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La Table de Mortalité Master Spécialisé : PMPO

Plan

Introduction

I Définition de l’assurance

II L’Historique de l’assurance

III Les fonctions de l’assurance

IV Le secteur des assurances au Maroc

V Les produits des assurances

VI La Structure du marché des assurances

VII Assurance-vie

VIII Généralités sur les tables de mortalité

Conclusion

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Introduction

L’assurance peut être définie comme réunion de


personnes qui craignent l’avènement d’un fait
dommageable, la raison pour laquelle ils se cotisent afin
de faire face aux conséquences de cet évènement.
Il existe plusieurs types d’assurances, notre exposé
traitera de près l’assurance vie qui comporte la table de
mortalité.
Une table de mortalité, aussi appelée table de survie,
est une construction qui permet de suivre
minutieusement le destin d’une population.
Cet outil est surtout utilisé en démographie et en
actuariat afin d’étudier le nombre de décès, et
l’espérance de vie selon l’âge et le sexe.

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I Définition de l’assurance

" L’assurance est une opération par laquelle une personne, l’assuré, se fait
promettre, moyennant une rémunération (la prime), pour lui ou pour un tiers, en cas de
réalisation d’un risque, une prestation par une autre partie, l’assureur, qui prenant en
charge un ensemble de risques, les compense conformément aux lois de la statistique".
Définition donnée par M. Joseph Hémard

L’assurance est le seul moyen au monde de faire supporter par autrui


(l’assureur) ce que vous ne pouvez pas supporter seul.

Cependant, tous les risques ne sont pas assurables. Pour qu’un risque soit
assurable, il doit obéir à trois règles :

o être futur ;
o être aléatoire et incertain dans sa survenance ou dans sa date (Assurance
Vie) ;
o être indépendant de la volonté de l’assuré.
II L’historique de l’assurance au Maroc
 L’opération d’assurance a été considérée comme immorale, car elle développait la
négligence et la notion de pari. De même l’assurance était perçue comme un produit de
luxe qui est réservé aux marocains issus de la classe à revenus élevés

 L’assurance n’a pu voir le jour qu’après l’avènement du protectorat.

 Avec le temps l’assurance a pu tisser une place dans la société marocaine.

 Les première sociétés d’assurance étaient des compagnies étrangères qui


travaillaient dans l’assurance maritime, et ce n’est qu’après, que cette activité a pu se
généraliser pour toucher d’autres secteurs.

 Parmi les premières sociétés d’assurances maritimes : La Espagnola en 1879, la


centrale et la réparation en 1833, le Liyod Alleman en 1893.

 Après la 1ère guerre mondiale => création d’une compagnie d’assurances


maritimes et de guerre « Le Maroc » à Tanger en 1916.

 Après la 2ème guerre naissance de 23 compagnies d’assurance.

 Le nombre de sociétés est passé à 27 sociétés en 1975.

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 Actuellement les principales compagnies d’assurances sont : RMA Watanya, AXA


Assurance Maroc, Wafa Assurance, CNIA Assurance/Essaada, Atlanta/Sanad

III Les fonctions de l’assurance

La meilleure façon de comprendre le rôle de l'assurance dans le processus de

développement consiste à examiner les différentes fonctions de l'assurance. Elles sont

en réalité au nombre de trois:

• La fonction du transfert de risque


• Les fonctions d'allocation
• Les fonctions de soutien des marchés de capitaux

Le rôle de l'assurance dans l'économie s'étend au-delà du simple transfert du risque.

La fonction de transfert du risque : permet aux individus de faire des projets


d'avenir et d'étendre leurs activités au-delà de ce que permet un monde sans assurance.
L'assurance vie est un produit d'assurance crucial quand il s'agit de préparer l'avenir,
puisqu'elle réduit fortement le risque que la famille se retrouve sans protection à la
mort du père de famille. De même concernant certaines activités de la vie quotidienne:
conduiriez-vous un véhicule si vous deviez donner l'ensemble de vos biens comme

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garantie en cas de dommage que vous pourriez causer à un tiers? Nombreux sont les
exemples qui démontrent que l'assurance rends plus libre, permet de faire des choix
plus importants et améliore la qualité de vie, car vous savez que vous ne serez pas
ruiné en cas d'incident très peu probable mais très grave.

