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Table des matières

Résumé
Chapitre 1 Qu’entendons-nous par cohésion?
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion:
tendances récentes
2.1 Revenu et emploi
2.2 La cohésion sociale
2.3 Autres dimensions de la cohésion:
qualité de vie et citoyenneté européenne

Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion:


vue d’ensemble
3.1 Introduction: l’affaiblissement de la cohésion interne
3.2 Les politiques macro-économiques
3.3 Réformes structurelles et politiques fondées sur la dépense
3.4 La redistribution
3.5 Quelques remarques pour conclure

Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne


4.1 Politiques agricole et de la pêche
4.2 Le marché unique et les politiques de promotion de la compétitivité
4.3 Les politiques des réseaux
4.4 Les politiques liées à la qualité de vie
4.5 Quelques remarques pour conclure

Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion:


une responsabilité partagée
5.1 Introduction
5.2 Nature et objet de l’aide communautaire
5.3 Une décennie de réalisations
5.4 Le système de gestion: une force de changement

Chapitre 6 Perspectives
6.1 Le besoin permanent de politiques européennes de cohésion
6.2 Accroître l’efficacité
6.3 Les défis à relever

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Table des matières

Chapitre 7 Conclusions
Annexe statistique
Sources et méthodes

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Résumé

Conformément aux dispositions du Traité sur l’Union Portugal avec 2,6%. D’un autre côté, la Suède et la
européenne (article 130b), la Commission présente Finlande ont perdu du terrain par rapport aux autres
son premier rapport sur la cohésion « sur les progrès pays.
accomplis dans la réalisation de la cohésion économi-
que et sociale et sur la façon dont les divers moyens En ce qui concerne l’emploi, les faits dans l’Union sont
prévus au présent article y ont contribué ». Ce rapport plus mitigés. Dans le pays où la croissance économique
a pour objet de répondre à quatre grandes questions: a été la plus élevée, l’Irlande, l’emploi s’est accru de
0,2% seulement au cours de la période 1983–1993,
– les disparités économiques et sociales entre même si plus récemment il s’est accéléré. Des taux de
Etats membres, régions et groupes sociaux se croissance similaires ont été enregistrés dans beau-
sont-elles réduites au fil du temps, conduisant à coup d’autres Etats membres tandis que la profonde
« un développement harmonieux de l’ensemble » récession en Finlande et en Suède a conduit à un déclin,
de l’Union? en termes absolus, de l’emploi. Des pays tels que les
Pays-Bas, l’Allemagne, la Grèce et l’Espagne sont par-
– quels ont été à cet égard le rôle joué par les politi- venus à créer des emplois à un rythme plus élevé que
ques des Etats membres et leur contribution? la moyenne.

– comment les politiques de l’Union autres que struc- Au Portugal, en Belgique, dans la partie occidentale de
turelles ont-elles réagi à l’obligation, formulée dans l’Allemagne, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni, les
le Traité, de tenir compte des objectifs de cohésion? emplois créés, quoique en nombre variable, ont été
insuffisants pour réduire le taux de chômage. Dans la
– quels ont été les effets des politiques structurelles de plupart des autres pays, les taux de chômage se sont
l’Union? accrus. Cet accroissement a été le plus spectaculaire
en Finlande et en Suède mais également dans deux des
Ce faisant, le présent rapport cherche à en tirer les quatre pays de la cohésion, l’Espagne et la Grèce. En
conséquences pour la poursuite de ces politiques au Espagne, plus d’un actif sur cinq est actuellement en
niveau des Etats membres et de l’Union. situation de chômage.

Les disparités de revenu entre les régions de l’Union


sont restées largement inchangées au cours du temps:
Convergence économique et sociale les vingt-cinq régions les mieux placées ont amélioré
marginalement leur situation de 140 à 142% de la
Au cours de la dernière décennie, la croissance écono- moyenne de l’Union tandis que le revenu par habitant a
mique dans l’Union s’est faite au rythme annuel d’un peu augmenté dans les vingt-cinq régions les moins bien
plus de 2%, tandis que l’emploi s’est accru de 0,5% par placées, passant de 53 à 55%. Néanmoins, les régions
an. Quelque 7 millions d’emplois ont été créés en termes les plus pauvres — « d’Objectif 1 » — constituent un
nets depuis 1983. groupe dont le niveau moyen de revenu par habitant
s’est amélioré de 2,5 points de pourcentage, passant de
Les disparités de revenu par habitant entre les Etats 64,6 à 67,2% de la moyenne de l’Union.
membres se sont fortement réduites au cours de la
même période. Ceci résulte dans une large mesure du Au cours de la dernière décennie, les disparités régio-
rattrapage des pays dits de la cohésion — Espagne, nales de revenu se sont accrues à l’intérieur de tous les
Portugal, Grèce et Irlande — dont le revenu par habitant Etats membres dans lesquels celles-ci peuvent être
est passé de 66% à 74% de la moyenne communautaire. mesurées, à l’exception des Pays-Bas. De même, les
Les résultats les plus remarquables ont été obtenus par différences régionales en matière de taux de chômage
l’Irlande avec un taux annuel de croissance de 4,5% ont également augmenté à l’intérieur de beaucoup
entre 1983 et 1995, suivie par l’Espagne avec 3% et le d’Etats membres, à l’exception notable du Royaume-

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Résumé

Uni. En France, en Allemagne (partie ouest) et dans


d’autres pays ceci est allé de pair avec une répartition Rôle et résultats
plus inégale du revenu entre les personnes et une
diminution de la part des salaires dans le revenu total.
des politiques des Etats membres

Dans l’ensemble de l’Union, l’amplitude des différences Les politiques des Etats membres constituent les
en matière de chômage s’est fortement élargie. Tandis principaux instruments de l’Union pour atteindre les
qu’au cours des dix années 1983 à 1993, les vingt-cinq objectifs de cohésion. En ce sens, « la solidarité
régions bénéficiant des taux de chômage les plus fai- dans l’Union commence chez soi ». De plus, les
bles ont été en mesure de réduire leur taux de chômage Etats membres disposent des moyens de le faire.
moyen de 4,8 à 4,6%, une détérioration prononcée s’est Les dépenses publiques représentent de 40% à
poursuivie dans les vingt-cinq régions confrontées aux 60% du PIB national, alors que le budget de la
taux les plus élevés, le taux de chômage passant de Communauté ne se monte qu’à 1,2% du PIB de
17,2 à 22,4%. l’Union.

De plus, le chômage tente à produire ses effets les plus Les politiques macro-économiques poursuivies par
dommageables sur les groupes sociaux les plus faibles. les Etats membres pour renforcer la cohésion sont
Quelque 5 millions de jeunes, soit 21% de la totalité des généralement allées dans la bonne direction. Elles
jeunes Européens, n’ont pas de travail. La proportion ont permis d’aboutir à des progrès significatifs en
des femmes ayant un emploi rémunéré s’est accrue matière de convergence nominale. L’inflation est
fortement, en raison de l’expansion des emplois dans tombée à son plus bas niveau depuis les trente
les services et du travail à temps partiel. Par contre, le dernières années. Au Portugal, en Espagne, en Italie
taux de chômage des femmes demeure, avec 12,5%, et en Grèce, l’inflation a diminué mais demeure
considérablement plus élevé que celui des hommes, supérieure à la moyenne communautaire. Les taux
égal à 9,5%. d’intérêt ont également chuté et les différences entre
les Etats membres se sont réduites, améliorant de
Les personnes sans qualification sont particulière- ce fait le climat général pour l’investissement et la
ment exposées au chômage de longue durée. Près croissance. Les déficits et la dette cumulée des
de la moitié (49%) des chômeurs sont sans emploi autorités publiques restent toutefois une importante
depuis plus d’un an. Suite à cela, il n’est pas surpre- source de préoccupation. Pendant les dix dernières
nant que beaucoup de personnes vivent actuelle- années, les charges du service de la dette ont dé-
ment en-dessous du seuil de pauvreté. Dans passé de 1,2 points de pourcentage la croissance
plusieurs Etats membres, leur nombre est en aug- du PIB, et en Grèce, en Italie et en Finlande les
mentation. La croissance de la pauvreté semble évolutions ont été encore plus critiques.
avoir été plus prononcée au Royaume-Uni, en Italie
et en France. Dans les Etats membres, les dépenses publiques et les
impôts impliquent des transferts de ressources entre
Clairement, les tendances socio-économiques ne régions. Une étude, commandée spécialement pour le
sont pas les seuls déterminants de la qualité de la présent rapport, portant sur sept pays (abritant plus de
vie des citoyens de l’Union. La préservation de la 80% de la population de l’Union) montre que les trans-
paix et le respect des droits fondamentaux sont une ferts nets se montent à 4% du PIB des régions dona-
réalité même s’ils sont généralement considérés trices et à 8% du PIB des régions bénéficiaires. Ces
comme des droits définitivement acquis. Néan- transferts ont un effet significatif sur la cohésion à l’inté-
moins, ils constituent une base essentielle pour as- rieur des Etats membres, réduisant de 20 à 40% les
surer la réussite des efforts visant à promouvoir un disparités de revenu par habitant. Une explication ma-
développement harmonieux. jeure de cet effet redistributif réside dans le fait que les
Etats membres consacrent de l’ordre de 50 à 70% de
Des années de travail sur les indicateurs mesurant la leur dépense publique totale à l’éducation, à la santé, à
qualité de la vie dans un sens large, et les réflexions plus la sécurité sociale et à l’aide sociale, au logement et à
récentes au sein de l’Union visant au « verdissement » la culture.
des comptes nationaux, ont permis d’identifier les limi-
tations des mesures conventionnelles du revenu tel que Les dépenses spécifiquement orientées vers l’aide
le PIB. Toutefois, il n’existe pas encore d’autre variable régionale, les mesures en faveur de l’emploi et celles
opérationnelle. Surmonter ces limites permettrait de en faveur de la R&D représentent entre 6 et 14% du
tenir dûment compte des effets de l’environnement et total. Les dépenses de RDT sont les plus impor-
d’une manière plus large du développement économi- tantes, par rapport au PIB, dans les pays les plus
que durable. prospères et sont concentrées dans les régions les

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Résumé

plus riches, à l’intérieur de tous les pays pour les- objectifs de la cohésion. D’importants exemples sont
quels des données existent. considérés ci-dessous.

Dans le domaine des politiques de l’emploi, les Etats Politique sociale,


membres ont coordonné leurs actions et se sont éducation et formation permanente
concentrés sur les cinq domaines d’action prioritaires
approuvés lors du Sommet d’Essen en 1994: améliorer La politique sociale de l’Union favorise par définition le
la qualification de la main-d’oeuvre, promouvoir une processus d’intégration et de cohésion. Son impact a
croissance à plus forte intensité d’emploi, réduire les été particulièrement important dans les domaines du
coûts non salariaux, améliorer le fonctionnement du droit du travail, de la santé et de la sécurité sur les lieux
marché du travail, et aider les personnes les plus dure- de travail, de la libre circulation des personnes et de
ment touchées par le chômage. l’égalité des chances entre hommes et femmes. Par
dessus tout et au moyen, par exemple, du dialogue
Les politiques régionales mises en oeuvre par les Etats social, l’Union a agi comme un catalyseur afin de pro-
membres eux-mêmes couvrent quelque 46,7% de la mouvoir les droits et les valeurs sociaux fondamentaux.
population de l’Union. Environ la moitié vit dans des Le soutien à l’éducation et à la formation permanente
régions classées comme moins développées (au sens joue, avec des moyens certes modestes mais bien
de l’article 92.3.a du Traité). Pour ces régions, les pla- ciblés, un rôle similaire de catalyseur stimulant la libre
fonds d’aide sont compris entre 30 et 75% des dé- circul ati on des personnes , pour accroître la
penses d’investissement éligibles. Pour les aides compétitivité et pour renforcer les opportunités offertes
nationales à finalité régionale autorisées au titre de aux individus.
l’article 92.3.c du Traité, les aides maximum autorisées
varient entre 10 et 30%, et seules la Finlande et la Suède La politique de l’environnement
peuvent aller jusqu’à 35% pour une faible proportion de
leur population. En promouvant la notion de développement durable, la
politique de l’environnement est d’une pertinence
Ces résultats, en termes de population couverte et d’in- directe pour la cohésion. La position de départ des pays
tensité de l’aide, sont la conséquence des décisions de la cohésion est favorable. La pollution y est moindre
prises par la Commission au titre des règles de la à la fois par rapport à la population et au PIB, compara-
concurrence, afin de contrôler la population couverte et tivement aux Etats membres les plus riches. D’un autre
l’intensité des aides appliquées aux régimes d’aides côté, les dépenses en matière de protection de l’envi-
nationales à finalité régionale. ronnement y sont moindres que dans les autres parties
de l’Union. Les pays de la cohésion sont confrontés à la
Si ces différences ont favorisé les régions les moins tâche urgente de mettre en oeuvre beaucoup de me-
développées en leur permettant de rivaliser pour sures en faveur de l’environnement, telles que la dimi-
obtenir de nouveaux investissements, d’un autre nution des émissions des véhicules, les standards de
côté, les Etats membres plus riches disposent de qualité des carburants, les nitrates et la qualité de l’eau.
plus de ressources publiques que les pauvres pour Les besoins d’investissement jusqu’à l’année 2005 ont
appuyer les nouveaux investissements. De ce fait, été estimés à 17 milliards d’ECU pour les quatre pays
entre 1989 et 1993, les dépenses nationales consa- pris globalement. Les études des experts arrivent à la
crées aux aides régionales, exprimées par habitant, conclusion suivant laquelle les objectifs visés pour l’en-
o nt é té be au co up p l u s f or tes d an s l ’ est de vironnement peuvent être atteints par l’introduction d’un
l’Allemagne et dans le Mezzogiorno en Italie que ensemble approprié de mesures fiscales, de rede-
dans les autres pays de la cohésion. C’est ainsi que vances et de dépenses publiques.
l’Allemagne et l’Italie effectuaient les deux tiers du
total des dépenses consacrées par les Etats mem- Recherche et développement technologique
bres aux aides régionales dans l’Union.
La politique de RDT de l’Union cherche à promouvoir la
compétitivité européenne au moyen de l’excellence
scientifique. Ces programmes de RDT ont cherché à
La contribution des exploiter les potentialités européennes en matière de
technologie et d’innovation. Ceci s’est traduit par une
politiques communautaires plus grande concentration des activités de recherche
dans les principaux centres spécialisés situés pour la
En raison de leur spécificité et de leurs objectifs, il y a plupart dans le Nord, où se trouvent les îlots de RDT, en
de larges différences dans la contribution apportée par nombre limité. Afin de contrecarrer cette concentration,
les politiques communautaires à la réalisation des des efforts ont été entrepris pour intégrer les régions

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Résumé

moins favorisées et plus périphériques. Les pro- tages, en termes absolus, des réseaux de transport trans-
grammes de recherche ont aidé à développer les capa- européens, mais leur situation relative ne s’améliorera pas
cités de recherche dans les Etats membres moins forcément. Dans le domaine des télécommunications, les
prospères et, en conséquence, leurs instituts se sont services avancés qui sont essentiels pour le développement
davantage impliqués, renforçant ainsi la base technolo- de la société de l’information sont moins répandus dans les
gique et scientifique de ces pays et accélérant l’innova- régions relativement pauvres à cause d’infrastructures
tion et le développement économique à long terme dans moins développées. Il existe donc un risque que se creuse
les régions. un écart entre riches et pauvres en information, avec des
effets défavorables sur la capacité d’innovation pour l’éco-
Le marché intérieur et la politique commerciale nomie dans son ensemble. Les pays de la cohésion ont une
production énergétique intérieure relativement faible. Ils sont
La politique dont la portée a été la plus grande dans le donc bien placés pour bénéficier de la libéralisation de
cadre de l’Union pour augmenter la compétitivité est le l’énergie et d’un meilleur accès aux sources d’énergie.
programme du marché unique qui a supprimé nombre
d’obstacles aux échanges et créé une économie euro- Les politiques agricole et de la pêche
péenne effectivement intégrée. La crainte de voir celle-
ci écraser les Etats membres les plus pauvres ne s’est La politique agricole commune (PAC) représente envi-
pas concrétisée dans la pratique. L’Espagne et le ron la moitié du budget de la Communauté. Par l’inter-
Portugal ont réussi à saisir avec le plus grand succès médiaire d’un soutien direct des agriculteurs au moyen
les possibilités offertes d’accroître leurs exportations à de subventions et indirect par le biais des prix, elle
destination de leurs partenaires. L’Irlande apparaît aussi engendre une importante redistribution du revenu entre
en avoir bénéficié mais l’impact a été marginal pour la régions et individus. Sur la base d’estimations réalisées
Grèce et le sud de l’Italie. par des experts, la réforme de 1992 a eu un effet positif
sur la cohésion, davantage de pays de la cohésion
Un large consensus existe sur les effets positifs du bénéficiant maintenant de transferts nets. Une descrip-
commerce international sur la croissance et également tion détaillée de la situation et des explications possibles
sur l’emploi. Mais la réduction des obstacles au figurent dans le présent rapport.
commerce avec l’extérieur doit s’accompagner d’un
ajustement économique interne. Les produits qui béné- Dans beaucoup d’Etats membres, il est possible de
ficient d’une forte protection tarifaire représentent pres- discerner un effet positif de la PAC sur la répartition du
que la moitié des emplois industriels au Portugal et en revenu entre régions et celui-ci s’est accru avec la
Grèce. Les quatre pays de la cohésion sont globalement réforme de 1992; mais la configuration d’ensemble des
plus vulnérables à la libéralisation des échanges. Tous transferts nets reste très différenciée. Avant la réforme,
ont des déficits commerciaux pour les services, qui des estimations indiquaient que 80% des transferts
constituent l’un des secteurs qui devraient bénéficier de allaient aux 20% des exploitations agricoles les plus
la récente libéralisation issue de l’Uruguay Round. rentables. Après la réforme, les écarts se sont réduits
mais pas autant que si les propositions de la
La politique de concurrence Commission en matière de plafonnement des aides
directes avaient été intégralement acceptées.
En imposant des règles aux aides d’Etat à finalité régio-
nale, la Commission a un double objectif: assurer que Si, comparativement, la pêche est un secteur d’activités
l’aide est concentrée sur les régions les plus désavan- relativement petit employant relativement peu de personnes,
tagées et maintenir une différence dans l’intensité de il peut s’avérer très important dans les régions les moins
l’aide entre les régions, afin de permettre aux plus développées dans lesquelles il n’y a guère d’autres possibi-
pauvres de compenser leurs faiblesses structurelles. lités d’emploi. En soutenant la restructuration de l’industrie
face à des stocks de poisson limités, la politique de la pêche
Les politiques des réseaux contribue à accroître la compétitivité et à maintenir les em-
plois à moyen terme dans les régions concernées.
Il est très difficile d’évaluer les effets nets sur la cohésion des
politiques des transports, des télécommunications et de
l’énergie de l’Union. Dans ces trois domaines, il est probable
que la libéralisation réduira globalement les coûts, renforçant Les effets des politiques
ainsi la compétitivité et augmentant la croissance et l’emploi.
Les effets sur les régions de la périphérie dépendront large-
structurelles de l’Union
ment de l’ampleur de la réduction des coûts de transport ou
de transmission qui en résultera. Dans le domaine des Les principales caractéristiques des politiques structu-
transports, les pays de la cohésion devraient tirer des avan- relles actuelles de l’UE sont résumées dans l’encadré

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Résumé

Les politiques structurelles de l’Union — principales caractéristiques

L’Union dispose de six grands instruments financiers pour mettre en oeuvre les
politiques structurelles: le Fonds de développement régional, le Fonds social, la
Section Orientation du FEOGA, l’Instrument financier d’orientation de la pêche, le
Fonds de cohésion et les prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI).
Les interventions du Fonds de cohésion et de la BEI sont fondées sur une approche
par projets et reposent sur des règles spécifiques. Les Fonds structurels opèrent
dans un cadre commun fondé sur les principes de base de la concentration, la
programmation, le partenariat et l’additionalité.

Les ressources financières disponibles pour les politiques structurelles de l’Union


ont fortement augmenté, passant de 3,7 milliards d’ECU en 1983 à 18,3 milliards
d’ECU en 1992 et ils devraient atteindre 33 milliards d’ECU en 1999. Pour la période
1994–1999, le montant total tourne autour de 170 milliards d’ECU, ce qui équivaut
à environ un tiers du budget de la Communauté planifié pour cette période et à
0,45% du PIB communautaire. Au cours de la décade 1989–1999, les dépenses
cumulées représenteront 6,5% du PIB annuel de l’Union. Une comparaison dé-
montre clairement leur importance: le Plan Marshal pour l’Europe au lendemain de
la guerre équivalait à 1% du PIB annuel des Etats-Unis et s’élevait en termes
cumulés (1948–1951) à 4% de leur PIB.

Les Fonds structurels sont concentrés sur quatre objectifs de politique régionalisés
qui représentent globalement 85% des financements:

– l’Objectif 1 pour le développement des régions en retard de développement


(environ 70% du total);

– l’Objectif 2 pour l’ajustement des régions les plus affectées par le déclin
industriel (11%);

– l’Objectif 5b pour l’ajustement structurel dans les régions rurales (4%);

– l’Objectif 6 pour l’ajustement des régions à faible densité de population (0,5%).

Trois objectifs ne sont pas spécifiquement régionalisés et s’appliquent à l’ensem-


ble de l’Union. Globalement, ils bénéficient des 15% de financements restants:

– l’Objectif 3 pour les jeunes chômeurs et les chômeurs de longue durée;

– l’Objectif 4 pour l’adaptation des travailleurs aux mutations industrielles;

– l’Objectif 5a pour l’ajustement dans l’agriculture et la pêche.

Sur le total, 90% des financements relèvent de décisions prises à l’initiative des
Etats membres. Pour la période 1994–1999, plus de 300 programmes ont été
approuvés conjointement par les Etats membres et la Commission, dont la moitié
environ pour les régions d’Objectif 1. Environ 9% des financements disponibles
sont réservés pour des Initiatives communautaires, qui impliquent environ 400 pro-
grammes et 13 thèmes différents. Enfin, à peu près 1% des financements est
réservé à l’assistance technique et à des mesures innovantes, dont la plupart
donnent lieu à des décisions de la Commission à la suite d’appels d’offres.

Les politiques structurelles sont ciblées sur trois grands domaines: les infrastruc-
tures, les ressources humaines et l’investissement productif, 30% des finance-
ments allant aux premières (par exemple, des investissements dans les transports,
les télécommunications, l’énergie, l’approvisionnement en eau et la protection de
l’environnement), 30% au renforcement des systèmes d’éducation et de formation
et au soutien des mesures concernant le marché du travail, 40% enfin à l’investis-
sement productif (avec pour principal objectif de développer un environnement
dynamique pour les entreprises et soutenir les systèmes d’aide à l’investissement
dans l’industrie, en particulier en faveur des PME).

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Résumé

ci-joint. La réforme des Fonds structurels de 1988 a ont été entrepris avec l’aide de l’Union. En Irlande, la
fortement accru leurs effets redistributifs en faveur des moitié des élèves qui poursuivent leurs études secon-
Etats membres et des régions les moins prospères. La daires au-delà de la scolarité obligatoire ont reçu une
principale raison en est la création de l’Objectif 1 qui vise aide de la Communauté. En Espagne, quelque
effectivement à assurer que les ressources sont 14 000 km de grandes routes auront été réaménagées
concentrées sur les régions dont le PIB par habitant est ou construites d’ici 1999.
le plus faible. Au titre de l’Objectif 2, il n’y a pratiquement
pas d’effet d’égalisation pour la période 1994–1999 au Néanmoins, les Etats membres les plus pauvres ne sont
profit des régions les plus affectées par le déclin indus- pas les seuls à avoir bénéficié des politiques structu-
triel. Par la révision des règlements en 1993, moins de relles. Les estimations montrent qu’environ 30 à 40% du
poids fut en effet accordé aux critères d’emploi, compa- total de l’aide versée aux Etats membres les plus pau-
rativement à la période précédente. vres revient dans les Etats membres plus prospères
sous la forme d’achats d’équipements ou de savoir faire.
Pendant la première période de programmation, 1989–
1993, les disparités de revenu (PIB) par habitant entre En outre, les résultats sont aussi encourageants pour
les régions se sont réduites de 3% par l’intermédiaire de l’aide distribuée au titre des autres Objectifs. Les
transferts représentant seulement 0,3% du PIB de régions et les groupes sociaux relativement pauvres,
l’Union. Pour la période actuelle de programmation, dans beaucoup d’Etats membres les plus riches, ont été
1994–1999, la réduction devrait être d’environ 5% du encouragés à exploiter les opportunités économiques
PIB, grâce à un financement correspondant à 0,45% du offertes, avec l’aide des politiques structurelles de
PIB de l’Union. L’effet d’égalisation est ainsi égal à l’Union. Dans les régions d’Objectif 2, par exemple,
environ dix fois le montant initial des dépenses publi- selon des estimations, les programmes auraient créé ou
ques, ce coefficient multiplicateur étant proche de celui maintenu quelque 530 000 emplois en termes nets au
du « Finanzausgleich » en Allemagne en 1990 et le cours de la période 1989–1993. Dans les régions
double de celui de subventions affectées à des fins d’Objectif 5b, le chiffre est estimé à environ 500 000 em-
spécifiques aux Etats-Unis. plois pour la même période. L’Objectif 3 a financé entre
2 et 15% des mesures actives sur le marché du travail
Le principal objet des transferts opérés par la des Etats membres, avec un accent particulier sur la
Communauté n’est pas de redistribuer le revenu. Ces réduction de l’exclusion.
transferts visent à renforcer le potentiel productif dans
les régions qui les reçoivent, grâce à un investissement De plus, au moyen d’initiatives communautaires spéci-
en capital physique et humain. Les politiques structu- fiques, quoiqu’avec un degré variable de succès,
relles de l’Union ont contribué à réduire fortement les l’Union a contribué à se concentrer sur des problèmes
disparités économiques entre Etats membres les plus européens, à identifier des nouvelles opportunités et à
riches et les plus pauvres. Entre 1989 et 1993, les améliorer les relations transfrontalières et interrégio-
programmes soutenus par les Fonds structurels ont nales afin de résoudre des problèmes communs.
augmenté d’un pourcentage estimé à 0,5% par an le
taux de croissance moyen dans les pays de la cohésion. Une partie de la valeur ajoutée des politiques de l’Union
Ceci a élevé leur taux moyen de croissance annuelle de repose sur l’accent placé sur l’innovation, sans compter
1,7 à 2,2%. Etant donné l’augmentation du soutien au les qualités spécifiques du système de soutien lui-
cours de la période actuelle de programmation (1994– même. Il a aidé les Etats membres à cibler les res-
1999), la croissance du PIB pourrait encore, en sources sur les problèmes les plus graves et les régions
moyenne, être supérieure de 0,5% par an. Le nombre les plus touchées. Des solutions destinées à résoudre
d’emplois créés ou maintenus durant la première des problèmes régionaux et sociaux sont organisées au
période de programmation est estimé à environ 500 000, moyen de programmes à moyen terme qui mettent
soit 2,5% de l’emploi total. l’accent sur l’investissement et l’innovation. Les carac-
téristiques spécifiques des interventions communau-
Dans les régions d’Objectif 1, les politiques structurelles taires ont dans certains cas accéleré les changements
ont contribué à améliorer globalement les infrastructures de politique et le développement de nouvelles struc-
de base et à moderniser la base économique. Les tures. L’Objectif 4 constitue à cet égard un exemple
exemples concrets sont nombreux: en Grèce, le nombre représentatif d’une démarche préventive de lutte contre
de villes dotées d’un système d’épuration des eaux le chômage dû aux mutations industrielles. L’attribution
usées aura plus que doublé en 1999, 71% de la popu- de responsabilités est encouragée, en particulier au
lation étant ainsi desservie. Au Portugal, les entreprises moyen de partenariats composés de l’ensemble des
soutenues par l’Union ont enregistré des gains de pro- bénéficiaires des programmes. Des ressources finan-
ductivité d’environ 5% par an et l’emploi s’est accru de cières additionnelles sont prélevées auprès de sources
2,5% par an. Au total, plus de 7000 projets industriels publiques et privées. Un cadre de nouvelles possibilités

10
Résumé

couvrant toute l’Europe a été créé au moyen de la administrative avec un contrôle plus strict des dé-
coopération transfrontalière. penses;

– pour les politiques des réseaux, comment dévelop-


per des contrats de service public et des obligations
Perspectives de service universel parallèlement à la libéralisation
progressive des marchés;
L’Union est confrontée à de grands défis du fait de la
mondialisation, de la rapidité du progrès technologique, – plus généralement, comment accroître la synergie
de l’union économique et monétaire et de l’élargisse- entre les politiques, y compris avec les politiques
ment. Le modèle européen de société reste le cadre le structurelles.
plus approprié pour les relever. Les forces du marché
et l’esprit d’entreprise sont nécessaires pour saisir les Pour les politiques structurelles de l’Union, il est reconnu
nouvelles opportunités. La solidarité et le soutien mutuel qu’il existe des possibilités d’amélioration de leur effica-
sont tout aussi importants pour progresser, non seule- cité, d’orientation plus marquée vers les résultats et
ment pour des raisons sociales mais également pour d’une plus grande pertinence. Les principales questions
optimiser les avantages économiques globaux puisque auxquelles il faut s’attaquer sont les suivantes:
les inégalités ont, de toute évidence, des effets défavo-
rables sur la croissance. – comment mieux cibler les ressources rares sur les
problèmes les plus graves;
La cohésion doit dès lors être davantage renforcée.
Néanmoins, à ce stade, le rapport évite de faire des – comment optimiser la combinaison des subventions
propositions concrètes de changement. Au contraire, et des prêts, des fonds publics et des fonds privés;
divers thèmes sont identifiés comme une base pour des
discussions ultérieures et pour une réflexion commune. – comment simplifier les procédures;
Leur traitement approprié, dans le plein respect du
principe de subsidiarité, devrait conduire à améliorer la – comment renforcer la subsidiarité en clarifiant les
politique destinée à remplacer la cohésion dans le futur. rôles respectifs des Etats membres et de l’Union et
en accroissant la participation aux niveaux régional
Pour de nombreux Etats membres, l’émergence de plus et local ainsi que l’engagement des partenaires
grandes disparités régionales et sociales sur leur terri- sociaux;
toire est un sujet de préoccupation. Alors que la néces-
sité de finances publiques saines est indiscutable, il faut – comment maintenir une flexibilité suffisante pour
s’attaquer à de graves questions: réagir aux nouveaux défis et opportunités.

– comment assurer un niveau suffisant d’investisse- Une orientation des politiques structurelles plus marquée
ment, y compris en matière de développement des vers les résultats dépend de l’efficacité du suivi, du contrôle
ressources humaines; et de l’évaluation. Cela exigera qu’on réfléchisse sur l’addi-
tionnalité des transferts de l’Union, la capacité d’absorption
– comment accroître le taux de création d’emplois; des Etats membres, les incitations visant une amélioration
de la qualité et les possibilités d’introduire plus de concur-
– comment rendre les programmes structurels et rence dans l’obtention des ressources.
sociaux nationaux plus efficaces dans la lutte contre
l’élargissement des disparités. L’amélioration de la pertinence est un processus déjà
entamé, avec la préparation des nouveaux programmes
Au niveau de l’Union, plusieurs questions doivent être de l’Objectif 2 pour la période 1997–1999 et qui sera
abordées en ce qui concerne les politiques autres que poursuivie avec le réexamen à mi-chemin, en particulier
structurelles: pour l’Objectif 1. Ceci fournira la base d’une réflexion
stratégique sur les priorités futures.
– pour la PAC, comment mettre en oeuvre l’intention
de poursuivre la réforme de façon à ce que ses Enfin, le climat général de rigueur financière dans les Etats
avantages sociaux et en faveur de l’environnement membres ne peut être sans implications pour les politiques
soient encore développés dans le contexte d’une de l’Union. Un thème majeur de discussion sera de savoir
politique rurale plus intégrée; comment équilibrer la discipline budgétaire avec la solidarité
vis-à-vis des Etats membres et des régions les plus pauvres
– pour la politique des aides d’Etat à finalité régionale, et vis-à-vis des régions et des personnes les plus désavan-
comment combiner une plus grande simplification tagées dans les Etats membres plus prospères.

11
Résumé

12
Chapitre 1
Qu’entendons-nous par cohésion?

Le premier rapport sur la cohésion est présenté confor- Dans sa façon d’aborder la cohésion économique et
mément aux dispositions de l’article 130b du Traité sur sociale, le présent rapport s’inspire de l’article 130a du
l’Union européenne. Celui-ci invite la Commission à Traité sur l’Union européenne, où elle est définie en
«présenter un rapport au Parlement européen, au termes de «développement harmonieux» avec une di-
Conseil, au Comité économique et social et au Comité mension géographique spécifique: «réduire l’écart en-
des régions, tous les trois ans, sur les progrès accomplis tre les niveaux de développement des diverses régions
dans la réalisation de la cohésion économique et sociale et le retard des régions les moins favorisées, y compris
et sur la façon dont les divers moyens prévus au présent les zones rurales». Il est ainsi explicitement reconnu que
article [130b] y ont contribué.» des écarts importants sont intolérables dans une com-
munauté, dès lors que ce terme a un sens.
Dans tous les pays européens, l’organisation de la
société reflète les valeurs de l’économie sociale de Les déséquilibres n’ont pas seulement pour consé-
marché. Elle cherche à combiner un système quence une qualité de vie plus médiocre dans les
d’organisation économique fondé sur les forces du régions les plus défavorisées et une absence de pers-
marché, la liberté de choix et d’entreprise et un pectives de vie décente pour leurs habitants, ils révèlent
engagement en faveur des valeurs sociales de soli- aussi une sous-utilisation du potentiel humain et une
darité interne et de soutien mutuel qui garantisse un incapacité à tirer parti de possibilités économiques qui
libre accès de tous les membres de la société à des profiteraient à l’ensemble de l’Union.
services d’intérêt général et à une protection. Avec
le renforcement de l’intégration européenne, il de- En ce qui concerne la dimension géographique, la
vient inévitable que l’Union partage de plus en plus réduction des disparités entre Etats membres et régions
avec les Etats membres la responsabilité du main- revient, si l’on suit le Livre blanc de la Commission de
tien de ce modèle européen de société. Tout autant 1993 sur ces thèmes, à assurer la convergence des
que les Etats membres, l’Union doit disposer des revenus de base grâce à une croissance plus élevée du
moyens — les politiques de cohésion — de l’assu- PIB, de la compétitivité et de l’emploi. L’amélioration
mer. de la compétitivité des régions les plus faibles est parti-
culièrement importante dans le contexte du marché
Jusqu’à maintenant, les politiques adoptées aux unique européen. En permettant la libre circulation des
niveaux national et communautaire pour encourager la biens et services, de la main-d’oeuvre et des capitaux,
cohésion n’ont pas fait l’objet d’un examen simultané et le marché unique a supprimé des obstacles aux
complet, même si la Commission a établi des rapports échanges et créé les conditions d’une accélération de
dans différentes perspectives, en particulier sur la situa- la croissance dans l’ensemble de l’Union tout en offrant
tion dans les régions, sur l’emploi et sur les évolutions de nouvelles possibilités d’accroître la prospérité géné-
macro-économiques. Ce premier rapport sur la cohé- rale dans les Etats membres.
sion offre l’occasion d’examiner de façon systématique
comment les politiques conduites à ces différents En ce qui concerne la cohésion sociale, celle-ci est plus
niveaux ont contribué à la cohésion de l’Europe et de difficile à définir en termes opérationnels. Un point de
cerner leurs interactions. départ pourrait consister à relier la cohésion sociale aux
objectifs du modèle européen de société fondé sur la
Une condition préalable fondamentale de l’analyse, ne notion d’économie sociale de marché telle qu’elle a été
serait-ce que pour des raisons opérationnelles, est de décrite ci-dessus. Cette dimension de la solidarité rece-
clarifier l’objectif de cohésion de l’Union. Des objectifs vrait une portée pratique par l’intermédiaire de systèmes
généraux tels que la solidarité et le soutien mutuel universels de protection sociale, par une réglementation
doivent être déclinés en termes économiques et sociaux visant à corriger les carences du marché et par des
concrets et mesurables. systèmes de dialogue social. En outre, les politiques qui

13
Chapitre 1 Qu’entendons-nous par cohésion?

promeuvent la solidarité et le soutien mutuel sont elles- Cela invite à accélérer le rythme auquel de nouvelles
mêmes un facteur de productivité dans la société euro- possibilités sont créées et à s’efforcer de garantir, dans
péenne et contribuent ainsi au bien-être économique et le même temps, que les qualifications de la main-
social. d’oeuvre correspondent à ces exigences. Dans des
situations où l’échelle des redéploiements est vaste ou
La promotion de la cohésion sociale requiert la réduc- lorsque les travailleurs éprouvent de grandes difficultés
tion des disparités qui proviennent de l’accès inégal aux à trouver de nouvelles possibilités d’emploi et que
possibilités d’emploi et aux gratifications prenant la l’ajustement au changement est particulièrement lent,
forme d’un revenu. De telles inégalités tendent à entraî- les politiques de cohésion ont sans doute un rôle à jouer
ner de sérieuses conséquences sociales par la margi- pour réduire le rythme des pertes d’emplois dans les
nalisation de certaines parties de la société, telles que secteurs en déclin. Mais l’analyse précédente suggère
les chômeurs de longue durée, les jeunes chômeurs et qu’une telle démarche ne doit ni être généralisée, ni être
les pauvres. Le nombre de personnes touchées par la poursuivie très longtemps.
pauvreté reflète aussi l’effet de choix dans la politique
de redistribution des revenus entre les personnes. Ces Si le rapport accorde une place importante à la quanti-
aspects sont des dimensions mesurables de la cohé- fication des tendances et aux effets des politiques, il
sion sociale qui sont tous considérés dans les analyses importe d’être conscient des limites et des risques d’une
de ce rapport. telle mesure. En premier lieu, il est nécessaire d’éviter le
risque que les objectifs politiques établis plus largement
Plus généralement, il importe de souligner que l’accrois- par l’Union européenne pour ses citoyens ne se rédui-
sement de la cohésion dans l’Union implique des chan- sent à une controverse sur les mérites relatifs de diffé-
gements. Les améliorations des niveaux de vie et la rentes mesures macro et micro-économiques. Certes,
réduction des disparités économiques et sociales les objectifs politiques de solidarité, de soutien mutuel
dépendent dans une large mesure des gains de produc- et de cohésion dans l’Union peuvent être poursuivis
tivité. Toutefois, les gains de productivité imposent pres- largement grâce à des moyens économiques, mais,
que inévitablement des changements: l’acceptation de comme il est souligné ci-dessus, ces objectifs n’en
nouvelles technologies, de nouvelles façons de travail- restent pas moins des ambitions irréductibles qui struc-
ler, la nécessité d’acquérir de nouvelles qualifications. turent la société européenne et contribuent à lui donner
Cela peut susciter des problèmes d’ajustement sur le son sentiment d’identité.
marché du travail si la croissance économique est lente,
et si les créations d’emplois sont insuffisantes pour En deuxième lieu, si des progrès considérables ont été
combler l’écart engendré par les gains de productivité réalisés dans le développement des techniques d’éva-
permis par l’augmentation de la compétitivité. Toutefois luation, les politiques économiques interviennent dans
l’expérience montre que la solution consistant à «geler» un monde complexe où il n’est pas toujours possible de
les structures économiques existantes pour protéger les quantifier de façon précise les résultats ou d’imputer des
emplois n’est ni viable ni durable. Le fait de différer effets à des causes spécifiques.
l’introduction de changements peut rendre ceux-ci plus
difficiles et douloureux plus tard. En troisième lieu, les résultats tendent à émerger à long
terme, peut-être plus encore dans le contexte de l’Union
Plus que jamais, les résultats économiques natio- européenne où les politiques de cohésion s’attachent à
naux et régionaux dépendent de la flexibilité sur un remédier à la situation souvent extrêmement défavori-
marché mondial toujours plus concurrentiel et plus sée des Etats membres et régions les plus faibles en
prégnant. Les faits montrent que les pays et les cherchant à améliorer les conditions de l’offre qui sont
régions peuvent combiner une productivité accrue nécessaires pour le développement de l’activité écono-
(production élevée par travailleur) et un niveau élevé mique.
d’emploi (pourcentage de la population en âge de
travailler occupant un emploi). Les deux se conci- Si les points précédents représentent les aspects ma-
lient dans le temps par le ré-emploi de travailleurs jeurs d’une démarche opérationnelle de cohésion, ils
dans de nouvelles activités. L’innovation est au doivent néanmoins être complétés par quatre autres
coeur de ce processus. Le progrès technologique, remarques. En premier lieu, il importe de souligner que
les changements d’organisation et les nouvelles exi- la cohésion a pour objet d’accroître la croissance et les
gences qu’ils engendrent ainsi que celles suscitées nouvelles possibilités économiques dans les régions les
par la hausse des revenus réels créent de nouvelles plus pauvres et en faveur des groupes sociaux défavo-
possibilités pour remplacer les anciennes. Les risés, sans induire de réduction de la croissance ou de
changements dans la structure de l’emploi font par- l’emploi dans les autres régions («convergence néga-
tie du processus par lequel les pays qui réussissent tive»). En deuxième lieu, l’amélioration de la situation
croissent et développent leur économie. économique n’est pas une fin en soi, mais un moyen au

14
Chapitre 1 Qu’entendons-nous par cohésion?

service d’une fin. La création de richesses doit élargir d’établissement du marché unique ou les politiques qui
les possibilités et relever les niveaux de vie et, plus visent à renforcer la dimension européenne dans des
généralement, la qualité de vie. Dans le contexte euro- secteurs tels que les transports, les télécommunications
péen, cela ne doit pas seulement être une conséquence et l’énergie. Les politiques considérées dans cette partie
d’une intégration plus étroite, mais cela doit aussi n’ont pas la cohésion pour principal objectif. Mais
accroître les échanges d’idées au-delà des frontières comme elles se préoccupent directement ou indirecte-
nationales et permettre d’apprécier les avantages de la ment de questions relatives à la compétitivité ou à la
solidarité. En troisième lieu, il s’agit de faire davantage qualité de vie, elles ont généralement des effets au plan
prendre conscience de la nécessité de considérer le de la cohésion.
développement dans sa dimension durable et l’utilisa-
tion des ressources naturelles dans une perspective à Le cinquième chapitre du rapport étudie l’apport des
long terme. politiques communautaires de cohésion proprement
dites. Elles existent sous leur forme moderne depuis
En quatrième lieu, on ne doit pas confondre la cohésion 1989, et le rapport offre la première occasion d’évaluer
avec une harmonisation ou une uniformité. Son seul en profondeur leur contribution, non seulement leur im-
objectif est d’instaurer une plus grande équité en termes pact direct sur les disparités économiques et sociales,
de possibilités économiques et sociales. La cohésion et mais aussi leur contribution, plus large, à l’amélioration
la diversité ne sont pas des objectifs contradictoires. de la qualité de la vie et au fait de donner une substance
Elles peuvent se renforcer l’une l’autre. à l’idée de citoyenneté européenne.

Le sixième chapitre comprend les réflexions de la


Commission sur les enseignements tirés du fonctionne-
Plan du rapport ment des politiques de cohésion, sur les problèmes qui
sont apparus et sur les réponses qu’il convient de leur
Le deuxième chapitre chiffre l’ampleur du défi posé par donner.
la cohésion, en identifiant et mesurant les disparités
économiques et sociales entre Etats membres, régions Enfin, le septième chapitre résume les principales
et groupes sociaux. Il est centré sur les écarts en matière conclusions du rapport.
de revenu par habitant, compétitivité et chômage entre
les différentes parties de l’Union, ainsi que sur la situa-
tion des groupes sociaux défavorisés en ce qui
concerne l’accès à l’emploi et la proportion de per-
sonnes touchées de ce fait par la pauvreté.

Les autres chapitres du rapport examinent en quoi les


mesures prises par les Etats membres et la
Communauté ont contribué à réduire les écarts et à
encourager la convergence et la cohésion.

Le troisième chapitre comporte des observations sur la


façon dont des politiques qui relèvent de la responsabi-
lité des Etats membres ont contribué à la cohésion. C’est
dans ce contexte que sont examinées les politiques
macro-économiques qui encouragent la stabilité, ainsi
que les mesures nationales visant à redistribuer le reve-
nu entre personnes ou à favoriser la compétitivité de la
nation et des régions.

Le quatrième chapitre examine la façon dont les di-


verses politiques sectorielles de l’Union contribuent à
assurer la cohésion. Un vaste éventail de politiques est
passé en revue, depuis celles qui ont une grande impor-
tance dans le budget de la Communauté, en particulier
l’agriculture et la recherche et développement, jusqu’à
celles qui sont essentiellement centrées sur l’établisse-
ment d’un cadre communautaire commun pour le déve-
loppement du secteur concerné, telles que la politique

15
Chapitre 1 Qu’entendons-nous par cohésion?

16
Chapitre 2
Le processus de convergence et la cohésion:
tendances récentes

Le présent chapitre a pour objet d’examiner l’ampleur


des disparités géographiques et sociales à l’intérieur de Cohésion entre Etats membres
l’Union européenne, notamment en ce qui concerne le
revenu par habitant et l’emploi. Revenu par habitant

Une question essentielle est de savoir si les écarts entre Au niveau des Etats membres, le revenu par habitant
les Etats membres, les régions et les groupes sociaux (mesuré d’après le PIB par habitant en 1995) est actuel-
ont eu tendance à s’amplifier ou à se rétrécir au fil du lement nettement supérieur à la moyenne de l’Union
temps. D’après plusieurs études, la convergence est un — de 10% ou plus — en Belgique, au Danemark, au
processus lent et les différences entre régions tendent Luxembourg et en Autriche. Il est également supérieur
à s’atténuer à un rythme qui ne dépasse pas 2% par an à la moyenne en Allemagne, en France, en Italie et aux
sur le long terme. Pays-Bas, tandis qu’il est proche de celle-ci au
Royaume-Uni et un peu inférieur en Suède et en
Pour que la convergence se produise, il ne suffit pas Finlande. Dans les quatre Etats membres restants, le
que la situation des parties relativement faibles revenu par habitant est compris entre 64% de la
de l’Union ou des groupes sociaux défavorisés moyenne de l’Union (Grèce) et 90% (Irlande). Le «déficit
s’améliore seulement en termes absolus. Cette situa- de cohésion» se constate très clairement au fait que le
tion doit aussi s’améliorer en termes relatifs, par revenu moyen par habitant des deux Etats membres les
rapport aux autres régions et aux groupes plus pri- plus pauvres, la Grèce et le Portugal, est inférieur de
vilégiés. quelque 40% à celui des quatre Etats membres les plus
riches mentionnés ci-dessus. Les écarts sont beaucoup
Ce chapitre cherche d’abord à quantifier les disparités plus larges que ceux qui existaient dans la Communauté
existantes. Toutefois, comme l’a indiqué le chapitre 1, la à la veille de son premier élargissement en 1973: à cette
cohésion comporte aussi des aspects plus qualitatifs, date, le PIB par habitant de l’Allemagne, en haut de
tels que le caractère durable de la croissance économi- l’échelle, ne dépassait que de 25% celui de l’Italie, pays
que et la qualité de la citoyenneté européenne. Ces situé à l’autre extrémité.
aspects seront examinés dans la dernière section du
chapitre. Mais alors que l’entrée de l’Irlande en 1973, de la Grèce
en 1981 et de l’Espagne et du Portugal en 1986 s’est
accompagnée à chaque fois d’une aggravation des
écarts, la question essentielle est de savoir quels résul-
2.1 Revenu et emploi tats chacun de ces Etats membres a obtenus par rap-
port aux autres au fil du temps.
L’élargissement de la Communauté, passée de six à
quinze pays et de 175 à 370 millions d’habitants, s’est Globalement, au cours des vingt dernières années, les
accompagné d’une plus grande diversité, notamment Quinze ont connu une croissance économique
en termes socio-économiques. De grands écarts exis- moyenne légèrement supérieure à 2% par an, mais avec
tent entre Etats membres et entre régions, en termes de des variations cycliques considérables. C’est un rythme
revenu par habitant et de capacité à engendrer des légèrement inférieur à celui enregistré aux Etats-Unis
emplois. pendant la même période, mais très inférieur à celui

17
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

enregistré au Japon (encore que ce dernier pays ait subi dent dans l’histoire de l’Union depuis la guerre. Dans
une récession prolongée pendant les années quatre- ces deux pays, le PIB a fortement chuté au début des
vingt-dix). Néanmoins, cela équivaut à un doublement années quatre-vingt-dix, ce qui a fait que leur revenu par
tous les trente ans ou presque. habitant, qui était supérieur à la moyenne de l’Union, est
tombé en dessous en l’espace de quelques années.
Une des caractéristiques les plus frappantes de l’évolu-
tion économique au cours de cette période est le res- Cette évolution est particulièrement frappante dans le
serrement de l’intégration économique des Etats cas de la Suède. Au cours de la décennie de référence
membres, comme en témoigne la croissance des 1983–1993, le PIB par habitant suédois, mesuré en
échanges qui s’est produite entre eux. Tout particulière- unités standard de pouvoir d’achat (SPA), qui était su-
ment, les années quatre-vingts ont été une période périeur de 12% à la moyenne de l’Union, est descendu
pendant laquelle les importations entre Etats membres de 2% en dessous. En Finlande, le PIB par habitant,
ont augmenté beaucoup plus vite que leurs importations mesuré dans les mêmes termes, est passé d’un niveau
en provenance du reste du monde. Dans tous les égal à la moyenne de l’Union en 1983 à un niveau
Etats membres, les échanges avec le reste de la inférieur de 9% à celle-ci en 1993. Dans les deux cas,
Communauté dépassent désormais largement plus de la baisse s’est essentiellement produite après 1990,
50% du total et pour tous sauf l’Allemagne, le Royaume- alors que la production chutait de manière appréciable.
Uni, l’Irlande et la Finlande, ils dépassent 60%. Dans les deux économies, la croissance a dépassé la
moyenne de l’Union depuis 1993, mais il leur reste du
Mais l’évolution observée au niveau des Etats membres chemin à faire pour retrouver leur position parmi les
et, comme on le montrera dans la prochaine section, des économies les plus riches de l’Europe. Les signes sont
régions a été très diverse (graphique 1). Depuis le début particulièrement encourageants pour la Finlande où l’in-
des années quatre-vingts, la croissance a été nettement vestissement et le PIB se sont fortement relevés après
plus forte en moyenne dans quatre Etats membres, plusieurs années de déclin (toutefois, comme cela sera
l’Espagne, l’Irlande, le Luxembourg et le Portugal, que exposé plus loin, cette reprise est concentrée dans
dans les autres. Dans le cas de l’Espagne et du Portugal, certaines régions).
la croissance s’est accélérée au cours de la période qui
a suivi leur adhésion, en 1986. Pour les autres pays, en Les quatre pays de la cohésion
dehors de la Grèce, de la Finlande et de la Suède, la
croissance a été proche de la moyenne. Dans le cas de Dans l’optique de la cohésion, la croissance relative des
la Finlande et de la Suède, il s’est produit pendant un quatre Etats membres les plus pauvres, la Grèce,
certain temps un retournement de situation sans précé- l’Espagne, l’Irlande et le Portugal, est particulièrement

1 PIB par habitant dans les Etats membres, 1983, 1988 et 1993

SPA (EUR15=100)
180 180
1983
160 1988 160

140 1993 140

120 120

100 100

80 80

60 60

40 40

20 20

0 0
B DK D GR E F IRL I L NL A P FIN S UK

18
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

intéressante à considérer. En 1983, le revenu par habi- croissance a été très variable d’une année sur l’autre:
tant de ces quatre pays se montait à 66% de la moyenne alors qu’elle a dépassé la moyenne de 3 ou 4 points en
de l‘Union et ce niveau est demeuré inchangé jusqu’en pourcentage les années 1985, 1989 et 1991, le PIB a
1986, année de l’adhésion de l’Espagne et du Portugal. chuté en 1987 et en 1993 et a stagné en 1990. Les
Depuis lors, la croissance annuelle a dépassé la résultats de 1987 et 1990 sont particulièrement médio-
moyenne d’environ un point en pourcentage, ce qui a cres, puisque la croissance était alors forte dans le reste
donné naissance à un processus lent mais régulier de de l’Europe.
convergence avec le reste de l’Union. En 1993, dans
ces quatre pays, le PIB moyen par habitant atteignait Emploi et chômage
74% de la moyenne de l’Union, progressant ainsi de
8 points de pourcentage en dix ans. Le principal défi économique auquel se heurte l’Union
est la persistance de taux de chômage élevés (graphi-
En règle générale, une forte croissance de l’économie que 3). C’est essentiellement ce trait qui la distingue des
européenne a eu tendance à favoriser la convergence. autres blocs économiques, tels que le Japon et les
Cela fut le cas pendant la seconde moitié des années Etats-Unis. Cette caractéristique remonte à vingt ans.
quatre-vingts (graphique 2). Par contre, la récession du De 1973 à 1985, le taux de chômage est passé au fil des
début des années quatre-vingt-dix a fortement pesé sur ans chez les Quinze d’une moyenne de 2% seulement
la situation de certains des pays les plus faibles et les à 10%. Si la reprise économique de la seconde moitié
disparités se sont creusées à nouveau (les efforts ont des années quatre-vingts a fait baisser le chômage, son
toutefois été masqués par la réunification allemande). taux n’est pas descendu en dessous d’un niveau légè-
Depuis 1994, la croissance a repris dans l’Union et dans rement inférieur à 8% en 1990, au moment où la reprise
ces pays. a pris fin. Le taux de chômage a culminé dans l’Union
européenne à plus de 11% en 1994. En 1995, il était à
La croissance qui se produit dans l’économie de l’Union peine plus bas et l’Union comptait plus de 18 millions de
européenne signifie en réalité que les Etats membres les chômeurs, alors que le taux de chômage s’élevait à
plus faibles poursuivent en réalité une cible mouvante moins de 6% aux Etats-Unis et à 3% au Japon.
dans leur démarche de convergence. Même si la crois-
sance économique y a été supérieure à la moyenne, la En 1995, les taux de chômage étaient très variables
convergence a été lente et la disparité de revenu par selon les Etats membres. Ils étaient inférieurs à 5% au
habitant entre ces Etats membres et la moyenne de Luxembourg et en Autriche et atteignaient ou dépas-
l’Union a diminué seulement d’environ un quart en dix saient 15% en Espagne et en Finlande. Ils étaient aussi
ans, entre 1983 et 1993. un peu supérieurs à la moyenne en France et en Italie,
avec près de 12%.
Les évolutions ont été fort différentes au sein du groupe
constitué par ces quatre Etats membres. L’Irlande a Si le taux de chômage actuel dans l’Union est un peu
enregistré la croissance la plus rapide de tous les Etats plus fort que celui d’il y a dix ans, il s’accompagne d’un
membres au cours des dernières années, maintenant
même un taux élevé lors de la récession du début des
années quatre-vingt-dix. Le PIB par habitant, qui
2 Disparités du PIB par habitant et de la
s’élevait à 64% de la moyenne européenne en 1983, en
productivité, 1983-93
représentait 80% en 1993, avant de progresser encore
et d’atteindre 90% de celle-ci en 1995. Ce niveau devrait
Ecart-type
dépasser celui de la Finlande en 1996/1997. 40 40

35 35
Des taux de croissance économique relativement éle-
vés ont également pu être observés en Espagne et au 30 30
Disparité de PIB par habitant (par région)
Portugal. Dans ces pays, le PIB par habitant a augmenté
respectivement de 7 et 13 points de pourcentage par 25 25

rapport à la moyenne de l’Union européenne, entre 1983


20 Disparité de PIB par habitant (par Etat Membre) 20
et 1993. Ces deux pays ont cependant été très durement
touchés par la récession et leur PIB par habitant est resté 15 15
largement inchangé par rapport à la moyenne entre
1993 et 1995. 10 Disparité de PIB par personne employée (par Etat Membre) 10

5 5
En Grèce, le PIB par habitant a légèrement augmenté
par rapport au reste de l’Union entre 1983 et 1993, 0 0
passant de 62% à 65% de la moyenne, encore que la 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

19
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

niveau d’emploi plus élevé. Bien que prévale l’impres- croissance économique, qui a été un peu supérieure à
sion contraire, la création nette d’emplois a dépassé 2% par an en moyenne, s’est accompagnée de gains
dans les dix dernières années celle des dix années de productivité légèrement inférieurs à 2% par an, et a
précédentes et le nombre d’emplois dans les Quinze donc engendré une augmentation de l’emploi d’environ
s’est accru de près de 7 millions au cours de cette 0,5% par an.
période (bien que le taux d’emploi, c’est-à-dire la pro-
portion de la population en âge de travailler occupant L’élargissement de l’Union européenne intervenu en
un emploi, soit resté inchangé). Mais le taux de création 1995 a introduit trois nouveaux Etats membres dans
nette d’emplois a varié d’une année sur l’autre, reflétant lesquels, pendant les années soixante-dix et quatre-
les effets des cycles conjoncturels. L’augmentation des vingts, les taux de chômage étaient beaucoup plus
emplois a été particulièrement forte au cours de la faibles qu’ailleurs et où, dans deux d’entre eux,
seconde moitié des années quatre-vingts, avec une l’Autriche et la Suède, ils ne dépassaient guère le
création nette de 10 millions de nouveaux emplois, soit niveau de chômage frictionnel qui accompagne le
un taux de croissance de 1,5% par an. changement d’emploi des travailleurs. Cela reste
largement vrai aujourd’hui pour l’Autriche, mais la
Par contre, entre 1991 et 1994, les Quinze ont perdu un Finlande et la Suède ont connu, avec la baisse du
nombre d’emplois estimé à 4 millions. Toutefois, l’emploi PIB, une chute dramatique de l’emploi et une aug-
a repris sa progression en 1995. Mais dans le même mentation non moins spectaculaire du chômage au
temps, l’augmentation de l’emploi s’est accompagnée début des années quatre-vingt-dix.
d’une expansion relativement rapide de la population
active, à laquelle elle a contribué, surtout chez les En Finlande, les effectifs employés ont chuté de plus
femmes. Pendant les années quatre-vingts, cette de 20% entre 1990 et 1994, en grande partie en
expansion a été en moyenne proche de 1% par an, raison de l’effondrement des échanges avec l’ex-
aggravant ainsi les difficultés rencontrées pour diminuer Union soviétique et le chômage a grimpé en flèche,
le taux de chômage. passant de 3% à 18%. Toutefois, comme il a été dit
plus haut, la reprise économique s’est produite
Néanmoins, dans l’Union européenne, la croissance depuis lors et le chômage a diminué. En Suède, des
économique a été marquée par une plus faible intensité difficultés similaires sont apparues, mais certains
d’emploi qu’aux Etats-Unis, où les emplois ont augmen- problèmes sont dus aux délais nécessaires pour
té de 1,5% par an au cours de la dernière décennie, procéder aux indispensables ajustements des désé-
alors que le chiffre correspondant dépassait légèrement quilibres macro-économiques et à des difficultés
1% par an au Japon. Dans l’Union, sur le long terme, la grevant la compétitivité internationale de certains

3 Taux de chômage dans les Etats membres, 1983, 1988 et 1993

% de la population active
25 25
1983 1988 1993

20 20

15 Les nouveaux 15
Länder sont exclus

10 10

5 5

0 0
B DK D GR E F IRL I L NL A P FIN S UK E15

20
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

secteurs industriels. L’emploi a diminué de 13% en-


tre 1990 et 1994 alors que le taux de chômage est La cohésion entre régions
passé de moins de 2% à 10%.
Revenu par habitant
Les quatre pays de la cohésion
Malgré ces différences considérables entre Etats mem-
En Espagne, pays où il est le plus important de la bres, c’est au niveau régional et, en particulier, entre le
Communauté, le chômage a régulièrement touché centre et la périphérie, que les disparités économiques
entre le sixième et le cinquième de la population de l’Europe sont les plus manifestes. Le revenu par
active depuis le début des années quatre-vingts et habitant est inférieur ou très inférieur à la moyenne dans
en touchait même presque le quart en 1994. Ces toutes les régions méditerranéennes périphériques, y
variations correspondent à l’évolution économique compris le sud de l’Italie, ainsi que dans les régions
générale, une réduction importante du chômage situées à la périphérie orientale et septentrionale, dans
intervenant pendant la seconde moitié des années l’est de l’Allemagne ainsi qu’au nord et à l’est de la
quatre-vingts (période pendant laquelle l’emploi a Finlande, et à la périphérie située au nord-ouest, en
augmenté de 3,5% par an) et une augmentation non Irlande et dans certaines parties du Royaume-Uni
moins importante apparaissant pendant les années (carte 1). Il est très supérieur à la moyenne dans un
quatre-vingt-dix (période pendant laquelle l’emploi groupe de régions situées dans une zone englobant le
a diminué de près de 2% par an). nord de l’Italie, le sud de l’Allemagne et l’Autriche, ainsi
que dans un deuxième groupe de régions situées dans
Dans le cas de l’Irlande, pays traditionnellement les pays du Bénélux et dans le nord de l’Allemagne.
associé à des taux de chômage élevés, les bons
résultats économiques des quelque dix dernières Ces disparités peuvent être illustrées de différentes
années semblent finalement avoir pour effet de dimi- façons. Par exemple, une simple comparaison de la
nuer le taux de chômage. Une croissance économi- situation des régions situées en haut et en bas de
que de près de 5% par an entre 1983 et 1993 ne s’est l’échelle pour le revenu par habitant (mesuré par le PIB
accompagnée que d’une augmentation de l’emploi par habitant en unités standard de pouvoir d’achat)
à peine supérieure à la moyenne de l’Union. Le révèle qu’en 1993, le revenu moyen par habitant était
chômage a continué à se situer autour de 15% de la quatre fois plus élevé à Hambourg (Allemagne), région
population active. Toutefois, récemment, l’emploi a la plus prospère de l’Union européenne, qu’aux Açores
progressé fortement et le chômage a diminué pour ou dans l’Alentejo (Portugal) ou qu’à la Guadeloupe
tomber en dessous de 12,5% de la population active (France).
en 1995. L’Irlande est le seul Etat membre où est
intervenue une émigration nette importante vers Pour prendre des groupes plus significatifs, une
d’autres pays qui a contribué à contenir le chômage comparaison entre les dix régions les plus riches et les
pendant les années quatre-vingts, émigration facili- dix régions les plus pauvres montre qu’en 1993, le PIB
tée par l’existence d’importantes communautés moyen par habitant était 3,3 fois plus élevé dans les
irlandaises au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et, premières que dans les secondes, alors que le rapport
de plus en plus, dans d’autres Etats membres de était de 3,5 dix ans plus tôt (tableau 5).
l’Union européenne, et où s’est produite dans les
années quatre-vingt-dix une immigration nette qui a Au cours de la période 1983–1993, la croissance du PIB
augmenté la population active alors que la demande a été très variable selon les régions (carte 2). La diffé-
de main-d’oeuvre augmentait. rence de PIB par habitant entre les dix régions les plus
riches et la moyenne de l’Union s’est creusée tandis que
Le Portugal partage avec l’Irlande l’expérience d’une l’écart entre les dix régions les plus pauvres et cette
croissance rapide qui ne s’est pas traduite par une moyenne se rétrécissait, à un rythme un peu plus rapide.
création d’emplois supérieure à la moyenne. Par contre, A l’exclusion des nouveaux Länder allemands, les
l’augmentation de la population active portugaise est régions composant les deux groupes sont restées re-
beaucoup plus lente, en partie parce que le taux d’acti- marquablement stables pendant ces dix années. Les
vité des femmes était déjà nettement plus élevé au début dix régions situées en haut de l’échelle étaient exacte-
des années quatre-vingts et a beaucoup moins aug- ment les mêmes en 1993 qu’en 1983, quoique le clas-
menté qu’en Irlande, et le taux de chômage y est resté sement ait changé au sein de ce groupe. La moitié
inférieur à la moyenne de l’Union européenne. En Grèce, d’entre elles sont des régions de l’ouest de l’Allemagne
le taux de chômage est demeuré constamment inférieur tandis que les autres sont constituées par cinq régions
à la moyenne, mais il dépassait dans les années quatre- abritant des villes capitales: Bruxelles, Ile de France,
vingt-dix le taux portugais de 2 ou 3 points de pourcen- Vienne, Luxembourg et le Grand Londres. Le groupe du
tage. bas de l’échelle était dominé par le même ensemble de

21
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 1
PIB par habitant par région (SPA), 1993

Indice

EUR(15) = 100
Ecart-type = 25.4

22
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 2
Croissance du PIB par région, 1983-1993

Variation annuelle moyenne (%)

EUR(15) = 2.6
Ecart-type = 0.9

23
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

régions grecques et portugaises en 1993 qu’en 1983 à La croissance du revenu par habitant a eu tendance à
côté des Départements d’Outre-mer (France). Avec la varier entre les régions selon leur degré de dépendance
réunification allemande, l’un des nouveaux Länder, le par rapport aux différents secteurs (tableau 6). Les
Mecklenburg-Vorpommern, entrait dans ce groupe en régions les plus dépendantes de l’emploi dans le sec-
1993, tandis que trois autres se situaient juste en dehors teur primaire (surtout l’agriculture), situées dans les qua-
de celui-ci. tre pays de la cohésion (Grèce, Espagne, Irlande et
Portugal) et en Finlande, ont un niveau de PIB par
Si on élargit le champ de l’analyse en comparant, par habitant très inférieur et des taux de croissance infé-
exemple, les vingt-cinq régions du haut et du bas de rieurs à la moyenne de l’Union européenne. Cela reflète
l’échelle, les disparités ne se sont guère modifiées au la tendance au déclin à long terme à laquelle ce secteur
cours de la décennie, mais les changements sont plus a été confronté et les difficultés de la diversification des
importants dans la composition des deux groupes. activités économiques dans un environnement rural.
Les régions les plus industrialisées, dont la moitié se
Des mesures statistiques plus formelles confirment situent en Allemagne et les autres dans le nord-est de
l’absence de changement dans la nature des dispa- l’Espagne, le nord de la France, le nord de l’Italie,
r i tés r égi on ales . Par ex empl e, l a dis pers i on l’Autriche et le centre du Royaume-Uni, ont un PIB par
moyenne autour de la moyenne, qui fournit une habitant supérieur à la moyenne et un taux de crois-
information synthétique sur les différences entre sance un peu inférieur à la moyenne de l’Union. Les
toutes les régions et non entre les seules régions régions dotées d’un puissant secteur des services ont,
situées aux extrêmes, n’a guère varié au cours de la en moyenne, le PIB par habitant le plus élevé et un taux
décennie qui a pris fin en 1993 (graphique 2). Bien de croissance proche de la moyenne de l’Union. Ce
qu’il y ait eu un léger élargissement des écarts pen- groupe de régions comprend les villes capitales de tous
dant le début des années quatre-vingts, époque où les Etats membres sauf Lisbonne et sont particulière-
le climat économique était défavorable, la tendance ment concentrées en Belgique, aux Pays-Bas et dans le
s’est inversée progressivement pendant la reprise nord de l’Allemagne.
intervenue entre 1985 et 1989. Les disparités ont
alors recommencé à se creuser avec l’entrée des L’activité économique est fortement concentrée dans
nouveaux Länder dans l’Union, pour se réduire à les régions les plus urbanisées de la Communauté. Les
nouveau et retrouver quasiment leur niveau de 1983. régions qui comptent plus de 500 habitants au kilomètre
Les disparités de revenu moyen par habitant sont carré n’occupent que 4% de la superficie de l’Union
deux fois plus fortes qu’entre régions comparables européenne mais abritent plus de la moitié de la popu-
aux Etats-Unis. lation de celle-ci. En 1993, leur PIB moyen par habitant

4 PIB par habitant par Etat membre et pour les régions situées aux
extrêmes, 1993
En SPA (EUR15 = 100)
Rég.Bruxelles-
200 Cap./ Brussels Hamburg
200
Hfdst.Gew.
180 180
Île de France
Wien
160 Greater 160
London
140 Lombardia Groningen Ahvenanmaa/ 140
Åland
Stockholm
120 120
Islas Lisboa e Vale
Baleares do Tejo
100 100
Sterea
80 Östra 80
Hainaut Ellada
Mellansverige
Flevoland
Burgenland Itä-Suomi Merseyside
60 60
Calabria
Extremadura
Mecklenburg-
40 Vorpommern
Ipeiros 40
Guadeloupe Açores

