouton (fig. 14—18) De semblables exemplaires ne manquent ni au
— à Drajna une seule, et des faucilles à languette Sud du Danube. Nous pouvons noter le dépôt de
(fig. 12) — à Drajna aussi une seule; — à côté Mackovac, en Bosnie du Nord, avec un fragment
aussi de trois haches à douille (fig. 2—4) — à de lance en bronze, accompagné de quatre faucilles
Drajna, 1 8 , — dont une (fig. 3), de même qu'à (à languette, deux entières et deux fragmentaires),
Drajna, avec la ligne de l'embouchure concave. ainsi que de quatre haches à douille — «de forme
Il est certain toutefois que le plus riche et le plus hongroise» (ungarischer Form) s'exprime Fiala, qui
complet inventaire est toujours celui de Çpalnaca, publie le dépôt (Wissensch. Mitteil. v. B. u. II.,
district Alba-de-jos où, quoique en petit nombre, V I , 1899, p . 141 et 142 avec pi. VI). De même la
les lances ne font pas défaut, quelques-unes assez lance et la hache à douille, trouvées, cette fois-ci
ressemblantes aux nôtres. Hampel, II, pi. CXLIV, dans un tombeau avec d'autres objets, parmi
fig. 30—32 et 33—44. lesquels un poignard en bronze, dans la localité de
Des fers de lance, des haches à douille et des Tesanj, en Bosnie ( Wissensch. Mitleilungen aus B. u.
faucilles (à languette, du type desquelles une seule H., X I , 1909, p . 60 et suiv.,fig, 11 et 10 (26 et 27).
à Drajna) ont aussi été trouvés ailleurs, dans les La manière vague de dater de Truhelka acquiert,
comitats de Tolna et Zala (Ilampel, I I , pi. CLI et je crois, dans le cadre des faits présentés par nous,
CLV) ; une lance simple avec une hache (la ligne un point d'appui d'une utilité plus réelle, que la seule
de l'ouverture longitudinale, concave) et plusieurs poursuite comparative des motifs ornementaux, qui
faucilles à bouton, — aussi a Bezdad en Zabal{i décorent également la belle hache à douille, le
(pi. CLVI); pour /.iliaiti voir aussi Hampel, I I I , morceau de bronze, conservé dans une gaine en
pi. CCXXIX — CCXXXIV, avec une série com bois (pourrie), de l'intéressant poignard, qui,
plète de lances, une épée du type des nôtres, de comme un autre, de Debelo brdo (Wissensch.
nombreuses faucilles (la plupart à languette, mais Mitt. aus B. u. H., IV. 1896, p. 61, fig. 162),
une toutefois à bouton), de nombreuses haches à en nul cas ne peuvent être étrangers à notre
douille (les unes avec la ligne de la douille concave). milieu (déterminé par le type d'épées citées plus
Que l'on compare également les riches inventaires haut), ainsi que le disque ornemental (Zicrbuckel)
similaires de Borsod (Hampel, I I I , pi. CCXVI et ou les fragments de vases conservés du même
CCXVII: beaucoup de lances et de haches avec la tombeau. Ce n'est pas le lieu convenant à de pa
douille longitudinale concave) et Vas., ibid., pi. reilles discussions. — Nous nous dispensons de citer
CCXXXV — CCXL: lances et haches à douille lon des lances trouvées isolées, même semblables avec
gitudinale, faucilles et fragments d'épées. Λ Nagy- l'un des types de lances trouvées à Drajna, parce
dem, dans le comitat de Veszprém, les lances persis qu'elles ne disent presque rien pour l'encadrement
tent à accompagner les haches à douille et les faucilles stylistique ou chronologique de notre dépôt.
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358
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
lances retrouvées à Drajna-de-jos. C'est une pointe de lance vraiment solide quoique
de petites dimensions. Perforée par deux trous, la douille conique, dans laquelle se fixe
le bois de la lance se prolonge presque jusqu'à l'extrémité de la pointe.
De dimensions variables, notées plus haut, les lances suivantes (pi. I I , fig. 2—6, 8
et 9) appartiennent en tout au même type, que la lame soit plus ou moins effilée et étroite
ou que le prolongement de l'orifice dans
lequel pénètre la hampe de la lance ait
quelquefois des dimensions assez grandes
par rapport à la longueur de la lame. Ce
qu'il faut mentionner, de plus, c'est que
les deux lignes du contour latéral de la
lame se prolongent le long de la douille,
non seulement jusqu'aux trous de rivets
par lesquels on fixait la lance à la
hampe, mais jusqu'à son bord. Le profil
de la douille a ainsi la forme d'un cercle
légèrement écrasé dans la direction des
bords du contour de la lame ' ) .
Une seule fois, à Drajna-de-jos, la
lame en forme de feuille ne se pro
longe pas du tout le long de la douille
qui, dans ce seul cas, a un contour de
cercle parfait (pi. I I , fig. 11).
De forme plus gracieuse en ce qui
concerne le contour de la lame, les
lances que nous avons rangées dans le
type 2 ont un ou deux filets sur les côtés
de la nervure médiane (pi. I I , fig. 13 —15
et 12). Le dernier fer de lance (pi. I I ,
PI. IL
fig. 12) est le plus grand parmi ceux
trouvés à Drajna. L'arête médiane, avec un relief précis, à nervures parallèles par
tiellement à l'arête médiane, partiellement avec la rotondité proéminente de la lame,
se distingue fort bien.
De même et toujours pour ce fer de lance, quoique la ligne du contour de la lame se
prolonge jusqu'au bord inférieur de la douille qui recevait la hampe., cette douille a
quelquefois un contour circulaire plus exact que les fers de lance du type 1.
Une seule parmi les pointes de lance trouvées à Drajna (pi. II, fig. 7), quoiqu'elle
ait le contour des fers de lances no. 2, et même avec un rétrécissement de la feuille vers
sa pointe, n'a aucune espèce de nervure.
l
) Les 2 trous de rivets de la lance (fig. 3) parfait, mais les parois de la douille sont plus
se sont r o m p u s et élargis irrégulièrement, certai épaisses, constituant un profil du cercle aplati légè
n e m e n t à cause de l'usage. De même quelques-uns r e m e n t dans la direction de la largeur de la lance ;
des trous des lances représentées dans les fig. 6, c'est le même cas pour le fer de lance représenté d a n s
9 et 1 1 . L a douille d a n s laquelle s'enfonçait la la pi. I I , fig. 6 et 10, mais avec des parois de la
h a m p e de la lance pi. I I , fig. 4, a un profil de cercle même douille beaucoup plus minces.
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359
I. ANDRIEÇESCU
Sans doute les 13 haches à douille, 1rs 2 haches à douille transversale, les 2 haches-
marteaux à douille transversale, enfin l'exemplaire auquel nous ne t r o u v o n s p a s d ' a u t r e
dénomination appropriée q u e celle de sceptre de commandement à douille transversale,
sont beaucoup plus caractéristiques q u e les pointes de lance, a u t a n t pour l'encadrement,
plus précis de n o t r e dépôt, q u e pour le caractère spécial de son inventaire.
Nous les décrirons à tour de rôle, en p r é s e n t a n t d'abord dans le tableau ci-joint
leurs dimensions et leurs données principales.
- e G
taire de l'ob
No. d'inven
tranchant en
Largeur du
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N A T U R E D E LA
1) V
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0H 1 ( >IPS<T\ niions ')
1
1 H a c h e à douille 20 116 29 x 23 48 légère, c o u r b e 297 PI. I I I f. 1 avec
0
2 » Λ » 6 132 30 x 20 46 » » 259 » » »
3 >> » » 26 139 31 x 2 3 49 presque droit 352 » » 3 »
4 » » » 19 135 34 x 2 3 48 droit 425 » » 4 »
5 » » » 22 135 34 x 23 48 » 436 >> » 5 »
6 1) » » 29 135 33 x 23 48 » 430 » >> 6 »
7 » 1) » 21 146 36 x 2 7 55 presque droit 462 » » 7 brisés
8 » » » 27 105 27 x 2 5 35 sans t r a n c h . 352 » » 8 sans
9 » » » 28 135 34 x 2 3 48 droit 432 » » 9 avec
10 » l> » 23 134 34 x 2 3 48 » 433 » » 10 Λ
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360
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'AGE DU BRONZE EN ROUMANIE
Aux haches du type 1 comme à celle du dernier, la douille ne s'étend pas j u s q u ' à
la même distance du t r a n c h a n t . Dans un seul cas, la hache—soit dit en passant—fortement
usée, comme u n m a r t e a u , possède une longueur presqu'égale à la douille qui la
longe (pi. I I I , fig. 13). Souvent la douille s'étend jusqu'au-delà de la moitié de la
*v*^
361
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I. ANDRIKÇKSCU
longueur des haches. C'est le cas pour q u a t r e de nos haches (pi. I I I , fig. 1 — 3 et 7).
Pour les autres huit, la douille va j u s q u ' à la moitié de la longueur des haches (pi. I I I ,
fig. 4—6 et 8—12).
En ce qui concerne l'extérieur, aucune de nos haches n'est décorée d'un ornement
a u t r e que celui de deux haches à bords droits, ainsi que les désignent les archéo
logues français, ornement dont sont nées des arêtes, p r e n a n t quelquefois l'aspect de
nervures (pi. I I I , fig. 4—6 et 9—10). C'est clair et je crois inutile d'insister, malgré la
faible différence qui me sépare de Mortillet et de Déchelctte, sur le point d'établir que
telle a été probablement l'évolution des haches de cette v a r i a n t e , du moins chez nous.
Dans l'étendue de l'époque du bronze IV (Montélius-Kossinna) les haches de Drajna
de-jos représentent, par r a p p o r t aux nombreuses haches similaires de notre voisinage,
une phase beaucoup plus rapprochée de l'évolution de ces instruments p e n d a n t l'épo
que antérieure. T a n t de dépôts en témoignent.
La partie supérieure des haches originaires (que nous pouvons reconstituer mentale
ment presque pour chacun de nos exemplaires) se terminent le plus souvent a u x bords
IIIIII
le bord de la douille (pi. I I I , fig. 1 et !
8). C'est une a u t r e question de savoir
si cette a u t r e v a r i a n t e est lypologi-
q u e m e n t antérieure ou postérieure à
la précédente. Il est toutefois certain,
min·
et les dépôts le confirment, que les
haches du type I I sont les dernières
de la série.
Nous avons noté dans le tableau
général lesquelles des haches ont des,
anses ainsi que celles qui n ' e n ont p a s .
L'exemplaire (pi. I I I , fig. 8),
faute d'anses fondues en même t e m p s
que lui, a un t r o u latéral élargi p a r
l'usage et u n renfoncement de l'autre
côté, renfoncement qui n ' e s t q u ' u n
essai de p e r c e m e n t postérieur à la
coulée.
quatorze petits cannelures ayant de même leur effet décoratif. La 2-e hache ne possède
aucun ornement.
H. IV.
4
*) Julie Schlemm, Worterbuch ZUT Vorgeschichte, ) Op. cit., III, p. 51, avec des moules.
U
5
p. 632: «Beile mit geschwungenem Blatt und ) Op. cit., p. 12, fig. 19 et p. 179, fig. 433.
Schafthùlse». ·) Wissenschaft. Mitt. a. B. u.JH., XI, 1909
2
) V. Dacia 1: I. Andrieçescu, Les fouilles de p. 43 si pi. XIV.
Sultana, pi. VII, fig. 5 ou pi. VIII, fig. 5 et pi. ') Ibid., p. 44—45.
8
VII, fig. 14 ou pi. VIII, fig. 15. ) Wiss. Mitt. a. B. u. H., XI, p. 54 et pi. XV
3
) Fr. v. Pulzky: Die Kupferzeit in Ungarn fig. 1 - 9 .
p. 68 et suiv., avec la théorie jqui cependant doit ») /</., p. 55 et pi. XV, fig. 10 et 11.
10
être vérifiée de leur rareté à l'époque du bronze. ) Sur l'âge du bronze en Roumanie, p. 6 et suiv.
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365
I. ANDRIESESCU
366
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
qu'un ensemble similaire ait été trouvé dans un dépôt du comitat de Tolna ») en Hon
grie, comprenant cette fois-ci une hache plus rapprochée de l'autre variante: Grica-
Kozarac-Sinaïa-Bulgarie 2 ), variante intermédiaire entre celles b et c de Schlemm, à
côté, parmi d'autres, de deux haches toujours du type à bords droits, voir même d'une
épée caractéristique, qui, ainsi que les haches à bord droits font dater le dépôt à
la ΙΙ-e période de l'époque du bronze (Montélius, Kossinna).
Commençant à varier par son allongement d'un côté, ainsi que nous l'avons vu.
la manchette variera aussi du côté opposé. Avec cela nous dépassons de beaucoup
les variantes établies par Schlemm, pour arriver à notre exemplaire de Drajna-
de-jos, qui a été notre point de départ.
Nous pouvons poursuivre le changement pas à pas comme auparavant.
Un exemplaire de hache de Pârscov (Buzàu) 3 ), — difficile à placer autrement,
mais si natuiel dans le cadre de notre énumération typologique, — a la manchette droite
d'un côté et prolongée de l'autre ; mais en ce dernier point en angle droit par rapport
à la ligne horizontale du tranchant et sans échelon intermédiaire, comme c'est le cas
pour les haches de Sinaïa ou de Bulgarie 4 ). Deux des trois haches en or de Tufalàu
(Czôfalva), qui ont été égarées 5 ), ont la manchette parfaitement droite d'un côté, mais
prolongée de l'autre côté par un échelon intermédiaire d'un contour toutefois beaucoup
plus souple que dans le cas de Sinaïa et de Bulgarie. Vient ensuite la variante où le
manchon se creuse d'un côté, devenant beaucoup plus concave que les variantes
citées antiéreurement (la 2-e de Sinaïa, c et d de Schlemm, ou celle de Pulszky, p. 71,
fig. 1 et Hampel, p. 51, fig. 6), de Bosnie et de Bulgarie. C'est le cas où l'autre
côté du même manchon prend une forme de plus en plus fine, soit que la lame de
la hache reste droite comme avant, soit qu'elle prenne un aspect beaucoup plus élancé
et harmonieusement recourbé. Ici prendrait place, d'une part la moule de la hache à
douille transversale trouvée à Troie VII 6 ), d'autre part l'exemplaire de Ugarcin,
1
) Hampel, I I I , pi. C C X X I I I , fig. 1 avec 2, 3 bronze ou en cuivre, tout d'abord, dite hache
et 6. d'armes à trou d'emmanchure transversale de
2
) Max E b e r t : Reallex. I L , pi. 100, fig. c. Russie, musée de Tsarskoeselo, citée par G. et
') C. Moisil: Collections particulières d'Antiquités A. de Mortillet, (Musée, pi. X C I X , fig. 1327)
en Roumanie, (Colec^mni particulare de Antichitâ^i qui même comme forme est étroitement sem
în România). E x t r a i t du Œul. Comis. Monum. Hist.», blable aux nôtres, ensuite la hache en bronze
1911, p . 8, fig. 4. à trou transversal, mais d'une technique de
*) Il faut noter à cette occasion que la hache en beaucoup supérieure, de l'île de Chypre, présentée
bronze de Pârscov n'a pas le bord de la douille déjà par Montélius, (Die Chronologie, p. 253, p.
rehaussé par deux bourrelets seulement, mais bien 367).
par un troisième d'intermédiaire. Leur explica Nous nous abstenons d'insister en ce moment
tion la plus plausible me semble ressortir de sur les suggestions qu'elle nous inspire.
5
l'impression de puissance et de sûreté de l'em ) Max E b e r t : Reallexikon der Vorgeschichte, I I ,
manchement, représentant ou simulant l'atta 1925, pi. 171, fig. c et d.
e
chement, comme le bouton du dessus qui mar ) H . Schmidt: Heinrich Schliemanns Sammlung
que la fixation. Il est intéressant de noter qu'un Trojanischer Altertiimer, fig. 267, no. 67, 6 8 ;
bouton semblable se voit exactement au même Dorpfeld: Troja u. Ilion, Athen, 1902, p . 408 et
endroit sur l'une des haches en cuivre de Grica 4 0 3 ; Max E b e r t : Reallexikon, I I , 1925, pi. 74
(Wissensch. Mitt. aus B. u. H., X I , pi. X I V , fig. fig. h; V. P â r v a n : Dacii la Troia, dans «Orpheus»,
4). E n ce qui concerne les bourrelets, je ne puis I I , 1926, séparément, p. 5, fig. 3.
donner d'autre parallèle que la hache en
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367
I. AÏNDRIEÇESCU
de Bulgarie1), les deux exemplaires de Moldavie (sans pouvoir les situer d'une manière plus
précise) 2 ), un exemplaire de Nehoi (de Buzau)3), de même que le 3-e exemplaire en or de
fufalàu 4 ). Nous faisons asbtraction des ornements de l'exemplaire de Nehoi et de fufalâu.