Ces avantages valent également pour les entreprises: sans assurance, de nombreuses
sociétés florissantes auraient du mal à obtenir un financement, ou l'obtiendrait à un
coût beaucoup plus élevé, comme c'est notamment le cas sur les marchés émergents.
Citons d'autres exemples, comme celui d'un cardiologue ou d'un groupe
pharmaceutique: sans pouvoir souscrire à certains produits d'assurance, de nombreux
services ou productions ne seraient pas imaginables. L'assurance profite même à l'Etat.
En effet, pour beaucoup de projets d'infrastructure, l'Etat exige une assurance adaptée
pour que l'entrepreneur remplisse ses obligations contractuelles. En bref, la possibilité
de transférer les risques offre des possibilités de production nouvelles et plus efficaces.
Il apparaît évident que cette fonction de transfert du risque permet d'améliorer la
productivité et la croissance tout en diminuant la volatilité.

La fonction d'information et d'allocation. L'assurance attribue un tarif au risque. Si


vous souhaitez construire une maison dans une région exposée aux tremblements de
terre ou aux tempêtes, un assureur privé vous facturera plus que si vous construisiez la
même maison dans une zone moins risquée. Si vous prenez des mesures de précaution,
qui réduisent la probabilité ou l'ampleur du sinistre en cas de tremblement de terre ou
de tempête, vous obtiendrez une réduction. En tant que propriétaire, vous pouvez ainsi
décider du lieu et de la manière de construire votre maison. La même logique
s'applique aux entreprises. Lorsqu'elles exercent une activité plus risquée, elles
paieront davantage pour leur police d'assurance ; lorsque leur activité est moins
risquée, elles obtiendront un meilleur tarif. Attribuer un tarif au risque incite par
conséquent les entreprises à choisir leurs lieux d'implantation, à appliquer des normes
de sécurité plus rigoureuses en matière de production et à fabriquer des produits plus
sûrs. L'impact économique de l'assurance semble évident : grâce à elle, les individus et
les entreprises peuvent prendre de meilleures décisions en terme de risque et de
rendement, d'où des économies plus productives et/ou moins risquées. Le potentiel de
profits est particulièrement important dans les pays émergents, où les normes de
sécurité n'auront un sens qu'au fil des années.

La contribution du secteur de l'assurance au développement des marchés de


capitaux. Le ratio actifs sur chiffre d'affaires (primes) des compagnies d'assurance se
situe généralement entre deux et huit, deux étant généralement celui des assureurs non

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vie et huit celui des assureurs vie. Ainsi, collecter des primes signifie toujours investir
sur les marchés de capitaux. Cela explique que les assureurs détiennent souvent 30 %
minimum des actifs investis sur les marchés de capitaux d'un pays. Seuls les fonds de
pension se classent devant les assureurs en matière d'investissement. Ces deux acteurs
ont en commun d'être des investisseurs de long terme. Il est possible de mesurer
l'importance des marchés de capitaux en comparant la crise asiatique, la crise bancaire
japonaise et la crise bancaire suisse. Si la crise bancaire suisse des années 1990, qui a
coûté aux banques quelques 50 milliards de francs suisses, soit 10 % du PIB de la
Suisse, n'a pas vraiment été considérée comme une crise, et si la crise bancaire
japonaise, également très grave, n'a pas fait plonger l'économie, la crise asiatique a été
un désastre majeur pour de nombreux pays impliqués. Une des principales raisons à
cela tient au fait que cette région ne bénéficiait pas d'un système financier stable ni de
banques et d'assureurs solvables.

IV Le secteur de l’assurance au Maroc :

Au Maroc, l’assurance n’a pas été toujours une culture


de nos ancêtres. Pendant longtemps, l’opération
d’assurance a été considérée comme immorale car elle
développait la négligence et la notion de pari. Elle a été
rejetée par le système juridique islamique, hormis les
impératifs de développement.

