la puissance.
J'avoue que, malgr ce que je viens de dire, la thorie de
l'infini est toujours fort difficile, et que l'on tombe dans une
foule d'impossibilits, soit qu'on en admette, soit qu'on en
rejette l'existence. D'autre part, l'existence de l'infini tant
admise et dmontre, de nouvelles questions se
prsentent. Comment existe-t-il ? Est-ce comme
substance ? Ou bien n'est-il qu'un accident de quelque
autre substance existant elle-mme dans la nature ? Ou
bien encore n'existe-t-il ni l'tat de substance, ni l'tat
d'attribut ? Mais, sans se perdre dans ces recherches
pineuses, on peut affirmer que l'infini existe, ne serait-ce
que par cette seule considration que le nombre des choses
est infini. Et parmi toutes ces questions, celle qui intresse
plus particulirement le Physicien, c'est de savoir si parmi
les choses sensibles, dont l'tude constitue la science de la
Physique, il est une grandeur qui soit infinie.
LIVRE III
DFINITION DU MOUVEMENT. - DE L'INFINI.
Paraphrase de la physique d'Aristote livre 3 chap VI.
Pour approfondir cette question spciale, il faut d'abord
avoir le soin de bien distinguer les diverses acceptions du
mot Infini. Premirement, on entend par Infini ce qui, par
sa nature, ne peut tre parcouru ni mesur ; de mme que,
par sa nature, la voix est invisible, par ce seul motif qu'elle
est faite pour tre entendue et non pas vue. En un second
sens moins prcis que celui-l, on dit d'une chose qu'elle
est infinie par cela seul qu'elle n'a point, an moment o on
la considre, le terme qu'elle a ordinairement. Bien que par
sa nature elle ait un terme ncessaire, on dit qu'elle est
sans terme ou peu prs sans terme ; et cet gard on
l'appelle infinie, parce que sa fin ne nous est pas
immdiatement accessible. Enfin, une chose peut tre
considre comme infinie, soit parce qu'elle peut s'accrotre
sans terme, soit parce qu'elle peut tre suppose divise