20 20

0 0
B DK D GR E F IRL I L NL A P FIN S UK

24
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

dépassait de 14% la moyenne de l’Union. Cela signifie et 130% de la moyenne de l’Union, alors que dans
qu’entre les deux tiers et les trois quarts de la création les régions du sud, il est compris entre 60% et 90%.
totale de richesse au sein de l’Union interviennent dans Pendant la plus grande partie des années quatre-
les régions urbaines. Cela n’empêche pas que, comme vingts, les disparités ont eu tendance à s’élargir et
l’exposera la prochaine section, certains des problèmes elles n’ont commencé à se réduire qu’avec la réces-
socio-économiques les plus graves de l’Union apparais- sion du début des années quatre-vingt-dix qui a
sent dans les zones situées dans le centre des villes. moins touché les régions du sud. De ce fait, l’Italie
offre une configuration des disparités entre régions
La prospérité et la croissance de nombreuses grandes qui a moins varié que dans d’autres Etats membres
zones urbaines ont contribué à donner au développe- au cours de l’ensemble de la décennie 1983–1993.
ment une caractéristique importante dans un certain
nombre d’Etats membres: certaines régions, souvent De nombreuses caractéristiques d’une économie duale
celles qui comprennent la ville capitale, ont des résultats apparaissent aussi en Allemagne. Mais les nouveaux
économiques très différents des autres. Cela a entraîné Länder diffèrent d’autres parties de l’Union, dans la
une aggravation des disparités portant sur le revenu par mesure où ils ne connaissent pas seulement les pro-
habitant, notamment en Espagne, au Portugal et en blèmes structurels qui caractérisent généralement les
Grèce au sud et en Belgique ou en Allemagne (occiden- régions en retard de développement, mais aussi ceux
tale) au nord (tableau 7, carte 2). hérités de l’économie à planification centrale et dus à
une attitude négligente dans le passé envers l’environ-
En Espagne, qui est le cinquième Etat membre le plus nement: infrastructures démodées, dégradation de l’en-
important par la population et le deuxième par la super- vironnement, manque de compétitivité d’une bonne
ficie, le développement a été particulièrement inégal. La partie de l’industrie. L’année qui a suivi la réunification,
croissance a eu tendance à être la plus forte dans les en 1991, le PIB par habitant se situait autour du tiers de
régions industrielles de la côte est et dans certaines la moyenne de l’Union européenne (mais après des
zones centrales et méridionales. Par exemple, le PIB par efforts substantiels au niveau national et avec l’aide de
habitant de Valencia est passé de 70% de la moyenne l’Union européenne, il est passé selon des estimations
européenne en 1983 à 75% en 1993, alors que celui de à plus de 50% de celle-ci en 1995).
la région des Asturias est tombé de 77% à 75%. Dans
les régions les plus favorisées, la croissance a été Emploi et chômage
particulièrement forte à la fin des années quatre-vingts,
avant de s’affaiblir pendant les années quatre-vingt-dix C’est au niveau régional et local que le problème du
sous l’effet de la récession. chômage se pose dans les termes les plus graves. Les
données empiriques confirment que les disparités
Le développement a aussi été inégal au Portugal, où les régionales sont particulièrement aiguës en ce qui
régions de Lisbonne et Norte qui abritent les deux tiers concerne le chômage et qu’il n’y a guère de signes
de la population ont eu une croissance du revenu par d’amélioration.
habitant supérieure de 10 points en pourcentage à la
moyenne de l’Union entre 1983 et 1993, tandis que le
niveau relatif du revenu par habitant stagnait dans les 5 Disparités en matière de chômage, 1970-95
autres régions. L’exemple le plus spectaculaire d’une
ville en expansion avec un arrière-pays en déclin est
% de la population active
offert par le Portugal: le PIB par habitant de Lisbonne est 12 12
passé de 81% de la moyenne de l’Union, en 1983, à 96% Taux de chômage
en 1993, alors que la région voisine de l’Alentejo voyait 10 10
son PIB par habitant décliner de 48% de cette moyenne
à 42%. Du fait de cette prospérité croissante de
8 8
Lisbonne, son PIB par habitant était en 1993 deux fois
plus élevé que celui des Açores, région la plus pauvre Ecart-type du taux de chômage
6 6
du Portugal (graphique 4). (par région)

Si on laisse de côté la France, où les DOM ont un 4 4

niveau de revenu par habitant plus faible que partout


ailleurs dans l’Union, et les petits Etats membres, où 2
Ecart-type du taux de chômage
(par Etat membre)
2
les capitales ont un revenu par habitant relativement
élevé, les disparités internes sont particulièrement 0 0
marquées en Italie et en Allemagne. En Italie, au
1970

1972

1974

1976

1978

1980

1982

1984

1986

1988

1990

1992

1994

nord, le revenu par habitant est compris entre 120%

25
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 3
Taux de chômage par région, 1995

En % de la population active

EUR(15) = 10.7
Ecart-type = 5.6
GR, FR DOM: 1994

26
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 4
Variation du chômage par région, 1983-93

Variation en points de pourcentage

EUR(15) = 0.9
Ecart-type = 3.6

27
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Les comparaisons entre régions situées aux deux ex- pue par l’expansion intervenue entre 1987 et 1990. La
trêmes servent à souligner l’ampleur des disparités récession ultérieure a fait augmenter le chômage dans
(carte 3). Ainsi, dans les dix régions les plus touchées, toute l’Europe et s’est accompagnée d’un élargissement
le taux moyen de chômage atteignait 26,4% en 1995, substantiel des disparités qui s’est poursuivi jus-
soit près de sept fois plus que dans les dix régions les qu’en 1995.
moins touchées, où le taux s’établissait à un peu moins
de 4%. En 1995, dans les vingt-cinq régions les plus Toutefois, les régions qui sont aujourd’hui les plus tou-
touchées, le taux de chômage s’élevait en moyenne à chées par le chômage ne sont plus les mêmes qu’il y a
22,4%, soit près de cinq fois la moyenne des vingt-cinq dix ans. La principale différence réside dans le fait que
régions les moins touchées, où le taux se montait à 4,6%. de nombreuses anciennes régions industrielles du
Royaume-Uni, qui comptaient parmi les vingt-cinq les
Les variations intervenues au fil du temps dans ces moins bien loties il y a dix ans, ont été remplacées par
groupes de régions sont révélatrices (carte 4). Aussi des régions du sud de l’Italie. Toute cette période s’est
bien pour le groupe des dix régions que celui des caractérisée par la présence des mêmes régions espa-
vingt-cinq régions les moins touchées, le taux de chô- gnoles au sein de ce groupe. Avec les élargissements
mage moyen n’a pratiquement pas changé au milieu de la première moitié des années quatre-vingt-dix, ce
des années quatre-vingt-dix par rapport à ce qu’il était groupe des régions les plus touchées s’est vu adjoindre
dix ans plus tôt. Mais pour les groupes des dix et des plusieurs régions de l’est de l’Allemagne et de la
vingt-cinq régions les plus touchées, le tableau est fort Finlande.
différent. Pour le premier de ces deux groupes, le taux
de chômage moyen a fortement augmenté au cours de Un phénomène de plus en plus marquant est le chô-
la décennie pour passer de 19,4% en 1983 à 26,4% en mage urbain, qui tend plus à se manifester au niveau de
1995, ce qui représente un accroissement de 7 points certains quartiers des grandes villes qu’à celui de l’en-
de pourcentage. Pour le second de ces groupes, l’aug- semble de l’agglomération. La coexistence au sein des
mentation a été de 5 points de pourcentage. villes de quartiers où sont menées des activités à haute
valeur ajoutée et où habitent des résidents disposant de
Les statistiques synthétiques pour l’ensemble des ré- revenus élevés, et de quartiers marqués par de bas
gions confirment la tendance à l’élargissement des dis- revenus, un chômage élevé, des logements médiocres
parités relatives au chômage au cours du temps et surpeuplés et une forte dépendance par rapport à
(graphique 5). Cette tendance à long terme au creuse- l’aide sociale, est un trait de plus en plus fréquent dans
ment des différences entre régions, qui se manifeste toute l’Europe. Pour ces zones de faible dimension,
depuis le milieu des années soixante-dix, a été interrom- même si elles sont fortement peuplées, on ne dispose

6 Taux de chômage par Etat membre et pour les régions situées aux
extrêmes, 1995

% de la population active
35 Andalucia 35

30 30

Campania
25 25
Itä-Suomi

20 Magdeburg 20
Nord - Pas-
Hainaut
de-Calais
15 Övre Merseyside
15
Alentejo Norrland
Attiki Comunidad E15 = 10.7
10 foral de Groningen 10
Navarra
Wien Småland
Alsace
5 Ahvenanmaa/ med 5
Vlaams Utrecht Berks,
Oberbayern Trentino- Centre Åland Öarna
Brabant Ionia Nisia Bucks,
Alto Adige Salzburg
Oxon
0 0
B DK D GR E F IRL I L NL A P FIN S UK

28
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

guère de statistiques comparables au niveau européen La configuration de l’augmentation de l’emploi dans les
permettant de saisir les réalités de fond. Mais des régions de l’Union européenne offre aussi un tableau
sources nationales mettent en relief des taux de chô- mitigé (carte 5). Les régions où la création nette d’em-
mage égaux à 30% et pouvant atteindre jusqu’à 50% de plois a été la plus forte entre 1983 et 1993 se situent, au
la population active dans certains quartiers: nord, aux Pays-Bas, en Allemagne, au Luxembourg et
au Royaume-Uni et, au sud, à l’est de la Grèce, en
Chômage dans 49 quartiers Espagne et au nord du Portugal. Pour un grand nombre
visés par un programme URBAN de l’Union de régions — près de 60 au niveau NUTS 2, soit près de
Chômage (%) <15 15–20 20–25 25–30 30+
30% du total — cette période a été marquée par une
stagnation ou une diminution de l’emploi. Parmi celles
Nombre de villes 5 10 10 9 15 où les résultats ont été les plus médiocres, on enregistre
de nombreuses régions nordiques, en Finlande et en
Suède, un groupe divers composé d’anciennes régions
A un niveau régional plus large, il existe souvent des industrielles au Royaume-Uni (Merseyside, South
différences importantes dans les taux de chômage à Yorkshire et West Midlands), en France (Lorraine et
l’intérieur des Etats membres (graphique 6). La disparité Nord-Pas-de-Calais), en Espagne (Galicia et Asturias),
des taux est considérable en Espagne, en Italie et en et des régions rurales ou moins développées telles que
Allemagne. En 1995, le taux de chômage atteignait près Dytiki Ellada (Grèce), l’Auvergne, le Limousin et Poitou-
de 35% dans la région la plus touchée d’Espagne Charentes (France) et Basilicata (Italie).
(Andalucia) et environ 15% dans la région la moins
touchée (Navarra). En Italie, l’écart entre la région la plus De même, la structure sectorielle de l’emploi est très
touchée et la région la moins touchée équivalait à près variable dans l’Union européenne (cartes 6 à 8). En
de 20 points en pourcentage. En Allemagne, l’écart se général, les régions du nord se caractérisent par une
situait autour de 13 points en pourcentage. De fortes très forte concentration de l’activité dans le secteur des
concentrations de chômage existent aussi dans cer- services, alors qu’à cet égard, la Grèce et le Portugal et,
taines villes capitales, même lorsqu’elles ont un PIB par dans une moindre mesure, l’Espagne et l’Irlande, sont
habitant élevé: des exemples significatifs sont offerts très en retard. L’Allemagne fait exception à ce modèle,
par Bruxelles, Berlin et Londres. En règle générale, avec un emploi qui reste particulièrement élevé dans le
comme c’est le cas pour le PIB régional par habitant, les secteur industriel.
disparités relatives au taux de chômage augmentent
avec le temps dans la plupart des Etats membres (ta- Comme on pouvait s’y attendre, on observe de fortes
bleau 8). concentrations d’emplois liés au secteur des services

7 Taux d'emploi et productivité dans les régions NUTS 1, 1993

Taux d'emploi en % de la population des 15-64 ans, EUR15 (59.6%) = 100


180 180

160 160

140 140

DK L
120 S 120
P UK
NL A
100 D 100
I F
B
FIN IRL
GR
80 80
E

60 60
30 35 40 45 50 55 60 65 70 75 80 85 90 95 100 105 110 115 120 125 130 135 140 145 150
PIB par personne employée en SPA, EUR15 (40.4 milliers d'ECU) = 100

29
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 5
Variation de l’emploi par région, 1983-1993

Variation annuelle moyenne en points


de pourcentage

Eur(15) = 0.5
Ecart-type = 0.9

30
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 6
Emploi dans l’agriculture par région, 1994

En % de l’emploi total

EUR(15) = 5.5
Ecart-type = 5.3
IRL , A, FIN, S: 1993
UK: Niveau NUTS1

31
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 7
Emploi dans l’industrie par région, 1994

En % de l’emploi total

EUR(15) = 30.7
Ecart-type = 7.1
IRL, A, FIN, S: 1993
UK: Niveau NUTS1

32
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 8
Emploi dans les services par région, 1994

En % de l’emploi total

EUR(15) = 63.8
Ecart-type = 9.3
IRL, A, FIN, S: 1993
UK: Niveau NUTS1

33
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

dans les grands centres urbains et les villes capitales moyenne de l’Union. Les régions qui dépendent le plus
de tous les Etats membres, y compris Athènes et du secteur des services ont en moyenne des taux de
Madrid. Dans le même temps, il existe encore beaucoup chômage plus élevés que ceux des régions indus-
de régions dans l’Union européenne où la structure des trielles, mais ces taux restent inférieurs à la moyenne de
emplois reste très traditionnelle, plus du quart des em- l’Union.
plois se trouvant dans l’agriculture dans différentes par-
ties de la Grèce, du Portugal, ainsi que du sud de
Les composantes
l’Espagne et de l’Italie.
des disparités géographiques
Comme l’a souligné la précédente section, la dépen-
dance des régions par rapport aux différents secteurs On peut avoir un aperçu des causes profondes des
pèse lourdement sur leurs résultats. Les régions qui disparités régionales pour le revenu par habitant en
reposent le plus sur le secteur primaire ont des taux de subdivisant celui-ci en deux composantes: la producti-
chômage bien supérieurs à la moyenne de l’Union. Cela vité (PIB par personne employée) et la proportion de la
s’explique largement par la présence dans ce groupe population occupant un emploi. Le PIB par habitant est
de nombreuses régions de l’Espagne et du sud de le produit de ces deux facteurs. Il est intéressant d’exa-
l’Italie. La constance relative du niveau de l’emploi a miner dans quelle mesure les disparités de revenu
signifié que leur taux de chômage a par ailleurs augmen- décrites dans les sections précédentes sont imputables
té au fil du temps beaucoup plus vite que la moyenne à l’un ou à l’autre de ces deux facteurs, de voir, par
de l’Union, parce que le nombre de demandeurs d’em- exemple, si un Etat membre ou une région a un PIB par
ploi augmentait. La restructuration des exploitations au habitant élevé parce que la productivité y est forte ou
sein du secteur agricole s’est poursuivie, avec une perte parce que les effectifs employés y représentent une
estimée à 800 000 unités, soit 9% du total, entre fraction élevée de la population.
1989/1990 et 1993. On estime qu’en 1993, l’agriculture
n’offrait un emploi à plein temps qu’au quart des per- Pour visualiser à la fois les rôles relatifs des écarts de
sonnes travaillant dans le secteur. productivité et du taux d’emploi, les informations rela-
tives à ceux-ci ont été portées sur un même graphique
Les taux de chômage sont inférieurs à la moyenne de (graphique 7). Celui-ci montre comment les différents
l’Union européenne dans les régions les plus dépen- Etats membres et régions (de niveau NUTS 1) se situent
dantes de l’industrie et ils ont diminué au fil du temps, par rapport à la moyenne de l’Union. Les résultats sont
sauf en France et en Autriche, en partie à cause de la révélateurs. Ils montrent que la combinaison en matière
croissance de l’emploi, qui a été supérieure à la de productivité et d’emploi est très variable d’un Etat

8 PIB par personne employée dans l'Union, 1983 et 1993

150 125 100 75 50 25 0 25 50 75 100 125 150


B

DK

GR

IRL

NL

P 1983 1993
FIN

UK

E15 Indice, EUR15 = 100

150 125 100 75 50 25 0 25 50 75 100 125 150

34
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

membre à l’autre, même quand le PIB final par habitant Trois des quatre grands Etats membres (Allemagne,
est très proche. Les écarts sont encore plus marqués au France et Italie, sont assez proches les uns des autres,
niveau des régions. alors que dans le quatrième, le Royaume-Uni, la produc-
tivité est plus faible mais l’emploi est proportionnelle-
Parmi les trois Etats membres les plus prospères, par ment plus élevé. Ces Etats membres se caractérisent
exemple, le revenu par habitant élevé de la Belgique est par de fortes disparités internes, surtout en Allemagne
imputable à une forte productivité, alors qu’au et en Italie. Dans ces deux pays, surtout en Italie, les
Danemark, il est dû à l’importance des effectifs em- régions tendent à se situer à l’un des extrêmes, avec soit
ployés par rapport à la population (c’est généralement une combinaison de productivité faible et d’emploi faible
là une caractéristique des pays nordiques, quoique soit une combinaison de productivité élevée et d’emploi
moins nette aujourd’hui en Finlande). En Autriche, le élevé. Cela souligne la mesure dans laquelle ces deux
troisième Etat membre de ce groupe, le revenu élevé par pays offrent les caractéristiques d’une économie duale.
habitant provient d’une contribution plus égale de ces
deux facteurs. Le graphique montre aussi un noyau de régions cen-
trées sur l’Allemagne, le nord de l’Italie et l’Autriche où
une productivité relativement élevée est associée à un
niveau de l’emploi relativement fort. Cela illustre dans la
pratique le fait qu’une productivité élevée, ou des
9 Indice composite de la longueur des routes
méthodes de production à faible intensité d’emploi,
et autoroutes, 1992
peuvent être associées à un emploi élevé. Comme il est
dit ailleurs dans le rapport, dans un cadre dynamique,
Indice EUR15 = 100
350 350 il faut que l’économie soit flexible, adaptable et inno-
Routes vante pour pouvoir créer de nouvelles possibilités sus-
300 Autoroutes 300
ceptibles de remplacer celles qui sont devenues
obsolètes, pour des raisons technologiques ou autres.
250 250

L’intérêt le plus grand se porte sur la situation des quatre


200 200
pays de la cohésion. Dans la pratique, il existe presque
150 150
autant de différences que de ressemblances entre eux.
L’Irlande et l’Espagne sont relativement proches: toutes
100 100
deux ont un niveau de productivité aujourd’hui voisin de
la moyenne de l’Union européenne, associé à un niveau
50 50 d’emploi faible. La Grèce et le Portugal ont un niveau de
productivité nettement inférieur à la moyenne, mais l’em-
0 0 ploi est largement supérieur à la moyenne au Portugal.
B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P
En Espagne, le plus grand de ces pays, les disparités

10 Indice composite de la longueur des voies 11 Etat des réseaux ferroviaires, 1992
ferrées, 1992

Indice EUR15 = 100 % du total A deux voies au moins


200 200 80 80
Electrifiés

70 70

150 150 60 60

50 50

100 100 40 40

30 30

50 50 20 20

10 10

0 0 0 0
B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P
GR pas de lignes électrifiées

35
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 9
Croissance du PIB par personne employée par région, 1983-1993

Variation annuelle moyenne en points


de pourcentage

EUR(15) = 2.1
Ecart-type = 1

36
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

internes sont considérables, surtout en ce qui concerne quement les plus fortes et les plus prospères de l’Union
la productivité (supérieure à la moyenne de l’Union européenne sont généralement plus richement dotées en
européenne à l’est et au nord-est et dans la capitale, infrastructures modernes de communication, en main-
Madrid). d’oeuvre compétente et qualifiée et en capacités avancées
de recherche et développement.
Pour tous les pays de la cohésion (et dans une moindre
mesure pour la Finlande), le défi consiste généralement Les disparités relatives aux infrastructures peuvent se
à tenter d’améliorer à la fois la productivité et les effectifs constater aux différences dans les systèmes de trans-
dotés d’un emploi. Non seulement cela accroîtra le port, notamment dans les réseaux ferroviaires et rou-
revenu par habitant, mais cela tendra aussi à réduire le tiers. Dans le sud de l’Union et en Irlande, la densité
nombre des personnes sans travail (ou offrira un emploi d’autoroutes, particulièrement importantes pour le trans-
à des travailleurs découragés actuellement économi- port des passagers et des marchandises, est égale ou
quement inactifs). L’accent est inévitablement différent inférieure à 50% de la moyenne de l’Union (graphi-
pour les divers Etats membres et régions de ce groupe. que 9). Les réseaux ferrés sont aussi moins étendus au
En Irlande et en Espagne, la productivité a déjà conver- sud, mais l’écart n’est pas aussi important que pour les
gé vers la moyenne européenne (graphique 8 et routes. Toutefois, ces disparités s’élargissent une fois
carte 9), ce qui implique que le principal défi à relever pris en compte leur degré de modernisation (graphi-
dans le futur sera la création d’emplois. Comme il a été ques 10 et 11).
déjà souligné, les deux pays se caractérisent par un
chômage élevé et par un taux d’activité relativement Les liaisons de télécommunications sont une condition
faible des femmes. Au Portugal, où l’emploi est généra- préalable à la croissance d’industries et de services
lement élevé, le défi est d’accroître la productivité et le modernes qui nécessite des téléphones, des fax et, de
revenu par habitant tout en évitant que les inévitables plus en plus, des systèmes numériques de transmission
changements structurels ne s’accompagnent d’une de données performants. Les réseaux de télécommuni-
forte montée du chômage. Pour la Grèce, comme pour cations se développent rapidement dans l’Union, mais
certaines régions espagnoles (et d’autres en Italie du le niveau de service offert reste très variable. En règle
sud), les défis sont généralement plus graves et impli- générale, les parties les plus pauvres de l’Union ont de
quent des progrès simultanés sur les deux fronts de la moins bons résultats en ce qui concerne la disponibilité
productivité et de l’emploi. C’est une tâche extrêmement de lignes téléphoniques (graphique 12), mais par suite
difficile et à long terme, mais l’un des messages de du développement plus récent de leur réseau, ils ont
l’analyse qui précède est qu’il ne s’agit pas d’une tâche d’assez bons résultats en ce qui concerne la pénétration
impossible. des réseaux modernes numérisés (graphique 13).

Des différences importantes dans les conditions de produc- Il est de plus en plus reconnu que la compétitivité des
tion au sein des diverses parties de l’Union sous-tendent les régions dépend des connaissances et des qualifica-
écarts de productivité. En particulier, les parties économi- tions de leur population. Dans les économies indus-

12 Nombre de lignes téléphoniques 13 Lignes téléphoniques principales


principales, 1993 connectées à des commutateurs
numériques, 1993
Pour 100 personnes %
70 70 100 100

60 60
80 80

50 EUR15 50

EUR15
60 60
40 40

30 30
40 40

20 20

20 20
10 10

0 0 0 0
B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P

37
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

trielles modernes, la plupart des emplois ne dépendent Irlande n’atteint généralement que la moitié de celle
pas d’une production de masse faisant appel à une enregistrée dans les Etats membres plus prospères
main-d’oeuvre faiblement qualifiée. L’emploi se concen- (graphique 16). L’investissement global en RDT est lui
tre plutôt dans de petites entreprises, où la capacité aussi faible: par exemple, l’Allemagne investit dans la
d’innovation est souvent essentielle et qui ont grande- RDT une proportion de son PIB cinq fois plus importante
ment besoin d’une main-d’oeuvre bien formée et flexi- que la Grèce (graphique 17).
ble. Les qualifications sont aussi un avantage dans la
fourniture de services publics et privés aux entreprises,
dans le domaine social et à caractère personnel, ser-
vices qui représentent globalement environ 64% de
2.2 La cohésion sociale
l’emploi dans l’Union européenne.
Les sections précédentes ont abordé la dimension spa-
Si les progrès ont été rapides ces dernières années, il tiale des problèmes du marché du travail et les implica-
reste beaucoup à faire pour développer le potentiel de tions des disparités régionales en matière de chômage
la main-d’oeuvre en Europe, surtout, mais non exclusi- pour la cohésion économique et sociale. La présente
vement, dans les régions relativement pauvres. Dans section se concentre plus explicitement sur la cohésion
ces dernières, le poids du passé est particulièrement sociale en étudiant les tendances qui caractérisent deux
important, si bien qu’aujourd’hui, une large fraction de questions essentielles pour le bien-être des différents
la population adulte qui travaille n’a pas dépassé la fin groupes sociaux mais également de l’ensemble de la
du premier cycle de l’enseignement secondaire. Cette société européenne:
proportion va de 45% en Irlande à presque les trois
quarts du total au Portugal, contre 36% dans l’ensemble – l’accès des individus à des activités génératrices de
de l’Union (graphique 14). A peu de choses près, toute revenu. Cet aspect peut le mieux être saisi par
la population âgée de quinze ans ou moins est soumise l’observation des évolutions qui se produisent sur le
à une fréquentation scolaire obligatoire et presque tous marché du travail, non seulement par le niveau du
les jeunes restent dans le système éducatif jusqu’à l’âge chômage, mais aussi par les taux d’activité et
de 18 ans dans de nombreux Etats membres (graphi- d’accès à l’emploi;
que 15). Mais il faut faire davantage pour améliorer
l’enseignement et la formation professionnelle des plus – la répartition des revenus des ménages après
de quinze ans pour les armer correctement face à un impôts, nets des transferts versés et reçus. Du point
marché de plus en plus concurrentiel. de vue de la cohésion sociale, la situation peut être
appréciée par divers indicateurs concernant le nom-
La disponibilité de qualifications spécialisées est impor- bre de personnes vivant dans la pauvreté.
tante pour l’innovation et le développement de capaci-
tés de recherche et développement technologique. La Ces questions préoccupent tous les Etats membres de
proportion des emplois liés à la RDT dans le sud et en l’Union dans le cadre de leur politique d’intégration

14 Niveau d'instruction de la population 15 Taux de fréquentation scolaire des 16-18


active, agée de 25 à 59 ans, 1995 ans, 1995

% de la population active % de la population des 16-18 ans


100 Deuxième cycle de 100 100 100
l'enseignement secondaire
Enseignement supérieur 90 90
ou équivalent
EUR15
80 80 80 80

70 70

60 60 60 60

50 50

40 40 40 40

30 30

20 20 20 20

10 10

0 0 0 0
B DK D F I L NL A FIN S UK GR E IRL P B DK D F I L NL A FIN UK GR E IRL P
S pas de données fiables; UK 1994

38
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

sociale et de solidarité. Elles forment deux des éléments encore un écart entre l’Europe et les Etats-Unis, où 73%
constitutifs du modèle européen de société. Au vu de la des emplois étaient dans le secteur des services la
difficulté générale de définir la cohésion sociale, comme même année et où quelque 22 millions d’emplois sup-
l’a exposé le chapitre 1, il sera admis à des fins opéra- plémentaires ont été créés dans ce secteur entre 1980
toires que toute réduction des différences dans l’accès et 1993. Ce n’est pas beaucoup plus que les emplois
des individus à l’emploi et toute diminution de la pauvre- créés dans les services par l’Union européenne au
té représentent une amélioration de la cohésion sociale. cours de la même période, 18 millions environ, mais la
grande différence réside dans le fait qu’aux Etats-Unis
ces créations étaient associées à une augmentation de
L’accès à l’emploi l’emploi total de 20 millions, alors que 5 millions seule-
ment étaient créés globalement en Europe. Tandis que
Changements dans la configuration des emplois l’Europe perdait 5 millions d’emplois dans l’agriculture
et 8 dans l’industrie, les pertes enregistrées globalement
Au cours des vingt dernières années, les changements aux Etats-Unis pour ces deux secteurs ne s’élevaient
fondamentaux qui se sont produits dans l’économie qu’à 2 millions d’emplois.
mondiale ont eu des conséquences de grande portée
sur la configuration des emplois en Europe et ailleurs. Les différences dans les proportions tenues par les
Les caractéristiques les plus évidentes sur le long terme emplois entre les différents secteurs se sont considéra-
en Europe sont une expansion des emplois dans les blement réduites entre Etats membres. Dans l’ensemble
services associée à une baisse de l’emploi dans l’agri- de l’Union, on observe une baisse de la part des emplois
culture et l’industrie, une augmentation des emplois à agricoles, une forte baisse de la part des emplois indus-
temps partiel, essentiellement occupés par des triels et une hausse de celle des emplois du secteur des
femmes, et une modification dans la structure des services (voir le tableau 10 dans l’annexe qui présente
métiers au profit de ceux qui exigent d’importantes ces proportions pour les années 1983 et 1993 et
qualifications techniques à côté d’un bagage éducatif compare les pays de la cohésion à cinq autres Etats
élevé et font largement appel au savoir. membres — Belgique, Allemagne, France, Pays-Bas et
Royaume-Uni). Dans les pays de la cohésion, on note
Dans le contexte de revenus réels en augmentation, une baisse spectaculaire de l’emploi agricole (allant de
l’expansion de l’emploi dans les services, liée à la fois à 6 points en pourcentage pour l’Irlande et de 8 à 9 points
une demande croissante de services et à la plus forte pour l’Espagne et la Grèce à 13 points pour le Portugal).
intensité en main-d’oeuvre des activités de service, est En réalité, les pays de la cohésion semblent reproduire
un trait commun à toutes les économies avancées. Il ne les structures d’emplois qui caractérisent les économies
montre guère de signes d’affaiblissement. En 1994, 64% plus « mûres » des Etats membres du nord, où l’emploi
des emplois de l’Union se trouvaient dans le secteur des agricole a baissé jusqu’à un très bas niveau et où la
services contre 57% dix ans plus tôt, tandis que 31% dépendance, en ce qui concerne l’emploi, par rapport
seulement se situaient dans l’industrie. Mais il subsiste au secteur des services a considérablement augmenté.

16 Personnes employées dans la RDT, 1993 17 Dépenses brutes de recherche et


développement dans les années 90

% de la population active % du PIB


1.8 1.8 3 3

1.6 1.6
2.5 2.5
1.4 1.4

1.2 1.2 2 EUR15 2

1.0 1.0
1.5 1.5
0.8 0.8

0.6 0.6 1 1

0.4 0.4
0.5 0.5
0.2 0.2

0.0 0.0 0 0
B DK D F I NL A FIN S UK GR E IRL P B DK D F I NL A FIN UK GR E IRL P
L pas de données; B 1991; FIN, P 1992 L, S pas de données; B 1991; P 1992; DK, GR, E, IRL, I, NL, A, FIN 1993; F, UK 1994; D 1995

39
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 10
Variation de la population active par région, 1983-1993

Variation annuelle moyenne en points


de pourcentage

EUR(15) = 0.8
Ecart-type = 0.9
A: 1984
E, FIN, S: 1985, P: 1986
GR: Pas de données régionales
UK: Niveau NUTS1

40
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Carte 11
Taux d’activité des femmes par région, 1993

En % de la population des 15-64 ans

EUR(15) = 61
Ecart-type = 7.7
A, FIN, S: 1991
UK: Niveau NUTS1

41
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

L’accroissement des emplois dans le secteur des ser- Effets des changements:
vices est allé de 6 à 15 points en pourcentage dans les taux d’activité de la main-d’oeuvre
pays de la cohésion alors qu’il était de 7 points dans le
reste de l’Union. De fait, le premier groupe a une pro- Les changements intervenus dans la configuration
portion d’emplois dans le secteur des services équiva- générale de l’emploi ont été un facteur qui explique
lente à celle qui prévalait dans le reste de l’Union dix ans les expériences différentes vécues par les divers
plus tôt. L’emploi agricole continue à représenter une groupes sociaux. L’un des changements les plus
part élevée de l’emploi total dans les pays de la cohé- frappants a été l’augmentation du nombre de
sion, et il semble probable que les restructurations femmes au travail, qui a concerné plus de 6 millions
futures prendront la forme d’un passage direct d’em- d’entre elles au cours des dix dernières années.
plois agricoles vers des emplois dans le secteur des Mais ce chiffre est inférieur de 1 million à l’accrois-
services en sautant l’étape d’un passage intermédiaire sement du nombre de femmes rejoignant la popula-
par l’industrie. tion active, si bien que le chômage des femmes a
aussi augmenté.
Un grand nombre des emplois supplémentaires créés
en Europe dans les services sont des postes à temps L’augmentation du taux d’activité des femmes a été un
partiel, et la plupart sont occupés par des femmes. Alors facteur important, plus que les différences dans les
que le nombre d’emplois à temps plein a fortement évolutions démographiques, pour expliquer les diffé-
diminué dans l’Union lors de la récession, entre 1990 et rences dans la croissance de la population active à
1994, le nombre d’emplois à temps partiel a augmenté l’intérieur de l’Union au cours des quelque dix dernières
au rythme d’environ 3% par an. Dans la majorité des années (carte 10).
Etats membres, tous les emplois supplémentaires
offerts aux femmes ou presque pendant cette période D’autres différences sont aussi apparues, notamment
étaient à temps partiel. En 1995, plus de 31% des entre groupes appartenant aux classes d’âge des moins
femmes occupant un emploi travaillaient à temps partiel. de 25 ans et des plus de 50 ans.
Le taux était de 67% aux Pays-Bas, 45% au Royaume-
Uni et 43% en Suède, soit nettement plus qu’aux Etats- Chez les jeunes, on observe au fil des ans une diminu-
Unis (28%). Par contre, le travail à temps partiel tion générale de l’emploi et des taux d’activité en raison
conservait une part assez modeste dans les quatre pays de l’allongement de la durée des études ou de la parti-
européens du sud, bien qu’il ait eu tendance à croître cipation à une formation professionnelle initiale. Toute-
fortement, sauf en Grèce. Le corollaire de l’expansion fois, dans trois des Etats membres les plus pauvres
de l’emploi dans le secteur des services est l’importance (Espagne, Irlande et Grèce), les effectifs des jeunes en
croissante, déjà relevée, des femmes dans la population quête d’un travail n’ont pas diminué aussi vite que les
active. emplois offerts si bien que le chômage a augmenté. La
situation des jeunes femmes s’est dégradée plus encore
Tandis qu’un grand nombre des femmes rejoignant la que celle des hommes.
population active obtiennent des emplois relativement
peu qualifiés dans les services, il y a par ailleurs une Pour la population âgée de 25 à 54 ans, le trait marquant
augmentation notable des emplois exigeant des qualifi- est la différence entre les sexes. Pour les hommes, les
cations élevées et un bon bagage éducatif. Entre 1983 taux d’activité sont semblables au nord et au sud, et ont
et 1991, les emplois de technicien et de spécialiste se baissé partout, mais plus lentement au Portugal et en
sont accrus de 2% par an dans l’Union, soit deux fois Grèce que dans les autres Etats membres. Pour les
plus vite que l’emploi total, tandis que le nombre des femmes, les taux d’activité sont beaucoup plus faibles
travailleurs manuels déclinait. Les premiers ont continué au sud, sauf au Portugal, et en Irlande, mais ils ont
à augmenter malgré la récession dans la première moi- fortement augmenté pendant les dix ou quinze dernières
tié des années quatre-vingt-dix alors que les effectifs années et on discerne un processus progressif de
des travailleurs manuels chutaient fortement. convergence avec le reste de l’Union. Cela tient essen-
tiellement au rattrapage de l’Irlande et de l’Espagne, où
Les métiers non manuels dans le secteur des ser- les taux d’activité des femmes âgées de 25 à 54 ans ont
vices qui sont largement occupés par des femmes augmenté de plus de 10 points en pourcentage au cours
ont continué à augmenter, tandis que les emplois des dix dernières années. Si cela a eu pour effet positif
manuels, largement tenus par des hommes dans de promouvoir une plus grande intégration des femmes
l’industrie et l’agriculture, se sont contractés. Néan- sur le marché du travail, cela a aggravé le défi posé par
moins, sur le long terme, ce sont les emplois à la réduction du chômage, en particulier dans ces deux
qualifications élevées qui offrent les perspectives pays. Il est en outre probable que cette évolution conti-
les plus sûres de croissance, que ce soit pour les nuera à renforcer ce défi à l’avenir, puisque les taux
hommes ou pour les femmes. d’activité des femmes tendent encore à être très infé-

42
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

rieurs dans la plupart des régions les moins prospères Le taux de chômage des femmes est lui aussi élevé à
de l’Union à ceux qui prévalent ailleurs (carte 11). l’intérieur de l’Union, atteignant environ 12,5% à la mi-
1996 contre 9,5% pour les hommes, avec pour consé-
D’une manière générale, les individus ont tendance à quence un nombre pratiquement équivalent de femmes
rester plus longtemps au sein de la population active et d’hommes au chômage, bien que les femmes soient
dans les Etats membres les plus pauvres qu’au nord, ce nettement moins nombreuses dans la population active.
qui se traduit par un taux d’emploi et un taux d’activité
plus élevés chez les plus de 55 ans. C’est particulière- A l’exception de la Suède et du Royaume-Uni, ainsi
ment vrai pour les hommes, bien qu’aussi bien au nord que de la Finlande, où les taux sont très semblables,
qu’au sud, les taux d’emploi et d’activité diminuent à la le taux de chômage des femmes est supérieur à
suite de départs en retraite anticipée, liés au manque celui des hommes partout dans l’Union. Il l’est de
d’offres d’emploi pour les personnes de cette classe plus de 60% en Espagne et en Belgique, et de près
d’âge et à la généralisation des systèmes de retraite et de 90% en Italie et en Grèce. En outre, bien que le
d’assurance-invalidité. taux de chômage des femmes augmente générale-
ment moins vite que celui des hommes pendant la
En résumé, s’il est difficile de tirer des conclusions récession, ce qui reflète en partie la part dispropor-
générales sur les tendances à long terme des disparités tionnée des femmes dans les emplois de services,
entre groupes sociaux sur le marché du travail, il appa- emplois qui sont nettement moins touchés que les
raît que les taux d’activité et d’emploi dans les pays les emplois industriels dans de telles circonstances, il a
plus pauvres convergent vers ceux que l’on trouve dans aussi eu tendance à diminuer moins vite pendant la
les Etats membres plus prospères. reprise économique dans la mesure où le taux d’ac-
tivité des femmes a continué à s’accroître.
Le chômage
Dans toutes les économies, il se produit à tout moment
Les différents groupes sociaux ne sont pas concernés d’amples mouvements de personnes entre les emplois,
de la même façon par le chômage. En règle générale, il en raison d’un désir de changement, d’une réaction à
touche davantage les jeunes, les femmes et ceux qui des modifications dans la structure de l’activité écono-
travaillent dans les secteurs en déclin ou dans des mique et dans la demande des différentes qualifica-
emplois peu qualifiés, et il renforce les disparités glo- tions. A ces mouvements sont presque inéluctablement
bales entre les différentes parties de l’Union. associées des périodes de chômage pour certains,
souvent de courte durée. Cependant, en Europe, l’une
Le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans a des caractéristiques les plus nettes du marché du travail
suivi l’évolution du taux de chômage global, mais son est le niveau élevé et persistant du chômage de longue
niveau est deux fois plus élevé. Il atteignait environ 21% durée, surtout en comparaison des Etats-Unis, ce qui
pour l’ensemble de l’Union à la mi-1996, ce qui équivaut exprime le caractère structurel, profondément enraciné
à 5 millions de jeunes au chômage. Ce taux a toutefois du problème du chômage.
baissé un peu plus vite que le taux global depuis que la
reprise actuelle a commencé. De fait, l’écart entre les
deux a eu tendance à se réduire quelque peu, ce qui
18 Taux de chômage et chômage de longue
reflète en partie la diminution des effectifs des jeunes durée dans les Etats membres, 1995
dans l’Union (qui résulte de la chute des taux de natali-
Chômeurs de longue durée en % du total
té). Il reflète aussi en partie la tendance d’une proportion 70 70

croissante de jeunes à rester plus longtemps dans le I


B IR
système éducatif, et en partie l’éventail des mesures 60 60

prises dans les Etats membres pour éviter que ceux, E


P GR E15
quittant l’école sans aucune ou sans beaucoup de qua- 50
D
50
NL
lification, ne passent directement à une situation de WG UK
40 F 40
chômage. FIN

30 30
Excepté en Allemagne et en Autriche, le chômage des A DK

jeunes est élevé dans toute l’Union, le taux se montant L


20 20
à plus de 40% en Espagne, à environ 35% en Italie et à
25% ou plus en Grèce, en Belgique et en France (mais,
10 10
dans ces trois pays, cela reflète en partie le très faible
nombre de jeunes dans la population active: le taux
0 0
d’activité tourne autour de 35% pour les jeunes de 15 à 0 5 10 15 20 25
24 ans). Taux de chômage (%)

43
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

En 1995, dans l’ensemble de l’Union, près de la moitié un chômage de longue durée (37%). Ceci s’explique
(49%) des chômeurs qui cherchaient activement du partiellement par l’accroissement récent et rapide, en
travail n’en avaient pas trouvé depuis un an ou plus termes comparatifs, du chômage vers les niveaux
(contre 12% seulement aux Etats-Unis) et plus du quart actuels. En France, le chômage était aussi relativement
n’en avaient pas trouvé depuis au moins deux ans. Ces élevé, mais associé à un chômage de longue durée
proportions étaient à peine plus basses que dix ans plus relativement faible. Ainsi, dans ces deux pays, malgré
tôt. Un niveau élevé du chômage de longue durée pose des niveaux de chômage relativement élevés, l’exclu-
des problèmes spécifiques, particulièrement difficiles à sion sociale semble présenter un problème moins
résoudre. Les personnes concernées sont confrontées grave.
à l’exclusion sociale, à une perte de confiance, à une
dégradation de leurs qualifications et à des difficultés Dans les autres Etats membres, les taux globaux de
croissantes pour trouver un emploi au fur et à mesure chômage étaient partout inférieurs à la moyenne, mais
qu’elles restent plus longtemps sans travail. Cette der- dans une mesure variable. Ils peuvent être divisés en
nière difficulté est renforcée par l’attitude générale des deux groupes: le Luxembourg, l’Autriche, le Danemark
employeurs, qui hésitent à employer des personnes et la Suède (qui n’est pas représentée sur le graphique
n’ayant pas travaillé depuis un certain temps. en raison de problèmes de comparabilité des données),
où la proportion de chômeurs de longue durée était
La durée moyenne du chômage ou, ce qui est plus nettement inférieure à la moyenne, et les cinq autres
significatif de l’ampleur du problème, l’effectif relatif des Etats membres, où elle était proche de la moyenne
chômeurs de longue durée diffèrent considérablement (cependant, les effectifs concernés étaient nettement
d’un Etat membre à l’autre. Par exemple, deux pays ou plus élevés en Grèce, où la proportion dépassait légè-
régions peuvent avoir le même niveau de chômage mais rement la moyenne, que dans la partie occidentale de
le premier connaître un fort flux d’entrée combiné à une l’Allemagne, où le taux global de chômage était large-
courte durée moyenne et le second un faible flux d’en- ment inférieur à la moyenne). Le Royaume-Uni présente
trée combiné à une longue durée moyenne et à une forte toutefois des différences par rapport aux quatre autres
proportion de personnes sans emploi depuis un an ou pays de ce groupe, dans la mesure où, si l’importance
plus. Les taux «d’exclusion» sont plus faibles dans le du chômage de longue durée était moindre en 1995, elle
premier et, de ce fait, moins dommageables pour la était aussi fortement inférieure à la moyenne de l’Union
cohésion sociale. les années antérieures (en 1990, un tiers seulement des
chômeurs étaient sans travail depuis un an ou plus
Les Etats membres diffèrent selon les flux d’entrée dans contre une moyenne de 48% dans l’Union).
le chômage, à savoir la probabilité pour quelqu’un de
devenir chômeur, et l’importance du chômage de En règle générale, l’ampleur relative du problème du
longue durée — point plus significatif pour l’exclusion chômage de longue durée entre Etats membres était
sociale. On peut tirer du rapport entre, d’un côté, le taux identique en 1990, avant la hausse des taux de chô-
global de chômage et, de l’autre, la proportion des mage intervenue ultérieurement, ce qui suggère que le
chômeurs sans travail depuis un an ou plus (des chô- problème est bien enraciné et distinct du problème du
meurs de longue durée) certaines indications sur ces chômage en tant que tel.
différences. En 1995, le taux de chômage global le plus
élevé se rencontrait en Espagne, avec presque 23%. La Il existe aussi des différences entre groupes sociaux. Il
proportion des chômeurs de longue durée, juste infé- semble que les femmes ont moins de chances de perdre
rieure à 55%, se situait aussi au-dessus de la moyenne leur emploi une fois qu’elles en ont obtenu un, mais elles
de l’Union (49%), mais était inférieure à celle de l’Italie éprouvent des difficultés à trouver un emploi lorsqu’elles
et de l’Irlande, où le taux de chômage global était bien sont au chômage où lorsqu’elles cherchent à retrouver
moindre, mais encore supérieur à la moyenne de un travail après une période d’inactivité, consacrée à
l’Union, avec plus de 60% des chômeurs sans travail l’éducation des enfants. Le chômage de longue durée
depuis un an ou plus (graphique 18). En Belgique, la est donc un peu plus élevé chez les femmes que chez
proportion de chômeurs de longue durée par rapport au les hommes dans la plupart des Etats membres (mais
total des chômeurs était à peu près la même que dans non dans tous, le Danemark, l’Irlande, les Pays-Bas et
ces deux pays, mais le taux de chômage était légère- le Royaume-Uni formant des exceptions importantes).
ment inférieur à la moyenne. En conséquence, le pro-
blème de l’exclusion sociale semble particulièrement Le chômage des jeunes pose aussi problème, bien que
aigu dans ces quatre pays. les effectifs concernés aient augmenté beaucoup moins
vite que le taux global ces dernières années parce que
Par contre, en Finlande, le chômage était bien supérieur des effectifs croissants restent plus longtemps dans le
à la moyenne de l’Union en 1995, mais une proportion système éducatif et en formation professionnelle initiale
beaucoup plus faible de chômeurs était concernée par (ce qui a réduit la taille de la population active des

44
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

jeunes). En outre, la proportion des jeunes de moins de grer les membres les plus défavorisés de la société de
25 ans qui est en chômage de longue durée n’a pas eu façon à ce qu’ils puissent participer pleinement au mar-
tendance à augmenter de façon significative. Elle reste ché du travail. Cela a un effet sur la fréquence de la
toutefois un problème sérieux en Italie et, dans une pauvreté au niveau des ménages dans l’Union euro-
moindre mesure, en Grèce, où il faut en moyenne plus péenne, qui reflète en partie le résultat de différences
de temps pour que les personnes à la recherche de leur d’accès à un emploi rémunéré, et en partie les effets des
premier emploi en trouvent un. transferts opérés notamment dans le cadre de la
sécurité sociale. L’une des principales caractéristiques
Le chômage de longue durée est un problème du modèle européen de société est l’engagement dans
particulièrement grave pour les travailleurs relativement la lutte contre la pauvreté et dans la correction d’impor-
âgés, surtout les hommes et les femmes qui ont perdu tantes inégalités de revenu par l’intermédiaire des
leur emploi dans l’industrie; ils ont le plus grand mal à impôts et des transferts sociaux.
en trouver un autre. En 1995, 62% des chômeurs âgés
de 55 à 59 ans étaient sans travail depuis un an ou plus La mesure dans laquelle la société souffre de la pauvre-
et les deux tiers de ces derniers étaient sans travail té est généralement évaluée par le concept de seuil de
depuis au moins deux ans. En outre, de nombreux pauvreté, qui est un concept relatif et non absolu, et qui
autres s’étaient retirés totalement de la population active est généralement défini comme la proportion des
et avaient pris une retraite anticipée, dont une bonne ménages dont le revenu est égal ou inférieur à 50% de
partie après avoir tenté de trouver un autre emploi (en la moyenne nationale.
1995, environ le tiers des hommes de cette classe d’âge
ne figurait plus dans la population active, bien avant L’impact des transferts sociaux sur le nombre de per-
l’âge officiel de la retraite, égal à 65 ans dans la plupart sonnes vivant dans la pauvreté est considérable. On
des pays). estime qu’en l’absence de ces transferts, environ 40%
des ménages se retrouveraient en dessous du seuil de
En règle générale, la probabilité de devenir chômeur est pauvreté, alors que cette proportion est ramenée à
beaucoup plus forte pour les personnes peu qualifiées. moins de 15% en raison des transferts.
En 1995, le taux de chômage parmi les personnes âgées
de 25 à 49 ans qui n’avaient qu’un bagage éducatif de Au niveau de l’Union, les inégalités dans les ressources
base se montait en moyenne à 13% dans l’Union contre des ménages ont été traditionnellement examinées par
8% pour les personnes ayant un diplôme de l’enseigne- référence au niveau des dépenses des ménages, pour
ment secondaire et 7% pour les titulaires d’un diplôme lesquelles on dispose d’estimations depuis plusieurs
universitaire ou équivalent. années, plutôt que par référence au revenu, pour lequel
il n’existe pas de données comparables dans le temps.
Les dépenses devraient révéler une répartition plus
L’incidence de la pauvreté égale que celle indiquée par les niveaux de revenu
parce que l’épargne tend à être plus forte dans les
Les sections précédentes de ce chapitre ont exposé la ménages riches que dans les ménages pauvres. Les
croissance et la répartition du revenu de base tiré de la données relatives aux dépenses, qui proviennent d’en-
production — le PIB — dans les Etats membres et les quêtes générales sur les dépenses des ménages, sont
régions. Elles ont montré que la croissance du PIB dans ajustées pour tenir compte des différences de pouvoir
la Communauté avait été largement obtenue grâce à d’achat, de taille et de composition des ménages (un
une augmentation de la production par travailleur, plutôt poids plus faible, par exemple, est accordé aux enfants
que par l’intermédiaire d’un accroissement de l’emploi, qu’aux adultes).
même si ce dernier a aussi augmenté.
Un bref survol des résultats (voir annexe, tableau 3)
Elle s’est aussi accompagnée d’une baisse, au cours du révèle qu’à la fin des années quatre-vingts, l’inci-
temps, de la part du revenu total (PIB) échéant à la dence de la pauvreté était généralement plus élevée
main-d’oeuvre sous la forme de salaires et traitements au sud qu’au nord de l’Union. Avec 27% de tous les
(avant impôt) dans presque tous les Etats membres, ménages du pays en dessous du seuil de pauvreté,
tandis que la part allant au capital augmentait. A une elle était particulièrement forte au Portugal. Elle était
époque où la concurrence internationale se fait un peu plus faible en Italie (22%) et en Grèce (20%).
particulièrement pressante, ces évolutions soulignent la A l’autre extrémité, 5 à 6% seulement des ménages
contribution de la main-d’oeuvre européenne à la re- dans les trois pays du Bénélux et au Danemark
structuration de l’économie afin de relever les défis. avaient une dépense inférieure à 50% de la moyenne
nationale. Dans les pays restants, la proportion
Comme il a déjà été indiqué, il existe des différences s’échelonnait de 11% en Allemagne à 17% en
manifestes dans la capacité des Etats membres à inté- Espagne et au Royaume-Uni.

45
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Les données suggèrent que les taux de pauvreté mesu- ment répandues quant à deux autres aspects qui ont
rés en ces termes ont quelque peu augmenté dans la directement trait à la qualité de vie et à la cohésion. En
plupart des Etats membres pendant les années quatre- premier lieu, les conséquences de la croissance écono-
vingts. Un mouvement en sens inverse s’est seulement mique pour l’environnement inquiètent, que ce soit en
produit en Irlande et en Espagne et, dans une moindre termes de congestion, de pollution ou de détérioration.
mesure, au Portugal. Ces pays figuraient au début des Cela a engendré le souci d’assurer une «cohésion entre
années quatre-vingts parmi les Etats membres où la générations» et l’exigence d’un développement national
fréquence de la pauvreté était la plus élevée et il semble et régional durable, c’est-à-dire viable à long terme. En
que la répartition des fruits de la croissance économique second lieu, on s’inquiète du fait que l’intégration euro-
ultérieure ait été un peu plus égale qu’auparavant, ce péenne risque de devenir un processus géopolitique
qui reflète peut-être leur stade de développement éco- éloigné des besoins des citoyens ordinaires. En d’autres
nomique. Mais il faudra disposer de plus d’informations termes, on s’intéresse de plus en plus à la qualité de la
à jour pour déterminer la mesure dans laquelle ces citoyenneté européenne sous tous ses angles.
changements traduisent des tendances à long terme et
pour évaluer les effets sur la répartition de la récession Le développement durable
économique des années quatre-vingt-dix.
Le développement durable a été défini comme «un
Des évaluations plus récentes de la fréquence de la développement qui satisfait les besoins de la génération
pauvreté pendant les années quatre-vingt-dix peuvent actuelle sans compromettre la capacité des générations
être obtenues auprès d’autres sources (comme les pre- futures à satisfaire leurs propres besoins» (Commission
miers résultats préliminaires pour 1993 de la nouvelle mondiale pour l’environnement et le développement
enquête auprès d’un panel européen des ménages, qui (1987), «Notre avenir commun», Oxford University
prend pour base d’analyse le revenu des ménages Press). Fondamentalement, le développement durable
plutôt que la dépense). Pour la plupart des pays, la met l’accent sur la nécessité de s’orienter vers des
mesure par les revenus pour cette année-là aboutit à modèles de développement qui réduisent la consom-
une plus forte inégalité entre les ménages, et donc à une mation de ressources non renouvelables et qui peuvent
plus grande incidence de la pauvreté, pendant les dès lors être reproduits dans le temps.
années quatre-vingt-dix que celle livrée par la mesure
des dépenses pour la fin des années quatre-vingts. D’après le Livre blanc de la Commission Croissance,
Compte tenu de la différence dans la base de mesure, compétitivité, emploi, la contradiction fondamentale au
on ne peut rien conclure sur l’évolution au cours des sein de l’ordre économique existant réside dans le fait
années quatre-vingt-dix, mais l’enquête auprès du que la production fait trop intensivement appel à des
panel de ménages suggère à tout le moins que le ressources naturelles qui sont rares, souvent non renou-
problème reste aigu dans certains pays. velables, et pas assez intensivement à la main-d’oeuvre
qui existe en abondance. Le Livre blanc plaide en faveur
d’un cadre nouveau — qui n’exige rien de moins «qu’un
nouveau modèle de développement» — fondé sur une
2.3 Autres dimensions de démarche intégrée où le progrès serait mesuré en
la cohésion: qualité de vie termes de changement global de la qualité de vie dû à
la croissance économique. Cela donnerait une impor-
et citoyenneté européenne tance particulière à la création d’emplois locaux, au
niveau des communautés de base, visant à permettre
Les sections précédentes ont présenté une analyse de jouir d’une amélioration et d’une protection de l’envi-
traditionnelle du sort relatif des habitants de l’Europe. ronnement naturel et de développer une responsabilité,
Les indicateurs géographiques et sociaux utilisés, rela- individuelle et collective, garantissant une croissance
tifs au revenu et à l’emploi, restent les indicateurs dispo- durable. Ce nouveau modèle de développement vise
nibles les plus solides et les plus largement compris. Ils directement des questions intéressant la cohésion,
constituent la base sur laquelle les décideurs ont effec- notamment la cohésion sociale.
tué des choix difficiles, dans les domaines de la politique
régionale et sociale, au niveau des nations et de l’Union Un défi fondamental mis en lumière dans le Livre blanc
européenne. consiste à établir un lien positif entre l’économie et
l’écologie. Cela est particulièrement important pour la
Dans le même temps, ils sont eux-mêmes insuffisants cohésion régionale, où l’impératif, qui a été exposé en
pour permettre d’apprécier l’ensemble du tableau et détail plus haut, est de promouvoir un rattrapage rapide
d’autres éléments méritent d’être pris en considération, des régions à faible revenu. Dans ce contexte, le déve-
peut-être surtout au niveau de l’Union. Il existe actuelle- loppement durable ne doit pas être considéré comme
ment au sein de celle-ci des préoccupations très large- quelque chose qui freine la croissance dans les régions

46
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

où elle est la plus nécessaire, mais comme une source dialogue entre représentants de la société civile. Elle
de nouvelles opportunités. trouve une expression concrète dans la croissance
et le développement des institutions au cours de
Dans ce cadre, les questions et les enjeux sont quatre décennies, notamment par l’intermédiaire du
complexes. D’un côté, la qualité de l’environnement est pouvoir et de l’influence croissants de représentants
de plus en plus reconnue comme un déterminant impor- directement élus au Parlement européen, et, depuis
tant de l’attractivité d’une région pour de nouvelles acti- 1993, par l’intermédiaire de l’implication des repré-
vités et les régions peuvent faire le meilleur usage de sentants des régions et collectivités locales au sein
leurs atouts naturels si leurs politiques économiques du Comité des régions.
sont calibrées de façon à assurer un développement
durable. En outre, le secteur de l’environnement est de Un sentiment plus profond d’appartenance à l‘Union
plus en plus considéré par les entreprises comme une implique plus que le fait de rapprocher les prises de
opportunité commerciale et, par les autorités régionales, décision du terrain où elles s’appliquent. Il est lié à
comme un atout. Ainsi, le développement durable et le la réduction des disparités économiques et sociales
rétrécissement des disparités entre régions peuvent se fondamentales qui ont été exposées plus haut.
renforcer mutuellement. L’existence de ressources sous-utilisées, dans les
régions défavorisées ou parmi les groupes sociaux
D’un autre côté, les choix politiques dans le domaine de frappés d’exclusion, contribue à fragmenter la so-
l’environnement doivent prendre en compte les dispari- ciété européenne sans compter qu’elle représente
tés régionales existantes. Il faut s’attaquer à celles-ci un gaspillage de potentiel économique. La citoyen-
explicitement pour minimiser le risque d’un élargisse- neté européenne impose dès lors à l’Union de tra-
ment futur des écarts au détriment de la cohésion éco- vailler à l’élimination des grandes disparités entre
nomique et soci ale, surtout dans les régions les niveaux de vie des citoyens au sein des diffé-
périphériques. rentes parties de l’Union, et de promouvoir la sortie
de la pauvreté ainsi qu’un accès égal à l’emploi.
Les chapitres suivants de ce rapport montrent comment
l’Union a cherché à s’attaquer à cette question dans ses A nouveau, ce ne sont pas seulement les objectifs qui
programmes de développement régional, où l’on trouve importent pour la cohésion: la façon dont ils sont mis en
des investissements massifs en matière d’approvision- oeuvre est peut-être aussi importante parce qu’elle offre
nement en eau pure, de gestion des déchets, de réha- aux individus des occasions de se rapprocher. Cela a
bilitation des terres, etc. (chapitre 5), et dans ses été une composante centrale des politiques euro-
politiques de l’environnement et des transports (voir péennes de solidarité et de cohésion (voir chapitre 5).
chapitre 4). A un certain niveau, cela a produit un esprit de coopé-
ration entre la Commission et les représentants des
La citoyenneté, la démocratie et la solidarité institutions, encourageant un flux à double sens d’infor-
mations et d’idées qui va beaucoup plus loin que les
L’idée de citoyenneté européenne — ainsi que la créa- exigences formelles de consultation contenues dans le
tion d’une Europe des individus au sens le plus large — droit communautaire. Cela a contribué à la conception
fait implicitement partie du processus d’intégration et à la formulation des politiques de cohésion, et accru
depuis le début. Le seul véritable fondement de l’inté- la qualité des interventions au profit de ceux dont la vie
gration européenne repose sur un sentiment de finalités est directement affectée.
communes et de solidarité entre tous ses citoyens. Toute
notion de cohésion européenne s’entremêle inévitable- A un autre niveau, la mise en oeuvre des politiques
ment avec celles de citoyenneté, de démocratie et de de l’Union européenne est très décentralisée, et la
solidarité. responsabilité est confiée aussi près que possible
du terrain de façon à promouvoir des partenariats
L’Union a comme but de développer des possibilités entre Etats membres et régions, et à encourager la
pour les individus de travailler ensemble à la réali- coopération et les échanges d’expérience. Il s’agit
sation d’objectifs communs. Au-delà de la citoyen- non seulement d’un moyen essentiel pour diffuser
neté qui garantit la libre circulation des personnes, l’innovation et les meilleures pratiques, mais aussi
des droits politiques et une participation démocrati- pour accroître la prise de conscience des questions
que renforcée, l’Union favorise l’égalité des chances européennes.
pour tous à travers le respect de droits fondamen-
taux. Le sentiment d’appartenance à l’Union et la Tous ces développements ont contribué à abattre les
participation démocratique se renforcent mutuelle- obstacles dus à la nationalité sans compromettre les
ment. La participation démocratique a été renforcée mérites de la diversité. En d’autres termes, ils ont contri-
par l’institutionnalisation du dialogue social et par le bué à former une véritable Europe pour tous.

47
Chapitre 2 Le processus de convergence et la cohésion: tendances récentes

Quelques remarques pour conclure sera accordée aux politiques nationales et communau-
taires visant à promouvoir la compétitivité et la crois-
Les analyses du présent chapitre montrent qu’en ce qui sance ainsi que la création d’emplois durables.
concerne les disparités économiques et sociales,
d’importants progrès ont été accomplis dans certains Enfin, les élargissements passés de l’Union européenne
domaines. Certains des Etats membres et régions les ont généralement eu pour effet d’élargir les disparités
plus faibles de l’Union se sont lancés dans un processus entre régions. Il semble probable que les futurs élargis-
à long terme de convergence par rapport au reste de sements auront un effet similaire, puisque les nombreux
l’Union. Ce résultat favorable s’est maintenu malgré la pays candidats d’Europe centrale et orientale ont un
récession du début des années quatre-vingt-dix, mais il revenu par habitant largement inférieur à la moyenne
s’est accompagné d’une dégradation générale de la actuelle de l’Union. Cependant, comme le montre
situation de l’emploi dans l’ensemble de l’Union. l’expérience des élargissements passés, l’Union s’est
montrée capable de s’adapter à de telles différences et
La convergence économique, au niveau des Etats mem- de poursuivre sa marche en avant.
bres, n’a pas toujours été également répartie entre les
régions et les groupes sociaux. Toutefois, dans les pays
en cours de rattrapage, ces effets secondaires négatifs
du développement sont souvent difficiles à éviter en
raison de la dynamique différente qui prévaut dans
certaines régions et certaines industries. Au sein de
certains des pays les plus avancés de l’Union, il existe
des signes d’affaiblissement de la cohésion sociale par
suite des effets du chômage sur des groupes sociaux
défavorisés et de la croissance du nombre de per-
sonnes vivant dans la pauvreté. D’un autre côté, les taux
d’emploi de la population sont plus élevés qu’il y a dix
ans, avec une augmentation notable des taux d’activité
des femmes.

Les perspectives du marché du travail seront influen-


cées par les tendances démographiques. L’absence de
signe de redressement des taux de fécondité dans
l’Union européenne demeure une caractéristique impor-
tante. Ceux-ci sont tombés en 1995 à leur niveau le plus
bas depuis la guerre, avec une moyenne de seulement
1,4 enfants par femme. Cela réduira certains afflux de
main-d’oeuvre sur le marché du travail au cours du
prochain siècle, même si d’autres effets sont suscepti-
bles d’agir en sens divers sur l’offre totale de main-
d’oeuvre.

Plus généralement, il existe des raisons de penser qu’un


processus de réforme économique fondamentale s’est
engagé dans les parties les plus faibles de l’Union,
encouragé, comme le montreront les chapitres ulté-
rieurs du présent rapport, par les mesures prises au
niveau national et communautaire pour développer les
infrastructures, le capital humain et l’activité productive.

Les perspectives d’une nouvelle réduction des dispari-


tés dépendront de la poursuite de ces progrès et
d’autres facteurs tels que la situation économique géné-
rale. Elles dépendront aussi beaucoup de l’évolution
des politiques économiques. Des politiques orientées
vers la stabilité macro-économique afin d’offrir les condi-
tions nécessaires à la croissance sont essentielles dans
ce contexte (voir chapitre suivant) et plus d’importance

48
Chapitre 3
Les politiques des Etats membres et la cohésion:
vue d’ensemble

macro-économiques nationales jouent un rôle clé pour


3.1 Introduction: garantir l’efficacité des politiques de cohésion de l’Union
qui visent à encourager une augmentation de l’investis-
l’affaiblissement de la cohésion interne sement public et privé.

Les données empiriques présentées au chapitre 2 Au vu des interdépendances et des effets de diffusion
suggèrent que, alors même qu’un processus de conver- engendrés par le commerce extérieur et par les mouve-
gence entre Etats membres se manifeste, la cohésion ments des capitaux et de la main-d’oeuvre, les pays ont
économique et sociale semble enregistrer un recul à cessé depuis longtemps de considérer leurs politiques
l’intérieur de la plupart d’entre eux pendant les années macro-économiques comme une pure affaire de politi-
quatre-vingt-dix, recul qui a pris la forme d’un élargisse- que intérieure, et se sont engagés dans la voie de la
ment des écarts de revenu et de chômage. coordination. Dans l’Union européenne, la coordination
macro-économique se concentre sur l’établissement
Un vaste éventail de politiques des Etats membres a des d’un cadre macro-économique stable qui est une condi-
implications pour la cohésion aux niveaux national et tion préalable à la mise en place d’un processus de
communautaire, en particulier: croissance durable à moyen terme et à la participation
à l’union économique et monétaire (UEM). Une attention
– des politiques structurelles visant à maintenir la sta- particulière est consacrée aux critères de convergence,
bilité macro-économique; à savoir l’inflation, les taux de change et d’intérêt, le
déficit et l’endettement public. Compte tenu du rôle clé
– des politiques de redistribution visant à assurer une de ces critères pour la stabilité macro-économique,
affectation optimale des ressources en termes économi- même les pays qui ont le choix de rester à l’extérieur de
ques aussi bien que sociaux et une redistribution du l’UEM cherchent à les respecter.
revenu entre les personnes et les régions de façon à
éviter des disparités excessives. La stabilité a une importance cruciale pour les Etats
membres les plus pauvres, en fournissant un climat
Evidement, ces objectifs ne s’excluent pas mutuelle- propice à l’investissement, permettant par là-même de
ment, et il arrive très souvent que la même dépense ait tirer le meilleur parti des politiques de cohésion de
en même temps un effet direct ou indirect sur tous ces l’Union européenne.
objectifs. Chacun sera examiné ci-dessous.
Les données empiriques suggèrent que trois de ces
pays — la Grèce, l’Espagne et le Portugal — ainsi que
l’Italie, dont une large fraction du territoire est relative-
3.2 Les politiques ment moins développée, ont besoin de maintenir les
efforts qu’ils déploient pour assurer une convergence
macro-économiques nominale, bien que l’accent puisse être différent dans
chaque cas.
Les politiques macro-économiques des Etats membres
sont importantes, dans la mesure où elles engendrent En termes globaux, des progrès importants ont déjà été
un climat propice à la croissance économique. Dans les obtenus en ce qui concerne la convergence nominale,
quatre Etats membres les plus pauvres, en particulier, en particulier en ce qui concerne les taux d’inflation qui
où les problèmes régionaux de sous-développement ont convergé vers des niveaux se situant parmi les plus
concernent plus ou moins tout le pays, les politiques bas atteints au cours des trente dernières années. Dans

49
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

le cas de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne et de disposent les Etats membres pour mettre en oeuvre
l’Italie, ces taux ont considérablement diminué au cours même les programmes les plus productifs, tels qu’un
des toutes dernières années, mais ils restent élevés par investissement en infrastructures économiques et dans
rapport à la moyenne de l’Union, surtout en Grèce la formation professionnelle, sans compter le fait que
(graphique 19). Les différences en matière de taux cela soumet les dépenses sociales à des tensions sup-
d’intérêt reflètent plusieurs facteurs, tels que des diffé- plémentaires. En partie à cause de la récession, la dette
rences dans les taux d’inflation, les soldes budgétaires, moyenne des Quinze a grimpé lentement depuis 1992,
les évolutions des taux de change, la confiance des passant d’environ 60% du PIB à plus de 70%. Une dette
marchés financiers et la crédibilité présentée par le élevée reste un problème particulièrement sérieux pour
dosage de mesures de politique économique. la Belgique, la Grèce et l’Italie (graphique 20).

