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Le régionalisme économique est une donnée déjà ancienne : des régionalismes de ce type
avaient déjà émergé dès la colonisation – l'exemple du Common Wealth en est révélateur – ou après
la seconde guerre mondiale avec la création des communautés européennes (CE) : la CECA,
Euratom ou la Communauté économique européenne. Mais force est de constater que depuis la fin
des années 1980, le régionalisme économique connaît un dynamisme sans précédent. Si l'on fait
exception évident des communautés européennes relancées avec l'Acte Unique ou le traité de
Maastricht, bien des intégration régionales retrouvent une nouvelle vigueur telle la Communauté
andine des nations (CAN) ou l'association des nations d'Asie du Sud-Est (ANASE, aussi connu
sous son acronyme anglais ASEAN). D'autres régionalismes voient le jour tel le Mercosur en 1991
ou l'Accord de libre-échange nord américain (ALENA) en 1994. Il est à cet égard remarquable de
constater que sur les 149 Etats-membres siégeant à l'OMC, seule la Mongolie ne fait pas partie d'un
ensemble régional.
Selon Sebastian Santander, « le régionalisme est un ensemble de politiques d'au moins deux
pays s'inscrivant d'ordinaire dans un espace géographique donné et visant à promouvoir l'émergence
d'un groupement régional cohérent qui va peu à peu bénéficier de l'action des acteurs publics et
privés ». Par ailleurs, d'autres auteurs avancent l'importance de la présence d'institutions pour
chapeauter ces politiques (tels Yann Echinard et Laetitia Guilhot, 2007). Dans les faits, force est de
constater que le régionalisme géographiquement cohérent entre plusieurs pays s'édifie
systématiquement autour d'une base économique, tels l'ALENA, le Mercosur ou la Communauté
européenne (CE). Il importe par ailleurs de clarifier la différence entre « région » et régionalisme.
On considérera ci-après que la région est un ensemble régional, un bloc territorial suffisamment
cohérent et puissant pour peser – ainsi on considérera que les Etats-Unis ou le Chine forment à eux
seuls une région au vu de leur puissance et de leur étendue territoriale. Ainsi on sera amené à parler
de niveau interrégional tantôt pour signifier des relations entre régionalismes économiques
institutionnalisés, tantôt pour désigner des relations entre des régions et des régionalismes
économiques, dans le cas notamment de relation entre les Etats-Unis et d'autres régions du monde,
ou de la Chine et des nombreux régionalismes économiques existants en Asie du Sud-Est et du
Pacifique.
L'émergence ou la remise au goût du jour de nombreux régionalismes suite à la fin de la
guerre froide et à la poussée du néo-libéralisme fait naître des interrogations à cet égard. Comment
expliquer cette corrélation entre l'émergence ou la consolidation de nouveaux blocs régionaux
économiques et une mondialisation toujours plus intense ? Deux thèses ont tendance à ressortir,
celle des régionalismes-forteresses et donc fortement défensifs, cherchant à si non réfuter du moins
amoindrir l'impact de la mondialisation, et celle des régionalismes offensifs cherchant à imposer
une idéologie néo-libérale et à asseoir des schémas de domination. Il sera donc question de se
demander quel intérêt les États ont-ils à accepter d'intégrer un régionalisme économique ?