Actuellement, le secteur des assurances au Maroc participe activement au


financement de l’économie par le biais de la collecte de l’épargne intérieure et son

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acheminement vers le financement des besoins de l’économie à travers les placements


effectués par les compagnies d’assurance. Cela représente près de 2.5% du PIB
national.

On distingue deux types de contrats :

Types de contrats

Les produits Les produits


vie non vie
� Les produits vie : contrats permettant de garantir le versement d’un capital,
constitué par voie de capitalisation, à un ou plusieurs bénéficiaires en cas de décès ou
de vie de l’assuré pendant ou à l’issue de la durée du contrat.

� Les produits non vie : contrats d’assurances de biens ou de responsabilité.


Les assurances de biens couvrent l’indemnisation des dommages causés au patrimoine
de l'assuré. Les assurances de responsabilités couvrent, quant à elles, les dépenses
incombant à l'assuré ou à une personne dont il est juridiquement responsable, à la suite
de dommages causés à autrui.

Le marché assuranciel marocain reste dominé par les produits de l’assurance


Non Vie qui constituent 71% des primes émises en 2006.
Ce marché a toutefois connu une évolution positive sur les dernières années
principalement grâce à la croissance des produits d’assurance Vie et automobile qui lui
ont permis d’atteindre 14,3 milliards de dirhams de primes émises à fin 2006 contre
12,8 milliards en 2005 et 11,9 milliards en 2004.

Le graphe ci-dessous représente la répartition des primes d’assurance par type


de contrats :

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Notons que la part des primes relatives à l’assurance automobile reste


considérable et représente 34,1% du chiffre d’affaires en 2006. En seconde position se
situent les branches vie et capitalisation (29%). Les primes émises en couverture du
risque accidents corporels et du risque accidents du travail viennent en dernière
position avec respectivement 13.7% et 9.6%.

V Cadre réglementaire
Le secteur des assurances au Maroc est régi par le code des assurances entré en
vigueur en novembre 2002. Celui-ci oblige les risques situés au Maroc d’être assurés
par des contrats souscrits et gérés par des entreprises d’assurance agréées au Maroc. Il
réglemente également la bancassurance et définit le mode de placement des réserves
techniques constituées par les compagnies d’assurance (engagements des assureurs
envers les assurés).
Le code des assurances a été modifié et complété par le dahir n° 1-06-17 du 15
moharrem 1427 (14 février 2006).

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Les principaux changements apportés par la nouvelle loi portent essentiellement


sur :
� L’application de nouvelles tables de mortalité pour évaluer les provisions
mathématiques Vie;
� La constitution d’une provision de gestion destinée à couvrir les charges
futures des contrats non couverts ;
� La mise en place d’un nouveau mode de provisionnement pour non
recouvrement des créances sur les assurés et intermédiaires: (25% lorsque la prime
impayée dépasse 6 mois, 50% lorsque son âge est supérieur à 12 mois, et 75%, lorsque
son ancienneté dépasse les 18 mois. Au-delà, la provision est égale à 100% de la prime
impayée) ;
� La mise en place d’un nouveau mode de calcul de la marge de solvabilité ;
� La scission par spécialité dans l’octroi des futurs agréments des compagnies
d’assurances: assurances de personnes, assurances dommages ou assistance;
� La révision des délais de prescription en vie de 2 ans à 5 ans en décès et à 10
ans en capitalisation;
� La possibilité pour les compagnies d’assurances américaines de couvrir
directement des risques en maritime et en aviation (accords de libre échange);
De plus, ce dahir a mis les assurances dans l’obligation de mettre en place un
système de contrôle interne pour évaluer, identifier et gérer les risques. Elles doivent
également se doter d’une structure d’audit interne pour évaluer l’efficacité du système
de contrôle interne.

VI Structure du marché
Le secteur de l’assurance marocain est composé de :
- 10 compagnies d’assurance, 3 mutuelles et 1 compagnie de réassurance à fin 2006,
regroupés au sein de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de
Réassurance ;
- 822 intermédiaires d’assurances (603 agents et 219 courtiers), distribuant les produits
d’assurance, regroupés au sein de la Fédération Nationale des Agents et Courtiers en
Assurance du Maroc (FNACAM) ;

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- Une autorité de tutelle ;


- Un Fonds de Solidarité des Assurances ;
- Un Comité Consultatif des Assurances.