En ce qui concerne la variation des taux de change, la Avec l’introduction de la monnaie unique, les politiques
liberté actuelle de manoeuvre est déterminée, pour les nationales continueront à jouer un rôle important dans la
pays qui y participent, par les bandes du mécanisme de stabilisation régionale. L’ajustement se fera en partie par
change au sein du Système monétaire européen (SME). l’intermédiaire des mécanismes automatiques de trans-
A l’intérieur des bandes plus larges adoptées en août fert qui fonctionnent au niveau interpersonnel à l’intérieur
1993, les taux sont restés remarquablement stables. des Etats membres (surtout par l’intermédiaire des pre-
Bien que le taux central de la peseta espagnole ait dû stations de sécurité sociale et des impôts sur le revenu).
être dévalué quatre fois entre septembre 1992 et mars Dans une perspective régionale, la situation après avoir
1995, mouvement en partie suivi par l’escudo portugais, rejoint l’UEM ne sera guère différente, au plan économi-
les pressions qui se sont exercées sur les monnaies que, de la situation résultant de l’appartenance à une
participant au mécanisme de change n’ont pas été aussi union monétaire nationale.
graves que celles qui ont pesé sur les monnaies restant
à l’extérieur de celui-ci. En l’absence de nouvelle intégration politique, il est
probable que les Etats membres conserveront la
Des déficits budgétaires excessifs entraînent des pres- responsabilité de ces mécanismes de transfert. Le bud-
sions à la hausse sur les taux d’intérêt qui rendent les get actuel de la Communauté est trop limité pour contri-
conditions générales moins favorables à l’investisse- buer de façon significative à la stabilité
ment et à la croissance. En outre, ils conduisent à une macro-économique dans l’ensemble de l’Union, même
accumulation de la dette au cours du temps et accrois- si les politiques conduites au niveau de l’Union aideront
sent ainsi la charge des intérêts à payer par les finances à stabiliser la position des régions et des Etats membres
publiques. Cela réduit les ressources financières dont les plus faibles. Au niveau national, les Etats membres

19 Taux d'inflation dans les Etats membres, 1983-93, 1994 et 1995-97

Variation annuelle de l'indice des prix à la consommation (%)


20 20

16 16
1983-93
1994
12 12
1995-97 (projection)

8 8

4 4

0 0
FIN D F NL B L DK A S IRL UK E15 P E I GR
D 1983-93 exclut les nouveaux Länder

50
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

qui participeront à l’UEM devront allier une discipline éliminant toute une série de mesures nationales qui
budgétaire à la flexibilité indispensable pour pouvoir avaient pour effet de limiter les échanges internationaux
amortir, par l’intermédiaire des transferts entre régions et de protéger des activités inefficientes. Les Etats mem-
et entre personnes, les chocs qui pourraient menacer bres ont généralement accompagné ce programme par
temporairement la cohésion régionale et sociale. des politiques propres de réforme des marchés.
Comme le montrera la prochaine section, l’ajustement
sera aussi facilité par des améliorations dans l’adapta- Ces mesures paraissent avoir largement réussi en
bilité de la main-d’oeuvre. Irlande et au Portugal. Dans ce contexte, les deux pays
ont cherché à améliorer la flexibilité de la main-d’oeuvre,
non seulement en réduisant les réglementations mais
aussi en accroissant les qualifications. En même temps,
3.3 Réformes structurelles et des stratégies résolues de développement industriel
étaient mises en oeuvre pour offrir de nouvelles possibi-
politiques fondées sur la dépense lités dans des activités modernes et attirer de ce fait des
investissements étrangers directs dans les secteurs
A côté des politiques visant à promouvoir la stabilité, les orientés vers l’exportation. Au Portugal, cela s’est
Etats membres pour lesquels le rattrapage est un objec- accompagné de mesures de déréglementation dans les
tif majeur, ont aussi besoin de s’assurer que leurs éco- secteurs financiers, les services publics, le commerce
nomies peuvent s’adapter aux exigences d’une de détail et le marché du logement. En outre, les
croissance plus rapide. Des entraves à l’affectation des contrôles administratifs des prix ont été abandonnés
ressources réduisent leur efficacité et leur capacité à pour de nombreux produits industriels et services. Mais
restructurer et exploiter de nouvelles opportunités. dans les autres Etats membres les plus concernés,
davantage reste à faire.
Les politiques d’affectation des ressources des
Etats membres prennent la forme de réformes struc- En Grèce, la réforme du marché est allée le plus loin
turelles visant à améliorer le fonctionnement des dans le secteur financier, et a placé l’économie dans
marchés, et de politiques fondées sur la dépense l’environnement monétaire européen plus large. Mais
destinées à offrir des incitations pour surmonter les les progrès sont restés limités en ce qui concerne le
carences du marché. fonctionnement du marché du travail: les différences de
salaire sont insuffisamment reliées à la productivité
Dans l’Union européenne, le Programme du marché atteinte au niveau du secteur, de l’entreprise ou de
unique a été le moteur des réformes structurelles, en l’établissement; la réglementation manque de sou-

20 Dette publique brute totale dans les Etats membres, 1983-93, 1994
et 1995-97

% du PIB (moyenne annuelle)


140 140

120 1983-93 120


1994
100 100
1995-97 (projection)

80 80

60 60

40 40

20 20

0 0
L UK F D FIN E DK A P E15 NL S IRL GR I B
D 1983-93 exclut les nouveaux Länder

51
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

plesse et agit comme un facteur qui n’incite pas à fiscalité proportionnelle ou progressive. Elles jouent
redéployer la main-d’oeuvre. En outre, l’économie grec- donc un rôle important dans la cohésion interne des
que continue à être caractérisée par des relations Etats membres, comme on le montrera plus loin.
étroites entre le gouvernement, le secteur public au sens
large, les banques et diverses grandes entreprises pri- Les dépenses consacrées aux services économiques
vées. Si ces dispositifs aident à établir un consensus (politique régionale, recherche et développement, pro-
autour des objectifs de la politique économique, un motion du commerce extérieur, politique de l’emploi,
résultat moins souhaitable réside dans le fait que l’éco- etc.) représentent par ailleurs entre 6% et 14% du total
nomie est moins soumise aux disciplines du marché. des dépenses de l’Etat ou encore entre 3% et 10% du
PIB national. Ces politiques visent à améliorer le climat
En Espagne, tandis que les réformes liées au dans lequel opèrent les entreprises et influent sur la
Programme du marché unique ont été importantes, il n’y façon dont fonctionne le marché du travail. En dehors
a eu que des changements limités dans deux domaines de la politique régionale, qui, en raison de son impor-
clés pour les résultats de l’économie: le marché du tance, sera traitée à part plus loin, ces politiques n’ont
travail et le secteur (il s’agit surtout de services) qui pas d’effets spatiaux délibérés et sont largement mises
échappe au commerce international. Les autorités en oeuvre sans référence à ce type d’effets. Néanmoins,
espagnoles elles-mêmes ont identifié le problème dans ils existent et méritent d’être soigneusement analysés.
le programme de convergence du début de 1992 et lors L’analyse se limitera aux politiques de R&D et de
de sa révision en 1994. Un ensemble de mesures visant l’emploi.
à améliorer la concurrence et la transparence dans le
secteur des services ont été planifiées à côté de me- Alors que les politiques de R&D varient fortement entre
sures ayant pour but de renforcer la mobilité de la Etats membres, elles sont généralement conduites avec
main-d’oeuvre par la réforme du système éducatif et des objectifs nationaux présents à l’esprit, tels que la
d’améliorer l’offre de logements, les procédures admi- stimulation de l’innovation et, de ce fait, l’amélioration de
nistratives et la gestion des entreprises publiques. la compétitivité. Tandis que certains des Etats membres
Cependant, jusqu’à maintenant, l’évaluation de la mise les plus importants ont fait des efforts pour régionaliser
en oeuvre de ces propositions est assez mitigée. Beau- les dépenses publiques de R&D, il n’en reste pas moins
coup de choses dépendront du résultat de vastes que, même si les sommes concernées sont du même
réformes, votées pour la plupart en 1994, visant à s’at- ordre de grandeur que les incitations régionales, leur
taquer aux principales rigidités du marché du travail, y répartition spatiale va dans des directions quasiment
compris la réglementation de la durée du travail, l’ab- opposées. Les dépenses et incitations globales de R&D
sence de mobilité géographique et sectorielle, la fixation sont les plus élevées en proportion du PIB dans les pays
des salaires, les procédures de recrutement et les les plus riches et sont concentrées dans les régions les
contrats de travail. Par ailleurs, des progrès importants plus riches de tous les pays pour lesquels des données
ont été réalisés dans divers domaines liés aux décisions régionales sont disponibles. En France, en Espagne et
prises au niveau de l’Union européenne, notamment en Italie, les dépenses publiques sont réparties encore
dans les services de transport et le système financier. plus inégalement que les dépenses privées et sont ainsi
le principal vecteur de disparités.
Par leurs politiques d’affectation des ressources fon-
dées sur la dépense, les Etats membres peuvent influer Le résultat net est un renforcement des disparités
sur les systèmes de production et de consommation existantes à l’intérieur de l’Union européenne, qui contri-
pour parvenir à une utilisation plus optimale des res- bue à un cercle vertueux d’innovation et de compétitivité
sources en termes économiques et sociaux. Avec une dans les régions les plus prospères. Cela pose un
définition aussi large, presque toutes les dépenses des problème pour la cohésion européenne qui ne sera
Etats membres interviennent dans l’affectation des res- probablement pas résolu au niveau national, et crée une
sources et la plupart sont concernées par les aspects place pour une intervention plus déterminée par l’inter-
sociaux. Ainsi les services offerts à la collectivité et médiaire des politiques structurelles et de R&D de
directement aux ménages ou aux individus (éducation, l’Union européenne, comme le montrera le chapitre 4
santé, sécurité sociale et assistance sociale, services ci-dessous.
collectifs de logement et services culturels) représen-
tent entre 50% et 70% du total des dépenses du gou- Un aspect essentiel de la politique de l’emploi est qu’elle
vernement général dans les Etats membres, ou encore contribue à éviter l’exclusion d’individus du marché du
entre 20% et 30% du PIB national. Ces dépenses à travail et améliore de ce fait la cohésion sociale. Depuis
caractère social jouent aussi un rôle redistributif impor- le Conseil européen d’Essen, en décembre 1994, les
tant au sein des Etats membres, et soutiennent souvent Etats membres de l’Union ont coordonné leurs politiques
le niveau de consommation des groupes à bas revenu de l’emploi au sein d’un cadre communautaire qui a pour
qui contribuent moins à leur financement, du fait d’une objectif d’opérer une réforme structurelle du marché du

52
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

travail. Les efforts se sont concentrées dans cinq grands – afin d’améliorer l’efficacité de la politique du marché
domaines prioritaires: du travail, la plupart des Etats membres cherchent à
rééquilibrer les dépenses au détriment des
– en ce qui concerne l’amélioration des qualifications dépenses passives de soutien du revenu, et en
de la main-d’oeuvre, les Etats membres ont renforcé faveur de mesures actives visant à insérer les chô-
les mesures financières et budgétaires destinées à meurs dans des emplois rémunérés. Dans certains
pousser les entreprises à accroître leur investisse- cas, ces efforts ont cherché à éliminer les désincita-
ment dans la formation professionnelle. Certains tions en rendant plus strictes les règles d’éligibilité
Etats membres ont aussi lancé de vastes réformes aux allocations-chômage, en particulier en liaison
de leurs systèmes de formation professionnelle tan- avec le refus d’accepter des offres d’emploi. Dans
dis que d’autres ont fortement accru le nombre de d’autres cas, l’éventail des instruments de politique
places disponibles dans les établissements de for- économique a été renforcé et diversifié, avec des
mation. Des mesures spécifiques ont été introduites programmes de formation professionnelle, des aides
pour améliorer les niveaux de formation des jeunes, à l’emploi, des offres d’emploi temporaire, une aide
en particulier grâce au système de l’apprentissage à la recherche d’un emploi et au démarrage d’entre-
et à des formations combinant une expérience de prises. Dans certains Etats membres, des réformes
travail et une formation formelle; ont été engagées pour améliorer l’efficacité des ser-
vices de l’emploi, grâce à une plus grande décen-
– afin de promouvoir une croissance à plus forte tralisation, à une déréglementation et à une plus
intensité d’emploi, certains Etats membres ont en- grande concentration sur les besoins de groupes
couragé les partenaires sociaux à passer un accord particuliers.
officiel sur des horaires de travail plus flexibles et
plus courts. Dans d’autres cas, des réformes de la Dans tous les domaines qui viennent d’être mentionnés,
réglementation ont été entreprises pour faciliter le la priorité a été donnée aux actions en faveur de la
recours au temps partiel et d’autres types flexibles réinsertion des groupes les plus défavorisés, tels que
de travail. L’expansion des services dans les sec- les jeunes demandeurs d’emploi et les chômeurs de
teurs sociaux, des services collectifs et des services longue durée, et aux actions destinées à garantir une
d’aide ménagère et de garde à domicile a été encou- égalité des chances effective entre hommes et femmes
ragée dans certains Etats membres, à l’aide de di- dans une carrière professionnelle.
vers moyens dont une réforme de la réglementation,
des incitations fiscales et l’utilisation de
Les politiques régionales
chèques-service;
propres aux Etats membres
– afin de réduire les coûts de main-d’oeuvre, dans les
cas où ils constituent un obstacle potentiel à la La plupart des Etats membres mènent une politique
création d’emplois, surtout à l’extrémité inférieure de propre d’aide aux régions moins développées ou visant
l’échelle des qualifications et des salaires, plusieurs à atteindre d’autres objectifs spatiaux. Ces politiques
Etats membres ont diminué le niveau des cotisations sont conçues et mises en oeuvre différemment, dans
sociales pour divers groupes de travailleurs, notam- des contextes nationaux spécifiques. Dans certains
ment les salariés peu rémunérés et les personnes pays, elles prennent la forme d’incitations à l’investisse-
défavorisées sur le marché du travail. Dans divers ment dans les régions; dans d’autres, surtout en France,
cas, une exemption totale ou partielle de cotisations elles sont de portée plus large et comprennent des
a été introduite afin d’encourager l’embauche de politiques d’aménagement du territoire impliquant des
jeunes ou de chômeurs de longue durée; dépenses d’infrastructures. Les objectifs des politiques
régionales sont une réduction des disparités de déve-
– afin de parvenir à un objectif similaire, c’est-à- loppement économique par l’encouragement de l’inves-
dire de réduire les charges ou les taxes frappant tissement dans les régions relativement pauvres et une
la main-d’oeuvre pour abaisser le coût du travail diminution des disparités de chômage, surtout celui lié
et stimuler ainsi la création d’emplois, on tente à la restructuration de l’industrie, mais aussi du sous-
dans plusieurs Etats membres de déplacer la emploi dans les régions arriérées. Dans certains Etats
charge fiscale des salariés vers d’autres sources membres, des problèmes démographiques et
en élargissant la base de l’impôt. Des taxes dites géographiques, en particulier la périphéricité et le ris-
«vertes» (comme la nouvel le taxe sur les que d’émigration qui lui est lié, jouent aussi un rôle
décharges au Royaume-Uni) ont été introduites majeur. Enfin, la politique urbaine, surtout au Royaume-
ou sont sur le point de l’être dans certains pays Uni et en France, s’attaque à des problèmes liés à la
afin de remplacer une partie des cotisations dégradation de l’environnement physique et social dans
sociales prélevées sur les employeurs; le centre des agglomérations urbaines.

53
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

En ce qui concerne les politiques d’incitations régio- sairement que l’importance des politiques à vocation
nales, qui sont communes à tous les Etats membres, les territoriale décline globalement dans ces pays.
subventions sont généralement très faibles, représen-
tant entre 1% et 4% du total des dépenses de l’Etat. Les politiques nationales d’incitations régionales ont
Toutefois, en Italie, en Allemagne et en France, les joué un rôle indispensable en promouvant la cohésion
subventions représentent moins de 40% du total des à l’échelle de l’Union européenne. Les enseignements
dépenses d’aide aux régions, si bien que les incitations tirés et les expériences acquises à propos de la politique
régionales sont globalement plus élevées dans ces régionale au niveau national ont contribué de façon
Etats membres. C’est en Allemagne et en Italie, les importante à étayer les politiques de solidarité et la
grandes économies «duales», qu’on trouve les dé- qualité des actions au niveau de l’Union. En outre, dans
penses les plus fortes, représentant près des deux tiers la mesure où elles aident leurs régions les plus défavo-
du total entre 1989 et 1993 (graphique 21), bien qu’en risées, les politiques des Etats membres contribuent à
Italie elles connaissent une baisse notable. Pendant la la convergence et à la cohésion au niveau européen.
même période, les quatre pays de la cohésion représen- Mais si elles sont nécessaires du point de vue de la
taient globalement le cinquième des dépenses totales cohésion au plan européen, les politiques nationales ne
consacrées aux incitations alors qu’ils comptaient à eux sont pas suffisantes.
tous presque le sixième de la population totale et repré-
sentaient un peu plus du dixième du PIB total de l’Union En premier lieu, puisqu’ils se heurtent à des problèmes
européenne. Dans ces Etats membres, le montant du généraux de manque de compétitivité sur une bonne
soutien régional est largement déterminé par les exi- partie de leur territoire, l’intensité des dépenses dans les
gences de cofinancement des politiques de cohésion pays de la cohésion, exprimée par habitant dans les
de l’Union. régions aidées, ne leur donne pas toujours un avantage
significatif par rapport à de nombreuses régions des
Une analyse intertemporelle révèle que les Etats mem- Etats membres du nord. Ces derniers concentrent leurs
bres consacrent une fraction de plus en plus faible de ressources sur une population plus restreinte habitant
leurs dépenses budgétaires aux incitations régionales dans leurs régions les plus touchées, qui abritent en
à l’investissement, à mesure que le temps passe. Dans général de 20% à 40% de la population totale et où l’on
une perspective à plus long terme, c’est particulière- trouve souvent certains des taux de chômage les plus
ment vrai au Danemark, aux Pays-Bas et au Royaume- élevés de l’Union et d’autres problèmes structurels
Uni. Etant donné que les subventions ne constituent pas graves. En conséquence, les dépenses par habitant
l’instrument de soutien le plus important en Allemagne, sont plus élevées dans les parties aidées de l’Italie, de
en Italie et en France, où le niveau absolu des dépenses l’Allemagne ou du Luxembourg que dans les pays de la
se situe parmi les plus élevés, et que l’évolution inter- cohésion (graphique 22). Dans l’ensemble de l’Union
temporelle des autres mesures d’aide n’est pas connue, européenne, cela a eu tendance à signifier que la
une réduction des subventions n’implique pas néces- concentration des ressources sur les régions aidées où
le PIB est le plus faible n’est pas aussi nette qu’elle le
pourrait. En effet, comme on le montre plus loin, un
manque de capacités budgétaires a réduit l’impact des
politiques de cohésion de l’Union qui permettent des
21 Montants annuels moyens des aides
régionales des Etats membres, 1989-93 (en
taux d’intervention plus élevés dans les Etats membres
millions d'ECU aux prix de 1993) relativement pauvres. Par suite, l’obtention de subven-
GR
tions régionales est déterminée au moins autant par les
UK IRL
F
B
P
Etats membres dans lesquels la région est située que
N IRL
L
NL
E
par les besoins. Toutefois, avec l’aide des Fonds struc-
DK
turels de l’Union européenne, les Etats membres relati-
vement pauvres ont été de plus en plus à même d’offrir
une aide à l’investissement régional comparable à celle
D (Ouest)
accordée dans de nombreuses régions du nord.

En deuxième lieu, en l’absence d’un avantage décisif en


matière d’incitations, les Etats membres relativement
D (Est) faibles éprouvent plus de difficultés à rivaliser avec les
I Etats membres du nord où les réseaux de fournisseurs
sont plus développés et, en ce qui concerne les services
à la production, souvent de meilleure qualité. La supé-
riorité des infrastructures commerciales se trouve
probablement derrière les résultats des recherches qui

54
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

trouvent que l’efficacité des dépenses régionales et la L’analyse suggère que les disparités régionales,
qualité de l’investissement étranger direct attiré (en compte tenu des effets des impôts et des dépenses
termes de facteurs tels que l’autonomie dans la prise de publiques passant par le canal des budgets nationaux,
décisions ou la capacité d’innovation) sont d’autant plus sont inférieures de 20% à 40% aux disparités du PIB
élevées que l’économie est plus développée. Les pays régional par habitant (carte 12, qui montre des estima-
et régions qui attirent depuis longtemps les investisse- tions des sommes nettes transférées en 1993). Les
ments étrangers directs et ont eu l’expérience politiques budgétaires des Etats membres contribuent
d’agences régionales de développement, comme donc à la cohésion, mais essentiellement au niveau
l’Ecosse et l’Irlande, ont réussi à attirer des investisse- national.
ments de qualité plus élevée.
Les politiques nationales visent surtout certains aspects
En troisième lieu, la disponibilité générale des subventions de la cohésion sociale et ont des effets indirects sur la
risque d’engendrer des pertes sèches, les investisseurs cohésion régionale. Les résultats d’études suggèrent
nouveaux venus recevant des subventions supérieures au que même si les dépenses publiques représentent entre
niveau requis pour rendre leur investissement rentable, en 40% et 60% du PIB national, les transferts nets entre
raison de la concurrence entre pays en matière de subven- régions sont beaucoup plus faibles, équivalant à 4% du
tions. Enfin, compte tenu des problèmes particuliers des PIB des régions donatrices ou à 8% de celui des régions
zones urbaines, le degré de réussite de la politique urbaine bénéficiaires.
semble inférieur à celui de la politique régionale en général.
Dans la mesure où les politiques nationales de redistri-
bution rapprochent les revenus régionaux et les revenus
personnels disponibles de la moyenne nationale, elles
3.4 La redistribution rapprochent aussi au niveau européen les disparités
régionales des disparités entre Etats membres. Par
Les politiques de redistribution des Etats membres suite, elles ont un rôle important à jouer pour promouvoir
modifient la répartition du revenu entre les personnes la convergence et la cohésion entre régions au niveau
par l’intermédiaire des impôts et des allocations. Du fait communautaire.
de ces politiques, la répartition du «revenu personnel
disponible» peut différer fortement de la répartition du Dans le même temps, elles ne peuvent remplacer les
revenu avant impôts et allocations. politiques menées au niveau de l’Union européenne.
Comme elles sont organisées dans une optique fonda-
C’est au niveau des régions qu’on peut percevoir clairement mentalement nationale, les transferts ne sont pas systé-
les effets de ces politiques. Comme les impôts payés sont matiquement reliés à des différences de PIB au niveau
proportionnels ou même progressifs par rapport au revenu, européen. Par exemple, la région de l’East Anglia, au
alors que les allocations tendent à être constantes ou même Royaume-Uni, a un niveau de prospérité proche de celui
à diminuer avec le revenu, elles impliquent des transferts de la Bretagne, en France, et les deux se situent juste
implicites involontaires mais importants des régions à revenu
élevé vers les régions à faible revenu. De ce fait, la répartition
régionale du revenu personnel disponible par habitant au
22 Dépense annuelle moyenne par habitant
sein des Etats membres tend à être plus égale que la dans les régions aidées, 1989-93
répartition du PIB par habitant. Par exemple, l’Irlande du
Nord, qui est la région la plus pauvre du Royaume-Uni, a un ECU par habitant de la population éligible
140 (aux prix de 1993) 140
PIB par habitant égal à 68% de celui du South-East, région
la plus riche; mais son revenu personnel disponible après
120 120
transferts est égal à 85% de celui de l’autre région. De même,
en France, le Languedoc-Roussillon passe de 55% du PIB
100 100
par habitant de l’Ile de France à 71% du revenu personnel
disponible par habitant de celle-ci.
80 80

Les effets redistributifs au niveau interpersonnel résul-


60 60
tent aussi des dépenses consacrées à la fourniture des
biens et services collectifs, qui sont gratuits ou offerts à 40 40
des prix subventionnés au lieu de consommation. La
redistribution interrégionale de ces dépenses n’est pas 20 20
transparente et ne peut être trouvée dans les comptes
publics. Elle a donc dû être estimée pour le présent 0 0
rapport. GR E IRL P D (E) D (W) I B DK F L NL UK N IRL

55
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

Carte 12
Transferts nets entre régions dans certains Etats membres, 1993

SPA

EUR(15) = 6.5
Ecart-type = 1041
S, F DOM: 1991

56
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

au-dessus de la moyenne de l’Union. Mais en ce qui rités de revenu et d’emploi au niveau national et, indirec-
concerne les transferts, leur situation est très différente. tement, au niveau communautaire. Par dessus tout, elles
La région de Bretagne reçoit des transferts nets équiva- représentent la première ligne de défense de l’Union
lents à environ 3% de son PIB de l’Etat français, tandis contre la pauvreté. Les données empiriques du chapitre
que l’East Anglia transfère l’équivalent de 3% de son PIB 2 suggèrent qu’en dépit d’une situation économique
(à nouveau, en termes nets) à l’Etat britannique. difficile, ces politiques n’ont pas réussi à éviter un élar-
gissement des disparités régionales et sociales internes
Le rôle des politiques de redistribution des Etats mem- dans les Etats membres.
bres est de corriger des inégalités fondamentales de
revenu et d’élargir les opportunités et l’accès aux ser- Cela a inévitablement des effets négatifs sur la qualité
vices. Elles remplissent une tâche essentielle au plan de vie de certaines fractions de la population et sur la
social, surtout lorsque l’on constate la nécessité de cohésion nationale, ainsi que sur la cohésion dans
combattre la pauvreté dans l’Union, comme il a été dit l’ensemble de l’Union. Cela offre aussi le risque supplé-
au chapitre 2. Cela signifie que les dépenses qui contri- mentaire d’affaiblir les efforts globaux réalisés au niveau
buent à la consommation prédominent par rapport à européen pour encourager la solidarité, dans la mesure
celles qui encouragent l’investissement. C’est l’une des où cela contribue au sentiment de désaffection dans les
différences avec les politiques communautaires qui régions défavorisées et parmi les chômeurs et les pau-
s’intéressent surtout à ce dernier. vres.

Le fait de trouver un équilibre des dépenses publiques Comme il a été indiqué dans l’introduction de ce chapi-
entre les aspects «économiques» et les aspects tre, d’importantes contraintes ont pesé sur la capacité
«sociaux» est une difficulté permanente à laquelle sont des gouvernements européens à mener une politique
confrontés les responsables nationaux. Ainsi, par exem- économique indépendante au cours des quelque dix
ple, l’incapacité à réaliser pendant des décennies un dernières années. Néanmoins, les observations qui pré-
changement structurel dans l’Italie méridionale malgré cèdent donnent des arguments pour qu’on conduise de
des transferts de grande ampleur, qui ont néanmoins nouvelles réflexions communes sur des réponses
servi à réduire les disparités de revenu disponible entre appropriées en matière de politique économique.
les ménages, semble offrir un bon exemple d’excès de
dépenses sociales et d’insuffisance de dépenses éco- En particulier, elles attirent d’abord l’attention sur le rôle
nomiques. joué par les politiques budgétaires au cours de la der-
nière décennie. Un des résultats réside dans le fait que
En Italie, un nouvel équilibre a maintenant été trouvé, qui la charge financière de remboursement de la dette
réduit l’accent mis sur de purs transferts de revenu publique a augmenté en moyenne dans une proportion
difficiles à maintenir à long terme. Cela a signifié, en égale à 1,2 points en pourcentage du PIB. Dans certains
réalité, que les politiques adoptées en faveur des ré- Etats membres tels que la Grèce, la Finlande et l’Italie,
gions les plus pauvres du Mezzogiorno opèrent de plus les changements ont été plus spectaculaires. Dans le
en plus selon une impulsion donnée par la Communauté cadre de l’union économique et monétaire, les budgets
qui insiste sur les progrès structurels et la compétitivité. nationaux devront être gérés de façon à soutenir la
Comme il a été souligné plus haut, dans les quatre Etats stabilité économique et à maintenir les taux d’intérêt à
membres les plus pauvres de l’Union, la priorité politique un bas niveau tout en conservant une flexibilité suffi-
donnée aux dépenses de soutien de la compétitivité et sante pour contribuer à atténuer les creux et sommets
du développement économiques régionaux, face aux cycliques de l’activité économique. La discipline bud-
pressions concurrentes sur le budget national, peut de gétaire est donc un objectif essentiel à moyen terme et
même être imputée à l’impulsion donnée par les politi- plusieurs Etats membres ont déjà annoncé leur intention
ques établies par l’Union européenne. de maintenir l’équilibre ou même l’excédent des
finances publiques, en partie pour se préparer à réagir
aux effets à long terme du soutien d’une population
vieillissante.
3.5 Quelques
En deuxième lieu, parmi les amples ressources dont ils
remarques pour conclure disposent au niveau national, les Etats membres consa-
crent généralement d’assez faibles sommes à des dé-
L’analyse qui précède a fourni une vue d’ensemble de penses visant des services économiques stratégiques
certains des instruments de politique économique et (politique régionale, recherche et développement, pro-
des choix politiques déployés au niveau national pour motion des échanges internationaux, etc.) qui contri-
s’attaquer à des questions de cohésion économique et buent à remédier à des problèmes de compétitivité à
sociale. Ces politiques contribuent à réduire les dispa- long terme. La question de l’équilibre correct entre les

57
Chapitre 3 Les politiques des Etats membres et la cohésion: vue d’ensemble

actions curatives qui visent à remédier aux problèmes


de cohésion et les actions préventives qui cherchent à
les éviter peut mériter de plus amples réflexions dans ce
contexte.

A cet égard, l’Union a cherché à donner une impulsion


en renforçant à l’intérieur de tous les Etats membres la
priorité accordée aux actions entreprises pour encoura-
ger l’investissement utile à la croissance. Dans les Etats
membres relativement faibles, les contraintes budgé-
taires ont toutefois inévitablement limité leur capacité
d’entreprendre le rééquilibrage indispensable en faveur
des dépenses stratégiques, avec toute l’ampleur qu’im-
pose le rattrapage par rapport au reste de l’Union. Sur
ce point, les interventions de l’Union offrent une aide
financière pour des améliorations de grande portée,
dans les domaines des infrastructures et du capital
humain.

58
Chapitre 4
Les politiques de l’Union européenne

– les mesures visant à accroître la compétitivité


Introduction — programme du marché unique, ou du marché
intérieur, recherche et développement, politique
Une manifestation évidente du processus d’intégration de la concurrence, politiques industrielle et
européenne est l’étendue des domaines pour lesquels commerciale;
les Etats membres ont pris la décision délibérée de
poursuivre une politique commune. Dans chaque cas, il – les politiques des réseaux — transports, télécommu-
existe un ensemble spécifique d’objectifs, dont on peut nications, énergie;
faire remonter l’origine, du moins en un sens formel, aux
dispositions des Traités. Ces politiques comprennent – les mesures visant à améliorer la qualité de vie
celles qui sont spécifiquement ciblées sur l’amélioration — politique sociale, éducation et formation, protec-
de la cohésion, et qui feront l’objet d’une analyse détail- tion et amélioration de l’environnement.
lée au chapitre 5. Les autres politiques, qui sont exami-
nées dans le présent chapitre, ont d’autres objectifs,
même si, dans certains cas, tels que celui des pro-
grammes relatifs aux réseaux transeuropéens, ils 4.1 Politiques agricole et de la pêche
comportent une référence explicite à la cohésion. Mais
même lorsque la cohésion ne fait pas explicitement
partie des objectifs, les différentes régions et les divers L’agriculture
groupes sociaux tendent à ne pas être touchés de la
même façon. En termes de dépense, la politique la plus importante de
l’Union européenne concerne ses interventions sur les
L’analyse qui suit n’a pas pour objet de procéder à marchés agricoles dans le cadre de la Politique agricole
une évaluation critique, sous l’angle de la cohésion, commune (PAC). Le soutien du marché, ou la «Section
de politiques conçues pour atteindre d’autres objec- Garantie» du FEOGA (le Fonds agricole de l’Union
tifs. Elle a plutôt pour but d’examiner comment, et européenne), absorbait à lui seul près de la moitié du
dans quelle mesure, ces politiques ont contribué à budget total de l’Union en 1994.
renforcer les objectifs de cohésion et de considérer
si, et à quelles conditions, elles pourraient faire plus En garantissant le développement ordonné des mar-
à cette fin sans être détournées de leurs objectifs chés, et en éliminant l’incertitude dans un secteur
premiers. C’est une question importante à une épo- caractérisé par de longs délais dans les processus de
que où les budgets publics sont soumis à des pres- production, la PAC a contribué à assurer depuis plu-
sions continuelles, à la fois aux niveaux national et sieurs décennies l’approvisionnement alimentaire des
communautaire. En termes financiers et d’efficience, citoyens européens. Elle a aussi soutenu et stabilisé les
il est raisonnable de prendre en compte, lorsque que revenus dans un secteur où l’emploi a été constamment
cela s’avère pertinent, les effets sur la cohésion au menacé (voir chapitre 2) et où il n’y a guère d’alternative
moment de la conception des mesures et de tirer offerte. La PAC a eu un effet décisif sur l’activité du
parti de toutes les possibilités d’atteindre plusieurs secteur: la moitié de la valeur de la production agricole
objectifs avec un ensemble d’actions donné. est imputable à ces transferts, selon les estimations
disponibles.
Les politiques de l’Union examinées diffèrent fortement
quant à leur nature et leur champ, mais peuvent être en La PAC a aussi été la politique sectorielle de l’Union qui
gros regroupées sous quatre rubriques: a impliqué la plus vaste redistribution du revenu entre
citoyens européens. Le soutien financier direct à partir
– l’agriculture et la pêche; du budget de l’Union se traduit par un transfert de

59
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

revenu des consommateurs et des contribuables vers transferts des Etats membres au budget agricole de
les producteurs agricoles. L’écart entre les prix inté- l’Union européenne) opérés par les mesures de la PAC
rieurs et ceux du marché mondial, lorsque ceux-ci exis- relatives au marché ont été estimés par des experts
tent et quant ils peuvent être considérés comme des prix extérieurs pour la période allant de 1989 à 1994 (les
de référence valables, aboutit aussi, mathématique- difficultés méthodologiques de l’exercice sont présen-
ment, à un tel transfert. Les mesures directes destinées tées en annexe au présent rapport). Les données
à améliorer la compétitivité à long terme du secteur contiennent dès lors des informations pour les périodes
agricole sont un aspect distinct, même s’il n’est pas sans antérieure et postérieure aux réformes de 1992 (voir
lien avec l’autre composante, de la PAC. Elles font annexe). Toutefois, les réformes ne sont pas le seul
spécifiquement l’objet d’une autre partie du budget du facteur qui a influé sur la configuration des transferts.
FEOGA, la «Section Orientation», dont le but est l’amé- Beaucoup d’autres facteurs déterminent les résultats de
lioration des structures agricoles. Celle-ci n’implique l’agriculture dans un pays donné, à une période donnée
qu’une proportion relativement faible du budget agricole et, par conséquent, les gains et pertes nets dus à la PAC.
(autour de 8–9%) de l’Union et ses effets seront exami-
nés plus loin, dans le chapitre 5. La configuration des transferts entre
Etats membres
La PAC est une politique évolutive. Les développements
les plus récents sont intervenus avec les réformes de la Les transferts opérés par la PAC peuvent être estimés
politique agricole de 1992, qui ont eu des effets sur la pour 1994, année la plus récente pour laquelle des
nature et l’ampleur des transferts implicites. Les données complètes sont disponibles. C’est une année
réformes de 1992 s’attaquaient au problème de l’aug- intéressante parce que c’est la première année
mentation des excédents pour de nombreux produits complète pendant laquelle le nouveau régime de la PAC
agricoles, en réduisant le soutien des prix et en affaiblis- a été en vigueur, même si sa mise en oeuvre intégrale
sant la relation entre les paiements et le volume de n’est intervenue qu’en 1995/1996. Les estimations des
production au profit d’un soutien plus direct du revenu gains et des pertes globaux effectuées par les experts
des agriculteurs. externes donnent les résultats suivants:

Comme il a été dit, par un soutien indirect des agri- – les transferts nets ont été positifs en 1994 pour cinq Etats
culteurs, prenant la forme de prix généralement membres. Classés par ordre de montant des transferts
supérieurs aux cours mondiaux, et par un soutien en valeur absolue, ce sont la Grèce, l’Espagne, l’Irlande,
direct sous la forme du versement de subventions, la France et le Danemark. Toutefois, l’explication des
la PAC implique aussi de larges transferts entre transferts varie d’un pays à l’autre au sein de ce groupe.
Etats membres et régions, secteurs économiques et En règle générale, les Etats membres du nord, surtout le
groupes sociaux. Dès lors, la PAC a des effets sur la Danemark et l’Irlande, profitent davantage des transferts
cohésion. L’analyse qui suit considère les effets de dus aux échanges internationaux en raison de modes
premier ordre de ces transferts avant d’en examiner de spécialisation qui favorisent la production dans les
d’autres. secteurs relativement plus protégés. Les Etats membres
du sud, la Grèce et l’Espagne, tendent à bénéficier de
Le mécanisme par lequel ces transferts provenant du paiements directs. La France tire aussi des gains impor-
commerce extérieur se produisent est particulièrement tants des échanges internationaux — en 1994, parmi
complexe: en premier lieu, les contribuables d’un Etat tous les Etats membres, elle bénéficiait de l’effet positif le
membre subventionnent les producteurs du pays et des plus grand des échanges réalisés avec les partenaires
autres nations de l’Union par l’intermédiaire de paie- de l’Union — mais reçoit plus encore sous la forme de
ments directs et du refinancement des exportations. En paiements directs;
deuxième lieu, les consommateurs subventionnent les
producteurs nationaux par l’intermédiaire d’achats de – les transferts nets étaient négatifs pour les sept autres
denrées alimentaires produites dans le pays, mais ils Etats membres. Dans ce groupe, les trois grands Etats
subventionnent aussi les producteurs dans les autres membres, l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni, fournis-
Etats membres par le biais des importations intra- saient des contributions brutes importantes au budget
européennes de produits agricoles. Le revenu est ainsi agricole de l’Union européenne tout comme la France.
transféré entre Etats membres en fonction de leurs dif- Mais à la différence de celle-ci, les effets des échanges
férents systèmes de production et de consommation internationaux étaient négatifs dans chaque cas tandis
(transferts nets liés aux échanges internationaux). que les paiements directs étaient nettement plus faibles.
Les pays du Bénélux profitaient tous d’effets positifs des
Les transferts nets liés aux échanges internationaux et échanges internationaux. En Belgique et au
d’autres transferts de revenu (paiements directs dans Luxembourg, l’agriculture est relativement spécialisée
certains secteurs, comme ceux du tabac et du coton, et dans des produits plus protégés, mais cela était plus que

60
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

Le développement des mesures relatives


au marché dans le cadre de la PAC

Traditionnellement, la PAC était surtout fondée sur le soutien des prix des produits agricoles sur le marché. Cette
démarche particulière de la politique agricole, directement liée à l’offre intérieure, a réussi à engendrer une rapide
augmentation de la production agricole et une autosuffisance au sein de l’Union.
Dans les premières années de la PAC, la protection aux frontières, en dehors du fait qu’elle permettait d’accroître
les prix intérieurs et les revenus agricoles, fournissait aussi une source supplémentaire de ressources financières
pour le budget de l’Union européenne. Les coûts de cette politique étaient supportés presque exclusivement
par les consommateurs. A partir de la fin des années soixante, l’expansion de la production communautaire par
rapport à la demande intérieure a engendré des excédents de produits laitiers, de viande et de céréales qui ont
conduit l’Union à devoir prendre des mesures pour encourager les exportations. En réalité, les consommateurs
et les contribuables européens étaient confrontés à une situation de soutien permanent des revenus des
agriculteurs par des prix agricoles supérieurs aux cours mondiaux, combinée à des coûts croissants pour les
excédents prenant la forme de subventions à l’exportation, de coûts de stockage et de coûts de destruction.
Face à ce changement de situation, le Conseil des Ministres de l’Union européenne a décidé en 1984 d’introduire
des quotas de production pour les producteurs de produits laitiers afin de limiter les coûts budgétaires qui étaient
particulièrement élevés dans ce secteur. En restreignant directement l’offre, on atteignait l’objectif de réduction
des excédents et des coûts associés à ceux-ci, mais cela ne modifiait guère les structures de base de l’agriculture.
De nouveaux pas sur la voie d’un équilibrage de l’offre et de la demande ont été franchis quelques années plus
tard, en retirant des terres de la production par un système de mise en jachère. Si cela permettait d’économiser
des dépenses budgétaires, l’efficience globale du secteur agricole ne s’en trouvait pas améliorée.
Face aux pressions incessantes, y compris le fait que les effets de la PAC étaient très variables dans les différentes
parties de l’Union, une réforme majeure a été introduite en 1992 avec des effets sur d’importants secteurs de
production de l’agriculture européenne: les céréales, les oléagineux et les viandes. Son objectif principal était
d’équilibrer l’offre et la demande en donnant un plus grand rôle au mécanisme du marché. La réforme cherchait
aussi à rompre le lien entre le soutien aux agriculteurs et le volume de production.
Les paiements effectués aux agriculteurs reposent aujourd’hui sur les rendements passés. Toutefois, les
paiements compensatoires restent liés à la superficie cultivée par chaque agriculteur, mais sont limités par des
plafonds régionaux ou individuels. En conséquence, le soutien aux agriculteurs n’est pas totalement déconnecté
de la production. Dans le même temps, des mesures d’accompagnement cherchent à réduire l’offre excédentaire
et à améliorer l’environnement en favorisant des pratiques agricoles moins intensives, le reboisement de terres
agricoles et des systèmes de retraite anticipée pour les agriculteurs.

Estimations des transferts nets dans le cadre de la politique agricole commune

Le calcul des transferts liés à la PAC, exécuté par des experts extérieurs, implique un certain nombre
d’hypothèses simplificatrices. Cela s’est avéré nécessaire en raison de la spécificité des différents marchés
agricoles. En particulier, plusieurs produits agricoles n’ont pas de prix de référence international.

Transferts entre Etats membres

Les transferts nationaux des contribuables sont estimés en attribuant à chaque Etat membre une part du budget
«agricole» de l’Union égale à la part de sa propre contribution au budget «général» de l’Union. Les transferts
des consommateurs sont calculés en multipliant la production disponible pour la consommation de chaque
produit dans chaque pays par le «prix de soutien» de l’Union. Le «soutien total» est fondé sur les données
utilisées par l’OCDE pour calculer les EPS (équivalents soutien aux producteurs) et les ECS (équivalents soutien
aux consommateurs). Mis en place avant les accords de l’Uruguay Round, ils ne prennent pas complètement
en considération le lien entre les prix dans l’Union et les prix mondiaux. En conséquence, les prix de soutien de
l’Union pourraient être surestimés. L’OCDE ne calcule pas des taux de soutien pour les fruits, les légumes, le vin
et l’huile d’olive, de sorte que ces données ont dû être estimées.

Transferts entre régions

L’hypothèse suivante a été retenue: la consommation alimentaire par habitant est égale dans toutes les régions
d’un Etat membre et le taux moyen de taxation est égal dans toutes les régions. Les deux hypothèses peuvent
conduire à une sous-estimation de la charge pesant sur les régions plus riches par comparaison aux régions
plus pauvres. Des hypothèses plus élaborées auraient donc pu permettre de détecter des effets de cohésion
plus importants.

61
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

compensé par les effets négatifs des transactions réforme, et cela a été le principal facteur qui l’a fait
concernant le budget agricole. passer du statut de contributeur net à celui de bénéfi-
ciaire net, mais elle a aussi tiré des recettes importantes
Les données suggèrent que la situation s’est modifiée liées aux échanges internationaux.
avec le temps. Pour les cinq Etats membres pour
lesquels les transferts sont actuellement positifs, tous Par contre, l’un des quatre pays de la cohésion, le
ont connu une augmentation de ceux-ci pendant la Portugal, est resté un perdant net du fait de la PAC
période. Dans le cas de l’Espagne et de la France, l’effet même après la réforme, en dépit de faibles contributions
a été de les faire passer d’une situation de perte nette à budgétaires. L’emploi élevé dans l’agriculture y est
une situation de gain net. Pour les autres Etats membres, compensé par une productivité agricole très faible, qui
la situation de perte nette s’est maintenue et seul le se combine avec une structure de production aboutis-
Royaume-Uni a vu ses pertes nettes fortement réduites, sant à un niveau relativement faible de paiements
surtout pendant la période qui a suivi la réforme. directs et à une structure d’exportations de produits
agricoles telle que le niveau de protection des prix est
La situation des quatre Etats membres également bas.
les plus faibles de l’Union
Globalement, il apparaît que dans la gestion des marchés
A priori, on pourrait s’attendre à ce que les pays de la agricoles de l’Europe, la PAC a eu pour effet de créer un
cohésion profitent de la PAC ne serait-ce que parce système de transferts implicites procurant des transferts de
qu’ils comptent proportionnellement plus d’agriculteurs revenu positifs à trois des quatre Etats membres les plus
que les pays plus prospères et plus urbanisés du nord. pauvres. Avec les réformes de 1992, l’effet de cohésion a
Dans le passé, cela a été compensé par un système de été renforcé, notamment en transformant l’Espagne en un
soutien à l’intérieur de la PAC qui était relié à la produc- bénéficiaire net. Dans le même temps, les avantages
tion de certains produits d’élevage et des céréales. Ce s’orientent vers deux des pays les plus prospères de l’Union,
sont des produits particulièrement importants, pour des le Danemark et la France, qui ont tous deux profité d’amé-
raisons climatiques ou autres, dans les Etats membres liorations importantes dans la période qui a suivi l’introduc-
du nord. Les réformes de 1992 se sont largement écar- tion de la PAC, tandis que l’un des deux pays les plus
tées de ce système et la configuration des transferts à pauvres et les plus agraires, le Portugal, reste un perdant
laquelle elles ont donné naissance semble avoir produit net. Et quand les transferts sont exprimés par rapport à une
le résultat attendu, qui était d’accroître le soutien donné unité agricole standard («unité de travail agricole» ou UTA),
aux pays relativement pauvres, comptant plus d’agri- l’intensité du soutien est actuellement la plus forte pour le
culteurs. En particulier, elle a réduit la charge supportée Danemark, l’un des Etats membres les plus prospères de
par les consommateurs des pays méditerranéens rela- l’Union européenne.
tivement pauvres, en diminuant les prix courants des
céréales et des viandes de boeuf et de veau pour Il demeure toutefois possible que l’amélioration en
lesquels ces pays sont importateurs nets. Les pays très termes de cohésion puisse devenir plus grande à
dépendants de l’agriculture ont aussi profité du passage mesure que la réforme se consolidera, mais cela devra
à des paiements directs financés par les contribuables. être vérifié lorsque des informations supplémentaires
deviendront disponibles.
Par suite, comme il a été exposé ci-dessus, trois des
Etats membres les plus pauvres, la Grèce, l’Espagne et Configurations régionales
l’Irlande, ont été des bénéficiaires nets de la PAC en
1994 alors qu’ils n’étaient que deux, la Grèce et l’Irlande, La PAC a aussi un effet différent sur les diverses régions
précédemment. Pour la Grèce, les gains proviennent de de l’Union et sur les zones dans lesquelles l’agriculture
la conjonction entre des paiements directs élevés (sur- est concentrée, bien que, pour des motifs tenant à la
tout aux producteurs de coton et de tabac) et une faible disponibilité des données, il soit impossible de mesurer
contribution au budget. Elle a éprouvé des pertes (assez les effets dans ces dernières. Lorsqu’on examine la
faibles) en matière d’échanges extérieurs, en raison du situation de chaque Etat membre pris individuellement,
plus faible taux de protection de ses produits d’expor- il est possible de discerner un effet positif de la politique
tation (surtout des fruits et légumes) et de la protection suivie sur la répartition du revenu entre régions
plus élevée dont bénéficient les produits qu’elle importe (cartes 13 et 14). En règle générale, les régions enregis-
(surtout des produits d’élevage). L’Irlande a tiré des trant des gains nets sont surtout celles où le revenu est
gains de transferts positifs dans le cadre de ses plus bas tandis que les régions où le revenu est plus
échanges extérieurs (elle exporte des produits agricoles élevé comptent le plus fréquemment parmi les per-
hautement protégés), mais elle a aussi profité de sa dantes. A nouveau, cela provient de ce que l’agriculture
contribution relativement faible au budget agricole. est proportionnellement plus importante dans les
L’Espagne a bénéficié de paiements directs après la régions relativement pauvres, alors que les autres acti-

62
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

vités économiques sont plus concentrées dans les Toutefois, la concentration élevée de la population,
zones urbanisées au sein de régions plus prospères (de du revenu et de la consommation dans la région de
fait, la dépendance par rapport à l’agriculture tend à être la ville capitale, l’Ile de France, a atténué certains
inversement proportionnelle au niveau du revenu). En des gains enregistrés par l’ensemble du pays. Dans
outre, les coûts du soutien des prix procuré par la PAC le même temps, les transferts nets aux régions fran-
pour les consommateurs des régions rurales et assez çai ses ont général ement augmenté après l a
pauvres tendent à être plus bas que les avantages réforme. Au Royaume-Uni, la configuration des
qu’obtiennent les agriculteurs qui produisent dans ces transferts nets est très différenciée. Les régions
zones. De ce fait, un flux de revenu passe des régions relativement pauvres (Irlande du Nord et Pays de
riches aux régions pauvres. Galles) sont des bénéficiaires nets, tandis que la
région la plus riche et hautement urbanisée du
Cet effet positif du soutien des prix agricoles sur la South-East est un perdant net. D’un autre côté, la
cohésion régionale au sein des Etats membres a région céréalière de l’East Anglia, qui est l’une des
augmenté au cours de la période qui a suivi la régions les plus riches, gagne, tandis que la région
réforme de 1992. En réalité, le passage à un soutien moins prospère de North England perd. La réforme
direct du revenu, financé par les contribuables, sem- paraît avoir légèrement accentué ces différences.
ble avoir accru les coûts supportés par les riches
régions urbanisées. Ce point est examiné plus en Transferts de revenu entre groupes sociaux
détail ci-dessous.
Un argument traditionnellement avancé en faveur de
Les régions dans les pays de la cohésion la PAC réside dans son effet «social» positif, dans
la mesure où elle se traduit par un transfert de
Dans les quatre Etats membres les plus pauvres, les revenus issus de résidents urbains, plus riches, vers
régions situées en dehors des principaux centres des personnes plus pauvres vivant dans des zones
urbains profitent généralement le plus des transferts rurales. Cela a, de fait, été largement vrai dans de
opérés par la PAC. En conséquence, en Grèce, par nombreux pays dans la mesure où les revenus agri-
exemple, pays qui est globalement un bénéficiaire coles sont plus faibles que les revenus moyens non
net, l’aire métropolitaine d’Attiki a été un perdant net agricoles. L’analyse précédente confirme cela à un
en 1994, en raison de son caractère urbain et de niveau territorial, en ce sens que la politique des prix
l’absence d’agriculture. Au Portugal, pays globale- agricoles de l’Union européenne transfère du revenu
ment contributeur net, deux régions étaient des bé- des régions urbaines plus prospères vers les
néficiaires nets, l’Alentejo et le Centro, qui sont aussi régions rurales plus pauvres.
les régions les plus pauvres du pays. De plus, les
deux régions ont enregistré un accroissement des Cette conclusion doit cependant être complétée par les
transferts nets après la réforme. considérations suivantes. Lorsque les prix intérieurs
sont sensiblement supérieurs aux prix du marché mon-
Dans les autres Etats membres, il existe des variations dial, et si ceux-ci sont effectivement des références
considérables entre régions. En Italie, certaines régions valables, le soutien des prix agricoles peut représenter
relativement riches du nord où l’agriculture est impor- une forme d’impôt régressif sur les consommateurs
tante et très productive — telles qu’Emilia-Romagna et puisque les ménages à faible revenu consacrent une
Veneto — tirent des gains nets de la politique de soutien fraction plus importante de leur budget à l’alimentation.
des prix, tandis que des régions relativement pauvres et En même temps, si le soutien agricole est lié à la capa-
très peuplées du sud, comme Campania, sont des cité de production sans limitation, il transfère aux agri-
perdants nets malgré de vastes secteurs agricoles. Des culteurs un revenu proportionnel à celle-ci, ce qui
régions pauvres et densément peuplées telles que favorise les grandes exploitations par rapport aux
Abruzzo et Basilicata reçoivent d’importants transferts petites. Avant la réforme de la PAC de 1992, lorsque le
nets par habitant. En Allemagne, la situation des régions soutien agricole était assuré essentiellement par les prix
de l’ancienne RDA diffère fortement de celle du reste du intérieurs, certaines estimations suggéraient que 80%
pays. Comme les premières ont un revenu moyen par des transferts allaient aux 20% des exploitations les plus
habitant qui se situe à un niveau bas et comme une frac- rentables et dont le revenu était souvent supérieur à la
tion importante de l’emploi s’y trouve dans l’agriculture, moyenne du revenu non agricole, alors que les petits
elles ont généralement enregistré des gains nets, agriculteurs en tiraient moins parti. Dans ses proposi-
encore accrus avec la réforme. tions pour la réforme de la PAC, la Commission avait
proposé que les aides directes issues de la réforme
La grande majorité des régions de la France, le plus soient plafonnées, mais elle n’a été que partiellement
grand producteur agricole d’Europe, bénéficiait déjà suivie. Depuis la réforme de 1992, un écart existe donc
des mesures de soutien des prix avant la réforme. toujours, même s’il s’est réduit.

63
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

Carte 13
Transferts nets entre régions dans le cadre
de la PAC (politique du marché), 1991

Transferts nets par habitant (ECU)

EUR(15) = -34
Ecart-type = 164
UK: Niveau NUTS1

64
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

Carte 14
Transferts nets entre régions dans le cadre
de la PAC (politique du marché), 1994

Transferts nets par habitant (ECU)

EUR(15) = -7
Ecart-type = 190
UK: Niveau NUTS1

65
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

Effet à plus long terme sur la compétitivité Comme d’autres secteurs économiques, l’industrie de
la pêche souffre d’une surcapacité de production. Dans
La PAC a produit des améliorations des revenus agri- le même temps, il se produit actuellement une surexploi-
coles par l’intermédiaire «du développement rationnel tation d’une ressource naturelle renouvelable. A court
de la production agricole», ou encore de l’ajustement terme, la réduction de l’effort de pêche a un effet négatif
structurel. Mais la méthode de soutien qui a été utilisée, sur le niveau de l’emploi dans les régions concernées.
des transferts de revenu engendrés par le soutien des A moyen terme, par contre, l’amélioration de la
prix, pourrait réduire les incitations au changement, compétitivité du secteur contribuera à soutenir l’indus-
encourager la main-d’oeuvre à rester dans l’agriculture trie, à arrêter son déclin et à maintenir des emplois dans
et empêcher des améliorations en matière d’efficience. des régions peu favorisées.
En prolongeant l’engagement des producteurs margi-
naux dans la production agricole, la PAC a eu un effet En dehors de la politique structurelle couverte par l’IFOP
positif sur l’emploi dans un secteur qui souffre d’un qui sera analysée au chapitre 5, la politique commune
déclin à long terme dans des zones où d’autres possi- de la pêche a plusieurs effets potentiels sur la cohésion:
bilités de trouver un emploi sont souvent rares pour les
travailleurs concernés. Par contre, dans les Etats mem- – la politique de conservation des stocks de poissons
bres où les exploitations sont de petite taille, la mise en à des niveaux durables et, là où il le faut, leur recons-
place de structures plus compétitives est un volet indis- titution, impliquent également de protéger les zones
pensable du développement de l’agriculture et de l’éco- et groupes sociaux particulièrement dépendants de
nomie, à long terme. la pêche. Les mesures de conservation sont aussi
accompagnées de dispositions spéciales pour
Sur cette toile de fond, l’effet de la réforme de 1992 sur satisfaire les besoins des petites entreprises et des
la compétitivité est mitigé. Les prix plus orientés vers le individus implantés dans ces zones;
marché ont favorisé l’efficience et devraient, à plus long
terme, encourager un ajustement structurel dans le sens – l’Organisation commune des marchés pour les pro-
d’un plus petit nombre d’exploitations viables, capables duits de la pêche et de l’aquaculture encourage les
de garantir un revenu suffisant à la main-d’oeuvre, producteurs à s’organiser eux-mêmes de façon effi-
réduisant de ce fait la dépendance par rapport à la cace, réduisant ainsi les risques de faillite des entre-
protection traditionnellement offerte par la PAC. En par- prises et contribuant à la cohésion sociale. Le
ticulier, dans les régions les plus pauvres, la taille des principe de «coefficients régionaux», qui rend pos-
exploitations existantes (souvent inférieure à 2 ou 3 hec- sible le maintien de prix plus bas dans les régions
tares) est trop faible pour qu’on puisse adopter des moins favorisées, les plus éloignées des grands
techniques modernes ou pour fournir un revenu suffisant centres de commercialisation, facilite leur accès aux
pour une famille d’agriculteur. D’une manière générale, marchés et contribue ainsi à réduire les disparités
la Commission a déjà indiqué que le maintien de la régionales;
situation actuelle de la PAC n’est pas une solution et qu’il
faut poursuivre résolument l’approche introduite par la – grâce à des accords de pêche avec des pays tiers,
réforme de 1992, en l’approfondissant là où cela est les pêcheurs peuvent continuer à opérer sur des
nécessaire et en l’étendant à d’autres secteurs. lieux de pêche traditionnels éloignés, ce qui contri-
bue à maintenir l’emploi dans les parties les moins
favorisées de l’Union, notamment en Espagne et au
La politique de la pêche Portugal, mais aussi dans d’autres pays.

La politique commune de la pêche, instituée pour la


première fois en 1970, est centrée autour de quatre
grands domaines: des mesures structurelles, la conser-
4.2 Le marché unique
vation des ressources, l’organisation des marchés et les et les politiques de
accords internationaux. La plupart des régions qui
dépendent fortement de la pêche et de ses activités promotion de la compétitivité
connexes sont situées le long des côtes et à la périphé-
rie géographique de l’Union. Un grand nombre d’entre L’une des principales préoccupations de la Communauté
elles sont défavorisées et offrent peu d’autres possibili- depuis sa fondation a été la compétitivité de l’économie
tés d’emploi. Environ 70% des pêcheurs et 60% des européenne face à une concurrence internationale intense
emplois dans l’ensemble du secteur de la pêche sont et croissante. Tout un éventail de politiques ont été dévelop-
concentrés en Grèce, en Espagne, au Portugal et dans pées au niveau communautaire pour accroître l’efficience et
le sud de l’Italie, dont le PIB moyen par habitant figure faire un usage plus systématique de la technologie et de
parmi les plus faibles de l’Union. l’innovation. Dans le même temps, une question essentielle

66
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

concerne les effets redistributifs de ces actions et la mesure que ses effets semblent avoir été très variables d’une
dans laquelle elles s’attaquent aux besoins particuliers des région à l’autre. Les avantages directs du programme
régions relativement faibles et des groupes sociaux défavo- du marché unique comprennent dans leur principe
risés. aussi bien des effets immédiats d’impulsion qui agissent
sur le niveau de la production — dus à l’ouverture des
marchés, à de nouvelles possibilités pour les exporta-
Le programme du marché unique teurs et les investisseurs ainsi qu’à la stimulation de
l’efficience produite par un environnement plus concur-
L’un des facteurs de changement dont la portée a été la rentiel — que des effets d’amélioration à long terme du
plus grande au cours des dernières années a été le potentiel productif dus à un accroissement de l’investis-
programme du marché unique, qui comprend les sement en usines et en équipements comme dans les
mesures législatives mises en oeuvre pendant la qualifications de la main-d’oeuvre.
période 1988–1993, à la suite de l’Acte unique européen
de 1987. Ces mesures ont cherché à établir une libre Dans le cas de l’Irlande, les effets immédiats d’impulsion
circulation de la main-d’oeuvre, des biens, des services semblent avoir été positifs. Dans la période qui suit le
et des capitaux, grâce aux actions suivantes: programme du marché unique, à partir de 1987,
l’accroissement de la production provient d’un accrois-
– l’élimination des formalités douanières, l’ouverture sement des échanges extérieurs, d’améliorations de
des achats publics à la concurrence et l’établisse- l’efficience et de la compétitivité dans la plupart des
ment de normes techniques communes dans la pro- secteurs et d’une plus grande spécialisation dans
duction, le conditionnement et la commercialisation; l’exportation de produits de haute qualité. De plus, le
programme du marché unique s’est accompagné d’une
– l’élimination des contraintes pesant sur les mouve- augmentation de l’investissement et d’une amélioration
ments de capitaux et l’instauration d’un marché du potentiel de croissance à long terme. Mais, évidem-
européen du travail. ment, cela ne veut pas dire que le programme du
marché unique en a été le seul facteur explicatif.
Le programme du marché unique faisait partie d’un
ensemble plus large de mesures de politique économi- En Espagne et au Portugal, le programme du marché
que, comprenant à la fois les mesures spécifiques liées unique paraît avoir eu un effet encore plus positif sur les
à la mobilité et des mesures d’accompagnement desti- résultats économiques, bien qu’il soit difficile de le dis-
nées à faciliter leur mise en oeuvre, notamment en ce tinguer de celui de l’adhésion. L’expansion du
qui concerne la déréglementation et la promotion de la commerce extérieur, couplée avec une compétitivité
concurrence. accrue et une spécialisation à la fois dans des produits
haut de gamme et bas de gamme, a amélioré l’efficience
Ce programme a eu, outre des effets sur l’efficience économique, tandis que de plus grands flux d’investis-
économique, des effets plus larges sur la qualité de vie, sement direct, en particulier au Portugal, ont augmenté
en garantissant la liberté de vote, etc., mais ces aspects le rythme du progrès technologique.
ne seront pas examinés dans la présente analyse.
Ce n’est qu’en Grèce que les signes d’amélioration ont
Il est toutefois difficile de dissocier les effets du pro- été plus rares pendant la période qui suit le programme
gramme du marché unique sur la cohésion d’autres du marché unique. Si les échanges extérieurs et les
développements qui sont intervenus en même temps, entrées d’investissements directs ont augmenté, l’inves-
tels que la reprise économique dans la seconde moitié tissement global et le profil de qualifications de la main-
des années quatre-vingts, l’entrée de l’Espagne et du d’oeuvre, et partant le potentiel de croissance qui en
Portugal dans la Communauté et l’aide des Fonds struc- découle, ne se sont guère modifiés. De fait, le pro-
turels aux régions relativement pauvres, surtout après gramme du marché unique a peut-être eu des effets
1989. Tout ce qu’il est possible de conclure est que cette négatifs sur la croissance et l’emploi. Dans le sud de
combinaison d’événements a donné une impulsion l’Italie, les effets immédiats d’impulsion sur l’efficience
importante à la croissance dans trois des quatre pays et les effets à plus long terme sur la croissance semblent
de la cohésion. avoir été faiblement positifs, mais trop peu pour modifier
de façon significative le mode de développement.
Un examen des tendances montre que dans les quatre
pays de la cohésion pris globalement, le PIB était en
1993 supérieur de 9% à ce qu’il aurait été si les compor- La politique de compétitivité industrielle
tements de croissance d’avant 1987 avaient persisté.
Des analyses détaillées suggèrent que le programme Au niveau de l’Union, l’objectif de la politique de
du marché unique a contribué à cette amélioration, bien compétitivité industrielle a été d’identifier des

67
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

priorités spécifiques en vue renforcer la base indus-


trielle. Ce renforcement peut être réalisé par l’inter- La politique de la concurrence
m é di a i re d’ au tre s me s u re s , no ta mme nt l e s
politiques structurelles de l’Union. Trois de ces prio- Par ailleurs, une mesure complémentaire essentielle du
rités spécifiques méritent d’être soulignées dans le programme du marché unique a été d’interdire des
cadre du présent rapport. formes de pratiques restrictives susceptibles d’intro-
duire des distorsions sur le marché. La politique de la
La première est la modernisation des autorités publi- concurrence cherche à éviter une concentration exces-
ques, pour laquelle un programme important concerne sive de pouvoir dans les mains d’un seul producteur ou
l’Intégration des données administratives (IDA). Il de quelques-uns, ainsi que des aides d’Etat injustifiées
devrait procurer des services plus efficaces, faciliter qui pourraient empêcher une libre concurrence. Elle
l’accès à l’information européenne, et assurer une admi- vise donc à améliorer l’efficience plutôt qu’à renforcer la
nistration européenne elle aussi plus efficace. En amé- cohésion géographique. Cependant, dans la mesure où
liorant en particulier la diffusion de l’information vers les les distorsions du marché sont plus répandues dans les
régions moins développées, ce programme réduira les Etats membres et régions les plus pauvres, leur élimina-
disparités entre régions «pauvres en information» et tion pourrait avoir un effet indirect positif sur l’efficience
régions «riches en information». et la croissance dans ces régions.

La deuxième préoccupation concerne la promotion de De manière plus directe, l’autorisation donnée dans
l’investissement immatériel en liaison avec les stades certains cas à l’octroi de subventions dans le cadre des
situés en amont (exploration des marchés, conception systèmes nationaux d’aide régionale, tels que ceux qui
des produits, gestion stratégique et opérationnelle) et ont été présentés au chapitre précédent, est compatible
en aval de la production (distribution et vente). Son effet avec le programme du marché unique tant que ces
sur la cohésion est incertain. Il existe notamment un subventions contribuent au développement économi-
risque que la croissance de l’investissement immatériel que des régions relativement faibles et qu’elles n’ont
ne renforce la position concurrentielle des grandes qu’un effet relativement minime sur la concurrence. En
zones métropolitaines parce qu’elles ont déjà un avan- outre, les règles de la concurrence de l’Union euro-
tage dans la fourniture de services, l’offre de cadres péenne couvrent aussi des aides pour des objectifs
hautement qualifiés et l’efficience des communications. horizontaux, tels que la R&D, la protection de l’environ-
Elles représentent en effet des noeuds dans les grands nement et le soutien des PME, ainsi que des aides
réseaux informatiques et de télécommunications, ainsi sectorielles à des secteurs en crise, comme la sidérur-
que pour les transports routiers, ferroviaires et aériens. gie et la construction navale.
Des initiatives financées par l’Union dans le cadre des
Fonds structurels ont été prises pour contrer ce risque Pendant la période 1990–1992, dernière période pour
en essayant de mettre en place une répartition plus laquelle des données sont disponibles pour tous les
égale des possibilités entre les régions. Etats membres, 50% de toutes les aides accordées par
les Etats membres avaient un caractère régional, envi-
La troisième priorité est d’accroître la coopération ron 38% étaient de type horizontal et les 12% restantes
entre entreprises à l’intérieur de l’Union. La forma- étaient des aides sectorielles.
tion de réseaux interentreprises pourrait devenir un
facteur de plus en plus important de survie des L’aide nationale au développement régional
firmes dans les parties les moins développées de
l’Union. Les initiatives actuelles comprennent des La Communauté reconnaît que deux types de régions
politiques visant à promouvoir la coopération avec sont éligibles à des aides régionales: les régions les
les pays d’Europe centrale et orientale, avec pour moins développées où le niveau de vie est anormale-
objectif d’édifier un réseau international d’orga- ment bas ou dans lesquelles se posent de graves
nismes de conseil aux entreprises, tels que cham- problèmes de chômage (dites régions «92(3)a») et les
bres de commerce, banques et sociétés de conseil. régions connaissant d’autres problèmes (dites régions
Actuellement, ces réseaux sont utilisés par des «92(3)c»), essentiellement des régions industrielles en
entreprises situées dans des régions, en particulier déclin. L’objectif a été de cibler les aides régionales de
celles des pays de la cohésion, qui ne disposent pas façon à compenser les effets d’un manque de compéti-
de réseaux propres de soutien. Plutôt que de tivité.
grandes entreprises transnationales, il s’agit de
PME, qui sont en nombre plus important dans les En même temps, les Etats membres ont exercé des
parties les plus pauvres de l’Union. D’autres initia- pressions en sens inverse pour élargir la couverture des
tives sont poursuivies dans le cadre de la politique zones éligibles à certaines des parties plus centrales de
des PME (voir ci-dessous). la Communauté (accroissement de la couverture au titre

68
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

de «l’article 92(3)c»). Dans la pratique, la Commission pays de la cohésion ne se monte qu’à un niveau compris
y a largement résisté et au cours des révisions récentes entre 6% et 30% de celui de l’Italie. (Les interrelations
du statut des régions aidées, la fraction de la population entre politiques régionales nationale et communautaire
couverte par tous les types d’aide est restée à peu près sont exposées au chapitre 6 ci-dessous.)
constante (la couverture des régions les moins dévelop-
pées a augmenté légèrement pour passer de 23,9% à L’aide horizontale et sectorielle
24,9% de la population de la Communauté tandis que
celle des autres régions baissait, passant de 23,6% à Le contrôle des aides d’Etat s’étend aussi aux aides
22,8% — en particulier, les régions aidées de la partie horizontales et sectorielles. D’après les règles de la
occidentale de l’Allemagne sont passées de 24% à concurrence, l’ampleur de l’aide autorisée est plus éle-
16,8% de la population nationale tandis que les régions vée dans les régions éligibles à l’aide nationale à finalité
aidées de l’Italie (au titre de «l’article 92(3)c») sont régionale. Si, comme il a été dit plus haut, et en raison
passées de 5,6% à 14,7% de la population). de la diminution des subventions à la sidérurgie, les
aides sectorielles ne représentent que 12% du total de
Les régions les plus en retard de la Communauté sont l’aide consentie à l’industrie manufacturière, l’aide hori-
les plus favorisées par cette politique. Alors que les zontale pour la R&D, les PME, la protection de l’environ-
quatre pays de la cohésion ont le statut de régions nement et les économies d’énergie entre pour 38% dans
aidées pour l’intégralité de leur territoire (Portugal, le total.
Grèce et Irlande) ou la plus grande partie de celui-ci
(Espagne, avec 76% de la population), la couverture se Cependant, ces formes d’aide, particulièrement pour la
situe dans la plupart des autres Etats membres entre R&D, auront probablement une tendance foncière à
35% et 49% de la population, et dans ceux où le revenu favoriser les régions relativement riches de la
par habitant est élevé et où les disparités internes sont Communauté, où sont concentrés les centres de
faibles (Danemark, Suède, Pays-Bas), le taux de recherche des grandes entreprises. Des études de la
couverture est inférieur à 20%. répartition régionale de l’aide communautaire à la R&D
pendant la période 1983–1990 le confirment. Ce soutien
La politique de l’Union différencie aussi l’ampleur de tend donc à aller à l’encontre des objectifs de cohésion.
l’aide accordée qui, par rapport aux régions aidées, est De plus, des études similaires portant sur la répartition
nettement plus forte dans les régions où le niveau de vie régionale des aides de l’Etat à la R&D dans plusieurs
est anormalement bas ou qui connaissent de graves grands Etats membres indiquent qu’elles ont aussi été
problèmes de chômage. Globalement, plus de 66% des concentrées dans les régions les plus prospères. Par
aides régionales consenties par des sources nationales ailleurs, la R&D financée sur fonds publics a été nette-
vont à des régions classées comme étant les moins ment plus importante par rapport au PIB dans les Etats
développées, qui couvrent les régions les plus pauvres membres relativement riches que dans les Etats mem-
de la Communauté. bres relativement pauvres (voir chapitre 3 ci-dessus).