I. Le régionalisme économique comme facteur de puissance : entre renforcement des
Etats les plus puissants et gains relatifs des petits pays
1. le régionalisme économique permet aux Etats les plus puissants d'affermir ou du moins de
garantir leur influence régionale
Il est à noter que ce sont la plupart du temps les hégémons locaux qui sont à l’origine d’un
projet de régionalisme économique avec leurs proches voisins. C’est ainsi le cas des Etats-Unis qui
avant de s’engager dans ce type de coopération en 1994 au sein de l’Accord de libre échange nord-
américain avait déjà essayé à plusieurs reprises d’établir des accords de libre-échange bilatéraux
avec ses voisins, notamment avec le Canada avec un accord en 1911 que les Américains ont tenté
d’intensifier en 1937 mais qui fut rejeté au dernier moment par le premier ministre canadien
William Lyon McKenzie King. La même méfiance vis-à-vis de la superpuissance américaine est à
noter du côté mexicain. Pour autant, la montée du néo-libéralisme dans les années 1980 et la
faiblesse de la croissance canadienne et la quasi-faillite de l’Etat mexicain en 1982 ont rendu ces
deux pays plus enclins à une ouverture de leurs frontières à l’économie états-unienne1. Les Etats-
Unis sont alors en position de force pour négocier un régionalisme en adéquation avec leur
idéologie et leurs intérêts.
De même la construction européenne peut s’appréhender comme une la volonté française de
recouvrir par ce biais une influence forte en Europe. Deux exemples permettent de venir conforter
cette thèse. D’une par, le fait que la France ait su imposer la politique agricole commune (PAC)
dont elle est la principale bénéficiaire de la communauté européenne. Et, d’autre part, la diplomatie
américaine qui, soucieuse de ne pas voir se former un troisième bloc entre les Etats- Unis et le bloc
soviétique, a encouragé l’Angleterre à s’intégrer dans la Communauté européenne afin d’y jouer un
rôle de contrepoids face à la France. C’est en effet sous la pression de Kennedy que le premier
ministre britannique Harold Macmillan présenta en 1961 la candidature de la Grande-Bretagne à
l’entrée dans la Communauté européenne. Le rejet du « cheval de Troie » britannique par le général
de Gaulle en 1961 et en 1967 s’explique dès lors plus aisément2.
Le Mercosur a été lui aussi instigué par deux puissances régionales, le Brésil et l’Argentine,
avec la signature de l’acte de Buenos Aires en 1990 qui fixe l’entrée en vigueur d’un marché
commun au 31 décembre 1994. L’Uruguay et le Paraguay décident d’y prendre part quelques mois
plus tard, en mars 1991. Les motivations de l’Argentine et du Brésil peuvent se mesurer à l’aune
d’une volonté de maintient du statut de puissance régionale face aux Etats-Unis. Face à la prise de
position états-unienne en faveur de la Grande-Bretagne durant la guerre des Malouines, l’Argentine,
mais aussi le Brésil, optent pour un rapprochement afin de se désengager de la zone d’influence
américaine.
Il est par ailleurs intéressant de noter que dans ces regroupements, une relation de
dépendance économique se créé entre les Etats périphériques et le centre, mais bien souvent cette
dépendance et à sens unique et en défaveur du petit pays qui se retrouve donc en partie dépendant
économiquement de son voisin. Il est à noter par exemple que dans le Mercosur, le Brésil est le
premier partenaire économique du Paraguay, de l'Uruguay et de l'Argentine alors que dans le même
temps le Brésil n'a que relativement peu de liens économiques avec ces Etats : il ne destine que 4%
de ses exportations au Paraguay et à l'Uruguay et 13% à l'Argentine3.
.
1
FARRELL, M. , HETTNE, B. , VAN LANGENHOVE, L. , Global Politics of Regionalism, Pluto press, Londres, 2005
p.210-212
2
GAMBLE, A. et PAYNE, A. , Regionalism and World Order, Macmillan press, Londres, 1996, p. 24.
3
SANTANDER, S. , Le régionalisme sud-américain, l'Union européenne et les Etats-Unis, Editions de l'université de
Bruxelles, Bruxelles, 2008, p. 111.
2. Les pays moins puissants retirent néanmoins des avantages en acceptant d’intégrer un
régionalisme économique
Face au constat que les hégémons locaux orchestrent le régionalisme économique, comment
expliquer que les petits pays acceptent les conditions posées afin d’intégrer les institutions
régionales ? Andrew Hurrell 4considère que les Etats les plus faibles ont trois raisons principales
d'entrer dans un régionalisme.