Suite aux différentes opérations de fusions-acquisitions qu’a connues le marché


de l’assurance depuis 1999, le marché actuel est devenu très concentré. En effet, les 5
premiers groupes d’assurance accaparent plus de 82% de parts de marché.

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VII. Assurance-vie

L'assurance sur la vie est un contrat par lequel l'assurance, en contre partie de la
prime qu'il perçoit, s'engage à verser au souscripteur ou à un tiers, désigné par celui-ci,
une somme déterminée, en cas de décès de l'assuré ou de survie au-delà d'un âge
déterminé.

Cette somme peur être un capital ou une rente.

L'assurance sur la vie ne se limite cependant pas à ces deux formes les quelles
d'ailleurs peuvent se combiner en assurance Mixte

D'autre formes sont l'assurance complémentaire, l'assurance populaire ou encore


l'assurance groupe.

Les données de l'assurance vie au Maroc :

L'opération d'assurance sur la vie se présente sous trois formes principales sur le
marché marocain.

Assurance
Vie

Assurance Vie: Assurance Assurance de


Grande branche Populaire groupe 11
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Assurance Vie: Grande branche :


Cette appellation s'applique à la formule classique d'assurance sur la vie ainsi
qu'à ses combinaisons, selon que le capital assuré doit être versé au décès ou à la
survie du souscripteur ou à la survenance de l'un de ces deux évènements avant ou
après l'échéance du contrat par exemple.

Cette formule se présente donc comme une opération dans laquelle le


souscripteur détermine librement le capital qu'il désire garantir, à l'inverse de
l'assurance groupe ou de l'assurance populaire.

Elle est cependant comme cette dernière, tributaire de la volonté des


souscripteurs en ce sens que, n'ayant aucun caractère obligatoire, il faut s'attendre à ne
la voir se répandre que dans certains milieux, notamment lorsque certains conditions
matérielles sont réunies

L’assurance populaire :
Il s’agit d’une formule qui par son nom révèle déjà son contenu, son objet et son
but.

Elle est une assurance sur la vie adaptée aux classes modestes dont les moyens
ne permettent pas une épargne importante.

Elle s’adresse donc notamment à la masse laborieuse.

Sur le plan des garanties, elle n’est pas guère différente de la branche
précédente et se prête aux mêmes combinaisons.

Ses caractères propres résident notamment dans la modicité du capital et dans le


fractionnement de la prime en vue de permettre au souscripteur de s’en acquitter par
prélèvement sur son salaire.

L’assurance groupe :

C’est la branche la plus importante de l’assurance vie au Maroc.

Elle y représente aujourd’hui plus de 95% des encaissements auxquels elle a


d’ailleurs toujours contribué avec un fort pourcentage.

Elle est donc pratiquée à l’intérieur d’un groupe déterminé, notamment par les
entreprises, pour leur personnel.

Elle garantit également les membres du groupe contre les accidents et les
maladies.

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Elle est distincte de l’assurance « Accidents du travail et

Maladies professionnelles » et se présente comme un complément du régime


légal, tant de cette forme d’assurance que de celle dispensée par la Caisse de Sécurité
Sociale.

C’est donc un contrat « global » par lequel l’entreprise stipule un capital et


certaines indemnités pour les membres du groupe.

Explication des données de l’Assurance vie au Maroc :

L’assurance sur la vie est cependant un domaine particulier à tous égards et il


semble qu’au Maroc son développement ne dépend pas uniquement des assureurs.

La situation de cette branche, se place négligeable dans la répartition de


l’opération d’assurance, malgré une certaine évolution tiennent à diverses causes.

A des degrés différents, plusieurs facteurs peuvent être incriminés :

 Le facteur historique,

 Le facteur religieux,

 Le facteur économique,

 Le facteur formation.

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La table de mortalité
Définition

La table de mortalité est une table donnant, pour chaque âge, la probabilité
annuelle de décès d'un individu. Elle est établie selon des données statistiques.
Une table est établie à partir de l'observation d'une population (importante). Cette
observation est toujours réalisée sur plusieurs exercices, afin d'éliminer, ou de lisser les
phénomènes conjoncturels (hiver rigoureux, épidémie de grippe…).

