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2/13/2010 weblextenso -

PA200701701

Petites affiches, 23 janvier 2007 n° 17, P. 6 - Tous droits réservés

Droit de la fam ille

Immutabilité du nom patronymique et respect de la vie privée

(Cass. civ. 1re, 11 juillet 2006) {stitart}L'avis de l'avocat général


Ayant souverainement relevé les conséquences résultant pour une personne du rétablissement de l'exacte identité
patronymique qui étaient relatives tant pour lui-même que pour sa famille, dès lors qu'il était notoire que son nom était
issu d'un patronyme adopté sciemment par son père dans la Résistance, que son mariage et la naissance de ses
filles étaient récents et que le risque de déconstruction de la personnalité et de lourdes répercussions
psychologiques était peu sérieux, une cour d'appel, qui a tenu compte des conséquences médiatiques, a pu retenir
que, malgré l'atteinte portée à la vie privée du demandeur, la rectification de son état civil prévue par la loi s'imposait
pour la protection de l'intérêt général.

Convention européenne des droits de l'homme. Article 8. Respect de la vie privée. Exercice de ce droit. Ingérence
d'une autorité publique. Conditions. Protection des droits et libertés d'autrui. Cas. Rectification d'un acte d'état civil
pour restituer son véritable nom à une personne n'ayant pas employé les moyens légaux pour en changer.

Nom. Nom patronymique. Immutabilité du nom patronymique. Dérogations. Bénéfice. Renonciation. Portée.

Nom. Nom patronymique. Rectification. Requête. Saisine d'office du procureur de la République. Conditions. Erreur ou
omission portant sur une indication essentielle de l'acte. Caractérisation. Effets. Étendue.

L'avis de l'avocat général

M. Jerry Sainte Rose, avocat général

I. Les faits et procédures


M me O. divorcée de F. et M. Alexandre de F. ont assigné en 1999 M. Xavier P. de F. et sa m ère en
usurpation du nom « de F. » devant le Tribunal de grande instance de Nanterre.

Le procureur de la République ayant eu connaissance de cette procédure a saisi le président du


Tribunal de grande instance de Nanterre en rectification de l'état civil de M. Xavier P. de F. pour faire
supprim er la dernière partie de son nom .

Cette requête a été rejetée par ordonnance du 9 octobre 2001.

Par arrêt du 24 octobre 2002, la Cour d'appel de Versailles a infirm é ce jugem ent et ordonné la
rectification des actes d'état civil, de naissance, de m ariage de M. P. de F. et les actes de naissance de
ses deux enfants Adèle et Agathe, pour dire que le nom de P. devait se substituer à celui de P. de F.

II. Le pourvoi
M. Xavier P. de F. a form é le 15 janvier 2003 un pourvoi en cassation contre cet arrêt signifié le 29
novem bre 2002 et produit un m oyen unique de cassation en deux branches.

1re branche : En am putant abruptem ent le patronym e, de l'adjonction de F. au seul prétexte inactuel
que le principe d'im m utabilité du nom aurait em pêché le père de l'exposant, né Louis P., de
transm ettre en 1961 le nom P. de F. et en rem ettant ainsi en cause une situation personnelle établie
depuis 40 ans, où l'exposant a fait usage du nom de P. de F. et l'a d'ores et déjà transm is à son épouse
et à ses descendants, la Cour d'appel a com m is une ingérence dans la vie privée et fam iliale de M.
Xavier P. de F. m anifestem ent disproportionnée au but poursuivi par l'application du principe
d'im m utabilité du nom , en violation de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l'hom m e et des libertés fondam entales.

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2e branche : En appréciant les conséquences du rétablissem ent de l'exacte identité patronym ique de
l'exposant sans tenir com pte que le nom qu'il portait était associé à l'élection de « Miss France »
événem ent de grande renom m ée, et que l'am putation de l'adjonction de F. lui serait d'autant plus
pénible en raison de la résonnance m édiatique et l'exposerait à des sarcasm es, la Cour d'appel a violé
le m êm e texte.

III. Discussion

A. L'applicabilité de l'article 8 de la Convention EDH


Le présent pourvoi se place exclusivem ent sur le terrain de l'ingérence de l'autorité publique dans la
vie privée du dem andeur, étant précisé que c'est son nom , élém ent essentiel de l'identité de la
personne qui est en cause.