D'abord, comme on l'a vu dans le cas du Mexique au sein de l'ALENA, la présence
d'institutions constitue des « plateformes d'influence » pour les Etats émergents en ce sens que ces
institutions établissent des règles et des procédures qui vont réduire d'autant la liberté d'action des
Etats les plus puissants vis-à-vis des plus faibles. Cet intérêt des Etats les plus faibles à rentrer dans
un cadre institutionnel est parfois lié au bandwagoning, puisqu'en s'alignant sur la position des Etats
les plus puissants, les Etats périphériques espèrent en retirer en échange des avantages et des
traitements de faveur en échange de leur bonne volonté.
Ensuite, l'insertion dans le régionalisme économique apporte aux pays faibles une tribune
d'où ils peuvent faire entendre leur revendication et défendre leurs intérêts. C'est par cette voice
opportunity que Joseph Grieco5 explique l'évolution de la politique économique et monétaire au
sein de la communauté européenne au moment du traité de Maastricht. Ainsi, remarque-t-il, la
France des années 1990, puissance mineure d'un point de vue économique face à une Allemagne
réunifiée, jouissant d'un mark fort et d'une économie dynamique, a tout de même su peser en
poussant cette dernière à adopter la monnaie unique.
Enfin, l'intégration régionale peut se révéler efficace pour les pays les moins puissants dans
la mesure où le régionalisme économique peut devenir un espace politique propice à l'émergence de
coalitions internes entre ce type de pays en déficit relatif de puissance qui chercheront à produire
des normes en accord avec leurs intérêts et qui permettront de contrebalancer ou du moins
d'infléchir le rapport de force au détriment de l'Etat régional dominant.
B. Au niveau interrégional, les stratégies des régionalismes économiques sont avant tout des
stratégies de puissance ou de préservation de la puissance
1. Les régionalismes économiques constitués par des grandes puissances cherchent à étendre leur
sphère d'influence
14
MITRANY, D., A Working Peace System, Chicago, Quadrangle, 1966 cité par BATTISTELLA, D. ,Théorie des
relations internationales, Paris, Les presses de SciencesPo, 3e éd., 2009, p. 407.
15
HAAS, E. , The Uniting of Europe, Stanford, Stanford University Press, 1968 cité par BATTISTELLA, D. , Ibid. , p.
407.
haut fonctionnaire, l'industriel innovant, et le syndicaliste 16» - vont prendre conscience que leurs
intérêts sont mieux satisfaits en oeuvrant pour une coopération accrue. A terme, grâce à un effet
d'engrenage ou spill-over – c'est-à-dire une situation où le but initial ne peut être atteint que par de
nouvelles actions, qui à leur tour créent les conditions et les besoins d'autres actions encore, etc. 17»
- l'intégration économique finit de proche en proche par déboucher sur une intégration de nature
politique porteuse selon Haas d'une « nouvelle conscience nationale18 ». Mais à une condition
préalable : « la présence d'institutions et de pratiques formellement gouvernementales19 ».
C'est cette stratégie des « solidarités de fait » que prônaient Robert Schuman et Jean Monnet
au moment de mettre en place la Communauté européenne du c et de l'acier qui était alors fortement
sous-tendue par des objectifs pacifiques : en mettant en commun des ressources aussi stratégiques
que l'acier et le charbon en temps de guerre, toute possibilité de conflit entre l'Allemagne et la
France semblait alors fortement écartée. L'effet de spill-over semble tout autant à l'oeuvre dans le
processus de construction européenne, puisqu' après la période de léthargie des années 1970,
l'élargissement et l'approfondissement des compétences mises en commun ou confiées à des organes
supranationaux s'est particulièrement accrue avec l'Acte Unique (1986), le Traité de Maastricht
(1992) ou le récent traité de Lisbonne.
