Au sommaire
— lettre ouverte à m. erich von däniken, Ivan Verheyden . . . . . 3
— notre cahier celtie . . . . . . . . . . . . . . . . .
— — ingénieurs, philosophes ou magiciens ? les druides,
Pierre Méreaux-Tanguy . . . . . . . . . . . . 8
— barnemez, une pyramide en bretagne, Jacques Victoor . . . . 16
— l’homme américain d’atacama, Albert Van Hoorenbeeck . . . . 20
— éparpillement de sphères au costa-rica, Robert Dehon . . . . . 27
— tongatabu : irritant vestige en polynésie, Jacques Dieu . . . . . 31
A la recherche
De kadath
« Celtes: voir Gaulois »... « Gaulois: voir Celtes ». Ce jeu de cache-cache, il est loisible de le
pratiquer dans les dictionnaires, les livres d’histoire ou les encyclopédies. Il date de Jules César :
avant lui, il n’y avait, en nos régions, que « nos ancêtres les Gaulois ». Si cet état de fait peut être
propice à l’éclosion des « Astérix », nous le ressentons plutôt comme une conjuration du silence.
Aussi avions-nous annoncé depuis longtemps que KADATH désirait « ressortir les Celtes de la
trappe de l’Histoire ». Et en cela, nous rejoignions d’ailleurs le vœu de nombre de nos lecteurs,
sondage à l’appui. Nous avions, timidement, ouvert une rubrique « Belgique mystérieuse ». Mais,
d’une part la parution récente d’un ouvrage intitulé de même — et qui créa pas mal d’ambiguïtés
et d’incompréhension à notre égard —, le désir par ailleurs de ne pas nous confiner à un territoire
qui ne correspondrait pas à l’entité d’origine — ces deux éléments nous ont incité à élargir la rubri-
que, en la rebaptisant « Mystérieuse Celtie » (ce mot étant de racine grecque, comme Gaule vient
du romain). Et c’est pourquoi la croix celtique figure en couverture.
Un mot aussi au sujet de notre sondage. Que ceux qui n’y ont pas encore répondu ne tardent plus,
et si certains l’ont malencontreusement égaré, qu’ils n’hésitent pas à nous en demander. Mais nous
préparons d’ores et déjà un long éditorial qui reprendra, en y répondant, les questions majeures
que nous avons rencontrées, tant au cours des débats qui accompagnèrent nos conférences, que
dans les réponses de nos lecteurs. Cette suite à notre éditorial-programme des débuts apportera
déjà certaines rectifications de tir, proposera des conclusions provisoires, et ouvrira de nouvelles
perspectives. Disons déjà que la majorité de nos lecteurs sont désireux d’avoir l’avis de KADATH,
2 tant sur les livres récents de certaines collections « spécialisées », que sur les grandes énigmes
« classiques » de l’archéologie, qui sont compilées un peu partout. Nous mettons tout en œuvre
pour répondre à ce souhait, et le résultat apparaîtra dès le prochain numéro. Mais pour cela, il faut
de la place ! Certains voudraient un KADATH plus volumineux, quitte à y mettre le prix. Malheureu-
sement, dans le contexte économique actuel, cela tiendrait de la gageure. Pourtant, la solution,
toute simple, existe, et elle ne dépend pas de nous. Si chacun de vous s’abonne et incite un autre
à le faire, — si, ayant prêté votre KADATH à un ami, vous lui suggérez de s’abonner ... — alors
nous pourrons, sans problème, augmenter le nombre de pages sans préjudice pour quiconque.
Songez-y : la réponse dépend de chacun de vous ...
Revenons enfin au numéro que vous tenez en main. On peut y retrouver une orientation mégalithi-
que involontaire. Mais cet éclairage, nous l’avons voulu le plus diversifié possible. Des Druides aux
Polynésiens, en passant par les Amérindiens, nous avons mis plus particulièrement l’accent sur
des formes de pensée différentes. Nous espérons que c’est ainsi que le lecteur comprendra notre
démarche.
KADATH.