On sait que le nom qui est l'un des « signes juridiques » (1) qui servent à distinguer chaque hom m e de
ses sem blables et à le désigner, rem plit une triple fonction : fonction sociale d'identification, sym bole
fam ilial d'appartenance com m une et droit personnel source de référence où la personnalité puise
pour construire son identité (2) .

Il est exact que la Cour européenne des droits de l'hom m e analyse le nom com m e un élem ent de la
vie privée et fam iliale et l'intègre dans le dom aine de l'article 8 de la Convention européenne dont
l'em prise paraît de plus en plus tentaculaire. En effet, la Convention ne vise par le nom volontairem ent
écarté lors de son élaboration afin de laisser la plus grande m arge de m anoeuvre aux États, les
législations nationales se caractérisant par leur diversité (3) . Mais on ne peut que constater que la
Cour européenne ne cesse d'étendre le cham p d'application du traité dont elle est l'interprète et par là
m êm e sa propre com pétence.

Peu abondante, la jurisprudence citée par le m ém oire am pliatif se rapporte au nom des époux et aux
éventuels changem ents liés au m ariage.

On observera qu'en la m atière, les juges de Strasbourg associent à l'article 8 de la Convention l'article
14 du m êm e texte qui prohibe toute discrim ination entre les individus.

Tel a été le cas dans l'affaire Burghartz : M. Schnyder, de nationalité suisse avait épousé en Allem agne
une fem m e de nationalité suisse et allem ande. Selon la loi allem ande, ils avaient choisi com m e nom de
fam ille celui de l'épouse : Burghartz et le m ari y avait accolé son propre nom patronym ique. Les
autorités helvétiques n'ayant pas perm is à ce dernier de prendre le double nom , ce que pouvait faire la
fem m e, la Cour européenne, par un arrêt du 22 février 1994, a fait droit à la requête des époux qui
invoquaient la discrim ination dont était victim e le m ari, en soulignant que « la progression de l'égalité
des sexes est aujourd'hui un but im portant des États m em bres du Conseil de l'Europe et que seules
des considérations très fortes peuvent am ener à estim er com patible avec la Convention une
différence de traitem ent fondée exclusivem ent sur le sexe ». Subsidiairem ent les juges européens
ont relevé que l'État suisse devait prendre en considération la notoriété acquise par le m ari dans son
m ilieu professionnel sous le nom de fam ille qu'il portait.

C'est le m êm e souci d'assurer l'égalité de traitem ent entre hom m es et fem m es qui a prévalu dans
l'affaire Unal Tekeli c/ Turquie ayant abouti à la condam nation de ce pays par un arrêt du 16 novem bre
2004 : la requérante, une avocate, se plaignait de ce que sa loi nationale ne l'autorisait pas à conserver
son nom de jeune fille.

Toute différente est la situation qui est à l'origine du présent litige. Celui-ci a trait à la transm ission du
nom de fam ille à un enfant naturel. C'est l'identité légale du dem andeur au pourvoi qui est en cause. M.
Xavier P. de F. n'allègue pas avoir subi une quelconque discrim ination, il fait grief aux juges d'appel de
l'avoir privé injustem ent de la m oitié du nom qu'il portait.

À notre connaissance du m oins, la Cour européenne n'a jam ais été saisie d'un cas analogue. La
question du droit pour l'un ou l'autre des parents de transm ettre son nom à l'enfant ne lui a été posée
que dans le cadre du m ariage (4) .

Dans notre espèce, il est constant que M. Louis P. qui avait fait usage du pseudonym e « de F. » com m e
m em bre d'un réseau de résistance, a cru pouvoir déclarer à l'état civil les deux fils qu'il a eu de sa
concubine dont le prénom m é Xavier sous le nom de P. de F.