Dans les autres régionalismes, la réalité des faits semble contrarier les prédictions
théoriques. L'effet de spill-over n'a pas eu lieu dans une mesure suffisamment importante pour que
des coopérations de nature politique - comme ce peut être le cas dans l'UE – soient à l'ordre du jour
dans les autres régionalismes. Ces derniers misent sur une coopération économique toujours plus
approfondie et étendue, voire parfois sur des coopérations légèrement plus ambitieuses comme
c'est le cas pour le Mercosur où une coopération éducative commence a être mise en place avec une
reconnaissance régionale des diplômes délivrés par chacun des Etats-membres. Concernant l'effet
pacificateur, le bilan est plus positif puisqu'il s'est aussi vérifié dans d'autres parties du monde. Pour
reprendre l'exemple du Mercosur, on peut remarquer que les relations conflictuelles entre le Brésil
et l'Argentine, qui étaient une constante historique dans la région latino-américaine, se sont
pacifiées avec le Mercosur.
2. Des facteurs et des sources de tensions sont néanmoins générés ou révélés par les régionalismes
économiques
Le régionalisme économique peut être une source de tension pour les acteurs y prenant part.
La diversité des Etats et des régionalismes est telle qu'il semble difficile de dresser une explication
générale et univoque. Cependant, on peut affirmer que ces régionalismes peuvent être source de
tensions du fait de la complexité qu'ils générent. Il y a d'abord une complexité des régionalismes
économiques qui peut miner leur efficience et leur légitimité au sein des populations. Ainsi,
lorsqu'un Etat s'engagent dans plusieurs types de régionalimes et dans différents accords
commerciaux bilatéraux dans le même temps, il arrive que des contradictions apparaissent et qu'ils
se retrouvent face à un « enchevêtrement de règles différentes 20». On peut aussi citer dans le cas de
l'Union européenne la tension constante entre la tendance vers le communautaire et le supranational
et entre l'intergouvernemental, entre vote à la majorité et vote à l'unanimité, d'autant que les rôles
respectifs des différentes institutions européennes sont complexes voire opaques. Mais ce flou est
encore plus accentué par un partage peu clair des compétences entre niveau national et niveau
régionale ainsi que le soulignent Bertrand Badie et Marie-Claude Smouts : « Loin d'attirer
l'allégeance des citoyens vers Bruxelles, comme le prévoyaient les néo-fonctionnalistes, un tel
enchevêtrement des administrations nationales et des institutions communautaires rend la
construction européenne de plus en plus opaque »21.
16
HAAS, E. , Ibid. cité par BATTISTELLA, D. , Ibid. , p. 409.
17
LINDBERG, L. , The Political Dynamics of the European Economic Integration, Stanford, Stanford, Stanford
University Press, 1963 cité par BATTISTELLA, D. , Ibid. , p. 411.
18
HAAS, E. , Ibid. cité par BATTISTELLA, D. , Ibid. , p. 412.
19
HAAS, E. , Ibid. cité par BATTISTELLA, D. , Ibid. , p. 412. .
20
NICOLAS, F., « Le régionalisme commercial en 2006. Quelle réalité, quels dangers ? », …, p. 803.
21
BADIE, B. et SMOUTS, M.-C., « La dialectique de l’intégration/exclusion » in Le retournement du monde,
D'autre part, les tensions qui peuvent naître au sein d'un régionalisme et mettre en jeu sa
viabilité tiennent à la diversité sociale, économique et culturelle des Etats qui se lancent dans de
telles coopérations. Les clivages sont parfois trop forts pour résister à des alliances économiques.