Néanmoins, le plafond des aides autorisées est souvent


La politique de recherche et
beaucoup plus grand que l’aide réellement versée par
les Etats membres. C’est particulièrement vrai en de développement technologique
Espagne et en Irlande qui, en partie à cause du manque
de ressources, ne fournissent qu’une aide égale à 40% Depuis 1985, quatre programmes-cadres de RDT ont
du montant maximum autorisé, tandis qu’en Belgique et regroupé les actions de recherche et de développement
en Allemagne, le chiffre tourne autour de 60 ou 70%. technologique de l’Union (1985–88, 1987–91, 1990–94,
Conséquemment, l’avantage visé en faveur des pays les 1994–98). C’est une politique qui implique des
plus pauvres ne se concrétise pas. La reconnaissance dépenses importantes bien que les programmes-
du problème a conduit à modifier à la baisse les pla- cadres de RDT ne représentent que 4% du total de
fonds pour les aides régionales. l’effort de recherche public à des fins civiles de l’Union.

Dans la pratique, comme il a été noté au chapitre 3, une Bien que leur objectif essentiel soit d’accroître la
large fraction des aides régionales est consentie dans compétitivité sur le plan international, ces programmes
deux Etats membres seulement, l’Allemagne et l’Italie, contribuent aussi à développer une capacité de RDT
surtout à cause de l’étendue de leurs zones à problèmes dans les parties relativement faibles de l’Union et ainsi
et du fait qu’ils disposent de moyens pour cela. Les Etats à renforcer leur développement structurel. Même si le
membres plus pauvres dépendent dans une grande chômage élevé en Europe et la difficulté pour les indivi-
mesure des Fonds structurels pour financer l’aide régio- dus à trouver un emploi sont souvent imputés au progrès
nale, mais même en incluant la dépense du FEDER, technologique, l’innovation et la diffusion des connais-
l’aide totale par habitant dans les régions aidées des sances sont des facteurs déterminants du développe-

69
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

ment structurel. Toutefois, la non introduction de nou- Les déséquilibres régionaux pour la RDT
velles technologies et le «gel» des structures de produc- en Europe
tion existantes ne sont pas des options viables,
notamment pour les régions en retard de développe- La recherche d’une meilleure complémentarité entre la
ment qui ont besoin d’accroître l’adaptabilité de leur politique de RTD et la politique structurelle relève d’un
main-d’oeuvre et le rythme du progrès technologique double constat. D’une part, il existe des déséquilibres
dans leurs entreprises. du territoire communautaire en termes de compétitivité,
que la politique de cohésion économique et sociale vise
Consciente de cet enjeu essentiel du développe- à réduire. D’autre part, il est nécessaire de créer aux
ment de la RDT dans les régions moins favorisées, niveaux local et régional les conditions pour favoriser les
la Commission a défini en 1993 une première capacités d’accès aux changements scientifiques et
approche pour que la politique de RDT puisse mieux technologiques nécessaires à la compétitivité, notam-
entrer en synergie avec la politique de cohésion ment par la diffusion des connaissances liées au prin-
(COM(93)203). L’objectif est de renforcer les capa- cipe de l’excellence.
cités de RDT des régions défavorisées, et d’assurer
un haut niveau d’effort de recherche à travers toute En effet, au sein de l’Union européenne, la France et
l’Europe. Cette analyse sera actualisée et dévelop- l’Allemagne sont les Etats membres qui investissent
pée dans la communication que la Commission le plus au titre des dépenses publiques civiles de
consacrera en 1997 à la cohésion et à la politique RDT. Sur les 50.331 millions d’ECU dépensés par les
de RDT. Etats membres en 1993, la France et l’Allemagne en
représentaient 30.234, soit 60% du total, alors que
Le principe de base qui gouverne la sélection des l’Irlande, le Portugal et la Grèce n’investissaient
projets présentés au titre de la politique de RDT est en ensemble que 672 millions d’ECU, soit 1,3%, et
soi un facteur de cohésion en établissant les conditions l’Espagne 2.049 millions d’ECU soit 4%. En termes
nécessaires qui garantissent aux participants des de dépenses publiques de RDT par habitant, l’écart
régions les plus défavorisées l’accès à des recherches entre les Etats membres est de 1 à 13, alors qu’il
de niveau international dans un réel espace scientifique n’est que de 1 à 5 en termes de PIB par habitant
et technologique communautaire. (exprimé en ECU).

23 Appui au titre du programme cadre de RDT, 24 Appui au titre du programme cadre de RDT,
années 1987-90 (millions d'ECU) années 1991-94 (millions d'ECU)

Autres Archipel
Autres Archipel

EUR4 EUR4

Note: les données mesurent le niveau des dépenses des contrats de l’Union d’après la localisation des contractants.
Elles ne montrent donc pas un des aspects principaux des programmes de RDT, qui est de réunir dans un seul
contrat passé avec la Commission, des partenaires provenant de divers Etats membres et régions. Ils ne sont qu’une
approche partielle du bénéfice total que différentes régions retirent des programmes de RDT de l’Union, vu que
chaque partenaire a accès à tous les résultats du ou des projets dans lesquels il est impliqué.

70
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

En outre, les dépenses sont réparties très inégalement à


l’intérieur des pays, si bien qu’au niveau régional, ces écarts Les orientations du cinquième programme-
sont bien plus importants encore. Près de la moitié de la cadre de RDT
recherche européenne est effectuée dans douze îlots
d’innovation, décrits comme «l’Archipel Europe», entre Les orientations proposées par la Commission dans sa
Londres et Milan (comprenant aussi Amsterdam/Rotterdam, communication «Inventer demain» mettent en valeur,
parmi les six priorités proposées, plusieurs thèmes qui
l’Ile de France, la Ruhr, Francfort, Stuttgart, Munich,
sont particulièrement importants pour le renforcement
Lyon/Grenoble et Turin). Ces ilôts où sont implantés des de la cohésion économique et sociale:
réseaux denses d’entreprises et de laboratoires interagis-
sent entre eux pour développer des produits et des – l’accroissement du potentiel humain qui porte
processus de production nouveaux. notamment sur la formation et la mobilité des cher-
cheurs et dont l’expérience acquise avec les pro-
Ce déséquilibre au niveau régional tend à se réduire grammes passés a montré à quel point ce type
d’action est utile pour les régions les moins favori-
depuis 1989 grâce à l’apport des Fonds structurels, 5%
sées, mais reste largement à développer;
de leur montant ayant été consacré à des opérations
liées à la RDT. Mais cela n’a pas suffi à combler l’écart – un effort accrû pour stimuler l’innovation et la diffu-
avec les régions centrales en termes d’accès aux condi- sion des résultats, et en particulier pour faire parti-
tions nécessaires pour bénéficier de la diffusion de ciper les PME, qui est une condition sine qua non
l’excellence. pour le développement structurel des régions en
retard de développement;
Une contribution positive à la cohésion
économique et sociale, mais encore trop limitée – le développement de la société de l’information, qui
pose la question des conditions d’accès pour les
personnes situées dans les régions les plus faibles
Les gains de croissance enregistrés dans les pays de à des services plus évolués et pour lesquelles
la cohésion ont permis une amélioration sensible de l’accès aux services de la Société de l’information
leurs efforts publics et privés de RDT. Les dépenses est aussi important que pour les acteurs économi-
intérieures brutes de recherche et développement sont ques des régions centrales, plus développées.
passées de 0,4% du PIB en 1985 à 0,6% en 1992 au
Portugal, de 0,3% en 1985 à 0,6% en 1993 en Grèce,
de 0,8% à 1,2% en Irlande entre les mêmes années et
de 0,5% en 1985 à 0,9% en 1994 en Espagne.

L’aide de l’Union a certes permis aux régions défa-


vorisées de mieux participer au programme-cadre,
même si une analyse détaillée montre que du point
de vue régional les données confirment la perti-
nence de l’image de «l’Archipel Europe»: près de la
m o i ti é du mo nta nt gl o ba l d es c on tr ats du
programme-cadre de RDT de l’Union européenne
25 Indicateurs relatifs à la RDT, 1987-94
s’est concentrée sur des opérateurs situés dans
neuf régions qui comptent seulement 28% de la
population (graphiques 23-25). Pourtant les pays de 120
ECU
12000
la cohésion ont accru progressivement, mais trop Dépense par habitant (axe de gauche)

lentement, leur participation aux programmes- Dépense par personne employée dans
la RDT (axe de droite)
cadres successifs en se liant de plus en plus avec
90 9000
les partenaires du nord. Ainsi pour la seule année
1 9 9 5, l e no m br e de l i e ns c r é és g r â ce a ux
programmes-cadres est de plus de 14.000 pour
l’Irlande, le Portugal, l’Espagne et la Grèce. Mais 60 6000

l’analyse montre également que lors des deuxième


et troisième programmes-cadres, près de la moitié
des partenariats de ces pays visaient le Royaume- 30 3000
Uni, la France et l’Allemagne.

La complémentarité avec les politiques structurelles


doit faire mieux émerger la synergie nécessaire au dé- 0 0
Archipel EUR4 Autres
veloppement de la compétitivité des pays de la cohé-

71
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

Une évaluation des programmes cadres donne cer-


Le programme Innovation taines indications sur les aspects qualitatifs de la parti-
cipation des quatre pays de la cohésion:
A l’intérieur du quatrième programme cadre des activi-
tés communautaires de RDT, un programme spécifi- – la participation est proportionnellement beaucoup
que, le programme Innovation, a été créé pour diffuser
plus forte dans les instituts de recherche ou les
les résultats des activités de recherche. Il poursuit trois
objectifs interdépendants: universités que dans le secteur privé et la participa-
tion industrielle est largement le fait des PME, surtout
– contribuer à créer un environnement favorable à parce qu’il n’y a pas beaucoup de grandes entre-
l’innovation et à l’absorption de nouvelles technolo- prises dans ces pays;
gies par les entreprises (y compris la promotion des
techniques de gestion de l’innovation et le système – certains programmes, comme ESPRIT et BRITE-
européen de suivi de l’innovation);
EURAM, semblent avoir favorisé de plus hauts niveaux
d’implication de la part des pays de la cohésion et de
– encourager le développement d’une zone libre en
Europe pour la diffusion de nouvelles technologies leurs régions que d’autres programmes;
et du savoir faire (y compris par des projets de
transfert de technologie et des centres relais de – les principaux avantages tirés de cette implication
l’innovation); sont l’acquisition de connaissances scientifiques, de
qualifications et une formation à l’application de ces
– stimuler l’offre de technologies appropriées dans connaissances (une majorité des entreprises de ces
ce domaine (y compris par des projets de validation pays ont considéré que leur principal gain résidait
technologique et d’aide dans la prise de brevets et
dans la possibilité de lancer de nouveaux produits
l’exploitation des innovations).
et processus de production dans un laps de temps
Le programme couvre des mesures régionales d’inno- de trois ans);
vation, telles que des stratégies régionales d’innovation
et des projets de transfert de technologie. L’objet de – comme pour les programmes cadres en général, le
toutes les mesures est d’aider les entreprises euro- taux de poursuite après la fin des contrats est relati-
péennes à lutter plus efficacement sur les marchés
vement élevé. Par exemple, 18% des participants
mondiaux. Comme l’a affirmé le Livre vert sur l’innova-
grecs rapportaient qu’ils avaient noué des liens per-
tion, le soutien est le plus efficace au niveau régional
ou local, là où, par exemple, de petites entreprises manents avec des partenaires de l’Union et 54% des
peuvent être encouragées à mettre en commun des liens fréquents.
ressources et tirer le meilleur parti de leur avantage
comparatif pour pouvoir rivaliser avec de plus grandes Les firmes relativement petites sont un facteur plus
entreprises. important d’engagement dans des programmes de
l’Union européenne au sein des pays de la cohésion que
Le programme vise à satisfaire les véritables besoins
dans d’autres pays, mais elles semblent avoir plus de
des entreprises, ce qui est primordial pour renforcer les
produits de la RDT et tirer le meilleur parti de la base difficultés à tirer le profit maximal des programmes, et
scientifique solide qui existe en Europe, mais qui, dans on s’est attaqué à ce problème dans les troisième et
le passé, s’est révélée moins fructueuse que celle quatrième programmes cadres. Il s’est agi, par exem-
d’autres pays pour convertir de nouvelles idées en ple, de mesures visant à stimuler et à simplifier le pro-
nouveaux produits et processus de production cessus de participation (en particulier par l’intermédiaire
tangibles. du programme CRAFT), afin d’aider à la diffusion des
résultats et de contribuer à les convertir en nouveaux
produits et processus.

sion et des régions moins développées, ce qui met en Des investigations détaillées montrent que les pays du
évidence la nécessité de réaliser des progrès considé- sud ont accru leur participation aux programmes cadres
rables pour que les entreprises et les centres de au fil du temps. Ils ont aussi eu tendance à se lier de
recherche de ces régions participent davantage à la plus en plus avec des partenaires du nord, ne serait-ce
politique poursuivie dans ce domaine et en bénéficient que comme sous-traitants. Ces enquêtes montrent éga-
(voir encadré sur le cinquième programme cadre). lement que les meilleurs instituts tendent à se rappro-
cher les uns des autres, notamment ceux du Portugal et
Une évaluation complète doit aller plus loin et considérer de la Grèce qui ont noué des liens étroits avec leurs
la qualité de l’intervention, au-delà du seul apport finan- homologues du nord. Un grand risque réside toutefois
cier de la politique de la RDT de l’Union, et de sa dans le fait que l’avancement des recherches perde de
pertinence répondre aux besoins industriels des régions sa pertinence par rapport aux besoins de développe-
relativement faibles. ment des pays relativement pauvres. En d’autres

72
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

termes, alors que les avantages en termes de dévelop-


pement du savoir scientifique, des qualifications et des EUROPARTENARIAT et INTERPRISE
capacités de gestion peuvent être réels, un accent
excessif mis sur l’excellence de la recherche pourrait Les programmes EUROPARTENARIAT et INTERPRISE
tendre à exagérer la distinction entre recherche fonda- soutiennent l’organisation de rassemblements et d’évé-
nements où des représentants des PME peuvent se
mentale et appliquée, cette dernière étant particulière-
rencontrer et discuter de perspectives de coopération
ment importante dans les pays relativement pauvres. avec leurs homologues d’autres pays. Le premier
consiste en deux événements par an, qui réunissent
Les programmes cadres ont tenté de s’attaquer à des chacun plus de 2000 entreprises, tandis que le second
thèmes de recherche directement pertinents pour ré- comporte 40 à 50 événements par an auxquels assis-
pondre aux besoins industriels des régions relativement tent en moyenne une centaine d’entreprises. Les deux
faibles. Un exemple est offert par le programme textile sont plutôt relativement concentrés sur les régions
aidées. L’organisation d’événements destinés à favori-
de l’Initiative BRITE-EURAM qui a réussi, par l’automati-
ser la coopération industrielle, tels que tables rondes et
sation des processus, à maintenir des firmes textiles foires (IBEX, International Buyers’ Exhibition dans des
établies en Europe ou même à faire revenir une partie secteurs stratégiques), bénéficie elle aussi générale-
de la production délocalisée dans des parties du monde ment davantage aux pays de la cohésion.
à bas salaires. Cela suggère que des programmes qui
ont pour but de diffuser de nouvelles technologies rela- Un autre volet de la politique cherche à faciliter l’accès
tives aux processus de production, y compris dans des à la RDT. Une action pilote appelée EUROMANAGE-
MENT RDT a en 1995 financé à 50% 47 organisations
industries traditionnelles, à faible niveau technologique,
de conseil spécialisées dans la recherche, le dévelop-
peuvent avoir un rendement considérable. (La diffusion pement technologique et l’innovation pour les PME. Il
des résultats de RDT a été renforcée dans le quatrième s’agissait de sélectionner près de 1000 PME et de les
programme cadre par la clause selon laquelle 1% de aider ensuite à mettre en oeuvre une planification stra-
chaque programme spécifique doit être consacré à ce tégique, à analyser leurs besoins, à rechercher des
but — voir encadré sur le programme Innovation.) partenaires et encore de les assister dans la conception
de projets de RDT. Environ 26% des PME qui ont
participé à cette action provenaient des pays de la
Enfin, et ceci reflète la recherche croissante d’une
cohésion.
synergie entre les politiques de RDT et de cohésion, le
personnel de recherche d’un certain nombre d’institu-
tions nouvellement établies avec l’aide des Fonds struc-
turels reçoit une aide au titre du dispositif «Formation et grandes firmes et tendent ainsi à procurer plus d’em-
mobilité des chercheurs» du quatrième programme plois par unité produite, tout en étant plus adaptées aux
cadre, sous la forme d’une année supplémentaire de régions relativement faibles et périphériques où la
subvention quand les chercheurs retournent dans leur pénurie de capital pose souvent problème.
région, ainsi que de subventions pour équiper leurs
laboratoires. Les principales difficultés rencontrées par les PME sont,
d’une part, le manque de capital de démarrage et,
d’autre part le manque de travailleurs suffisamment qua-
La politique des PME lifiés, notamment au niveau des gestionnaires. Elles
peuvent aussi avoir du mal à maîtriser un environnement
La politique des PME vise à améliorer l’environnement juridique et administratif complexe et peuvent manquer
des entreprises, à encourager la diffusion de l’informa- d’un accès à l’information concernant tant les nouvelles
tion dans toute l’Union et la coopération entre les firmes, possibilités technologiques que de nouveaux fournis-
ainsi qu’à accroître l’accès à la R&D et aux finance- seurs ou clients potentiels.
ments.
L’information, la coopération entre entreprises et l’accès
Les PME représentent un élément important dans l’éco- à la RDT et aux financements comptent parmi les
nomie: elles procuraient, en 1992, 67% des emplois aspects les plus importants de la politique de l’Union
fournis par les entreprises de l’Union et assuraient 65% envers les PME. Les Euro-Info-Centres (EIC) diffusent
du chiffre d’affaires de celles-ci; elles avaient un poids l’information sur les marchés, les clients, les possibilités
particulièrement important dans la distribution (89% des de coopération, la sous-traitance, etc. Ils fournissent
emplois) et plus généralement dans les services aussi des détails sur des questions de politique écono-
(77,5%), alors que leur importance était moindre dans mique, tels que les financements de l’Union euro-
l’industrie (40, 5% des emplois et 52,5% du chiffre péenne, les marchés publics et les réglementations
d’affaires). Leur avantage particulier en ce qui concerne concernant l’environnement. Le réseau comprend
la cohésion est qu’elles tendent à faire relativement plus 226 centres dans les pays de l’Union et a des liaisons
appel à la main-d’oeuvre et moins au capital que les avec 25 autres centres situés en Norvège, en Islande,

73
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

en Europe centrale et orientale et dans les pays médi-


terranéens. Il y a une forte orientation vers la cohésion, La politique commerciale
160 centres (71%) étant situés dans les régions éligibles
à l’aide régionale de l’Union. Un quart des 300 000 in- La politique commerciale de l’Union européenne a cher-
terrogations auxquelles il était répondu chaque année ché à éliminer les obstacles externes et à promouvoir
émanaient des quatre pays de la cohésion. une croissance ordonnée du commerce international à
l’échelle mondiale, parallèlement au programme du
Afin de promouvoir la coopération transnationale aussi marché unique qui éliminait les obstacles internes. Le
bien que la coopération entre firmes, des réseaux de résultat de cette démarche sur deux fronts est que
recherche de partenaires tels que les Réseaux de l’Union est parvenue à éviter le repli sur soi et le déve-
coopération entre entreprises (BC-NET) et le Bureau de loppement de tendances protectionnistes face au
rapprochement des entreprises (BRE) ont été dévelop- monde extérieur, tout en exerçant ses responsabilités
pés. La moitié des correspondants des BC-NET et 54% en tant que le plus grand marché de biens et services
de ceux du BRE provenaient des régions aidées, les au monde.
utilisateurs les plus importants étant, dans l’ordre, le
Portugal, la Belgique, l’Italie et l’Irlande. Il existe un large consensus sur les effets positifs de la
libéralisation du commerce mondial sur la croissance
Le dernier domaine d’action réside dans l’accès aux économique. A long terme, l’augmentation des revenus
financements et au crédit. Le dispositif pilote du qu’une économie ouverte contribue à engendrer ne se
Capital d’amorçage, relatif au capital-risque privé traduit pas seulement par une demande plus forte pour
s’investissant dans de nouvelles entreprises inno- la production des régions moins favorisées mais aussi
vantes, a soutenu la création de 23 fonds d’investis- par de plus grandes ressources pour financer le déve-
sement indépendants, qui, entre 1989 et février loppement régional. Dans le même temps, l’élimination
1995, ont investi 26,6 millions d’ECU dans 228 nou- des obstacles commerciaux implique comme corollaire
velles entreprises innovantes. Toutefois, parmi les qu’il soit procédé à des ajustements dans la configura-
Etats membres les plus pauvres, seule l’Espagne, tion spatiale et sociale de la production parce que
avec trois fonds, est un participant actif au dispositif. celle-ci est susceptible d’être inégalement répartie.
L’Irlande n’a qu’un seul fonds de ce type et il n’en Néanmoins, compte tenu des effets positifs à long terme
existe pas en Grèce ni au Portugal. de la libéralisation des échanges, l’argument selon
lequel il faudrait maintenir une protection au profit des
Le mécanisme introduit en 1993 par le Conseil euro- industries faibles n’est pas convaincant, même s’il s’agit
péen de Copenhague pour bonifier des prêts en de promouvoir à court terme la cohésion régionale.
faveur des PME a été conçu pour soutenir la création
d’emplois dans les PME. Le taux d’utilisation des En règle générale, la protection douanière actuelle (et
prêts bonifiés a été de presque 100% dans les pays les contingents de l’Accord multifibres) est plus forte
les plus prospères, mais du cinquième seulement pour les régions à faible revenu de la Communauté que
des fonds affectés pour la Grèce et le Portugal. Le pour les autres. Les industries protégées par des droits
taux a été un peu plus élevé en Irlande et en de douane élevés représentent près de la moitié de
Espagne (autour de 80%), mais cela souligne à quel l’emploi au Portugal et en Grèce, mais leur part est
point les mesures en faveur des PME sont fondamen- inférieure au quart dans des pays du nord tels que le
talement régies par la demande, ce qui introduit une Danemark et l’Allemagne. D’un autre côté, des mesures
limite évidente à leur succès. Le taux d’utilisation est non tarifaires, telles qu’une limitation volontaire des
donc le plus élevé dans les Etats membres où les exportations, tendent à être davantage concentrées sur
entreprises sont les plus dynamiques (et où il existe les produits des Etats membres du nord.
aussi un secteur des services bien développé). Ces
Etats membres tendent à être les plus riches. L’Uruguay Round, achevé avec succès en 1993, a
abouti à des accords visant à réduire de façon
Une conséquence de cette situation est que, bien substantielle les obstacles aux échanges, à redéfinir les
que toutes les mesures en faveur des PME soient règles commerciales acceptées par la communauté
o ri enté es d ans une certaine mesure v ers l e internationale dans des domaines tels que la législation
renforcement de la cohésion, l’absence de répon- antidumping et à étendre le champ de règles et disci-
dant de la part des entreprises fait que cela est plines mondiales à de nouveaux domaines, notamment
d i ffi ci l e à me ttre en prati que. La Grèce, en l’agriculture, les services et la protection de la propriété
particulier, paraît éprouver des difficultés à fournir intellectuelle. On s’attend à ce que cela modifie de façon
des participants actifs pour la plupart des pro- importante les perspectives de croissance et d’emploi.
grammes, alors que les trois autres pays rencontrent La réduction mondiale des droits de douane (qui pas-
moins de problèmes. seront d’une moyenne de 5% à environ 3,5% dans les

74
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

pays industriels) stimulera probablement les échanges rieur à cause des faiblesses de leurs secteurs exporta-
(par l’intermédiaire d’une augmentation du PIB mondial teurs ou concurrencés par les importations. Tous ont
estimée à 1 ou 2%), et ouvrira davantage de possibilités des déficits commerciaux pour les services, qui sont l’un
d’exportation aux producteurs de l’Union européenne, des secteurs pour lesquels les échanges devraient aug-
accroissant ainsi et la production et l’emploi dans menter. La principale exception est l’Irlande où la mo-
l’Union. dernisation intervenue pendant la dernière décennie
signifie que l’économie a désormais un avantage
En ce qui concerne les services, les nouvelles clauses comparatif dans des secteurs à forte intensité technolo-
multilatérales devraient offrir un environnement plus sûr, gique (et dans les industries agro-alimentaires).
propice à un accroissement des échanges, et une base L’Irlande devrait ainsi bénéficier de la croissance des
pour l’ouverture de négociations relatives à une plus marchés d’exportation pour les produits à haute techno-
grande libéralisation. Comme ce sont les régions les logie et, tout comme l’Espagne et le Portugal, d’une
plus prospères qui profiteront sans doute le plus d’un augmentation possible de l’investissement étranger
meilleur accès aux marchés mondiaux (tous les pays de direct, bien que la concurrence pour attirer celui-ci se
la cohésion ont des déficits commerciaux dans le fasse de plus en plus vive de la part des économies en
domaine des services), l’effet initial sera d’élargir les transition d’Europe centrale et orientale.
disparités entre régions riches et pauvres. Cependant,
il est probable également que cela renforcera la
compétitivité de l’Union, ce qui aura des implications
favorables pour l’emploi et la cohésion sociale. Cela vaut
4.3 Les politiques des réseaux
aussi pour les règles relatives à la propriété intellectuelle
et pour les règles concernant les obstacles techniques Les politiques des réseaux de l’Union européenne cher-
aux échanges. chent à éliminer les biais nationaux dans l’offre d’infra-
structures clés et à améliorer la cohérence et l’efficience
Néanmoins, malgré les gains potentiels à long des transports, des télécommunications et de l’approvi-
terme, il ne faut pas sous-estimer les pressions sionnement en énergie. Elles intéressent donc la
immédiates qui pousseront à la modernisation et compétitivité de l’ensemble de l’économie européenne.
à l’adaptation des systèmes de production dans En même temps, elles influent sur la localisation géogra-
les régions à faible revenu. Certains secteurs, phique de la production et, par là-même, sur la cohé-
comme les textiles et l’habillement, seront plus tou- sion, qui a été de plus en plus intégrée parmi leurs
chés que d’autres, surtout en Espagne, en Grèce et objectifs.
au Portugal. L’effet sera toutefois atténué de deux
façons. En premier lieu, la sortie progressive de Les politiques des réseaux peuvent être considérées
l’Accord multifibres interviendra sur dix ans, l’essen- comme un moyen de réduire les coûts de transaction
tiel des changements intervenant à la fin, en 2005, (transport et télécommunications) impliqués dans les
si bien qu’on aura le temps de planifier et de mettre échanges de biens ou dans les déplacements de fac-
en oeuvre les ajustements. En second lieu, les pro- teurs de production d’un endroit à un autre. La question
duits dont on doit libéraliser le régime dans la pre- de savoir si ce sont les régions centrales ou périphéri-
mière phase concernent tous les Etats membres ques qui bénéficieront le plus de ces réductions de
dans une mesure plus ou moins identique. En outre, coûts reste ouverte. Elle dépend essentiellement de
la réduction des droits de douane moyens (de 5,98% l’ampleur de la réduction qui intervient. Si celle-ci est
à 3,73% ou de 7,4% à 4,5% dans le cas des produits relativement petite, il continuera à être plus économique
manufacturés) sera étalée sur cinq ans et cela, ajou- de concentrer la production dans les régions centrales
té au fait que les droits de douane sont déjà faibles de l’Union, puisque les économies d’agglomération (en
dans l’Union, contribuera à faciliter le processus termes d’économies d’échelle, de proximité des fournis-
d’ajustement et de changement. seurs et des clients, etc.) tendront à surpasser les éco-
nomies en coûts de main-d’oeuvre dues aux salaires
Dans le même temps, l’Union est située au centre d’un plus faibles des régions périphériques. Mais si les coûts
réseau complexe de préférences commerciales régio- de transaction sont réduits jusqu’à des niveaux très bas,
nales, le développement notable le plus récent étant la les coûts de main-d’oeuvre plus faibles des régions
négociation d’accords de libre échange (Accords euro- périphériques deviendront des facteurs importants
péens) avec les pays d’Europe centrale et orientale. Le dans les choix de localisation et pousseront à des
commerce avec ces pays se développe dans les deux déplacements des sites de production. Ainsi, à long
sens, avec des effets globaux positifs. terme, lorsque les coûts de transaction auront sans
doute davantage baissé, il se pourrait bien que les
En règle générale, les quatre pays de la cohésion sont régions périphériques tirent plus d’avantages que les
plus vulnérables à une libéralisation du commerce exté- régions plus centrales.

75
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

dans la politique européenne des transports sont désor-


Les transports mais la satisfaction de la demande de mobilité avec des
ressources nettement moindres, le renforcement des
Les transports ont un impact potentiel critique sur la normes techniques en ce qui concerne les émissions
cohésion économique et sociale. A côté de leur rôle en polluantes, la modification de la structure de la demande
matière de production et de distribution, le transport de mobilité en intégrant les priorités de la planification
public des passagers est très important pour les spatiale dans la planification des infrastructures de
groupes à faible revenu et pour les femmes. Surtout transport, par exemple, ou par l’encouragement des
pendant la période de mise en oeuvre du programme transports intermodaux.
du marché unique, la politique commune des transports
a été principalement orientée vers une libéralisation, En ce qui concerne la libéralisation, la réalisation d’une
c’est-à-dire la création d’un marché des transports économie européenne intégrée exige un marché des
ouvert et concurrentiel, et vers une intégration plus transports ouvert, exempt d’obstacles à l’entrée et de
poussée, par l’harmonisation des conditions budgé- pratiques discriminatoires. Les frais de transport ne
taires, sociales et techniques. Ces mesures ont été représentent généralement pas un élément important
complétées par des dispositions spécifiques, conformé- dans les coûts des entreprises, sauf pour certains trans-
ment aux règles du Traité, sur les obligations de service ports limités de marchandises et services en vrac, mais
public qui envisagent les besoins de transport plus des systèmes de transport fiables et efficaces contri-
selon des critères régionaux et sociaux que selon ceux buent à réduire non seulement les coûts mais aussi la
du marché. La promotion du transport public des pas- perception de la distance. Cela a des effets potentiels
sagers est également devenue plus importante. importants sur la compétitivité et la localisation de la
production.
Un deuxième élément provenant du Traité sur l’Union
européenne porte sur la création de Réseaux trans- Politique de l’Union européenne,
européens de transport, qui non seulement remédient libéralisation et pays de la cohésion
aux déséquilibres et aux doubles emplois dus à une
optique purement nationale dans les investissements en Les pays de la cohésion ne seront sans doute pas
infrastructures, mais fournissent aussi une contribution touchés dans les mêmes proportions par les évolutions
spécifique à la cohésion (le graphique 26 et le tableau de la politique poursuivie pour chacun des modes de
16 montrent le partage des dépenses entre modes de transport. Du fait de l’histoire et de leur situation périphé-
transport et entre les pays de la cohésion et le reste de rique, ce sont les changements concernant les
l’Union). transports routier, maritime à courte distance et aérien
qui auront le plus de conséquences pour eux.
Plus récemment, la notion de «mobilité durable» est
devenue l’objectif central de la politique des transports. Le transport routier restera probablement le princi-
Des questions qui prennent une grande importance pal mode de transport de biens et services dans les
pays de la cohésion (où, dans le passé, les autres
formes de transport ont joué un rôle moins impor-
tant). En ce qui concerne le transport de passagers,
26 Dépenses totales pour les réseaux trans-
européens par grand mode de transport
alors que la propriété de voitures particulières est
généralement moins répandue que dans les autres
0 10,000 20,000 30,000
pays, il existe de vastes réseaux d’autocars entre
villes, d’une part, et dans les zones rurales, d’autre
TGV
part. Dans le cas des marchandises, la route entre
aussi pour une part nettement plus importante dans
Routes les transports intérieurs au sein des pays de la
cohésion que dans le reste de l’Union, et une bonne
Transport partie de ces transports est effectuée par les indivi-
combiné
dus pour leur propre compte. De ce fait, il convient
Autres EUR
d’examiner de très près les politiques qui, tout en
Train EUR4
étant orientées vers le marché, favorisent un chan-
gement de mode au détriment de la route, telles que
Transport aérien
la perception de péages, afin qu’elles n’aient pas
d’effets défavorables sur les perspectives de déve-
Ports Millions d'ECU loppement. Des démarches différenciées tenant
compte des diverses situations sont nécessaires, et
0 10,000 20,000 30,000 c’est une démarche de cette sorte qui a été adoptée

76
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

dans le Livre vert de la Commission sur une tarifica- permettent de combiner plus facilement divers services.
tion équitable et efficace dans le domaine des trans- Par exemple, une compagnie aérienne irlandaise reliant
ports. Lyon à Dublin peut désormais inclure une escale à Paris
sur son itinéraire et transporter des passagers français
Le transport maritime peut jouer un rôle central dans les voyageant entre Lyon et Paris.
pays de la cohésion. Malheureusement, ces pays sont
souvent très désavantagés en termes d’installations por- Globalement, le marché unique de l’aviation a contribué
tuaires: des niveaux plus faibles d’efficience (dus en à faciliter la création de nouvelles lignes aériennes à
partie au sous-investissement) contribuent à ralentir la destination et en provenance des parties périphériques
rotation des cargos et aboutissent à des frais de char- de l’Europe et entre elles, avec des effets économiques
gement et déchargement relativement lourds. L’initiative positifs tels que le développement du tourisme. En outre,
de la Communauté sur le transport maritime à courte les Etats membres ont largement utilisé les règles du
distance peut procurer des avantages positifs aux ports service public de la Communauté dans des régions où
des pays de la cohésion, surtout les pays méditerra- les forces du marché sont insuffisantes. Plus de
néens et l’Irlande. Compte tenu des longues distances 100 lignes aériennes fonctionnent en application de ces
et des obstacles géographiques au transport des mar- règles.
chandises, la promotion du transport maritime à courte
distance, et plus particulièrement la coordination des Plus généralement, la situation géographique des pays
efforts visant à introduire de nouvelles technologies, à de la cohésion fait que le transport intermodal est pour
développer les qualifications, à aider au développement eux un besoin fondamental. Pour le transport de mar-
des infrastructures et à favoriser de nouvelles méthodes chandises, cela implique généralement des connexions
de travail, peut permettre de réduire les coûts et les route/mer ou rail/mer efficaces, sachant que la force du
temps de transport. système est égale à celle de son maillon le plus faible.
Le transport multimodal est une caractéristique qui a le
Des transports aériens efficaces et d’un prix abordable plus souvent été absente de la planification des trans-
peuvent fournir une contribution fondamentale à l’ouver- ports au niveau européen jusqu’à une période récente.
ture de nouvelles possibilités pour les régions les plus L’importance du transport intermodal pour les pays de
périphériques, notamment en réduisant les temps de la cohésion peut être mesurée à l’aune des priorités
déplacement pour les hommes d’affaires. Mais l’une des identifiées dans le contexte de l’initiative des réseaux
implications les plus graves de la libéralisation pourrait transeuropéens de transport qui sera exposée plus loin.
être l’abandon de lignes aériennes peu rentables, qui Ces réseaux, dans les pays de la cohésion, ont un profil
ont été maintenues grâce à des subventions croisées au modal qui diffère de celui du reste de l’Union, le plus
sein des compagnies provenant de marchés plus ren- gros des prêts étant consenti dans les domaines des
tables. Jusqu’à maintenant, cet effet n’est toutefois pas ports, du transport combiné et des routes alors que 15
encore apparu. Dans le même temps, les nouveaux à 25% seulement vont au rail (conventionnel et réseau
concurrents ont inévitablement été attirés par les lignes TGV) et au transport aérien (aéroports et contrôle de la
les plus fréquentées entre les grands centres urbains, navigation aérienne). A l’intérieur du total des subven-
qui tendent de ce fait à bénéficier des plus fortes réduc- tions dont bénéficient les réseaux transeuropéens de
tions tarifaires. Pour les pays de la cohésion, cela signifie transport, les pays de la cohésion représentent le plus
que les avantages tendent à se concentrer de façon gros des financements de l’Union consacrés au finan-
disproportionnée sur un nombre limité de centres cement des routes.
urbains, généralement les capitales nationales.
Les réseaux transeuropéens
L’ouverture de services régionaux internationaux a été de transport et la cohésion
l’une des toutes premières étapes du processus de
libéralisation des transports aériens: la directive de 1983 Plus généralement, les réseaux transeuropéens de
a permis l’introduction de services entre des aéroports transport peuvent contribuer à ouvrir le territoire euro-
régionaux de différents pays (avec un certain succès au péen, et engendrer ainsi de nouvelles possibilités pour
départ). Avec l’extension de la libéralisation à l’ensem- les Etats membres et régions périphériques. Une
ble du marché, l’intérêt porté aux services régionaux évaluation récemment mise à jour a examiné les effets
intérieurs a pris le dessus et des dispositions permettent des projets liés à ces réseaux sur le transport des
de protéger ces lignes dans le cadre des obligations de passagers. La conclusion est que la mise en oeuvre du
service public. programme existant pour ces réseaux engendrerait en
moyenne une augmentation de 20% de la population
Dans certains cas, les lignes aériennes des pays de la accessible par un voyage aller-retour dans la même
cohésion ont pu retirer certains avantages, notamment journée. Cette moyenne masque des différences selon
en exploitant les nouvelles conditions du marché qui les types d’agglomérations. Les gains les plus élevés

77
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

seraient enregistrés dans les villes situées à proximité Comme l’offre de transport tend à être moins rentable à
des nouveaux projets pour lesquelles les liaisons étaient court terme, et en termes purement financiers, dans les
médiocres jusqu’ici (les améliorations pourraient dépas- pays de la cohésion que dans les parties centrales plus
ser 80% dans ce cas), et certaines des villes des pays prospères de l’Union, l’importance que revêtent des
de la cohésion figurent parmi elles. Les gains les plus clauses adéquates quant aux obligations de service
importants seraient ensuite acquis par les villes public y est généralement plus grande. Ces obligations
moyennes localisées au centre (accroissement de 30 à sont essentielles pour contribuer à concilier les effets
60%), puis par les grandes villes des pays de la cohé- hautement souhaitables, mais souvent à long terme, de
sion ou des autres pays (augmentation de 16 à 26%). la libéralisation et de la concurrence avec la nature
Les villes situées dans des zones reculées et quelques inévitablement incertaine et risquée des investisse-
très grandes villes qui bénéficient déjà de bonnes infra- ments dans le domaine des transports. Les politiques
structures auraient les gains les plus modestes (10% ou orientées vers la cohésion, qui ont un horizon à long
moins). terme, demandent une continuité et l’existence de ser-
vices réguliers pendant une longue période de temps
En termes de temps de déplacement, les données qui ne sont pas toujours garanties par des marchés de
révèlent un tableau voisin: si les pays de la cohésion faible volume et largement saisonniers. Des transports
tirent des avantages en termes absolus, ils ne gagnent publics peuvent donc, dans les régions les plus pauvres
pas autant en termes relatifs. Les améliorations les plus et les moins développées, contribuer à équilibrer les
fortes sont attendues dans les régions frontalières effets souhaitables de la libéralisation sur l’efficience et
d’Ecosse et d’Angleterre, du sud de l’Italie et dans les le besoin que des services appropriés soient fournis
zones reculées dotées d’infrastructures médiocres en dans toutes les régions à un prix abordable.
France et en Allemagne.

Si les capitales des pays de la cohésion peuvent voir Les télécommunications


leur situation s’améliorer, les gains des villes plus
petites, dans ces pays, seront moins importants, surtout Des télécommunications efficaces et disponibles à
si on les compare à des villes de taille voisine proches un prix abordable sont importantes pour accroître la
des noeuds des réseaux transeuropéens de transport. compétitivité et la croissance, comme pour amélio-
Une raison en est la médiocrité des réseaux locaux. Des rer la qualité de vie des citoyens de l’Europe. Ce sont
investissements permanents dans les routes secon- là les principaux objectifs de la libéralisation des
daires et les liaisons entre modes de transport sont marchés et des réseaux de télécommunications
indispensables dans les pays de la cohésion pour que dans la Communauté.
ceux-ci puissent se lier aux réseaux transeuropéens.
C’est un défi particulier pour la politique des transports, La politique des télécommunications de l’Union
en liaison avec les politiques de cohésion, que de remé- comprend la fixation des conditions de l’ouverture des
dier à ce risque, notamment en ce qui concerne l’offre marchés et son calendrier, ainsi que la définition d’un
de connexions secondaires avec les grands réseaux qui cadre harmonisé pour la fourniture de services univer-
n’avaient jusqu’à présent pas reçu de priorité (voir cha- sels et la protection de données. Le but est d’améliorer
pitre 5). la qualité des services et du choix en exposant
les opérateurs aux forces du marché, de veiller à l’inter-
Une autre raison générale qui explique les bénéfices connexion et à l’interopérabilité des réseaux existants,
relativement faibles que tireraient les pays et régions de ainsi que de garantir un niveau de service minimal dans
la cohésion tient à la géographie. Leur caractère péri- toutes les parties de la Communauté. Cela pose des
phérique signifie qu’ils ne profitent pas des avantages questions majeures pour les pays de la cohésion. En
du centre qui, par définition, accède plus facilement à particulier, il s’agit de savoir comment ils peuvent plei-
toutes les parties du réseau. La périphérie possède nement profiter des avantages de la libéralisation,
généralement un accès vers le centre, mais les comment les réglementations peuvent le mieux maîtriser
connexions sont généralement médiocres avec les les effets potentiellement dommageables de cette libé-
autres localités périphériques. En même temps, une ralisation et comment la société de l’information peut se
déformation des réseaux au profit des régions en retard développer sans être entravée.
de développement pourrait réduire leur efficience et leur
croissance globales, du moins à court terme, avant que La libéralisation
les améliorations du potentiel productif des économies
périphériques ne se manifestent. De fait, ce conflit entre La stratégie de libéralisation progressive remonte au
objectifs à court et à long terme pose un dilemme aigu Livre vert des télécommunications de 1987. Les mar-
aux responsables, qui doivent décider les poids relatifs chés des équipements ont été libéralisés à partir de
qu’il convient d’attacher à chacun de ces deux termes. 1988, les services à haute valeur ajoutée en 1990 et les

78
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

communications de données en 1993. D’autres aspects, du prix des appels à longue distance et, plus particuliè-
tels que les communications mobiles digitalisées — le rement, la baisse du prix des appels internationaux, y
système GSM — ont été développées sur une base compris entre Etats membres, ainsi que de celui des
concurrentielle, avec dans certains Etats membres lignes louées à bail, qui sont la base des réseaux
l’aide d’une application des règles du Traité sur la commerciaux dans l’Union.
concurrence.
Les effets d’une augmentation relative des taxes de
Une libéralisation complète de tous les services et infra- raccordement seront probablement répartis inégale-
structures de télécommunications interviendra en 1998, ment entre groupes sociaux et régions. Au Royaume-
avec la possibilité de périodes de transition allant Uni, par exemple, British Telecom est autorisée à
jusqu’à cinq ans pour permettre à la Grèce, à l’Irlande, prélever une taxe de raccordement supplémentaire
au Portugal et à l’Espagne de réaliser l’ajustement struc- pour tous les clients éloignés lorsque des coûts supplé-
turel nécessaire, en particulier en matière de tarification. mentaires importants doivent être supportés (plus de
Au moment où ces lignes sont écrites, l’échéance de 100 heures de travail).
1998 est éloignée de moins de dix-huit mois, et seule la
Grèce a demandé de différer une libéralisation complète En deuxième lieu, les progrès dans les technologies de
jusqu’en 2003 tandis que les autres pays ont l’intention la transmission et de la commutation ont déjà réduit de
d’ouvrir leurs marchés nationaux en 1999–2000. façon spectaculaire l’effet de la distance sur le coût des
appels et le passage à une structure tarifaire davantage
Les pleins effets de la libéralisation ne se feront sans fondée sur les coûts devrait encore le réduire. Toutefois,
doute pas sentir avant une date assez avancée dans la l’effet sur les disparités régionales n’est pas clair, parce
prochaine décennie, bien que quelques indications que des coûts plus bas profiteront à la fois aux régions
quantitatives des effets possibles sur les pays de la centrales et aux régions périphériques. Cependant, il
cohésion puissent être tirées de l’expérience de pays où est probable que ces dernières enregistreront certains
cette libéralisation est déjà intervenue ou à partir gains relatifs, parce que, bien que des données sur les
d’études ex ante effectuées dans les pays où elle est structures des appels ne soient pas disponibles, on peut
prévue. Toutefois, l’expérience observée ailleurs ne se s’attendre à ce qu’une proportion plus élevée des
renouvellera pas nécessairement dans les pays de la appels effectués dans une région reculée soient des
cohésion parce que leur situation est différente. appels à longue distance que ce n’est par exemple le
cas dans une grande ville (ne serait-ce que parce que
Certaines raisons invitent à se montrer optimiste sur le les abonnés locaux seront beaucoup moins nombreux
fait qu’à long terme, l’ouverture du marché des télé- dans une région reculée).
communications ainsi que les mesures d’harmonisation
seront bénéfiques pour les régions périphériques, Les effets sur la cohésion sociale, par opposition aux
moins densément peuplées, bien qu’il puisse y avoir des effets sur les disparités régionales, d’une réduction des
effets défavorables à court terme. prix des appels à longue distance sont ambigus. Alors
que des individus aux revenus élevés qui font plus
Les principaux risques sont que les nouveaux investis- d’appels seront sans doute ceux qui en bénéficieront le
sements se concentrent dans des zones où la demande plus, on peut aussi soutenir que les services à longue
est relativement forte et les coûts relativement faibles, et distance et internationaux deviendront une option plus
que les changements de structure tarifaire — en parti- accessible aux groupes à faible revenu, qui étaient
culier, le rééquilibrage des prix qui est destiné à refléter jusqu’ici dissuadés par des tarifs élevés.
le coût de fourniture du service — retardent le dévelop-
pement des nouveaux services dans certaines régions Le troisième grand aspect du rééquilibrage tarifaire
des pays de la cohésion. concerne les services entre Etats membres. Les marges
sur ceux-ci sont particulièrement élevées et anormales,
Dans la pratique, beaucoup de choses dépendent de la et les appels au sein des pays coûtent généralement
nature et de l’ampleur du rééquilibrage tarifaire effectué moins cher que des appels internationaux pour une
et, plus particulièrement, du développement des dispo- distance comparable. En outre, un appel d’un Etat mem-
sitifs compensatoires concernant les obligations de ser- bre à un autre peut encore coûter le double d’un appel
vice universel, lesquels ont pour objet de maintenir des identique dans l’autre sens.
services essentiels pour le développement régional
même s’ils ne sont pas rentables. Tandis que globalement, la restructuration tarifaire nivel-
lera les prix vers le bas, elle ne réduira pas nécessaire-
L’élimination du subventionnement croisé des activités ment les disparités régionales, surtout à cause de
aura trois effets principaux: l’accroissement des taxes l’augmentation des taxes de raccordement. L’ampleur
de raccordement par rapport au coût total, la réduction de cet effet dépendra de la mesure dans laquelle

79
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

certaines activités en subventionnent actuellement abordable pour tout usager grâce à une ligne qui
d’autres, mesure qui varie d’un pays à l’autre. Afin de soutient l’utilisation de communications de données
modérer cet effet, il est nécessaire que les autorités de (modem et fax) et la fourniture de téléphones, d’an-
réglementation nationales, qui ont l’obligation de garan- nuaires et de services d’opérateurs payants, un libre
tir un service universel accessible à un prix abordable accès à un numéro d’appel en cas d’urgence, des
dans la Communauté, adoptent une démarche active. Il appels automatiques, une facturation détaillée et la pos-
conviendra par ailleurs d’évaluer toute action supplé- sibilité d’interdire les appels en direction de certains
mentaire qu’il faudrait entreprendre. numéros). Pour l’avenir, la principale question concer-
nera la cohésion. En l’absence d’une obligation d’assu-
Les obligations de service universel rer une couverture géographique universelle à un prix
abordable, il est probable que la structure régionale du
La politique des télécommunications comprend non développement des nouveaux services et infrastruc-
seulement la libéralisation du secteur mais également le tures sera inégale. Même dans le cadre d’un monopole
renforcement des obligations de service universel. La public, les nouveaux services tendent à être introduits
responsabilité d’en fixer les modalités en incombe dans des régions où la demande est forte et où les coûts
essentiellement aux gouvernements et aux autorités de sont bas.
réglementation nationales. (Dans une communication
de mars 1996 sur le service universel, la Commission A cet égard, il convient de trouver un équilibre entre la
reconnaît que, si le processus de rééquilibrage tarifaire poursuite d’objectifs de cohésion, d’une part, et d’autre
«restait un élément fondamental de la préparation d’un part, le libre jeu des forces du marché ainsi que la plus
environnement complètement libéralisé», des efforts grande efficience et l’innovation plus rapide qui en
étaient en cours pour en alléger les effets les plus seront sans doute la conséquence. (La Communication
négatifs en faisant des propositions destinées à garantir de la Commission sur le service universel admettait
que les services resteraient abordables grâce à l’incor- qu’un service universel est un concept dynamique et
poration de plafonds tarifaires et de régimes tarifaires évolutif, et qu’il devrait «combiner une analyse de la
spéciaux dans les obligations de service universel.) Une demande fondée sur le marché en ce qui concerne un
question fondamentale consiste à savoir s’il convient ou service particulier et l’extension de sa disponibilité et
non de maintenir un tarif national uniforme unique pour une évaluation politique de son caractère souhaitable
le service de base. Dans la plupart des Etats membres, d’un point de vue économique et social.») Pour que les
il est probable qu’un tarif unique sera conservé dans responsables puissent faire le meilleur usage de tout
l’avenir immédiat, mais cela ne signifie pas qu’il en ira mécanisme de financement d’un service universel (y
de même à long terme. compris dans le cadre des Fonds structurels), il est
essentiel qu’ils fassent des choix bien informés sur
Il existe un consensus sur le maintien jusqu’en 1998 de l’ampleur de celui-ci et sur les évolutions possibles dans
l’obligation de service universel dans son étendue l’avenir, telles que le fait d’élargir l’accès à la société de
actuelle (plus précisément, un service vocal à un prix l’information aux écoles, aux hôpitaux et aux bibliothè-
ques. (Pour contribuer à ces choix, la Commission
entreprendra une surveillance régulière de l’étendue, de
la qualité et du caractère abordable du service universel
27 Dépense annuelle moyenne par habitant
pour les services de télécommunications,
dans la Communauté à partir de la fin de 1997.)
1992
180
EUR12 = 100
180 La libéralisation dans les pays de la cohésion

160 160
Les télécommunications sont moins développées dans
140 140 les quatre pays de la cohésion. Comme il a été dit
ci-dessus, après la libéralisation, les opérateurs pour-
120 120
raient être encore moins enclins que précédemment à
100 100 investir dans des régions où les dépenses consacrées
aux services de télécommunications sont relativement
80 80
faibles (graphique 27), où les coûts d’investissement
60 60
sont élevés, en partie à cause de la faible densité de la
population, et où la rentabilité est plus faible qu’ailleurs.
40 40
Le fait de différer la libéralisation dans des pays où les
20 20
réseaux sont moins développés pourrait avoir un sens
si le but est de leur permettre d’effectuer un rattrapage.
0 0 De plus, dans les pays où l’utilisation des services
B DK D F GR E IRL I L NL P UK
téléphoniques est relativement faible, des tarifs fondés

80
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

sur l’usage et des systèmes tarifaires spéciaux pour- général plutôt qu’aux infrastructures. Elle comprend un
raient être une stratégie raisonnable pour promouvoir un réseau d’autoroutes de l’information urbaine, une appli-
développement rapide du réseau (il est probable qu’une cation de télé-médecine, un système d’éducation et de
subvention au raccordement là où relativement peu de formation à distance, un accès au patrimoine culturel,
personnes sont connectées au réseau sera plus effi- des services génériques, le télétravail et le commerce
ciente que dans les pays où la plupart des personnes électronique pour les PME.
sont raccordées).
Le principal goulot d’étranglement auquel s’attaquent les
Tandis que la plupart des Etats membres en sont aux réseaux transeuropéens de télécommunications n’est pas
dernières phases de développement de leurs services tant celui des «maillons manquants» dans le réseau que
de télécommunications et que les obligations de service l’absence de disponibilité d’applications et de services
universel répondent essentiellement à des fins sociales, satisfaisant les besoins des entreprises et des particuliers. A
dans les pays de la cohésion, où le système et un cet égard, l’incertitude sur la viabilité commerciale, en raison
marché de masse continuent encore à se développer, du caractère innovant de l’application ou du service
les obligations de service public remplissent une fonc- concerné ou à cause de difficultés d’organisation, peut
tion économique importante et des tarifs faibles peuvent dissuader l’initiative privée. Les interventions de l’Union sont
contribuer à stimuler l’expansion du réseau. orientées vers la réduction de l’incertitude et du risque
financier en jeu, ainsi que vers l’encouragement au
Toutefois, dans le même ordre d’idée, le coût des obli- lancement de services d’intérêt général sur une base
gations de service universel semble être nettement plus transeuropéenne dans le cadre d’un partenariat entre
élevé dans ces pays que dans le reste de l’Union. Selon acteurs publics et privés. Le développement des réseaux
une étude, alors que dans la plupart des Etats membres, transeuropéens des télécommunications est régi par la
en 1992, les coûts des obligations de service universel demande, les projets étant spécifiés par l’intermédiaire
allaient de 0, 5% à 3% du chiffre d’affaires, le chiffre était d’appels à propositions, sur la base d’un ensemble de
de 5% pour l’Espagne, de 7% pour le Portugal et de plus critères comprenant le renforcement de la cohésion écono-
de 15% pour la Grèce (étude réalisée par Analysys en mique et sociale.
1994, mais les chiffres doivent être considérés seule-
ment comme indicatifs et pourraient faire l’objet de Pour résumer, sans une intervention dans certaines
marges d’erreur assez larges parce qu’ils reposent zones, il existe un certain risque de voir la modernisation
largement sur les hypothèses et la méthodologie parti- du réseau public commuté de téléphones et, plus parti-
culières qui ont été adoptées et qui souvent n’ont pas culièrement, le développement de réseaux à large
été révélées). bande, ne pas s’effectuer au rythme souhaitable et que,
de ce fait, le système soit incapable d’offrir à certaines
Comme pour les obligations de service universel, il se régions des services importants tels qu’Internet. Comme
peut que des mesures d’accompagnement soient né- de nombreux services engendrent des recettes, on peut
cessaires pour contribuer à accélérer le développement s’attendre à ce que des prêts ou des capitaux privés
des réseaux dans les pays de la cohésion, peut-être
avec des ressources des Fonds structurels, et pour
éviter des effets défavorables importants de la libérali-
28 Financements des réseaux transeuropéens
sation (comme l’a reconnu le Livre vert de la Commission
de l’énergie
sur les infrastructures de 1995). Millions d'ECU
5,000 5,000

Réseaux transeuropéens, Autres sources


FS + autres
société de l’information et cohésion BEI + FEI
4,000 4,000

Le développement des télécommunications à l’échelle


de toute la Communauté est une force potentielle impor-
3,000 3,000
tante pour la croissance et pour une plus grande inté-
gration de l’Europe, surtout au vu de l’augmentation
spectaculaire des possibilités de transfert électronique 2,000 2,000
de l’information. La politique est concentrée actuelle-
ment sur la convergence de la technologie afin de créer
une «aire commune de l’information» en Europe grâce 1,000 1,000
à l’action de réseaux transeuropéens de télécommuni-
cations. Cette action, à la différence de celle menée
dans les domaines des transports et de l’énergie, a trait 0 0
B DK D I UK GR E IRL P
aux applications et aux services avancés d’intérêt

81
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

financent certains des nouveaux développements. Tou- L’expérience du Royaume-Uni souligne aussi que les
tefois, compte tenu des sommes en jeu, une intervention structures tarifaires existantes impliquent généralement
des Fonds structurels pourrait financer au moins une que certaines activités en subventionnent fortement
partie des coûts (voir chapitres 5 et 6). d’autres, dans la mesure où un tarif fixe est prélevé par
unité de consommation, bien que le coût soit plus élevé
pour desservir de petits consommateurs et les régions
L’énergie rurales. En l’absence d’intervention des autorités publi-
ques ou d’organismes régulateurs, un système qui
L’énergie est un facteur clé du développement régional. repose davantage sur les coûts d’offre réels pourrait
Le secteur est important en lui-même, sa valeur ajoutée aboutir dans ces deux derniers cas à des hausses
s’élevant à un peu moins de 5% du PIB de la tarifaires relatives. Cependant, au Royaume-Uni, les prix
Communauté et représentant autour de 2% de l’emploi, de l’électricité prélevés sur les petits consommateurs et
le chiffre étant nettement plus élevé dans les régions les consommateurs ruraux ont chuté en termes réels
productrices d’énergie. après la libéralisation. D’un côté, quelques estimations
des effets d’une libéralisation complète du marché bri-
Les Etats membres relativement pauvres sont parti- tannique du gaz indiquent que les consommateurs les
culièrement vulnérables face aux développements plus petits (généralement les pauvres et les personnes
qui interviennent dans le domaine de l’énergie, âgées) pourraient subir des hausses de prix relatives de
parce que, comme ils importent plus et emploient 80% si une tarification au coût complet était introduite.
plus de personnes dans leurs réseaux de distribu- Mais cela ne signifie pas que les prix monteraient en
tion, ces développements ont un effet potentiel plus valeur absolue si le niveau général des prix de l’énergie
grand sur les coûts. baissait fortement par suite de l’accroissement de la
concurrence. Dans quelques parties du Royaume-Uni,
Une bonne partie de la politique de l’énergie relève de le marché du gaz a été ouvert pour des secteurs captifs
la responsabilité des Etats membres. Comme dans le (PME et ménages). Cette expérience sera suivie de près
cas des autres politiques des réseaux qui ont été pré- ailleurs dans l’Union.
sentées ci-dessus, la principale initiative au niveau de
l’Union qui a des implications pour la cohésion est la En dehors des politiques structurelles, l’engagement
libéralisation, identifiée dans le Livre blanc de 1995 financier de la Communauté dans le secteur de l’énergie
comme liée à la nécessité d’achever le marché intérieur tend à être limité; néanmoins, des tentatives ont été
de l’énergie. Le Livre blanc a aussi proposé des faites, en général, pour prendre en compte des objectifs
mesures pour garantir la sécurité des approvisionne- de cohésion. Ainsi, plus de la moitié des financements
ments et pour protéger l’environnement. disponibles pour des études de faisabilité au titre des
réseaux transeuropéens d’énergie sont allés aux pays
La libéralisation de la cohésion, tandis que ces pays représentent une
part significative des prêts de la BEI (graphique 28 et
Il est probable que la libéralisation entraînera toute tableau 19). Dans le cadre de la politique des réseaux
une série d’améliorations de l’efficience en raison et de l’initiative de planification régionale de l’énergie,
d’une concurrence accrue et de la meilleure utilisa- les régions périphériques devraient bénéficier d’un
tion des infrastructures qu’elle encouragera. Selon choix plus large et d’une plus grande sécurité des
une étude récente réalisée pour la Commission, les approvisionnements. Les programmes associant éner-
réductions annuelles de coût devraient pour la seule gie et environnement, tels que ALTENER (pour le déve-
électricité se situer entre 4–6 milliards d’ECU en l’an loppement des sources d’énergie renouvelables) et
2000 et 10–12 milliards d’ECU en l’an 2010 et, pour SAVE (pour promouvoir une utilisation rationnelle de
l’ensemble des approvisionnements en énergie, à l’énergie) ont aussi intégré dans une certaine mesure
6–8 milliards d’ECU en l’an 2000 et à 14–19 milliards des objectifs de cohésion dans leurs finalités plus
d’ECU en l’an 2010, ces chiffres équivalant à 0,15– larges. Des programmes tels que THERMIE, qui contri-
0,5% du PIB. Comme les pays de la cohésion ont buent à promouvoir la diversification de l’énergie, béné-
une production locale d’énergie relativement faible ficient aussi aux régions des pays de la cohésion
et ne sont donc pas soumis à de grandes contraintes fortement dépendants du pétrole.
qui les empêcheraient d’utiliser la source dont le
coût est le plus bas, on peut soutenir qu’ils bénéfi- La tendance à long terme dans le secteur, comme par
cieront le plus de ces réductions. Toutefois, l’expé- ailleurs dans l’économie, va dans le sens d’un accrois-
rience du Royaume-Uni, où le marché a été libéralisé sement de l’intensité capitalistique et d’une diminution
le plus tôt, suggère que si de grandes économies de la main-d’oeuvre, surtout dans le domaine des
sont possibles, il se peut qu’il faille un certain temps combustibles solides. La libéralisation devrait accélérer
pour qu’elles soient répercutées sur les usagers. cette tendance. Par exemple, une centrale à charbon

82
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

emploie entre 1000 et 2000 personnes alors qu’une interdisant la concurrence entre entreprises dans cer-
centrale au gaz équivalente en emploie entre 300 et 600. tains domaines, les initiatives ont offert de nouvelles
Des changements dans les subventions et les accords opportunités à certains groupes sur le marché du travail
d’achat préférentiels dans les Etats membres pourraient et découragé des activités ayant des effets négatifs sur
aboutir, dans ces conditions, à une rationalisation impor- les travailleurs. Elles ont de ce fait contribué à la
tante du secteur minier et à des pertes d’emplois cohésion sociale. Ces initiatives cherchaient d’abord à
substantielles dans les régions où la production de assurer la libre circulation des travailleurs (ce qui impli-
charbon est importante. que l’abolition de toute discrimination fondée sur la
nationalité, le maintien des régimes de sécurité sociale
pour les travailleurs émigrant dans d’autres pays et la
reconnaissance mutuelle dans les différents pays des
4.4 Les politiques qualifications et diplômes professionnels), une égalité
de traitement entre les hommes et les femmes (y
liées à la qualité de vie compris un salaire égal pour un travail d’égale valeur) et
des niveaux acceptables d’hygiène et de sécurité dans
Bien qu’un grand nombre des politiques qui ont été le travail.
passées en revue jusqu’ici intègrent des considérations
sociales, elles le font généralement à travers une En ce qui concerne ce dernier aspect, les mesures
préoccupation principale d’ordre économique ou plus prises au niveau européen ont permis aux pays moins
spécifiquement orientée vers l’efficience. Mais les poli- avancés de réaliser des progrès substantiels en adop-
tiques de l’Union prennent également en compte des tant des normes minimales en un bref laps de temps. De
aspects humains et sociaux qui expriment une concep- plus, la fourniture d’informations dans la Communauté
tion plus large de la qualité de vie, y compris la question tout entière sur les possibilités d’emploi et la situation du
importante de la durabilité du développement économi- marché du travail (par l’intermédiaire du système
que de la Communauté, en termes de protection de EURES) a facilité la mobilité des travailleurs entre pays.
l’environnement et d’utilisation des ressources. Dans le même temps, une intégration économique
toujours plus étroite a suscité le besoin d’une nouvelle
action au niveau européen, par exemple sous la forme
La politique sociale de l’introduction de procédures d’information et de
consultation dans les entreprises transnationales.
Les mesures à caractère social s’attaquent directement,
en raison même de leur nature, à la question de l’inté- En second lieu, la politique sociale ne se limite toutefois pas
gration et de la cohésion. Elles jouent ainsi un rôle à des dispositions législatives. Elle peut prendre aussi la
important pour promouvoir la cohésion européenne, forme de mesures incitatives, qui encouragent les groupes
entre groupes sociaux et entre régions. Elles couvrent concernés à coopérer pour s’attaquer à des problèmes
trois grands types d’activités. communs sur une base transnationale, à améliorer les
connaissances communes, à développer des échanges
En premier lieu, il existe de fortes interactions entre le d’informations et de bonnes pratiques, ou encore à
marché unique (et, plus largement, l’intégration écono- promouvoir l’innovation. De nombreux programmes d’action
mique européenne) et la politique sociale. De fait, il est ont été mis en oeuvre dans des domaines tels que l’éduca-
généralement admis que la politique sociale, et plus tion et la formation, l’égalité des chances entre hommes et
particulièrement les systèmes de protection sociale, femmes, la pauvreté et la lutte contre l’exclusion, la politique
doivent être développés parallèlement au marché uni- de la santé et les droits des handicapés. Dans ces
que, afin de soutenir la concurrence et le fonctionne- domaines, la Communauté a agi comme un catalyseur pour
ment efficient du marché, et de garantir que la déclencher des changements de politique et comme un
restructuration nécessaire — et continue — de l’activité instrument de cohésion au niveau européen. Le rôle de la
économique et de l’emploi puissent intervenir sans Communauté dans la promotion de ces initiatives et
engendrer des problèmes sociaux inacceptables. A vrai l’établissement de normes devrait se développer dans
dire, une intégration économique plus poussée en l’avenir.
Europe n’est sans doute pas possible sans dispositions
sociales adéquates. En troisième lieu, la politique sociale européenne porte
aussi plus généralement sur la promotion des droits
Dès le début, des initiatives dans le domaine social ont sociaux fondamentaux et le développement d’un
joué un rôle d’accompagnement dans l’achèvement du modèle social européen fondé sur un ensemble
marché unique. En garantissant un certain nombre de commun de valeurs. Un pas important dans cette direc-
droits spécifiques à l’individu — surtout les travailleurs tion a été franchi avec l’adoption en 1989 de la Charte
dans un premier temps — en les protégeant et en de la Communauté sur les droits sociaux fondamentaux

83
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

des travailleurs (quoiqu’un Etat membre ne l’ait pas à une restructuration ou à des changements économiques,
entérinée). En outre, le dialogue entre partenaires et en contribuant à la flexibilité du marché du travail. Cela
sociaux a été développé au cours des dix dernières implique de définir un nouvel équilibre dans lequel les
années au niveau européen — l’importance de ce dia- politiques économique et sociale se renforcent mutuelle-
logue a été inscrite dans le Protocole social de ment, où la recherche de la cohésion sociale renforce plutôt
Maastricht — et une directive sur les comités d’entre- qu’affaiblit les résultats économiques et où les droits sociaux,
prise européens a été adoptée en 1994 afin de promou- étroitement liés aux droits civiques et politiques fondamen-
voir le dialogue dans les entreprises transnationales. taux, sont garantis comme représentant un élément essen-
tiel de la citoyenneté européenne.
La politique sociale européenne est de plus en plus
centrée sur les emplois et, dans le contexte de la stra-
tégie européenne de l’emploi (décrite plus haut), un L’environnement
cadre a été établi pour tenter de garantir que toutes les
politiques pertinentes — macro-économiques aussi La politique de l’environnement de l’Union européenne
bien que structurelles — complètent et renforcent cha- reflète le souci de s’intéresser à une composante fonda-
cune des autres dans la lutte contre le chômage. Une mentale de la qualité de vie des citoyens européens.
procédure de suivi a aussi été mise en place pour Aujourd’hui, les objectifs de cette politique sont de plus
examiner l’efficacité des différentes mesures et en plus exprimés en termes de développement durable
démarches de politique économique. Les trois objectifs (voir chapitre 2).
sont l’intégration des jeunes dans la vie active, la pré-
vention du chômage de longue durée et le renforcement Traditionnellement, la politique de l’environnement de
de l’égalité des chances entre les hommes et les l’Union a été mise en oeuvre par des mesures législa-
femmes dans le monde du travail. En s’attaquant à ces tives. Mais il existe aussi un certain nombre d’autres
problèmes, la stratégie vise à améliorer l’efficacité des instruments, tels que des accords internationaux
marchés européens du travail. auxquels la Communauté est partie prenante, des me-
sures concernant l’information, des accords volontaires
Le renforcement futur des politiques sociale et de l’emploi et un soutien direct de projets par l’intermédiaire du
au niveau européen contribuera à amplifier leur impact sur programme LIFE.
la cohésion et la crédibilité de l’Union, qui est très dépen-
dante de la réussite avec laquelle on parviendra à atteindre La politique de l’environnement de l’Union a engendré
des niveaux acceptables d’emploi et à offrir des possibilités un corps substantiel (comprenant plus de 200 éléments)
à tous les citoyens européens — une «Europe pour tous». de textes législatifs. Ceux-ci sont essentiellement des
Dans le même temps, la politique sociale doit aussi être directives, qui définissent des normes minimales de
considérée comme un élément productif, susceptible qualité pour l’environnement, des normes d’émission, ou
d’accroître la compétitivité et la croissance en fournissant un des spécifications pour des produits échangés au sein
soutien essentiel aux personnes exposées à des risques liés du marché unique européen. Naturellement, la législa-
tion implique un coût de contrôle de son application,
mais celui-ci peut être compensé par les gains tirés de
la protection de l’environnement.
29 Dépenses pour la protection de
l’environnement, 1992
L’équilibre quantitatif et temporel entre les avan-
% du PIB
2 2 tages et les coûts n’est pas nécessairement uni-
forme dans la Communauté. L’effet sur les Etats
membres et les régions dépend de la mesure dans
1.5 1.5
laquelle la législation est adaptée à leurs besoins et
de l’ampleur des coûts entraînés par le fait de s’y
EUR 12
conformer dans leur situation particulière.