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Le dem andeur au pourvoi n'a pas m anqué de faire valoir qu'il portait ce nom depuis sa naissance en
1961. La possession acquisitive de longue durée et sans fraude perm et en effet de conserver un nom
qui n'est pas en conform ité avec les actes de l'état civil, le nom en tant qu'instrum ent de police civile
s'effaçant alors au profit du nom considéré com m e un droit de la personnalité. Mais la Cour d'appel a
estim é que la possession dont se prévalait l'intéressé était viciée dès l'origine. L'appréciation des
juges du fond est à cet égard souveraine (5) . Ce point n'est plus en discussion.

Il est d'ailleurs peu probable que le dem andeur ait ignoré que le patronym e qu'il portait et qui figurait,
à son initiative, sur son acte de m ariage et l'acte de naissance de ses deux filles avait été m odifié ou
plutôt com plété par son père, contrairem ent au principe de l'im m utabilité du nom édicté par l'article
1er de la loi du 6 fructidor an II sur lequel s'est fondée la Cour d'appel.

Reste alors à déterm iner si « l'ingérence » de l'autorité publique dans la vie privée de M. P. dit de F. est
justifiée ou non au regard de l'article 8 de la Convention européenne qui, selon le pourvoi, serait
applicable en l'occurence indépendam m ent de l'article 14.

B. Une ingérence légitime


Trois conditions sont requises par le second alinéa de l'article 8 : l'ingérence doit avoir été prévue par
la loi, viser un but légitim e et présenter un caractère de nécessité dans une société dém ocratique.
Ces trois élém ents ainsi que l'écrit le professeur Sudre sont d'une im portance qui, dans le détail,
varie selon le droit garanti (6) .

Selon l'article 99 du Code civil, la requête en rectification des actes de l'état civil peut être form ulée par
toute personne intéressée ou par le procureur de la République qui « est tenu d'agir d'office quand
l'erreur ou l'om ission porte sur une indication essentielle de l'article ».

L'ingérence est incontestablem ent prévue par la loi.

Elle doit encore viser un but légitim e. Il ne s'agit pas d'apprécier la légitim ité de la requête du
procureur de la République m ais bien celle de la loi en vertu de laquelle il a présenté cette requête. De
façon générale, pour être reconnues légitim es, les restrictions aux droits garantis doivent être prises,
aux term es de l'article 8, dans l'intérêt de l'ordre public, de la vie sociale ou des droits d'autrui (7) . Il
n'est pas excessif de considérer que les dispositions de l'article 9 du Code civil s'insèrent dans ce
cadre de légitim ité car elles concourent à la publicité et à l'intangibilité du nom en perm ettant que les
erreurs volontaires et involontaires com m ises dans les actes de l'état civil puissent être réparées.
Cette possibilité de rectification des erreurs est alors suffisam m ent im portante pour que la
jurisprudence ait décidé que le droit d'agir en rectification est im prescriptible (8) .

Quant à la com patibilité avec les exigences d'une société dém ocratique, il ne convient de s'y référer
que dans les hypothèses d'ingérence qui ont un rapport avec ce fondem ent du droit international des
droits de l'hom m e, ce qui, à l'évidence n'est pas le cas en l'espèce.

Il apparaît, en définitive, que les conditions nécessaires pour légitim er l'ingérence sont rem plies.

Toutefois, cette vérification indispensable n'est pas suffisante. Il faut encore que l'État, en perm ettant
cette ingérence n'est pas outrepassé une certaine m esure, une m arge nationale d'appréciation. C'est
ce que soutient le pourvoi en affirm ant que la rectification des actes de l'état civil de M. Xavier P. et de
sa fam ille est disproportionnée par rapport au but poursuivi.

C. L'appréciation de la proportionnalité
Le principe de proportionnalité traduit une exigence d'adéquation entre un objectif légitim e et les
m oyens utilisés pour l'atteindre (9) . En l'espèce, il est nécessaire d'apprécier cette proportionnalité
au regard de l'application faite par la Cour d'appel des règles qui gouvernent la m atière. Contrairem ent
à ce que prétend le pourvoi, l'exam en de cette situation traduit un équilibre entre la protection de
l'ordre public et la préservation des intérêts particuliers.

En France, le nom de fam ille est im m uable. Ce principe qui connaît quelques assouplissem ents
notables trouve ses origines dans le droit de l'ancien régim e où il concernait principalem ent la
noblesse. Il fut réaffirm é par la loi au 6 fructidor an II qui, en son article 1er , dispose « qu'aucun citoyen
ne peut porter de nom ni de prénom autres que ceux exprim és dans son acte de naissance ».