Enfin, ces haches à trou transversal prennent leurs derniers aspects de variante
lorsque, aussi bien la partie supérieure que la partie inférieure du manchon passe de
beaucoup au delà de la ligne horizontale de la lame. Un exemplaire de Hongrie a la
lame droite et la partie inférieure de la manchette un peu plus longue que la partie
supérieure, sans autre détail r'). La 4-e hache en or de Tufalàu a les deux parties de la
manchette à peu près égales, massivement incurvées, en accord avec la courbure har-
s 1
monieuse de sa lame 6 ).
Typologiquement, notre hache de Drajna-de-jos, de laquelle nous sommes partis, avec
la bifurcation de la partie inférieure de la manchette, perforée de chaque côté d'un trou
rectangulaire, ne peut être, à mon avis, que le dernier terme de l'évolution présentée plus
haut. Conséquent avec cette énumération, je dois placer, après cette hache, comme
forme et comme époque, la seule de ce type qui d'après nos informations nous soit encore
restée : l'exemplaire hongrois publié par Hampel (II, pi. CLXXIV, fig. 1 a et 1 6 ) ; en
i f t^m/ dehors d'autres traits, ce n'est que de cette façon que nous pouvons nous expliquer l'ap
pendice qu'il possède à la partie inférieure, prolongée et bifurquée de sa manchette.
', fj ΙΡ^ΛΚ Revenant à notre description, nous trouvons tout aussi caractéristiques à Drajna-
,<v^
. i de-jos les deux dernières haches-marteaux à douille transversale ou haches d'Ormes
, / à douille transversale (pi. III, fig. 16 et 17 ou pi. IV, fig. 3 et 3 σ ainsi que 4,4 σ et 4 h ) ;
u
■** de même que le sceptre de commande à douille transversale, cité plus haut (pi. III,
fi
v
Ifh^r 8· 18 ou P1· IV' f i s · 5 ' 5 a et 5 ό
)·
' ill i fi VX^\^ /?> î D'un t v P e c ° n n u e t déjà classé par Gabriel de Mortillet7) (d'ailleurs comme appar-
y /tenant toujours à la Hongrie), les haches marteaux à douille transversale de Drajna-
n Q î StΛ^Ί^ί^Λ de-jos, correspondent en tous points à celles bien connues comme telles, — sous le
tjl·' réserve que d'après la croyance générale admise jusqu'à maintenant, l'aire où elles
ont été découvertes ne dépasserait pas vers l'Est les limites de la Hongrie d'avant
/Γ/ίΥΐ/ / il """ guerre, — c-à-d. les Carpathes 8 ). Ce n'est pas d'ailleurs la faute d'une insuffisance
_y^I . Y ' ) Max E b e r t : Reallexikon der Vorgeschichte, I I , Acxtc mit angegossencr Schafthulsc. P a u l Reinecke
L· VA (JA- t ^ J i Γ 1925, pi. 102, fig. e. les appelle: Streithammer mit Scheibe (apud
) Bulletin de la société archéologique bulgare, Schlemm).
v^}*
. ^jWi I I I , 1912, p . 88, fig. 67 et 68. «Par leur forme Plus intéressantes sont les considérations de
ces haches appartiennent au t y p e connue des G. Kossinna q u i , en parlant de cette sorte d e
y/ |\ιΤΓ*" " haches hongroises» d i t A. Tchilinghirow qui les haches-marteaux de la 2-e période de l'époque d u
I wrç I f j p ^ " ^ i publie. bronze d i t : «Au contraire des objets bien meilleurs
3
V\ \J n \ C ) ^ ' M m 8 " · Colecfiuni particulare, p . 8, fig. 3, (qu'en Suisse, France e t Angleterre), — quelques
A r r^, I * 3 a et b. uns même étant jolis, fins et même splendides d'une
4
) Reallexikon, I I , 1925, pi. 171, fig. b. manière frappante, se trouvent chez les h a b i t a n t s
6
) Hampel, I I I , p i . C C X L V I I I , fig. 2. de la Hongrie, qui tenaient pour la plus grande
6
) Reallexikon, I I , p i . 171, fig. a. La même re- partie de la race des Aryens du Nord, à savoir des
produite déjà par Gr. Tocilescu: Dacia înainte de Illyriens (Hongrie d u Nord, de l'Ouest et moyenne) ;
Romani, Bucuresti, 1880, p . 443 et pi. I I , fig. 15 en u n e moindre mesure (dans la Hongrie de l ' E s t
* ou p a r G. et A. de Mortillet: Musée, pi. X C I X , et du Sud), cette population tenait de la race
fig. 1326. des Aryens du Sud ou, m a i n t e n a n t , après l'émi-
7
) Classification et Chronologie des haches en gration de leur noyau vers l'Est, plutôt des
bronze, p . 7 1 , fig. 8. Aryens de l'Est à savoir de la tribu thracique v .
8
) Julie Schlemm, op. cit., p . 490 e t suiv., a r t . G. Kossinna: Die deutsche Vorgeschichte, p . 60, fig.
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NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
d'information. Une hache-marteau de ce genre a été trouvée très tard dans notre
ancien royaume. C'en est une de Nehoï, du district de Buzâu, publiée à peine en 1911 *).
Le trou transversal de nos haches est comme un tube massif qui se croise avec la hache-
marteau poprement dite. Celle-ci, à son tour, possède d'un côté et de l'autre de ses plats, à
peu près à son croisement avec l'orifice transversal, une saillie d'arrêt horizontale, assez
élevée (comme cellà se voit surtout dans la pi. IV, fig. 4 a), trace de caractère pur
ornemental, à présent, des mêmes saillies des haches dites à talon des temps antérieurs.
L'ornement aussi joue maintenant un certain rôle. Nous le rencontrons sous la
forme de nervures obliques sur les bords épaisses des trous, des deux haches-marteaux
de Drajna-de-jos, même lorsque cet épaississement variait d'une hache-marteau à
l'autre. C'est avec la même technique et le même soin, mais avec un ornement plus
compliqué, que sont décorés les grands boutons des deux haches, qui s'opposent à leurs
tranchants, leur attribuant de la sorte la qualité des marteaux. Leur surface est par
tagée en quatre ou trois petits champs remplis de nervures parallèles entre elles, sé
parées par de petits creux. Un autre détail intéressant, c'est que ni le partage de la sur
face ni la direction des nervures ne se répètent exactement (pi. IV, fig. 3 a et 4 b).
Exactement de même forme mais de dimensions différentes, la moins élancée des
deux haches est aussi la plus lourde.
S'il est vrai que les haches-marteaux de ce type se rencontrent dans l'Europe
centrale et dans l'Europe du Nord déjà dans la période II de l'époque du bronze (Kos-
sinna) *), en Pologne dans la période II et III (Kostrzewski) :î ), d'après moi les exemplaires
de Drajna-de-jos nous ne pouvons nous les imaginer, ni comme formes, ni chrono
logiquement, qu'en liaison avec tous les autres éléments d'inventaire comme nous
avons procédé jusqu'à présent.
Plus concluante que la similitude remarquable de nos exemplaires avec certains
autres de l'Occident publiés par Hampel 4 ), me semble être la présence simultanée
d'éléments d'inventaire que nous rencontrons, une fois dans le comitat hongrois de Bereg,
où, à Tôkés, a été trouvée une hache-marteau semblable, en même temps qu'une hache
à douille 5 ), — donc à peu près comme à Drajna; — une autre fois et beaucoup plus
près, à Panticeu (Panczélcseh) dans le dép. de Solnoc-Dobâca, on a trouvé deux frag
ments de pareilles haches-marteaux, avec d'autres éléments d'inventaire présents aussi
à Drajna-de-jos: fers de lance, plusieurs haches à douille, dont l'une à ouverture
concave (à Drajna de même), plusieurs faucilles à bouton (à Drajna une seule) et une à
languette 6) (à Drajna de même).
126, 2—4 et 127, 1. De même Tallgren, parlant p. 443 et suiv. pi. C, fig. 13 et 28.
L
des haches de la Russie, dites du type de Pinega, ) Op. cit. Nous avons vu que c'est le même cas
les relie à celles «de type hongrois» («je crois que avec nos épées.
ce modèle se rattache à des types plus méri- *) J. Kostrzewski: Wielkopolska, p. 61 et pi.
dionaux, hongrois»): A.M.Tallgren, L'époque dite fig. 172—181, où l'on donne aussi deux épées du
d'Ananino, p. 127 et 128, fig. 92 et 120, 12. type et des variantes de celles qui ont été dis-
') C. Moisil: Colecpiuni particulare, p. 8, fig. 2. cutées en leur lieu.
4
Nous n'insistons pas ici sur les questions de détail. ) I I , pi. CLXXIV, fig. 3 a et 3 b ; I I I , pi.
Gr. Tocilesco qui avait utilisé tout le matériel CCXLVIII, fig. 1.
5
connu jusqu'à son époque (1880) cite et reproduit ) Hampel, I I I , pi. CXCIX, fig. 4 et 10.
f
seulement des exemplaires de Transylvanie et de ) Id. pi. CXL111, fig. 7 et 8 avec 5, 6, 2—4
Hongrie ; v. Gr. Tocilesco: Dacia înainte de Romani, et 12—18.
369
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24 Dacia I I 1925
V*
I. ANDRIEÇKSCl)
Les pièces les plus nombreuses du dépôt de Drajna sont les faucilles.
Au nombre de 199, elles peuvent être réduites à quelques types suivant spéci-
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370
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
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44 faucille à crochet 84 353 42 227 161 IV c PI. X , fig. 6
45 » » patte 85 297 29 142 124 III »> V, » 14
46 » » crochet 86 316 50 158 135 IV b »> VII, »> 39
47 » » )> 87 389 43 201 220 IV c » X, » 7
48 » >> patte 88 325 33 172 169 III » V, » 15
49 » » crochet 89 306 45 176 130 IV b » VIII, »> 1
50 » » patte 90 275 25 147 84 III » V, » 16
51 » » crochet 91 337 47 161 158 IV b » VIII,.) 2
52 » » » 92 275 38 152 91 IV b » VIII,» 3
53 » » » 93 335 43 176 152 IV b » VIII,» 4
54 » » patte 94 248 26 148 70 III » V, » 18
55 » » crochet 95 314 48 157 145 IV c » X, » 8
56 » » patte 96 279 23 126 85 III » V, » 17
57 » » croc lift 97 300 42 159 141 IV b »> VIII,» 5
58 » » » 98 326 44 168 145 IV h » VIII,» 6
59 » » » 99 335 48 155 140 IV c » X, » 9
60 » » » 100 324 48 220 184 IV c » X, » 10
61 » » » 101 299 44 170 155 IV b » VIII, » 7
62 » » » 102 341 47 156 150 IV b » VIII,» 8
63 » » » 103 246 39 132 113 IV a » VII, » 7
64 » » » 104 326 42 161 128 IV b » VIII, » 9
65 » » » 105 213 37 138 78 IV b » VIII,» 10
66 » » » 106 336 43 161 158 IV a » VII, » 8
67 » » » 107 262 38 148 110 IV b » VIII, » 11
68 » » patte 108 297 28 155 135 III » V, » 19
69 » » » 109 303 34 162 157 III » V, » 20
70 » » » 110 302 25 151 110 III » V. » 21
71 » » » 111 281 27 161 120 III » V, » 22
72 » » bouton 112 240 34 147 113 I » V, » 5
73 » » crochet 113 334 49 156 145 IV b i VIII, » 12
74 » » » 114 321 38 178 145 IV b »> VIII,» 13
75 » » » 115 335 44 172 150 IV c » X, » 11
76 » » » 116 343 46 182 176 IV a » VII, » 9
77 » » » 117 266 29 154 129 IV a » VII, » 10
78 » » » 118 270 37 187 96 IV c » X, » 12
79 » » patte 119 311 35 151 160 III » V, » 23
80 » >> crochet 120 390 53 176 280 IV c » X, » 13
81 » » » 121 323 48 159 155 IV b » VIII, » 14
82 » » patte 122 290 29 169 111 III » V, » 24
83 » » » 123 296 29 152 134 III » V, » 25
84 » >> » 124 263 23 129 86 III » V, » 26
85 » » » 125 286 28 170 97 III » V, » 27
86 » » crochet 126 323 41 162 148 IV b » VIII, » 15
87 » » patte 127 248 27 178 103 III » V, » 1
88 » » » 128 303 27 157 133 III » V, » 28
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372
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'AGE DU BRONZE EN ROUMANIE
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89 faucille à patte 129 193 25 45 III PL V, fig. 30 brisée
90 » » » 130 318 33 153 118 III » V, » 29
91 » » » 131 301 28 143 132 III » V, » 31
92 » » crochet 132 313 40 163 150 IV h » Mil. 16
93 » » patte 133 296 29 146 137 III »> V, » 32
94 » » » 134 279 24 128 81 III » VI, » 1
95 ■> » crachet 135 238 43 238 89 IV b » VIII,» 17
96 » » patte 136 299 27 149 118 III » VI, » 2
97 » » » 137 295 28 146 120 III i VI, » 3
98 >> » » 138 306 37 157 133 III »> VII, » II
99 » » crochet 139 332 46 169 144 IV b » VIII, » 18
100 » » » 140 287 37 164 102 IV b VIII,» 19
101 » » patte 141 275 26 207 67 III t V, » 3
102 » » » 142 277 26 196 86 III » V, » 2
103 » » crochet 143 339 48 157 138 IV b „ VIII, » 20
104 » » » 144 441 53 183 247 IV c » X, » 14
tonne tlifférenlr
105 » » » 145 265 24 135 77 — » VL „ 4
106 » » » 146 323 44 165 148 IV b » VIII, » 21
107 » » » 147 323 49 152 132 IV 1. i VIII,» 22
108 » » » 148 315 42 158 157 IV b » VIII,) 23
109 » » » 149 329 47 174 154 IV b » VIII,» 24
110 » » » 150 242 44 — 108 IV b » VIII,» 25
111 » » patte 151 287 28 149 128 III -> V I , » 5
112 » » crochet 152 278 47 — 161 IV c » X , » 15
113 » » » 153 210 48 — 89 IV b » VIII, » 26
114 » » » 154 198 41 209 90 IV b » V I I I , » 27
115 » » » 155 362 41 240 200 IV c » X, » 16
116 » » » 156 298 39 170 115 IV a » V I I , » 12
117 » » » 157 333 39 161 118 IV a » V I I , » 13
118 » » » 158 304 35 161 94 IV a . V I I , » 14
119 » » » 159 214 35 135 63 IV b » VIII, i 28
120 » » » 160 318 45 163 149 IV b » VIII,) 29
121 » » » 161 325 50 158 144 IV b » VIII,» 30
122 » » » 162 277 35 155 94 IV b i VIII,» 31
123 » » patte 163 274 26 139 87 III » VI, » 6
124 » » crochet 164 324 47 158 142 IV b » VIII,» 32
125 » » patte 165 295 30 143 114 III » VI, » 7
126 » » crochet 166 323 44 166 142 IV b t VIII,» 33
127 » » » 167 327 48 159 130 IV b » V I I I , > 34
128 » » » 168 380 52 179 246 IV c » X , » 17
129 » » patte 169 293 28 155 134 III » VI, » 8
130 » » » 170 281 24 133 94 III )) V I , » 9
131 » » » 171 290 29 148 130 III » V I , » 10
132 » » » 172 281 24 147 98 III i V I I , » 15
133 » » » 173 301 28 150 135 III » VI, » 11
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134 faucille à patte 174 282 23 133 86 III PI. VI, fi?. 12
135 » » crochet 175 302 33 184 107 IV a » VII, » ic
136 » » » 176 303 44 185 154 IV c « X , »> 18
137 » » » 177 360 41 175 185 IV b « VIII,» 35
138 » » » 178 293 38 168 112 IV a » VII, »> 17
139 » » patte 179 307 28 162 139 III » VI, » 13
140 » » crochet 180 327 42 162 136 IV a »> V U , » 18
141 » » » 181 332 40 169 126 IV h » VIII,» 36
142 » » » 182 326 44 163 157 IV b » VIII,» 37
143 » » patte 183 274 29 177 94 III » VI, » 14
144 » » crochet 184 336 45 168 135 IV b » VIII,» 38
145 » » patte 185 277 24 126 86 III » VI, » 15
146 » » » 186 319 28 169 122 III » VI, » 16
147 » » crochet 187 315 40 162 168 IV b » VIII,» :i9
148 » » » 188 321 44 163 150 IV b » VIII,» 40
149 » » » 189 320 45 163 150 IV b » VIII,» 41
150 » » » 190 322 40 177 165 IV b » IX, » 1
151 » » » 191 338 40 175 153 IV b » I X , .> 2
152 » » » 192 280 35 170 83 IV a » VII, » 19
153 » » ? 193 263 24 140 74 — » VI, » 17 [orme différente
154 » » crochet 194 293 39 185 128 IV b » IX, » 3
155 » » patte 195 303 26 159 124 III » VI, » 18
156 » » » 196 300 29 149 138 III » VI, » 19
157 » » crochet 197 323 50 170 162 IV b » IX, » 4
158 » » » 198 310 43 160 162 IV b » IX, » 5
159 » » » 199 295 38 166 113 IV b » IX, » 6
160 » » » 200 314 41 165 148 IV b » IX, » 7
161 » » » 201 333 49 170 157 IV b » IX, » 8
162 » » » 202 317 43 178 128 IV b » IX, » 9
163 » » » 203 323 47 175 143 IV b » IX, » 10
164 » » patte 204 296 30 172 105 III » VI, » 20
165 » » » 205 306 33 155 157 III . VI, » 21
166 » » » 206 295 28 149 132 III » VI, » 22
167 » » patte 207 331 31 165 162 III ' » VI, » 23
168 » » crochet 208 334 50 154 140 IV b » IX, » 11
169 » » » 209 366 53 203 240 IV c » X, » 19
170 » » patte 210 275 24 125 89 III » VI. » 24
171 » » » 211 306 31 165 144 III » VI, » 25
172 » » » 212 306 28 145 138 III » VI, » 26
173 » » patte 213 295 29 148 135 III » VI, » 27
174 » » crochet 214 310 40 157 159 IV b » IX, » 12
175 » » » 215 315 42 158 159 IV b » IX, » 13
176 » » patte 216 330 30 176 169 III » VI, » 28
177 » » crochet 217 342 43 164 130 IV b » IX, » 14
178 » » patte 218 251 30 154 127 III » VI, » 29
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NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'AGE DU BRONZE EN ROUMANIE
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') E . Chantre: L'âge du bronze, I, 66 et suiv.. dans «Zf. fur Ethnologie», 1904, p. 416 et s u i v . ;
I I , 125 (faucilles à bouton, f. à talon, f. à languette, H . Schmidt cite l'édition plus ancienne de Mor
f. à rivets, f. à côtes transversales). E. Desor et tillet; dans l'édition de 1903 les planches corres
L. F a v r e : Le bel âge du bronze lacustre en Suisse, pondent aux planches L X X V e t L X X X I I I .
1874, p . 2 2 ; S c h u m a n n : Boit. Stud., N . F. IV, Montelius, en 1900 (Die Chron. d. àltest. Bron-
1900,· p. 1 4 8 ; Die Kultur Pommerns in vorgeschicht- zezeit, Braunschweig) s'occupe des faucilles e n
licher Zeit, p. 39 et s u i v . ; Cp. E v a n s : Bronze Im- passant et seulement de quelques exemplaires d e
plements, p. 194 et s u i v . ; L i n d e n s c h m i d t : Ait. l'Europe orientale.