Cela peut répondre à des clivages de nature politique. C'est ce que craignait Jorge Castañeda, futur
ministre des Affaires étrangères mexicain entre 2000 et 2002, lorsqu'il écrivait à propos d'un
régionalisme économique intégrant à la fois les Etats-Unis et le Mexique : « le poids d'une
supériorité économique peut être écrasant et mener à une perte irréversible des attributs de la
souveraineté et de l'identité culturelle 22». Ces craintes qui auraient pu faire nourrir des tensions au
sein de la population mexicaine n'ont finalement pas trouvé de confirmation factuelle. Par contre,
l'exemple des pays africains montre que le régionalisme économique, au contraire, n'est parfois pas
viable entre des pays trop semblables d'une certaine manière, dans le cas présent en raison de
facteurs économiques en tout premier lieu. Ainsi, le commerce intra-régional dans les régionalismes
africains est bien souvent faible, et l'efficacité et la justification d'une telle coopération reste alors à
prouver. Françoise Nicolas explique cet état de fait du fait d'économies trop polarisées vers les pays
développées vers où elles exportent des produits de base et importent des produits manufacturés.
Ces Etats, bien plus que des partenaires, sont en fait fortement en concurrence.
Ainsi, le régionalisme économique est apparu comme un moyen pour les grandes puissances
de pérenniser leur influence et de l'étendre à d'autres régions par le biais de coopérations
économiques plus ou moins étroites. Les objectifs en termes de puissance ne sont pas les même
chez ces deux acteurs : dans le cas européen il s'agit de s'ériger en acteur international propre, tandis
que les américains ont tendance à associer influence régionale et sécurité, tout du moins au niveau
interrégional. Pour les pays les plus faibles, le régionalisme économique semble répondre à une
stratégie bien plus défensive : il s'agit de ne pas reculer face aux influences des hégémons locaux ou
de la puissance américaine. Ainsi, le monde de la fin du XXe et du début du XXIe siècle voit
l'émergence de blocs économiques régionaux qui sont aussi porteur de paix et de stabilité, même si
cette tendance est encore récente et reste donc à confirmer.
Bibliographie :
Ouvrages :
BADIE, B. et SMOUTS, M.-C., Le retournement du monde, sociologie de la scène internationale,
Paris, Presses de SciencesPo, 1999.
BATTISTELLA, D. , Théorie des relations internationales, Paris, Les presses de SciencesPo, 3e
éd., 2009.
FARRELL, M. , HETTNE, B. , VAN LANGENHOVE, L. , Global Politics of Regionalism, Pluto
press, Londres, 2005.
GAMBLE, A. et PAYNE, A. , Regionalism and World Order, Macmillan press, Londres, 1996.
HAAS, E. , The Uniting of Europe, Stanford, Stanford University Press, 1968
LINDBERG, L. , The Political Dynamics of the European Economic Integration, Stanford,
Stanford, Stanford University Press, 1963.
MITRANY, D., A Working Peace System, Chicago, Quadrangle, 1966 .
sociologie de la scène internationale, Paris, Presses de SciencesPo, 1999, p. 184.
22
PASTOR, R. A. et CASTAÑEDA, J.G., Limits to Friendship: The United States and Mexico, New York, Alfred A.
Knopf, 1988 cité in FARRELL, M. , HETTNE, B. , VAN LANGENHOVE, L. , Global Politics of Regionalism, op. cit.
, p. 211.
PASTOR, R. A. et CASTAÑEDA, J.G., Limits to Friendship: The United States and Mexico, New
York, Alfred A. Knopf, 1988.
SANTANDER, S. ; Le régionalisme sud-américain, l'Union européenne et les Etats-Unis, Editions
de l'université de Bruxelles, Bruxelles, 2008.
Articles :
COX, R. W. , « Gramsci, Hegemony and International Relations : An Essay in Method »,
Millennium : Journal of Internation Studies, 12, 1983.
DEBLOCK, C. , “Régionalisme économique et mondialisation: que nous apprennent les théories ?”,
Cahiers de recherche-CEIM, Montréal, octobre 2005, consultable en ligne :
http://www.ceim.uqam.ca/