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VASILE PARVAN
nouvelle reconstruction de la ville se servaient pour leurs réparations du matériel trouvé parmi les ruines mê-
*fl
 -y-
mes.
 Nous avons déchiffré ce que l'on voit fig. 27:
 II ()
i
 Histrianorîum civitas
~\i · · · ·
 Ijeg Aug pr. j>/r
Il
 s'agit
 donc d'un monument dédié à un empereur par la ville d'Histria, sous les auspices du gouverneur de la Mésie Inféri-
F
»g·
 27
· eure. Le matériel, le st\ldes lettres, les proportions importantes de la plaque originale, témoignent, une fois de plus, de la grande pros périté d'Histria au
 ΙΙ-e s.,
 à partir surtout de l'époque de Trajan.
18.
 Autel en pierre calcaire, dont le profil supérieur et une partie du tronc manquent, haut, à l'état, actuel, de 86 cm, large de 37, épais de 32 (v. fig. 28 et 29). Ce bloc avait fait partie du parement de la tour A. Les vagues de la mer qui frappaient ici le mur de la ville avec fureur (c'est la tour du NE, la direction d'où arrivait le terrible vent scythique), ont poli la  pierre et presque effacé les lettres. Monument très fruste, oeuvre paysanne, à lettres sans aucun carac
tère,
 hautes de 4 5 cm, à ligatures capricieuses. Langue approximative, orthographe vaccillante. Les lacunes des deux premières lignes sont les plus difficiles à suppléer. En effet, d'après les restes de lettres de la première ligne, nous avons affaire d'a bord à un
 datif du pluriel
 et à un
 et.
 Le datif ne nous assure qu'un tout petit fragment de la racine même du mot: est-ce un S, pour lire
 MuJsis?
 Est-ce un H,  pour lire
 Nympjhis?
 Le premier cas serait trop exceptionnel. La seconde hypothèse serait très convenable: nous aurions le lecture, bien familière
1
),
 Nympjhis et [Silvano
 ; cependant la trace de lettre conservée sur la Fig. 28.
») V. p. e. CIL. III 9754 ^equum-Dalmatia) et 13187
 (Delminium,
 ibid.);
 Arch.-epigr. Mitt.,
 XVII,
88,
 12:
 φνλή Λίγικορέων (cTJstria) τυν βωμύν ταΐς Νύμφαις άνέστηαεν.
 En Scythie Mineure, comme en
214
 
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FOUILLES D'HISTRIA
 pierre (cf. fig. 28) ne semble pas avoir appartenu à un H. Quant au nombre de lettres qui manquent, la lacune admet, avant
 Vis
 du
 datif,
 trois ou quatre lettres, dont la dernière serait celle en partie visible sur le monument; de même après
 Yet 
 nous pouvons restaurer autres trois ou quatre lettres, p. e. SÏLV, et puis, à la 2-e ligne, avant SACRVM le reste de
 deux
 let
tres:
 A en ligature avec N, et O: ANO. — A la 6-e ligne nous avons la triple ligature de
 ΓΑ, de TV et du R: AVR: il faut donc lire comme dans l'inscription
 publiée dans
 Histria,
 IV,
 p.
 85,
 Aur(eli).
 — A la 8-e ligne, avant SATVR, nous avons cru déchiffrer sur la pierre: TIB; nous restaurons toutefois ce nom avec un signe
 dubitatif.
 — Le nom du
 quaeslor,
 dans la 10-e ligne, est abrégé d'une manière assez exagérée: TER. MAT; nous lisons cependant, avec les meilleures chances de certitude,
Ter(entio) Mat(erno)
. Il est vrai que le cognomen pourrait être lu aussi
 Mat(uro).
 Nous choisissons le premier comme plus fréquent. A la 9-e ligne, après  NIN, il y a une brisure dans la  pierre: d'après la forme de l'éclat nous devons supposer qu'un O y a été gravé.lecture IVN à la 12-e ligne est certaine.
? Nymphjis et fSilv? ? anoj sacrum^  prjo salutem  IJmp. T. Aeli
 AntfnJ-
5
 nini Hadrea(ni)
 (sic)
 Aug. et Aur. Veri
Caes(aris),
 cura âge· ntibus f?Tib.J Satur-ninfoj et Bizienem
10
 mag(istris) et Ter(entio) Mat(erno) quae-
storem,
 idibus
 Iun(is),
 Q. Statio Ma xime et Avito c(onsulibus).
Dalmatie, l'eau est très rare et le culte des Nymphes très à sa place. 215
 M 
 :
 O-itS
 J-
Fig. 29.
 