unser. heidn. Vorze.it, I, 12, 2 ; K e m b l e : Horae L a classification de H . S c h m i d t a été adoptée
ferales, p. 162 s u i v . ; Mortillet: Musée préhistorique, ensuite par J . S c h l e m m : Wort. zur Vorgeschichte,
p. L X X et L X X V I I I (se ralliant plus étroitement p. 550 et suiv., art. Sicheln et prise en considération
à la classification de Chantre). Cf. H u b e r t S c h m i d t , par J. D é c h e l e t t e : Manuel d,archéol. prêhist., II,
Der Bronzesichelfund v. Oberthau, Kr. Merseburg, 2, 1910, p. 267.
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I. ANDRIESESCU
recourbée et munie d'une seule nervure longitudinale lui affermissant le dos, notre
faucille correspond parfaitement au type II β déterminé par H. Schmidt que l'on
rencontre en maint endroit de l'Europe septentrionale et centrale.
Différemment d'autres trois variantes, le bouton a la forme habituelle et se trouve
au coin de droite de la partie inférieure de la faucille ').
Phis intéressante pour nous que la dispersion en Europe de ce type de faucilles
est bien sa présence à des endroits plus rapprochés de notre région.
Parmi les endroits illustrés par Hampel comme étant compris dans l'ancienne
Hongrie, il en est où ce type fut découvert exclusivement *). Dans certains autres,
toutefois, de même qu'à Drajna-de-jos, on a trouvé des faucilles de ce type associées
à des faucilles de type différent :! ), ce qui nous aide d'autant plus à définir le carac
tère de notre dépôt. Il faut ajouter, à part cela, qu'on a découvert également dans cer
tains endroits d'autres éléments d'inventaire, présents à Drajna aussi ou qui, n'étant
pas représentés à Drajna, n'en sont pas moins des éléments précieux de caractérisation
typologique et chronologique.
Aussi voyons nous par exemple qu'on a trouvé à Panticeu (Pânczélcseh), distr. de
Solnoc-Dobâca (Hampel, I I , pi. CXLIII), en dehors d'un certain nombre de faucilles
à bouton (fig. 13—18), une à languette, telle qu'à Drajna (fig. 12), de même que deux
pointes de lance (fig. 5 et 6) toujours tels qu'à Drajna, voire même trois haches à
douille (fig. 2—4), dont une à bord concave (fig. 3).
Beaucoup plus intéressant à notre point de vue comparatif est le grand dépôt-
fonderie de Spàlnaca (Ispânlaka), distr. Alba-de-Jos (Hampel, op. cit., I I , pi. CXLIV—
CL), où furent trouvées non seulement des faucilles de tous les types rencontrés à Drajna,
mais bien aussi d'autres éléments d'inventaire qui, représentés ou non représentés à
Drajna, constituent des éléments caractéristiques d'encadrement de notre dépôt 4 ).
En ce qui concerne les faucilles, la plupart de celles de Spàlnaca sont précisément
du type à bouton (type II Schmidt, Hampel I I , pi. CXLVII, fig. 1—20, 23—32) cor
respondant à notre faucille de Drajna, où elle se trouve en un seul exemplaire. On trouve
à Spàlnaca en deuxième lieu les faucilles à languette (Hampel, pi. CXLVII, fig. 33—38 ;
pi. CXLVIII, 14, 16—34), dont quelques-unes tout pareilles à notre faucille de ce type,
représentée à Drajna par un seul exemplaire également et que nous rangerons sous
le type II (pi. V. fig. X). Beaucoup moins nombreuses sont à Çpâlnaca les faucilles à
') a: der Knopf sitzt quer in der Mitte des C X V I , 2 4 — 2 6 ; C X X I I , 2 9 — 5 4 ; I I , C X L I I I , 12,
Griffrandes; /;': der K n o p f h a t die gewôhnliche 13—18 ; C X L V I I , 1—20, 23—32, 33—38 ; C L X X I I I ,
F o r m u n d sitzt a u c h in der r e c h t e n , oberen E c k e 11, 10, 1 2 ; I I I , CXCVI, 22, 25, 27, 20—24 ( s u r t o u t
des Griffendes; y: m i t 2 Knôpfen in d e n E c k e n 2 1 ) ; CCIV, 10—12, 14, 15, 1 9 ; 13, 16, 17, 1 8 ;
des Griffrandes; à: der Knopf ist noch m e h r C C X X X I I I (parmi 36 fragments de faucilles à
n a c h der u n t e r e n . in der Schneide gelegenen E c k e l a n g u e t t e , d e u x seulement, n o . 16 et 25, du t y p e
des Griffrandes verschoben, als bei Variation a», à bouton).
4
Op. cit., p. 444. P o u r la dispersion de ce t y p e en ) Épées et pointes de lances ( H a m p e l , I I , pi.
E u r o p e , ibid., p . 432 et n o t e 5. f\ C X L I V ) ; haches à douille et haches au bord con-
2
) J . H a m p e l : A bronzkor, I, L X L V , 2 0 ; C X I V , cave ( H a m p e l , I I , pi. C X L V ; d ' a u t r e s éléments
5—10, 3 7 ; C X X , 1 1 — 1 9 ; I I , J C L X V , | 9 — 1 9 ; C L X , d'inventaire, pi. C X L V I , C X L I X et CL.— H .
4. Cf. H u b e r t S c h m i d t , op. cit., p . " 4 3 0 , n o t e 3. Schmidt observe u n e seule n o t e d i s c o r d a n t e ; c'est
3
) Des faucilles à b o u t o n trouvées associées à à propos de la hache à bords droits ( H a m p e l , I I ,
des faucilles à l a n g u e t t e : H a m p e l , I , L X X X I X , pi. C X L V , fig. 15) qu'il t r a i t e de «altes Eisen» Op.
11, 1 2 ; C V I I , 23—27, 2 1 ; C V I I I , 32—39, 4 1 ; cit., p . 440, n o t e 2.
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NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'AGE DU BRONZE EN ROUMANIE
crochet (Hampel, pi. CXLVIII, fig. 1—13), type qui, ainsi que nous le verrons, est re
présenté à Drajna par le plus grand nombre de faucilles.
Il convient de faire remarquer à cette occasion que deux des faucilles de Çpàlnaca,
rangées par Hubert Schmidt parmi les faucilles à bouton (Hampel I I , p . CXLVII,
fig. 21 et 2 2 ; H. Schmidt, op. cit., p. 430, note 3) n'appartiennentt pas à ce type, mais
à un type différent. Ce dernier, ainsi que nous le venons, est si bien représenté à Drajna,
qu'il mérite une place spéciale dans la typologie des faucilles en bronze de la Dacie et
de l'Europe sud-est. Aussi le rangerons nous sous le type I I I Drajna (pi. V I I — X ) .
Nous ferons toutefois, au préalable, quelques considérations à l'égard de notre
faucille type II à languette (Inv.
no. 79, pi. V, fig. 4).
Décrite comme type par H.
Schmidt ') et caractérisée pareille
ment par G. et A. de Mortillet 2 ),
ainsi que par Déchelette 3 ), notre fau
cille est une faucille à languette, à
triple nervure, sans trou de rivet, et
munie d'un talon qu'il faut distin
guer du «point de coulée» (Gusszap-
fen), la plupart du temps brisé et
dont les traces se trouvent à la hau
teur de la courbe de la faucille (H.
Schmidt).
Très simple, elle n'accuse aucune
des crénelures ou rainures garnissant
d'habitude la languette des faucilles
similaires des autres régions de la
Dacie et de la Hongrie 4 ). Entre les
variantes a et b établies par H.
Schmidt (dont l'une à forme plus
oblongue, au tranchant plus ou moins
recourbé, sur la ligne duquel tombe
plus ou moins verticalement le côté
emmanché, et l'autre à forme géné
rale plutôt demi-circulaire, avec une ligne non-interrompue du tranchant par rapport
à la ligne du côté emmanché), notre faucille correspond beaucoup plus convenablement
') Op. cit., pag. 419, son type I (mit Ansatz, Musée, 2-e éd. pi. LXXV.— V. aussi Déchelette,
Ferse, talon). II, 2, p. 268, note 2.
2 3
) Musée, pi. CXXXIII. Mortillet attribue les ) Son type II, Manuel, II, 2, p. 267 et suiv.
faucilles à languette «ausschliesslieh seincr époque «Bien qu'il soit malaisé de classer les types chrono-
larnaudienne, also der jungcren Bronzezeit», H. logiquement avec une entière précision, on peut
Schinidt, op. cit., p. 443. G. et A. de Mortillet ont reconnaître que les faucilles à bouton se trouvent
observé «qu'il n'existe au morgien que des fau- ordinairement dans les dépôts des périodes II et
cilles à bouton». Ils ajoutent «que si le bouton III, tandis que le type à languette est plus fré-
cylindriqucse trouve à toutes les époques du bronze, quent à la période IV».
le bouton aplati est exclusivement morgien». V.- *) H. Schmidt, op. cit., p. 419 et suiv.
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I. ANDRIEÇESCll
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NOl VKI.I.KS CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
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I. ANDRIEÇKSCU
') Oscar Montslius: Die Chronologie d. àltesten en Hongrie». Julie Schlcmm utilise les recherche»
Bronzezeit, p . 213 et fig. 513—514. de H. Schmidt: «Sicheln mit hakenformig umgcho-
2
) Ortway: Mitteil. anthrop. Gcsellschaft in Wien, genem Griffende. Ihr Ursprung ist in Siïd-Ost-
1887, X V I I , p. 39, cf. H . Schmidt, op. cit., p . 431. Europa (Kaukasus, Sudrussland, Ungarn) zu
Une autre, toujours du Caucase, de Bekechew, de suchen», Wôrterbuch zur Vorgeschichte, art. Sicheln,
musée de Moscou, est reproduite par G. et A. du p. 551.
3
Mortillet: Musée, pi. L X X X I I I , fig. 1011 avec la ) Op. cit., p. 423.
remarque: «Cette forme se rencontre fréquemment
380
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NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUH L'ÂGE DU BRONZI EN ROUMANIE
l
) Voir par exemple celles de Çpalnaca (II, pi. logna, cité par Déchelctte, où l'on a découvert en
C X L V I I I , fig. 1 — 13) de la réunion suggestive 1877 un vase énorme d'argile renfermant plus de
avec les autres types de faucilles, pareille à celle 14.800 objets ou fragments en bronze, haches à
de Drajna, mais diféremment répartie. douilles, faucilles, lances, etc. a été plutôt «le
*) Un exemple caractéristique d'association d'in trésor d'un sanctuaire entretenu pendant une longue
ventaire des faucilles avec des exemplaires de période de temps (Montelius dit même «une très
haches à douille est certes cel.ii que cite H. Schmidt: longue période») par les offrandes succesives des
le dépôt du Brod hongrois en Moravie (Mitteil. dévots». Déchelctte, op. cit., p. 163 et 167, note 1.
anthrop. Gesell. in Wien, X I V , 1884, Sitzber., p. 36: Des faucilles (toutes à languette, simples, assez
«haches à douille et faucilles dans un vase». Cf. ressemblantes aux nôtres) avec deux haches à
Zf. f. Ethnol., 1904, p. 432, note 5. douille, ainsi que d'autres éléments d'inventaire,
Le dépôt de P r a t o di San Francesco de Bo- parmi lesquels sont à mentionner deux colliers
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381
I. WDKIKSKSCl
pour la première fois à la Drajna-de-jos dans une majorité dominante leur valant sous
ce rapport une place distincte.
Est-ce que cela signifie en même temps une gradation chronologique de notre
dépôt? D'accord avec H. Schmidt
je pense qu'il soit difficile de résou
dre la question avec une parfaite
certitude. Quoi qu'il en soit, je me
rallie tout-à-fait à son avis que
Mortillet est dans l'erreur lorsqu'il
considère le type de faucilles à cro
chet plus récent que les autres (/.
c , 2-e éd.; éd. l-ère,pl. L X X V I I I ,
fig. 862, citée par H. Schmidt, op.
cit., p. 431, note 6).
Bien plus, j'ai l'impression que
vu les autres dépôts où ce type de
faucilles est en minorité et où par
contre — comme à Çpâlnaca, en
comparaison de Drajna — d'autres
éléments d'inventaire sont nom
breux, comme par exemple les ha
ches à douille et à bord concave que
nous rencontrons à Drajna en un seul
exemplaire, mais qui se trouvent
ailleurs en plusieurs exemplaires et
dans un milieu décidément plus ré
cent ' ) , les faucilles à crochet de
Drajna, présentes ici comparative
ment en si grand nombre, non seule-
u. H., 1896, p . 180 et suiv., Mackovac — cité par
(«zwei massive tordierte Halsringe») et surtout une nous plus h a u t également — et Zgosca) ce qui
fibule, pouvant être attribuée à la période IV Mon- peut très bien être prouvé au moyen de types
telius, ont été trouvés dans le dépôt de Drenovi dô analogues de la Hongrie». Après avoir donné plu
en Bosnie (Mitteil. aus Bosnien und Herzégovine,
sieurs exemples comparatifs, Curcic conclut: «Les
XT, 1909, p . 56 et suiv. et pi. X V I ) . Des faucilles
faucilles de ce type appartiennent en Hongrie
(2) furent également trouvées associées aux haches
à douille (21) à Motke en Bosnie (Wissenschaftl. à la IV-ème période du bronze» (Wissensrh.
Mitteil. aus B. u. H., V I , 1899, p . 144 et suiv.); Mitteil. a. B. u. il., I X , 1909, p. 94—95).
de même à Mackovac dans la Bosnie septentrionale Avant Curcic, dès 1904, H . Schmidt s'exprime
(deux faucilles à languette, 4 haches à douille ; dans l'étude que nous avons citée a plusieurs re
«ungarischer Form», dit Fiala qui les publie Wiss. prises au sujet des faucilles de Bosnie et de l'Istrie,
Mitteil. aus B. u. H., V I , p. 141 et pi. VI). V. en les désignant des «pièces justificatives indubi
Curcic enregistre ailleurs tous les endroits à fau tables q u a n t à l'origine hongroise nord-sud».
cilles et à haches à douille de Bosnie et de Herzé «Elles concordent si bien avec les faucilles hon
govine, en comparant les premières avec des exem groises, qu'on est enclin à admettre une importa
plaires de la Hongrie. «La plupart — dit-il — sont tion directe de la Hongrie». (Les paroles soulignées
assurément importées de la Hongrie, à savoir celles appartiennent à M. H . Schmidt). Op. cit., p. 432.
des dépôts renfermant des haches à douille (Su- *) Le dépôt de Komjâth, dans le comitat de
metac, Peringrad, V. aussi Wiss. Mitteil. aus B. Liptau (Hampel, I, pi. C X X — C X X I ) ou celui de
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382
NOUVELLES CONTRIBUTIONS SUR L'ÂGE DU BRONZE EN ROUMANIE
ment caractérisent une situation locale, mais réfléchissent en même temps, à un certain
degré et au point de vue chronologique, un intervalle pendant lequel ce genre de
faucilles étaient les plus nombreuses, comme les haches à douille, à Drajna, aussi bien
qu'à Spalnaca.