1 1 La politique de l’environnement
et les pays de la cohésion

L’impact des réglementations relatives à l’environne-


0.5 0.5
ment sur les parties les moins développées de l’Union
européenne dépend de trois aspects:

0 0 – la qualité de l’environnement avant la mise en oeuvre


B/L DK D F I NL UK GR E IRL P
Voir tableau 20 dans l'annexe statistique pour la définition des dépenses
de la législation concernée;

84
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

– la disponibilité des infrastructures nécessaires pour tableau 21 fournit des estimations grossières). Leur
la gestion des ressources en eau, la gestion des construction ou leur amélioration sont bien souvent
déchets, etc.; nécessaires pour se mettre en conformité avec les ré-
glementations de l’Union en matière d’environnement,
– l’importance relative des activités économiques telles que celles qui concernent les eaux urbaines usées
concernées par la législation de l’environnement. (Directive 91/271). Les pays de la cohésion sont égale-
ment en retard en ce qui concerne les déchetteries et
En ce qui concerne la qualité de l’environnement, les ont encore un long chemin à faire pour respecter les
pays de la cohésion se distinguent du reste de l’Union réglementations récemment adoptées pour les embal-
par leur situation géographique, leurs dotations en res- lages et les emballages perdus.
sources et leur développement économique. Parallèle-
ment à certaines autres régions périphériques du nord La principale question concerne l’effet de la politique de
de l’Union, les régions des pays de la cohésion ont un l’environnement de l’Union sur la croissance, la compé-
rivage côtier d’une longueur exceptionnelle. En Irlande, titivité et l’emploi dans les pays de la cohésion. Son
il existe encore des paysages à demi sauvages et des évaluation est une tâche des plus difficiles. Bien que la
écosystèmes non perturbés, tandis qu’en Espagne, au croissance tende à s’accompagner d’une plus forte
Portugal et en Grèce, on trouve un nombre inhabituelle- demande d’énergie et de ressources naturelles ainsi
ment grand d’espèces locales. Cela ne signifie pas que que de niveaux d’émissions et de déchets industriels
ces pays soient exempts de problèmes: l’Espagne, par plus importants, à cause de l’augmentation de la pro-
exemple, souffre d’une forte dégradation et érosion des duction et de la plus grande utilisation des moyens de
sols; en Irlande, l’eutrophisation des eaux de surface transport, cela n’a rien d’inévitable. Des méthodes plus
pose des problèmes croissants. Les problèmes efficaces et moins polluantes de production peuvent
d’approvisionnement en eau et d’élimination des dé- être introduites pour économiser l’énergie et préserver
chets deviennent par ailleurs de plus en plus importants l’environnement. De plus, à mesure que le revenu réel
dans les pays du sud. croît, les individus tendent à attacher plus d’importance
à une eau plus pure, à une meilleure qualité de l’air, à
Dans le même temps, dans les pays de la cohésion, la un environnement plus attractif, etc.
pollution est moins importante aussi bien par rapport à
la population que par rapport au PIB qu’elle ne l’est dans Des mesures politiques délibérées, prenant la forme de
les Etats membres relativement riches de l’Union. Leur contrôles, d’incitations fiscales (par exemple, des taxes
situation de départ est donc généralement plus favora- sur les activités polluantes) et de dépenses publiques
ble en termes de qualité de l’environnement comparati- sont nécessaires pour transformer ces préférences en
vement à la plupart des autres parties de l’Union. réalités et pour garantir que des techniques plus pro-
Toutefois, les efforts accomplis pour promouvoir une pres et plus économes en énergie sont adoptées dans
croissance plus rapide et une convergence des capa- les processus de production. On ne peut prétendre que
cités productives et des niveaux de revenu réel créent les coûts liés à ces actions soient nuls, que les change-
inévitablement des risques pour l’environnement. Bien ments nécessaires dans les méthodes de production et
qu’une qualité élevée de l’environnement puisse être un le transfert de ressources vers des activités plus respec-
facteur favorable à la croissance pour des secteurs tels tueuses de l’environnement puissent être réalisés
que le tourisme, certaines industries agro-alimentaires instantanément sans effets défavorables, même seule-
et à haute technologie, où une main-d’oeuvre mobile est ment temporaires, sur l’emploi et le potentiel de crois-
attirée par la qualité de la vie, il est probable que la sance. A long terme, toutefois, de tels changements sont
croissance du PIB s’accompagnera de problèmes essentiels pour que le développement des économies
croissants de pollution et de dégradation de l’environ- européennes, y compris celles des pays de la cohésion,
nement à moins que des mesures délibérées ne soient soit durable. En outre, à long terme, ces changements
prises pour les éviter. renforceront probablement le potentiel de croissance et
la création d’emplois plutôt qu’ils ne les détruiront.
Des recherches (telles que celle effectuée, par exemple,
par ERECO en 1993) montrent que les dépenses consa- D’après une étude réalisée en 1994, si toutes les
crées à la protection de l’environnement, infrastructures mesures en faveur de l’environnement actuellement en
comprises, sont plus faibles dans presque tous les pays cours d’examen dans l’Union — telles qu’une taxe sur
de la cohésion que partout ailleurs dans l’Union, à la fois l’énergie ou le carbone et une législation pour élever les
en termes absolus et par rapport au PIB (graphique 29 normes de qualité des carburants et réduire les émis-
et tableau 20). En Espagne seulement, la dépense est sions notamment des automobiles, les mesures pour
proche de la moyenne de l’Union européenne. Les pays accroître l’utilisation de sources d’énergie renouvela-
de la cohésion ont d’importants besoins d’investisse- bles, les directives sur les nitrates, l’eau et l’assainisse-
ment en installations de traitement des eaux usées (le ment— devaient être mises en oeuvre, il y aurait des

85
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

gains importants pour l’environnement. De plus, tous les prendre en compte l’effet inégal des mesures dans les
effets négatifs possibles sur le PIB pourraient être évités différentes régions et l’inégalité des situations de départ,
grâce à un ensemble de mesures bien conçues, tout comme doivent le faire les politiques de cohésion,
combinant mesures budgétaires et redevances, visant qui peuvent aider les Etats membres et régions relative-
à faire supporter les coûts sociaux de la pollution et de ment pauvres à supporter le coût de la protection de
la dégradation de l’environnement à ceux qui en sont l’environnement — même si cela peut n’être qu’à court
responsables, à côté de modifications dans le compor- terme — et garantir que leur développement suive une
tement des producteurs et des consommateurs à la voie durable.
suite des changements dans la structure des prix et de
la meilleure qualité de l’information. En fait, si tous les
changements requis intervenaient réellement, à la fois Education et formation professionnelle
le PIB et l’emploi pourraient s’accroître à long terme.
Les programmes d’action communautaire en faveur de
L’effet sur les différents Etats membres dépend de la l’éducation et de la formation ont été lancés pour appor-
structure des activités économiques qui y prévaut et de ter des améliorations dans ces domaines, au moyen
leur compétitivité dans la production des biens et ser- d’actions innovantes et transnationales. Ils ont pour
vices qui devraient bénéficier des mesures prises. Dans objectif d’aider l’achèvement fructueux du marché uni-
le cas des pays de la cohésion, comme l’Espagne, le que (liberté de circulation des personnes) et à accroître
seul de ces pays explicitement couvert par l’étude, une la compétitivité ainsi que les possibilités de choix et la
légère diminution du PIB pourrait résulter de leur dépen- qualité de vie offertes aux individus. Ils ont ainsi des
dance par rapport à l’agriculture et aux transports rou- implications directes pour la cohésion (surtout sociale).
tiers, secteurs où l’on enregistrerait une forte hausse des Les principaux financements de l’Union pour l’éducation
coûts, de l’importance croissante de leur production de et la formation proviennent des Fonds structurels (pré-
voitures (en Espagne, en particulier), et de leur faible sentés au chapitre 5). D’autres programmes dans ce
importance relative en tant que producteurs d’équipe- domaine ont une envergure comparativement modeste,
ments de surveillance et de contrôle des émissions ou, représentant environ 0, 5% du budget de l’Union.
plus généralement, de «produits verts». En outre,
comme ils tendent à être en retard dans la mise en L’effet de levier est important pour une réussite maxi-
conformité par rapport aux normes d’environnement male, et les programmes cherchent à agir comme des
dans certains domaines — particulièrement l’élimination catalyseurs pour susciter l’innovation à une échelle
des déchets et l’approvisionnement en eau, comme il a européenne par l’échange d’informations et d’expé-
déjà été dit — certains coûts liés à cette mise en riences entre Etats membres. Il existe de nombreux
conformité pourraient être attendus. D’un autre côté, ces programmes — ERASMUS et LINGUA dans le domaine
effets défavorables sur le PIB pourraient être compen- de l’éducation, PETRA, FORCE, EUROTECNET et
sés par les économies d’énergie induites par des taxes COMETT en matière de formation professionnelle. Ils
plus élevées. couvrent des domaines tels que la coopération entre
universités et industrie, des échanges d’experts et
L’ampleur de la dégradation de l’environnement tend d’étudiants, la formation de jeunes, de femmes et de
pour l’essentiel à être moins importante dans les pays groupes de personnes défavorisées sur le marché du
de la cohésion qu’ailleurs dans l’Union. Cela ne signifie travail, ou encore l’apprentissage des langues étran-
pas que les coûts nécessaires pour rendre l’environne- gères. Deux des programmes les plus importants,
ment plus propre sont inférieurs, mais que leur attracti- PETRA et ERASMUS, peuvent servir d’exemples.
vité en tant que sites d’accueil d’entreprises pourrait
devenir plus forte à mesure que plus de poids serait PETRA est ciblé sur les jeunes et procure une aide pour
accordé à la qualité de l’environnement dans les déci- une formation et une expérience de travail dans d’autres
sions de localisation. Etats membres, développe un réseau de formateurs et
favorise l’échange de bonnes pratiques. ERASMUS vise
Si les résultats de l’étude sont fondés sur des scénarios à promouvoir la coopération entre universités, l’échange
purement hypothétiques, elle illustre les problèmes par- d’étudiants et d’enseignants et la reconnaissance réci-
ticuliers auxquels se heurtent les pays de la cohésion proque des diplômes.
lorsqu’ils s’efforcent de suivre une stratégie de dévelop-
pement qui vise à accroître le PIB et le potentiel productif Parmi les institutions de formation qui participent dans
pour les porter au niveau qu’ils ont dans le reste de le cadre de partenariats à PETRA, environ 30% provien-
l’Union sans causer de dommages injustifiés à l’environ- nent des pays de la cohésion, soit près du double de
nement. Ces problèmes doivent être pris explicitement leur part dans la population de l’Union. En outre, l’avan-
en considération dans la conception des mesures de la tage pour les pays de la cohésion est plus grand que ce
politique de l’environnement de l’Union. Celle-ci doit que suggère cette proportion, parce que les systèmes

86
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

de formation tendent à y être les moins développés. D’un senteront pas nécessairement une répartition géogra-
autre côté, la plupart du matériel de formation produit phique et sociale égale des coûts et des avantages. En
jusqu’ici n’a pas été bien transféré d’un pays à un autre. règle générale, ces politiques ne paraissent pas engen-
Les systèmes de fertilisation croisée d’ERASMUS favo- drer de désavantage absolu pour les régions ou les
risent aussi les pays de la cohésion, mais l’échelle groupes sociaux peu favorisés, mais elles tendent à leur
globale est très faible en termes budgétaires. procurer un avantage relatif inférieur en proportion à
celui des régions centrales ou des groupes plus favori-
Le principal effet des programmes résidait dans les sés.
échanges, produisant des effets indirects en matière de
coopération et de développement induits par la Il s’ensuit qu’une obligation de toute première impor-
recherche internationale et les projets pilotes. PETRA est tance consiste à veiller à ce que des efforts soient
petit par rapport à la population cible (37 000 jeunes ont accomplis pour maximiser les effets de cohésion de ces
participé au système d’échanges entre 1992 et 1994), politiques dans le cadre de la poursuite de leurs autres
avec un biais favorable aux pays de la cohésion (23% objectifs. Des voies d’exploration possibles sont expo-
des jeunes en provenaient). Une évaluation suggère sées à ce sujet dans les conclusions du présent rapport.
que le programme a eu un effet important sur les parti- Mais il faut clairement reconnaître qu’il n’est ni possible
cipants pour l’apprentissage des langues, qu’il a élargi ni souhaitable que d’autres politiques poursuivent des
leur horizon, amélioré leur confiance en eux-mêmes et objectifs de cohésion si cela implique des pertes consi-
accru leur capacité d’adaptation à des situations diffé- dérables d’efficience dans l’ensemble de l’Union. Par
rentes — tous des atouts importants sur le marché du voie de conséquence, les politiques structurelles natio-
travail. ERASMUS est beaucoup plus grand par rapport nales et communautaires jouent un rôle primordial en
à la population cible: 106 000 étudiants ont participé au créant les conditions pour que les différentes régions et
système pendant l’année universitaire 1994/1995, soit groupes sociaux partagent les fruits d’une économie
1% de ceux qui fréquentent l’enseignement supérieur européenne plus efficiente et productive.
(cela implique que 3–4% de la population cible partici-
pera au programme à un certain moment de son cursus
universitaire, la cible à long terme étant de 10%). Les
étudiants des pays de la cohésion étaient surreprésen-
tés, avec 22% des participants.

Comme pour PETRA, des enquêtes auprès des étu-


diants indiquent qu’ils tendent à tirer un profit considé-
rable de l’expérience. Pour les universités, la gamme
des effets positifs comprend une élévation des normes
d’enseignement par la mise en commun des expertises
et des expériences, une amélioration de l’enseignement
des langues étrangères, une dissémination plus réelle
des informations, une reconnaissance académique
améliorée et de meilleures procédures administratives
internes. Une collaboration nouvelle ou améliorée dans
le domaine de la recherche s’est manifestée comme
résultat des contacts académiques ainsi établis.

4.5 Quelques
remarques pour conclure

L’analyse qui précède suggère que, lorsque les politi-


ques de l’Union mettent en oeuvre des dépenses impor-
tantes — comme la PAC et la RDT — les bénéficiaires
les plus importants ont été des pays de la cohésion, et
parfois la majorité d’entre eux. D’autres politiques qui
créent un cadre pour le changement — peut-être surtout
en ce qui concerne la compétitivité et la libéralisation
des télécommunications ou des transports — ne pré-

87
Chapitre 4 Les politiques de l’Union européenne

88
Chapitre 5
Les politiques structurelles de la Communauté
et la cohésion: une responsabilité partagée

quatre Fonds structurels et le Fonds de cohésion repré-


5.1 Introduction sentent environ le tiers du budget des politiques
communautaires (tableau 23) et correspondent à près
Le rôle que joue l’Europe pour promouvoir la cohésion de 0,5% du PIB annuel de l’Union (tableau 24).
économique et sociale se trouve reflété par deux grandes
modifications du Traité au cours de la dernière décennie: La mise en oeuvre des politiques de cohésion de la
l’Acte unique européen (1987) et le Traité sur l’Union euro- Communauté est soutenue par six grands instruments
péenne (1993). Le chapitre consacré à la cohésion écono- financiers. Le Fonds de cohésion et les prêts de la
mique et sociale dans l’Acte unique a fourni la base du Traité Banque européenne d’investissement reposent sur une
qui a permis de réaliser la réforme fondamentale des Fonds démarche de financement de projets et sont régis par
structurels en 1988. Le Traité sur l’Union européenne (arti- des règles spécifiques, alors que les quatre Fonds
cle B) a fait franchir un pas de plus et la cohésion économi- structurels fonctionnent à l’intérieur d’un cadre commu-
que et sociale est devenue l’une des trois priorités de l’Union nautaire unique, respectant des principes communs:
à côté des objectifs économiques du marché unique et de concentration, programmation, partenariat et addition-
l’union économique et monétaire. Le Traité sur l’Union euro- nalité (voir section 5.4 ci-dessous).
péenne a aussi créé le Fonds de cohésion en faveur des
Etats membres moins prospères, et modifié le Fonds social Les Fonds structurels
européen de façon à ce qu’il s’adapte à de nouvelles formes
d’intervention (voir Objectif 4 ci-dessous). L’évolution des politiques de cohésion de l’Union euro-
péenne a conduit à créer quatre Fonds structurels: le
Le présent chapitre a pour objet de passer en revue les Fonds européen de développement régional (FEDER),
résultats des politiques structurelles, ou de cohésion, de le Fonds social européen (FSE), la Section Orientation
l’Union européenne mises en oeuvre, sous leur forme du Fonds européen d’orientation et de garantie agri-
actuelle, au cours des sept années écoulées depuis coles (FEOGA) et l’Instrument financier d’orientation de
1989. Cet examen est réparti en trois sections. La la pêche (IFOP).
section 5.2 décrit la nature et l’objet des politiques
structurelles concernant la cohésion. La section 5.3 Le FEDER, créé en 1975, vise à renforcer le potentiel
évalue les résultats en indiquant dans quelle mesure ces économique des régions aidées, à soutenir l’ajustement
politiques ont procuré d’importants avantages en structurel et à contribuer à promouvoir la croissance et
termes de création d’activités économiques et d’emplois les emplois durables. Afin d’atteindre ces objectifs, il
aux régions et groupes sociaux défavorisés de l’Europe. soutient l’investissement productif, des projets d’infra-
La section 5.4 examine le système de gestion mis au structures et des actions de développement du potentiel
point par l’Union européenne. économique propre des régions par le biais d’un
cofinancement de programmes opérationnels, d’une
aide aux grands projets, de subventions globales, d’une
assistance technique et d’études préparatoires. Il
5.2 Nature et objet encourage aussi la coopération transfrontalière et les
échanges d’expériences entre Etats membres.
de l’aide communautaire
Les ressources du FEDER se montent à 80,5 milliards
Les interventions communautaires visant à soutenir la d’ECU pour la période actuelle de programmation,
cohésion ont pris une dimension financière importante 1994–1999, contre 35,4 milliards d’ECU lors de la
au cours des dix dernières années. Globalement, les période 1989–1993. Cela représente 45% du total des

89
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

interventions structurelles de la Communauté pour les de modernisation de la production et de développement


deux périodes (si on exclut le Fonds de cohésion du des régions rurales. Le Fonds représente 23,7 milliards
calcul, le FEDER représente 48% des quatre Fonds d’ECU, ou 15,4% des Fonds de la Communauté, pour la
structurels). L’Espagne (24,1% des ressources du période actuelle de programmation, contre environ
FEDER), l’Italie (15,2%), la Grèce (12,4%), l’Allemagne 12 milliards d’ECU entre 1989 et 1993 (17,6% des Fonds
(12,2%) et le Portugal (12,4%) sont actuellement les plus de la Communauté).
grands bénéficiaires, comme ils l’étaient déjà dans la
période 1989–1993, à l’exception de l’Allemagne. L’Instrument financier d’orientation de la pêche (IFOP),
fonds spécifique créé en 1994 pour remplacer divers
Le Fonds social européen (FSE) a été créé par le Traité instruments financiers séparés qui fonctionnaient
de Rome. Depuis la réforme de 1988, il a eu pour objectif depuis 1976, a été doté de 2,9 milliards d’ECU (1,9% du
de combattre le chômage de longue durée et d’amélio- total des financements communautaires). L’Espagne,
rer la capacité des jeunes à tenir un emploi. Depuis l’Italie, la France et le Portugal sont les principaux béné-
1993, il s’y ajoute l’encouragement de l’adaptation aux ficiaires, se partageant 69% des fonds disponibles.
mutations industrielles. Il contribue à financer la forma-
tion professionnelle et les mesures de soutien de l’em- Agissant ensemble, les Fonds structurels sont
ploi ainsi que les améliorations du système éducatif. Il aujourd’hui concentrés sur sept objectifs:
vise à intégrer les exclus du marché du travail, à pro-
mouvoir le principe de l’égalité des chances et à lutter – quatre objectifs régionaux qui absorbent 85% des
contre l’exclusion sociale. Il finance aussi des mesures financements (tableau 25):
d’accompagnement telles que le développement des
systèmes de certification, la formation de formateurs et Objectif 1: il concerne le développement et l’ajuste-
de fonctionnaires, l’assistance technique et des actions ment structurel de régions en retard de développe-
innovantes. ment, y compris les zones rurales. Cet objectif
constitue la principale priorité des politiques structu-
Le FSE représente 30% des interventions de la relles de la Communauté. Environ 26,6% de la popu-
Communauté pour la période actuelle, contre 31% dans lation de l’Union vit aujourd’hui dans les régions
la précédente. L’Espagne (20%) et l’Allemagne (15,9%) couvertes par cet objectif et bénéficie de plus des
sont les plus grands bénéficiaires. deux tiers des financements (graphique 30).

La Section Orientation du Fonds européen d’orientation Objectif 2: il concerne la reconversion de zones


et de garantie agricoles (FEOGA) a été créée en 1962 touchées par le déclin d’industries traditionnelles. Il
dans le contexte de la Politique agricole commune représente la deuxième priorité de la politique régio-
(PAC). Elle a pour objet d’encourager l’ajustement struc- nale. Une proportion égale à 11% du total des
turel dans l’agriculture, qui s’est amplifié dans le cadre moyens financiers est attribuée à cet objectif qui
de la réforme générale de la PAC, grâce à des mesures concerne environ 16,4% de la population de la
Communauté.

Objectif 5b: il concerne le développement et l’ajus-


30 Part de la population couverte par les
tement structurel des zones rurales. Une proportion
Objectifs territorialisés des Fonds
égale à 5% du total des financements est affectée à
structurels, 1989-93 et 1994-99
60 % de la population 60 cet objectif qui couvre 8,8% de la population de
la Communauté.
50 50
1989-93
1994-99
Objectif 6: il concerne les problèmes des zones à
faible densité de population. Il couvre 0,4% de la
40 40
population de la Communauté et représente 0,5% du
total des ressources financières.
30 30

– trois objectifs couvrant toute la Communauté,


20 20
qui absorbent 15% du total des ressources finan-
cières:

10 10
Objectif 3: il vise à faciliter l’intégration des jeunes et
des chômeurs de longue durée sur le marché du
0 0 travail, tout en réduisant les effets de l’exclusion
Object. 1 Object. 2 Object. 5b Object. 6 Total sociale. Cet objectif bénéficie de 9,4% du total

90
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

des ressources. Les jeunes chômeurs et les – enfin, en 1995, l’Union a aussi approuvé un
chômeurs de longue durée représentent respective- Programme spécial de soutien pour aider au proces-
ment 1,3% et 2,4% de la population totale de la sus de paix et de réconciliation en Irlande du Nord.
Communauté.
Enfin, environ 1% du total des financements des
Objectif 4: il s’agit d’une mesure d’anticipation ou Fonds structurels est réservé à l’assistance techni-
d’une mesure préventive qui cherche à aider l’adap- que et à des mesures innovantes. Une large fraction
tation des travailleurs aux changements intervenant des dépenses consacrées à ces dernières actions
dans l’industrie. Une fraction égale à 1,6% des est décidée par la Commission sur la base d’appels
ressources totales est affectée à cet objectif. d’offres qui invitent à proposer des projets concer-
nant des thèmes prédéfinis. Actuellement, ces
Objectif 5a: il a pour objet de contribuer à promouvoir thèmes portent sur la coopération interrégionale
l’ajustement des secteurs de l’agriculture et de la interne et externe, la politique urbaine, l’aménage-
pêche. Une proportion égale à 4,4% du total des ment du territoire, les développements tech-
ressources est consacrée à cet objectif, à l’extérieur nologiques (y compris la société de l’information) et
des régions d’Objectif 1, dont 3,8% pour le secteur le développement endogène (y compris la culture).
agricole et 0,6% pour celui de la pêche. Les effectifs
employés dans le secteur primaire au sein de l’Union Le Fonds de cohésion
se montent aujourd’hui à plus de 8 millions de per-
sonnes, soit 2% de la population totale de l’Union. Le Fonds de cohésion a été créé dans le Traité de
Maastricht et a commencé à fonctionner seulement en
En outre, 9% des Fonds structurels sont réservés pour 1993. Son objet est d’aider les Etats membres les moins
des Initiatives communautaires. Celles-ci sont décidées prospères, par opposition aux régions, à se préparer à
par la Commission en partenariat avec les Etats mem- l’union économique et monétaire, et aux disciplines
bres et suivent une démarche thématique visant à budgétaires qu’elle implique, tout en maintenant les
renforcer l’accent mis sur les possibilités d’innovation ou efforts pour promouvoir le rattrapage économique. Le
à les explorer. Les principaux thèmes associés à l’en- Fonds peut ainsi être considéré comme une forme de
semble actuel d’initiatives sont les suivants: compensation versée aux Etats membres les plus
faibles en contrepartie du fait qu’ils engagent des dé-
– la coopération transfrontalière et interrégionale penses substantielles tout en cherchant à maîtriser leurs
(INTERREG, REGEN); déficits budgétaires.

– la promotion de la capacité d’innovation et l’assis- Quatre Etats membres bénéficient actuellement du


tance au développement des petites et moyennes Fonds de cohésion: la Grèce, l’Espagne, l’Irlande et
entreprises (STRIDE, TELEMATIQUE, PRISMA, le Portugal. Il lui a été alloué 14,5 milliards d’ECU
PME), ainsi qu’au développement local dans les pour la période 1994–1999, et ces ressources
zones rurales (LEADER) et les zones qui dépendent s’ajoutent aux allocations consenties au titre des
de la pêche (PESCA); Fonds structurels. Le Fonds finance des projets
d’infrastructures de transport qui contribuent au
– des politiques expérimentales pour l’environnement développement des réseaux de transport trans-
(ENVIREG) et pour contrer les crises dans des zones européens et des projets liés à l’environnement qui
situées à l’intérieur de grandes aires urbaines correspondent aux objectifs de la politique de
(URBAN); l’environnement de la Communauté.

– le renforcement de politiques nationales sur des La Banque européenne d’investissement


aspects spécifiques: adaptation aux effets pré-
vus des mutations industrielles ( ADAPT), accélé- La Banque européenne d’investissement (BEI) contri-
ration de l’ajustement dans des zones qui bue au développement régional, plus des deux tiers de
dépendent d’activités en cours de restructura- ses prêts étant consacrés aux régions éligibles (ces
tion, notamment dans les secteurs de la sidérur- prêts ont représenté 44 milliards d’ECU entre 1991 et
gie, de la construction navale, de l’extraction de 1995) (tableau 26). Plus de la moitié des prêts de la
charbon, des textiles et de la défense (respecti- Banque sont allés aux régions d’Objectif 1, tandis que,
vement RESIDER, RENAVAL, RECHAR, RETEX, dans les dernières années, la BEI a accru ses prêts aux
KONVER) et renforcement des actions qui visent régions d’Objectifs 2 et 5b, qui représentent aujourd’hui
à améliorer la capacité de groupes sociaux 43% des financements qu’elle accorde au titre du déve-
spécifiques à participer pleinement au marché loppement régional. La plupart des ressources finan-
du travail ( EMPLOI, NOW, HORIZON); cières ont été affectées à des projets d’infrastructures,

91
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

dont beaucoup contribuent à compléter les réseaux si les sommes consacrées aux infrastructures dans
européens de transport et d’énergie ou à protéger et le cadre des Fonds structurels se sont réduits au fil
améliorer l’environnement. du temps en faveur d’investissements en capital
physique et humain directement liés à la compétiti-
La dimension des interventions vité et à la production. Dans les anciennes régions
industrielles ou dans les régions agricoles situées
Une comparaison permettant d’apprécier l’ampleur dans les économies parvenues à maturité, les infra-
de l’aide consentie dans le cadre des politiques de structures nationales sont généralement plus déve-
cohésion de l’Union européenne est celle que l’on loppées et nécessitent moins d’aide financière au
peut faire avec le Plan Marshall, archétype du pro- niveau de l’Union européenne. Actuellement, les
gramme d’aide structurelle pour la reconstruction de dépenses sont réparties de la façon suivante dans
l’Europe dans l’après-guerre, qui se montait à 1% du les régions d’Objectif 1:
PIB des Etats-Unis et a contribué en moyenne à
environ 2% du PIB annuel européen pendant la – Infrastructures: 30% des Fonds structurels leur sont
période 1948–1951. L’effort de la Communauté consacrés. Les investissements dans les domaines
représente environ 0,5% du PIB de l’Union par an, des réseaux de transport, de télécommunications et
mais c’est un engagement à long terme qui aura d’énergie, ainsi que pour l’approvisionnement en
représenté, en termes cumulés, 6,5% du PIB de la eau et la protection de l’environnement, sont éligi-
Communauté pendant la période 1989–1999, contre bles. Comme l’objectif est de réduire les écarts en
4% du PIB pour l’engagement des Etats-Unis entre matière de dotation en infrastructures, les dépenses
1948 et 1951. sont les plus lourdes dans les quatre Etats membres
les plus pauvres. Les investissements dans le
Domaines d’intervention domaine des communications de base sont une
priorité pour améliorer l’accessibilité tandis que d’au-
Trois grands domaines d’intervention sont couverts tres investissements encouragent la diversification
par les politiques mises en oeuvre dans le cadre des des sources d’énergie. Un rôle nouveau a été de
Fonds structurels et du Fonds de cohésion (ta- soutenir la réalisation des réseaux transeuropéens,
bleaux 28 à 31 et graphiques 31 à 33): les infrastruc- dont un nombre important est situé dans les pays les
tures, les ressources humaines et l’environnement plus pauvres de l’Union. Les ressources du Fonds
productif. Pour les régions d’Objectif 1, prioritaires de cohésion servent exclusivement à des investisse-
en termes politiques et financiers, il existe une répar- ments dans de grandes infrastructures de transport
tition assez équilibrée entre ces trois priorités, même et en matière d’environnement.

31 Répartition des Fonds structurels par grande catégorie de dépense dans


les régions d'Objectif 1, 1989-93 et 1994-99 Environnement productif
Ressources humaines
% Infrastructures
100 100

80 80

60 60

40 40

20 20

0 0
D GR E F IRL I P UK EUR C4 B D GR E F IRL I NL A P UK EUR C4
1989-93 1994-99

92
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

– Ressources humaines: 30% des Fonds structurels


sont consacrés au renforcement des systèmes d’en-
5.3 Une décennie de réalisations
seignement et de formation professionnelle et au
soutien des politiques du marché du travail. Les
principales mesures éligibles comprennent un sou- La tâche d’évaluation
tien à l’enseignement général et à la R&D, à la
formation professionnelle, à l’égalité des chances, à Cette section passe en revue les résultats des interven-
l’emploi et au travail indépendant, ainsi que des tions conduites dans le cadre des politiques de cohé-
mesures visant à intégrer les personnes les plus sion de l’Union européenne. Ceux-ci comprennent toute
exclues du marché du travail. Comme cela a été dit une série d’améliorations concrètes de la situation des
plus haut, l’addition de nouvelles formes d’interven- régions, de localités et de groupes sociaux relativement
tion relatives à la prévention du chômage et à l’adap- marginalisés de l’Union, se traduisant par de nouvelles
tation aux mutations industrielles a élargi le champ possibilités offertes à l’échelle européenne. En outre,
de la politique consacrée aux ressources humaines. d’autres résultats dus aux politiques de cohésion sont
présentés, notamment en ce qui concerne le rôle
– Environnement productif: avec 40% des Fonds qu’elles ont joué en tant que force de changement et
structurels aujourd’hui, c’est désormais le domaine d’innovation, de responsabilisation des acteurs de
d’intervention prédominant dans les régions terrain et de participation au processus plus large
d’Objectif 1. Il s’agit essentiellement de créer les d’intégration européenne.
conditions d’un environnement commercial dynami-
que par le soutien des systèmes nationaux d’aide à La présentation la plus commode des résultats est de
l’investissement dans l’industrie, avec un accent par- les résumer en quantifiant l’ampleur des changements
ticulier sur l’établissement d’un secteur de petites et intervenus. Un effort considérable a été fait pour décrire
moyennes entreprises compétitives au plan interna- et analyser de cette façon les résultats, mais comme l’a
tional. En outre, de nombreuses autres activités montré l’expérience passée dans les Etats membres,
annexes sont éligibles, comme la promotion de la la mesure de l’impact des politiques est une tâche dont
recherche et du développement technologique, le la complexité est redoutable.
développement de nouvelles activités y compris des
services tels que le tourisme, la réhabilitation de En premier lieu, les méthodes d’évaluation elles-mêmes
friches industrielles, l’amélioration des structures ne sont pas stabilisées et, actuellement, différents
agricoles et de la pisciculture et les initiatives de experts adoptent encore des démarches distinctes. En
développement local. deuxième lieu, l’impact des politiques de l’Union euro-

32 Répartition des Fonds structurels par grande catégorie de dépense dans


les régions d'Objectif 2, 1989-93 et 1994-96
Environnement productif
Ressources humaines
% Réhabilitation physique et environnement
100 100

80 80

60 60

40 40

20 20

0 0
B DK D E F I L NL UK EUR B DK D E F I L NL A FIN S UK EUR

1989-93 1994-96

93
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

péenne est difficile à distinguer des effets d’autres détaillées effectuées par la Commission avec l’aide
facteurs tels que les politiques économiques des Etats d’experts indépendants. Deux types d’évaluation
membres ou le cycle d’affaires (en réalité, il semble clair macro-économique ont été entrepris (voir ci-
que dans certains cas l’impact des politiques de dessous):
cohésion a surtout consisté à atténuer certains des
effets de la récession). En troisième lieu, même si les En premier lieu, on a évalué les effets redistributifs
réglementations stipulent que l’aide communautaire doit des financements de l’Union européenne, en se de-
être additionnelle par rapport aux efforts nationaux, cela mandant dans quelle mesure ils ont été ciblés avec
est difficile à vérifier et les niveaux d’investissement qui succès sur les zones relativement les plus faibles de
auraient été entrepris en l’absence des Fonds structu- la Communauté. Si cela ne révèle pas l’efficacité
rels ne peuvent être connus. En quatrième lieu, certains avec laquelle les ressources ont été utilisées, cela
des résultats sont fondés sur des estimations des Etats fournit des informations essentielles sur la façon
membres (par exemple, le nombre d’emplois créés ou dont les ressources ont été déployées pour aider
maintenus) et, souvent, ils ne sont pas directement ces zones.
comparables ou aisés à vérifier.
En deuxième lieu, au niveau le plus agrégé, des
Quoi qu’il en soit, il faut résister à la tentation de consi- modèles macro-économiques ont été utilisés pour quan-
dérer seulement les avantages qui peuvent être quanti- tifier les effets des interventions structurelles. Cette
fiés, parce que, si on se bornait à ceux-ci, on négligerait approche a été retenue pour les quatre plus grands
l’importance et l’étendue véritables des effets des poli- pays bénéficiaires où le montant des transferts était
tiques de cohésion de l’Union européenne et, en parti- suffisamment important pour avoir un effet discernable
culier, la façon dont celles-ci ont contribué à la solidarité au plan macro-économique.
et à la cohésion en Europe. Le souci de disposer de
résultats quantifiés ne peut que constituer une partie de Les estimations micro-économiques (voir ci-dessous)
l’analyse. Il faut aussi accorder aux éléments qualitatifs examinent la mesure dans laquelle les cibles visées par
la considération qu’ils méritent. les différents objectifs des Fonds structurels ont été
atteintes. Comme les politiques de l’Union européenne
En ce qui concerne la quantification des résultats, visent largement à améliorer l’efficience, «le côté de
une tentative a été faite pour évaluer l’impact des l’offre», il importe d’examiner les effets des interventions
politiques structurelles dans les quinze Etats mem- sur des facteurs tels que les infrastructures ou les res-
bres et leurs régions éligibles, au moyen d’évalua- sources humaines dont sont dotés les pays ou les
tions macro-économiques et micro-économiques régions bénéficiaires.

33 Répartition des Fonds structurels par grande catégorie de dépense dans


les régions d'Objectif 5b, 1989-93 et 1994-99
Infrastructures Environnement
% Ressources humaines Environnement productif
100 100

90 90

80 80

70 70

60 60

50 50

40 40

30 30

20 20

10 10

0 0
B DK D E F I L NL UK EUR B DK D E F I L NL A FIN UK EUR
1989-93 1994-99

94
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Enfin, les caractéristiques originales du système de pour ce qui concerne le chômage et, plus margina-
gestion des politiques de cohésion mis au point dans lement, pour le niveau de revenu par habitant, entre
l’Union européenne sont soulignées, compte tenu de 1989 et 1993.
leur contribution particulière à l’intégration européenne
(section 5.4). Effets redistributifs

Les politiques structurelles de la Communauté ont


Résultats globaux pour effet de transférer des ressources des Etats
membres relativement riches aux Etats membres
Analyse des tendances relativement pauvres. Le volume de l’aide fournie
aux pays de la cohésion, au cours des périodes
L’analyse des tendances dans les régions éligibles aux précédente et actuelle de programmation, a été
trois objectifs régionalisés révèle des résultats encoura- beaucoup plus élevé que les dépenses effectuées
geants au cours de la première période de programma- dans le reste de l’Union (graphiques 34 et 35). Cette
tion (voir tableau 29). concentration des dépenses peut être commodé-
ment illustrée au moyen de courbes de Lorenz qui
Le groupe des régions éligibles à l’Objectif 1 a convergé montrent comment le niveau des transferts de
en termes de PIB par habitant, réduisant l’écart avec le l’Union européenne se compare au niveau du revenu
reste de l’Union de près de 3 points de pourcentage au ou du PIB du pays ou de la région concernés (plus
cours de la période quinquennale 1989–93. D’autre part, précisément, elles montrent le pourcentage de
leur taux de chômage s’est détérioré de manière transferts allant aux pays ou régions représentant un
marquée, touchant un actif sur six en 1993, contre un pourcentage donné du PIB de l’Union).Une redistri-
sur sept en 1989. bution des riches vers les pauvres est exprimée par
une courbe concave. Plus la concavité est pronon-
Un taux de chômage élevé constitue l’une des caracté- cée, plus l’effet redistributif est grand. Une courbe
ristiques majeures des régions visées par l’Objectif 2. convexe suggérerait par contre que des ressources
Tandis qu’en moyenne, le chômage augmentait dans sont transférées des pauvres vers les riches.
ces régions entre 1989 et 1993, reflétant la récession du
début des années quatre-vingt-dix, leur taux de chô- Diverses courbes ont été construites pour illustrer les
mage s’est accru moins rapidement que dans l’ensem- effets redistributifs des Fonds structurels:
ble de l’Union. Dans ces régions, le revenu moyen par
habitant apparaît avoir chuté en termes relatifs par rap- – une pour les transferts structurels aux Etats membres
port au reste de l’Union, au cours de cette période. (Fonds structurels et Fonds de cohésion);

Les régions concernées par l’Objectif 5b ont égale- – une pour les transferts structurels augmentés des
ment convergé vers le reste de l’Union, notamment prêts de la BEI aux Etats membres;

34 Aide structurelle et PIB dans les Etats 35 Aide structurelle et PIB dans les Etats
membres, 1989-93 membres, 1994-99

Aide annuelle par habitant (ECU)


Aide annuelle par habitant (ECU)
350 350 350 350
IRL

300 300 300 P 300


GR
IRL

250 250 250 250

200 200 200 200


P GR E

150 150 150 150

100 100 100 100

E E12
E12 I
50 50 50 D F L 50
I L UK B
UK B
F D NL DK
NL DK
0 0 0 0
5 7 9 11 13 15 17 8 12 16 20 24
PIB par habitant en 1986 (milliers de SPA) PIB par habitant en 1991 (milliers de SPA)

95
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

– une pour les transferts structurels aux régions fait que la courbe pour la période 1994–1999 incorpore
d’Objectif 1 (NUTS 2); les trois nouveaux Etats membres.

– une pour les transferts structurels aux régions Pour la période 1989–1993, il est également possible de
d’Objectif 2 (NUTS 3). comparer les effets redistributifs des Fonds structurels
et du Fonds de cohésion, d’une part, et des prêts de la
La redistribution BEI, de l’autre (graphique 37). Il apparaît que l’effet des
entre Etats membres prêts de la BEI est moins important que celui des Fonds
structurels et du Fonds de cohésion. Cela s’explique en
La répartition de tous les transferts structurels (Fonds partie par le fonctionnement du marché financier et par
structurels et, depuis 1993, Fonds de cohésion) est sa réaction aux contraintes budgétaires des pays rela-
confrontée au PIB par habitant dans les Etats membres tivement pauvres. La capacité des Etats membres les
pour les trois périodes 1986–1988 (avant la réforme), moins prospères à emprunter malgré les conditions
1989–1993 et 1994–1999 (graphique 36). avantageuses des prêts de la BEI tend à être plus
limitée.
Une comparaison des trois courbes montre que la
réforme des Fonds structurels de 1988 a fortement Régions d’Objectif 1
accru la redistribution de transferts au profit des Etats
membres les moins prospères, ce qui a été obtenu par Pour le groupe des régions d’Objectif 1, la courbe de
la création de l’Objectif 1 garantissant que les res- Lorenz confirme l’incidence progressive de la répartition
sources étaient concentrées sur les économies où le PIB des Fonds, qui est plus marquée pour la période
par habitant était le plus faible. actuelle que lors de la période 1989–1993 (graphi-
que 38). Pour cette dernière période, on note une
Au cours de la période 1994–1999, les transferts sem- absence notable de réaction proportionnelle aux diffé-
blent moins concentrés en dépit de la création du Fonds rents niveaux de prospérité des régions les plus faibles
de cohésion en faveur des Etats membres les moins (celles dont le PIB est le plus faible et qui sont situées à
prospères. Cela s’explique surtout par la plus grande gauche sur le graphique). Cela s’explique en partie par
étendue des zones éligibles dans les Etats membres les le fait que les nouveaux Länder allemands n’ont été à
plus prospères, notamment pour l’Objectif 1 (qui cette époque que partiellement intégrés dans l’Objec-
comprennent maintenant les nouveaux Länder alle- tif 1 mais ont reçu une aide intérimaire dans le cadre
mands et d’autres régions du nord de l’Union), et par le d’un programme spécial à des taux de participation plus

36 Concentration de l'aide structurelle communautaire par Etat membre,


1986-88, 1989-93 et 1994-99

DL L
Dépenses cumulées en ECU (%) DK DD L
100 FF 100
1989-93
90 1994-99 UK DK 90
B
80 1986-88 I B F A DK 80
I B NL
NL I
70 70
NL UK
60 E 60
GR UK
50 S 50
IRL
IRL E
40 E FIN 40

30 30

20 IRL 20
GR P
10 10
P
GR P
0 0
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
PIB cumulé en SPA (%)

96
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

faibles que ceux qui prévalaient pour les autres régions où


relevant de l’Objectif 1. SI = indice synthétique pour la région;
Ind = part de l’emploi dans l’industrie au sein de la
Régions d’Objectif 2 région;
Ch = taux harmonisé de chômage dans la région;
Pour ces régions, la courbe de Lorenz a été construite Var = variation de l’emploi dans l’industrie au sein de la
sur la base de la distribution cumulée des trois critères région.
fondamentaux d’éligibilité pour l’obtention d’une aide au
titre de l’Objectif 2 (taux de chômage, part de l’emploi Chaque variable a été ajustée de façon à avoir un poids
industriel dans le total et pertes d’emplois dans l’indus- égal dans la construction de l’indice. Les indicateurs
trie). Pour ce faire, les trois critères ont été réunis dans inclus dans l’indice sont ceux qui ont été calculés pour
un indice synthétique construit de la façon suivante pour la période de programmation 1994–1999.
chaque région:
Les deux courbes (graphique 39) montrent que, si un
SI = (Ind - Ch + Var)/3 effet de redistribution est apparent pour la première
période, il est presque totalement absent pour la
seconde. Cela implique que, pour la seconde période,
37 Concentration de l'aide structurelle la gravité des problèmes, telle qu’elle est mesurée par
communautaire et des prêts de la BEI, les trois critères de la Communauté, n’a été prise en
1989-93 compte que de façon limitée dans l’affectation de l’aide
100 100
régionale et dans la sélection des régions. Cela reflète
Dépenses et prêts cumulés en ECU (%)

Dépenses communautaires des ajustements dans la méthode de détermination de


90 Prêts de la BEI 90
l’éligibilité contenus dans le règlement révisé de 1993,
80 80 où moins de poids était donné à ces trois critères de
70 70
base dans le choix des zones éligibles à l’Objectif 2 et
plus aux priorités des Etats membres.
60 60

50 50 En réalité, avec 0,3% du PIB de l’Union européenne pour


40 40
la période 1989–1993, une égalisation du revenu (en
termes de PIB par habitant) de 3% a été obtenue. Pour
30 30
la période 1994–1999, 0,45% du PIB de l’Union euro-
20 20 péenne aboutit à une égalisation de 5%. Cet effet
10 10 d’égalisation, équivalent à environ dix fois le volume
initial des fonds publics engagés, a le même ordre de
0 0
grandeur que celui des estimations faites dans le cas
0 20 40 60 80 100
PIB cumulé par région en SPA (%) des mécanismes explicites de redistribution entre

38 Concentration de l'aide structurelle 39 Concentration de l'aide structurelle


communautaire dans les régions communautaire dans les régions
d'Objectif 1, 1989-93 d'Objectif 2, 1989-93
Dépenses cumulées en ECU (%) Dépenses cumulées en ECU (%)
100 100 100 100

1989-93 1989-93
90 90 90 90
1994-99 1994-99
80 80 80 80

70 70 70 70

60 60 60 60

50 50 50 50

40 40 40 40

30 30 30 30

20 20 20 20

10 10 10 10

0 0 0 0
0 20 40 60 80 100 0 20 40 60 80 100
PIB cumulé par région en SPA (%) Indice synthétique cumulé (chômage et emploi industriel) (%)

97
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Länder en Allemagne en 1990 et entre les différents production, le revenu réel et l’emploi peuvent être clari-
territoires au Canada et en Australie (voir Commission fiés et certaines estimations quantitatives peuvent être
européenne (1993) «Monnaie stable, finances saines»). tirées de leur réaction aux mesures adoptées. Deux
Il est aussi beaucoup plus élevé que les effets obtenus types de modèles différents sont présentés ici.
dans des fédérations telles que les Etats-Unis qui utili-
sent massivement des subventions (aux Etats) affectées Le premier est un modèle dit d’entrées-sorties (le
à des fins prédéterminées (par exemple, l’éducation). modèle de Beutel), qui cherche à saisir les relations
L’effet d’égalisation s’y monte à entre une et cinq fois le techniques entre secteurs de production, ainsi que les
volume du financement, bien que, en raison des masses processus par lesquels des variations de la demande
beaucoup plus importantes de ressources transférées, influent sur l’offre, et à suivre à la trace les répercussions
cet effet d’égalisation soit beaucoup plus fort dans ces de variations touchant un secteur sur d’autres parties de
pays. l’économie. Le deuxième type de modèle examine la
demande et la production de façon moins désagrégée
Les résultats des modèles macro-économiques et se concentre sur les comportements globaux de
consommation et d’investissement et sur la façon dont
Dans l’analyse des effets de cette politique d’interven- ils réagissent et s’ajustent suite à une intervention de
tion, il importe de faire une distinction entre les quatre politique économique. Les résultats de deux versions
Etats membres les plus pauvres, qui se situent en totalité différentes de ce deuxième type ont été utilisés aux fins
(Grèce, Irlande, Portugal) ou en grande partie de la présente analyse (modèles «Quest» et «Hermin»).
(Espagne) dans des régions d’Objectif 1, et les régions
d’Objectif 1 des Etats membres plus développés et plus Les deux catégories de modèles illustrent la façon par
prospères. Les impacts sont plus difficiles à quantifier laquelle les politiques structurelles de la Communauté
pour ces dernières, parce qu’elles sont de plus petite influent sur la production et l’emploi dans les pays vers
taille et qu’elles tendent à recevoir d’autres aides impor- lesquels l’aide a été principalement orientée et donnent
tantes au titre des politiques nationales, régionales et de un ordre de grandeur de ces effets.
redistribution.
Selon le modèle entrées-sorties, en l’absence de l’aide
En théorie, l’investissement réalisé dans le cadre des des Fonds structurels, la croissance du PIB dans les
politiques de cohésion de l’Union européenne a deux quatre pays de la cohésion aurait été, en moyenne, plus
grands effets: faible de près de 0,5% par an au cours de la période de
programmation 1989–1993 par rapport à ce qu’elle a été
– il augmente la demande globale, stimulant ainsi la réellement (1,7% contre une croissance réelle de 2,2%).
production et l’emploi, selon des mécanismes de L’effet favorable varie selon les pays surtout en raison
type keynésien; de l’ampleur des transferts par rapport au PIB, qui était
plus grande au Portugal, en Grèce et en Irlande qu’en
– il améliore l’efficacité du côté de l’offre, en renforçant Espagne. Tandis que la croissance du PIB dans ce
les structures de production et la compétitivité. dernier pays n’a, estime-t-on, été amplifiée que de moins
de 0,5% par an, elle a été augmentée au Portugal et en
L’ampleur de ces effets ne peut être évaluée de façon Grèce de près de 1% par an et d’un petit peu moins en
satisfaisante qu’à l’aide d’un modèle économique. Mais Irlande. Compte tenu de l’augmentation du volume de
il faut insister sur le fait qu’il n’y a pas de modèle unique, l’aide dans la période actuelle, le surcroît de croissance
accepté par tous, qui soit disponible à cette fin, compte du PIB pour 1994–1999 pourrait être un peu supérieur
tenu de la diversité des opinions des experts sur la façon (un peu plus de 0,5% par an en moyenne).
précise dont les économies fonctionnent. Une contro-
verse majeure porte sur la mesure dans laquelle les Une bonne partie de l’importance de l’aide structurelle
interventions publiques accroissent véritablement l’acti- pour la croissance provient du fait qu’elle tend à se
vité économique au lieu de déplacer, du moins en partie, concentrer sur l’investissement en capital humain aussi
des activités privées. En conséquence, il existe tout un bien que physique. Entre 1989 et 1993, l’investissement
éventail de modèles entre lesquels il est possible de fixe associé aux dépenses des Fonds structurels et du
choisir, chacun incorporant des mécanismes et des Fonds de cohésion dans les quatre pays de la cohésion
hypothèses de comportement légèrement différents et s’est monté à plus de 8% de la formation totale de capital
concentré sur des aspects distincts de l’économie. dans ces pays. Si la proportion n’a atteint qu’environ 5%
en Espagne, on estime qu’elle n’a atteint pas moins de
Les résultats obtenus avec ces modèles diffèrent inévi- 13,5% au Portugal, de 16% en Grèce et de 17,5% en
tablement, mais leur utilisation apporte d’importants Irlande. Dans la présente période de programmation,
éclairages sur les effets de ces politiques. En particulier, l’aide moyenne à l’investissement pourrait atteindre 14%
les processus par lesquels les politiques influent sur la du total pour les quatre pays.

98
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

L’amplification de la croissance suscitée par l’investis- conséquent, le chômage pourra être plus bas grâce à
sement aidé par la Communauté a aussi contribué à l’aide structurelle.
créer ou maintenir des emplois. Selon les estimations du
modèle, le nombre d’emplois dépendant de l’aide struc- Le modèle Hermin insiste de même sur l’impulsion à long
turelle pendant la période de programmation précé- terme qui est donnée à la croissance par les améliora-
dente a représenté en moyenne 2,5% du total des tions qui se produisent du côté de l’offre, surtout du fait
emplois dans ces quatre pays, soit plus de 600 000 em- des investissements dans les systèmes d’éducation et
plois. En Espagne, comme on s’y attendrait au vu de de formation, mais il est plus sensible que Quest aux
l’ampleur proportionnellement plus faible de l’aide, le effets de demande. Ainsi, à la fin de la décennie, la
chiffre se situe à un peu moins de 1,5%, tandis qu’au contribution conjuguée des effets intervenant du côté de
Portugal, on estime à 4,5% l’augmentation des emplois l’offre et du côté de la demande devrait aboutir à des
et, pour l’Irlande et la Grèce, respectivement à 3,3% niveaux du PIB supérieurs de 9% par rapport à ce qu’ils
et 3%. auraient été sans aide en Irlande et au Portugal et plus
élevés de près de 4% en Espagne.
Une croissance plus élevée signifie aussi des importa-
tions plus importantes en provenance des autres pays Globalement, les estimations produites par les modèles
de la Communauté et un accroissement des échanges. sont variables mais positives sur le rôle joué par l’aide
Globalement, on estime que plus du quart des sommes structurelle en tant que facteur important appuyant la
transférées dans les quatre pays par l’intermédiaire de convergence des économies des pays de la cohésion
l’aide structurelle retourne dans les autres Etats mem- vers les niveaux de production et de revenu réel du reste
bres concernés sous la forme d’importations et qu’en de la Communauté. Ce processus de rattrapage,
1999, ce chiffre pourrait atteindre presque 35%. estime-t-on, devrait se poursuivre à l’avenir. Les résul-
tats illustrent en outre la façon dont les politiques de
Un trait fondamental du modèle macro-économique cohésion, en augmentant l’investissement et la capacité
Quest est qu’il intègre des hypothèses explicites sur la économique dans les régions les plus faibles, contri-
façon dont les entreprises et les individus réagissent à buent à accroître le potentiel économique de l’ensemble
la fois à la politique actuelle et aux anticipations sur la de l’Union.
politique future. Dans le modèle, les effets positifs pro-
venant d’une augmentation des interventions structu-
relles peuvent s’atténuer temporairement à moyen terme Résultats par Objectif
dans la mesure où les investisseurs privés anticipent
des pressions à la hausse sur les taux d’intérêt et de Les effets globaux présentés dans la section précé-
change réels à la suite de l’augmentation de la de- dente trouvent leur illustration dans toute une série de
mande, réduisant de ce fait leurs propres investisse- projets sur le terrain qui ont changé, parfois radicale-
ments. Entre-temps, comme les améliorations ment, la vie et les possibilités offertes dans les régions
intervenant du côté de l’offre dans l’économie, en raison où ils sont intervenus. Le point peut-être le plus impor-
des investissements dans les infrastructures, la capaci- tant de tous est que les projets eux-mêmes ont généra-
té productive et les qualifications de la main-d’oeuvre, lement été choisis par les citoyens et des organismes
tendent à attendre plusieurs années avant de se maté- sur le terrain. Cette implication et cette responsabilisa-
rialiser, elles ne procurent des gains dans le potentiel de tion des citoyens et des organismes locaux sont l’un des
croissance qu’à long terme. résultats les plus importants des politiques structurelles
de l’Union européenne depuis 1989, comme il sera
Les estimations du modèle suggèrent que les effets montré plus loin.
favorables sur la production et l’emploi pendant la pré-
cédente période de programmation sont plus faibles Il n’est pas possible de décrire en détail tout ce qui a été
que ceux du modèle précédent en raison des hypo- réalisé dans chaque région et chaque localité. Les para-
thèses retenues. On estime ainsi que l’augmentation de graphes qui suivent cherchent à résumer certains des
la croissance du PIB dans les pays de la cohésion a été effets spécifiques les plus importants dans les régions
plus faible d’un tiers dans chaque cas que ce que bénéficiaires d’une aide, Objectif par Objectif. Ils pui-
laissait entendre le premier modèle. Cependant, lorsque sent largement dans les évaluations conduites par la
les effets à long terme se seront matérialisés, on estime Commission depuis 1989.
que le PIB aura une croissance supplémentaire d’un peu
plus de 1% en Espagne et de 2 à 3% dans les trois autres Objectif 1: moderniser l’économie régionale
pays à la fin de la décennie par rapport à la situation qui
aurait prévalu sans aide communautaire. Point plus Au vu du volume des ressources ciblées sur les régions
important, le taux de croissance que tous les pays prioritaires d’Objectif 1 (actuellement environ 70% du
pourront soutenir à long terme sera plus élevé et, par total), celles-ci méritent une attention toute particulière.

99
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Les stratégies communautaires dans ces régions Corinthe-Tripoli-Kalamata en Grèce. La longueur de


avaient plus pour objet de s’attaquer à des problèmes routes principales qui devraient être construites ou
structurels qu’à redistribuer le revenu, et donc visaient améliorées au cours des périodes couvertes par les
à accélérer la croissance et à créer des emplois dura- deux CCA se monte à 900 km en Grèce, 400 km en
bles. Irlande, 1960 km au Portugal et 14 000 km en
Espagne.
Aux fins de l’analyse, on peut identifier trois groupes de
régions: les quatre pays de la cohésion dont il a été – Un indice mesurant la dotation en infrastructures
question dans la section précédente, les deux grandes autoroutières majeures pour les quatre pays est pas-
régions d’Objectif 1 dans d’autres pays (sud de l’Italie, sé de 43,3% de la moyenne de l’Union européenne
est de l’Allemagne) et les petites régions d’Objectif 1 au en 1988 à 53,1% en 1991, alors que le taux passait
Royaume-Uni, en France, en Belgique et aux Pays-Bas. de 69,6% à 72,8% pour les autres routes. Cela sous-
estime toutefois l’importance stratégique des projets
Les pays de la cohésion en cours. En Grèce, 60% des projets majeurs liés aux
réseaux de transport transeuropéens devraient être
Ces quatre pays sont les moins développés de l’Union achevés en 1999. Au Portugal, les durées de trans-
et comprennent, surtout en Espagne et en Irlande, des port pour se rendre d’une région à l’autre ont déjà été
zones où le niveau du chômage est parmi les plus élevés réduites d’environ 30%, tandis qu’en Espagne, un
de l’Union. L’aide communautaire a contribué à trouver indice standardisé des victimes d’accidents a dimi-
des solutions stratégiques aux problèmes, en soutenant nué de moitié entre 1988 et 1994. Mais dans certains
des investissements facteurs de croissance et de cas, la possibilité de tirer le meilleur parti pour le
compétitivité. développement de ces investissements dépendra
également d’une amélioration du réseau de routes
Dans ces pays, les Cadres communautaires d’appui secondaires qui reste souvent médiocre.
(CCA) ont surtout opéré dans le contexte de politiques
nationales où les priorités étaient définies en termes de – De grands investissements sont en cours pour amé-
considérations sectorielles comme en Irlande et au liorer la qualité des grands systèmes ferroviaires,
Portugal, en termes de considérations de planification notamment grâce à l’installation de lignes à deux
régionale et d’aménagement du territoire, comme en voies, à l’électrification et à d’autres mesures visant
Espagne, ou en termes d’une approche mixte, comme à accroître les vitesses de circulation. Toutefois, la
en Grèce. Ainsi, en Irlande et au Portugal, les CCA priorité donnée également aux investissements fer-
avaient pour ambition de soutenir le système économi- roviaires dans la plupart des Etats membres du nord
que alors qu’en Espagne, ils étaient orientés plus large- signifie qu’aucune amélioration des disparités ne se
ment vers une restructuration spatiale par l’intermédiaire manifeste: l’augmentation de lignes à double voie de
de grands projets d’infrastructures. En Grèce, la politi- 4,2% entre 1988 et 1990 dans les quatre pays de la
que suivie a eu tendance à couvrir ces deux objectifs. cohésion doit se comparer à une progression
moyenne de 16% dans les autres pays de l’Union.
L’impact le plus visible des CCA s’observe dans les De même, une augmentation de 2% des réseaux
infrastructures de base, domaine pour lequel il y a eu électrifiés dans les pays de la cohésion au cours de
des progrès notables dans la réduction des disparités la même période doit être comparée à un accroisse-
par rapport au reste de l’Union. ment de 4% ailleurs. Néanmoins, les investissements
tendent à accroître l’utilisation du système, inversant
– Un grand effort a été accompli pendant la période ainsi une tendance au déclin à long terme. Entre
1989–1993 pour améliorer les installations portuaires 1988 et 1991, le nombre de kilomètres-passagers
et aéroportuaires afin de réduire les obstacles aux sur le réseau ferré des quatre pays de la cohésion
échanges à l’intérieur du marché unique, bien que s’est accru de plus de 10%. De plus, à Athènes et à
certains projets essentiels, comme l’aéroport de Dublin, des investissements dans le domaine de
Spata en Grèce, n’en soient qu’à leurs débuts. En systèmes de transport métropolitain ou de voies
Espagne, le développement de l’Andalousie et des ferrées légères sont actuellement en cours afin de
Iles Canaries, en particulier, a largement bénéficié réduire les problèmes de congestion urbaine.
de ce type d’investissements.
– Dans toutes les régions, de grands investissements
– Des efforts substantiels continuent à être réalisés ont été effectués dans les systèmes de télécommu-
pour aider le développement de réseaux routiers nications, avec l’installation de commutateurs numé-
stratégiques dans les pays de la cohésion — par riques et de fibres optiques. Cela a réduit nettement
exemple, par l’amélioration des quatre grands corri- les disparités dans les installations offertes. En 1999,
dors clés en Irlande et l’achèvement de l’autoroute le nombre de lignes pour 100 habitants devrait

100
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

atteindre 56 en Grèce (contre 33 en 1987), 38 en duction d’eau potable passera de 61% en 1989 à
Espagne (25), et 47 au Portugal (16). La proportion 95% en 1999 et la population disposant d’un réseau
de lignes principales connectées aux commutateurs d’égouts passera de 55% en 1990 à 90% en 1999.
numériques augmente et, en 1999, le taux de numé-
risation devrait atteindre 80% en Grèce, 100% en Les contraintes dans le domaine des ressources
Irlande, 65% en Espagne et 75% au Portugal. Des humaines représentent un obstacle majeur à la conver-
réductions substantielles dans les interruptions de gence dans les quatre pays de la cohésion. Comme cela
communication, les délais de réparation et les listes a été indiqué au chapitre 2, la main-d’oeuvre portugaise
d’attente en sont la conséquence. En Grèce, les se caractérise par exemple par un faible niveau de
temps d’attente pour de nouvelles connexions sont productivité et un niveau de formation scolaire peu
passés de 700 jours en 1988 à 330 jours en 1993 et élevé. Des problèmes similaires de faiblesse de la pro-
au Portugal de 330 jours à 120 jours. En 1999, ils ductivité se retrouvent en Grèce, alors qu’en Irlande et
devraient tomber respectivement à 7 et 30 jours en Espagne, les marchés du travail se caractérisent par
seulement. En 1999, une proportion substantielle de un chômage important.
régions dans ces pays auront des systèmes effi-
caces, même si des améliorations dans l’organisa- Les CCA s’attaquent activement à ces problèmes. Ils
tion devraient sans doute être effectuées afin de accordent une grande importance à des améliorations
garantir que les avantages apportés par l’investisse- du capital humain et à une meilleure utilisation de la
ment se traduisent en tarifs téléphoniques plus main-d’oeuvre. Les effets de cette politique conduite
concurrentiels. conjointement avec les Etats membres se manifestent
par les traits suivants:
– Des progrès ont été accomplis également dans la
diversification des sources d’énergie, notamment – une augmentation importante du taux de fréquenta-
par la réduction de la dépendance par rapport au tion scolaire des jeunes constatée au cours de la
pétrole, mais il reste encore beaucoup à faire dans période 1989–1992. En 1999, on estime, qu’à
ce domaine. Les livraisons effectuées par le biais du l’exception du Portugal, le taux de fréquentation
nouveau système de distribution de gaz naturel scolaire des jeunes de 15 à 24 ans se rapprochera
devraient commencer en 1997 en Grèce et en 1999, de la moyenne communautaire. Des progrès signifi-
12% de l’électricité pourraient être produits à l’aide catifs ont été obtenus au Portugal, où la fréquentation
de cette source. Au Portugal, 600 km de conduites scolaire a augmenté de 41% dans l’enseignement
de gaz auront été posés en 1999 et le gaz entrera secondaire postérieur à l’enseignement obligatoire
pour 7,5% dans la consommation totale d’énergie. et de 34% dans l’enseignement supérieur entre 1989
Des investissements ont aussi été réalisés au profit et 1993;
d’un certain développement des énergies renouve-
lables et, en Irlande, le CCA actuel pourrait contri- – un accent particulier a été mis sur le renforcement
buer à financer une nouvelle centrale électrique des systèmes d’éducation et de formation, qui a
alimentée par la tourbe. La Grèce, l’Espagne et réduit les disparités quant à leur accès, surtout au
l’Irlande ont toutes connu des réductions absolues Portugal (où la capacité a augmenté d’environ 20%
et relatives de leur consommation d’énergie par et où 40% des écoles ont été modernisées) et en
rapport au PIB au cours des dernières années (les Grèce (où environ 22 000 nouvelles places ont été
taux sont passés de 165,4%, 103,8% et 126,9% de créées pour la formation, dont une large fraction
la moyenne de l’Union, respectivement, en 1988 à dans les régions périphériques). Les Fonds structu-
158,3%, 87,5% et 120,8% de cette moyenne rels ont aussi soutenu le développement de meilleurs
en 1991). liens entre l’école et le monde du travail. On observe
une amélioration du système de l’apprentissage au
– Dans le domaine de l’environnement, un soutien Portugal et en Irlande (le nombre de personnes
déterminant a été fourni pour renforcer les infrastruc- bénéficiaires d’une aide de la Communauté s’élevant
tures d’approvisionnement en eau et pour accroître respectivement à 12% et 50% de l’effectif total des
la capacité d’installations de traitement des eaux étudiants de l’enseignement secondaire postérieur à
usées. En Grèce, le nombre de villes couvertes par l’enseignement obligatoire), une amélioration des
un tel système de traitement des eaux fera plus que écoles-ateliers en Espagne et l’établissement d’un
doubler entre 1993 et 1999, et à cette date 71% des réseau d’instituts d’enseignement technique et pro-
besoins de la population seront couverts. En Irlande, fessionnel en Grèce;
la proportion des eaux résiduelles urbaines traitées,
conformément aux normes de l’Union passera de – les Fonds structurels ont aussi soutenu la formation
20% en 1993 à 80% en 1999. Au Portugal, la propor- des adultes et d’autres mesures actives sur le
tion de la population connectée à un système d’ad- marché du travail pour aider la main-d’oeuvre à

101
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

s’adapter aux qualifications spécifiques requises par que dans les régions où l’emploi a augmenté plus rapi-
les divers secteurs en voie d’adaptation, les travail- dement dans le secteur des services, la productivité
leurs menacés de chômage étant les principaux moyenne a en réalité décliné. En Grèce, des problèmes
bénéficiaires en Grèce et au Portugal. En outre, ils macro-économiques — une inflation élevée et un déficit
ont cherché à améliorer les qualifications et à aider important du secteur public — semblent avoir eu des
les chômeurs et les groupes les plus vulnérables sur effets défavorables sur l’investissement.
le marché du travail à acquérir un emploi surtout en
Irlande et en Espagne où une large fraction des Dans le domaine du développement rural, agriculture
chômeurs a bénéficié de mesures alternant des comprise, l’ensemble de mesures adoptées a été le
périodes de formation et des périodes d’emploi. même dans les quatre pays, avec pour objectif de
L’augmentation des mesures actives sur le marché réorienter la production vers des produits en forte de-
du travail dans les quatre pays de la cohésion per- mande, d’améliorer la qualité des produits, d’accroître
mettra à une proportion appréciable de la main- la productivité agricole, de moderniser les structures
d’oeuv re de profiter d’une formation et de agricoles et d’améliorer les conditions de transformation
subventions (entre 4 et 7% au cours de la période et de commercialisation de ces produits. La proportion
1989–1999); de l’emploi travaillant dans l’agriculture dans les zones
rurales des pays de la cohésion reste deux fois plus forte
– de plus, la politique communautaire a conduit à une que la moyenne communautaire (quatre fois plus forte
augmentation de la part de la R&D dans le PIB. en Grèce).
Celle-ci est passée, selon les estimations, de 0,7%
en 1989 à 1,2% en Espagne, de 0,4% à 0,7% en En Grèce, le CCA visait à engager plus de jeunes à
Grèce et de 0,5% à 0,8% au Portugal. Le nombre de entrer dans l’agriculture. En Irlande, le CCA encoura-
personnes employées dans la recherche et les pro- geait la diversification vers des cultures et des utilisa-
fessions spécialisées a augmenté en conséquence. tions des sols alternatives et vers la sylviculture. Des
programmes de développement rural complétaient les
En ce qui concerne le secteur productif, les interventions mesures spécifiquement agricoles. Le CCA irlandais a
structurelles ont été orientées vers une amélioration de permis le développement de la production de tourbe,
la situation des firmes existantes et vers un encourage- afin d’améliorer la balance énergétique nationale et
ment à la création de nouvelles entreprises, surtout des d’accroître la création d’emplois. Au Portugal, le CCA a
PME. Des stratégies pour attirer les investissements soutenu la création de centres de développement dans
étrangers ont été développées, notamment en Irlande, les zones rurales, tandis qu’en Espagne, des mesures
en partie comme moyen d’encourager le transfert de ont visé à réduire l’exode rural vers les villes grâce au
technologie, mais aussi en Espagne et en Grèce, où les développement d’activités économiques viables dans
systèmes d’aide existants ont été confortés. Au Portugal, les zones rurales.
où l’industrie manufacturière a été dans le passé très
dépendante de l’industrie textile, mais avec une bonne Au cours de la période 1989–1993, des progrès
partie des emplois restant dans l’agriculture, la promo- substantiels ont aussi été réalisés dans ces quatre pays
tion de la restructuration industrielle a été une priorité pour moderniser les infrastructures de base dans les
dans le cadre d’un programme coordonné (PEDIP). zones rurales, notamment les systèmes d’égouts et
Celui-ci a financé plus de 7000 projets industriels, impli- l’approvisionnement en eau.
quant un investissement de 3,8 milliards d’ECU. Les
entreprises aidées par ce programme ont enregistré des Dans le secteur de la pêche, d’importantes réductions
gains de productivité d’environ 5% par an et connu une de la capacité de la flotte dans les pays de la cohésion,
croissance annuelle de l’emploi de 2,5%. en particulier en Espagne, ont été accompagnées par
des mesures ciblées sur l’amélioration de la transforma-
Des progrès dans l’élimination des disparités en matière tion du poisson et sur les activités de commercialisation
de niveau de productivité et dans l’adaptation des struc- (notamment en Espagne, au Portugal et en Irlande), sur
tures industrielles dans les pays de la cohésion, vers des les installations des ports de pêche (surtout au Portugal)
activités à plus forte valeur ajoutée ont été accomplis et sur les investissements dans l’aquaculture (notam-
dans les pays de la cohésion et on peut s’attendre à de ment en Grèce et en Irlande).
nouvelles améliorations dans l’avenir. Les variations du
PIB par habitant dans ces pays ont connu cependant Les régions d’Objectif 1
des rythmes différents. Ceux-ci sont particulièrement en Italie et en Allemagne
élevés en Irlande dans le vaste secteur contrôlé par les
entreprises étrangères, qui engendre plus de la moitié L’Italie et l’Allemagne ont traditionnellement eu une
de la valeur ajoutée de l’industrie. En Espagne, certaines politique régionale active, qui a toujours été orientée
régions ont enregistré des gains de productivité tandis vers le sud — le Mezzogiorno — pour le premier pays,

102
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

alors que dans le second, depuis 1990, l’accent a été 86% du chômage total à la fin de 1995. Les femmes
principalement mis sur les nouveaux Länder. représentaient 77% des bénéficiaires de l’Objectif 1, les
jeunes femmes étant particulièrement visées ainsi que
La situation économique dans le Mezzogiorno ressem- les hommes relativement âgés. Bien que cette structure
ble plus à celle qui prévaut dans les quatre pays de la par âge eût dû faciliter l’intégration des femmes, les
cohésion qu’à celle du reste de l’Italie. La région est mesures ont été relativement plus efficaces dans l’amé-
confrontée à de sérieux obstacles au développement lioration de la situation des hommes sur le marché du
des entreprises tenant à des facteurs socio-culturels, travail. En réalité, pour les bénéficiaires de sexe
elle possède un secteur industriel particulièrement fai- masculin, leur participation leur a offert un meilleur
ble qui a été toujours dépendant de transferts directs du accès non seulement aux emplois en général, mais
nord du pays. aussi à des emplois durables demandant des qualifica-
tions plus élevées.
Dans ces régions, les politiques communautaires ont
insisté sur les investissements en infrastructures, en En Italie comme en Allemagne, un énorme effort d’ajus-
particulier sur le développement d’un réseau de distri- tement a été nécessaire dans ces régions les moins
bution de gaz naturel et sur la modernisation des télé- développées. Pour l’Italie, en particulier, cela nécessite
communications qui ont directement amélioré la qualité pour l’avenir une gestion plus efficace des financements
de vie de la population et l’environnement des entre- reçus des Fonds structurels, un rythme d’absorption
prises. L’aide à l’industrie dans les CCA a représenté plus rapide et une plus grande transparence afin de
plus de 20% des dépenses totales et a fourni une démontrer que le principe d’additionnalité est respecté
assistance financière à environ 2200 petites et dans la pratique.
moyennes entreprises, engendrant environ 10 000 nou-
veaux emplois. Un exemple notable est le système Les plus petites régions d’Objectif 1
d’aide spéciale destiné aux jeunes entrepreneurs
(connu sous le nom de Legge 44/86), qui a permis la Dans le reste de l’Union, les régions d’Objectif 1 diffèrent
création de plus de 400 PME et qui vise à créer un plus fortement en termes de structure économique et par la
grand esprit d’entreprise dans le Mezzogiorno. nature des problèmes qu’elles rencontrent: une extrême
périphéricité dans les cas des DOM français (ainsi que
L’aide de la Communauté a aussi été utilisée pour aider le sous-développement), la périphéricité et, parfois, des
les jeunes et les chômeurs de longue durée à obtenir difficultés d’accessibilité dans le cas de la Corse
des qualifications dans l’agriculture, l’artisanat, le tou- (France), du Burgenland (Autriche) et des Highlands et
risme et les services, pour lancer des initiatives en Islands et de l’Irlande du Nord (Royaume-Uni), un déclin
matière de formation et pour promouvoir le développe- industriel avancé dans le Hainaut (Belgique), le Nord
ment de communautés rurales dans les régions les plus (France) et le Merseyside (Royaume-Uni), l’absence de
durement touchées, telles que Calabria et Basilicata. possibilités économiques locales dans le Flevoland
(Pays-Bas).
Cependant, les programmes ont souffert de retards
considérables dans leur mise en oeuvre, en partie à Il convient d’insister sur la diversité de ces régions.
cause de l’inefficacité de l’administration et de Certaines ne sont manifestement pas des régions sous-
contraintes institutionnelles. développées au sens classique du terme, ou ne ressem-
blent pas à cet égard aux autres régions d’Objectif 1. Le
Dans les nouveaux Länder, le principal objectif de l’aide Hainaut (Belgique), le Nord-Pas de Calais (France),
des CCA a été d’améliorer les conditions de base l’Irlande du Nord et le Merseyside (Royaume-Uni), par
nécessaires à une croissance auto-entretenue et de exemple, sont des régions parvenues à maturité
contribuer à reconstruire l’économie tout en tenant économique mais qui connaissent un déclin prononcé
compte de la nécessité d’améliorer l’environnement. au sein d’une base industrielle généralement édifiée au
siècle dernier. Dans tous ces cas, cependant, les taux
Les mesures communautaires ont mis l’accent sur la de chômage sont bien supérieurs à la moyenne de
création d’emplois, en partie pour compenser les consé- l’Union; par contre, leurs dotations en infrastructures ne
quences négatives du processus de restructuration (qui constituent pas une contrainte limitant le développe-
a entraîné la perte de quelque 3,5 millions d’emplois ment économique.
entre 1990 et 1995). Entre 1991 et 1993, 224 000 emplois
ont été, d’après les estimations, créés ou maintenus. La Corse (France), le Burgenland (Autriche) et les
Highlands et Islands (Royaume-Uni) sont par contre des
Au sein du programme destiné aux ressources régions plus petites, moins densément peuplées, forte-
humaines, les mesures ont surtout été orientées vers le ment dépendantes de l’agriculture et d’un petit secteur
problème du chômage des femmes qui représentait manufacturier qui manque de dynamisme.