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Ainsi présenté, le principe d'im m utabilité du nom de fam ille im pose à chacun d'user de son nom dans
la vie juridique à l'égard de l'État. Cette obligation est pénalem ent sanctionnée dans deux hypothèses
distinctem ent prévues par le Code pénal. D'abord l'article 433-19 qui punit de peines correctionnelles
l'usage d'un faux nom dans un acte public, ensuite l'article 434-23 qui incrim ine l'usurpation du nom
d'un tiers dans des circonstances ayant déterm iné ou ayant pu déterm iner contre lui des poursuites
pénales. Ces deux délits sont prévus dans un chapitre consacré à l'autorité de l'État. Ce point traduit
bien que le nom est d'abord une institution de police civile dont le principe d'im m utabilité tend à
assurer l'efficacité. Les exceptions dont il souffre visent alors à prendre en com pte sa dim ension plus
personnelle d'élém ent d'identification ou d'identité de l'individu.

En effet, bien que le droit français proclam e son im m utabilité, le nom de fam ille peut faire l'objet d'un
changem ent soit par décret soit par l'effet de la prescription. En outre, notre droit reconnaît une
grande liberté quant au choix et au port d'un pseudonym e. En l'espèce si l'acquisition par voie de
prescription du nom de P. de F. est désorm ais exclue, il reste encore au dem andeur deux possibilités
: dem ander un changem ent de nom dans les conditions définies par les articles 61 à 61-4 du Code civil,
le critère retenu par le législateur étant celui de l'intérêt légitim e. On peut relever dans la pratique,
l'adm ission de la volonté, pour un individu, de transform er en nom de fam ille le pseudonym e par
lequel il s'est illustré.

Précisons que la diversité des législations européennes a conduit la Cour de Strasbourg à adm ettre
que les États jouissent d'une large m arge d'appréciation pour fixer les conditions auxquelles un
changem ent de nom peut être subordonné, afin de préserver les élém ents d'identification des
personnes, notam m ent pour protéger l'ordre public, la sécurité juridique et répondre aux im pératifs
de police civile. Dans une affaire Stjerna c/ Finlande, le requérant ayant dem andé à reprendre le nom de
lointains ancêtres, les autorités finlandaises lui avaient opposé un refus au m otif qu'il n'était pas établi
que le nom revendiqué ait été porté de m anière constante par ses ascendants. Par un arrêt du 24
octobre 1994, les juges européens ont estim é qu'il n'avait subi aucune atteinte à sa vie privée et que
l'article 14 n'avait pas été violé.

D'autres lim itations ont été retenues pour sauvegarder les droits d'autrui. Dans la décision Gisèle
Taëb dite Halim i c/ France (10) la Cour européenne a jugé que la requérante avait acquis une notoriété
certaine sous le nom de Gisèle Halim i dans sa vie privée, professionnelle et politique m ais que le
refus des autorités nationales d'autoriser le changem ent de nom sollicité pouvait être m otivé par le
souci de protéger la vie privée de son ex-époux et de sa fam ille en protégeant leur nom . La Cour
observe aussi que l'intéressée pouvait continuer à faire usage du nom de Gisèle Halim i dans sa vie
publique et professionnelle ce qui relativisait l'atteinte à sa vie privée.

Rien n'interdit en tout cas à M. Xavier P. de F. qui déplore que la Cour d'appel n'ait pas pris en com pte
que le nom qu'il portait était associé à l'élection de Miss France, « événem ent de grande renom m ée »,
d'utiliser com m e pseudonym e « de F. » à l'instar de sa m ère qui n'a jam ais été m ariée à Louis P.

En définitive, censurer la décision entreprise qui n'a m éconnu ni la loi interne ni la Convention
européenne serait, com m e l'écrit M. le conseiller rapporteur adm ettre un changem ent de nom hors
des cas prévu par la loi et tolérer par suite tous les excès.

Il est donc conclu au rejet du pourvoi.