Les haches à douille à bord concave font à peine leur apparition et sont en tout
cas relativement rares (Drajna). Elles
seront plus tard, en échange, beaucoup
plus fréquentes (Spalnaca, Komjath, Lâ-
zârpatak) et, par contre, les faucilles à
crochet diminueront.
S'il en fut ainsi, n'avons nous pas
le droit de considérer la seule hache à
douille à bord concave de Drajna comme
le terminus ad quem de son matériel? J e
crois que oui. Les faucilles à crochet
avec leur nombre respectable de Drajna
appuient donc tous les autres indices de
caractère stylistique et chronologique
conféré h ce dépôt par une ancienneté
devançant celle des dépôts identiques
avec lesquels il a été comparé et dont
quelques-uns accusent des éléments cer
tains et fréquents d'inventaire hallstat-
tien.
*
* *
En ajoutant à ce qui précède le
fait remarqué par H. Schmidt que, par
contraste avec les périodes récentes et
les plus récentes de l'époque du bronze
— avec leurs riches matériaux (notre
Spalnaca est peut-être typique avec des faucilles de tous les types de Drajna), — les
faucilles du type à crochet font complètement défaut dans la période plus ancienne du
bronze — nous voyons les faucilles de Drajna, à côté de l'autre matériel d'inventaire que
nous avons passé en revue, dans la situation de délimiter chronologiquement notre
dépôt d'une façon concordante et dans un cadre temporel assez bien précisé.
Plus ancien que le dépôt de Nagydém (qui appartient selon Reinecke à sa période
IV b ; parallèle et en partie plus ancien que celui de Piricse (qui selon le même auteur
appartient à sa période I I I ) , — notre dépôt occupe au Sud des Carpathes une place
à part, plus ancienne et dont le parallélisme envers la place occupée par Spalnaca de
Transylvanie n'est que peu prononcé. Ce dernier dépôt accuse bien des traits communs
L a z â r p a t a k , Comit. Bereg (id., pi. C V I I I — C I X ) . finden wir ferner in der Gussstâtte von D o m a h i d a
H . Schmidt dit à propos de ces dépôts et de certains (Domànesti, Satu-Mare)». H a m p e l , I , pi. C X X I I
a u t r e s : «Die fur aile dièse jiingsten Dépôts charak- — CXXIV.
teristischen Hohlcelte mit ausgeschnittenem R a n d e
383
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I. ANDRIESESCl'
d'inventaire par rapport à celui de Diajna, mais des dissemblances appréciables n'en
séparent pas moins l'un de l'autre au point de vue topographique et chronologique.
J'estime attribuer à juste titre le dépôt de Drajna-de-jos aux périodes qui—selon la chro
nologie de Kossinna-Montélius — correspondent à la seconde moitié du deuxième mil
lénaire av. J.-Chr.
Disposés par deux rangées de succession peu retardée, dont on ne saurait déter
miner la précédence, les objets respectifs auront constitué le stock principal de quelque
famille de commandant, ainsi que le témoignent le sceptre, les épées et les autres haches
à douille transversale. Ce sont tous des objets qui dans ces temps-là avaient une valeur
remarquable.
Quant à l'origine de ces pièces, nous pouvons nous prévaloir des précédents créés
par H. Schmidt en affirmant qu'elles furent moulées dans nos contrées et qu'en tout
cas elles ne furent importées de régions étrangères ou éventuellement trop distantes,
malgré qu'on n'ait découvert jusqu'ici que des moules de haches à douille et seulement
en Olténie.
Si l'une des conclusions de cette étude est celle, d'ailleurs naturelle, d'un échange
culturel dans toute l'étendue de notre Europe sud-est poussée vers l'Ouest jusqu'en
Italie et vers l'Est jusqu'au Caucase, sans nous préoccuper pour le moment des origines
limitées à ce cadre de telle ou telle forme de civilisation — en tout cas le Sud classique
ultérieur est loin d'imposer dans une proportion tant soit peu signifiante ' ) — une
seconde conclusion qui, à mon avis, se recommande à notre esprit, est celle que nous
devons abandonner, en fait de localisation géographique, le terme foncièrement impropre
de Hongrie et le remplacer par celui de Dacie dans l'acception préhistorique et romane
de ce terme.
Ce que nous ne faisions qu'admettre par hypothèse en 1915, à l'occasion de la pu
blication du dépôt de bronze de Sinaïa et de quelques pièces de Prédéal, est confirmé
à présent d'une manière assez péremptoire par le dépôt de Drajna-de-jos inférieure,
par l'épée découverte près de lassy et par les autres objets en bronze de provenance
ciscarpathine qui ont été mentionnés à cette occasion.
I. ANDRIESESCU.
1
) V. aussi H. Schmidt, op. cit., p. 452: «Wir Jonischen Meeres znrucklasst». La citation se rap
sehen, wie auch ohne die sonst so massgebenden porte en détail à l'exemplaire déjà cité de faucille
Einfliisse des klassischen Kulturbodens in Mittel- à languette de Tarente ressemblant beaucoup au
und Nordeuropa eine reichc Entwickelung sich nôtre, ainsi qu'on l'a spécifié plus haut.
abspielt und ihre Spuren sogar an den Kiisten des
384
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FOUI L L E S DE M AN AS Tl II E A
L'emplacement de la station de Mânâstirea se trouve sur la lisière N E du village de Mâ-
nastirea ') et se distingue par u n niveau très bas s'élévant de 4 m seulement au-dessus de la
vallée de Mostistea. Aucune considération stratégique ne semble avoir présidé au choix du
terrain et cette indifférence contraste singulièrement avec la prudence des autres stations con-
temporaines bâties toujours sur des hauteurs et occupant même des collines t o u t entières (ainsi
Piscul Crâsani 2 ), Zimnicea 3 ) , Càscioarele 4 ).
L'écoulement irrégulier des eaux de l'étang de Mostiçtea a miné les rives et n'a pu être en-
digué que récemment par le creusement d'un canal reliant l'étang au D a n u b e . Aux causes na-
turelles de destruction il faut ajouter les ouvrages d'extraction de terre glaise servant à la fabri-
cation de briques et de torchis. On s'explique ainsi l'extrême trituration des restes céramiques
ainsi que leur confusion et leur éparpillement sur une superficie de 3,50 m X 60 m.
TERRAIN A
Le terrain A (fig. 1) [a superficie de 20 m X 8 m] sur lequel s'exercèrent les premières
fouilles fut choisi à l'endroit où un éboulement de la rive avait mis à nu de n o m b r e u x tessons
et une grande quantité de torchis.
J u s q u ' à 0,30 m de profondeur les fragments céramiques sont très mêlés et le torchis est
presque entièrement effrité. On a trouvé à ce niveau la moitié d'un m a r t e a u en pierre. E n t r e
0,30 m et 0,50 rn de profondeur beaucoup de torchis très mal conservé et de nombreux tessons
très mêlés. On remarque la fréquence de la bonne poterie grise, travaillée au t o u r , d a t a n t de la
seconde époque du fer (Latène). Quelques fragments d'amphores grecques sans grande im-
portance représentent seuls la céramique étrangère.
Le métal est assez r a r e : à 0,30 m. de profondeur nous avons trouvé une fibule en bronze,
sans aiguille (fig. 12, 20) de t y p e provincial romain, et à 0,40 m une petite lame de couteau
en fer (fig. 12, 18). Le silex est très r a r e : on n'en a trouvé que deux éclats.
E n t r e 0,50 et 0,90 on a trouvé une immense quantité de torchis dont les blocs très durs
gardent encore l'empreinte de tiges de roseau, de baguettes flexibles de pieux et de brindilles
de paille. De nombreux tessons dont la plupart travaillés au tour accompagnent ces restes. E n t r e
0,90 m et 1,30 on voit diminuer la quantité de torchis et le nombre de fragments céramiques.
On trouve surtout des tessons de fabrication locale et de facture inférieure dont l'ornementation
répète les motifs habituels: le bourrelet et les proéminences (Buckelkeramik).
*) Cf. Tocilescu, Dacia înainte de Romani p. 56, note miei Romane^, Bucuresti, 1924.
3
18; cf. aussi Radu Vlâdescu-Vulpe: Materiale islorico- ) Fouilles de Zimnicea (inédites).
4
arheologice (Duletinul Comisiunii Monumentelor istorice ) Gh. Çtefan, Station Latène de Càscioarele, Dacia
X V I I I , 40, p. 81). I I I , 1926.
2
) I. Andricsescu, Piscul Crâsani f Analele Acade-
385
25 Dacia II 1925
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GH. ÇTEFAN
A 1 m de profondeur une anse d ' a m p h o r e grecque à estampille assez bien conservée (fig. 12,14).
A 1,30 m u n e pendeloque en os ornée de p e t i t s cercles incisés (fig- 12, 10).
D e 1,30 m à 1,80 m la t e r r e d e v i e n t plus dense. Les restes c é r a m i q u e s sont t r è s r a r e s .
Fig. 1.
386
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FOI ILLES DE MÂNÀSTIRKA
TKRRAIN R
387
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25·
GII. ÇTEFAN
SONDAGES
Afin de déterminer l'étendue de la station nous avons procédé à une
série de sondages dont le résultat a confirmé et complété l'aperçu strati-
graphique indiqué plus haut.
Sondage Z. Outre les fragments de céramique locale, moulés à la
main, plusieurs tessons en bonne pâte Latène et de rares fragments
grecs, nous avons trouvé les morceaux d'un peigne en fer (fig. 12, 12)
à 0,40 m de profondeur, une meule de moulin à main gisant à côté d'un
foyer à 0,80 ni de profondeur et tout près un broc Latène travaillé au
tour et manquant d'anse et de bord ') (fig. 6, 6).
Sondage R. Le sondage R (2 m X 2 m) [fig. 1] fournit de précieuses
données stratigraphiques. Le matériel de la couche de civilisation, moins
mêlé ici, permet de reconstituer le premier aspect de la station de Mânâ-
stirea et de dresser le suivant tableau stratigraphique:
Jusqu'à 0,60 m. de profondeur peu de torchis et de tessons dont la
plupart en bonne pâte travaillée au tour. De 0,60 m à 1 m un nombre
grandissant de fragments «locaux» de tradition néolithique et moulés à la
main. De 1 m à 1,50 m des fragments d'une céramique plus ancienne
03 ■fi dont la couleur brune, noire ou rougêatre est recouverte d'une belle pati-
ne. Nous avons trouvé ici une tasse (fig. 6, 3) de forme néolithique ; mais
son voisinage avec la moitié d'une tasse datant sûrement de l'époque du
bronze (l'exécution minutieuse en fait foi: v. plus bas la description pag. 6)
prouve qu'elle appartient également à cette époque. D'ailleurs la présence
à ce niveau d'un fragment de vase à patine (fig. 5, 14) dont la partie
supérieure est côtelée, est décisive. Le petit vase en forme de double tronc
de cône (fig. 6,2), orné de légères incisions obliques, est de la même époque.
Autres sondages. À cet inventaire commun à tous nos sondages de
Mânâstirea on doit ajouter de vagues fragments céramiques à patine,
trouvés dans la tranchée C à proximité du sondage R. Les sondages
P, O, R ont pu établir que la couche de culture ne dépasse pas l'épaisseur
d'un mètre. Nous mentionnons aussi quelques tessons de l'époque ro-
maine d'importance secondaire.
LA CÉRAMIQUE
L'inventaire de la station de Mânâstirea est formé surtout de restes
céramiques. On peut distinguer deux groupes importants:
I Les vases moulés à la main.
IL Les vases travaillés au tour.
il
I. VASES MOULÉS À LA MAIN
Cette catégorie comprend un grand nombre de fragments céramiques
trouvés surtout au plus profond de la couche de civilisation et mêlés en
*) Un broc pareil a été trouvé à Piscul Cràsani (cf. I. Andrieçescu, Piscul Crusnni,
Fig. 4. fig. 182).
388
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FOUILLES DE MAlvASTIREA
1 8
) f. Andrieçescu, op. cit., pag. 34. ) Cf. notre article, Fouilles de Câscioarele, Dacia I I .
2 e
) Fouilles de Zimnicea (inédites). ) V. Cristescu, Fouilles de Boian, Dacia I I .
3 7
) VI. Dumitrescu, Fouilles de Gumelnita, Dacia II. ) Dacia, I I .
8
*) I. Andrieçescu, Fouilles de Sultam, Dacia I. ) Dorin Popescu, Fouilles de Lechinfa, Dacia I I .
389
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G i l . ÇTEFAN
présente un profil plus accusé qu'accentue encore l'incision horizontale qui marque la 1ίμ;ιι«· du
bord. Ce profil est très fréquent ainsi que celui de la figure dont les bords légèrement moulés
au doigt présentent trois sillons obliques et qu'on trouve habituellement dans nos stations de
GumelniÇa et Câscioarele.
Une autre forme assez fréquente est celle de bol à bords droits accentués à leur naissance
par une cannelure horizontale et dont la surface est entièrement grêlée de légères impressions
digitales (fig. 5,3).
Les vases en forme de tasse sont également assez fréquentes. Un exemplaire entièrement
conservé (fig. 6,3) d'une pâte rougeâtre soigneusement travaillée, de dimensions moyennes
(hauteur 0,055 m, diamè-
tre du fond 0,03, diamètre
de l'ouverture 0,075) con-
serve l'anse qui s'élève
beaucoup au - dessus du
bord pour redescendre en
décrivant un arc.
Nous signalons surtout
la tasse de la figure 5,15
de mêmes dimensions que
la précédente à l'exception
du fond dont le diamètre
atteint seulement 0,02 m.
La pâte est noire et pré-
l'ifi. 6. sente une belle patine. La
panse du vase est ornée
d'une zone de légères incisions verticales. Les cannelures horizontales, légèrement imprimées
sur l'anse à l'endroit où elle rejoint le bord du vase, indiquent l'influence de la technique du
métal. Les détails caractéristiques de l'ornementation rangent cet exemplaire dans l'âge du
bronze tandis qu'on peut faire remonter plus haut l'origine de l'exemplaire précédent.
Un petit vase en forme de double tronc de cône, à bords obliquement profilés en dehors,
dont l'anse est perdue, a les dimensions suivantes: hauteur 0,67, diamètre du fond 0,035, dia-
mètre de l'ouverture 0,07 (fig. 5,7). Sous une mince patine noire on discerne difficilement les
incisions obliques assez irrégulières qui recouvrent toute la partie supérieure du vase. Cette
même forme se rencontre fréquement en Bohême a ) dans la céramique de type Lausitz. Avec ces
petits vases se trouvait aussi un fragment (fig. 5,14) de vase piriforme dont la partie supérieure
était divisée en quatre secteurs par de côtes arquées en sens vertical. L'espace qui les sépare
était coupé à son tour de deux côtes plus petites et à peine saillantes. Nous ne connaissons pas
la forme de l'anse et des bords, mais les ornements ainsi que la pâte noire recouverte d'une belle
patine suffisent à ranger cette pièce dans l'âge du bronze 2 ). Nous retrouvons d'ailleurs la même
intention ornementale sur un autre tesson à cannelures obliques fort répandues dans l'âge du
J
) Cf. I. Pic, Die Urnengrâber Bôhmens, pi. V I I I verticales descendant jusqu'au-dessous de sa ligne mé-
No. 29 (l'exemplaire trouvé à Sovcnic bei Turnau) et diane. Cf. aussi Gawril Kazarow, Forgeschichtliche Funde
p i . VII No. 27 (l'exemplaire trouvé à Lhan). aus Svetikyrillovo (Prahistorische Zeitschrift, VI, p . 70,
2
) Ibidem, Tafel IV, No. 2, u n petit vase trouvé fig. 3 a).
à Wesseln bei Aussig présente également des nervures
390
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F O U I L L E S DE MÂNÂSTIREA
bronze. La céramique à patine ne dédaigne pas non plus l'ornement en relief. Nous signalons
ainsi de longues proéminences peu saillantes dont le rôle est purement ornemental (fig. 5,5).
Une autre forme de proéminence caractéristique de l'époque du bronze est celle pointue à bout
retroussé rappelant une corne. Les grandes proportions indiquent clairement les dimensions du
vase auquel elle devait appartenir (fig. 5,11). Cette forme tourne notre attention vers la station
voisine de Boian x) ou plus loin vers la civilisation du bronze de l'ouest balcanique.
b) Céramique Latène faite à la main. La céramique que nous nommons «locale» gétique, par
opposition à celle à patine, se caractérise par une technique inférieure, une pâte négligée et une
mauvaise cuisson. A ce point de vue la poterie de Mânâstirea rappelle celle de Crâsani a ) de
Câscioarele 3) de Tinosul *).
Les formes manquent de variété. La plus fréquente forme est celle d'urne (ainsi qu'à
Crâsani 5 ), à parois droites ou aussi légèrement arquées en dehors. Les bords sont droits et
quelquefois recourbés obliquement vers l'extérieur.