103
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

C’est seulement dans les DOM que la configuration de l’émergence d’un esprit local d’entreprise autour de
l’activité économique est plus représentative de régions petites firmes.
moins développées. Ces régions souffrent de multiples
handicaps: dépendance par rapport à l’agriculture En premier lieu, les systèmes d’aide aux entreprises
traditionnelle, base manufacturière limitée, chômage financés par la Communauté ont permis d’augmenter de
élevé et, peut-être surtout, éloignement extrême par façon importante le nombre de firmes bénéficiaires et de
rapport aux marchés du reste de l’Union européenne. maximiser les taux d’aide. Au Royaume-Uni, plus ou
moins 300 000 petites et moyennes entreprises auront
Les programmes communautaires se sont adaptés reçu une aide à la fin de 1996, dont plus de la moitié au
en fonction des situations, mais ils se concentrent cours de la période 1989–1993. Cela a eu des effets
surtout sur la création de nouvelles opportunités au considérables sur l’emploi et on estime que 240 000 em-
sein de l’économie locale (le tourisme rural, par plois, en termes nets, ont été créés ou préservés entre
exemple, a été un grand domaine de diversification 1989 et 1993, grâce à l’ensemble des interventions dans
économique et de création d’emplois en Corse). Du les zones de l’Objectif 2.
fait du chômage élevé dans bon nombre de ces
régions, ou de l’absence de main-d’oeuvre qualifiée, En deuxième lieu, les entreprises ont reçu une aide pour
un effort important a été consenti pour combattre accroître l’efficience de la production et ont été encou-
l’exclusion sociale et la marginalisation des jeunes ragées à chercher de nouveaux marchés, facteurs
et des chômeurs de longue durée. essentiels pour leur survie à long terme. Par exemple,
une évaluation des systèmes d’aide en Haute-
Compte tenu du niveau généralement satisfaisant des Normandie (France) réalisée en 1993 a montré que
dotations en infrastructures, il y a moins de projets l’aide communautaire avait fortement accru les finance-
d’infrastructures stratégiques, les DOM étant une ments disponibles pour le développement de la
exception à cet égard, compte tenu de leurs particula- recherche et de technologies avancées et avait contri-
rités. La construction de ports et d’aéroports dans ces bué à orienter une diversification vers des produits haut
territoires a été nécessaire pour améliorer leur accessi- de gamme moins sujets aux aléas de la concurrence par
bilité. Cela contribue à atténuer certains coûts liés à la les prix. Plus généralement, les programmes d’aide ont
distance qui pèsent sur les entreprises manufacturières mis l’accent sur le transfert de technologie et l’innova-
locales et les producteurs de produits primaires. tion, surtout dans les secteurs traditionnels, ce qui était
rarement le cas auparavant.
Objectif 2: encourager l’esprit d’entreprise
En troisième lieu, l’aide aux entreprises s’est accompa-
Compte tenu de leur dépendance par rapport à des gnée de systèmes de formation pour remédier à la
activités traditionnelles et en déclin, comme les textiles pénurie et à l’obsolescence rapide des qualifications
et l’habillement, ou l’extraction de charbon et la produc- disponibles. L’amélioration des qualifications des per-
tion d’acier, les régions d’Objectif 2 sont confrontées à sonnes employées et des chômeurs a été une priorité
des difficultés particulières pour relever les défis de la dans le cadre du processus d’adaptation aux change-
concurrence internationale et partager la prospérité ments structurels, complétée par l’acquisition de nou-
générale de l’Union, y compris les possibilités ouvertes velles compétences de gestion pour passer d’un
par le marché unique. Tandis que le chômage et la système économique dominé par de grandes firmes à
disponibilité de la main-d’oeuvre sont généralement celui dans lequel les PME jouent un rôle stratégique.
supérieurs à la moyenne de l’Union, les qualifications ne
correspondent pas, dans bien des cas, aux exigences Au-delà de la restructuration industrielle, l’environne-
de l’économie moderne. Dans le même temps, la dépen- ment économique et urbain enregistre des signes visi-
dance passée par rapport à un petit nombre de grands bles d’amélioration. Dans de nombreuses zones, les
employeurs a limité le développement d’un esprit friches industrielles ont été transformées avec le
d’entreprise actif, s’appuyant sur un réseau de petites concours de programmes communautaires en sites plus
entreprises. accueillants pour de nouvelles entreprises, ou plus gé-
néralement deviennent disponibles pour des usages
La tâche première de l’aide communautaire a été de récréatifs. La dégradation des sites due au déclin indus-
contribuer à inscrire fermement la politique de dévelop- triel se poursuit cependant, et il reste de grands sites
pement économique dans les priorités politiques de ces abandonnés, particulièrement dans les régions sidérur-
régions. Afin de réduire la dépendance par rapport à giques, et d’importantes reconversions seront encore
des activités dépassées, l’accent a été mis sur la réalisées dans la période actuelle de programmation.
restructuration et la diversification. Les actions adoptées
ont visé à créer les conditions d’un développement La régénération physique de sites industriels est aussi
autonome en cherchant à susciter par diverses mesures liée à des mesures concernant la rénovation urbaine.

104
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Plusieurs programmes se sont également concentrés Les réalisations effectuées dans le cadre de l’Objec-
sur le problème de l’eau pour les communes des régions tif 3 peuvent le mieux être mesurées par des «taux
minières et ont contribué à mettre en place des sys- de couverture» (le nombre de bénéficiaires en pro-
tèmes d’approvisionnement plus efficaces. Ces me- portion du groupe cible potentiel total). Pour la
sures améliorent les conditions de vie de la population. période précédente de programmation, les taux de
Elles aident aussi à accroître la prise de conscience couverture ont varié de 21% en Espagne à 60% en
générale des problèmes en impliquant la population Belgique pour les jeunes et de 9% au Danemark à
locale dans des partenariats, conduisant à une dé- 32% au Portugal pour les chômeurs de longue du-
marche de développement intégré et au rétablisse- rée. Ces taux confirment que les principaux groupes
ment d’une meilleure confiance en soi (voir section cibles de l’Objectif 3 ont été atteints et que les jeunes
5.4 ci-dessous). ont été plus largement couverts par les interventions
de l’Objectif 3 que les chômeurs de longue durée.
La quantification des effets décrits ci-dessus en est
à ses premiers stades. Des données statistiques Bien que l’emploi ne soit pas un but explicite de
systématiques sont en train d’être calculées pour l’Objectif 3, un indicateur d’efficacité fréquemment
l’évaluation des programmes passés (1989–1993) et utilisé est le taux de placement. Au niveau commu-
seront publiées. Les premiers résultats suggèrent nautaire, 50% des principaux groupes cibles ont été
que les mesures prises ont eu des effets très favora- placées en moyenne, bien que les effets nets
bles pour les régions concernées, bien que la dispo- (compte tenu du fait que des individus auraient de
nibilité et la qualité des données soient très toute façon trouvé un emploi autrement) se limitent
variables. Dans certaines régions d’Objectif 2, où à 10%. Ces résultats sont conformes à ceux des
des systèmes relativement sophistiqués de gestion autres politiques actives sur le marché du travail. De
ont été développés, il sera possible d’obtenir des plus, les données disponibles en termes d’impact
informations très détaillées sur les résultats concer- net montrent que les effets de déplacement et de
nant un vaste éventail de priorités des CCA. perte sèche sont plus faibles pour les groupes les
plus exclus (jeunes sans qualifications, chômeurs
Selon les premières évaluations, quelque 900 000 per- de très longue durée, travailleurs migrants, etc.). Le
sonnes ont bénéficié des actions financées par le FSE fait que les estimations des taux nets de placement
et l’on estime que le FEDER et le FSE ont contribué à dus à l’Objectif 3 ne soient pas très supérieurs aux
créer ou à préserver environ 850 000 emplois au cours moyennes nationales semble suggérer que la politi-
de la période 1989–1993. En tenant compte des effets que suivie n’a pas réellement réussi à atteindre les
de perte sèche et de déplacement, on estime qu’on peut groupes les plus vulnérables au cours de la période
imputer aux programmes de l’Objectif 2 une création de programmation précédente.
nette totale de 530 000 emplois.
Cet aspect a été pris en compte dans le cadre de la
En outre, ces programmes ont ralenti le rythme du déclin réforme des Fonds structurels en 1993. Les orienta-
dans les régions aidées en contribuant à maintenir les tions de l’Objectif 3 ont été ajustées de façon à
emplois à un niveau supérieur de 1,5% à 2,5% à celui comprendre la diversification des types d’activité à
qui aurait prévalu en l’absence d’interventions. Dans le cofinancer (un accent plus grand a été mis sur les
même temps, les Fonds structurels ont aussi contribué mesures de médiation et de conseil en matière
à la diversification dans les régions d’Objectif 2, puisque d’emploi ainsi que sur divers types d’aide à l’em-
les nouveaux emplois créés jusqu’en 1993 représentent ploi), un élargissement des groupes cibles avec le
environ 1% des emplois des secteurs autres qu’indus- but d’atteindre les personnes les plus menacées
triels. d’exclusion, et le développement d’une démarche
de type «voie de passage vers l’intégration» combi-
Objectif 3: améliorer l’accès nant différents types d’actions adaptées au cas de
au marché du travail chaque individu.

L’Objectif 3 a la tâche importante de compléter et de Ces changements ont eu un effet sur les politiques
renforcer les dépenses nationales consacrées au déve- nationales, en renouvelant l’attention accordée aux per-
loppement des ressources humaines à une époque de sonnes les plus frappées d’exclusion dans les pays où
montée du chômage et d’aggravation de l’insécurité de elles n’étaient pas traditionnellement une priorité, tels
l’emploi. Les montants en jeu sont substantiels: ils finan- que les Etats membres du sud. L’intervention de la
cent dans les autres pays que ceux de l’Objectif 1 entre Communauté a été décisive pour influencer les choix de
3% et 15% des programmes du marché du travail des politique et a été une source d’innovation et d’expéri-
Etats membres, alors que les chiffres passent à 50% ou mentation pour les politiques du marché du travail et
60% dans les pays d’Objectif 1. d’insertion sociale.

105
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Le cadre institutionnel des interventions communau- Malgré ces obstacles, des conséquences positives
taires a eu aussi des effets sur l’organisation et les peuvent déjà être détectées dans trois domaines:
pratiques administratives dans les Etats membres.
Par exemple, la mise en oeuvre du principe de par- – une réorientation de la politique au profit d’une
tenariat n’a pas seulement accru la coordination démarche plus préventive face au chômage. Dans
entre les politiques de niveau national et communau- de nombreux Etats membres, des modèles de pré-
taire, mais aussi à l’intérieur des Etats membres, à vision sont en cours d’établissement, des observa-
la fois horizontalement (avec les partenaires sociaux toires de l’emploi par secteur industriel ont été créés
par exemple) et verticalement (entre les différents ou élargis (par exemple en Grèce, en Belgique, aux
niveaux d’administration). L’Espagne offre un bon Pays-Bas et en Autriche, où cela est effectué à un
exemple où l’organisation territoriale a donné nais- niveau régional, avec des discussions tripartites des
sance à la création de mécanismes de coordination questions économiques et des questions concer-
pour dialoguer avec la Communauté. Même dans les nant le marché du travail). De nouvelles initiatives
pays où de tels mécanismes de coordination exis- sont aussi lancées au niveau des entreprises. Au
taient déjà (comme le Danemark), un renforcement Danemark, par exemple, le suivi du marché du travail
et une extension du partenariat ont été manifestes a été développé en liaison avec des efforts visant à
pendant la dernière période de programmation. promouvoir l’utilisation des données par les entre-
prises et avec une aide aux firmes pour qu’elles
Les Fonds structurels ont aussi conduit à l’améliora- appliquent les résultats des prévisions à leur politi-
tion des services de la formation et de l’emploi en que de ressources humaines. En Irlande, les entre-
termes d’organisation générale, à la formation de prises qui obtiennent une aide au titre de l’Objectif 4
formateurs et d’autres catégories de personnels, et sont tenues d’élaborer un plan de développement de
au développement de mécanismes de certification l’entreprise et de formation;
au niveau national et communautaire. D’autres chan-
gements concernent des améliorations dans les – l’acceptation par les travailleurs de la nécessité de
structures administratives chargées de concevoir, s’adapter aux mutations industrielles. L’expérience
suivre et évaluer des mesures visant à renforcer les de certains Etats membres (Danemark et Autriche)
qualifications de la main-d’oeuvre, surtout dans les montre que des besoins plus importants que prévu
pays où de telles entités n’existaient pas aupara- sont apparus pour des qualifications générales ou
vant. génériques et moins pour une formation profession-
nelle et technique. Il semble par ailleurs également
Objectif 4: préparer aux mutations économiques important que la formation débouche sur des quali-
fications officiellement reconnues (c’est ce que
L’Objectif 4 est relativement nouveau. Il a été intro- recommande, par exemple, une étude d’évaluation
duit après l’examen rétrospectif de la politique en en Irlande);
1993, et n’a été mis en oeuvre dans la plupart des
pays qu’à la fin de 1995. Son impact devrait essen- – l’amélioration des systèmes de formation. Les me-
tiellement être évalué d’après sa nature innovante. Il sures vont de l’élaboration de cours et méthodes de
vise surtout à améliorer la gestion des ressources formation concrètes jusqu’à la création de structures
humaines face aux mutations industrielles, notam- de formation au niveau de l’entreprise. Une attention
ment par une concentration sur les travailleurs particulière a souvent été accordée dans ce
menacés de chômage dans les PME. domaine aux problèmes de formation rencontrés
dans les PME. Par exemple, des mesures sont pré-
Compte tenu du caractère novateur des mesures vues en Allemagne pour établir des structures de
adoptées dans le cadre de cet objectif, la mise en coopération entre PME en matière de formation.
oeuvre n’a pas toujours été simple et a été très
variable d’un Etat membre à l’autre. Dans certains, Objectif 5a: améliorer les structures
il a été parfois difficile de fixer les besoins et de dans les secteurs traditionnels
calibrer l’aide de l’Objectif 4 en fonction de la politi-
q ue et d e l a si tua ti on du marché du travai l L’agriculture
existantes. Il s’est aussi révélé difficile de concentrer
l’aide sur les petites et moyennes entreprises plutôt Le secteur agricole a été sujet à des transformations
que sur les grandes et de la cibler sur ceux qui substantielles ces dernières années, y compris le déve-
risquaient le plus d’entrer en chômage au sein de loppement de techniques de production, l’augmentation
celles-ci. En outre, les exigences de cofinancement de la productivité et de la concurrence et des modifica-
ont parfois été une limite importante à la participa- tions dans la structure de la demande. Ces transforma-
tion simultanée des secteurs public et privé. tions ont entraîné une diminution importante du nombre

106
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

des exploitations agricoles, passé de 8,6 millions dans des exploitations agricoles situées à l’intérieur de
en 1989 à 7,8 millions en 1993. La réduction a été zones défavorisées.
particulièrement forte au Portugal (18%) ainsi qu’au
Luxembourg, en France, en Espagne et en Belgique La Communauté offre également une aide aux jeunes
(plus de 10%). Dans le même temps, la taille moyenne agriculteurs qui s’installent, non seulement pour leur
des exploitations a augmenté, bien que, dans l’ensem- procurer un emploi mais aussi pour réduire l’âge moyen
ble de l’Union, les petites exploitations comprises entre de la main-d’oeuvre agricole, les jeunes se montrant
1 et 5 hectares représentent encore 60% du total. La plus réceptifs aux techniques modernes d’exploitation
rationalisation requise dans l’avenir doit s’accompagner et plus aptes à s’adapter aux changements dans la
d’une réduction de l’âge moyen des personnes production et à la nécessité de diversifier les activités.
employées dans ce secteur, car en 1993 plus de la Au cours des quelques dernières années, une aide a été
moitié des agriculteurs avaient plus de 55 ans. accordée à 23 000 jeunes agriculteurs par an, soit 1,8%
du total de l’Union. Dans le même temps, le départ en
L’Objectif 5a vise à restructurer l’agriculture dans retraite anticipée des agriculteurs âgés de 55 ans ou
l’Union, en poursuivant les mesures cofinancées par le plus a été encouragé. Pour la période 1993–1997, plus
budget de la Communauté pendant un certain nombre de 210 000 agriculteurs et ouvriers agricoles auront été
d’années et en jouant un rôle majeur dans le maintien aidés de cette façon.
d’activités agricoles dans les zones rurales. Il cherche
spécifiquement à préserver des revenus agricoles via- Enfin, la Communauté finance des investissements en
bles en créant de nouvelles possibilités sur l’exploitation aval, dans la transformation et la commercialisation des
agricole ou près de celle-ci. Les mesures comprennent produits agricoles avec pour objectif d’améliorer la qua-
à la fois des transferts directs aux agriculteurs dans les lité des produits et de permettre aux producteurs de
zones les plus défavorisées et des transferts visant à produits primaires de profiter davantage de la valeur
restructurer et développer le secteur. ajoutée associée à la transformation. Dans ce secteur,
la rationalisation et la modernisation sont essentielles.
L’indemnité directe versée aux agriculteurs est concen- En 1990, plus de 90% des 253 000 entreprises du
trée sur ceux qui opèrent dans des zones de montagne secteur agro-alimentaire comptaient moins de 20 em-
ou d’autres zones naturellement défavorisées, où le ployés et 6% entre 20 et 39 employés. La décision sur
déclin de l’agriculture menace d’entraîner un grave dé- l’aide à attribuer tient compte des évolutions du marché
peuplement et une «désertification» et où le revenu et les proj ets retenus sont sélectionnés en
agricole se monte à moins de la moitié de ce qu’il est conséquence. En règle générale, une priorité a été
ailleurs. Le système d’aide permet aux agriculteurs de donnée aux investissements impliquant une innovation
ces régions de conserver un niveau raisonnable de technologique, qui permette de réduire les coûts, de
revenu. Les zones concernées couvrent 56% de la produire des labels d’origine et d’encourager le déve-
superficie agricole utile dans l’Union. Dans les quinze loppement de produits biologiques.
pays de l’Union, environ 1,5 millions d’agriculteurs re-
çoivent cette indemnité, ce qui correspond au quart des Ces mesures représentent le plus gros du total des
exploitations situées dans ces régions. actions menées au titre de l’Objectif 5a en termes de
ressources déployées. Le reste du budget comprend
De nombreuses mesures de restructuration et de des mesures comme le soutien aux coopératives de
développement du secteur ont été financées par la production, aux centres de services procurant une aide
Communauté. Elles sont concentrées avant tout sur mutuelle ainsi que des conseils de gestion et de
l’amélioration prévue pour les exploitations agricoles comptabilité, et à la formation professionnelle.
elles-mêmes. Des subventions sont accordées pour
accroître leur compétitivité grâce à l’adaptation des La pêche
structures de production aux besoins du marché et pour
promouvoir la qualité des produits. Elles encouragent Les interventions structurelles dans le secteur de la
aussi la diversification vers des activités qui pourraient pêche visent à faciliter l’ajustement. Les mesures
engendrer des revenus additionnels (telles que le tou- comprennent des paiements en cas de réduction per-
risme rural, la vente de produits agricoles et l’utilisation manente de la flotte de pêche, une aide à sa moderni-
de surfaces boisées), une amélioration des conditions sation, une aide à l’investissement dans l’aquaculture et
de travail, de l’hygiène et du bien-être des animaux, et une aide aux activités situées en aval, telles que la
de l’environnement naturel. Au cours des toutes der- transformation.
nières années, une moyenne de 40 000 plans d’amélio-
ration ont été approuvés chaque année, dont la moitié Les mesures structurelles de la Communauté en faveur
dans les régions d’Objectif 1. En 1993, 60% d’entre eux de la pêche existent depuis 1970, mais elles n’ont été
étaient orientés vers le soutien des investissements rassemblées sous la forme de l’Instrument financier pour

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Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

l’orientation de la pêche (IFOP) que depuis 1994. Les que celles qui sont couvertes par les Objectifs 1 et 6, où
plus grands bénéficiaires ont été les communautés de les revenus sont bas et qui souffrent d’autres handicaps,
pêcheurs d’Espagne et, dans une moindre mesure, de tels qu’une localisation à la périphérie de l’Union, dans
l’Italie, du Portugal et de la Grèce. des îles éloignées ou des zones montagneuses, une
structure non concurrentielle des exploitations agri-
L’intégration de la pêche dans les Fonds structurels en coles, un vieillissement de la main-d’oeuvre ou des
1994 avait pour but de renforcer les efforts visant à pressions sur l’environnement rural.
améliorer la situation d’une industrie confrontée à une
restructuration de grande ampleur. Avant l’instauration Les zones aidées sont à faible densité de population et
de l’IFOP, les mesures souffraient de l’absence de les défis posés par le fait de leur offrir un accès à des
concentration et de planification stratégiques, l’aide services sont de ce fait particulièrement ardus à relever.
étant par ailleurs trop dispersée. Néanmoins, plusieurs
résultats sont manifestes: Par l’intermédiaire de programmes intégrés, la
Communauté a contribué à restaurer le potentiel écono-
– des réductions importantes de la capacité excessive mique des régions rurales et leur capacité à fournir des
de la flotte de pêche ont été obtenues. Pendant la emplois viables. Environ 70% des financements de
période 1991–1994, le tonnage et la capacité de la l’Union européenne au titre de l’Objectif 5b sont orientés
flotte de la Communauté ont été réduits d’environ actuellement vers le développement de la base écono-
10,5% et 7,4%, respectivement, principalement mique des régions rurales. Il y a trois grandes priorités:
en Espagne, au Portugal, au Danemark et en en premier lieu, l’aide au développement et à la diversi-
Allemagne. Même si ces réductions étaient fication de l’agriculture et de la sylviculture, y compris la
conformes aux objectifs intermédiaires fixés dans les promotion de produits de qualité et la restructuration de
Programmes pluriannuels d’orientation, la situation la production de façon à éviter l’utilisation de ressources
d’ensemble masque cependant d’amples diffé- épuisables; en deuxième lieu, le développement de
rences entre Etats membres; nouvelles PME, pour lequel l’Union a soutenu l’établis-
sement d’entreprises industrielles et la création de ser-
– l’hygiène et la sécurité à bord des bateaux et dans vices pour les aider; en troisième lieu, le développement
les usines de transformation ont été améliorées; du tourisme rural qui peut être une source de revenu
supplémentaire pour les agriculteurs et leurs familles.
– le développement de la pisciculture a été encoura-
gé, avec des succès notables en Grèce, en Italie, en Ces mesures sont complétées par d’autres qui ont pour
Irlande et au Royaume-Uni (Ecosse), contribuant au but d’améliorer les qualifications de la main-d’oeuvre ou
développement économique local. de protéger l’environnement naturel. Des mesures
contribuent aussi à améliorer l’environnement bâti grâce
Dans la période actuelle de programmation, l’accent à la régénération des villages. Cela représente une
continue à être mis sur la réduction de la capacité de la possibilité de création d’emplois tout en protégeant le
flotte conformément aux objectifs fixés dans les patrimoine local et en améliorant la qualité de vie.
Programmes pluriannuels d’orientation et sur la coordi-
nation des mesures ciblées sur les besoins des commu- Des estimations globales suggèrent qu’au cours de
nautés de pêcheurs les plus touchées par les l’ensemble de la période 1989–1999, plus de
réductions. 500.000 emplois auront été créés ou préservés dans les
régions d’Objectif 5b du fait des programmes commu-
Objectif 5b: restaurer l’économie rurale nautaires. Pour vingt régions d’Objectif 5b qui ont fait
l’objet d’un examen plus détaillé, les données suggèrent
Le déclin continu de l’emploi dans l’agriculture et de la que la population s’est stabilisée dans environ la moitié
part de la production agricole dans le PIB crée de réels des cas, et a augmenté dans six. Le PIB a diminué dans
problèmes pour le maintien d’emplois et de population deux des régions et s’est accru ou maintenu dans les
dans un grand nombre de zones rurales de l’Union, où autres.
le niveau de vie et l’environnement sont menacés. La
sauvegarde des zones rurales est essentielle pour le Objectif 6: innovation et accessibilité
développement équilibré de l’ensemble de l’Union et
appelle la création de nouvelles activités économiques Le nouvel Objectif 6 créé lors de l’entrée de la Finlande
parallèlement à l’expansion des activités existantes. et de la Suède dans l’Union en 1995 s’attaque à des
problèmes de climat, d’extrême périphéricité et de faible
L’Objectif 5b vise à promouvoir le développement rural densité de population. Ces régions bénéficient généra-
en aidant l’ajustement structurel dans des zones parti- lement d’infrastructures nationales bien développées,
culièrement vulnérables. Il concerne des régions autres notamment en ce qui concerne les transports, l’énergie

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Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

et les télécommunications modernes. Cependant, le talière, transnationale et interrégionale. Il n’y a guère de


chômage est élevé et ces régions dépendent beaucoup priorité plus importante dans le processus d’intégration
des emplois du secteur public. européenne que l’élimination des barrières tradition-
nelles entre Etats membres qui introduisent des distor-
Les programmes d’Objectif 6 ont été utilisés comme sions dans les structures économiques et réduisent les
une occasion de s’attaquer à ces carences. L’inno- possibilités ouvertes, notamment pour les communau-
vation a été au coeur des stratégies adoptées pour tés frontalières.
la période 1994–1999, et les dépenses liées à la
recherche et au développement technologique, En ce qui concerne la coopération transfrontalière,
ainsi qu’aux nouvelles technologies de l’information INTERREG I (1989–1993) a obtenu un succès consi-
et de la communication, ont reçu une priorité très dérable à en juger par l’intérêt soulevé par les 31 pro-
élevée. En Finlande, elles représentent plus du tiers grammes qu’il a financés. Leur contribution propre a
de l’aide communautaire. été d’encourager le développement de stratégies
régionales cohérentes de part et d’autre des fron-
Evidemment, il est trop tôt pour évaluer les résultats de tières nationales. De cette façon, ils ont cherché à
ces programmes. Les indications disponibles jusqu’ici surmonter les obstacles nationaux à un développe-
mettent en relief les effets bénéfiques des mesures ment économique et spatial qui ont traditionnelle-
elles-mêmes et du processus de programmation, qui a ment réduit les possibi lités offertes aux
favorisé la créativité grâce à la décentralisation de la communautés frontalières ou conduit à une duplica-
gestion au profit des régions. tion des efforts représentant un gaspillage. Plus de
la moitié, soit 56%, des ressources ont financé des
Les Initiatives communautaires projets orientés vers la diffusion des informations
relatives aux possibilités transfrontalières, en souli-
Par l’intermédiaire des Initiatives communautaires, gnant les avantages considérables d’une Europe
l’Union a été en mesure d’attirer l’attention sur des sans frontières. Les initiatives encourageant la mobi-
problèmes européens particuliers dans le domaine lité transfrontalière ont été moins visibles, mais 11%
du développement régional et social et auxquels il des projets visaient le développement de nouvelles
est possible de s’attaquer par le développement de pratiques de coopération économique fondées sur
réseaux et d’une coopération régionale dépassant un transfert d’information et de savoir faire. Par
les frontières nationales. Elles ont souvent été parmi ailleurs, 8% des projets portaient sur l’amélioration
les actions les plus intéressantes et les plus inno- de la gestion des ressources naturelles et, de ce fait,
vantes entreprises dans le cadre des Fonds structu- sur l’attractivité et la qualité de vie offertes par les
rels, et ont contribué à établir des nouvelles priorités régions frontalières, et 6% des projets entendaient
politiques pour des actions à inscrire dans les prin- développer des réseaux entre universités et centres
cipaux programmes et permis une sensibilisation de recherche ou promouvoir le tourisme transfronta-
particulière des citoyens et des acteurs locaux. Elles lier. La plupart de ces projets ont directement contri-
ont aussi soulevé beaucoup d’intérêt et cela a entraî- bué à la création d’emplois, notamment grâce au
né des problèmes particuliers tenant à la masse des développement de PME.
thèmes qu’il était possible d’aborder dans les nou-
velles Initiatives. INTERREG II poursuivra cette tâche et cherchera à
promouvoir des programmes dont le contenu est fonciè-
Compte tenu des ressources limitées qui étaient dispo- rement transfrontalier. Il est doté de ressources en fort
nibles en face du grand nombre de questions aux- accroissement, en particulier pour les régions d’Objec-
quelles on s’attaquait, l’effet de levier a été le principe tif 1, et s’attaque aussi à l’achèvement de réseaux
directeur dans l’utilisation des financements commu- énergétiques assurant des liaisons avec des réseaux
nautaires. En conséquence, les Initiatives communau- européens plus larges financés dans le cadre de l’initia-
taires se concentrent beaucoup moins sur les grands tive REGEN.
investissements «matériels» eux-mêmes et ont plutôt
cherché à créer des conditions favorables à un investis- Pendant la première période de programmation,
sement national privé et public dans les domaines de REGEN a montré les limites d’une démarche de planifi-
dépense prioritaires. Des évaluations détaillées de la cation purement nationale. Ce programme a conduit à
plupart des Initiatives communautaires sont en cours un renforcement de la collaboration (par exemple, entre
pour la première période de programmation, et de nou- la Grèce et l’Italie, et entre l’Espagne et le Portugal), a
velles Initiatives ont été introduites très récemment. encouragé la diversification des sources et services
dans le domaine de l’énergie (création de réseaux de
Les Initiatives communautaires ont joué un rôle distribution de gaz) et favorisé l’établissement de
particulier en prenant en compte la dimension transfron- réseaux.

109
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Pour introduire une coopération entre régions de l’Union En 1994, la Commission a lancé l’Initiative URBAN, qui
européenne et régions de l’Europe centrale et orientale vise la régénération économique et sociale ainsi que
adjacentes à l’Union, la mise en oeuvre de projets finan- l’amélioration de l’environnement dans les villes. URBAN
cés par le programme d’aide extérieure PHARE a été a cherché à maximiser l’implication des acteurs du
reliée à INTERREG. Plus récemment, une innovation a terrain, en confiant des pouvoirs aux collectivités locales
consisté à introduire pour la première fois une dimension et en encourageant les acteurs locaux à déterminer les
d’aménagement du territoire aux Initiatives communau- priorités et à prendre des responsabilités dans leur
taires (l’Initiative qualifiée d’INTERREG IIC), qui ouvrira domaine propre. Ce programme a soulevé un intérêt
des possibilités de développer une coopération trans- considérable, et 133 demandes de financement ont été
nationale dans de vastes zones transnationales (autour reçues.
de la Mer Baltique, des Alpes, de la Méditerranée et de
l’Atlantique). L’initiative REGIS vise à améliorer l’intégra- D’autres Initiatives communautaires (RESIDER,
tion des régions éloignées de l’Union en renforçant leur RENAVAL, RECHAR, RETEX et KONVER) sont concen-
base économique et en consolidant les liaisons avec le trées plus étroitement sur des zones où se posent des
reste de l’Union. problèmes sectoriels particuliers et visent à contribuer
à diversifier les économies locales qui dépendent de
Les Initiatives communautaires ont aussi donné une ces secteurs. Compte tenu de leur faible montant finan-
impulsion à l’innovation, au transfert de savoir faire et à cier face à l’ampleur du problème, leur principale contri-
l’intégration de la R&D dans les politiques régionales à bution a été de garantir l’investissement privé dans des
l’intérieur des régions les moins développées. Dans le zones qui ont souffert d’un désinvestissement progressif
cadre de STRIDE, 68 nouveaux centres de recherche et qui étaient considérées comme peu attractives. Des
ont été créés et plus de 100 autres ont été rééquipés ou évaluations suggèrent que le financement communau-
améliorés. Près de 300 nouveaux produits et processus taire a été essentiel pour débloquer des ressources pour
et 46 brevets ont été engendrés par des activités de presque tous les projets de RECHAR et pour 95% des
recherche et 4400 emplois ont été, selon les estimations, projets de RESIDER et RENAVAL. En termes financiers,
créés directement ou indirectement. Dans le cadre de cela a eu un effet de levier important, en induisant un
TELEMATIQUE, 17 000 PME appartenant à un grand financement public et privé égal à plus de deux fois et
nombre de secteurs ont mis au point des services avan- demie le montant fourni par la Communauté et a aidé à
cés: bases de données en libre accès, aide au travail à soutenir environ 5000 projets dans les zones concer-
distance de 32 000 nouveaux usagers. PRISMA a contri- nées. Au vu de leur succès, certaines Initiatives commu-
bué à la création d’un marché véritablement unique en nautaires ont été reconduites dans la seconde période
renforçant la standardisation et les procédures de de programmation (RECHAR, RESIDER, RETEX et
contrôle de qualité. Il a financé 300 projets de certifica- KONVER), avec certains ajustements tels qu’une exten-
tion et de services liés à la qualité qui ont produit des sion de leur couverture géographique ou l’adjonction de
systèmes utilisés par 4500 organisations pour vérifier nouvelles mesures éligibles.
des matériaux et des produits et s’assurer qu’ils sont
conformes aux normes de l’Union européenne. Ces trois Les deux grandes Initiatives communautaires dans le
initiatives se reflètent dans l’Initiative PME pour la domaine des ressources humaines (EMPLOI et ADAPT)
seconde période de programmation (1994–1999), qui visent à concentrer l’attention dans l’ensemble de
vise à aider les PME, surtout dans les régions d’Objec- l’Union sur le développement des ressources humaines
tif 1, à s’adapter au marché unique et à la concurrence en tant que facteur clé dans la stratégie définie par le
internationale. Livre blanc de la Commission de 1993.

LEADER a soutenu des projets de développement rural L’Initiative EMPLOI se compose de trois branches inter-
conçus et gérés localement dans les zones rurales. Il dépendantes ciblées comme suit:
vise à diffuser de bonnes pratiques par des mesures
innovantes, des échanges d’expérience et une coopé- – NOW vise la promotion de l’égalité des chances en
ration transnationale. Grâce à une démarche intégrée faveur des femmes sur le marché du travail;
«ascendante» de développement rural, il a aidé à met-
tre en place 217 groupes d’action locale (GAL) dans – HORIZON vise à offrir des possibilités sur le marché
la première phase. Le nombre des GAL pourrait pas- du travail aux personnes défavorisées et handica-
ser à environ 700 pendant la période 1994–1999. La pées;
conception et la mise en oeuvre de projets transnatio-
naux ont été encouragées par l’intermédiaire du réseau – YOUTHSTART vise à promouvoir l’intégration sur le
de développement rural européen, qui offre un méca- marché du travail des jeunes de moins de vingt ans,
nisme permanent pour l’échange d’expériences et de surtout ceux qui sont dépourvus de qualifications de
savoir faire. base ou de formation.

110
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

En 1997, une quatrième branche, INTEGRA, sera ajoutée. été d’encourager la coopération et la formation de nou-
Elle sera spécifiquement concentrée sur l’exclusion sociale. veaux partenariats, d’engendrer un esprit d’expérimen-
Après son introduction, HORIZON sera centré exclusive- tation et d’innovation, et de favoriser l’engagement des
ment sur les personnes handicapées. acteurs de terrain (démarche ascendante) ainsi que la
diffusion des meilleures pratiques. Elles ont constitué un
L’initiative ADAPT a pour objet, en liaison avec l’Objec- élément important de promotion de l’intégration euro-
tif 4, d’aider la main-d’oeuvre à s’adapter au change- péenne.
ment structurel. A partir de 1997, le programme sera
renforcé par une mesure prioritaire spéciale portant sur L’expérience acquise au cours de la première période
les aspects sociaux de la société de l’information de programmation et les premiers résultats de la période
(ADAPT-bis). La Commission et les Etats membres se actuelle suggèrent que trois d’entre elles en particulier
sont mis d’accord dès le départ sur un cadre spécifique — INTERREG, LEADER et URBAN — ont réussi à trans-
transnational et un calendrier de mise en oeuvre des crire les intentions de leurs promoteurs en actions effec-
deux initiatives partagé en deux phases (1995–1997 et tives. Ces initiatives et les partenariats qu’elles ont
1997–1999). suscités ont renforcé le caractère intégré des politiques
de développement local et ont eu un effet prononcé sur
Le niveau local a réagi de façon importante aux Initia- le terrain, mobilisant les personnes concernées dans les
tives. Lors de la première phase, 2400 projets ont été actions. Dans l’avenir, on s’attend à ce qu’elles débou-
lancés dans le cadre d’EMPLOI (770 pour NOW, chent sur des échanges d’expérience et de savoir faire
1100 pour HORIZON, et 500 pour YOUTHSTART), alors en ce qui concerne les projets qui peuvent être généra-
que 1350 projets étaient acceptés lors du premier appel lement mis en oeuvre dans différentes parties de l’Union.
d’offres d’ADAPT. On escompte 5000 projets supplé-
mentaires pour le second appel d’offres qui sera lancé En particulier, INTERREG représente un exemple sans
en janvier 1997. précédent de coopération régionale dans le cadre des
Fonds structurels, qui connaîtra un nouveau développe-
D’après les estimations, plus de 1,1 millions de per- ment dans la période actuelle de programmation, tandis
sonnes ont directement bénéficié d’une formation ou que la démarche ascendante de LEADER a permis de
d’autres formes d’aide dans le cadre d’EMPLOI et mobiliser les individus au niveau local et d’attirer des
ADAPT pour améliorer leurs perspectives d’emploi sur capitaux privés qui ont eu des effets multiplicateurs
un marché du travail européen de plus en plus concur- importants. De plus, l’Initiative URBAN a encouragé
rentiel. plusieurs Etats membres à mettre en oeuvre une
démarche plurisectoriellle pour s’attaquer aux pro-
ENVIREG, dont l’objet est la protection de l’environne- blèmes urbains et contribuera à intégrer les zones à
ment, a financé environ 800 projets en Europe, donnant problèmes dans le processus global de développement
ainsi une impulsion à l’intégration de la dimension de économique dans les Etats membres.
l’environnement dans les programmes et a conduit à une
concurrence salutaire entre autorités régionales et Ainsi, les Initiatives communautaires ont globalement
locales. réussi en ce qui concerne l’objectif d’accroître la valeur
des politiques de cohésion de la Communauté, en
En 1994, la Commission a lancé l’Initiative PESCA qui conservant une identité propre, sans être noyées dans
vise à aider les communautés de pêcheurs à supporter la masse des principaux programmes.
les conséquences économiques et sociales du déclin
du secteur en contribuant à la diversification des activi- Les projets pilotes
tés et à la création de nouveaux emplois.
Les projets pilotes mis en oeuvre dans le cadre des
Enfin, l’Union européenne a instauré en 1995 un Fonds structurels ont encouragé une démarche concer-
Programme spécial de soutien pour soutenir le proces- tée d’innovation, d’expérimentation et de diffusion de
sus de paix en Irlande du Nord. Elle cherche à le faire savoir faire dans les régions d’Europe. Ils ont montré les
par diverses mesures visant à encourager des possibi- possibilités de mobiliser les individus et les organisa-
lités de réconciliation entre les communautés à l’intérieur tions au niveau local dans les secteurs public et privé
de l’Irlande du Nord et dans les six comtés frontaliers de avec des ressources limitées et les possibilités de créer
l’Irlande. Par dessus tout, cette initiative a donné l’occa- des partenariats favorables au développement et à
sion de faire un grand pas innovant en ce qui concerne l’emploi.
l’implication des communautés et groupes locaux.
Dans ce cadre, depuis 1984, la Commission cofinance
Si les Initiatives communautaires sont très diverses, le montage et le démarrage de Centres européens
l’expérience conduite jusqu’ici suggère que leur force a d’entreprise et d’innovation (CEEI) dans les régions

111
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

aidées de l’Union et leur mise en réseau au sein de péennes. L’expérience acquise depuis 1989 a montré
l’Association européenne des entreprises (EBN les mérites d’une concentration sur une mesure objec-
— European Business Network). Ces centres, issus du tive des besoins et confirmé l’importance de la compa-
partenariat local, offrent la globalité des services néces- rabilité dans l’Union ainsi que de l’adoption d’un
saires aux PME innovantes des zones concernées, ensemble commun de critères pour déterminer l’alloca-
depuis la détection des idées potentielles jusqu’à leur tion des financements.
réalisation concrète.
Cela a eu des effets importants, en garantissant que ces
Depuis 1996, le programme TACIS offre la possibilité politiques ont une véritable portée européenne et que le
d’établir une coopération transfrontalière, notamment en montant de l’aide européenne est déterminé de la même
liaison avec le programme INTERREG, avec un budget façon que ces politiques s’appliquent à Bilbao,
de 30 millions d’ECU. Birmingham ou Berlin. Cela contribue aussi à minimiser
l’effet inflationniste des dépenses puisque l’accroisse-
ment de la demande induite est compensé par une
augmentation de l’investissement et, de ce fait, du
5.4 Le système de gestion: potentiel productif. Cet aspect deviendra particulière-
ment important dans le contexte de la monnaie unique.
une force de changement
Des programmes stratégiques à moyen terme
Une partie importante des gains associés aux politiques de
cohésion proviennent du système de gestion qui a été mis en La démarche stratégique, ou de «programmation»,
place pour la mise en oeuvre des interventions structurelles. Le
adoptée pour les politiques structurelles de l’Union
système remonte aux années quatre-vingts, avec notamment
les Programmes intégrés méditerranéens en France, en Italie
européenne a été elle-même une innovation pour de
et en Grèce ainsi qu’avec un petit nombre de programmes nombreux Etats membres depuis son introduction en
intégrés de politique régionale au Royaume-Uni et aux Pays- 1989. Cette démarche comporte trois phases distinctes:
Bas. Les leçons tirées de ces programmes novateurs ont formé le diagnostic des problèmes, la formulation d’une stra-
le noyau de la réforme des politiques structurelles en 1988 et tégie et la définition d’objectifs concrets à atteindre. En
ont donné lieu par la suite à des ajustements. tant que telle, elle a été reconnue comme un instrument
Le système de gestion est organisé autour de quelques efficace de gestion de fonds publics et, dans certains
éléments clés: cas, a été adoptée par des Etats membres pour mettre
en oeuvre leurs propres politiques. Elle a aussi conduit
– il est ciblé sur des types particuliers d’activité, des à des réorganisations administratives dans certains
zones particulières ou des groupes sociaux spécifi- Etats membres (une démarche plus régionalisée a été
ques; mise en oeuvre au Royaume-Uni et au Portugal et une
démarche plus orientée vers l’efficience a été suivie en
– il est fondé sur des programmes à moyen terme, Grèce, par exemple).
reflétant les besoins locaux et souvent définis à ce
niveau; La démarche de programmation a permis de mettre en
oeuvre une planification du développement à moyen
– il est étayé par des systèmes de gestion financière terme, ou «pluriannuelle», et encouragé les Etats mem-
et de contrôle et encourage le développement d’une bres relativement pauvres, en particulier, à ne pas se
culture d’évaluation; borner à prendre en compte les pressions immédiates
sur la politique économique, mais à planifier l’avenir
– il est guidé par la subsidiarité en impliquant ceux qui dans une perspective à plus long terme avec un finan-
vont bénéficier du programme, pour qui cela va cement de l’Union garanti.
représenter l’expression la plus concrète de l’Union
européenne dans la pratique; Par dessus tout, elle a contribué à encourager un esprit
d’innovation et d’expérimentation dans la politique
– il exerce un effet de levier en attirant des ressources économique. L’expérience a montré que la tâche de
supplémentaires des secteurs public et privé. conception et de mise en oeuvre de telles stratégies
motive souvent les personnes concernées et libère le
Le ciblage potentiel local, stimulant le développement de mesures
adaptées aux situations locales. La nature innovante
En ciblant les ressources et l’attention sur des types des mesures mises en oeuvre peut représenter un défi
particuliers d’investissement, des zones déterminées ou de gestion considérable pour la Commission ainsi que
des groupes sociaux spécifiques, le système de gestion pour les autorités administratives nationales et régio-
a accru l’efficacité des politiques structurelles euro- nales concernées.

112
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

Cette diversité dans les mesures qui sont lancées est sous le nom de Gestion saine et efficace 2000 — Sound
l’une des raisons qui expliquent que le nombre des and Efficient Management 2000 — ou SEM 2000) qui
programmes tend à s’accroître. Cela pose de nouveaux vise à améliorer la gestion des ressources. Les vérifica-
problèmes de gestion. C’est un défi permanent pour la tions actuelles sur place et les systèmes d’audit seront
Commission et les Etats membres que de trouver l’équi- appuyés par un meilleur suivi des résultats. L’exploita-
libre correct entre les impératifs d’une gestion efficace tion des possibilités offertes par la nouvelle technologie
et l’innovation. de l’information seront utiles à cet égard, pour accroître
la transparence.
Les programmes sont le moyen par lequel différentes
mesures structurelles européennes, nationales et régio- Les politiques de cohésion introduites après 1988 intè-
nales sont intégrées et de nets progrès dans ce domaine grent aussi des dispositions relatives à l’évaluation des
se sont concrétisés depuis 1989 pour presque tous les mesures, à la fois ex ante et ex post. Pour de nombreux
programmes de politique régionale européens qui pro- Etats membres, l’évaluation systématique des résultats
meuvent les politiques communautaires dans les ne faisait pas régulièrement partie de leurs pratiques de
domaines de l’industrie, de la formation professionnelle, gestion. La Commission a donc été une force de diffu-
des transports, de l’amélioration de l’environnement, de sion d’une culture d’évaluation, qui s’inspire des
la recherche et développement, des petites entreprises meilleures pratiques au sein de l’Union.
et du tourisme.
La démarche d’évaluation s’est améliorée progressive-
Gestion financière, contrôle et évaluation ment. Dans la première génération de programmes
introduite en 1989, l’évaluation ex ante et la quantifica-
L’efficacité des politiques de cohésion de l’Union tion des résultats attendus étaient insuffisantes, ce qui
européenne suppose qu’elles soient utilisées pour les a représenté une faiblesse sérieuse avec des consé-
fins qu’elles sont censées servir. Afin d’y parvenir, la quences dommageables pour l’évaluation ex post, qui
Commission a accordé une priorité élevée au fait de repose normalement sur cette base.
garantir que des systèmes appropriés de gestion finan-
cière et de contrôle soient mis en place dans les Etats Pour la génération actuelle de programmes, de grands
membres. Sinon, le ciblage des ressources de l’Union efforts ont été accomplis pour corriger cette faiblesse.
serait compromis et la confiance du public serait Un accent particulier a été mis sur l’identification d’indi-
atteinte. Ceci est d’autant plus important que les politi- cateurs quantifiés afin d’établir une base de référence
ques de cohésion représentent le tiers du budget de qui permettra d’évaluer l’effet des mesures. En outre,
la Communauté. des réseaux d’aide d’experts et des publications régu-
lières sur les meilleures pratiques et des études de cas
Les dispositifs de gestion financière et d’évaluation ont été développées.
insistent sur le partage des responsabilités tant en ce
qui concerne les politiques que l’utilisation efficiente des Subsidiarité et partenariat
ressources. La Commission a la responsabilité générale
de mobilisation du budget de la Communauté, mais, La notion de subsidiarité dans les politiques publiques
compte tenu du caractère décentralisé du système de découle de la reconnaissance des mérites de la décen-
gestion, les Etats membres ont une responsabilité régle- tralisation, impliquant les autorités appropriées à tous
mentaire essentielle pour garantir une gestion financière les niveaux dans la réalisation d’objectifs approuvés, et
et un contrôle efficaces. le partage de responsabilités dans la prise des déci-
sions entre les étages centraux et locaux des pouvoirs
La première exigence à cet égard est qu’il y ait un publics, en la rapprochant du terrain. Cela est important
accord mutuel dépourvu de toute ambiguïté des respon- dans la mesure où il s’agit d’impliquer ceux qui sont les
sabilités respectives de la Commission et des Etats plus proches des problèmes pour lesquels des solutions
membres. Ceci est actuellement en cours avec la signa- sont recherchées.
ture de protocoles répartissant les actions à conduire,
coordonnant les calendriers et les méthodes d’audit. La notion de partage des responsabilités et de partena-
riat s’étend aux partenaires sociaux, les dispositifs pré-
Le rôle de la Commission est d’assurer que des sys- cis par lesquels leur engagement auprès des différents
tèmes appropriés soient en place pour assurer un niveaux des autorités publiques est organisé variant
contrôle financier efficace. La Commission doit assurer d’un pays à l’autre.
des contrôles sur place et des systèmes d’audit qui
assurent l’utilisation efficace des ressources commu- Les partenariats constitués avec la Commission ont joué
nautaires. Des améliorations seront développées dans un rôle fondamental dans les politiques de cohésion de
le cadre d’un exercice interne à la Commission (connu l’Union européenne. En agissant comme un cadre de

113
Chapitre 5 Les politiques structurelles de la Communauté et la cohésion: une responsabilité partagée

dialogue, ils ont contribué à garantir que les priorités


politiques déterminées au niveau européen sont réper-
cutées tout du long jusqu’au niveau local.

Si la forme des partenariats diffère entre programmes et


entre Etats membres, ils se sont révélés des instruments
de mise en oeuvre solides et adaptables au niveau
national (dans le cas de l’Irlande, par exemple, pour
l’Objectif 1) et au niveau local (de nombreux pro-
grammes lancés dans le cadre de l’Initiative URBAN
sont mis en oeuvre par des partenariats locaux). Ils sont
aussi adaptables à tous les types de programmes
(l’Initiative INTERREG exige même un partenariat trans-
frontalier) et aux différentes situations nationales.

Le développement d’un partenariat vigoureux et réelle-


ment responsable contribuera à garantir que les pro-
grammes sont adaptés aux besoins des bénéficiaires,
que la population soutient les politiques suivies et que
toute une série de mesures seront effectivement
cofinancées.

Effet de levier

Les programmes financés par les Fonds structurels


mobilisent des ressources complémentaires provenant
de sources publiques et, de plus en plus, de sources
privées dans les Etats membres. En réalité, c’est une
obligation formelle posée que l’aide structurelle
communautaire ne remplace pas une dépense
nationale. Cet effet de levier est souvent une consé-
quence directe de l’attribution de la mise en oeuvre de
la politique au niveau local et de la mobilisation du
soutien de larges groupes au sein de la population,
comme on vient de le décrire. Cette mobilisation se
reflète elle-même fréquemment par de grandes contri-
butions financières en contrepartie de ceux de la
Commission, émanant de sources publiques et privées,
qui s’accompagnent d’une amélioration correspon-
dante dans les résultats des programmes.

114
Chapitre 6
Perspectives

Compte tenu du renforcement de l’intégration économi-


6.1 Le besoin permanent de que, l’Union européenne a sa part de responsabilité
dans le maintien de ce modèle de société, qui appelle
politiques européennes de cohésion des politiques actives de cohésion au niveau européen.

Des politiques visant à encourager la solidarité existent Les politiques de cohésion de l’Union européenne
dans tous les Etats membres de l’Union. Deux raisons contribuent à entretenir le modèle européen de société
majeures justifient qu’il en soit ainsi. à plusieurs niveaux.

En premier lieu, il est nécessaire de remédier aux Au plan économique, elles participent à la réduction des
inégalités prononcées dans la capacité des régions disparités entre régions et groupes sociaux, permettant
à engendrer du revenu et dans l’aptitude des diffé- à une fraction plus étendue de la population de contri-
rents groupes sociaux à lutter efficacement sur le buer à la croissance économique. L’intégration euro-
marché du travail. Ces inégalités ne tendent à dimi- péenne est un processus historique sans précédent, qui
nuer que lentement au fil du temps. Les économistes engendre globalement des gains économiques
ont identifié beaucoup de raisons de cet état de substantiels. Il existe cependant un risque que les forces
choses. Citons, entre autres, des différences dans concurrentielles libérées par l’introduction du marché
les dotations en facteurs (main-d’oeuvre qualifiée, unique n’écrasent certaines des parties relativement
infrastructures), le rythme du progrès technique ou faibles de l’Union et les groupes sociaux plus fragiles
celui de la diffusion de nouveaux produits et proces- s’ils ne sont pas à même de tirer parti des nouvelles
sus, les effets des économies d’échelle et ceux pro- possibilités offertes. Sans appui, les ajustements requis
venant d’effets dits externes (provenant de la pourraient exiger un temps trop long pour être
concentration d’activités au même lieu), les coûts de acceptables. Les Etats membres et les régions les plus
transport, les imperfections dans le processus faibles se trouvent en effet dans une position de départ
concurrentiel et un accès inégal au savoir faire extrêmement défavorisée, en termes d’infrastructures,
technique. Tous ces motifs, surtout lorsqu’ils se de potentiel productif, de capacité d’innovation et de
combinent, peuvent empêcher une répartition équi- qualifications de la main-d’oeuvre (chapitre 2). L’alter-
librée des gains suscités par les échanges exté- native à l’aide est une émigration massive de la main-
rieurs et l’intégration économique. Comme le d’oeuvre. Il s’agirait non seulement d’une solution peu
confirment les données empiriques du chapitre 2, la souhaitable au plan social mais elle tendrait à renforcer
distance par rapport au centre de gravité paraît l’une les disparités régionales, puisque ce sont les personnes
des explications les plus convaincantes des dispa- les plus qualifiées et les plus aptes qui seraient sans
rités de revenu entre régions en Europe, mais non doute les mieux équipées pour trouver un emploi
du chômage. ailleurs.

En deuxième lieu, l’idée d’une «Europe des citoyens» Les disparités observées au niveau européen sont
garantit certains droits aux individus et impose en beaucoup plus larges que celles prévalant dans chacun
contrepartie certaines obligations aux Etats. Les des Etats membres. En outre, ce sont les Etats membres
chances offertes dans la vie ne peuvent être limitées ni relativement pauvres qui disposent des ressources
par le lieu d’implantation, ni par la position sociale. budgétaires les plus rares pour remédier aux problèmes
structurels et pour réduire les disparités.
Les mécanismes de solidarité instaurés par les Etats
membres reflètent un désir politique de préserver le Au plan social, les politiques de cohésion contribuent à
modèle européen de société qui, comme l’a montré le améliorer l’accès à l’emploi, de façon générale et pour
chapitre 1, se fonde sur l’économie sociale de marché. les groupes les plus défavorisés. Plus que toute autre

115
Chapitre 6 Perspectives

chose, l’existence de niveaux de chômage élevés et la


proportion croissante de personnes vivant dans la pau-
6.2 Accroître l’efficacité
vreté menacent de saper le modèle européen de socié-
té. L’augmentation de l’emploi est devenue une priorité
Cibler les problèmes:
très élevée dans l’Union. Les politiques de cohésion y
contribuent directement en encourageant la restructu- la concentration des ressources
ration et le développement, en créant des emplois
durables. En outre, les politiques de cohésion s’atta- Le point de départ approprié pour l’analyse repose
quent explicitement au problème tout aussi important de sur le ciblage des ressources, ou leur concentration,
ceux qui occuperont ces emplois, en tentant d’améliorer sur les zones à problèmes. Par la concentration des
le bagage des jeunes, des femmes et de ceux demeurés ressources, l’Union a pu mobiliser des ressources
sans emploi pendant longtemps afin qu’ils puissent financières qui ont des effets importants sur les
lutter plus efficacement pour obtenir un emploi. zones où se rencontrent les problèmes les plus
graves. Plus généralement, la concentration de
Au plan politique , les politiques de cohésion expri- l’aide sur le capital physique et humain a garanti le
ment le soutien mutuel entre Etats membres. Elles fait que, dans tous les Etats membres, chaque ECU
étayent l’idée de solidarité européenne, et créent un de la Communauté soit spécifiquement ciblé sur un
nouveau cadre d’opportunités qui s’ajoute et investissement pour l’avenir.
complète le cadre national. Ce n’est pas simplement
une affaire de transfert de ressources. Il s’agit éga- La concentration est donc le principe clé qui sous-tend
lement d’une démarche, ou méthode, communau- l’efficacité des politiques de cohésion.
taire qui cherche à utiliser le plus pleinement
possible le potentiel économique de l’ensemble de
La concentration géographique
l’Union, en mettant en oeuvre des techniques
correspondant aux meilleures pratiques et en faisant et financière est-elle suffisante?
prendre les décisions aussi près que possible du
t e rr a i n . E n i m pl i qu an t u n gr an d no mb re d e Une dispersion excessive des ressources limite géné-
personnes et d’organisations aux niveaux national et ralement l’efficacité de la dépense, l’inévitable tentation
r é g i o n al , l e s p o l i ti qu e s de c oh és i on d e l a de répartir finement les ressources entre régions et
Communauté donnent l’expression la plus concrète groupes sociaux est pourtant réelle.
au principe de subsidiarité.
En ce qui concerne la population couverte par
Compte tenu de cette toile de fond, la Commission reste l’Objectif 1, la règle exigeant l’unanimité entre Etats
déterminée à maintenir et, là où c’est possible, à renfor- membres pour l’adoption de la liste des zones éligibles
cer les politiques structurelles de l’Union de façon à rend plus difficile à la marge le respect rigoureux de
promouvoir un développement global et harmonieux de critères économiques d’éligibilité (la Commission a pro-
la Communauté. posé le vote à la majorité, comme règle générale dans
sa proposition à la Conférence Inter-gouvernementale
Dans le même temps, les politiques de cohésion doivent «Renforcer l’Union politique et préparer l’élargisse-
être soumises à une évaluation critique permanente afin ment»). Le compromis politique de 1993 a conduit à
de garantir leur efficacité maximale. Le présent chapitre inclure sur la liste 7,4 millions de personnes, soit 8% de
met le doigt sur des faiblesses et identifie des domaines la population totale éligible, qui vivent dans des régions
d’amélioration possibles pour l’avenir. De telles amélio- où le PIB par habitant dépasse 75% de la moyenne de
rations pourraient dans une certaine mesure être intro- l’Union, soit le seuil d’éligibilité fixé par le règlement
duites dès la période de programmation en cours. Mais concerné. Les régions en cause avaient cependant un
il est non moins important d’entamer une réflexion sur PIB par habitant largement inférieur à la moyenne et
les domaines dans lesquels des changements plus certaines souffraient d’une tendance au déclin de leurs
fondamentaux pourraient être envisagés dans le cadre résultats économiques, confirmée par les données ulté-
des futurs développements, en liaison avec la prépara- rieures (voir chapitre 2). Quelques régions ont réussi un
tion de la nouvelle période de programmation qui devrait processus de rattrapage, passant au-dessus du seuil
commencer après 1999. de 75% au cours des dernières années.

L’analyse suivante considère d’abord des façons Le système est largement parvenu à assurer une
d’accroître l’efficacité des politiques de cohésion de concentration des ressources sur les zones confrontées
l’Union européenne et, ensuite, sans préjuger du conte- aux problèmes les plus sérieux au cours des deux
nu de la future politique certains des défis à relever pour périodes de programmation. Pour qu’il puisse en rester
la politique future. de même, il pourrait être réexaminé à l’avenir.