Le contenu d'une table de mortalité :

Une table de mortalité présente, pour chaque âge x qu'elle contient :

Soit un nombre d'individus vivants, éventuellement regroupés par sexe, par catégorie
socioprofessionnelle, etc...
Soit une probabilité de décès dans l'année
Soit une espérance de vie
Soit une combinaison de ces éléments.

Le rôle des actuaires : Ajuster les tables de mortalité

Le rôle des actuaires est d'établir et de certifier des tables de mortalité. D'ailleurs
L'assurance vie est à l'origine de la profession d'actuaire.

L'intérêt pour la construction et la mise à jour des tables de mortalité n'a fait
qu'augmenter au sein de la communauté actuarielle ces dernières années

Pour construire une table, il faut un recensement afin de connaître la répartition d'une
population par âge (c'est-à-dire d'années de naissance fiables).

■ Des lois pour modéliser le décès

Le mécanisme de rentes viagères existe depuis l'antiquité et a connu surtout un essor


considérable au cours du XIIe siècle en Europe. Au début du HP siècle, Domitius
Ulpianus (dit Ulpien), qui avait noté que la valeur des rentes viagères devait être
fonction de l'âge des bénéficiaires, entreprit de mieux comprendre le nombre
approximatif d'annuités à payer dans le calcul de ces rentes. Jean de Witt au XVIIe
siècle aux Pays-Bas mit en œuvre une méthode assez pragmatique et empirique afin de
calculer le nombre d'annuités qui permit à bon nombre de mathématiciens (également
astronomes d'ailleurs) – parmi lesquels Huygens, Leibniz ou Halley – de s'intéresser à
la question en introduisant des probabilités sur la durée de la vie humaine.

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Pour construire une table, il faut un recensement afin de connaître la répartition d'une
population par âge (c'est-à-dire d'années de naissance fiables). Si quelques brillants
mathématiciens ont beaucoup fait pour la conceptualisation des probabilités, il faut
rappeler que c'est un marchand, Johan Graunt, qui, le premier, conçut la notion de
table de mortalité. William Petty, en 1672, obtient des résultats relativement proches
en étudiant la population en Irlande. Peu de temps après, Huygens introduira la
fonction de survie d'un individu (probabilité pour un individu de vivre encore 10, 20,
30 années, cf. figure 1). Si la notion d'espérance de vie n'est apparue pour la première
fois qu'en 1746, dans les travaux d'Antoine Deparcieux, Essai sur les probabilités de
la durée de vie humaine – Addition à l'essai, des calculs de Christian Huygens
apparaissent dans sa correspondance avec Louis XIV, « selon mon calcul, vous vivrez
environ jusqu'à l'âge 56 ans et demy, et moy jusqu'à 55 ».

À la même époque, Halley étudia la ville de Breslau, en Pologne, dont un recensement


avait été fait entre 1687 et 1691. Il présenta en 1693 une table avec le nombre de
personnes vivant dans une classe d'âge (en faisant d'ailleurs une étude sur des classes
de 7 ans, comme les âges climatériques). Il faudra attendre 1740, pour que Stuyck
présente une table qui corresponde à la forme retenue par les tables construites
aujourd'hui encore, fondées sur « un registre de 10 000 personnes ». Mais la première
table à avoir véritablement été utilisée par les actuaires – anglo-saxons – est la table
dite de Carlisle, construite en 1815 par Joshua Milne, sur la base de statistiques de
deux paroisses à Carlisle, en Angleterre. Elle inspira en particulier Arthur Morgan,
actuaire à Equitable, qui proposa de véritables tables d'expérience dans les années
1830.

On notera que ces tables ont souvent été interprétées comme l'âge auquel est décédée
une cohorte de 10 000 personnes, alors qu'elles ont été construites soit à l'aide de deux
recensements rapprochés (on compte le nombre de personnes à deux dates différentes,
que l'on corrige des effets migratoires), soit à partir de lecture de dates de naissance et
de décès sur des pierres tombales (pour les premières tables). Si l'idée de suivi de
cohorte est séduisante – elle correspond effectivement à l'idée de sa lecture –, ce n'est
pas ainsi qu'elle a été construite : elle est généralement construite verticalement (deux
recensements, corrigés d'effets d'entrée et de sortie), mais propose une fausse lecture
longitudinale (suivi d'une cohorte).