On rencontre aussi d'autres formes. Ainsi nous possédons la partie supérieure d'une cruche
à parois épaisses, munie d'une anse rattachée directement au bord et décrivant un arc assez
irrégulier (fig. 5,6).
Un fragment de marmite conserve une partie du bord qui s'élève vers l'anse bien au-dessus
du niveau habituel (fig. 5,12) rappelant l'exemplaire de Crâsani e ).
La plus fréquente ornementation est celle en relief ayant comme principaux motifs les
proéminences (Buckelkeramik) et le bourrelet alvéolaire. Ce bourrelet se rencontre dans toutes
les stations similaires du Sud-Est européen, tantôt simple, tantôt double et reliant souvent les
proéminences entre elles. Sur la plupart des fragments il est disposé horizontalement sur le
corps du vase ou au bas des bords dont il accentue la ligne. Nous le voyons souvent oblique
(fig. 11, 1 et 2) ou légèrement arqué reliant entre elles les proéminences. Les ornements recou-
vrent presque toujours la partie supérieure du vase. Nous ne possédons que deux tessons qui
montrent des flancs de vase ornées l'un d'un petit bourrelet vertical, l'autre de deux bourrelets
horizontaux surmontant immédiatement le fond.
Les proéminences jouent ici le même rôle que dans la céramique de Crâsani. Nous remarquons
des proéminences horizontales, longues, très saillantes et pointues, reliées souvent deux à deux par
de petits bourrelets alvéolaires7)(fig. 5,9 et 10). Quelques-unes présentent un ou deux légers sillons8).
D'autres, tout aussi nombreuses, ont la forme de bouton simple 9) (fig. 7,16) ou aplati par la
pression du doigt 10 ) (fig. 5,13). Un autre fragment est orné d'un bouton écartelé en sautoir par
deux diamètres croisés (fig. 11,8) rappelant l'exemplaire de Crâsani 11 ). Mais le bouton, cette fois,
n'accompagne pas le bourrelet habituel, mais un ornement incisé obtenu en promenant un peigne
sur la surface du vase. Cet ornement assez fréquent dans le Sud-Est se remarque aussi à Crâ-
sani 12) où son éxecution est moins soignée.
Plusieurs tessons provenant d'une grande urne sont ornés d'un bourrelet alvéolaire hori-
zontal qui traverse une multitude de petits boutons répandus sans ordre sur toute la surface du
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GH. ÇTEFAN
vase (fig. 11,6). La partie supérieure est ornée d'une mince moulure qui décrit un S horizontal —
très ouvert. C'est un ancien ornement néolithique et énéolithiqun du inonde Egéen et de
tout le Sud-Est européen *).
d'incisions obliques ornant sa partie extérieure (fig. 7,20), et le troisième d'incisions irréguli·
ères plus profondes et plus espacées recouvrant l'extrémité supérieure du bord (fig. 7,43).
*) Cf. F . Courby, Les vases grecs à reliefs (Paris 1922) p . 11, fig. 3, 5.
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FOUILLES DE MÂNÂSTIREA
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CH. ÇTEFAN
3
*) Cf. Dorin Popescu, Fouilles de Lechinfa, Ducia II. ) Fouilles inédites de Zimnicea.
2
) I. Andriesescu, op. cit., fig. 182.
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FOUILI.KS DK MÂNÂSTIREA
presque toujours droit. On remarque quelquefois un léger renflement à son extrémité, ou une
faible courbure continuée en haut par une ligne oblique.
Ces deux dernières formes sont rares dans la plaine valaque. On ne les trouve ni dans les
stations de Cràsani (la station la plus rapprochée de Mânâstirea) et Zimnicea, ni dans
les sondages de Câscioarele. Leur importance très réelle sera accrue quand de nouvelles fouilles
fourniront le matériel comparatif qui permettra de déterminer leur zone de développement. Une
simple suggestion serait d'attribuer ces formes à une influence occidentale (celtique) s'exerçant
le long du Danube
ttfa**
Fig. 10.
Une autre forme assez inusitée dans la plaine valaque est celle de marmite pansue à col très
court et à rebord tantôt droit, tantôt horizontalement replié, soit en dehors, soit en dedans (fig.
7,27,31,36) *). Quelques fragments présentent à la naissance du col une moulure horizontale
surmontant une zone étroite de zig-zags graphités (fig. 10, 44, 48).
Nous devons signaler un fragment d'oenochoe en glaise qui conserve encore un lobe du re-
bord. Celui-ci est travaillé à la main à l'imitation des objets de bronze du Sud (fig·!^]^ On i*K«
H
doit certainement reconnaître ici une influence méridionale plus ancienne. Ceci n'a rien d'éton-
nant si on pense aux rapports très serrés qui unissaient ces régions au sud hellénique 8) par
l'entremise des cités grecques du Pont Euxin.
Enfin un fragment de passoire en forme de tasse évasée à base sphérique et à bords légère-
ment arqués a conservé son anse. Celle-ci s'élève au-dessus du bord, décrit un arc et revient obli-
' ) Des profils ressemblants se trouvent à Hatvan Iioldog stique dans la vallée du Danube (Académie Roumaine,
(Arhaeologiai Êrtesitô, 1895, p . 1 3 j . Bull, de la Section historique, tome X) Bucarest, 1923·
2
) V. Pûrvan, La pénétration hellénique et helléni-
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C i l . STEFAN
quement rejoindre la passoire à mi-hauteur. Le milieu de l'anse est marqué par un sillon plat
moulé au doigt. De pareilles passoires se trouvent dans toutes les stations Latène et nous ci-
terons seulement l'exemplaire de Cràsani l ) presque identique dans tous ses détails (fig. 12,4).
Anses. Les formes et les profils danses présentent une grande variété. Quelques-unes sont
simplement rondes, d'autres présentent une incision longitudinale, d'autres sont tordues et
rappellent (fig. 10,60) parfaitement l'exemplaire de Cràsani -), enfin d'autres sont larges, plates
et toutes simples ou sillonnées d'incisions longitudinales. Un exemplaire est sillonné à égale
distance de deux cannelures longitudinales assez profondes (fig. 10,50). Lin autre exemplaire est
partagé en deux bandes inégales par un sillon moulé au doigt (10,61). La bande la plus large pré-
sente en outre une légère incision lon-
gitudinale. L'anse est quelquefois sépa-
rée en deux par une nervure, longitudi-
nale (fig. 10,55) 3 ). Celle-ci atteint parfois
une assez grande largeur et est alors mar-
quée d'une légère incision longitudinale
qui la divise en deux parties inégales.
Ornementation. La céramique tra-
vaillée au tour est ornée d'incisions et
de dessins graphités.
Le plus fréquent ornement incisé
est la ligne ondulée (Wellenornament)
à amplitude variable. Cet ornement est
très ancien et dérive de la ligne en zig-
zag*). Le problème de ses origines à
soulevé la discussion des archéologues
qui l'ont attribué aux Slaves. Mais nous
le trouvons dans nos stations Latène,
donc dans un milieu archéologique plus
ancien que l'époque des migrations 5 ).
Ces lignes ondulées forment de ban-
des plus larges on plus étroites que nous
remarquons sur des tessons en bonne
pâte travaillée au tour, et surtout sur
Fig. 11. des fragments de grands vases dont ils
ornent la partie supérieure. Ces bandes sont très souvent bordées d'une incision horizontale.
Un tesson est orné d'une double rangée horizontale de petits losanges emboîtés.
Un vase a la surface entièrement recouverte de poinçonnages. Des formes et des ornements
analogues se trouvent en Roumanie seulement à Apahida (près de Cluj) ,! ). Les petits vases sont
J
) I. Andrieseseu, op. cit.. fig. 185. schon auf Tongeftissen aus den agyptischen Steinzeit
2
, I. Andrieseseu, op. rit., fig. 152. Hockergriibern von Nagada und Rallas auf. Oft ersehei-
3
) Comme à Ilatvan Boldog, (Arharlogiai f~.rlc.sito 1895 nen sie als Ahrundungen der Zickzack linie».
b
pag. 13, fig. 33). ) I. Andrieseseu, Piscul Cràsani, p . 68.
4 e
) Dr. R. Forrer, Reallexikon der priihistorischen, ) Cf. Dr. Kovâcs Istvân dans Dolgozatok-Travaux,
klassixrhen und fruhehristlichen Altertiimer, Berlin und 1911, fig. 27, 1, fig. 29, 1 et 4.
Stuttgart 1907: «Wellenlinie als Gefiissornamente lui. n
396
*< Ç^&jcffî
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FOUILLES DE MÀ!NASTIMV\
d ' h a b i t u d e ornés de motifs burinés. Ceux-ci concordent p a r f a i t e m e n t avec les motifs incisés.
Les plus fréquents sont la ligne en zig-zag et celle ondulée qui en dérive. Des o r n e m e n t s analo-
gues se r e n c o n t r e n t en g r a n d n o m b r e en B o h ê m e l ) . L ' o r n e m e n t buriné en u n t o n plus foncé
sur la p â t e grise et bordé de d e u x moulures parallèles r e m o n t e p r e s q u e j u s q u ' a u col (fig. 10,
46). Il est quelquefois doublé c o m m e d a n s la figure 10,44.
Nous r e t r o u v o n s la m ê m e manière d a n s l'ornement losange formé de lignes obliques b u r i -
nées (fig. 12,1). U n tesson reproduit très
irrégulièrement ce motif qui devient
ainsi une espèce de réseau (fig. 12,2).
Le fragment de la fig. 12,3 est orné d ' u n e
série de lignes burinées qui s'entrecroi-
sent p o u r former de p e t i t s losanges sur-
m o n t a n t d e u x lignes en zig-zag bordées
de deux incisions horizontales.
Céramique étrangère. La s t a t i o n de
Mânâstirea nous à fottrnj tn-s IMMI de
fragments de céramique é t r a n g è r e . M.
R a d u Vulpe, qui a v a i t exploré cette sta-
tion d e u x ans a u p a r a v a n t , affirmait d a n s
le r a p p o r t publié d a n s le Bulletin de la
Commision des M o n u m e n t s historiques 2 )
q u e la poterie grecque y é t a i t très r é p a n -
d u e . Ce fut aussi n o t r e impression à
la première exploration. De nombreux
tessons d ' a m p h o r e s grecques mêlés a u x
fragments de céramique locale pou-
v a i e n t faire croire à la fréquence de la
c é r a m i q u e é t r a n g è r e . Mais les dernières
fouilles nous p e r m e t t e n t d'affirmer que
la s t a t i o n de M â n â s t i r e a n'a pu être
u n g r a n d centre commercial gétique. E n Fig. 12
effet la s t a t i o n de Piscul Crâsani a
fourni u n g r a n d n o m b r e de fragments de vases connus sous le n o m de «bols mégariens» «(en r é -
alité déliens) à o r n e m e n t s en relief 3 ) et aussi u n g r a n d n o m b r e de fragments d'amphores4).
Les p e t i t s sondages de Piscul Coconilor ont fourni à M. R a d u V u l p e u n e riche moisson de restes
a p p a r t e n a n t à la c é r a m i q u e hellénique 5 ) .
') Cf. I. I,. Pic et J . Déchelette, Le Hradischl de gcpresster Linie bestehend auf den Mont Beuvray und
Stradonitz en Bohême, pi. I I I , Nos. 16, 4, 6 et pi. LIV in Stradonic bereits auch mit einen K a m m ausgefiihrt*.
2
No. 4, 9 et 14. ) Cf. Radu Vulpe, Bulletin de la Commission des
Cf. aussi Dr. 1. Pic, Die Urnengrâber Biihmens, p . 260, Monum. hist., X V I I , 40, 1921, pag. 81.
3
note 242: «Die Wellcnlinie als keramisches Ornament ) Cf. I. Andriesescu, op. cit., fig. 207 — 219.
4
gehort gewiss zu den so einfachen Ausschmiickungen ) Ibidem, p . 69, fig. 204 si 20S.
6
dass es in den verschiedenartigen Kulturzentren erschei- ) Cf. Radu Vulpe, Raport asupra sâpâturilor delà
nen konnte. In niiherein Zusammenhange steht das La Piscul Coconilor, Bulletin de la Commission des Monum-
Tène Ornament in Altérer Zeit aus graphietierter ein- hist. X V I I , 39, p . 48.
397
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e n . ÇTEFAN
La station de Tinotul ') (bien plus éloignée de la vallée du Danube), celle de Zimnicea '-)
et même celle de Câscioarelc 3) nous fournissent un plus grand nombre de fragments de céra-
mique étrangère que ceux trouvés dans la station de Mânâstirea.
Il est vrai qu'on à trouvé à Mânâstirea un nombre suffisant de fragments d'amphores, mais
ils ne présentaient aucune particularité. Par contre on n'a pas trouvé de restes de <<bols déliens»
si fréquents à Crassani et dans toute la plaine valaque tant dans les fouilles (Zimnicea) que
dans les simples explorations qui servent à relever la carte archéologique de la Roumanie
(p. e. à Vasilafi ou à Radoranul). «
Deux anses d'amphores nous permettent de dater avec quelque précision la partie supérieure
de la couche de civilisation. La première anse est malheureusement assez endommagée. L'estampille
v_ * . comprend une seule rangée de lettres. Cel-
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F O U I L L E S D E MÀNÂSTIREA
comparer quelques-uns des profils Latène de Mânàstirea aux exemplaires «barbares» de la même
station pour être fixé.
L'ornementation consiste en incisions horizontales et surtout ondulées 1 ). Ce motif, si
fréquent qu il a fini par caractériser essentiellement la céramique «slave», se remarque dans de
nombreux points de notre pays et tout le long du Danube bordant la plaine valaque 2 ).
Deux fusaïoles entières, une moitié de fusaïole, une rondelle et une perle en terre glaise
complètent l'inventaire des objets d'argile de Mânàstirea.
Autres matériaux. L'os semble avoir été d'un usage très rare. Ceci expliquerait le nombre
infime d'objets en os trouvés à Mânàstirea. Excepté un nombre très réduit de fragments d'os
poli, nous avons trouvé une amulette, de forme prismatique, ornée sur trois de ses faces de petits
cercles gravées pourvus chacun d'un petit point à l'intérieur. L'extrémité supérieure est percée
pour laisser passer le fil destiné à la suspendre (fig. 12,10).
Le verre n'est représenté que par trois fragments sans importance.
On à trouvé fort peu de silex: à peine quelques fragments de lames de couteau, et quelques
éclats qui ont dû servir à produire le feu. Nous devons citer aussi la moitié d'un marteau en
pierre polie (fig. 12,5) qui pourrait bien être un objet votif.
Conclusion. Le tableau stratigraphique nous permet de formuler certaines conclusions tou-
chant le train de vie de Mânàstirea. Le sondage R prouve que la station a été habitée à partir du
bronze IV et peut-être même du bronze III. Plus resserrée au commencement, et occupant une
petite étendue située à la partie centrale de la rive, elle s'est étendue, au nord jusqu'à l'actuelle
«vallée du tabac», éparpillant ses habitations même au-delà jusqu'à la vallée «de la terre rouge»,
et au sud jusqu'à la route qui longe la glacière de la propriété du Prince Carol. Le maximum
d'étendue a dû être atteint au I-er siècle av. J. Chr. La station a été plus faiblement habitée durant
l'époque des migrations, mais elle n'a sûrement jamais eu de population très dense étant dé-
pourvue d'ouvrages de fortification. Les rapports commerciaux avec le Sud grec n'ont jamais
eu l'importance que pouvait offrir sa position voisine du Danube et bordant une vallée qui
ouvre l'accès de la plaine valaque . Les produits grecs sont plus nombreux dans la station voisine
de Piscul Coconilor ainsi que dans des stations situées plus au nord: par exemple Piscul Cràsani,
etc., ou le long du Danube à l'ouest de Mânàstirea. La vie locale s'y est développée à l'abri d'in-
fluences étrangères trop puissantes. L'état des fouilles ne nous permet pas de préciser les rapports
qu'entretenait cette station avec les autres stations contemporaines. Nous remarquons cependant
de nombreuses analogies avec les autres stations Latène surtout en ce qui concerne la céramique
locale qui continue l'ancienne base néolithique commune. Mais les différences aussi doivent être
notées. La céramique travaillée au tour de Mânàstirea ne ressemble à la céramique d aucune
autre station de Valachie. Des analogies de forme et de technique d'ornementation ne peuvent
s'observer que dans la région qui s'étend de la Tisa (Theiss) moyenne jusqu'à Apahida (N O
de la Transylvanie). Mais tandis que de Hatvan Boldog à Apahida le Nord Ouest transyl-
vain se caractérise par l'unité de sa civilisation due à la migration celtique, la station de Mânà-
stirea demeure isolée jusqu'à présent dans la plaine valaque.
GH. STEFAN.
399
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES
ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
I. La premier© fouille de cette année a été laite pour le Musée d'Oradca-Mare, dans la
commune Otomani (Ottomâny, distr. de Bihor) en deux endroits: à Cetà{uia (Varhegy) et
dans une île de la rivière Er, vis-à-vis de Cetàtuia, au point nommé par les habitants du
pays citadelle en terre (Foldvar).