116
Chapitre 6 Perspectives

En ce qui concerne les allocations financières consen- totale de l’Union — tandis que l’aide par habitant est
ties au titre de l’Objectif 1, certaines variations de l’inten- inférieure à celle appliquée à l’Objectif 1. Plus de 99%
sité de l’aide (le financement de l’Union par habitant) de ces zones sont couvertes par les politiques régio-
entre Etats membres reflètent l’application de critères nales nationales.
objectifs. Mais certaines traduisent «le poids du passé».
En d’autres termes, il s’est révélé difficile d’ôter complè- Dans la situation actuelle, un peu plus de la moitié
tement l’inertie du système pour adapter les allocations (50,6%) de la population totale est éligible aux qua-
aux besoins objectifs, même si, dans les situations où tre objectifs régionaux des Fonds structurels, alors
les sommes impliquées sont importantes, il est aussi que 47% sont couverts par les systèmes nationaux
souhaitable d’éviter des changements brutaux. Globa- d’aides régionales. Compte tenu du fait que les res-
lement, le financement de l’Union européenne, par sources doivent atteindre un certain montant pour
habitant, dans les régions d’Objectif 1, a augmenté être efficaces, l’analyse précédente suggère que le
d’environ un tiers en termes réels, d’une période de principe de concentration pourrait être appliqué
programmation à l’autre. plus résolument. Il est essentiel que, pour tous les
objectifs régionaux, les problèmes les plus graves
Une population représentant 16,4% de celle de et les zones les plus en difficultés soient identifiés et
l’Union vit dans les zones actuellement éligibles à ciblés.
l’Objectif 2, soit un peu plus que le taux de 15%
recommandé dans le préambule du Règlement En premier lieu, comme il a été exposé aux chapitres 3
(tableau 34). Ce taux de couverture est légèrement et 4, il se peut qu’il faille assurer une meilleure coordina-
inférieur à celui de la période précédente (16,8%). tion entre la détermination de l’éligibilité au titre des
Les ressources supplémentaires dégagées pour objectifs régionalisés des Fonds structurels et les déci-
l’Objectif 2 dans la période 1994–99 ont été dès lors sions relatives à l’éligibilité consentie dans le cadre de
utilisées pour accroître le montant de l’aide par la politique régionale des Etats membres (par exemple,
habitant. Ici, la répartition des financements entre en ce qui concerne les dérogations portant sur l’aide
Etats membres reflète des critères objectifs et les régionale dans le cadre des règles de la politique de la
Etats membres ont mis en oeuvre une méthodologie concurrence). Le fait qu’une région soit éligible à l’aide
similaire au niveau régional. Toutefois, un peu moins des Fonds structurels devrait être un des critères d’éli-
d’un cinquième de la population couverte par gibilité à une aide nationale. Actuellement, 7,1% de la
l’Objectif 2 n’est pas éligible à l’aide consentie dans population vit dans des régions couvertes par les objec-
le cadre des systèmes nationaux d’aides régionales. tifs régionaux de l’Union européenne mais non par la
politique régionale nationale, tandis que 3,2% vit dans
Une population équivalant à 8,1% du total de l’Union des régions éligibles à cette dernière mais non aux
réside actuellement dans les zones éligibles à premiers. Une plus grande coordination permettrait
l’Objectif 5b contre 5% au cours de la période précé- aux Etats membres et à la Commission de corriger ces
dente. Les ressources supplémentaires disponibles lors incohérences.
de la seconde période de programmation ont été absor-
bées par l’augmentation de la couverture, de sorte que En deuxième lieu, l’intensité de l’aide de l’Union euro-
l’aide par habitant est restée quasiment inchangée péenne, en termes de dépense par habitant, pourrait
(tableau 34). Même ainsi, les choix faits dans un ou deux devoir être plus finement modulée en fonction de la
Etats membres ont signifié que certains centres urbains position des régions éligibles afin de garantir que les
de taille intermédiaire dans des zones rurales étaient ressources rendues disponibles reflètent des besoins
exclus, alors qu’ils auraient pu offrir un lieu naturel pour objectifs. Cela doit toutefois être pesé contre la néces-
la promotion de nouvelles activités (et de PME), y sité d’éviter des changements brutaux dans le niveau
compris des services à la production, dans le cadre des de l’aide financière versée aux Etats membres et aux
programmes de développement. L’extension de la régions. Cela impliquerait aussi que lors de la révision
couverture géographique de cet objectif reflète, en par- des listes des régions aidées, un processus de sortie de
ticulier, un changement dans la méthode de sélection l’aide puisse être organisé (plutôt que d’y mettre fin d’un
pour la période 1994–1999. La moitié seulement des seul coup).
régions éligibles à l’objectif 5b le sont aux systèmes
nationaux d’aides régionales. La concentration concerne également les objectifs non
régionalisés. Dans le cas de l’Objectif 3, la difficulté a
L’Objectif 6, créé lors de l’adhésion des Etats membres été d’établir un réel dialogue sur la politique à mener afin
nordiques en 1995, couvre une superficie étendue mais, de concentrer les efforts réalisés au niveau de l’Union
comme il s’adresse à des zones à très faible densité de européenne sur les groupes les plus vulnérables sur le
population, peu de personnes comparativement vivent marché du travail, de façon à accroître l’efficacité
dans ces régions — 0,4% seulement de la population de l’aide et à renforcer sa visibilité. Dans le cas de

117
Chapitre 6 Perspectives

l’Objectif 4 introduit récemment, la concentration améliorée par une plus grande concurrence pour
souhaitée de l’aide sur les PME et l’implication d’autres obtenir des ressources publiques rares. D’un autre
partenaires sociaux ou entreprises ont été difficiles à côté, comme l’a montré le chapitre précédent, des
obtenir dans la pratique. programmes à moyen terme ne peuvent être déve-
loppés que dans un cadre prévisible et stable, et les
personnes engagées dans le processus de planifi-
Vers un système plus orienté
cation doivent avoir une idée claire du montant de
vers les résultats? l’aide financière communautaire qu’elles peuvent
escompter. L’option consistant à allouer des res-
En plus d’une concentration renforcée, une applica- sources aux Etats membres après qu’ils aient sou-
tion plus ciblée des Fonds structurels pourrait aussi mis leurs plans paraît manquer de réalisme, pour
accroître leur efficacité. Cette question a été des raisons d’ordre éminemment pratique. Néan-
examinée par les experts dans le rapport de la moins, si ce point est sensible, les avantages et les
Commission Monnaie stable — Finances saines qui inconvénients d’une dose supplémentaire de sou-
suggérait certaines modifications possibles dans le plesse dans l’allocation des ressources pour tenir
fonctionnement des Fonds structurels, visant à éviter compte, entre autres choses, de changements de
des allocations fixées a priori aux Etats, avec une situation, paraissent mériter un examen plus appro-
augmentation des incitations pour atteindre des fondi.
cibles vérifiables. Les cibles suggérées portaient
sur la réalisation des projets, l’amélioration globale La question de l’absorption
dans l’ajustement structurel et l’atteinte d’objectifs
de politique macro-économique. Une concentration fructueuse de l’aide financière
dépend de la capacité des Etats membres à mobiliser
Mais une telle orientation a ses limites. L’allocation ces fonds. Rien ne sert de rendre des ressources dispo-
des ressources doit se concentrer sur ceux qui en nibles si, pour une raison ou pour une autre, les Etats
ont le plus besoin, qu’il s’agisse de régions ou de membres se montrent incapables de les utiliser. Les
groupes sociaux. Comme l’ont montré les chapitres limites d’absorption dans les pays ou les régions peu-
2 et 3, les disparités économiques et sociales restent vent résulter de trois causes principales:
substantielles, même si des progrès importants ont
été accomplis dans certains cas pour les réduire, et – des problèmes d’absorption physique surgissent
leur diminution doit demeurer un objectif hautement quand les autorités bénéficiaires n’ont pas la capa-
prioritaire. Une exigence fondamentale réside dans cité administrative d’absorber les fonds offerts,
le fait de lier tous les critères de résultats à la seule d’identifier des programmes et des projets adéquats
atteinte d’objectifs de cohésion et non à d’autres et de gérer leur mise en oeuvre;
fins.
– des problèmes d’absorption budgétaire surgissent
La condition préalable essentielle pour un système lorsque, dans le cadre de l’équilibre entre sources
plus orienté vers les résultats est l’existence d’objec- de financement, les Etats membres sont incapables
tifs de cohésion clairement définis, qui doivent d’apporter les contreparties requises en raison de
aujourd’hui prendre clairement en compte les déve- contraintes budgétaires;
loppements prévus en matière d’emploi. D’autres
aspects concernent un contrôle financier plus effi- – des difficultés macro-économiques d’absorption qui
cace, une lutte renforcée contre la fraude et les peuvent prendre diverses formes, généralement
irrégularités, et de nouveaux progrès dans le suivi et moins tangibles: l’éviction de l’investissement privé
l’évaluation. La Commission a déjà fait d’une «ges- par la dépense publique financée à l’aide des fonds
tion saine et efficace» l’une de ses grandes priorités de l’Union européenne, une croissance trop forte des
politiques au cours de la période actuelle et, dans le importations et la fuite de transferts au détriment de
cas des Fonds structurels, des progrès ont déjà été l’investissement et en faveur de la consommation.
accomplis. Néanmoins, l’examen des politiques
structurelles pour la période postérieure à 1999 sera Ces limites sont loin d’être théoriques. La mise en oeuvre
l’occasion adéquate pour consolider et approfondir des politiques de cohésion s’est parfois heurtée à d’im-
les progrès déjà réalisés. portants problèmes d’absorption (cf. Commission euro-
péenne (1996): Septième rapport annuel sur les Fonds
Entre-temps, tout mouvement qui s’écarterait d’allo- structurels, pages 202 à 206). Ceux-ci pourraient être
cations fixées a priori à un Etat membre devrait être allégés par des procédures financières plus flexibles.
traité avec prudence. D’un côté, il est probablement Mais le problème de l’absorption doit être considéré en
vrai que la qualité des programmes pourrait être même temps que la question de l’additionnalité, en

118
Chapitre 6 Perspectives

tenant compte du contexte général. L’environnement de


la politique budgétaire, dans lequel doit fonctionner la Une meilleure ingénierie financière
politique structurelle, est en effet devenu plus restrictif.
Avec le resserrement des finances publiques, une
L’additionnalité combinaison faisant appel à plus de prêts et à une plus
grande participation du secteur privé pourrait fournir
Dans le système actuel, le principe de l’additionnalité des ressources supplémentaires pour les politiques de
est l’un des plus importants moyens de parvenir à de cohésion.
meilleurs résultats. Il vise à garantir que l’aide commu-
nautaire en faveur du développement économique ne Dans le financement des programmes de développe-
remplace pas les efforts des gouvernements nationaux. ment, l’équilibre entre les subventions et les autres
D’un autre côté, l’additionnalité ne constitue pas un sources de financement reste une question importante.
élément obligatoire pour le Fonds de cohésion, car l’un Un plus grand recours aux prêts contribuerait à intro-
de ses principaux buts est d’aider les Etats membres duire la discipline du marché et à stimuler plus d’effica-
concernés à respecter des objectifs budgétaires pour cité tout en réduisant certains coûts, liés à des échecs
satisfaire aux conditions de l’union monétaire. rencontrés dans le cas de projets financés, en grande
partie ou en totalité, par des subventions. Lorsque les
S’il y a eu des améliorations dans la vérification de projets sont générateurs de recettes, il semble appro-
l’additionnalité pour la période actuelle de programma- prié d’accroître le volume des fonds d’emprunt. Quand
tion (une définition plus claire et plus pratique était ces recettes sont à très long terme, ce qui est plus
incluse dans les règlements révisés), elle demeure une probable dans les pays relativement pauvres, il se pour-
tâche méthodologiquement compliquée. rait que le champ ouvert pour un financement par des
prêts (et des capitaux privés) soit plus restreint.
On pourrait soutenir à l’extrême que le principe de
l’additionnalité est devenu inutile au vu des préoccupa- L’expérience de la Banque européenne d’investisse-
tions lancinantes de discipline budgétaire. L’expérience ment (BEI) suggère qu’un nouvel équilibre doit être
a cependant montré que les moyens choisis pour trouvé entre subventions et prêts, puisque, dans des cas
réduire les déficits budgétaires sont souvent déterminés particuliers, les activités de la BEI semblent avoir été
par la commodité politique, ce qui aboutit à des coupes limitées par la (trop) grande disponibilité des subven-
sombres dans les investissements publics plutôt que tions de l’Union européenne.
dans les dépenses courantes, avec des effets
dommageables sur la croissance, allant à l’encontre de De futures améliorations devraient chercher à augmen-
l’objectif essentiel pour lequel l’aide communautaire est ter le degré d’implication de la BEI et d’autres prêts, ainsi
consentie. que les garanties et les participations en capital du
Fonds européen d’investissement. L’accroissement de
Le principe de l’additionnalité représente une protection l’engagement du secteur privé devrait également être
contre le remplacement de la dépense nationale par recherché par l’intermédiaire de partenariats entre
l’aide de l’Union. A la lumière de l’expérience acquise acteurs publics et privés. Ces derniers impliquent un
au cours de la période actuelle de programmation, la recours plus systématique aux fonds de capital d’amor-
méthodologie pourrait être adaptée et tenir compte, par çage et aux fonds de capital-développement disponi-
exemple, de la demande de certains Etats membres qui bles dans les régions, dont certains ont été créés ou
souhaiteraient que la vérification soit liée à l’importance aidés par les Fonds structurels eux-mêmes, sans entra-
relative de l’aide de l’Union dans les programmes ver la recherche permanente d’autres démarches nova-
examinés. trices pour financer les programmes.

Une autre possibilité permettrait à la Commission


Des procédures de programmation
d’apprécier qu’un niveau approprié de soutien est assu-
ré, en relation avec l’appui financier communautaire, excessivement complexes?
quelle que soit la source de financement au sein de l’Etat
membre, tenant compte le cas échéant de sources Comme il a été exposé ci-dessus, la démarche stratégi-
privées. que, ou de programmation, adoptée pour les politiques
structurelles de l’Union européenne est un aspect clé du
Cela ne devrait pas empêcher une réflexion sur d’autres système actuel de gestion. Depuis l’introduction
moyens susceptibles d’accroître l’implication des Etats des premiers programmes en 1989, les difficultés ren-
membres et leurs responsabilités dans le fait de garantir contrées ne concernent pas le principe lui-même, mais
la réussite de la mise en oeuvre des politiques structu- la pratique pose des problèmes ardus et la procédure
relles. reste excessivement complexe à certains égards.

119
Chapitre 6 Perspectives

Lorsque les premiers programmes ont été adoptés, tratifs considérables en termes de coordination entre
l’exercice a été affecté par le manque de temps, impli- cinq Fonds différents et d’autres sources de finance-
quant, dans certains cas, des Cadres communautaires ment. Les Initiatives communautaires peuvent encore
d’appui composés d’une série d’actions séparées plus ajouter de la complication administrative supplémen-
ou moins liées les unes aux autres. Des mesures ont été taire.
prises pour la seconde période de programmation,
commencée en 1994, afin d’améliorer la phase prépa- Il semble donc nécessaire d’examiner les systèmes
ratoire, notamment par une identification plus systéma- existants pour s’assurer qu’il y ait un équilibre efficace
tique des forces et faiblesses régionales, une réflexion entre qualité et simplicité.
plus approfondie sur les priorités stratégiques de réso-
lution des problèmes et sur leur cohérence, et une Dans l’établissement des programmes, il est nécessaire
quantification plus complète des objectifs à atteindre. de considérer les possibilités de synergies avec les
politiques autres que structurelles. Dès lors, la coordi-
En réponse aux problèmes de procédure, le Document nation s’impose pour s’assurer que les leçons tirées de
unique de programmation (DOCUP) a été introduit pour ces politiques sont prises en compte quand elles sont
la période en cours. En dehors des principales régions appropriées — y compris en matière de bonnes prati-
d’Objectif 1, cela donnait aux Etats membres l’option de ques — et pour garantir la plus grande complémentarité
se dispenser de la procédure d’engagement des res- entre programmes.
sources qui exigeait précédemment deux décisions de
la part de la Commission — la première pour approuver Enfin, le succès de la méthode du DOCUP dépend de
le Cadre communautaire d’appui, la seconde pour la façon dont elle est mise en oeuvre dans la pratique.
approuver les divers programmes à l’intérieur de celui-ci Un processus de décision plus souple, qui évite des
— et de la remplacer par une décision unique fondée retards inutiles dans l’engagement des ressources de la
sur un DOCUP comprenant à la fois la stratégie et les Communauté, exige que les Etats membres entrepren-
moyens opérationnels mis en oeuvre. nent un travail suffisamment détaillé lors de chacune des
phases de programmation décrites au chapitre 5 ci-
Davantage de rationalité dessus, tandis que la Commission doit de son côté éviter
des retards injustifiés dans ses procédures d’approba-
Il convient d’examiner les possibilités de rendre plus tion.
aisées les procédures de programmation, dans la
perspective d’un nouveau calibrage et d’une simplifica- Les Initiatives communautaires
tion supplémentaire. En premier lieu, la question se pose
de l’adéquation de la démarche de programmation dans Les actions entreprises dans le cadre des Initiatives
tous les cas. Pour certains types d’intervention, tels ceux communautaires visent la réalisation d’objectifs
impliquant de faibles montants ou dépendant largement communs, encourageant l’expérimentation et l’innova-
des moyens fournis sur le terrain, une procédure de tion dans des domaines sur lesquels les programmes
subvention globale pourrait s’avérer plus appropriée. tendraient autrement à mettre insuffisamment l’accent.
Cette procédure confie à un intermédiaire qualifié Elles comprennent des initiatives pour promouvoir la
la mise en oeuvre et diminue l’implication de la coopération transfrontalière, transnationale et interré-
Commission dans la gestion au jour le jour. gionale, et d’autres qui abordent des problèmes euro-
péens tels que la crise qui frappe des zones urbaines
Par contre, pour les grands projets tels de grands inves- en difficulté ou la restructuration de l’industrie de la
tissements en infrastructures, il pourrait être recomman- défense européenne.
dé de procéder à une identification distincte dans le
processus de programmation et d’effectuer une évalua- Dans le même temps, il existe le sentiment que les efforts
tion particulière (comprenant l’examen de l’équilibre ont été dispersés dans un nombre excessif d’initiatives,
financier approprié entre subventions et prêts). souvent en réaction à des demandes spécifiques des
Etats membres. Cela implique la nécessité de définir
En deuxième lieu, dans le cas normal où la programma- plus strictement les domaines d’intervention des Initia-
tion reste appropriée, la transparence et l’efficacité dans tives. En outre, l’expérience et les meilleures pratiques
l’administration pourraient être renforcées en abordant développées par l’intermédiaire des Initiatives doivent
de façon plus cohérente les différents aspects du pro- être transférées de façon plus systématique et efficace
blème. Actuellement, au sein du territoire d’une même qu’aujourd’hui dans les principales politiques et les prin-
entité régionale, ou d’un groupe de régions, il est possi- cipaux programmes. Il faut simplifier les procédures et
ble que différentes zones soient éligibles aux Objectifs 2 amplifier la coopération transnationale entre pays,
et 5b, et qu’une aide soit aussi consentie au titre des régions et localités susceptible d’intervenir dans les
Objectifs 3, 4 et 5a, ce qui implique des coûts adminis- Initiatives.

120
Chapitre 6 Perspectives

à servir les priorités politiques de l’Union européenne et


Subsidiarité et partenariat à répondre aux principales préoccupations de ses
citoyens. Les actions entreprises dans le cadre de ces
Dans la mise en oeuvre des politiques structurelles de politiques sont donc sélectives plutôt «qu’attrape-tout»,
l’Union européenne, l’expression la plus importante du et complémentaires des actions propres des Etats
principe de subsidiarité est le fonctionnement des par- membres. Ces politiques se sont révélées flexibles et
tenariats au sein des Comités de suivi. Toutefois, ceux-ci adaptables en réaction aux changements de situation.
ont tout juste commencé à fournir des contributions Il est également reconnu qu’il n’y a pas de remède
créatives à l’analyse des problèmes, ainsi qu’à l’assimi- unique valable pour tous les problèmes structurels et
lation et à la mise en oeuvre, au niveau local, des dans toutes les circonstances.
nouvelles orientations et priorités de la Communauté
(dans des domaines tels que l’emploi, l’environnement La mobilisation des efforts exigés des Etats membres
et l’égalité des chances). La situation s’améliore rapide- sur les principales priorités constitue un problème sup-
ment dans certains Etats membres où les Comités de plémentaire. En termes de procédure, une façon de
suivi ont pris l’initiative, en organisant des initiatives s’assurer que les priorités de l’Union européenne sur
séparées mais complémentaires, en améliorant la diffu- lesquelles l’accord s’est fait sont mieux comprises,
sion de l’information, en entreprenant des analyses consiste à diffuser des orientations avant la préparation
rigoureuses des problèmes, etc. des plans. Cela constitue une caractéristique de la
préparation de l’Objectif 2 pour la période 1997–1999 et
Une exigence de base est celle d’une information sur le l’expérience suggère que sa généralisation à d’autres
fonctionnement des partenariats dans la pratique afin objectifs pourrait se révéler intéressante.
d’identifier, grâce à son analyse, les meilleures prati-
ques et la possibilité de les transférer. Pendant la période actuelle de programmation, quatre
domaines prioritaires ont émergé, auxquels les politi-
Dans certains cas, lorsque le partenariat est moins dévelop- ques de cohésion de l’Union européenne ont spécifi-
pé, il serait utile, pour le bon fonctionnement des Comités de quement cherché à s’attaquer: la création d’emplois, la
suivi, de faire une distinction entre les partenaires ayant compétitivité, la protection de l’environnement et l’éga-
pouvoir de décision et ceux présents à titre consultatif. Les lité des chances entre les sexes.
premiers se composeraient des autorités responsables du
cofinancement, les seconds seraient essentiellement des L’emploi
partenaires sociaux et des représentants de divers groupes
d’intérêt. Cela pourrait permettre aux autorités politiques La lutte contre le chômage et la création de nouveaux
responsables d’avoir un tableau plus objectif et constructif emplois, afin de fournir du travail aux 18 millions de
de la part de ces derniers et d’obtenir une adhésion plus chômeurs actuels, sont une priorité de premier rang
chaleureuse de ceux-ci. pour l’Union européenne et les Etats membres. Le Livre
blanc de 1993 proposait une démarche combinant un
Enfin, il pourrait y avoir d’autres façons d’accroître l’engage- accent mis sur le développement de la compétitivité de
ment des partenaires envers les objectifs généraux des l’économie européenne et la recherche renouvelée de
politiques de cohésion. De plus grands efforts pourraient création d’emplois dans les secteurs en croissance, y
notamment être réalisés pour expliquer les priorités de compris dans les activités non marchandes au niveau
l’Union, développer plus de possibilités de dialogue informel local dans les domaines culturel, social et de l’environ-
(dans la ligne du groupe de travail informel établi par les nement.
partenaires sociaux en 1995), lancer des actions pilotes en
liaison avec des autorités nationales ou régionales (comme Le Conseil européen d’Essen, en 1994, a entériné ces
les pactes territoriaux pour l’emploi). idées et identifié cinq grands domaines prioritaires pour
des actions à court et moyen terme visant à accroître
l’emploi, grâce à des programmes pluriannuels coor-
donnés. Sur ces cinq domaines, quatre — la promotion
6.3 Les défis à relever de l’investissement dans la formation professionnelle,
l’accroissement de l’intensité d’emploi de la croissance,
l’amélioration de l’efficacité de la politique du marché du
Préoccupations prioritaires pour les
travail, le renforcement des mesures d’aide au profit des
programmes actuels des Fonds structurels personnes particulièrement touchées par le chômage —
entrent dans le champ des Fonds structurels. Le Conseil
Dans leurs efforts pour réduire les disparités régionales européen de Madrid a souligné «les effets mutuellement
et pour promouvoir la cohésion économique et sociale, bénéfiques d’une plus grande coordination des politi-
les politiques structurelles de la Communauté cherchent ques économiques et structurelles de l’Union».

121
Chapitre 6 Perspectives

Les politiques de cohésion de l’Union européenne ont (dans sa Communication «Aide structurelle de la
contribué à concentrer plus d’attention sur l’emploi et les Communauté et emploi») d’utiliser les marges de
Etats membres ont renforcé l’importance qu’ils attachent manoeuvre au sein des programmes pour la période
à la création d’emplois. Les Fonds structurels jouent un allant jusqu’en 1999 afin d’accroître le taux des
rôle important dans la promotion de l’emploi. Non seu- dépenses consacrées à la création d’emplois, en offrant
lement ils augmentent la demande de biens et services une aide aux principales sources d’emplois, les PME, et
dans les régions bénéficiaires de l’aide à court terme, en encouragent le développement de nouvelles sources
mais, en accroissant le potentiel économique et en d’emploi.
améliorant le niveau des qualifications de la main-
d’oeuvre, ils soutiennent la création d’emplois durables Entre-temps, la rencontre des Chefs d’Etat au
à long terme. C’est dans cette dernière perspective Conseil européen de Florence en juin 1996 a invité
temporelle qu’il faut escompter l’essentiel de la contri- les Etats membres, sur une proposition de la
bution des Fonds à la croissance de l’emploi. Cela Commission, à mettre en oeuvre des actions coor-
s’applique aux régions d’Objectif 1, où les politiques données au niveau local, spécifiquement ciblées sur
s’attaquent à la persistance de lacunes importantes de nouveaux emplois (Pactes pour l’emploi). On
dans les dotations en infrastructures de base. Ces poli- s’est entendu sur le fait qu’un certain nombre de
tiques contribuent à créer des emplois à court terme régions ou de villes pourraient participer à des pro-
pendant la phase de construction tandis que les diffé- jets pilotes en 1997.
rents projets, faisant généralement partie d’une straté-
gie cohérente de développement orientée vers la La compétitivité
compétitivité et une croissance durable et, plus tard,
auto-entretenue, contribuent à garantir la création L’une des principales contributions des politiques struc-
d’emplois durables à long terme. Comme il a été exposé turelles consiste en l’accroissement de la compétitivité
ci-dessus, les résultats des simulations opérées par des des structures de production. Comme l’a expliqué le
modèles macro-économiques pour les régions d’Objec- chapitre 1, l’amélioration de la compétitivité n’est pas un
tif 1 et les estimations globales pour les Objectifs 2 et euphémisme pour exprimer l’incertitude et l’insécurité
5b, suggèrent que les effets sur l’emploi sont substan- de l’emploi. Bien au contraire, l’augmentation de la
tiels. productivité et de la compétitivité fait partie du proces-
sus par lequel les économies engendrent une richesse
Les Fonds structurels favorisent la création d’emplois de croissante au fil du temps pour améliorer le niveau et la
plusieurs façons. L’aide aux petites et moyennes entre- qualité de vie. La compétitivité n’est de ce fait pas une
prises est un objectif important dans de nombreux pro- fin en soi, mais un moyen de consolider le modèle
grammes, celles-ci étant la principale source d’emplois européen de société.
dans l’Union européenne. La promotion de projets liés
au tourisme induit un afflux de pouvoir d’achat et la Les politiques structurelles contribuent à élever la pro-
création d’emplois locaux. Le soutien de l’adaptation ductivité de la main-d’oeuvre et du capital en accrois-
des travailleurs aux mutations industrielles contribue à sant l’efficacité et en réduisant les coûts.
développer une démarche préventive plutôt que L’investissement dans l’amélioration des infrastructures
réactive pour préserver les emplois. La formation des — y compris les investissements faisant partie des
chômeurs peut non seulement leur donner une meilleure réseaux transeuropéens — accroît l’accessibilité et
chance de trouver un emploi, mais contribue à créer un diminue les coûts liés à la distance pour les entreprises.
réservoir de main-d’oeuvre qualifiée. Elle développe L’aide au secteur privé est conçue pour stimuler l’inno-
également le potentiel en ressources humaines de l’en- vation et soutenir des investissements dans de nou-
semble de l’Union européenne, en intégrant des per- veaux équipements. Les politiques de l’Union
sonnes auparavant exclues. En outre, en promouvant le européenne accordent une priorité aux efforts visant à
développement endogène, les politiques de l’Union soutenir la RDT, et plus particulièrement à encourager
européenne ont aidé à créer des économies locales se l’innovation au plan de produits et des processus dans
soutenant elles-mêmes, y compris dans les zones les PME où les ressources financières nécessaires sont
rurales, et à procurer des emplois dans des activités plus limitées. En liaison avec les actions qui cherchent
sociales, culturelles, commerciales et artisanales qui ne à améliorer les qualifications des travailleurs par l’inter-
sont pas confrontées à une concurrence mondiale. médiaire de la formation professionnelle, cela accroît le
potentiel productif. Tout cela est étayé par la pensée
Les effets de la récession, et plus généralement moderne en matière d’économie régionale qui insiste
les changements économiques, signifient que le renfor- sur le rôle des facteurs endogènes, des transferts de
cement de l’aspect lié à la création d’emplois dans les technologie et de savoir faire au profit des régions
politiques structurelles de l’Union européenne doit res- relativement faibles, ainsi que sur la promotion de
ter une priorité. A cette fin, la Commission a proposé l’innovation.

122
Chapitre 6 Perspectives

Par conséquent, les liens entre compétitivité, croissance dimension de l’environnement dans les mesures
et création d’emplois deviennent plus explicites. Les appuyées par les Fonds structurels et le Fonds de
régions qui réussissent à accroître leur productivité et à cohésion. La moitié des dépenses du Fonds de
amplifier leur avantage au niveau des coûts seront par cohésion sera consacrée à des projets relatifs à l’envi-
définition plus compétitives, et il s’agit là d’une condition ronnement et, dans ses orientations pour les nouveaux
préalable à une nouvelle croissance accompagnée de programmes d’Objectif 2 (1997–1999), la Commission a
création d’emplois. La compétitivité n’est pas seulement fait de l’environnement une priorité majeure. Les études
une affaire de coûts. Elle implique d’autres dimensions. en cours qui visent à identifier les mesures préventives
En particulier, le développement d’une base solide de et les meilleures pratiques dans les zones de l’Objectif 2
PME — qui est une priorité dans le cadre des politiques seront utilisées pour la négociation des futurs pro-
structurelles de l’Union — paraît essentielle pour la grammes.
compétitivité à long terme, même si de nombreux
facteurs économiques, sociaux et institutionnels Dans le cadre du mouvement qui tend, d’une part, à faire
externes influent sur leurs résultats. du développement durable un objectif primordial des
stratégies de développement régional et, d’autre part, à
La protection de l’environnement accroître la qualité des programmes et projets sous
l’angle de l’environnement, la Commission a également
L’impact des Fonds structurels sur l’environnement et intensifié ses efforts pour encourager les Etats membres
leur cohérence avec la politique de l’environnement de et les régions, par le canal des Comités de suivi, à
l’Union sont l’un des aspects de leur activité qui sont procéder à de meilleures appréciations de l’environne-
surveillés de très près. Comme l’a souligné la ment, et notamment à organiser des séminaires de
Commission (COM(95) 509), le développement a des formation sur l’environnement.
effets à la fois positifs et négatifs sur l’environnement,
mais l’environnement lui-même est un facteur majeur du L’égalité entre les hommes et les femmes
développement régional. Nombreux sont les cas,
notamment dans les pays de la cohésion et dans l’est Les politiques de cohésion visent aussi à réduire les
de l’Allemagne, où des ressources considérables ont inégalités entre les hommes et les femmes, objectif qui
été ciblées sur l’amélioration de l’environnement, en tant a été renforcé à la suite de l’examen critique réalisé en
que condition préalable à une croissance durable. En 1993 sur la politique poursuivie, qui a fait explicitement
outre, comme il a été noté ci-dessus, de nombreux de la promotion de l’égalité des chances l’une des
programmes de l’Objectif 2 contiennent des mesures priorités des Fonds, à intégrer dans toutes les étapes du
pour améliorer des zones urbaines dégradées par processus.
l’abandon d’anciennes activités industrielles.
Ici, les politiques de cohésion semblent aller dans le
Le défi, pour les politiques structurelles, est de veiller à sens des évolutions du marché du travail, puisque l’em-
ce que le développement économique soit reproducti- ploi des femmes, contrairement à celui des hommes, a
ble, c’est-à-dire qu’il n’épuise pas les ressources non augmenté au cours de la période 1989–1994 tandis que
renouvelables. Toutes les propositions relatives à de leur taux d’activité augmentait encore plus, là aussi
grands projets doivent désormais comprendre une éva- contrairement à celui des hommes. Cette double aug-
luation des coûts et des avantages, y compris ceux qui mentation a été particulièrement marquée dans les pays
concernent l’environnement. Tandis que des effets spé- de la cohésion. Mais des inquiétudes subsistent sur la
cifiques peuvent être mesurés par des variations dans qualité de certains des emplois qui ont été pris par des
des indicateurs tels que la qualité de l’eau, la pureté de femmes.
l’air, l’élimination des déchets, etc., il est beaucoup plus
difficile de comparer, par exemple, une augmentation Dans le cadre du Fonds social, une attention particulière
possible de la pollution de l’eau résultant d’un projet a été accordée depuis 1989 à l’égalité des chances,
d’investissement par rapport à une réduction des émis- ainsi qu’à la question de la qualité des emplois. Cela
sions dues à la circulation. Néanmoins, la Commission comprend des actions entreprises dans le cadre de
s’est engagée dans la mise au point d’indicateurs et de l’Initiative communautaire NOW (Nouvelles chances
techniques d’évaluation de l’environnement afin de per- pour les femmes), qui a été lancée en 1991 pour fournir
mettre de meilleures prédictions et de suivre les effets une formation à la gestion et pour soutenir des réseaux
sur l’environnement de mesures liées à la politique struc- locaux de petites entreprises. Toutefois, ces mesures,
turelle. avec des fonds limités, restent fondamentalement de
nature expérimentale. La prochaine étape doit consister
Depuis la Communication sur La politique de cohésion à faire fructifier les enseignements tirés afin d’intégrer
et l’environnement (1995), des progrès ont été réalisés des projets similaires dans les principaux programmes
dans la mise en oeuvre de mesures visant à renforcer la des Fonds structurels.

123
Chapitre 6 Perspectives

L’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’Union a sent. Cela a induit de nouveaux problèmes et de nou-
renouvelé l’impulsion donnée pour utiliser plus pleine- velles opportunités.
ment les talents des femmes dans des domaines
d’activités traditionnellement masculins. Presque toutes En Europe, les restructurations industrielles ont fait leur
les mesures des divers programmes suédois attachent chemin et l’emploi dépend maintenant beaucoup moins,
une attention particulière au principe de l’égalité des dans beaucoup de régions, des industries tradition-
chances et la participation des femmes aux activités est nelles, telles que l’acier, le charbon et la construction
encouragée. Ces programmes contiennent de nom- navale, que ce n’était le cas vingt ans plus tôt. Plus
breux exemples de projets très innovants qui contri- récemment, de nouveaux problèmes de restructuration
buent à ce que les femmes réalisent leurs potentialités ont émergé avec, par exemple, les nouveaux dévelop-
en tant qu’entrepreneurs, projets qui pourraient être pements qui affectent l’industrie de la défense.
retenus comme les meilleures pratiques à suivre dans
d’autres programmes régionaux de développement. L’activité économique dépend, dans une plus large
Les Fonds structurels jouent un rôle important en aidant mesure qu’auparavant, d’investissements immatériels
des mesures visant à fournir un ensemble complet de dans des activités très qualifiées, telles que la recherche
services tels que l’information, une aide financière, une et les technologies de l’information. Les économies
formation et des services permanents de conseil. dotées d’une main-d’oeuvre bien formée et de bonnes
infrastructures de communication devraient profiter de
Des centres locaux ou régionaux de services aux entre- ces évolutions.
prises destinés aux femmes entrepreneurs pourraient
rendre disponibles tout un éventail de services Cela a des implications considérables, aussi bien géo-
communs à un coût plus faible, et dans le même temps, graphiques que sociales. Un grand nombre de nou-
servir de carrefour pour encourager des partenariats velles activités ont des exigences qui pourraient
commerciaux. Des progrès ont aussi été réalisés dans favoriser les grandes zones métropolitaines et les tra-
d’autres domaines, notamment par l’intermédiaire de vailleurs les plus qualifiés. Elles posent de ce fait un
l’Initiative communautaire URBAN, qui inclut explicite- nouvel ensemble de défis pour l’avenir en ce qui
ment des mesures pour accroître l’égalité des chances. concerne les efforts de l’Union pour promouvoir une
répartition plus égale des possibilités entre les régions
et pour garantir que tous les groupes sociaux auront
Maintenir la pertinence accès à celles-ci.

Il est important de garantir que les priorités identifiées Les politiques structurelles devront y répondre par des
restent pertinentes par rapport à la situation du moment. investissements appropriés en matière d’infrastructures
Il est inévitable que les priorités actuelles se verront et dans les ressources humaines afin de renforcer les
adjoindre d’autres priorités ou remplacer par d’autres, niveaux de formation et d’éducation, de faciliter les
dans le futur, y compris l’examen permanent de la ajustements justifiés par la demande de nouvelles orga-
pertinence même des objectifs des Fonds structurels. nisations du travail, de promouvoir les initiatives régio-
nales et locales et de rendre les priorités du marché du
Ces objectifs ont déjà subi des ajustements lors de la travail plus efficaces.
révision de 1993. Depuis lors, les principales
innovations ont été doubles: une reconnaissance des Le développement et l’application généralisée des
difficultés particulières rencontrées par les communau- technologies de l’information et de la communication
tés qui dépendent de la pêche et un recentrage des sont aussi de nouveaux facteurs. A nouveau, cela a des
politiques du marché du travail vers le recyclage des implications géographiques et sociales. La rapidité de
travailleurs dans des secteurs marqués par le progrès l’introduction des technologies de l’information est
technologique. Avec l’entrée des pays nordiques en variable selon les pays, les régions, les secteurs, les
1995, un nouvel Objectif 6 a été créé pour couvrir les industries et les entreprises. Les avantages, sous la
régions à faible densité de population. La démarche forme d’un accroissement de la prospérité, et les coûts,
générale a globalement réussi et la reconnaissance de sous la forme de la charge du changement, sont répartis
ses mérites a contribué à modeler les politiques régio- inégalement entre les différentes parties de l’Union et
nales mises en oeuvre dans certains pays. entre les groupes sociaux.

De nouveaux défis continuent à apparaître. Les chan- Les technologies de l’information et de la communica-
gements sectoriels conduits par les nouvelles technolo- tion constituent aussi une opportunité pour créer une
gies se sont accélérés. La mondialisation de l’activité société mieux intégrée. Cela requiert une approche qui
économique et des marchés financiers contribue à reconnaisse que la société de l’information soit au ser-
accélérer le rythme auquel les changements se produi- vice de l’homme et soit utilisée comme un outil d’ouver-

124
Chapitre 6 Perspectives

ture du pouvoir de l’information, et non comme un moyen Il faut également donner des suites plus concrètes aux
de créer des inégalités entre «les riches en informa- priorités développées au cours des discussions pas-
tions» et «les pauvres en information». Les politiques sées entre la Commission et les Etats membres, dans le
structurelles et celles qui visent à développer la société cadre du travail Europe 2000. Ces priorités ont été
de l’information ont besoin d’être mieux intégrées et élaborées dans le «Schéma de développement de
d’être prises en compte au niveau local; les pactes l’espace communautaire» (SDEC), qui représente une
territoriaux pour l’emploi pourraient être un outil impor- vision commune des problèmes et des possibilités, bien
tant d’exploitation de ces opportunités. que, conformément au principe de subsidiarité, ses
recommandations sur la politique à suivre aient un
De nombreux problèmes d’ajustement au changement caractère purement indicatif. De nouvelles discussions
paraissent se poser dans certaines des grandes agglo- sur le SDEC sont prévues pour 1997.
mérations urbaines de l’Union. Il existe un danger très
réel d’une aggravation de la fragmentation dans les Tous ces développements suggèrent qu’il sera néces-
villes européennes, la montée du chômage et l’exclu- saire de passer soigneusement en revue les objectifs
sion sociale accompagnant un approfondissement du prioritaires des Fonds structurels avant la prochaine
clivage social entre pauvres et nantis. Dans certains période de programmation qui devrait commencer en
Etats membres, le problème urbain est déjà considéré l’an 2000, afin d’être certain de leur pertinence par
comme le principal défi à la cohésion nationale et on y rapport aux problèmes rencontrés par les citoyens de
a conçu et mis en oeuvre de nouvelles politiques ur- l’Europe.
baines intégrées. Une approche renforcée au niveau
communautaire pourrait aussi être nécessaire. Une des conclusions qui émergent est qu’un change-
ment rapide est devenu inévitable. Par conséquent, il
En même temps, les zones rurales dans l’Union semble inéluctable d’adopter des démarches plus flexi-
continuent à faire face à de nombreux handicaps, bles dans le processus par lequel les priorités des
décrits dans le chapitre 5. Ces zones ne pourront saisir politiques structurelles sont définies et mises en oeuvre.
de nouvelles opportunités sans une politique globale de Le système existant ne permet que des révisions occa-
développement rural. Le point de départ relève de la sionnelles et limitées et les priorités de programmation,
reconnaissance de la diversité des situations rurales, une fois établies, sont relativement rigides.
avec, pour conséquence, des réponses politiques qui
apportent des solutions équilibrées aux préoccupations Au cours de la période actuelle de programmation qui
économiques, sociales et liées à l’environnement. Cela prendra fin en 1999, la Commission utilisera pleinement
requiert un partenariat entre les secteurs concernés et la marge de manoeuvre existante tout en préservant
l’implication des acteurs locaux afin de tirer parti des totalement les engagements convenus lors du Conseil
potentialités économiques spécifiques de chaque zone, européen d’Edimbourg, en 1992. La révision à mi-
y compris dans les domaines de la culture et des res- parcours, en 1997, et les latitudes créées par le proces-
sources naturelles. sus d’ajustement des ressources planifiées pour tenir
compte de l’inflation, donnent un peu de champ de
La question urbaine, les problèmes ruraux font l’un et manoeuvre et ouvrent des possibilités de modifier les
l’autre partie de la question plus large de la persistance priorités. La Commission a encouragé les Etats mem-
des déséquilibres dans l’utilisation du territoire euro- bres à exploiter ces possibilités en faveur de la priorité
péen dans son ensemble. Cela se reflète par des cen- des priorités, la lutte contre le chômage.
tres urbains gravement congestionnés, par l’absence
de communications et de réseaux énergétiques fonciè-
rement transeuropéens, par une utilisation inviable à
long terme de certaines ressources et par un dépeuple-
ment des zones rurales. Cela résulte en partie de pro-
blèmes engendrés par l’héritage historique d’un
développement et d’une planification du développe-
ment séparés dans les limites des quinze Etats mem-
bres, ce qui a entraîné des incohérences et des
déséquilibres au plan spatial auxquels on ne s’attaque
pas encore pleinement et systématiquement. En consé-
quence, il y a des raisons pour militer en faveur d’une
action plus résolue dans le domaine de l’aménagement
du territoire. Cette préoccupation est au centre des
actions proposées dans le cadre de la nouvelle Initiative
communautaire INTERREG IIC.

125
Chapitre 6 Perspectives

126
Chapitre 7
Conclusions

Le panorama de l’économie mondiale s’est radicale- supprimé nombre d’obstacles aux échanges et créé une
ment modifié depuis un peu plus de vingt ans. La mon- économie européenne intégrée. Les craintes que cela
dialisation de la production et des marchés financiers, n’écrase les Etats membres relativement pauvres ne se
ainsi que la rapidité du progrès technique, ont engendré sont pas concrétisées.
des changements de grande portée dans les écono-
mies nationales et régionales, dans la configuration des Un grand nombre des politiques non structurelles
emplois et dans l’organisation du travail. Si ces change- de l’Union peuvent contribuer plus fortement à la
ments ont eu des résultats positifs, le chômage et cohésion.
l’exclusion sociale grandissante sont devenus des
caractéristiques structurelles de l’économie de l’Union En ce qui concerne les mesures relatives au marché de
au cours des dernières années. la politique agricole commune, la Commission confirme
son intention de poursuivre résolument la démarche
Dans le même temps, l’Union entre dans une période amorcée avec les réformes de 1992 de façon à déve-
cruciale de son processus d’intégration. En particulier, lopper les avantages qu’elle procure dans les domaines
l’union monétaire, l’élargissement et le financement futur social et de l’environnement, dans le cadre d’une politi-
de l’Union figurent parmi les prochains grands rendez- que de développement rural plus intégrée contribuant
vous. encore plus efficacement à la cohésion.

Face aux défis auxquels ils sont confrontés, les Etats Pour la politique de concurrence de l’Union, il convient
membres et l’Union doivent travailler en partenariat pour de souligner que:
faciliter l’adaptation à la nouvelle situation et saisir les
nouvelles opportunités offertes au bénéfice de toutes les – la Commission a réagi de façon positive à la néces-
régions et de l’ensemble des citoyens. sité d’introduire plus de souplesse dans les aides
d’Etat en révisant les règles “de minimis” et en créant
La responsabilité d’améliorer la cohésion économique un cadre pour les aides d’Etat visant des problèmes
et sociale incombe avant tout aux Etats membres. Ils urbains spécifiques. La Commission a l’intention de
doivent poursuivre leurs efforts pour maintenir la disci- poursuivre les efforts qu’elle déploie pour renforcer
pline budgétaire et contrecarrer la hausse récente de la l’efficacité et la transparence de la gestion des aides
dette publique. Ceci devrait être fait d’une manière qui d’Etat;
garantisse le maintien des programmes structurels qui
investissent pour l’avenir et, simultanément, des méca- – les plafonds des aides à l’investissement autorisés
nismes d’incitations, budgétaires ou autres, qui favori- dans les régions les plus pauvres de l’Union tendent
sent la création d’emplois. à être trop élevés par rapport aux moyens qui peu-
vent être dégagés sur les budgets nationaux, tandis
Par ailleurs, comme les Etats membres l’ont reconnu que les plafonds d’aide, plus bas, autorisés dans les
eux-mêmes en signant le Traité de Maastricht, le déve- Etats membres plus riches sont exploités plus
loppement harmonieux de l’ensemble de l’Union ne peut pleinement par ceux-ci. Il se pose la question de
être réalisé par le jeu des seules politiques nationales. savoir si des efforts concertés devraient être entre-
Les politiques structurelles de l’Union visent directement pris maintenant en vue d’une réduction générale des
la cohésion tandis que ses autres politiques, non struc- dépenses consacrées aux aides d’Etat;
turelles, peuvent également y contribuer de manière
importante. – dans le contexte de la concentration des ressources
sur les régions les plus défavorisées, les Etats mem-
La politique non structurelle dont la portée a été la plus bres et la Commission ont besoin de s’attaquer, en
grande est le programme du marché unique, qui a partenariat, aux incohérences dans la détermination

127
Chapitre 7 Conclusions

des régions aidées par les politiques régionales des Etats membres les plus pauvres vis-à-vis du
nationales et par les politiques régionales de l’Union. pétrole.
L’éligibilité aux politiques régionales de l’Union
devrait devenir l’un des critères permettant d’autori- Dans le domaine de la politique sociale, de nouveaux
ser les aides dans le cadre des politiques régionales efforts devraient être poursuivis. En particulier, une prio-
des Etats membres. rité élevée devrait être réservée à l’intérieur de l’Union à
la réduction du chômage, à la promotion des droits
Dans le cadre de la politique de RDT de l’Union, qui vise fondamentaux et, en particulier, à l’égalité des chances.
à promouvoir la compétitivité de l’Europe grâce à
l’excellence scientifique, les efforts réalisés pour déve- En ce qui concerne la politique de l’environnement de
lopper les activités et les capacités de recherche dans l’Union, le défi consiste à trouver un équilibre entre
les parties relativement faibles de l’Union devraient être l’accélération de la croissance économique et la néces-
poursuivis. L’innovation, la mobilité des chercheurs et sité de protéger l’environnement dans le but de garantir
l’intensification des liens et des réseaux entre centres un développement durable. Ce défi peut être relevé
de RDT sont des facteurs particulièrement précieux grâce à une combinaison appropriée de mesures en
pour le développement structurel. Les efforts pour assu- faveur de l’environnement, d’incitations budgétaires, de
rer une diffusion plus large des résultats et pour pour- redevances et de dépenses publiques.
suivre la recherche en tenant compte des forces des
régions les plus faibles, sont également importants. Il est Enfin, en dehors des améliorations qui pourraient être
essentiel que la base scientifique et technologique des apportées aux politiques elles-mêmes, il faudrait identi-
régions moins avancées soit davantage renforcée. C’est fier de façon plus systématique les possibilités d’exploi-
un élément primordial pour réduire l’écart de dévelop- ter les synergies entre ces politiques et celles qui sont
pement par rapport aux régions plus riches. explicitement ciblées sur la cohésion, sans pour autant
compromettre leurs propres objectifs. Chaque fois que
En ce qui concerne les politiques des réseaux de c’est possible, il faudrait faire en sorte que ces politiques
l’Union dans les domaines des transports, des télé- contribuent plus efficacement à la réduction des dispa-
communications et de l’approvisionnement en rités économiques et sociales.
énergie, les avantages de l’innovation et de la libé-
ralisation doivent impérativement bénéficier à toute Pour les politiques structurelles de l’Union, le point de
la Communauté: départ devrait être de garantir leur soutien à long terme
aux régions les plus pauvres, compte tenu de la
– les contrats de service public ou les obligations de persistance de profondes disparités entre les régions en
service universel doivent être conservés et les objec- retard de développement (Objectif 1) et les autres. La
tifs de fonctionnement courants doivent également solidarité avec ces régions est une base de progrès
être respectés de sorte que les besoins régionaux et importante non seulement pour des motifs sociaux, mais
sociaux soient assurés dans les situations où le aussi pour accroître le potentiel économique de
marché, lui-même, ne les satisferait pas; l’ensemble de l’Union. Le rattrapage tend à être un
processus lent, qui appelle un engagement à long terme
– dans le secteur des transports, les actions de de l’Union.
l’Union en faveur des réseaux intermodaux
doivent continuer à promouvoir la “mobilité dura- Les problèmes qui affectent les autres parties de
ble” et garantir de bonnes liaisons avec les l’Union, doivent aussi être reconnus: les mutations
réseaux locaux afin que les avantages en matière économiques et sectorielles rapides, y compris celles
de cohésion soient maximisés. Les avantages qui affectent les zones rurales, la pauvreté dans les
des transports publics ou collectifs pour la villes, l’exclusion sociale, la congestion et d’autres
cohésion doivent être pleinement reconnus; déséquilibres territoriaux, l’utilisation non durable des
ressources rares. L’Union doit être prête à soutenir les
– dans le secteur des télécommunications, il se pour- processus d’ajustement qui concernent différentes
rait qu’il faille prendre des mesures pour favoriser régions, collectivités locales et groupes sociaux, à
l’accès à de nouveaux services dans les écoles, les accélérer leur adaptation aux circonstances nouvelles
hôpitaux, les bibliothèques, etc. Ces mesures et à promouvoir l’emploi.
devraient comprendre une formation adéquate et la
fourniture des équipements nécessaires; Face à ces problèmes, l’Union doit apporter une
réponse stratégique qui cherche à favoriser, en parte-
– en ce qui concerne l’approvisionnement en énergie, nariat avec les Etats membres, l’investissement dans de
des efforts accrus sont requis pour accroître sa nouveaux secteurs de croissance et dans le développe-
diversité, compte tenu de la plus forte dépendance ment durable, ainsi que dans l’amélioration du capital

128
Chapitre 7 Conclusions

physique et humain, de façon à accroître la compétitivi- Pour préparer l’avenir, il importe d’organiser dès à pré-
té. De même, elle doit aider les PME à exploiter pleine- sent un dialogue. L’un des objets du présent rapport est
ment leurs potentialités à créer des emplois et à de structurer celui-ci. Il servira à lancer un débat impli-
développer leurs capacités innovatrices. quant les autres institutions et organes de l’Union, qui
élaborent leurs propres avis sur l’avenir.
L’efficacité doit être assurée en veillant à la qualité de la
réponse stratégique et en rationalisant le système de Ce dialogue sera complété par d’autres initiatives. La
gestion. Plusieurs questions invitent à la réflexion: première est l’organisation d’une grande conférence
— un forum sur la cohésion — au printemps de 1997,
– les ressources rares doivent être mieux ciblées sur qui offrira une enceinte pour un débat sur les politiques
les problèmes les plus graves et sur les zones à structurelles avec toutes les parties intéressées.
problèmes, tout en répondant à des préoccupations
prioritaires pertinentes, inhérentes à la situation éco- En deuxième lieu, pendant l’année 1997, la Commission
nomique du moment; achèvera l’évaluation à mi-parcours des progrès réali-
sés depuis 1994 au titre des différents Objectifs. Cela
– une plus grande orientation vers les résultats pourrait fournira une occasion d’adapter les programmes à de
être introduite dans les politiques de cohésion nouvelles priorités pour le reste de la période, et une
lorsqu’il est possible de lier directement des critères base expérimentale pour les actions à entreprendre
de résultats à des objectifs de cohésion à atteindre. après 1999. Entre-temps, les nouvelles stratégies
La Commission et les autorités nationales doivent récemment négociées dans le cadre de l’Objectif 2
continuer de coopérer pour améliorer la programma- (seulement) pour la période 1997-1999 auront été mises
tion et accroître la transparence des politiques, et en place et donneront ainsi à la Commission la possibi-
garantir la mise en place de systèmes de suivi, de lité de voir dans quelle mesure elles reflètent une straté-
contrôle et d’évaluation efficaces; gie plus concentrée sur les grandes priorités sur
lesquelles les Etats membres et la Commission se sont
– plus d’efforts devraient être faits pour accroître mis d’accord.
l’utilisation de l’emprunt et de sources de finance-
ment privées; Le présent rapport doit donc être considéré comme une
nouvelle étape dans le processus d’amélioration de
– il convient d’explorer de façon plus exhaustive les l’efficacité de l’action entreprise par l’Union pour
possibilités de constituer des réseaux transfronta- promouvoir la cohésion économique et sociale.
liers et entre les régions, permettant d’atteindre des
objectifs communs et d’échanger des expériences
et des bonnes pratiques;

– au vu de la complexité des procédures actuelles,


toutes les voies de simplification du financement et
de la mise en oeuvre des mesures doivent être
explorées;

– le renforcement de la subsidiarité doit aller de pair


avec des partenariats largement dessinés et jouant
un rôle actif dans les programmes.

En ce qui concerne le contenu des programmes des


Fonds structurels, quatre préoccupations prioritaires
requièrent une réponse spécifique de la part des politi-
ques de cohésion de l’Union: la création d’emplois, qui
est une priorité prédominante pour l’Union et les Etats
membres, la compétitivité, la protection de l’environne-
ment et l’égalité des chances entre hommes et femmes.

Enfin, les politiques structurelles doivent devenir globa-


lement plus flexibles qu’aujourd’hui de façon à s’adapter
aux changements de situation et, en particulier, à pou-
voir répondre aux nouveaux défis et aux nouvelles
opportunités qui surgissent.

129
Chapitre 7 Conclusions

130
Annexe statistique

18 Production et emploi dans le secteur


Liste des tableaux de l’énergie, 1985 et 1992 . . . . . . . . . . . 141
19 Financement des projets d’énergie dans
1 Disparités de revenu, de productivité et de le cadre des RTE . . . . . . . . . . . . . . . . 142
chômage entre régions dans l’Union, 20 Dépenses pour la protection de l’environnement
1983 et 1993 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132 dans la Communauté, 1992 . . . . . . . . . . . 142
2 Disparités de revenu, et de chômage entre 21 Estimation des besoins d’investissement
régions par Etats membre, 1983 et 1993 . . . . 132 pour l’environnement dans les pays de
3 Répartition du revenu et de la pauvreté par la cohésion jusqu’en 2005 . . . . . . . . . . . 143
Etat membre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 22 L’économie espagnole en 2010: scénarios
4 Croissance du PIB par habitant dans les alternatifs de politique de l’environnement . . 143
pays de la cohésion, 1983–1995 . . . . . . . . 133 23 Ressources communautaires, 1988–1999 . . . 143
5 PIB par habitant dans les régions les plus 24 Importance des interventions structurelles
riches et les régions les plus pauvres de (y compris Fonds de cohésion et Initiatives
l’Union, 1983 et 1993 . . . . . . . . . . . . . . 134 communautaires), 1989–1993 et
6 Indicateurs relatifs aux régions agricoles, 1994–1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
industrielles et de services . . . . . . . . . . . 135 25 Répartition des Fonds Structurels par Objectif,
7 Disparités du PIB par habitant en SPA par 1989–1993 et 1994–1999 . . . . . . . . . . . 145
région dans les Etats membres, 26 La BEI et le financement du développement
1983–1993 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 régional . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
8 Taux de chômage dans les régions les plus 27 Fonds de cohésion, 1993 et 1994–1999 . . . . 147
touchées et les moins touchées de l’Union, 28 Répartition des Fonds structurels par grand
1983 et 1995 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136 domaine d’intervention dans les régions de
9 Disparités du taux de chômage par région l’Objectif 1, 1989–1993 et 1994–1999 . . . . . 147
dans les Etats membres, 1983–1995 . . . . . . 137 29 Evolution du revenu et du chômage dans
10 Emploi civil par secteur, 1983 et 1993 . . . . . 137 les régions aidées, 1983–1993 . . . . . . . . . 148
11 Taux d’activité et d’emploi par âge et sexe 30 Répartion des Fonds structurels par grand
dans les quatre pays de la cohésion, domaine d’intervention dans les régions de
1983 et 1993 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138 l’Objectif 2, 1989–1993 et 1994–1999 . . . . . 148
12 Proportion de la population couverte par les 31 Répartion des Fonds structurels par grand
régions bénéficiaires des aides nationales domaine d’intervention dans les régions de
à finalité régionale, 1996 . . . . . . . . . . . . 138 l’Objectif 5b, 1989–1993 et 1994–1999 . . . . 149
13 L’impact des dépenses publiques et des 32 Répartion des Fonds structurels par grand
impôts sur les disparités entre régions domaine d’intervention dans les régions
pour le PIB par habitant dans divers Etats de l’Objectif 6, 1995–1999 . . . . . . . . . . . 149
membres, 1993 . . . . . . . . . . . . . . . . . 139 33 Répartition des dépenses consacrées
14 L’effet des transferts budgétaires sur aux ressources humaines au titre des
diverses régions dont le PIB par habitant Objectifs 3 et 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
est similaire, 1993 . . . . . . . . . . . . . . . . 139 34 Part de la population couverte par
15 Versements bruts effectués aux Etats les objectifs régionaux et allocation
membres au titre de la politique de soutien financière par habitant, 1989–1993
des marchés de la PAC (FEOGA), et 1994–1999 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
1990–94 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140 35 Montants des engagements pour
16 Réseaux de transport transeuropéens — les Initiatives communautaires,
dépense par mode de transport principal 1989–1993 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
17 Améliorations apportées par les RTE à 36 Montants alloués aux Initiatives
l’accès au marché . . . . . . . . . . . . . . . 141 communautaires, 1994–1999 . . . . . . . . . 152

131
Annexe statistique

Tableau 1
Disparités de revenu, de productivité et de chômage entre régions dans l’Union,
1983 et 1993
PIB par habitant PIB par personne employée Chômage
(EUR15=100) (EUR15=100) (en % de la population active)
1983 1993 1983 1993 1983 1993
Entre les Etats Membres
Le meilleur 134,8 160,1 124,2 124,3 3,3 2,3
Le moins bon 55,1 63,2 51,3 58,6 17,4 22,3
Le meilleur/le moins bon(a) 2,4 2,5 2,4 2,1 5,3 9,7
Ecart type 17,2 12,8 13,5 14,4 3,1 4,6
(Coef. de Gini) (0.089) (0.059)
Entre les régions
La meilleure 184,0 189,0 398,0 420,4 1,7 3,2
La moins bonne 39,0 37,0 32,1 36,6 22,5 33,3
La meilleure/la moins bonne (a) 5,0 4,5 12,4 11,5 13,2 9,0
Les 10 meilleures 154,0 158,0 146,0 156,0 3,8 3,9
Les 10 moins bonnes 44,0 48,0 49,4 48,6 19,4 26,4
Les 10 meilleures/moins bonnes (a) 3,2 3,1 3,0 3,2 5,1 6,8
Les 25 meilleures 140,0 142,0 131,3 130,7 4,8 4,6
Les 25 moins bonnes 53,0 55,0 63,3 63,1 17,2 22,4
Les 25 meilleures/moins bonnes(a) 2,5 2,5 2,1 2,1 3,6 4,9
Ecart-type 26,8 27,2 18,0 17,6 4,2 6,0
(Coef. de Gini) (0.149) (0.153)
(a)
Pour le chômage, taux de chômage le plus élevé/taux de chômage le plus bas

Tableau 2
Disparités de revenu et de chômage entre régions par Etat membre, 1983 et 1993
PIB par habitant Chômage Emploi
SPA (EUR15 = 100) Disparité régionale en % de la Disparité régionale Variation
(écart-type) pop. active (écart-type) annuelle (en %)
1983 1993 1983 1993 1983 1993 1983 1993 1983–93
B 105,4 113,6 14,5 17,1 11,1 8,9 0,5 1,4 0,4
DK 108,6 112,0 - - 8,9 10,1 - - 0,2
D (W) 116,5 107,9 20,7 24,5 6,9 5,9 1,7 1,9 1,0
GR 61,9 64,5 6,6 7,6 7,1 8,6 0,7 2,4 0,8
E 70,5 77,8 12,7 15,3 17,5 22,8 3,9 5,5 0,8
F 113,4 109,1 27,0 27,9 8,1 11,7 1,6 2,0 0,1
IRL 63,6 80,2 - - 14,0 15,6 - - 0,2
I 101,6 103,5 23,4 24,6 7,7 10,3 2,8 5,9 0,1
L 131,9 162,2 - - 3,5 2,7 - - 2,5
NL 102,7 103,6 27,7 11,8 9,7 6,6 - 0,7 1,9
A 107,6 112,0 - - 4,1 4,1 - 0,9 0,6
P 55,1 68,2 15,0 20,2 7,8 5,7 - 1,9 0,3
FIN 100,7 91,4 - - 6,3 17,5 - 2,2 -1,8
S 112,3 98,2 - - 3,9 9,5 1,4 1,1 -0,4
UK 98,7 89,9 18,4 19,0 11,1 10,5 3,6 2,4 0,6

132
Annexe statistique

Tableau 3
Répartition du revenu et de la pauvreté par Etat membre
(a)
Part des salaires ajustée Répartition personnelle % de la population vivant en-dessous
(en % du PIB) du revenu (coef. de Gini) (b) du seuil de pauvreté (b)
1983 1993 Début des Fin des Années Début des Fin des
années 80 années 80 de référence années 80 années 80
B 76,5 73,1 0,228 0,235 1978(79)-87(88) 5,5 6,6
DK 75,2 69,5 - - 1981-87 4,2 4,9
D 72,3 68,7 - - 1983-88 10,9 11,2
GR 74,7 64,5 - - 1982-88 18,5 19,9
E 75,5 67,9 - - 1980-90 18,7 17,3
F 76,0 68,0 0,297 0,296 1984(85)-89 13,2 14,9
IRL 80,8 71,9 0,330 - 1980-87 18,4 15,8
I 74,2 71,4 0,310 - 1985-88 19,6 22,0
L 73,4 73,5 0,238 - 1988 - 9,2
NL 69,3 67,1 0,247 0,268 1980-88 5,0 6,2
A 72,4 69,5 - - - -
P 73,7 64,8 - - 1980-89 27,3 26,5
FIN 72,2 69,6 0,207 0,215 - -
S 73,9 72,5 0,199 0,220 - -
UK 71,8 73,8 0,270 0,304 1985-88 14,3 17,2
(a)
Rémunération des salariés en % du PIB aux coûts des facteurs, ajustée pour tenir compte des travailleurs indépendants
(b)
Voir encadré pour les définitions des données

Tableau 4
Croissance du PIB par habitant dans les pays de la cohésion, 1983-1995
GR E IRL P EUR4 EUR11 EUR15
Taux de croissance annuel 1983 0,4 2,2 -0,2 -0,2 1,5 1,7 1,7
du PIB (%) 1984 2,8 1,5 4,3 -1,9 1,4 2,5 2,3
1985 3,1 2,6 3,1 2,8 2,7 2,5 2,5
1986 1,6 3,2 0,3 4,1 2,9 2,9 2,9
1987 -0,5 5,6 4,7 5,9 4,7 2,7 2,9
1988 4,5 5,2 4,3 5,5 5,1 4,1 4,2
1989 3,8 4,7 6,1 5,3 4,7 3,3 3,5
1990 0,0 3,7 7,8 4,6 3,6 2,9 2,9
1991 3,1 2,3 2,2 2,3 2,4 1,4 1,5
1992 0,4 0,7 3,9 1,1 0,9 0,9 0,9
1993 -1,0 -1,2 3,1 -1,2 -0,9 -0,7 -0,7
1994 1,5 2,1 6,7 0,8 2,1 2,8 2,7
1995 2,0 3,0 8,6 2,5 3,2 2,3 2,4
1983-1993 1,8 3,0 3,9 2,8 2,9 2,4 2,5
1983-1995 1,8 3,0 4,5 2,6 2,8 2,4 2,5

Croissance annuelle 1983-1993 0,5 0,2 0,2 0,0 0,2 0,4 0,4
de la population (%) 1983-1995 0,5 0,2 0,2 0,0 0,2 0,8 0,7

1983 61,9 70,5 63,6 55,1 66,2 107,4 100,0


PIB par habitant (SPA) 1988 59,6 72,4 65,0 56,5 67,4 107,2 100,0
EUR15=100 1993 64,5 77,8 80,2 68,2 74,2 105,3 100,0
1995 64,3 76,2 89,9 68,4 73,8 105,4 100,0

133
Annexe statistique

Tableau 5
PIB par habitant dans les régions les plus riches et les régions les plus pauvres
de l’Union, 1983 et 1993
(PIB par habitant en SPA, EUR15=100)
1983 1993
Régions PIB Rang Régions PIB Rang
Hamburg (D) 184 1 Hamburg (D) 189 1
Ile de France (F) 168 2 Rég,Bruxelles-Cap,/Brussels Hfdst,Gew,(B) 183 2
Rég,Bruxelles-Cap,/Brussels Hfdst,Gew, (B) 165 3 Iles de France 166 3
Wien (A) 151 4 Darmstadt (D) 164 4
Bremen (D) 149 5 Luxembourg (L) 162 5
Darmstadt (D) 149 6 Wien (A) 161 6
Greater London (UK) 144 7 Oberbayern (D) 158 7
Oberbayern (D) 140 8 Bremen (D) 154 8
Stuttgart (D) 138 9 Greater London (UK) 144 9
Luxembourg (L) 135 10 Stuttgart (D) 141 10
Les 10 plus riches 154 Les 10 plus riches 158
Ahvenanmaa/land (FIN) 133 11 Antwerpen (B) 137 11
Stockholm (S) 132 12 Grampian (UK) 134 12
Uusimaa (FIN) 131 13 Lombardia (I) 132 14
Lombardia (I) 131 14 Valle d’Aosta (I) 131 15
Grampian (UK) 130 15 Karlsruhe (D) 127 16
Berlin (D) 130 16 Mittelfranken (D) 127 17
Valle d’Aosta (I) 128 17 Emilia-Romagna (I) 127 18
Emilia-Romagna (I) 128 18 Ahvenanmaa/land (FIN) 127 19
Antwerpen (B) 126 19 Salzburg (A) 125 20
Düsseldorf (D) 125 20 Trentino-Alto Adige (I) 125 21
Karlsruhe (D) 124 21 Dsseldorf (D) 123 22
Mittelfranken (D) 124 22 Liguria (I) 122 23
Trentino-Alto Adige (I) 119 23 Lazio (I) 121 24
Salzburg (A) 118 24 Friuli-Venezia Giulia (I) 119 25
Noord-Holland (NL) 118 25 Stockholm (S) 119 26
Les 25 plus riches 140 Les 25 plus riches 142