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VASILE PÂRVAN Le nom du premier consul est assez maltraité: au lieu de T. et de
 Staliliiis.
 ou lui a prêté le prénom de
 Q.
 et le nom de
 Statius.
 Mais la dernière faute est assez vénielle,  parœ qu'il ne
 s'agit
 au fond que de deux
 ligatures
 non transcrites sur la pierre; (TILI, devenu TI). Le monument a donc été consacré en 144 le même jour 
 (13 juin)
 que les nom breux autels votifs du
 riens Quintionis.
 découverte sur le me tracé du mur d'enceinte dllistria, dans les ruines de la courtine a
1
). D'après les formules employées, la date de la dédication, les fautes de rédaction
 (Antoninus Hadreanusl),
 les magistrats cités, la partition d'égal à égal entre Romains et Thraccs des deux places de maires du village, enfin d'après l'endroit même le monument a été trou, il n'y a aucun doute que cette
 ara
 aussi a été dédiée par les
 retentiti et cives Romani et Iiessi consistentes rieo Quintionis.
 Si cela est vrai, notre monument serait le plus ancien de toute la série des autels consacrés dans ce village chaque année le 13 juin, c'est-à-dire en 144 (le nôtre), en 149
 {Histria,
 VII, 57), en 1(><)
 (ib.,
 p. 64), en 175 (p. 68), en 176 (p. 71), en 177
(p.
 74). , Très curieuse est la persistance avec laquelle ces villageois répètent dans tous leurs monuments du temps d'Antonin le Pieux la dénomination fautive de leur empereur: en 144, en 149 et à une date rapprochée, mais pas indiquée
 2
), par trois fois, les chefs de ce village appellent leur empereur 
 Antoninus Hadrianus,
 quoique le premier pas qu'ils auraient fait dans les rues d'Histria les aurait renseignés sur son vrai nom, qu'ils  pouvaient lire sur d'innombrables monuments publics: cf. seulement parmi les choses découvertes jusqu'à présent :
 Histria,
 IV, nos. 21, 22 et 23;
 Histria,
 Vil, no. 47; l'article  présent,nos. 15 —16.— Quant au nom du prince «héritier», ils sont aussi très constants: ils l'appellent toutes les trois fois
 Aurelius Verus Caesar,
 sans prénom
 (
 Marvus),
 c'est-à-dire, à la paysanne, avec le prénom ( !)
 Aurelius
 et le nom( !)
 Verus,
 comme leur propres concitoyens:
 Claudius Gaius
 et
 Servilius Primigenius (Histria,
 VII, p. 56),
 Sulpicius Nar~ cissus
 et
 Cocceius Phoebus (Histria,
 IV, p. 85),
 Tiberius Saturninus
 et
 Terentius Ma· ternus
 (notre monument), etc.
 3
). J'ai transcrit
 cura agentibus,
 tout simplement, comme dans
 Histria,
 VIT, p. 56 (le document de l'an 149), parce que la grammaire de nos inscriptions nous autorise et me nous oblige à ce parfait mocratisme. Rien de nouveau dans notre village, quant à l'apparition solennelle du collège com plet des
 magistrati
 (cf.
 Histria,
 IV, p. 85) et aux noms des deux «Romains» le
 magister
et le
 quaestor.
 Au contraire l'autre
 magister vici,
 se présente avec un nom assez original. Tout d'abord il est son propre fils: pas de nom de père, comme il arrive d'habitude même ici au village de
 Quintio: Durisses Bithi (Histria,
 VII, p. 56),
 Derzenus Aulupori (Histria,
 IV, p. 85), etc. Ensuite le nom même: au
 nominatif,
 Bizienis.
 C'est un dérivé du nom besse très connu,
 Bisa,
 Βίζης, Βνζος*),
 à l'aide du suffixe
 -nis,
 dont justement les Besses du vicus Quintionis paraissent avoir fait un assez large usage. En effet nous avons fait ici la connaissance en 176 du
 magister 
 Valerius
 Cutiunis
 et en 177 celle du
quaestor 
 Fronto
 Burtsitsinis,
 deux nouveaux «Romains», dont les noms
 Valerius
 et
Fronto,
 malgré leur aspect romain, étaient cependant aussi barbares que ceux de leurs ') Pârvan.
 Histria,
 VII. p. 56, 63, 67, 72, 75. du
 vicus Quintionis
 d'époque plus tardive: v. les -) Pârvan,
 Histria.
 IV, p. 85. citations ci-dessus dans le texte.
3
) Nous n'insistons pas sur les autres inscriptions
 4
) Tomaschok,
 Die altni Thrakrr,
 II 2, p. 15 eq. 216
 
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