1. Cetàtuia, est un promontoire élevé qui domine les environs, c'est-à-dire un point
très propice pour une station, d'autant plus qu'au pied du promontoire, coulait la rivière,
dont la rive abrupte, la défendait de ce côté.
Les premiers colons, les représentants de la culture énéolithique, en y creusant un fossé
dans les directions. E et S (les côtés où le promontoire communiquait avec, les territoires avoi-
sinants), ont fortifié de cette manière leur abri. L'existence de notre station a duré jusqu'à
la première phase de l'époque du bronze. Celle de l'île de l'Er, lui était contemporaine
Des vestiges d'habitation, ont été trouvés tant en dehors des fossés, que dans les jardins
de la commune, qui s'étendent vers l'Er.
Il y a des indices que ces habitations n'ont pas du tout mené une vie séparée et indé-
pendante, mais au contraire ont eu entre elles des relations, même très étroites.
Cetàtuia n'est pas d'une grande étendue. Seul un nombre très limité de familles a pu
vivre sur ce territoire, et même ces dernières ont dû passer une bonne partie de leur temps
au dehors, obligées qu'elles l'étaient, de s'adonner à l'agriculture (qu'on ne pouvait prati-
quer que dans les plaines environnantes) et à la pêche dans l'Er.
Les sites constatés dans les jardins de la commune, jalonnaient probablement une route
qui devait mener à la rivière, fait qui confirme que les habitants de la citadelle se livraient
au canotage et à la pêche, ce qui devrait nuire aux moyens d'existence et aux intérêts
des autres habitants de l'île d'Er.
On n'a trouvé à Cetàtuia aucun tesson grossier ou négligemment travaillé, mais seule-
ment des restes de produits soignés, qui dénotent un goût affiné. Selon nous, les choses
se sont passées de la manière suivante: la vie quotidienne de la tribu se passait en grande
partie dans l'île, sur la rive gauche de l'Er et au pied de Cetàtuia; le territoire de la cita-
delle constituât la résidence du chef et le refuge où on portait les objets de valeur et où on
s'abritait en cas de péril.
Avec les fonds amassés par les amis de la Valea lui Mihai, pour le musée d'Oradea-Mare
et dont nous avons pu disposer à notre gré, on n'a pu fouiller qu'une superficie de 180 m 2 .
Cette recherche a néanmoins été assez riche en résultats vraiment importants.
Quant à la stratigraphie, on a pu distinguer trois couches. La troisième atteint la pro-
fondeur de 1 m ; la seconde de 60 cm en partant d'en haut ; la première de 30 cm. Chaque couche
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SI |{ LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
conserve des restes d'âtres à feu, les uns très peu usés, les autres enduits d'argile et devenus
rouges à force de cuisson, dénotant ainsi un long emploi; puis des décombres d'habitations
qu'on pourrait grouper en deux types: le type rond et le type carré. Les habitations de forme
ronde sont en partie souterraines. Des rapports spéciaux suivront, les fouilles terminées.
Nous donnerons toutefois ici, le plan d'une habitation, située à la seconde couche, à 60
cm de profondeur.
L'aspect de l'emplacement est celui d'un espace
couvert de crépi et de terre brûlée. Après le netto-
yage on a pu constater que le pavement de la chau-
mière avait été fait d'argile très compacte, à force
d'être battue. Autour d'elle, on a découvert des traces
de pieux — au nombre de 12 — enfoncés dans la terre
jusqu'à 30 cm et dont l'épaisseur était de 8 — 1 2 cm.
Deux fois on a trouvé deux pieux, l'un près de l'autre.
On doit y voir très probablement l'entrée de la ca-
bane, d'autant plus qu'en face d'elle, on a fait une -fHOO.
découverte assez importante: une habitation souterraine
d'un diamètre de 2 m, enfoncée de 1.25 m dans la Fîg« l·
terre. Les parois étaient brûlées et sur le «pavement» on a constaté les traces d'un feu, qui
aurait mis assez longtemps à se consumer.
On connaît aussi une autre variante de ce même type — habitation souterraine (fond de
cabane) — située au même niveau que la précédente, et correspondant à la découverte
analogue de Valea lui Mihai. Elle est pourvue d'un trou ou entrée ronde, d'un diamètre de
80 cm, s'élargissant de 60 cm, jusqu'à la profondeur de l—2 m, puis se rétrécissant immé-
diatement et se continuant de la sorte encore 20 cm. On a constaté sur le fond de la cabane
des traces de feu, elle était, d'ailleurs entièrement bourrée de restes céramiques, de charbons,
d'os d'animaux domestiques et sauvages.
Quoique la durée de cette station s'étende de l'énéolithique jusqu'à l'époque du bronze,
on n'y a découvert aucun vestige métallique, mais des ustensiles en pierre, os et argile.
On a trouvé un moulin à main (pierre à moudre le blé, en pierre, qui témoigne des oc-
cupations agricoles de la tribu, ainsi que plusieurs lames, racloirs, voire même une scie, le
tout en silex ou obsidienne.
Les objets en os sont pour la plupart des alênes ou des poignards. Le cuivre rouge étant
très probablement importé et par conséquent trop cher, l'os, bon marché et facile à travail-
ler, conserve encore son rôle prépondérant.
Les cornes de cerf, de chevreau, les défenses de sanglier sont des témoignages de la
vie de chasse des habitants, tandis que les os de boeuf, cheval et .porc, nous font penser
à l'élevage.
Plusieurs poids de filet de pêche, les accessoires les plus usités parmi les ustensiles de la
pêche, ont été façonnés en argile. Néanmoins le nombre le plus considérable a été constitué
par les tessons céramiques, aiusi que par les vases entiers ou très peu endommagés.
Tous sont des exemplaires d'une technique fine et avancée et leur décor témoigne d'un
goût assez développé. Les motifs décoratifs sont: le point, la ligne droite la ligne brisée,
la spirale sculptée, entaillée ou légèrement incisée, l'empreinte du bout du doigt ou de
l'ongle appuyé sur l'argile encore molle, puis: le trait, la bosse.
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26 Dacia II 1925
Dr. MARTIN ROSKA
Le plus important des ornements est sans doute la spirale développée de la fin de
notre néolithique·
Contemporaine de
cette station est
celle de l'île d'Er que
les paysans nomment
«la citadelle en terre»
(Foldvâr). On n'a
creusé ici qu'un'fossé
de 12 X 3 m, toutefois
cela a été suffisant
pour nous donner
une idée de sa cul-
ture, d'après ses
couches stratigraphi-
ques. La profondeur
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
parages, qui. tout en devant beaucoup à ses voisins et à des contrées plus éloignées, était
assez original pour étendre à son tour son influence jusqu ' à Troie et en Crète.
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2G*
Dr. MARTIN ROSKA
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
ont été tout à fait lavées et ses flots coulent à présent au-dessus des roches d'andésit. La
même roche consti-
tue aussi du côté
droit et gauche de
la rivière le noyau
des terrasses couver-
tes par le gazon et
la forêt.
C'est ici au pied de
Mezieçul sur les hau-
tes terrasses de la ri-
vière, que devaient
être placés les ateli-
ers ou les stations res-
pectives. C'est préci-
sément de ce point
que les eaux ont pris
et porté avec elles
t a n t de débris. Tout
de même il est resté
assez de matériel sur
place.
Avec cela nous
pouvons clore notre
exposé concernant
les musées provin-
ciaux.
I I I . Pour l'Insti-
t u t Archéologique de
l'Université de Cluj
on a entrepris les
recherches suivan-
tes:
1. A la grotte
de Cioclovina. Mon
compagnon M. I.
Moldovan, conti-
nuant les fouilles a découvert juste au milieu de la grotte du matériel de caractère moustérien,
connu déjà par nos recherches de 1911 et 1921.
Moi, selon mon ancien dessein, j ' a i essayé d'éclaircir la question de l'entrée de la grotte.
Après avoir creusé la terre et ôté les pierres qui s'y étaient accumulées à la longue, précisé-
ment à l'entrée et à une profondeur de 70 cm., on a découvert un âtre à feu, qui a été
en partie presque immédiatement exploité.
Sur l'âtre et près de lui, il y avaient de nombreux restes d'industrie moustérienne,
façonnés en pierre calcaire cristallisée, rappelant ceux trouvés dans les grottes de Coasta-Vacii
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Dr. MARTIN ROSKA
à Fcderi. La plupart conserve encore des traces de fumigation. Sauf des nucleïs et fragments
de nucleïs, on a
N ^ ^ ^ S trouvé aussi quel-
ques coups de po-
ing, des racloirs et
des éclats retou-
chés ou seulement
usés.
Outre la pierre
calcaire cristallisée,
on a travaillé éga-
lement une sorte
de silex inférieur,
se trouvant dans
les roches calcaires,
en masse plus ou
moins considéra-
ble.
La faune n'y é-
tait représentée que
par VUrsus βρβ-
laeus.
2.AFederi(di»tr.
Hunedoara) nous
avons commencé à
défoncer la grotte:
Gaura Cocosului sur
Piatra Muntenilor,
en nettoyant à la
fois aussi la petite
terrasse devant
elle. L'entreprise
nécessitait d'ail-
leurs un travail si
intense et si péril-
leux, que pour le
moment il n'a pas
été possible d'at-
teindre les couches
paléolithiques. Les restes énéolithiques de la couche alluviale supérieure, nous étaient con-
nus aussi par les autres grottes.
Pendant ce temps M. Moîdovan, mon distingué compagnon, continuant le déblayement
de l'entrée du corridor, commencé l'année dernière par nous, vers le N-K de Gaura-Cocosului,
a eu la bonne chance, de découvrir des restes moustériens typiques, là, où en 1924 nous
n'avions trouvé, que quelques ustensiles d'un caractère moustérien. C'est M. Moîdovan
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
dit de caractère paléolithique, qui pourraient être dus à une station lavée au cours du
temps par les e a u x ; il faut y voir, des exemplaires perdus par les habitants du corridor de
Valea Cocoçului.
Non loin d'ici, vers le S-O, encore à Piatra Muntenilor, on a découvert une autre grotte,
dont l'entrée était tout à fait cachée par les rochers, de sorte qu'elle ne saurait être acces-
sible que par l'élargissement d'un de ses orifices (tuyaux).
3. E n compagnie de M. Moldovan nous avons fouillé aussi à Ohabaponor. Pour le musée
de Deva, on a commencé en 1923, de compagnie avec M. Malldsz, à déblayer la première
entrée de la grotte Bordul-Mare, travail qui s'est continué aussi pendant l'année 1924. La
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Dr. MARTIN 110SKA
a. c. b
Fig. 11. Coup de poing chelléen, ovaloide. Josâsel, Cremeneasa.
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
situation stratigraphique, que nous avons pu constater, est la suivante: en h a u t : couche allu-
viale, épaisse de 30 cm, contenant des restes romains, énéolithiques et néolithiques. Au-
Fig. 12. Coup de poing chelléen, ovale. Fig. 14. Disque. Josâçel, Cremeneasa.
La faune y est représentée par V Ursus spelaeus, Equus caballus foss., Félix catus férus.
L'industrie consiste en éclats de silex, alêne en os de l'aurignacien inférieur, racloirs en
quarlz laiteux de caractère moustérien.
Fig. 13. Disque, Josâsel, Cremeneasa. Fig. 15. Racloir. Josâçel, Cremeneasa
plus consistante que la couche I. La faune: Ursus spelaeus, Equus caballus foss. L'industrie
de type moustérien: coups de poing (Faustkeil), racloirs, éclats en forme de lame de couteau,
éclats en silex dont quelques uns un peu retouchés.
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Dr. MARTIN ROSKA
I I I . Couche d'une épaisseur de 90—100 cm. Le même loess bourbeux, rempli de pierres
calcaires de différentes grandeurs, alternant avec des fragments d'os ou quelque dent d'animal.
D'une consistance très serrée, on l'a fouillée à grand'peine, excepté sa partie inférieure moins
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
épaisseur était de 80 cm. Audessous il y avait unecouche du même loess bourbeux, jaune-gri-
sâtre, contenant des
pierres calcaires de dif-
férentes dimensions,
tombées d'en haut. Le
massif rocheux ne nous
a pas permis de dépas-
ser, en sondant, plus
de 70 cm. de profon-
deur. Excepté les os
brisés, la faune se
composait des restes
d'Ursus spelaeus, Hy-
aena spelaea et Canis
lupus spelaeus. L'in-
dustrie, sans grand es-
sor, y est représentée
par d'humbles exem-
plaires. Quelques éc-
lats, racloirs et lames,
quoiqu'ils ne soient
pas des échantillons
typiques, portent né-
anmoins l'empreinte
moustérienne. Par des
recherches continuel-
les, on arrivera à dis-
tinguer et à détermi-
ner plus précisément
cette subdivision de
l'époque.
Face à face avec
notre grotte se trouve
le mont Piatra lui
Cocolbe, possédant une
caverne dont le net- Eig. 19. Grattoirs. Josàsel, Cremeneasa.
toyage de l'entrée a été entrepris par M. Mallâsz qui a trouvé, dans la couche supérieure,
alluviale, quelques débris énéolithiques. Nous avons continué le sondage jusqu'à la couche
paléolithique, mais sans y découvrir des traces de sites humains.
On m'avait signalé encore à Ohabaponor la grotte Pestera din pârâul gâurii. Elle pour-
rait très bien avoir été habitée, vers la fin de l'époque paléolithique, mais en y faisant des
fouilles nous n'avons trouvé que quelques tessons énéolithiques.
4. E n descendant de Bordu-Mare, resp. Piatra lui Cocolbe, vers la commune de Ponor^
on passe par les quelques terrasses diluviales appartenant à la rivière de Streiu. Sur celle de
Râcurele, on a trouvé, apportées par les eaux, deux lames en silex, brisées avec intention.
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Dr. MARTIN KOSKA
Il n'est pas impossible qu'elles proviennent de quelque station située, quelque part, sur u n
s£S"t££&. promontoire, non encore découverte.
^ v Plus bas sur une autre terrasse de Streiu,
i^w sur Vârful Coastei, on a découvert un
;CH grattoir en silex atypique. C'est une
•'çnouvelle indication, qui nous pousse à
scruter très attentivement les super-
ficies de ces terrasses, d'autant plus
qu'on a trouvé à Bordai-Mare dans la
ia. direction Ouest, un racloir moustérien
isolé, en quartz laiteux.
A l'intérieur du rocher nommé
Piatra l'ami i, situé sur le territoire
de la commune Ponor, il y a une grotte,
mais se trouvant à la hauteur de 1132
m. au-dessus du niveau de la mer, les
chasseurs paléolithiques, ne l'ont pu
habiter que pendant la chaude saison,
les choses s'étant passé de la même
manière aussi à Cioclovina. La grotte,
même aujourd'hui, est envahie par les
eaux et ce n'est qu'un tiers, vers l'en-
Fip. 20. Grattoirs ovales. Josasel, Cremeneasa.
trée, qui se trouvait être habitable.
Dans les fouilles exécutées à l'entrée, on a mis au jour quelques os intentionnellement
brisés. Les fouilles prochaines expliqueront leur origine et résoudront la question de savoir
quelle sorte de vestiges pa-
léolithiques existe dans les
abris sous roche, situés du
côté gauche et droit de
l'entrée.
5. Encouragé par les
beaux résultats obtenus par
le «Palatul Cultural» d'Arad
à Iosâsel, notre Institut,
pour se procurer le matériel
nécessaire à ses collectins, a
Fig 21. Perçoirs. Josasel, Cremeneasa.
jugé digne de sacrifier lui
aussi une somme assez forte à des fouilles semblables. Nous avons donc eu de nouveau la possibi-
lité de parcourir la vallée de Cremeneasa et toutes ses terrasses jusqu'au pied d e l à colline volca-
nique Miezeçul, d'où jaillit la source de notre rivière, élargissant aiusi le domaine de nos re-
cherches. Cela nous a permis de constater, que les courants d'eau ont transporté des restes
non seulement dans la direction de la vallée Cremeneasa, mais aussi vers l'Ouest.
Par le matériel récolté dans le lit de la rivière, ainsi que sur ses rives et ses terrasses:
Plopât, Bûrne, Dealul Rofii, Pe Cosini et ensuite vers ΓΟ de Miezes à Prosele, on est
autorisé à conclure à la prépondérance de la culture du chelléen inférieur, dans ces contrées.
412
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
Cette culture y est représentée par les £oups de poing grossièrement taillés, se rattachant à
trois types principaux: le type ovale, celui en amande et celui en forme de lance (dont
plusieurs exemplaires se trouvent dégrossis sur les deux faces), il y en a d'autres formés
par les éclats, qui ont sauté en façonnant un objet quelconque, ceux-ci n'ont qu'une des
faces dégrossie, puis des disques, nombre de racloirs et grattoirs, allant de l'exemplaire assez
grand à ceux formés par de simples lames et enfin des vrilles.
Les exemplaires recueillis dans le lit de la rivière, ainsi que sur ses rives basses se trou-
vent plus ou moins émoussés ; on constate sur leurs surfaces des égratignures et des facettes
413
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Dr. MARTIN ROSKA
résultant du frottement des eaux, tandis que les exemplaires, pris des terrasses près du pied
de Miezeçul, n'ont pas souffert de telles modifications, leurs marges sont acérées et seuls
les exemplaires ex-
posés aux influen-
ces extérieures pré-
sentent des trans-
formatione sembla-
bles aux précé-
dentes.