■ Du nombre de survivants à une probabilité de décès

On notera généralement Lx le nombre de personnes en vie à l'âge x dans les tables de


mortalité. Le tableau 1 est une version simplifiée de la table TV88-90 (table de
mortalité en France, pour les femmes, à la fin d’années 1980 homologuée par arrêté du
27 avril 1993).

On est supposé lire la table de la manière suivante : sur 100 000 naissances (âge 0),
99 214 atteindront l'âge de 5 ans ; 99 129 atteindront l'âge de 10 ans... 1 479 vivront
centenaires, etc. L'ambiguïté tient du fait que l'on présente les probabilités de décès
sous forme d'une table s'apparentant au suivi d'une cohorte. Cette table étant construite
à l'aide de deux recensements, ce sont plutôt les probabilités induites qui sont

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La Table de Mortalité Master Spécialisé : PMPO

interprétables. Sur cette « cohorte », 98 371 avaient atteint 30 ans et 97 534 avaient
atteint 40 ans. Cette table permet de dire qu'une personne âgée de 30 ans lors de la
constitution de la table avait 99,15 % de cjhances d'atteindre 40 ans (97 534/98 371),
et qu'une personne de 40 ans avait 98,17 % de chances d'atteindre 50 ans
(95 752/97 534). À partir de ces chiffres, l'approche classique consistait à dire qu'une
personne âgée de 30 ans avait 99,15*98,17 % = 97,33 % de chances d'atteindre 50 ans.

Tableau 1 : Nombre de survivants, table TV88-90

x Lx x Lx x Lx x Lx
0 100 000 30 98 371 60 92 050 90 24 739
5 99 214 35 98 031 65 88 978 95 8 118
10 99 129 40 97 534 70 84 440 100 1 479
15 99 041 45 96 810 75 77 104 105 113
20 98 869 50 95 752 80 65 043 110 2
25 98 640 55 94 215 85 46 455

Si le résultat semble juste mathématiquement (en l'exprimant à l'aide des


probabilités conditionnelles), P (en vie à 50 ans sachant en vie à 30 ans) = P (en vie à
40 ans sachant en vie à 30 ans) x P (en vie à 50 ans sachant en vie à 40 ans), il ne l'est
plus si l'on rajoute une simple dimension temporelle : la date à laquelle on a mesuré les
probabilités de décès. Quelqu'un de 30 ans en 1990 avait 99,15 % de chances
d'atteindre 40 ans, et une personne de 40 ans avait 98,1715 % de chances d'atteindre 50
ans : les probabilités sont les probabilités observées en 1990. Or, dans le raisonnement
précédent, quand on utilise le fait que, pour connaître la probabilité d'être en vie à 50
ans sachant que si une personne est en vie à 30, elle sera nécessairement en vie à 40
ans, on a besoin de connaître la probabilité d'atteindre 50 ans pour une personne de 40,
mais en 2000. Et toute l'erreur du raisonnement est là : supposer que la probabilité de
vivre 10 ans de plus pour une personne de 40 ans serait la même en 2000 qu'en 1990.
Et compte tenu des progrès de la médecine, en particulier, ce n'est pas le cas.

Mécanisme de l'assurance :

1. La loi des grands nombres et les probabilités :

Selon la loi des grands nombres, plus une expérience est répétée, plus les
résultats de cette expérience se rapprochent de la probabilité théorique de survenance
d'un événement.

Ainsi, avec un dé à jouer à 6 faces, la probabilité de sortir le 1 est de 1/6e


puisque chaque face a autant de chances de sortir. En jouant un nombre de fois limité,
10 par exemple, la possibilité de sortir le 1 est de 0, 1, 2, 10 fois peut être avec de la
chance, soit un résultat très proche ou très éloigné des 1/6e. Mais en jouant beaucoup
plus, 10.000, 1.000.000 de fois, le nombre total de sorties du 1, la fréquence observée
se rapproche de la probabilité théorique de 1/6e.