Açores (P) 39 1 Guadeloupe (F) 37 1


Guadeloupe (F) 40 2 Açores (P) 42 2
Extremadura (E) 43 3 Alentejo (P) 42 3
Madeira (P) 43 4 Madeira (P) 44 4
Voreio Aigaio (GR) 43 5 Réunion (F) 47 5
Centro (P) 43 6 Ipeiros (GR) 47 6
Guyane (F) 44 7 Centro (P) 49 7
Alentejo (P) 45 8 Voreio Aigaio (GR) 50 8
Runion (F) 45 9 Mecklenburg-Vorpommern (D) 52 9
Norte (P) 46 10 Martinique (F) 52 10
Les 10 plus pauvres 44 Les 10 plus pauvres 48
Ceuta y Melilla (E) 48 11 Thüringen (D) 52 11
Ipeiros (GR) 50 12 Sachsen (D) 53 12
Algarve (P) 50 13 Sachsen-Anhalt (D) 54 13
Martinique (F) 54 14 Dytiki Ellada (GR) 55 14
Andalucia (E) 55 15 Extremadura (E) 55 15
Ionia Nisia (GR) 56 16 Ionia Nisia (GR) 56 16
Dytiki Ellada (GR) 56 17 Guyane (F) 57 17
Dytiki Makedonia (GR) 57 18 Brandenburg (D) 57 18
Castilla-la Mancha (E) 57 19 Kriti (GR) 58 19
Thessalia (GR) 57 20 Andalucia (E) 58 20
Kriti (GR) 58 21 Algarve (P) 59 21
Kentriki Makedonia (GR) 58 22 Thessalia (GR) 59 22
Anatoliki Makedonia, Thraki (GR) 59 23 Galicia (E) 60 23
Galicia (E) 61 24 Anatoliki Makedonia, Thraki (GR) 60 24
Calabria (I) 63 25 Calabria (I) 61 25
Les 25 plus pauvres 53 Les 25 plus pauvres 55
Allemagne: pas de données pour les nouveaux Länder en 1983

134
Annexe statistique

Tableau 6
Indicateurs relatifs aux régions agricoles, industrielles et de services
Emploi Population PIB Chômage
Régions les plus En % de Variation millions hab./km2 SPA Variation % 1995 Variation
dépendantes de (a): l’emploi total annuelle par hab. annuelle en points
(en %) 1993 (en %) de %
1983-93 1983-93 1983-93
Agriculture 27,4 0,3 43,4 91 66 2,2 17,1 4,3
Industrie 43,9 0,9 86,7 327 109 2,3 8,3 -1,0
Services 68,8 0,7 88,5 786 116 2,4 10,1 1,6
EUR 15 - 0,5 369,0 116 100 2,5 10,7 0,9
(a)
Définies comme étant les 20% des régions en haut de l’échelle par la part de l’emploi dans le secteur concerné en 1983

Tableau 7
Disparités du PIB par habitant en SPA par région dans les Etats membres, 1983-1993
(EUR15=100, écart-type)
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993
B 14,5 16,2 16,3 14,9 15,0 15,2 15,2 15,4 15,9 16,3 16,8
D (nouveaux Länder exclus) 20,9 21,5 21,7 22,4 22,2 21,6 21,7 22,9 24,5 25,0 23,4
D (nouveaux Länder inclus) 39,3 36,8 32,7
GR 6,6 6,9 6,5 6,6 6,9 6,9 6,3 6,2 7,0 7,3 7,7
E 12,7 12,5 13,0 13,8 14,0 14,0 15,0 15,0 16,0 16,0 15,3
F 26,7 25,6 26,7 26,1 28,4 28,8 28,9 29,2 30,2 28,2 27,7
I 23,4 23,5 24,7 25,3 25,2 25,9 26,1 26,0 25,0 25,4 24,8
NL (Groningen exclue) 27,4 29,6 32,3 19,4 12,8 11,6 10,8 10,7 12,0 11,7 11,8
NL (Groningen inclue) 12,4 12,5 12,3 11,9 10,8 11,0 10,3 9,9 10,1 10,1 10,6
P 13,7 12,9 12,9 14,9 17,2 15,3 15,7 16,9 18,5 19,1 19,9
UK 18,7 18,7 18,8 20,4 21,2 21,5 21,1 20,6 19,1 18,8 19,0
A 24,2 24,0 25,2 25,1 25,9 25,0 24,9 25,2 26,1 26,2 27,1
FIN 17,5 17,5 17,7 17,6 18,6 18,8 18,3 18,4 18,2 15,7 17,1
S 9,3 9,5 9,5 9,5 9,5 12,0 11,8 11,6 11,3 10,8 10,5
EUR15 (par région) 26,8 27,1 27,5 27,2 27,0 26,9 26,7 26,9 29,7 28,8 27,2
EUR15 (par Etat membre) 17,2 17,6 17,5 17,3 16,6 16,2 15,7 15,7 13,5 13,5 12,8

135
Annexe statistique

Tableau 8
Taux de chômage dans les régions les plus touchées et les moins touchées de l’Union,
1983 et 1995
1983 1995
Régions Taux Rang Régions Taux Rang
Andalucia (E) 22,5 1 Andalucia (E) 33,3 1
Cataluña (E) 21,3 2 Ceuta y Melilla (E) 33,0 2
Pais Vasco (E) 20,4 3 Extremadura (E) 30,5 3
Canarias (E) 19,2 4 Campania (I) 24,7 4
Merseyside (UK) 18,4 5 Calabria (I) 23,7 5
Extremadura (E) 17,3 6 Canarias (E) 23,7 6
West Midlands (County) (UK) 17,3 7 Sicilia (I) 23,5 7
Región de Murcia (E) 17,0 8 Pais Vasco (E) 23,0 8
Comunidad Valenciana (E) 16,8 9 Región de Murcia (E) 22,2 9
Northern Ireland (UK) 16,8 10 Comunidad Valenciana (E) 22,2 10
Les 10 plus touchées 19,4 Les 10 plus touchées 26,4
Cleveland, Durham (UK) 16,7 11 Sardegna (I) 21,7 11
Comunidad de Madrid (E) 16,5 12 Itä-Suomi (FIN) 21,7 12
Limburg (B) 16,0 13 Cantabria (E) 21,4 13
Sardegna (I) 15,9 14 Pohjois-Suomi (FIN) 21,1 14
Dumfries & Galloway, Strathclyde (UK) 15,8 15 Principado de Asturias (E) 20,9 15
Comunidad foral de Navarra (E) 15,7 16 Comunidad de Madrid (E) 20,7 16
Northumberland, Tyne and Wear (UK) 15,3 17 Castilla-la Mancha (E) 20,4 17
Castilla-la Mancha (E) 15,2 18 Castilla y León (E) 20,3 18
Ireland (IRL) 14,8 19 Cataluña (E) 19,9 19
South Yorkshire (UK) 14,4 20 Molise (I) 18,7 20
Gwent, Mid-South-West Glamorgan (UK) 14,3 21 Etelä-Suomi (FIN) 18,3 21
Liège (B) 13,7 22 Väli-Suomi (FIN) 18,1 22
Principado de Asturias (E) 13,7 23 Basilicata (I) 17,6 23
Hainaut (B) 13,6 24 Galicia (E) 17,2 24
Castilla y León (E) 13,6 25 Sachsen-Anhalt (D) 16,7 25
Les 25 plus touchées 17,2 Les 25 plus touchées 22,4

Uusimaa (FIN) 1,7 1 Salzburg (A) 3,2 1


Stockholm (S) 1,9 2 Ionia Nisia (GR) 3,4 2
Luxembourg (L) 3,3 3 Tirol (A) 3,4 3
Småland med Öarna (S) 3,8 4 Notio Aigaio (GR) 3,5 4
Stuttgart (D) 4,0 5 Niederösterreich (A) 3,6 5
Västsverige (S) 4,0 6 Luxembourg (L) 3,8 6
Östra Mellansverige (S) 4,2 7 Kriti (GR) 3,8 7
Tübingen (D) 4,3 8 Kärnten (A) 4,1 8
Oberbayern (D) 4,4 9 Oberbayern (D) 4,1 9
Freiburg (D) 4,6 10 Vorarlberg (A) 4,3 10
Les 10 moins touchées 3,8 Les 10 moins touchées 3,9
Kriti (GR) 4,6 11 Trentino-Alto Adige (I) 4,5 11
Trentino-Alto Adige (I) 4,7 12 Schwaben (D) 4,5 12
Darmstadt (D) 4,9 13 Niederbayern (D) 4,6 13
Sydsverige (S) 4,9 14 Centro (P) 4,7 14
Karlsruhe (D) 5,0 15 Burgenland (A) 4,7 15
Schwaben (D) 5,0 16 Madeira (P) 4,9 16
Mellersta Norrland (S) 5,0 17 Steiermark (A) 4,9 17
Surrey, East-West Sussex (UK) 5,6 18 Tübingen (D) 4,9 18
Etelä-Suomi (FIN) 5,6 19 Berkshire, Buckinghamshire, Oxfordshire (UK) 5,2 19
Väli-Suomi (FIN) 5,6 20 Oberösterreich (A) 5,2 20
Ile de France (F) 5,7 21 Koblenz (D) 5,4 21
Alsace (F) 5,7 22 Trier (D) 5,4 22
Niederbayern (D) 5,8 23 Unterfranken (D) 5,5 23
Unterfranken (D) 5,8 24 Oberpfalz (D) 5,5 24
Liguria (I) 5,8 25 West-Vlaanderen (B) 5,5 25
Les 25 moins touchées 4,8 Les 25 moins touchées 4,6

136
Annexe statistique

Tableau 9
Disparités du taux de chômage par région dans les Etats membres, 1983-1995
(écart-type)
1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995
B 0,5 1,0 1,4 1,3 1,3 1,6 1,4 1,3 1,0 0,9 1,0 1,4 1,4
D (a) 1,7 2,0 2,2 2,2 2,2 2,2 2,0 1,8 1,6 1,9 1,8 1,8 1,9
GR 0,7 0,9 1,8 2,6 1,9 2,1 1,9 1,9 2,1 2,1 2,4 2,4 2,4
E 3,9 5,4 5,1 5,0 5,7 5,0 5,4 5,4 5,3 5,4 5,6 5,4 5,5
F 1,6 1,9 2,0 1,8 1,8 1,9 1,8 1,7 1,8 2,0 1,9 2,1 2,0
I 2,8 3,0 3,3 4,0 5,2 6,4 7,1 6,4 6,7 4,3 5,4 6,4 5,9
NL - - - - - 1,1 1,0 1,2 0,8 0,7 0,7 0,8 0,7
P - - - 2,9 2,6 3,1 2,4 2,0 1,5 1,2 1,3 1,8 1,9
UK 3,5 3,3 3,3 3,3 3,5 3,3 3,3 3,2 2,6 2,3 2,3 2,4 2,4
A (b) - 1,0 1,1 0,8 1,0 1,2 1,2 1,1 1,1 1,0 0,8 0,9 0,9
(b)
FIN - - 2,6 2,6 2,5 2,3 1,9 2,0 2,2 2,1 2,5 2,4 2,2
(b)
S 1,4 1,2 1,1 1,1 1,0 0,7 0,6 0,5 0,7 0,9 1,1 1,1 1,1
EUR12 4,2 4,8 5,3 5,3 5,5 5,4 5,2 4,9 5,0 4,9 5,7 6,1 6,0
EUR15 (par région) 4,2 5,0 5,4 5,4 5,6 5,5 5,3 4,9 5,0 4,8 5,6 6,0 6,0
EUR15 (par Etat membre) 3,1 3,8 4,3 4,2 4,1 3,9 3,5 3,6 3,7 3,4 4,4 5,0 4,6
(a)
Allemagne de l’Ouest seulement
(b)
Données nationales pour les années 1983-91

Tableau 10
Emploi civil par secteur, 1983 et 1993
agriculture (%) industrie (%) services (%) total (milliers)
Irlande
1983 17,5 30,6 51,9 1118
1993 13,1 27,1 59,7 1155
Espagne (a)
1983 16,2 31,8 51,9 10834
1993 10,2 30,8 59,0 11868
Portugal (a)
1983 21,5 33,9 44,4 4225
1993 11,6 32,9 55,6 4464
Grèce
1983 30,0 27,1 42,9 3509
1993 21,3 24,2 54,5 3715
(b)
Référence EUR5
1983 5,4 36,3 58,0 78945
1993 3,6 31,8 64,3 93881
(a)
1986 et 1993
(b)
La référence EUR5 est une moyenne pondérée comprenant la Belgique, l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et le Royaume-Uni.
Les nouveaux Länder sont inclus dans l’Allemagne en 1993 mais non en 1983.

137
Annexe statistique

Tableau 11
Taux d’activité et d’emploi par âge et sexe dans les quatre pays de la cohésion, 1983 et 1993
Hommes Femmes
Activité Emploi Activité Emploi
(en % de la population dans chaque classe d’âge) (en % de la population dans chaque classe d’âge)
1983 1993 1983 1993 1983 1993 1983 1993
Irlande
15-24 65,4 49,5 50,2 36,2 55,2 44,0 44,8 34,1
25-54 95,0 91,1 82,7 78,2 36,8 51,4 31,2 43,9
55-64 76,4 65,2 70,3 60,1 20,2 20,1 18,6 18,0
Espagne (a)
15-24 54,5 47,5 30,4 28,9 38,8 38,0 19,5 20,3
25-54 94,4 93,0 80,6 78,8 36,0 51,9 30,0 38,5
55-64 66,1 59,2 57,5 52,1 19,2 20,4 18,0 18,7
Portugal (a)
15-24 69,7 51,9 58,3 46,9 53,0 43,0 39,5 36,6
25-54 93,5 94,0 89,0 90,7 61,5 72,2 56,2 68,4
55-64 64,7 62,8 63,1 60,1 29,2 34,0 28,6 33,4
Grèce
15-24 50,4 43,1 41,8 34,5 36,2 34,6 25,3 21,1
25-54 95,1 94,3 90,5 89,9 43,8 53,1 40,1 47,0
55-64 70,8 58,6 68,8 56,9 25,7 22,3 25,2 21,9
(b)
Référence EUR4
15-24 54,0 49,5 46,4 42,9 47,5 45,5 39,2 39,0
25-54 95,3 93,6 90,3 87,9 58,8 70,1 54,1 64,1
55-64 55,8 48,8 52,9 45,1 25,6 26,5 24,2 24,3
(a)
1986 et 1993
(b)
La référence EUR4 est une moyenne pondérée comprenant la Belgique, l’Allemagne, la France et les Pays-Bas

Tableau 12
Proportion de la population couverte par les régions bénéficiaires des aides nationales
à finalité régionale (%), 1996
Couverture totale Régions les moins Autres
développées (a) régions à problèmes (b)
GR 100,0 100,0 0,0
IRL 100,0 100,0 0,0
P 100,0 100,0 0,0
E 75,9 59,6 16,3
I 48,9 34,2 14,7
L 42,7 0,0 42,7
F 42,4 2,5 39,9
FIN 41,6 0,0 41,6
UK 38,1 2,9 35,2
D 37,6 20,8 16,8
A 35,2 3,5 31,7
B 35,0 0,0 35,0
DK 19,9 0,0 19,9
S 18,5 0,0 18,5
NL 17,3 0,0 17,3
(a)
Article 92(3)a du Traité
(b)
Article 92(3)c du Traité

138
Annexe statistique

Tableau 13
L’impact des dépenses publiques et des impôts sur les disparités entre régions
pour le PIB par habitant dans divers Etats membres, 1993
(coefficients de Gini de la concentration du PIB par région avant et après transferts)
Avant transferts Après transferts Effet d’égalisation (%)
[1] [2] [2] / [1]
F 0,12 0,11 -8
D 0,15 0,12 -16
I 0,13 0,10 -28
P 0,15 0,13 -11
E 0,11 0,07 -38
S 0,05 0,04 -14
UK 0,07 0,04 -33
(a)
Réduction moyenne de l’inégalité -23
Réduction des inégalités dans l’ensemble des 7 pays:
pour le PIB (ECU) 0,19 0,17 -10
pour le PIB (SPA) 0,14 0,12 -15

Voir les Sources et méthodes pour une explication du coefficient des Gini et de la méthode utilisée pour déduire les estimations des
effets des tranferts budgétaires. Les transferts budgétaires sont les dépenses publiques, y compris les prestations de la protection
sociale (sauf pour la France et l’Allemagne), moins les impôts.
(a)
pondérée par la population

Tableau 14
L’effet des transferts budgétaires sur diverses régions dont le PIB
par habitant est similaire, 1993
Transferts PIB PIB net
En % du PIB régional ECU par habitant ECU par habitant ECU par habitant (a)
Lisbon & VT (P) -2 -187 10207 10020
Brandenburg (D) 17 1807 10637 12444
Wales (UK) 8 932 11734 12666
Aragon (E) -3 -379 11776 11397
North (UK) 9 1176 12433 13609
North-West (UK) 4 552 12507 13059
West Midlands (UK) 1 75 12722 12797
East Anglia (UK) -3 -358 14140 13782
Languedoc-Roussillon (F) 9 1272 14500 15772
Toscana (I) -7 -1025 15450 14425
Bretagne (F) 3 395 15621 16016
Midi-Pyrénées (F) 5 869 15842 16711

Voir notes dans le tableau 13


(a)
PIB + transferts nets (Colonne 2)

139
Annexe statistique

40 Flux engendrés par la PAC (relatifs au 41 Flux engendrés par la PAC (relatifs au
marché), 1991 marché), 1994

ECU par habitant ECU par habitant Paiements directs


200 Paiements directs 200 200 200

Transferts nets dus au Transferts nets dus au


commerce extérieur commerce extérieur
150 150 150 150

100 100 100 100

50 50 50 50

0 0 0 0

-50 -50 -50 -50

-100 -100 -100 -100

-150 -150 -150 -150


B/L DK D GR E F IRL I NL P UK B/L DK D GR E F IRL I NL P UK

Le calcul des transferts associés à la PAC ont été réalisés par des experts extérieurs (Collège de l’Europe). Il comprend plusieurs
hypothèses simplificatrices, en raison de la nature des différents marchés agricoles et du fait que pour quelques produits agricoles,
il n’existe pas de prix de référence internationaux. Voir Sources et méthodes ci-dessous.
Les transferts entre consommateurs et producteurs proviennent du soutien des prix de l’Union. Ceci donne lieu à des transferts entre
Etats membres — « le transfert net dû au commerce extérieur » — qui dépendent des modèles nationaux de consommation et de
production. Les transferts des consommateurs aux producteurs sont estimés en multipliant la production disponible pour la
consommation de chaque produit dans chaque pays par le «prix de soutien» de l’Union. Des données de l’OCDE sont utilisées pour
calculer les ESP (équivalents soutien aux producteurs) et les ESC. Ces données se réfèrent à une période antérieure aux accords
de l’Uruguay Round. Les taux de soutien pour les fruits, les légumes, le vin et l’huile d’olive ont tous dû être calculés. Les paiements
directs ne sont pas liés à la production et concernent des secteurs tels que le coton et le tabac.
Dans les cas du Portugal et de l’Espagne, les comparaisons impliquant des données pour la période précédent l’année 1993 sont
d’une pertinence limitée, en raison du fait que les secteurs agricoles étaient sujets à des dispositions transitoires, découlant de la
négociation de leur adhésion en 1986, et couvrant cette période.

Tableau 15
Versements bruts effectués aux Etats membres au titre de la politique
de soutien des marchés de la PAC (FEOGA garantie), 1990-94 (a) Population
(millions d’ECU) (milliers)
1990 1991 1992 1993 1994 1994
B 873.7 1468.5 1378.2 1298.7 1170.4 B 10115.6
DK 1113.7 1220.3 1166.8 1334.7 1278.4 DK 5205.0
D 4355.2 5234.5 4830.5 4976.2 5179.9 D 81422.0
GR 1849.7 2211.2 2231.4 2715.0 2718.9 GR 10426.3
E 2120.8 3314.3 3578.1 4175.7 4408.3 E 39149.5
F 5142.2 6394.4 6916.5 8184.8 8001.2 F 57899.7
IRL 1668.4 1731.1 1452.8 1649.9 1480.0 IRL 3570.7
I 4150.3 5353.4 5141.5 4765.4 3460.6 I 57203.5
L 5.2 2.8 1.1 7.3 12.1 L 403.8
NL 2868.7 2679.3 2389.8 2328.1 1916,0 NL 15382.8
P 214.2 315.6 423.8 478.1 708.4 P 9902.2
UK 1975.9 2391.3 2451.1 2737.9 2939.0 UK 58394.6
Communauté (b) 215.5 69.2 145.9 96.4 139.0
EUR12 26453.5 32385.9 32107.5 34748.2 33412.2 EUR12 349075.6
(a)
Ajusté pour tenir compte des reports de dépenses d’une année sur l’autre et des
conséquences financières des décisions d’apurement des comptes.
(b)
Versements directs effectués aux bénéficiaires par la Commission au titre de la Section
garantie du FEOGA.

140
Annexe statistique

Tableau 16
Réseaux de transport transeuropéens — dépense par mode de transport principal
(millions d’ECU)
Dépense totale Prêts BEI Fonds Structurels RTE
dont: dont: dont: dont:
EUR 4 EUR 4 EUR 4 EUR 4
(millions (%) (millions (%) (millions (%) (millions (%)
d’ECU) d’ECU) d’ECU) d’ECU)
TGV 24489 11 3574 22 11 100 184 4
Route 26473 67 6551 63 3309 96 78 87
Transport combiné 3751 9 38 86 23 100 102 27
Train 5968 61 1041 24 1608 100 51 31
Air 8577 15 1284 14 303 100 0 0
Ports 1272 68 234 58 104 100 3 3
(a)
TOTAL 76617 35 13485 40 5373 98 445 27
(a)
Inclut les dépenses pour les autres modes de transport

Tableau 17
Améliorations apportées par les RTE à l’accès au marché
(Augmentation du % de la population accessible lors d’un voyage aller-retour de 6 heures)

Villes principales - Centre Villes principales - Périphérie Villes moyennes - Centre Villes moyennes - Périphérie
Paris 5% Madrid 20% Liège 61% Cuenca 10%
Francfort 11% Barcelone 20% Utrecht 35% Umea 11%
Bruxelles 28% Lisbonne 16% Lille 29% Alexandropoulous 11%
Amsterdam 19% Athènes 26% Odense 61% Mede 5%

Tableau 18
Production et emploi
dans le secteur de l’énergie, 1985 et 1992
En % du PIB total En % de l’emploi total
1985 1992 1985 1992
B 4,9 4,4 1,8 1,1
DK 2,4 2,6 0,8 0,8
D 4,9 3,7 2,1 1,7
GR 4,4 4,0 2,4 2,2
E 5,6 6,2 1,9 1,3
F 5,0 5,1 1,5 1,2
IRL 5,1 3,1 2,0 1,7
I 4,7 5,5 1,3 1,2
L 2,1 1,4 0,9 0,5
NL 11,8 6,4 1,6 1,3
P 3,7 3,0 1,4 1,2
UK 10,7 5,3 2,6 1,7
EUR12 6,2 4,7 1,9 1,4
EUR4 5,3 5,3 1,9 1,4
EUR8 6,4 4,6 1,9 1,4

141
Annexe statistique

Tableau 19
Financement des projets d’énergie dans le cadre des RTE (millions d’ECU)
Coût BEI FIE FS Autres
B 294,9 88,5 - - -
DK 1538,0 280,4 - - -
D 1727,7 563,8 - - -
GR 601,0 70,7 - 178,5 83,0
E 2791,7 1126,4 - 160,2 -
IRL 913,5 370,9 - 116,0 -
I 4193,6 1312,0 - 86,8 -
P 1947,0 598,8 107,2 222,0 102,0
UK 145,4 91,8 - - -
TOTAL 14447,7 4591,8 107,2 763,5 185,0
EUR 4 6253,2 2166,8 107,2 676,8 -

Tableau 20
Dépenses pour la protection de l’environnement dans la Communauté, 1992 (a)
Total Répartition par vecteur (%) Dépenses pour Investissement
l’environnement pour l’environ-
nement(d)
milliards Déchets Air Eau (b) Bruit (c) Protection % PIB ECU par En % de
d’ECU de la habitant l’investissement
nature total
B/L 1,2 40 17 30 5 8 0,7 120 1,1
DK 1,2 33 10 53 1 3 1,1 225 3,0
D 20,5 24 23 50 2 1 1,5 255 3,0
F 12,9 34 8 54 2 2 1,3 226 1,6
I 6,8 47 4 47 1 1 0,7 119 0,8
NL 3,5 33 13 43 4 7 1,4 232 1,6
UK 12,4 35 12 46 3 4 1,5 214 4,9
GR 0,3 22 2 72 1 3 0,5 29 1,0
E 3,9 35 2 46 1 16 0,8 100 1,4
IRL 0,3 52 11 33 3 1 0,7 73 2,0
P 0,3 30 4 52 1 13 0,5 34 1,0
Total 63,3 33 13 49 2 3 1,2 183 2,2

(a)
Dépenses pour la protection de l’environnement, à l’exception de la R&D, de l’énergie nucléaire et de la gestion des ressources
en eau (barrages, eau potable), des améliorations des conditions de vie (espaces urbains, zones pédestres), du développement
de l’énergie renouvelable et d’une amélioration de l’utilisation de l’énergie, des dépenses directement liées aux particuliers (achats
d’"écoproduits"). Par contre, sont incluses les dépenses de nettoyage des rues et les coûts additionnels suscités par les technologies
«propres».
(b)
Traîtement des eaux usées, à l’exception de la protection des eaux souterraines. Néanmoins, il semble que dans certains pays
cette dernière est incluse partiellement.
(c)
La définition et la comptabilisation de ces dépenses varient fortement d’un pays à l’autre; les résultats doivent donc être interprétés
avec prudence.
(d)
Ce ratio change beaucoup d’une année sur l’autre en raison de fluctuations de l’investissement total, variables et différentes d’un
pays à l’autre.

142
Annexe statistique

Tableau 21
Estimation des besoins d’investissement pour l’environnement dans les pays
de la cohésion jusqu’en 2005 (millions d’ECU)
GR IRL P E EUR 4
Eaux urbaines usées 1000 600 1300 7700 10600
Eaux industrielles usées 200 (a) 2000 2400 4600
Déchets solides urbains 100 200 100 400 800
(b)
Déchets solides industriels 10 1 200 110 311
Autres (entretien, formation 100 100 200 310 700
et éducation)
Total 1410 901 3800 10900 17011

(a)
Incluses dans les eaux urbaines
(b)
Pour l’Espagne, uniquement les régions d’Objectif 1

Tableau 22
L’économie espagnole en 2010: scénarios alternatifs de politique de l’environnement
PFE, INT and INT+ par rapport à la projection de base
(sauf indication contraire)
PFE INT INT+
PIB 0,02 -0,1 0,6
Investissement 1,4 2,6 3,0
Emploi 0,1 0,7 2,2
Taux de chômage (a) 12,7 12,4 12,2
(Différence avec -0,1 -0,4 -0,6
la projection de base)
Déficit public en % du PIB -2,9 -2,5 -2,7

Projection de base: politique votée jusqu’en 1992


PFE (politique au fil de l’eau), projection incorporant le 5ème programme pour l’environnement
INT (intégration des objectifs d’environnement dans la politique économique), projection dans laquelle le produit des taxes vertes est
dépensé en faveur de l’environnement et retourné aux consommateurs sous la forme d’une réduction d’autres impôts
INT+ (intégration des objectifs d’environnement dans la politique économique et «double dividende»), projection dans laquelle le
produit des taxes vertes sert à diminuer les impôts frappant l’emploi (charges sociales)
(a)
Niveaux dans chaque scénario

Tableau 23
Ressources communautaires,1988-1999
1988 1993 1999
Mrds d’ECU % Mrds d’ECU % Mrds d’ECU %
(prix de 1988) (prix de 1992) (prix de 1992)
Agriculture 27,5 60,7 35,2 50,9 38,4 45,7
Action structurelle dont: 8,9 19,6 21,3 30,8 30,0 35,7
Fonds de Cohésion - - 1,5 2,2 2,6 3,1
Fonds structurels 8,9 19,6 19,8 28,6 27,4 32,6
Politiques intérieures 2,2 4,8 3,9 5,6 5,1 6,1
Actions extérieures - - 4,0 5,8 5,6 6,7
Autres 6,7 14,8 4,8 6,9 5,0 5,9

Total des engagements 45.3 100 69.2 100 84.1 100

143
Annexe statistique

Tableau 24
Importance des interventions structurelles
(y compris Fonds de cohésion et Initiatives communautaires), 1989-1993 et 1994-1999
1989-1993 (moyenne annuelle)
Total Intervention Total Intervention
communautaire communautaire
Millions d’ECU % du PIB (a)
B 485 173 0,30 0,11
DK 274 86 0,26 0,08
D 6741 1680 0,53 0,13
GR 3091 1834 4,47 2,65
E 6201 3017 1,54 0,75
F 4114 1387 0,42 0,14
IRL 2212 980 5,99 2,66
I 5485 2374 0,63 0,27
L 41 15 0,45 0,17
NL 488 163 0,21 0,07
P 3789 1892 6,15 3,07
UK 2659 1066 0,34 0,13
EUR12 35580 14666 0,71 0,29

1994-1999 (moyenne annuelle)


Total Intervention Total Intervention
communautaire communautaire
Millions d’ECU % du PIB (b)
B 1089 349 0,57 0,18
DK 426 140 0,34 0,11
D 13954 3622 0,81 0,21
GR 5793 2956 7,20 3,67
E 13747 7066 3,38 1,74
F 7107 2491 0,63 0,22
IRL 2180 1234 4,98 2,82
I 9722 3608 1,13 0,42
L 57 17 0,49 0,15
NL 1498 436 0,53 0,15
P 5300 2940 7,17 3,98
UK 4779 2164 0,56 0,25
EUR12 65651 27024 1,11 0,45
A 1572 316 0,94 0,19
FIN 1134 331 1,38 0,40
S 878 261 0,53 0,37
EUR15 69235 27932 1,12 0,51
(a)
PIB moyen, 1989–1993
(b)
PIB en 1994
Les chiffres relatifs à la période 1989–1993 procèdent des rapports d’exécution et correspondent à des interventions effectivement
financées. Certains programmes n’ayant pas été clôturés à la mi-1996 les montants signalés sous-estiment les fonds réellement
engagés pendant cette période. En outre, en ce qui concerne le FSE, les données ne reprennent pas les réalisations de 1989, qui
constituaient encore une période transitoire de gestion par projets individuels.

144
Annexe statistique

Tableau 25
Répartition des Fonds Structurels par Objectif, 1989-1993 et 1994-1999

1989-93 (Millions d’ECU)


(a)
Obj. 1 Obj. 2 Obj. 3 Obj. 5a Obj. 5a Obj. 5b Total I.C.
&4 agric. pêche
B - 214 344 134 15 33 740 124
DK - 25 171 91 94 21 402 28
D 2955 581 1054 878 36 511 6015 416
GR 7528 - - - - - 7528 712
E 10171 1506 837 229 92 265 13100 1129
F 957 1225 1442 1274 135 874 5907 566
IRL 4460 - - - - - 4460 295
I 8504 387 903 493 106 360 10753 667
L - 12 11 29 - 3 55 22
NL - 165 405 79 43 33 725 89
P 8450 - - - - - 8450 724
UK 793 2015 1502 316 58 132 4816 513
EUR 12 43818 6130 6669 3523 579 2232 62951 5285
% 69,6 9,7 10,6 5,6 0,9 3,5 100 -

1994-99 (Millions d’ECU aux prix de 1994)


(a)
Obj. 1 Obj. 2 Obj. 3 Obj. 4 Obj. 5a Obj. 5a Obj. 5b Obj. 6 Total I.C.
agric. pêche
B 730 341 396 69 170 25 77 - 1808 288
DK - 119 263 38 127 140 54 - 741 102
D 13640 1566 1681 260 1070 75 1227 - 19519 2212
GR 13980 - - - - - - - 13980 1154
E 26300 2415 1474 369 326 120 664 - 31668 2782
F 2190 3769 2562 641 1746 190 2236 - 13334 1605
IRL 5620 - - - - - - - 5620 527
I 14860 1462 1316 399 681 134 901 - 19752 1898
L - 15 21 1 39 1 6 - 83 19
NL 150 650 923 156 118 47 150 - 2194 422
P 13980 - - - - - - - 13980 1061
UK 2360 4580 3377 186 89 817 - 11409 1572
A 162 99 329 60 386 2 403 - 1432 146
FIN - 179 254 83 331 23 190 450 1503 150
S - 157 342 170 90 39 135 247 1178 127
EUR 15 93991 15352 12938 2246 5270 885 6860 697 138201 14021
% 68,0 11,1 9,4 1,6 3,8 0,6 5,0 0,5 100 -
(a)
Initiatives communautaires, y compris 200 millions d’ECU (aux prix de 1995) résultent d’une révision des perspectives financières
décidée par le Conseil pour financer l’Initiative PEACE, mais non compris environ 64 millions d’ECU pour les réseaux.
Voir note du tableau 24

145
Annexe statistique

Tableau 26
La BEI et le financement du développement régional
Financements de la BEI 1989-99 1994 1995
Prêts individuels et crédits affectés sur des Montant % de l’activité % du dév. Montant % de l’activité
prêts globaux en cours (millions d’ECU) totale régional (millions d’ECU) totale
Activité totale de la BEI dans les Etats Membres 70.008 100 16.605 17.782
Développement régional 47.128 67 100 12.035 12.143
Zones Objectif 1 25.046 36 53 5.748 5.881
Zones Objectifs 2, 5b et 6 16.916 24 36 4.875 5.449
Autres zones bénéficiaires d’une aide 1.500 2 3
communautaire
Zones bénéficiant de régimes d’aides nationales 1.306 2 3 60
Projets concernant plusieurs zones 2.360 3 5 1.352 813
Dans les zones éligibles aux Fonds structurels 41.962 10 10.623 11.330
- dont: prêts individuels bénéficiant de 10.669 25 3.246 4.434
subventions communautaires identifiées

Financements de la BEI (prêts individuels et crédits sur prêts globaux) localisés dans les zones
éligibles à l’aide des Fonds structurels: répartition par Objectif et par secteur

Transport Télécom Eau/ Energie Autres Total Agriculture, Total dont:


Environ- infra- industrie, crédits
nement structures services sur prêts
globaux
1989-93
Objectif 1
millions d’ECU 5598 5176 1498 4859 1169 18300 6745 25045 3757
% 22 21 6 19 5 73 27 100 15
Objectifs 2 +5b
millions d’ECU 5016 1423 2411 1276 542 10669 6246 16916 4171
% 30 8 14 8 3 63 37 100 25
Total Obj. 1+2+5b 10614 6599 3909 6135 1712 28969 12991 41960 7928
% total Objectifs 25 16 9 15 4 69 31 100 19
Total développement 12677 7466 4473 6339 1816 32771 14359 47130 9320
régional
% total dév. régional 27 16 9 13 4 70 30 100 20
Obj. 1+2+5b en % du 84 88 87 97 94 88 90 89 85
dév. régional
Activité totale 17809 8935 7830 12018 2123 48715 21293 70008 14490
1994 et 1995
Objectif 1
millions d’ECU 4307 1901 900 2320 549 9167 2461 11269 1044
% 37 9 8 20 5 79 21 100 9
Objectifs 2+5b+6
millions d’ECU 3949 297 1040 1614 240 7140 3184 10324 2061
% 38 3 10 16 2 69 31 100 20
Total Obj. 1+2+5b+6 8256 1388 1940 3935 789 16307 5645 21953 3104
% total Objectifs 38 6 9 18 4 74 26 100 14
Total développement 8595 2810 1995 4113 789 18302 5877 24178 4645
régional
% total dév. régional 36 12 8 17 3 76 24 100 19
Obj. 1+2+5b en % du 96 49 97 96 100 89 96 91 67
dév. régional
Activité totale 12079 3040 3668 6467 941 26195 8192 34387 7098

146
Annexe statistique

Tableau 27
Fonds de Cohésion, 1993 et 1994-1999
Engagements réels pour 1993 (millions d’ECU en prix courant)
Transport Environnement Total
millions d’ECU % millions d’ECU %
Espagne 606 71,0 252 29,0 859
Portugal 161 57,0 123 43,0 284
Grèce 105 38,0 175 62,0 280
Irlande 86 61,0 56 39,0 142
Total(a) 958 61,0 606 39,0 1565
Estimations pour 1994-1999 comme figurant dans les CCA (millions d’ECU aux prix de 1994)
Espagne 3983 50,1 3967 49,9 7950
Portugal 1380 53,0 1221 47,0 2601
Grèce 1235 47,5 1367 52,5 2602
Irlande 665 51,1 636 48,9 1301
Total(a) 7262 50,2 7192 49,8 14454
(a)
y compris l’assistance technique et les études
Les dépenses concernées au transport et à l’environnement pour la période 1994–1999 sont estimés sur la base des engagements
constatés pour 1994 et 1995.

Tableau 28
Répartition des Fonds structurels par grand domaine d’intervention
dans les régions de l’Objectif 1, 1989-1993 et 1994-1999 (%)
1989-1993 1994-1999
Infrastructures Ressources Environnement Infrastructures Ressources Environnement
humaines productif humaines productif
B - - - 18,9 34,7 45,8
D 22,5 26,5 48,5 40,5 28,0 30,5
GR 40,9 25,6 34,7 45,9 24,6 27,8
E 54,0 24,2 21,5 40,4 28,4 30,5
F 39,4 28,7 31,1 27,9 27,2 34,2
IRL 27,7 38,0 33,4 19,7 43,9 32,6
I 38,7 21,6 39,3 29,8 21,4 48,2
NL - - - 24,0 26,7 37,3
P 29,2 26,1 37,7 29,7 29,4 35,7
UK 29,5 46,0 22,5 28,4 37,9 30,2
A - - - 19,8 25,9 51,9
Moyenne 35,2 29,6 33,6 29,5 29,8 37,1
Moyenne EUR4 38,0 28,5 31,8 33,9 31,6 32,6

147
Annexe statistique

Tableau 29

Evolution du revenu et du chômage dans les régions aidées, 1983-1993


Données régionales par Objectif EUR12
(a)
1 2 5b Moyenne

PIB par habitant 1983 64.6 98.0 86.0 100


(SPA, EUR12 = 100) 1989 65.4 96.3 84.4 100

1993 68.3 93.7 86.7 100


Taux de chômage 1983 12.4 12.5 7.7 9.6
(% de la population active) 1989 14.5 11.0 6.5 8.8

1993 16.2 12.2 6.9 10.6


Note: les chiffres pour les Objectifs 2 et 5b sont des estimations, parce que la couverture géographique ne correspond de façon
précise à aucune classification régionale pour laquelle des données comparables existent.
(a)
L’objectif 1 exclut les nouveaux Länder.

Tableau 30
Répartition des Fonds structurels par grand domaine d’intervention
dans les régions de l’Objectif 2, 1989-1993 et 1994-1999 (%)
1989-1993 1994-1999
Réhabilitation Ressources Environnement Réhabilitation Ressouces Environnement
des sites et humaines productif (a) des sites et humaines productif(a)
environnement environnement
B 23,9 19,1 56,2 16,9 33,1 47,5
DK - 60,0 34,5 - 57,0 41,0
D 37,8 5,8 54,5 25,1 40,0 33,4
E 18,0 26,5 55,5 18,9 28,0 52,4
F 37,0 19,3 43,1 23,5 34,8 40,2
I 42,4 17,9 38,3 19,6 29,8 49,0
L 85,2 4,3 7,8 57,2 28,6 14,3
NL 16,9 43,6 37,1 15,4 37,8 43,8
UK 13,4 19,0 67,5 15,8 34,2 49,0
A - - - 10,3 27,9 60,3
FIN - - - - 31,7 65,1
S - - - 15,8 34,2 49,0
(b)
Moyenne 23,9 20,9 55,1 18,2 34,8 45,4
(a)
Inclut les dépenses d’infrastructures économiques
(b)
L’assistance technique, représentant une moyenne de 1,3% du financement total, n’est pas comprise

148
Annexe statistique

Tableau 31
Répartition des Fonds structurels par grand domaine d’intervention
dans les régions de l’Objectif 5b, 1989-1993 et 1994-1999 (%)
1989-1993 1994-1999
Infra- Environ- Ressources Envir. Infra- Environ- Ressources Envir.
structures nement humaines productif structures nement humaines productif
B 9,1 11,9 24,0 54,9 3,8 8,3 16,6 69,9
DK 28,2 - 30,0 41,8 - - 19,6 78,3
D 9,0 27,9 17,4 44,5 11,9 16,9 17,9 51,5
E 39,6 16,9 14,8 28,7 10,3 10,2 13,4 66,1
F 17,0 13,3 20,3 47,6 9,2 10,9 12,8 65,1
I 18,9 9,3 14,2 55,9 0,8 10,5 13,4 74,0
L 17,9 - 10,7 71,4 34,4 8,2 12,8 41,0
NL 6,7 19,8 26,8 45,4 0,7 23,8 11,4 62,8
UK 33,9 9,8 21,3 35,0 8,4 7,8 16,1 66,5
A - - - - 4,0 7,8 16,9 69,9
FIN - - - - 7,1 8,1 16,6 66,6
S - - - - - - - -
Moyenne (a) 20,0 12,1 20,0 47,2 8,4 10,3 15,3 64,7
(a)
L’assistance technique, représentant une moyenne de 1,5% du financement total, n’est pas comprise

Tableau 32
Répartition des Fonds structurels par grand domaine d’intervention
dans les régions de l’Objectif 6, 1995-1999
Infrastructures Ressources Environnement Autres Total
humaines productif
% % % % millions d’ECU
de 1994
Finlande 6,0 25,4 66,7 1,9 450,0
Suède 4,0 27,6 63,5 4,9 246,8
Total 36,7 182,2 456,9 21,1 696,8
(en millions d’ECU de 1994)
Total (%) 5,3 26,1 65,6 3,0

149
Annexe statistique

Tableau 33
Répartition des dépenses consacrées aux ressources humaines
au titre des Objectifs 3 et 4 (millions d’ECU)
1989-93 1994-96/99
Obj. 3 & 4 Obj. 3 Obj. 4
% % total dont (en % du total des dépenses dans % total dont:
les Etats membres):
CLD J.C. P.E. E.C. A.T.
B 5,2 3,6 33,6 21,5 31,3 6,8 1,5 92,3
DK 2,6 2,4 54,8 20,9 22,1 0,0 0,8 92,3
D 15,8 15,2 56,6 26,3 4,6 9,5 6,2 100,0
E 12,5 13,3 33,8 49,2 12,7 4,2 21,9 100,0
F 21,6 23,2 27,5 38,5 27,9 0,7 17,8 100,0
I 13,5 11,9 32,1 43,0 10,0 8,0 23,7 80,5
L 0,2 0,2 28,6 14,3 47,6 4,8 0,1 100,0
NL 6,1 8,3 52,0 13,0 30,0 0,0 9,3 100,0
UK 22,5 13,6 37,4 31,6 23,9 6,0 0,0 0,0
A - 3,0 34,0 7,0 32,6 18,2 3,6 96,7
FIN - 2,3 42,4 31,8 23,9 0,0 4,9 95,2
S - 3,1 27,9 50,0 18,2 0,0 10,1 91,2
Total (%) 100,0 100,0 38,1 33,7 19,7 4,7 100,0 93,9
Total 6670 11065 4220 3733 2182 523 1682 1580
(millions d’ECU)
CLD: Chômeurs de longue durée
J.C.: Jeunes chômeurs
P.E.: Personnes exclues du marché du travail (chômeurs et inactifs)
E.C.: Egalité des chances
A.T.: Adaptation des travailleurs aux mutations industrielles

150
Annexe statistique

Tableau 34
Part de la population couverte par les objectifs régionaux
et allocation financière par habitant, 1989-1993 et 1994-1999
1989-93
Objectif 1 Objectif 2 Objectif 5b
% population allocation % population allocation % population allocation
nationale (ECU/hab.) nationale (ECU/hab.) nationale (ECU/hab.)
B - - 22,1 19,0 2,7 26,0
DK - - 4,9 20,0 2,1 40,0
D - (62,0) 12,4 16,0 7,4 23,0
GR 100,0 150,0 - - - -
E 57,7 91,0 22,2 35,0 2,5 53,0
F 2,7 109,2 18,3 25,0 9,7 34,0
IRL 100,0 254,0 - - - -
I 36,4 82,0 6,6 21,0 5,0 25,0
L - - 38,0 16,0 0,8 187,0
NL - - 9,9 22,0 3,0 15,0
P 100,0 171,0 - - - -
UK 2,8 87,0 35,5 20,0 2,6 16,0
EUR12 21,7 123,3 16,8 20,6 5,0 29,6

1994-99
Objectif 1 Objectif 2 Objectif 5b Objectif 6
% population allocation % population allocation % population allocation % population allocation
nationale (ECU/hab.) nationale (ECU/hab.) nationale (ECU/hab.) nationale (ECU/hab.)
B 12,8 95,0 14,2 40,0 4,5 29,0 - -
DK - - 8,5 45,0 6,8 25,0 - -
D 20,6 145,0 8,8 37,0 9,7 26,0 - -
GR 100,0 225,0 - - - - - -
E 59,7 188,0 20,4 51,0 4,4 64,0 - -
F 4,4 143,0 25,1 43,0 16,7 38,0 - -
IRL 100,0 262,0 - - - - - -
I 36,7 117,0 11,0 39,0 8,3 31,0 - -
L - - 34,6 19,0 7,9 33,0 - -
NL 1,5 115,0 17,4 42,0 5,4 30,0 - -
P 100,0 235,0 - - - - - -
UK 5,9 115,2 30,9 52,0 4,9 58,0 - -
A 3,7 120,0 7,5 31,0 28,7 29,8
FIN - - 15,7 38,1 21,6 45,0 16,7 107,0
S - - 11,5 32,0 9,2 29,4 5,3 110,0
EUR15 26,6 169,5 16,4 41,9 8,8 35,0 0,4 108,5

151
Annexe statistique

Tableau 35
Montant des engagements pour les Initiatives communautaires, 1989-1993 (Millions d’ECU)
ENVIREG PRISMA INTERREG REGEN RECHAR RESIDER RENAVAL REGIS STRIDE
B - - 41,6 - 27,6 18,6 6,5 - 4,5
DK - - 2,4 - - - 12,4 - 2,2
D - - 59,2 - 87,6 93,2 37,3 - 4,3
GR 84,0 17,7 252,5 89,9 - - - - 59,3
E 139,2 32,2 265,3 - 25,3 52,4 18,2 78,4 155,9
F(a) 32,5 0,2 95,8 - 52,4 58,8 65,3 49,6 16,4
IRL 30,4 9,4 42,2 118,4 - - - - 13,1
I 171,2 22,6 42,6 2,0 - 23,0 20,5 - 94,9
L - - 9,1 - - 8,7 - - 2,1
NL - - 30,3 - - - 27,6 - 4,6
P 101,8 17,5 179,8 82,2 3,4 5,0 24,0 53,4 54,1
UK 17,7 5,7 54,3 - 184,2 4,7 87,3 - 30,2
Total 576,8 105,3 1075,0 292,5 380,4 264,4 299,1 181,4 441,5

(a)
Y compris 14,7 millions d’ECU pour ENVIREG/STRIDE et 5,1 millions d’ECU pour PRISMA/TELEMATIQUE
Voir note du tableau 24

Tableau 36
Montants alloués aux Initiatives communautaires, 1994-1999 (Millions d’ECU)
INTERREG & LEADER REGIS EMPLOI ADAPT RECHAR RESIDER
REGEN
Innondations
et sécheresse
non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6
Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1
B 46 51 6 4 - - 29 16 30 8 16 1 17 11
DK 22 - 10 - - - 14 - 31 - - - - -
D 159 287 113 91 - - 121 76 178 73 83 96 150 55
GR - 620 - 161 - - - 69 - 33 - 3 - 6
E 36 643 71 326 - 214 108 333 106 181 6 28 38 35
F 211 53 219 6 - 262 181 7 266 7 27 8 63 3
IRL - 162 - 82 - - - 87 - 27 - - - -
I 93 287 121 201 - - 116 277 124 91 1 1 60 31
L 4 - 1 - - - - - - - - - 13 -
NL 185 - 9 3 - - 60 1 68 1 - - 23 -
P - 348 - 128 - 124 - 45 - 21 - 2 - 9
UK 52 69 52 25 - - 164 25 303 7 178 1 49 -
Réseau - - 12 22 - - - - - - - - - -
EUR 12 808 2520 613 1048 - 600 794 934 1107 449 311 140 414 149
A 37 12 24 3 - - 26 - 12 1 2 - 5 -
FIN 18 30 16 12 - - 26 6 19 4 - - - -
S 31 15 12 4 - - 22 2 12 1 - - - -
EUR 3 86 57 52 18 - - 74 8 46 6 2 - 5 -
EUR 15 895 2577 665 1066 - 600 868 942 1150 455 313 140 419 149

La part des montants alloués aux Initiatives communautaires aux prix de 1995 a été convertie aux prix de 1994 à des fins de
comparaison
Voir note du tableau 24

152
Annexe statistique

Tableau 35 (suite)
Montants des engagements pour les Initiatives communautaires, 1989-1993 (Millions d’ECU)
TELEMATIQUE LEADER EUROFORM NOW HORIZON RETEX KONVER TOTAL
B - 6,9 7,5 4,8 5,3 - 0,9 124,0
DK - 2,2 3,0 1,5 3,6 - 0,8 28,0
D - 23,8 21,5 11,0 38,8 1,9 37,5 415,9
GR 41,3 59,1 24,1 13,8 54,0 10,8 5,0 711,5
E 75,5 120,0 65,7 34,4 41,4 17,4 7,6 1128,9
F(a) 1,7 65,0 41,0 19,0 32,0 4,0 32,4 566,0
IRL 11,0 27,2 14,3 7,1 19,5 2,0 0,2 294,7
I 64,7 80,9 55,2 31,4 28,3 12,1 17,9 667,4
L - 0,8 - 0,2 1,3 - - 22,1
NL - 1,4 9,3 4,6 7,5 - 3,6 88,9
P 35,6 52,0 33,1 16,9 33,9 30,0 1,8 724,4
UK 5,4 15,4 39,3 10,3 30,2 8,2 20,1 512,8
Total 235,2 454,6 313,8 154,8 295,5 86,4 127,8 5284,7

(a)
Y compris 14,7 millions d’ECU pour ENVIREG/STRIDE et 5,1 millions d’ECU pour PRISMA/TELEMATIQUE
Voir note du tableau 24

Tableau 36 (suite)
Montants alloués aux Initiatives communautaires, 1994-1999 (Millions d’ECU)
RETEX KONVER PME URBAN PESCA PEACE TOTAL TOTAL

non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 non Obj. 1/6 Obj. 1 non Obj. 1/6
Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1 Obj. 1
B 2 3 13 1 3 9 6 13 2 - - 172 116 288
DK - - 2 - 3 - 2 - 19 - - 102 - 102
D 15 59 130 202 34 152 31 82 10 13 - 1026 1186 2211
GR - 77 - 22 - 82 - 50 - 30 - - 1154 1154
E 42 62 11 12 25 223 51 186 12 33 - 506 2275 2781
F 37 - 85 - 49 9 71 8 33 - - 1242 363 1605
IRL - 9 - - - 28 - 20 - 8 59 - 484 484
I 39 35 51 12 30 158 28 105 18 19 - 681 1217 1897
L - - - - - - 1 - - - - 19 - 19
NL 1 - 27 - 8 2 22 - 11 2 - 414 8 422
P - 172 - 14 - 122 - 49 - 29 - - 1061 1061
UK 29 11 125 14 53 14 84 38 36 7 236 1126 447 1573
Réseau - - - - 5 20 - - 3 3 - 20 45 64
EUR 12 165 428 445 276 209 819 295 552 144 143 295 5306 8355 13661
A 3 - - - 8 1 13 - - - - 129 17 146
FIN - - - - 6 5 - 4 3 1 - 88 62 149
S - - 3 - 13 4 5 - 4 - - 102 25 127
EUR 3 3 - 3 - 27 9 18 4 7 1 - 319 103 423
EUR 15 168 428 449 276 236 829 313 556 151 145 295 5625 8459 14084

La part des montants alloués aux Initiatives communautaires aux prix de 1995 a été convertie aux prix de 1994 à des fins
de comparaison
Voir note du tableau 24

153
Annexe statistique

154
Sources et méthodes

La plupart des données analysées dans le présent sées du chômage d’Eurostat (fondées sur l’EFT). Les
rapport ont été préparées au sein de la Commission. Les données régionales reposent sur les chiffres des
principales exceptions concernent les estimations des chômeurs enregistrés dans les bureaux de l’emploi,
transferts budgétaires nets à l’intérieur des Etats mem- ces chiffres servent de base à la confection de
bres, présentées au chapitre 3, qui résultent d’une étude séries harmonisées.
spéciale réalisée pour quelques pays, et les estimations
des transferts nets opérés dans le cadre de la PAC, La source particulière de chacun des tableaux,
exposées au chapitre 4. des graphiques et des cartes est précisée ci-
dessous.
Au chapitre 2, l’analyse des disparités est fondée sur les
données des comptes nationaux et régionaux et sur des
séries de l’emploi et du chômage calculées par l’Office
statistique des Communautés européennes (Eurostat).
La classification NUTS des régions

Le PIB (produit intérieur brut) mesure la production La classification NUTS (Nomenclature des unités
globale réalisée par les producteurs résidant dans territoriales à des fins statistiques) représente un
le pays. Il correspond à la production de biens et cadre standard pour analyser l’évolution économi-
services de l’économie, à l’exclusion de la consom- que et sociale des régions de l’Union, cadre large-
mation de biens et services intermédiaires, mais ment fondé sur des clivages spatiaux institutionnels.
(lorsqu’il est motivé aux prix du marché et non au L’analyse du chapitre 2 est principalement effectuée
coût des facteurs) y compris la taxe à la valeur au niveau NUTS 2, qui distingue 206 régions dans
ajoutée sur les produits et les taxes nettes à l’impor- l’ensemble de l’Union. C’est le niveau auquel l’éligi-
tation. C’est aussi un indice du revenu engendré par bilité à l’aide des Fonds structurels disponible au
cette production. titre des Objectifs 1 et 6 est déterminée (pour les
autres Objectifs régionaux, c’est le niveau NUTS 3).
Pour des comparaisons entre les Etats membres, les Si la plupart des régions ont une superficie et une
chiffres du PIB sont exprimés en SPA, ou standards de population de taille comparable, certaines se diffé-
pouvoir d’achat, qui tiennent compte non seulement des rencient nettement (l’Ile de France et la Lombardie,
différences de taux de change mais aussi des diffé- par exemple, ont 9–10 millions d’habitants, tandis
rences dans le niveau général des prix d’un pays par que seize régions en comptent moins de 300 000,
rapport à d’autres (en effet, même après une conversion comme la Corse, le Burgenland ou les Highlands et
des chiffres du PIB en ECU, les comparaisons restent Islands). Pour plus de détails, voir Régions, nomen-
entâchées par des différences dans le niveau des prix clature des unités territoriales à des fins statistiques,
que l’ajustement par les SPA cherche précisément à NUTS, mars 1995.
corriger).

Les chiffres de l’emploi dans les Etats membres


proviennent des comptes nationaux et sont des
Etudes
moyennes annuelles; pour les régions, les chiffres
reposent sur l’Enquête sur les forces de travail de la En dehors des diverses études citées dans le texte, des
Communauté (EFT) qui est faite chaque année. experts extérieurs ont aidé comme suit à l’élaboration du
Cette enquête est aussi la source des données sec- présent rapport:
torielles.
Chapitre 3: EPRC, UK et OEIL, F
En ce qui concerne le chômage, les données pour Chapitre 4: Collège de l’Europe, Bruges, B
les Etats membres proviennent des séries harmoni- Chapitre 5: ECOTEC, UK

155
Sources et méthodes

d’hypothèses simplificatrices. Cela s’est avéré néces-


Estimations des transferts saire en raison de la spécificité des différents marchés
agricoles. En particulier, plusieurs produits agricoles
budgétaires nets entre régions n’ont pas de prix de référence international.

Les estimations des transferts entre régions mentionnées au Transferts entre Etats membres
chapitre 3 reposent sur une étude commandée spéciale-
ment pour le présent rapport et réalisée par l’European Policy Les transferts nationaux des contribuables sont estimés en
Research Centre de l’Université de Strathclyde avec le attribuant à chaque Etat membre une part du budget
concours de l’OEIL, Université Paris XII, Val de Marne, en «agricole» de l’Union égale à la part de sa propre contribu-
France. Elle porte sur sept Etats membres (les quatre plus tion au budget «général» de l’Union. Des transferts se
grands pays, l’Espagne, le Portugal et la Suède) et est assise produisent également entre consommateurs et producteurs,
sur une démarche unifiée, qui décompose les budgets en raison du soutien des prix. Ceci donne lieu à des transferts
nationaux (en dehors, si possible, des fonds de sécurité entre Etats membres — « le transfert net dû au commerce
sociale) pour 1993 en différentes rubriques de recettes et de extérieur » — qui dépendent des modèles nationaux de
dépenses ventilées ensuite entre régions à l’aide de consommation et de production. Les transferts des consom-
plusieurs indicateurs distincts et en fonction de diverses mateurs sont calculés en multipliant la production disponible
hypothèses sur l’incidence régionale des différents impôts. pour la consommation de chaque produit dans chaque pays
Les estimations des dépenses assignées à chaque région par le «prix de soutien» de l’Union. Le «soutien total» est
et des recettes fiscales émanant de chacune sont ensuite fondé sur les données utilisées par l’OCDE pour calculer les
agrégées pour fournir le montant net de transfert (différence ESP (équivalents soutien aux producteurs) et les ESC (équi-
entre le montant reçu et le montant versé à titre de contribu- valents soutien aux consommateurs). Mis en place avant les
tion au budget). accords de l’Uruguay Round, ils ne prennent pas complè-
tement en considération le lien entre les prix dans l’Union et
L’étude a adopté deux démarches d’affectation des les prix mondiaux. En conséquence, les prix de soutien de
dépenses entre régions. La plus pertinente aux fins du l’Union pourraient être surestimés. L’OCDE ne calcule pas
présent rapport, à laquelle celui-ci fait allusion, est la des taux de soutien pour les fruits, les légumes, le vin et l’huile
méthode des «flux» qui cherche à mesurer où la dépense d’olive, de sorte que ces données ont dû être estimées.
intervient ou où les transferts vont. La dépense correspon-
dant à une fonction particulière de l’Etat est affectée selon Transferts entre régions
cette méthode à la région (ou aux régions) où le ministère ou
le département ministériel et les diverse agences qui leur L’hypothèse suivante a été retenue: la consommation
sont rattachées sont situés. (L’autre méthode, celle dite des alimentaire par habitant est égale dans toutes les régions
«avantages», affecte les dépenses là où les bénéficiaires du d’un Etat membre et le taux moyen de taxation est égal dans
service concerné résident.) toutes les régions. Les deux hypothèses peuvent conduire
à une sous-estimation de la charge pesant sur les régions
Toutefois, les dépenses excluent celles concernant la plus riches par comparaison aux régions plus pauvres. Des
protection sociale en France et en Allemagne dans les hypothèses plus élaborées auraient donc pu permettre de
deux démarches et il se peut donc que, pour ces deux détecter des effets de cohésion plus importants. Dans les
pays, les estimations sous-estiment fortement les trans- cas du Portugal et de l’Espagne, les comparaisons impli-
ferts nets. quant des données pour la période précédent l’année 1993
sont d’une pertinence limitée, en raison du fait que les
Comme les transferts estimés ne sont pas conformes secteurs agricoles étaient sujets à des dispositions
aux conventions de la comptabilité nationale, ils ne sont transitoires, découlant de la négociation de leur adhésion en
pas directement comparables au PIB et ne donnent 1986, et couvrant cette période.
donc qu’une idée purement indicative de l’ampleur des
flux budgétaires entre régions.
Mesures de disparité
Estimations des transferts Le rapport utilise deux mesures statistiques de l’ampleur
nets dans le cadre de la des disparités, l’écart-type et le coefficient de Gini.
politique agricole commune Ecart-type

Le calcul des transferts liés à la PAC a été réalisé par L’écart-type mesure la dispersion des données (par exem-
des experts extérieurs. Il implique un certain nombre ple, des taux de chômage) autour de la moyenne. En termes

156
Sources et méthodes

formels, c’est la racine carrée de la variance, et se définit


comme Σ((xi - xmn)2)/n, où xi est la ième observation et xmn Cartes
est la moyenne des observations (ainsi, dans le cas des taux
de chômage, c’est essentiellement une mesure de la diffé- 1-11 Eurostat, Institut nationaux
rence moyenne entre le taux de chaque région et le taux de statistique pour les trois
moyen). Pour tenir compte des différences de taille entre nouveaux Etats membres,
régions analysées, les régions sont pondérées dans chaque calculs DG XVI
cas par la variable appropriée (par exemple, la population 12 OEIL, DG XVI
dans le cas du revenu par habitant et la population active 13-14 Collège de l’Europe, DGXVI
dans le cas du chômage).

Coefficient de Gini Tableaux

Le coefficient de Gini mesure le degré d’inégalité offert par 1-2 Eurostat et DG XVI
la distribution d’un ensemble particulier de données (comme 3 Eurostat, DG II, V et XVI
le revenu). Plus formellement, c’est une mesure du degré de 4 DG II et calculs de la DG XVI
courbure de la courbe de Lorenz, qui exprime elle-même le 5 Eurostat et DG II, calculs de la DG XVI
rapport entre le pourcentage cumulé d’individus, groupes 6-9 Eurostat, calculs de la DG XVI
ou régions et le pourcentage cumulé du total d’une variable 10-11 Eurostat, Enquête sur les forces de travail
particulière, comme le revenu, qui leur correspond, ordonné de la Communauté
selon sa grandeur (par exemple, elle montre le pourcentage 12 DG IV
du revenu total dans un pays donné reçu par un pourcen- 13 European Policy Research Centre, OEIL
tage donné de la population). Si la distribution d’une variable 14 European Policy Research Centre, OEIL
donnée était parfaitement égale, la courbe décrivant le 15 DG VI
rapport aurait la forme d’une ligne droite à 45 degrés par 16 Collège de l’Europe
rapport à chacun des axes. Le coefficient de Gini est défini 17 Services de la Commission,
par le rapport entre la surface comprise entre la courbe de Etude de l’UTS et Collège de l’Europe
Lorenz et la droite à 45 degrés, d’un côté, et toute la surface 18 Eurostat, Comptes nationaux SEC
située au-dessus de la droite à 45 degrés, de l’autre. La et Collège de l’Europe
valeur du coefficient varie donc entre 0 (situation où la courbe 19 Services de la Commission
de Lorenz se confond avec la droite à 45 degrés) et 1 (situa- et Collège de l’Europe
tion où elle se confond avec les axes et où elle exprime une 20 ERECO
inégalité parfaite). Plus le coefficient est élevé, plus la distri- 21 ERL
bution est inégale. 22 DRI
23-25 Services de la Commission
26 Banque européenne d’investissement
Graphiques 27-36 Services de la Commission

1 Services de la Commission
2 Eurostat, calculs DG XVI Liste des graphiques
3 Eurostat
4-13 Eurostat, calculs DG XVI 1 PIB par habitant dans les Etats membres,
14-15 Eurostat, Enquête sur les forces de travail de 1983,1988, et 1993 . . . . . . . . . . . . 18
la Communauté 2 Disparité du PIB par habitant et de la
16-17 OCDE productivité, 1983–93 . . . . . . . . . . . 19
18 Eurostat, Enquête sur les forces de travail de 3 Taux de chômage dans les Etats membres,
la Communauté 1983, 1988 et 1993 . . . . . . . . . . . . 20
19-20 Services de la Commission 4 PIB par habitant par Etat membre et pour
21-22 European Policy Research Centre les régions situées aux extrêmes, 1993 . 24
23-25 DG XII, Collège de l’Europe 5 Disparités en matière de chômage,
26 Services de la Commission 1970–95 . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
27 IDATE, Collège de l’Europe 6 Taux de chômage par Etat membre et pour
28 Services de la Commission les régions situées aux extrêmes, 1995 . 28
29 ERECO 7 Taux d’emploi et productivité dans les
30-35 Services de la Commission régions NUTS 1, 1993 . . . . . . . . . . . 29
36-39 Université Libre de Bruxelles 8 PIB par personne employée dans l’Union,
40-41 Services de la Commission 1983 et 1993 . . . . . . . . . . . . . . . . 34

157
Sources et méthodes

9 Indice composite de la longueur des 35 Aide structurelle et PIB dans les Etats
routes et autoroutes, 1992 . . . . . . . . . 35 membres, 1984–99 . . . . . . . . . . . . . 95
10 Indice composite de la longueur des 36 Concentration de l’aide structurelle
voies ferrées, 1992 . . . . . . . . . . . . . 35 communautaire par Etat membre,
11 Etat des réseaux ferroviaires, 1992 . . . . . 35 1986–88, 1989–93 et 1994–99 . . . . . . . 96
12 Nombre de lignes téléphoniques 3 Concentration de l’aide structurelle
principales, 1993 . . . . . . . . . . . . . . 37 communautaire et des prêts de la BEI,
13 Lignes téléphoniques principales 1989–93 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97
connectées à des commutateurs 38 Concentration de l’aide structurelle
numériques, 1993 . . . . . . . . . . . . . . 37 communautaire dans les régions
14 Niveau d’instruction de la population d’Objectifs 1, 1989–93 . . . . . . . . . . . 97
active, agée de 25 à 59 ans, 1995 . . . . . 38 39 Concentration de l’aide structurelle
15 Taux de fréquentation scolaire communautaire dans les régions
des 16–18 ans, 1995 . . . . . . . . . . . . 38 d’Objectifs 2, 1989–93 . . . . . . . . . . . 97
16 Personnes employées dans la RDT, 1993 . 39 40 Flux engendrés par la PAC
17 Dépenses brutes de recherche et (relatifs au marché), 1991 . . . . . . . . . 140
développement dans les années 90 . . . . 39 41 Flux engendrés par la PAC
18 Taux de chômage et chômage de longue (relatifs au marché), 1994 . . . . . . . . . 140
durée dans les Etats membres, 1995 . . . . 43
19 Taux d’inflation dans les Etats membres,
1983–93, 1994 et 1995–97 . . . . . . . . . 50
20 Dette publique brute totale dans les Etats
Liste des cartes
membres, 1983–93, 1994 et 1995–97 . . . 51
21 Montants annuels moyens des aides 1 PIB par habitant par région (SPA), 1993 . . 22
régionales des Etats membres, 1989–93 2 Croissance du PIB par région, 1983–1993 . 23
(en millions d’Ecus aux prix de 1993) . . . 54 3 Taux de chômage par région, 1995 . . . . 26
22 Dépense annuelle moyenne par habitant 4 Variation du chômage par région, 1983–93 27
dans les régions aidées, 1989–93 . . . . . 55 5 Variation de l’emploi par région, 1983–1993 30
23 Appui au titre du programme cadre de 6 Emploi dans l’agriculture par région, 1994 . 31
RDT, années 1987–90 (millions) . . . . . . 70 7 Emploi dans l’industrie par région, 1994 . . 32
24 Appui au titre du programme cadre de 8 Emploi dans les services par région, 1994 33
RDT, années 1991–94 (millions d’Ecus) . . 70 9 Croissance du PIB par personne employée
25 Indicateurs relatifs à la RDT, 1987–94 . . . 71 par région, 1983–1993 . . . . . . . . . . . 36
26 Dépenses totales pour les réseaux 10 Variation de la population active
transeuropéens par grand mode par région, 1983–1993 . . . . . . . . . . . 40
de transports . . . . . . . . . . . . . . . . 76 11 Taux d’activité des femmes
27 Dépense annuelle moyenne par habitant par région, 1993 . . . . . . . . . . . . . . 41
pour les services de télécommunications, 12 Transferts nets entre régions dans certains
1992 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Etats membres, 1993 . . . . . . . . . . . . 56
28 Financements des régions transeuropéens 13 Transferts nets entre régions dans le cadre
de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . 82 de la PAC (politique du marché), 1991 . . 64
29 Dépenses pour la protection de 14 Transferts nets entre régions dans le cadre
l’environnement, 1992 . . . . . . . . . . . . 84 de la PAC (politique du marché), 1994 . . 65
30 Part de la population couverte par les
Objectifs territorialisés des Fonds
structurels, 1989–93 et 1994–99 . . . . . . 90
31 Répartition des fonds structurels par
grande catégorie de dépense dans les
régions d’Objectif 1, 1989–93 et 1994–99 . 92
32 Répartition des fonds structurels par
grande catégorie de dépense dans les
régions d’Objectif 2, 1989–93 et 1994–96 . 93
33 Répartition des fonds structurels par
grande catégorie de dépense dans les
régions d’Objectif 5b, 1989–93 et 1994–99 94
34 Aide structurelle et PIB dans les Etats
membres, 1989–93 . . . . . . . . . . . . . 95

158

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