On nous a fait
remarquer encore
deux grottes, com-
prises sur le terri-
toire de la commune
Iosâçel, de près la
vallée de Gruiu.
Quoique nous esti-
mions que ce qu'on
nous racontait, ne
pût être la pure
vérité, nous nous
sommes cependant
rendus à l'endroit
indiqué et nous a-
vons constaté que
les soi-disant grot-
tes, n'étaient en
somme, que des mi-
nes abandonnées.
Cependant près de
la chaussée qui con-
duit à Zimbru, nous
avons trouvé un ra-
cloir atypique en
silex, que je con-
sidère comme un
ustensile perdu et
isolé.
Près de la rivière
de Cremeneasa, a-
insi qu'à son em-
Fie. 23. Racloirs moustériens. Ohabaponor, couche I I I . 1—5, silex, 6 — 8, quartz. , i ·ι „
6 Ί
' houchure, il y a
quelques abris dont les fouilles ont été remises au printemps prochain.
Pendant notre seconde étape à Iosâsel, nous avons entendu dire qu'on trouvait des silex
aussi sur le territoire de la commune Gurahont à Poieni în deal. E n arrivant à l'endroit
414
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RAPPORT PRÉLIMINAIRE SUR LES FOUILLES ARCHÉOLOGIQUES DE L'ANNÉE 1925
indiqué, il nous a fallu bien longtemps, avant de trouver un coup de poing chelléen et quel-
ques lames, dont l'aspect
ne promet rien de caracté-
ristique. On ne peut é-
mettre que deux sup-
positions: la station se-
rait-elle couverte par la
forêt et l'épais tapis de
verdure dont les racines
pivotantes se sont enfon-
cées assez profondément
dans le sol ? Ou ne sont-
ils, ces exemplaires, que
des objets isolés, perdus
par les chasseurs paléo-
lithiques de ces parages.
7. L'ex-professeur uni-
versitaire M. ArpadGyer·
gyay, nous avait informé
que, dans les jardins de
son domaine de Cardos
(Kardosfàlva) près de
Cluj, il y avait des pierres
dégrossies, semblables à
celles du musée. E n arri-
vant dans cette localité
nous avons constaté
que les objets se trou-
vaient sur une terrasse
diluviale de la rivière de
V H I . I - . et en fouillant un
peu la terre labourée, on
a trouvé plusieurs mor-
ceaux en quartz visible-
ment façonnés. Toutes
les facettes de ces usten-
siles sont émoussées, fait
qui témoigne qu'ils ont
été transportés ici par
le courant. C'est la mê-
me situation qu'à Andrâ-
Fig. 24. Lames moustériens, Ohabaponor, couche III, 1, 2, 4, 5, 6, quartz.
shâzapusta, près de Nâ-
3,7, 8, silex.
dâscl. Le lieu d'où prove-
naient ces derniers produits, a été tout récemment découvert par mon ancien élève, aujourd'hui
professeur au lycée des réformés à Cluj, Dr. Iean Tulogdy.
415
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Dr. MARTIN ROSKA
8. Quoique cela ne concerne pas notre cycle de recherches, je nommerai ici encore une
station, celle de la vallée de Someç. Le très distingué membre de notre Commission, M. / .
Marfian nous a procuré quelque éclats façonnés, de caractère aurignacien, provenant de
Minuit-Românesc (distr. Bistrija-Nàsâud).
[Nous ne pouvons terminer notre rapport, sans accentuer l'importance du fait que les
fouilles de Crcmeneasa Iosâselului représentent aussi chez nous, et assez richement, la civi-
lisation du chelléen inférieur. Fait assez encourageant, qui nous impose en même temps le
devoir d'élargir les cadres de nos découvertes par des recherches plus nombreuses et plus in-
tenses. Les dénominations des confins, dérivées des mêmes racines, l'abondance du silex cl
des autres roches, ainsi que l'étude des terrasses nous guideront.
C'est par ce labeur ardu et sans repos qu'il nous sera possible de découvrir les vestiges
de l'époque acheuléenne en Transylvanie. L'unique lame connue, trouvée par M. Breuil,
près de Capusul-Mic, nous stimule à ce travail.
Le moustérien est assez bien connu chez nous tant par le grand nombre des stations de
Transylvanie, que par leur richesse. Les matériaux n'étant pas de qualité très supérieure,
on n'a pu y admirer des exemplaires parfaits et aussi bien travaillés que dans l'Ouest de
l'Europe ; en revanche on a façonné l'os t a n t par le cassage que par le retouchage. Près des pro-
duits bien connus de Cioclovina et de la grotte d'Igrit, se placent ceux de la grotte de Bordul-
Mare, près de la commune d'Ohabaponor. Tout cela constitue de nouveaux points de com-
paraison, qu'on ne saurait mépriser en se référant à la technique de l'industrie moustérienne.
En voyant les os des animaux, si bien conservés dans les cavernes, on est tenté d'es-
pérer, que bientôt il nous sera donné de découvrir aussi le squelette ou seulement quelques
restes de celui qui fut le créateur de cette industrie, l'homme qui vivait à une époque si éloignée.
416
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LE POIGNARD SCYTHE DE BOURENI
(MOLDAVIE)
On a constaté depuis longtemps que les Scythes avaient poussé leurs invasions en E u -
rope Centrale jusqu'en Hongrie et en Lusace, bien au-delà des limites très vagues que leur
assignait Hérodote. Ce qui restait à établir, c'était l'importance qu'il fallait accorder au
témoignage des fouilles: étaient-ce des traces isolées d'une incursion passagère, d'une conquête
sans lendemain, ou bien fallait-il conclure à l'existence d'une hégémonie scythe au-delà des
Carpathes? M. Rostovtzeff, en se posant cette question, prévoyait que l'on trouverait
la réponse «dans les innombrables Tumuli épars en Bulgarie et en Roumanie» l). Il n'y
a pas lieu d'anticiper ici sur la description très détaillée des antiquités scythes de
Transylvanie et de Valachie, auxquelles M. P â r v a n a consacré tout un chapitre de
son nouvel ouvrage sur l'histoire ancienne de la Dacie 2) ; il nous suffira cependant de
rappeler que l'auteur des Getica a indiqué trois routes d'invasion par lesquelles la vague ira-
nienne a pu déferler, au VI-e siècle av. J . Chr., jusqu'à l'Oder et l'Adriatique. C'est d'abord
la voie qu'ont dû suivre les bandes venues de Podolie, à travers la Galicie et les défilés des
Carpathes du Nord, pour déboucher dans la plaine hongroise: les armées russes de 1914
n'auront pas d'autre itinéraire. Les fouilles de Sapohovo en Galicie et les objets scythes
très nombreux trouvés en Hongrie attestent l'exactitude du tracé.
D'autre part les divers objets qu'ont livré les fouilles de Valachie prouvent abondamment
le passage des envahisseurs à travers la plaine du D a n u b e : depuis le district de Brâila jus-
qu'à Craiova, en passant par Bucarest et Giurgiu, des ornements caractéristiques jalonnent
les étapes de l'avance scythe, qui atteint, bien au-delà du fleuve, la région septentrionale
de la péninsule balkanique et la Dobrogea, la Petite Scythie du IV-e siècle et de l'époque ro-
maine 3 ). E n t r e ces deux lignes extrêmes, M. Pârvan suppose l'existence d'une troisième route
d'invasion à travers les Carpathes de Moldavie, ce qui expliquerait la présence des antiquités
scythes assez nombreuses que l'on a pu découvrir dans certains districts de la Transylvanie
méridionale. Si les trouvailles ont été fort nombreuses à l'Ouest des Carpathes, entre l'Oit
et le Mureç, on ne saurait faire la même constatation pour la Moldavie et la Bessarabie.
La région entre les montagnes et le Dniestr a été en somme assez peu étudiée, et les résul-
t a t s des fouilles exécutées par les Russes ne sont guère accessibles.
Il n'est donc pas sans intérêt de signaler un objet que l'on vient de trouver au début de
cette année, sur le versant occidental de la chaîne de collines qui sépare la vallée de la Mol-
dova de celle du Sereth. Il s'agit d'un poignard en fer (longueur totale: 24 cm., 8 ; largeur de
la garde : 68 mm ; poids : 320 gr.), déterré par des paysans qui travaillaient au forage d'un
417
27 Dacia I I 1925
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G. I. B R À T I A N U
puits, près du village de Boureni (district de Fàlticeni) ' ) . Malgré l'épaisse couche de rouille
qui la recouvre, l'arme est facile à identifier: l'ornement de la garde, en forme de coeur,
se retrouve sur tous les poignards Scythes de Russie et de T r a n s y l v a n i e 2 ) : la ressemblance
avec la poignée de l'arme trouvée à Vettersfelde, en Lusace, est particulièrement frappante 3 ).
C'est bien Υάκινάκης d'Hérodote, que les Perses suspendaient à leur ceinture, et dont la
longueur ne dépasse généralement pas 50 cm ; en Hongrie la dague s'allonge et devient une
sorte de glaive trapu, mais elle reste là aussi une arme d'estoc. Peuple
d'archers à cheval (ίπποτοξόται), les Scythes employaient Takinakès
pour le combat corps-à-corps, après avoir vidé leurs carquois: le peigne
de Solokha nous montre deux fantassins a t t a q u a n t un cavalier, la
dague au poing 4 ). Le carquois et le poignard, le γωρντός et Γάκινάκης,
sont aussi caractéristiques pour la civilisation scythe que l'épée longue
et la lance pour l'armement des Sarmates: ce contraste entre l'archer
aux vêtements légers et le cataphractaire couvert d'écaillés se retrouve
du reste à l'autre extrémité du monde iranien, lorsque la lourde che-
valerie des Sassanides remplace le cavalerie légère des Partb.ee 5 ).
Le poignard de Boureni ajoute un anneau à la chaîne des établis-
sements scythes, qui pourrait s'étendre à travers la Haute-Moldavie,
pour relier ainsi les stations transylvaines à celles de la Russie du Sud. Il
convient d'ailleurs de signaler la trace que l'élément iranien a laissée
dans la toponymie ancienne de la région. Le nom scythe du P r u t , JJ'ορατα,
et les anciennes formes du nom du Séreth, Τιαραντός et Ίέραοος peuvent
être ramenées à des racines iraniennes e ). Il est probable que les fouilles
confirmeraient les résultats des recherches philologiques: le poignard
que l'on vient de trouver près de la vallée du Sereth en est u n premier
Fig. 1. Poignard
indice.
scythe de Boureni
E n Moldavie, comme en Valachie et en Hongrie, les Scythes ont
apporté avec eux l'aspect oriental de la civilisation du fer. Il est difficile de se prononcer
sur la qualité du travail dans cette région, que l'on ne saurait juger d'après un seul objet, mais
il faut remarquer le manque total d'ornements du poignard de Boureni. E n général les Scythes
occidentaux, d'après les résultats des fouilles de Valachie et de Transylvanie, étaient beaucoup
plus pauvres que les rois fastueux de la Russie méridionale et de la Crimée: on n'a encore
trouvé nulle part, à l'Ouest du Dniestr, l'équivalent des trésors de Kul Oba et Tchertomlyk.
Une exploration plus complète des stations de Moldavie donnerait certainement des ré-
sultats intéressants et plus précis. L'hypothèse de M. P â r v a n sur le passage des Scythes à
travers le défilé d'Oituz, poux arriver en Transylvanie, est d ' a u t a n t plus vraisemblable que
sur ce point, comme sur t a n t d'autres, la domination des nomades iraniens du Vl-e siècle
avant J . Chr. coïncide avec les limites de l'occupation mongole du X I I I - e siècle de notre ère.
1
) M. M. Sturdza a eu l'obligeance de me remettre zig 1921 p. 120. Cf. le poignard trouvé à Romny
l'objet, qui a été trouvé sur la propriété de M. H u - (Poltava) Minns, ouvr. cité, p. 186.
4
sàrescu, au bord de la route qui va de Paçcani à ) Rostovtzeff, ouvr. cité, pi. X I X .
δ
Boureni, par Sodomeni et Secàtura. ) Ibid. p. 129.
2 e
) Cf. E . Minns, Scythians and Greeks, Cambridge ) V. Pârvan, Considérâtιuni asupra unor nume de
1913, pp. 68 — 72 et Pârvan, Getica, p. 7 et 353 — 357. râuri daco-scitice, An. Ac. Rom. hisl. Ill-e série, I
*) V. Ebert, Siidruszland im Altertum, Bonn-Leip- (1923) p. 9 — 1 1 .
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LE POIGNARD SCYTHE DE BOURENI
Sous les successeurs immédiats de Gengiskhan, Batou et Nogaï, les T a t a r s envahirent la Po-
logne, la Silésie et la Hongrie: la marche des colonnes de la grande armée de Souboutaï, en
1240, suit exactement les trois routes que les Scythes avaient déjà employées, dix-neuf
siècles plus tôt, pour tourner ou pour traverser la barrière des Carpathes 1). Iraniens ou
Mongols, les nomades suivent éternellement, à travers les siècles, les mêmes itinéraires et
c a m p e n t souvent aux mêmes endroits.
Les vallées de la Moldova et du Sereth semblent d'ailleurs particulièrement indiquées
pour une campagne fructueuse de recherches. La tradition voit dans les villages de la Mol"
dova le noyau primitif de la principauté moldave de X l V - e siècle et r a t t a c h e le nom de Bou-
reni à la légende de l'auroch éponyme. Mais les témoins du passé sont ici bien plus anciens
que les légendes du Moyen Âge ; t o u t près du Sereth, à quelques kilomètres de Boureni, les
tumuli j u m e a u x de Heleçteni dominent l'horizon des collines. Des fouilles systématiques
nous en apprendraient sans doute plus long sur l'extension et l'importance des établissements
scythes et sarrnates de Moldavie.
G. E BRÀTIAISU
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27·
L \ AES GRAVE OLBIEN À SALSOVIA
C'est au capitaine I. I. Bàlan, de l'École Navale de C o n s t a t a , que le Musée National
de Bucarest doit l'avantage de posséder un grand A PIX rond, à tête de Méduse et à aigle
t e n a n t le dauphin, de provenance assurée (ce qui arrive assez rarement avec les divers exem-
plaires qui circulent dans le commerce des monnaies et des poids grecs anciens) ^ . M. Bâlan
a trouvé cet aes grave olbien à Mahmudia, sa ville natale, et il a eu la grande obligeance d'en
faire don à notre Musée. Nous le remercions aussi à cette occasion de son geste amical et éclairé.
Le nouvel exemplaire (fig. 1) a 67 m m de diamètre et 98 gr de poids. Très bien conservé
Fig. 1. Aes grave olbien trouvé à Mahmudia (l'ancienne Salsovia). Gr. nat.
— à p a r t le trou moderne pratiqué par telle mère superstitieuse qui l'avait suspendu au cou
de son mioche en guise d' άτζοτρόπαΐον 2) — cet exemplaire a été trouvé, à ce qu'il paraît,
dans un tombeau des alentours de Mahmudia. Or, rien de plus naturel, que de supposer à
Salsovia (l'ancienne forteresse gétique, sise à ΓΟ de l'actuelle ville de Mahmudia) 3 ) , un pied-à-
terre grec du Vl-e s. av. J.-Chr. E n effet nous avons montré à une autre occasion 4 ), que les
Grecs avaient pris possession déjà au Vl-e s. de tout le Bas-Danube j u s q u ' à l'embouchure du
x
) L'exemplaire analogue de la Collection des Mé- celle du revers) en juste position.
3
dailles de l'Académie Roumaine, mal conservé, est de ) Cf. Pârvan, Salsovia, Bucarest, 1906, p. 24 sq.
4
provenance inconnue. ) Pârvan, Pénétration hellénique et hellénistique dans
2
) En effet c'est d'après la tête de Méduse que le la vallée du Danube, dans le «Bulletin de la Sect. Hist.
trou est orienté, afin de suspendre cette figure (et non de l'Académie Roumaine», X 1923, p. 26.
420
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UN AES GRAVI, OLBIEN A SALSOVJA
Sereth, où ils avaient fondé, à Barbosi, une factorerie stable en plein pays géto-scythique.
D ' a u t a n t plus devaient-ils avoir parsemé de leurs stations commerciales toute la bouche apellée
actuellement St. Georges, qui reliait Istria, l'aînée de toutes les colonies ioniennes de ces parages,
à l'intérieur gétique. Or Salsovia, comme Aegyssus et Troesmis, est une très vieille fondation
t h r a c e : son nom a été depuis longtemps reconnu comme tel ' ) . A l'époque où les Grecs com-
mencèrent leur pénétration en a m o n t du Danube (vers la seconde moitié du VH-e s. av. J.-
Chr.), les escales naturelles de leur flotte marchande durent être justement les vieilles forteresses
gétiques de Salsovia, Aegyssus, Dinogeteia, Troesmis, Beroe, Cius, Carsium, Capidava, Du·
rostorum, etc.
