Chemsi Chéref-Khan est né en Turquie, d’un père kurde et d’une mère turque. Cette
double appartenance l’a très tôt disposé à s’ouvrir vers l’Autre, à le respecter, à jeter
des passerelles entre des communautés et des cultures a priori antagonistes. Il est
autant homme de débat et de dialogue que militant et intellectuel engagé.
En tant que membre actif de La Pensée et les Hommes, Chemsi Chéref-Khan a été
l’organisateur de deux colloques : « Islam et musulmans dans l’espace européen :
défis de la laïcité » et « L’Europe, une chance pour la femme musulmane », (tous les
deux au Parlement européen).
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Ces colloques de haute tenue, avec une forte participation étrangère, ont donné lieu
à la parution d’ « actes » (Editions Espace de liberté), les premiers ayant reçu le prix
« jeunesse » de la Communauté française.
Pour toutes ces raisons, devant le péril majeur qui menace les valeurs de la laïcité,
Chemsi Chéref-Khan nous paraît être le candidat qui s’impose.
Au CCLJ, la découverte des activités, des projets et des prises de position de Chemsi
Chéref-Khan a été pour nous une grande source de satisfaction et d’inspiration. Nous
avons immédiatement vu en lui un grand humaniste engagé dans la défense des
valeurs communes, contre la montée des extrémismes religieux.
Chemsi Chéref-Khan est un homme passionné, droit et libre qui allie l’intelligence de
l’esprit à celle du cœur. C’est un privilège pour nous de soutenir un homme de la
nuance et du compromis, capable de rassembler des gens d’horizons très divers, de
jeter des ponts entre les communautés et de fédérer les associations membres dans
le plus grand respect de leur autonomie.
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Pourquoi je suis candidat, pourquoi j’ai
besoin de vous, pourquoi, ensemble, j’en
suis intimement convaincu, nous pouvons
lutter plus efficacement, dans le respect
des croyants sincères, contre la montée de
l’extrémisme islamique ?
Nous sommes d’accord entre nous que l’extrémisme islamiste constitue la menace
principale contre nos valeurs, nos libertés. Je constate, toutefois, qu’après avoir lutté
courageusement contre la toute puissance de l’Eglise catholique, dans le combat
contre la menace islamiste, les laïques de nos jours agissent en ordre dispersé.
Pendant que certaines associations membres sont à la pointe du combat, d’autres
prennent langue avec des fondamentalistes, allant jusqu’à leur offrir des tribunes
sans précaution.
Depuis quelques temps, je parle aux musulmans laïques et aux laïques de culture
musulmane. Avec moi, ils découvrent l’« humanisme musulman », la tradition de
« pensée libre en islam », les moutazilites en tant que courant rationaliste, les
« nouveaux penseurs-réformateurs » de l’islam, l’islam des Lumières en tant que
l’islam du libre examen,… « la laïcisation de l’islam européen ».
Dans leur combat contre l’extrémisme islamiste, je leur apporte l’outil conceptuel,
contre le prétendu « islam englobant » des fondamentalistes et autres djihadistes.
Précisément, dans ce combat au péril de leur vie, devant les intimidations et les
insultes quotidiennes qu’ils subissent, dans leur combat contre l’intrusion des
religieux dans l’espace public, les musulmans laïques se demandent à quel jeu jouent
certains hommes politiques et certains laïques au sein de l’organisation. Ils affirment
qu’ils se sentent orphelins de l’islam dont la parole est confisquée par une minorité
d’extrémistes, tout en se demandant s’ils ne doivent pas se considérer aussi
orphelins de la « laïcité = pilier des non-croyants ».
Ils déclarent qu’ils risquent leur peau rien qu’en évoquant l’islam « laïc », considéré
comme une hérésie par les fanatiques, qu’ils sont prêts à se battre pour
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l’ « aggiornamento » de l’islam européen. Ils nous demandent si nous ne ferions pas,
nous aussi, notre « aggiornamento », en faisant une place plus nette à la « laïcité
transversale ».
Que faire si on ne veut pas décevoir les jeunes musulmans auprès desquels j’ai
manifestement suscité enthousiasme et espoir ?
Chemsi Chéref-Khan
Grez-Doiceau, le 1er mars 2006