Cass. civ. 1re, 11 juillet 2006 :

M. Xavier de F. c/ M. le procureur de la République près le


TGI de Nanterre

(pourvoi no B 03.10-409)

La Cour :
(...)

Sur le m oyen unique, pris en ses deux branches :

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Attendu qu'à la requête du procureur de la République près le Tribunal de grande instance de Nanterre, les actes de
naissance et de mariage de M. Xavier P. de F. et les actes de naissance de ses enfants Adèle et Agathe ont été
rectifiés en ce sens que le nom de P. devait se substituer à celui de P. de F. qui était le nom donné par son père à son
fils Xavier à sa naissance en 1961 :

Attendu que M. Xavier P. de F. fait grief à l'arrêt attaqué (Versailles, 24 octobre 2002) d'avoir dit qu'il se nommait en
réalité P., alors, selon le moyen :

1) qu'en am putant abruptem ent le patronym e, de l'adjonction de F. au seul prétexte inactuel que le
principe d'im m utabilité du nom aurait em pêché le père de l'exposant, née Louis P., de transm ettre en
1961 le nom P. de F. et en rem ettant ainsi en cause une situation personnelle établie depuis 40 ans, où
l'exposant a fait usage du nom de P. de F. et l'a d'ores et déjà transm is à son épouse et à ses
descendants, la Cour d'appel a com m is une ingérence dans la vie privée et fam iliale de M. Xavier P. de
F. m anifestem ent disproportionnée au but poursuivi par l'application du principe d'im m utabilité du
nom , en violation de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'hom m e et
des libertés fondam entales ;

2) qu'en appréciant les conséquences du rétablissem ent de l'exacte identité patronym ique de
l'exposant sans tenir com pte que le nom qu'il portait était associé à l'élection de « Miss France »
événem ent de grande renom m ée, et que l'am putation de l'adjonction de F. lui serait d'autant plus
pénible en raison de la résonnance m édiatique et l'exposerait à des sarcasm es, la Cour d'appel a violé
le m êm e texte ;

Mais attendu qu'ayant souverainement relevé que les conséquences résultant pour M. Xavier P. de F. du
rétablissement de l'exacte identité patronymique étaient relatives tant pour lui-même que pour sa famille dès lors qu'il
était notoire que son nom était issu d'un patronyme adopté sciemment par son père dans la Résistance, que son
mariage célébré en 1996 et la naissance de ses filles en 1996 et 2000 étaient récents et que le risque de
déconstruction de la personnalité et de lourdes répercussions psychologiques était peu sérieux, la Cour d'appel, qui a
tenu compte des conséquences médiatiques, a pu retenir que, malgré l'atteinte portée à la vie privée des demandeurs,
la rectification de son état civil prévue par la loi s'imposait pour la protection de l'intérêt général ;

D'où il suit que le moyen n'est pas fondé ;

Par ces motifs :


Rejette le pourvoi ;

(...)

1 (1) J. Carbonnier, Droit civil, Les personnes, PUF, 21e éd., no 27.

2 (2) Cf. J. Cornu, Droit civil, Introduction, Les personnes, les biens, Montchrestien, 10e éd., p. 265 et s. ; F. Vasseur-
Lambry, L'identité de la personne humaine, LPA du 6 mai 2004, p. 5).

3 (3) Cf. F. Granet, Le droit à l'identité ou le droit au respect de la vie privée au sens de la Convention européenne des
droits de l'homme, Bruylant 2005, p. 193.

4 (4) Par un arrêt GMB et KMC c/ Suisse du 27 septembre 2001, la Cour a décidé qu'en n'attribuant pas le nom de la
mère à l'enfant pendant le mariage, la loi suisse ne contrevenait pas à l'article 8 de la Convention.

5 (5) Cass. civ. 1re, 6 avril 1994, Bull. civ. I, no 141.

6 (6) Cf. Droit européen et international des droits de l'homme, PUF, 7e éd., p. 208.

7 (7) Cf. F. Sudre, op. cit.

8 (8) Cf. CA Caen, 23 février 1965, Gaz. Pal. 1965, 2, 169.

9 (9) Cf. F. Sudre, op. cit., p. 219.

10 (10) CEDH, 20 mars 2001, Dr. Famille 2001, com. no par B. de Lamy.

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