Uaes grave trouvé à Salsovia, malgré sa conservation excellente, n'a que le poids de 98
gr. II a donc a p p a r t e n u aux séries à poids minimum (103—104 gr.) du t y p e archaïque à tête de
Méduse et à aigle t e n a n t le dauphin dans ses griffes 2 ). Nous regrettons que l'exemplaire d'aes
grave, similaire au notre, de la Collection des Médailles de l'Académie Roumaine, soit si oxydé
qu'il a perdu presque la moitié de son poids original. 11 ne peut ainsi être pris en considération
qu'au point de vue de sa grandeur et de sa figuration, qui le placent dans la même série que
Minns, pi. I I , no. 1 et que notre nouvel exemplaire, de Salsovia.
Constatant donc, une fois de plus, la grande diffusion de Vaes grave olbien comme moyen
d'échange généralement reconnu dans les pays géto-scythiques du P o n t - E u x i n , non seulement
dans le territoire d'Olbia, mais aussi dans le domaine d'exploitation histrien, nous n'es-
sayerons pas — d'ailleurs vainement — de reprendre le problème de la légende APIX, que
ces grandes pièces portent, et nous nous contenterons de noter que nous partageons l'opinion
de ceux qui, avec Minns, o. c, p. 484, voient dans ces lettres le commencement d'un nom de
magistrat olbien, très probablement d'origine iranienne.
V. P.
1
) Tomaschek, Die alten Thraker, Il 2 (Académie 1913, p. 482 sqq. et pi. II tout le matériel comparatif
des Sciences de Vienne, 1894), p. 79. pour les divers types d'aes grave olbien.
2
) V. chez Minns, Scythians and Greeks, Cambridge,
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I.\ «STATUE-MENHIR» DE HAMANGIA
Les «statues-menhirs» n'étaient pas inconnues en territoire daco-gétique. Nous possédions
la partie supérieure d'une telle idole, assez informe, de Gherla (Szamosiijvâr) l) (fig. 1) et toute
une collection de «statues», assez soigneusement sculptées, de Baia de Cris 2 ) (fig. 2). Mais la
nouvelle «statue» de la déesse funéraire, gardienne des sépultures 3 ), trouvée non loin de
Hamangia en Dobroudcha, est de beaucop
la plus caractéristique. En voici d'abord les
détails de la découverte.
Comme les trouvailles de Gruia 4 ), ainsi
celles de Hamangia sont dues au hasard des
t r a v a u x publics; et la même malchance a
présidé à leur découverte. E n effet les ter-
rassiers qui exécutaient le grand remblai de
la voie ferrée Medgidia — Babadag — Tulcea
rencontrant non loin de Hamangia un énorme
tumulus plat, qui barrait le tracé de la voie,
en profitèrent pour construire avec la terre
amoncelée à cette place il y a quatre mille
ans, le terrassement du chemin de fer, assez
h a u t à cet endroit (v. fig. 3). De nombreux
tessons de vases, des restes humains, du mo-
bilier funéraire et une grande statue-menhir
Fig. 1. P a r t i e supérieure d ' u n e s t a t u e - m e n h i r de Gherla f u r e n t retrouvés et, par c u r i o s i t é — seulement
( S z a m o s u j v â r ) , d ' a p r è s Orosz d a n s AÊ. X X I V 1904, . . A , „ ,,. . , , „
... en partie — mis de cote a 1 intention du chet
p . 405. *
des t r a v a u x de ce secteur, M. l'ingénieur N.
Màinesco. La sépulture fut fouillée et détruite par les terrassiers en l'absence de t o u t e
personne cultivée, qui eût pu retenir, pour le moins, certains détails topographiques de la
découverte. Lorsque des mois plus t a r d M. Màinesco eût l'obligeance de porter à notre connais-
sance la découverte et qu'il voulut bien nous faire don des quelques objets que les ouvriers
lui avaient conservés, il était trop t a r d , pour refaire quoique ce soit des détails de la décou-
x
) Publiée p a r E . Orosz d a n s ΓArehaeologiai Êrtesito Urg. d. bild. Kunst, éd. Menghin, Vienne, 1925, p .
de B u d a p e s t , X X I V 1904, p . 405 e t suiv., avec u n 619 sq. les r a p p o r t e t o u t n a t u r e l l e m e n t u leur vrai â g e ,
c o m m e n t a i r e très naïf, m a i s c o n t e n a n t certains renseigne- p r é h i s t o r i q u e , en les i n t e r p r é t a n t c o m m e des m e n h i r s .
m e n t s assez utiles. 3
) Cf. D é c h e l e t t e , Manuel, I , p, 594 sqq. et H o e r n e s -
-) Publiées p a r G. Téglâs, d a n s Ungarische Revue, Menghin, o. c , p . 218 et suiv.
I V 1884, p . 359 et suiv. et d a n s YArch. Érl., V, 1885 4
) P â r v a n , d a n s Dacia, I, 1924, p . 35 et s u i v .
et a t t r i b u é e s à l'âge r o m a i n (!) de la Dacie. H o e m e s
422
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LA «STATUE-MENHIR» DE HAMANGIA
verte sur place. C'est en vain que j'envoyais MM. le conservateur Metaxa et le dessinateur Pe-
f*i
I
.0 Ϋΐ~-
W
ψ.
ΐ .ι. ; : :
Fig. 2. Statues-menhirs de Baia de Cris (Korii.sbânya) d'après G. Téglâs, dans AÊ. V 1885.
Fig. 3. Vue du tumulus de Hamangia, après son utilisation pour le remblai de la voie ferrée,
eurariu, de mon service des fouilles d'Histria (où je me trouvais moi-même sur le chantier),
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423
pour faire une enquête minutieuse parmi les terrassiers et un relevé du terrain en surface comme
en profondeur: t o u t avait été bouleversé ou détruit ; ils ne purent que recueillir quelques tessons
de plus et rapporter les objets
que M. l'ingénieur Mâincsco nous
avait généreusement cédés, ce dont
nous le remercions aussi à cette
occasion.
Cependant même dans ces
tristes conditions la découverte de
Hamangia est de la plus grande
importance. Les objets sauvés par-
lent un langage très clair ; ils ap-
partiennent à une époque facile-
ment datable, et leur nouveauté
au milieu d'un monde assez dif-
férent du leur (l'énéolithique peint
de type bas-danubien), bien q u ' u n
Fig. 6. Partie supérieure de la statue-menhir de Hamangia.
peu surprenante, n'est pas du t o u t
énigmatique, comme nous allons le montrer par la suite.
Évidemment la pièce capitale de cette découverte est la statue-menhir en grès v e r d â t r e ,
haute de 1,95 m, large de 0,93 m et épaisse de seuls 20—25 cm (c'est comme très souvent, une
424
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LA «STATUE-MENHIR» DE HAMANGIA
plaque très plate). La face antérieure du menhir (fig. 4), représente la divinité féminine aux
bras appliqués sur la poitrine, et, ce qui est nouveau, à l'indication très claire du triangle sacré.
Un lourd collier entoure le cou de la figure. Quant aux traits du visage (cf. la vue aggrandie
de la fig. 6), la bouche est nettement marquée, ce qui n'est pas fréquent ; les yeux et le nez
sont presque vraisemblables. À côté de cette statue, le menhir de Gherla (fig. 1), avec l a seule
indication des seins ( ?) de la divinité (les deux ars de cercle à peine visibles sur la poitrine),
se présente de manière assez fruste et insuffisante. Les menhirs de Baia de Cris (fig. 2) sont
également inutilisables pour un essai de détermination plus précise du type féminin des statues-
menhirs de l'énéolithique carpatho-danubien.
D'autre part la manière dont la plaque de Hamangia reproduit la région sacrée du corps
de la divinité, avec les deux grands arcs de cercles indiquant les courbes des hanches, est
faite pour nous rappeler les sculptu-
res de Hal-Sâflieni à Malte *), et en
général toutes les figures fémini-
nes stéatopyges depuis les jeliefs
sur roche du paléolithique tardif 2 ),
jusqu'aux figurines en terre-cuite du
néolithique tardif 3 ). Ce détail qui
est aussi très caractéristique, rehausse
encore la valeur documentaire de
notre nouveau menhir.
Mais la face dorsale de la «sta-
tue» de Hamangia (fig. 5) n'est pas
Fig. 8. Fragments de vases trouvés dans la sépulture de
moins intéressante que la face anté- Hamangia. 3/10 gr. nat.
rieure par ses gravures et ses essais de
sculpture. Naturellement la hache est — comme d'habitude — le symbole qui remplit,
plusieurs fois répété, presque toute cette surface de la plaque. Cependant il faut relever
d'abord que le sculpteur a donné aux deux bras de la figure et au collier de la face
2
*) Cf. Hoernes-Menghin, o. c, p. 206 et suiv., et fig. 1 ) Cf. les reliefs de Laussel en Dordogne, /. c , p. 167.
3
de la p. 209. ) En Thrace, ibid., p. 319.
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425
VASILE PAR VAN
antérieure une continuation logique sur la face postérieure, en faisant partir les bras de deux
«omoplates» et en prolongeant le collier par un très long cordon j u s q u ' a u niveau de la ceinture.
On ne voit aucune indica-
tion de la ceinture; mais
nous devons supposer que
les deux grandes haches y
étaient suspendues, tout
comme sur les statues-
menhirs de Baia-de-Cris (fig.
2 ) ; on voit très bien à Baia-
dc-Cris comment le manche
de la hache passe en dessous
de la ceinture et la hache
se soutient par son t r a n -
chant même, auquel elle
reste suspendue. Toujours
Fig. 9. Casse-tête et vase caliciforme de Hamangia. 2/5 gr. nat.
comme suspendus à la cein-
ture, qui avait, été peut-être
seulement peinte à l'ocre rouge ' ) , faut-il imaginer les deux objets gravés à droite et à gauche
des grandes haches ; d'après leur forme de gorytos scythique, ces objets ont pu représenter des
carquois ^cependant leur
signification peut avoir
été aussi une autre, qui
nous reste inconnue. Une
grande hache «contour-
née», et beaucoup d'au-
tres simplement grattées,
à une seule ligne, rem-
plissent tout l'espace en-
tre le collier et la cein-
ture.
La forme sculptée des
haches de notre statue-
menhir est exécutée avec
une fidélité digne des
sculptures sur roche du Fig. 10. Céramique de Hamangia.
Portugal, de la Ligurie
ou de l'Asie Mineure. Cette forme est identique avec celle des haches en métal de l'Europe
Centrale à l'âge de la céramique cordée: en voir le choix donné chez Hoernes-Menghin, o. c ,
p. 321.N ous ne croyons pas que les haches de Hamangia aient été effectivement en métal ; un
casse-tête en diorite, trouvé dans la sépulture, nous fait plutôt croire que ces haches étaient
modelées toujours en pierre dure, mais d,après des modèles en métal, — t o u t comme en
Scandinavie et ailleurs. E n effet le dépôt de Borodino en Bessarabie — c'est-à-dire pas trop
l
) Cf. pour des cas pareils, Déchelette, o. c , I, p. 586.
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Ι,Α «STATl Κ-ΜΙΛΗΙΒ» l)K HAMANGIA
loin de Hamangia — nous semble être par ses haches en diorite l'illustration la plus appro-
priée de ces rapports étroits, stylistiques et chronologiques, entre les hommes de la céramique
cordée et des haches en
métal des régions de l'El-
be et du Rhin, j u s q u ' e n
Suisse et en Moravie, les
hommes à haches en pi-
erre polie et à vases ca-
liciformes du J u t l a n d ou
de la Scandinavie et nos
hommes de Borodino ')
et de H a m a n g i a , à ha-
ches et à casse-tête en
pierre polie, à vases cali-
ciformei (voir plus bas) 2 )
et à grands menhirs scul-
<£
ptéa en guise de statues
de la grande déesse fu- Fig. 11. Céramique de Hamangia.
néraire.
La céramique trouvée à H a m a n g i a fournit des détails encore plus précis et très précieux
à notre esquisse. 11 y a deux sortes de tessons: 1° fragments de vases de type caliciforme, plus
ou moins profond (v. les
profils de la fig. 7, nos.
2 — 9), et dont l'exem-
plaire reproduit fig. 8 (à
gauche) et 9 (à droite) est
très i m p o r t a n t par sa dé-
coration spécifique ; 2*
fragments de vases à très
h a u t col convexe a ), peut-
être, comme à Balta-Ver-
de, près de Turnu-Seve-
r i n 4 ) , a p p a r t e n a n t sans
doute, par la forme et la
technique, n e t t e m e n t à
l'âge du bronze: v. le
profil no. 1 de la fig. 7
Fig. 12. Céramique de Hamangia.
et le tesson de la fig. 8
(à droite ; cf. aussi le tesson de la fig. 10, en bas à gauche), et dont la décoration se résume
à peine à quelque grandes et rares lignes gravées ou pointillées.
1
) V. l'article reep. dan» le Lexikon de Max Ebert. la controverse concernant les «Glockenbecher» et la
Cf. pour les rapport» entre Borodino et le Jutland. «Schnurkeramik» en Hongrie et en Transylvanie.
3
mais aussi entre Borodino et Troie, Menghin, o. c, p. 827. ) Ou plus simplement: doublement pansus.
2 4
) Cf. Déchelette, Manuel, I, p. 54H ; Hoernes-Menghin, ) Bârcàcilâ dans Dacia, I, 1924, p. 294, fur. 260.
p . 739; v. aussi p. 336 et 607 et suiv. à propos de
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\ \ S I I . I : PARVAIS
Or la céramique du premier type, à motifs ornementaux assez variés (v. fig. 8—12), parmi
lesquels les «dents de loup» sont caractéristiques, este une falsche Schnurkeramik, à
lignes plutôt poi titillées que réellement cordées. Le remplissage des «points» avec de la
matière blanche, conformément à l'ancienne tradition de la céramique incisée et excisée,
se retrouve ici aussi ' ) . Quant au décor, le calice des fig. 8 et 9 dément la parenté ornementale
trop étroite avec le nord ou l'ouest, par l'absence presque totale des zones décoratives
horizontales, qui sont remplacées ici par de grands «dents de loup» en h a u t et par des
traits verticaux, en bas, analogues à ceux qui décorent, en gravure, les vases
de l'âge du bronze «moyen» à Baestii-Aldetii 2) et à Montcoru :{), mais, il faut
ajouter tout de suite, aussi les vases imitant le chapeau haut de forme, du
J u t l a n d (Hoerncs-Menghin, p . 741).
La céramique pseudo-cordée est connue aussi en Lairope centrale et sep-
tentrionale et elle ne contredit point les conclusions que nous avons tirées de
l'examen de la statue-menhir et de ses décorations. D'autre part les vases à
Fig. 13. Vue de détail du cas«c-tête Fig. 14. Vue de face du maxillaire
de Hamangia. inférieur de Hamangia. 2/3 gr. nat.
h a u t col convexe apparaissant de manière assez fréquente aussi dans le bassin du Da-
nube moyen à un âge plus tardif, nous invitent à dater la sépulture de H a m a n g i a , comme
d'ailleurs aussi le dépôt de Borodino, plutôt à l'âge du bronze qu'à celui de la pierre,
c'est-à-dire en t o u t cas à une période très tardive de Vénéolithique du Bas-Danube. E n effet
certains détails de la technique du menhir de Hamangia dénotent par la précision et la sû-
reté de la ligne sculptée une parenté assez étroite avec les menhirs de Baia-de-Criç, c'est-
à-dire, en général, avec les statues-menhirs de l'âge du bronze proprement-dit.
J
) La seule monographie de caractère général sur labyrinthe de la céramique carpatho-danubienne de
la céramique «incrustée» dans les pays carpatho-danu- l'âge énéolithique et du bronze propre n'a pas trouvé
biens est celle publiée par M. Vozsinszky en 1904 dans son fil d'Arianne, et la plus belle — sans conteste —
les Êrtekezések historiques de l'Académie des Sciences des industries céramiques préhistoriques de l'Europe
de Budapest, Az ôskor mészbetêtes diszitésii agyagmii- ne possède encore que des classifications arbitraires
vessége, 166 pp., suivies de CL planches: elle comprend et hypothétiques.
le néolithique et l'âge du bronze et elle offre un ma- -) Rapport de M. Stefan, à paraître dans Daeia III.
tériel comparatif très précieux. Malheureusement le 3
) Idem, de M. Andriesescu, ibid.
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LA «STATUE-MENHIR» DE HAMANGIA
Cependant nous cro- F i g 15 V u e d e profi] d u maxinaire inférieur de Hamangia. 3/4 gr. nat,
yons que p a r rapport à
l'époque assez tardive (débuts de l'âge du bronze en Europe Centrale) à laquelle nous devons
forcément dater notre sépulture, il n ' y a qu'une seule explication possible: la sépulture e t
le menhir de Hamangia doivent être une apparition extrême, vers ΓΕ pontique, des formes de
civilisation de l'Europe p r o p r e : d u centre et d u nord, ainsi que de l'ouest. Les menhirs de
Gherla et de Baia-de-Cris^ en Dacie transylvaine, en forment le chaînon naturel e t très bien-
venu vers ΓΟ.
V. P .
l
) Cf. Déchclette, I, p . 519 et 523.
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