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La Table de Mortalité Master Spécialisé : PMPO

Si la probabilité c'est la chance de survenance d'un événement, la fréquence


c'est l'observation du nombre d'événements réalisés sur le total des éléments
d'observation.

Le calcul de la fréquence s'obtient par la formule suivante :

nombre de cas observés où l'événement se produit


Fréquence =
nombre total de cas observés

Cette fréquence est nécessairement comprise entre 0 (pas d'événements réalisés


sur 100 événements observés), et 1 (100%). En assurance, cette fréquence est
exprimée le plus souvent en taux pour mille, 0,1%o par exemple.

2. Les statistiques et l'assurance :

En ce qui concerne l'assurance, les statistiques ont une importance primordiale pour le
calcul des primes en premier lieu, pour une meilleure répartition des risques en second
lieu.

En effet, on peut maîtriser le hasard avec des études statistiques portant sur un très
grand nombre de cas et sur des périodes longues. On peut ainsi prédire la probabilité
de survenance d'un événement avec suffisamment de certitude pour en tirer des
conclusions chiffrables.

Les statistiques pourront par exemple indiquer combien de décès surviennent à tel âge
de la vie ou l'âge moyen de décès d'une population masculine ou féminine à une
époque donnée (table de mortalité).

De même, les statistiques pourront indiquer l'effectif (le nombre) de sinistres Incendie
survenus dans une population d'assurés et combien ils ont coûté, globalement et en
moyenne.

3. Calcul des primes :

La prime pure

Un risque quelconque peut être caractérisé par un nombre d'apparitions du phénomène


appelé fréquence du risque. Le calcul de la prime implique une simple multiplication
de la somme assurée par cette fréquence rapportée au nombre de biens assurés.

Cependant, la réalisation du risque n'est pas obligatoirement totale.

Exemple: Un immeuble assuré contre l'incendie peut ne brûler qu'en partie. Les

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statistiques permettent de déterminer le coût moyen obtenu en divisant le coût

On peut donc calculer la prime pure à partir du coût moyen.

D'une manière simplifiée, la prime technique ou la prime pure est égale à la fréquence
du risque multipliée par le coût moyen d'un sinistre.

Prime pure = fréquence X coût moyen

Ainsi, en vol, si la fréquence est de 1 pour 1000 assurés et le coût moyen de 8.000 Dh,
la prime pure sera de (1/1.000) X 8.000 = 8 Dh, payable par chaque assuré en " vol "
quel que soit l'effectif des assurés (au-delà de 1.000).

La prime nette et la prime totale

Pour couvrir ses frais de fonctionnement (frais de gestion, rémunération des


intermédiaires ...), l'assureur ajoute à la prime pure des chargements. Le total de la
prime pure et des chargements (commissions et frais de gestion) constitue la prime
commerciale.

Dispersion de risques

Par ailleurs, pour que l'assurance joue à plein, il convient d'établir une dispersion des
risques de manière à éviter qu'un sinistre collectif ne vienne à toucher tous les assurés
d'une seule compagnie (imaginons une tempête ou un cyclone ravageant une ville qui
serait entièrement assurée par une seule compagnie).

En pratique, cette règle n'est pas toujours facile à respecter. C'est pourquoi, les
assureurs ont inventé les techniques de la co-assurance et de la réassurance pour
limiter ces éventuels cumuls.

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La Table de Mortalité Master Spécialisé : PMPO

Conclusion

Les tables de mortalité établies par les


compagnies d’assurance sont des références que
les parties peuvent utiliser pour fixer la rente.
En effet au Maroc les tables de mortalité sont
construites par la direction de la statistique, mais
la plupart des grandes sociétés d’assurance
expérimentent la construction de tables
d’expérience propre à leurs portefeuilles.

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La Table de Mortalité Master Spécialisé : PMPO

Bibliographie

BENJAMIN J. ; POLLARD J. H., The Analysis of Mortality and Other Actuarial Statistics
(3d Edition), Heinemann, London, 1993.

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