INGENIEURS, PHILOSOPHES
OU MAGICIENS ? LES DRUIDES
Pierre Méreaux - Tanguy
Si l’on en croit le dictionnaire, les Druides se- Enfin, en Irlande même, de nombreux textes
raient « d’anciens prêtres gaulois et bretons... nous parlent des Druides et des Bardes et rela-
qui attachaient, entre autres, de mystérieuses tent une tradition antérieure à l’arrivée des Cel-
vertus au gui, cueilli chaque année en cérémo- tes, textes réunis dans une compilation du XI e
nie avec une faucille d’or. » Image d’Epinal lar- siècle, le « Leabhar na Gabhala » ou « Livre
8 gement popularisée par nos manuels d’histoire des Conquêtes ». Ce livre, qui nous retrace le
et diffusée encore de nos jours par les albums mythe des origines irlandaises, rapporte le récit
d’Astérix, les Druides semblent faire partie d’un de cinq invasions de peuples étrangers d’essen-
folklore un peu ridicule, mais nimbé d’une cer- ce divine. Les épisodes de ces invasions se
taine apparence de mystère et de magie. Ils situent à des dates bien déterminées, qui sont
nous sont surtout connus par certains auteurs devenues celles des quatre grandes fêtes de
grecs et latins, tels que César, Strabon, Diodo- l’année irlandaise, et dont certaines, par-delà
re, Posidonius, Marcellin et Timagène, mais les l’occupation celtique et romaine et en dépit de
récits et descriptions de ceux-ci sont souvent toute christianisation, persistent jusqu’à notre
peu objectifs et empreints de la supériorité mé- époque dans toute l’Europe :
diterranéenne sur les peuples dits barbares. ― le 1er novembre - fête de Samhain (« repos de
l’été »), consacrée à la mémoire des héros et
La plupart des historiens conventionnels s’accor- des défunts et pendant laquelle certains vi-
dent à reconnaître que les Druides ont été impor- vants privilégiés avaient le droit de pénétrer
tés en Europe occidentale par les Celtes, lors de dans le royaume des morts.
leurs invasions, tout en faisant remarquer le silen- ― le 1er février - fête d’Oimelc (« lait de bre-
ce des textes au sujet de leur présence au Pays bis »), époque où le lait vient aux brebis,
de Galles (dont les druides actuels ne sont qu’une appelée encore fête d’lmbolg (« fête lustra-
reconstitution archéologique), en Espagne, en le ») destinée à se purifier des souillures de
Italie, en Aquitaine, dans la Narbonnaise, la vallée l’hiver. Lors de la christianisation, ce jour fut
du Danube et certaines régions voisines du Rhin, dédié à sainte Brigide (et non Brigitte), sain-
contrées ayant pourtant toutes été occupées par te nationale d’Irlande.
lesdits Celtes. César nous affirme, d’autre part, ― le 1er mai - fête de Beltain (« feu de Bel ou
que le druidisme était originaire de Grande- Belen »), jour des grandes solennités de prin-
Bretagne et que les Druides de Gaule et d’Irlande temps.
allaient y compléter leur instruction. De plus, tou- ― le 1er août - fête de Lugnasad (« mariage du
tes les traditions et légendes populaires, irlandai- dieu Lug »).
ses ou bretonnes, sans exception, ont toujours Dans la mythologie irlandaise, Brigide, déesse de
rattaché ceux-ci aux monuments mégalithiques, la poésie, de la métallurgie et de la médecine,
lesquels, comme on le sait, ont été construits bien était fille de Dagda, le « Dieu bon », dont les
avant l’arrivée des Celtes. symboles étaient la harpe et le chaudron d’abon-
dance que nous retrouvons tels quels chez les sagesse humaniste du druidisme et je me borne-
Druides. rai à en résumer les principaux éléments. A vrai
dire, les Druides sont les adeptes d’une philoso-
Les auteurs celtisants, d’Arbois de Jubainville, phie de la nature originelle, des pierres, des grot-
Hubert, Squire, Czarnowski, etc., admettent tous tes, des monts, des arbres et des sources, doc-
que les Celtes doivent beaucoup à leurs prédé- trine admirable en elle-même et qui ne s’encom-
cesseurs, mais reconnaissent ignorer ce qu’ils leur bre d’aucun décorum artificiel et frelaté. Ils
ont réellement emprunté. D’autres savants, com- croyaient, non à la métempsychose, mais bien à
me John Rhys et Pokorny, par contre, affirment la réincarnation, c’est-à-dire à la migration des
que le druidisme n’était pas celtique et le ratta- âmes à travers des corps successifs, même ani-
chent aux populations que les Celtes ont trouvé maux ou végétaux, pour arriver, en dernier sta-
établies à l’ouest de l’Europe, à celles qui ont de, à la purification absolue. Chaque individu doit
construit les monuments mégalithiques. Que peut- donc vivre au moins trois existences consécuti-
on conclure de tout cela ? Si les Druides eux- ves, avoir trois commencements et trois fins,
mêmes sont peut-être d’origine celtique, il semble avant d’accéder à la félicité définitive. On retrou-
actuellement peu discutable que toute leur science ve ce symbole dans un dicton populaire :
soit issue de sources bien plus lointaines et in- « Chaque Breton revient trois fois sur la terre,
contestablement liée à celle des constructeurs une fois brun, une fois blond et une fois roux. »
mégalithiques, dont ils sont les successeurs. En
un mot, le nom de « Druide» est celtique, mais le L’homme est composé de trois éléments :
druidisme, en tant que philosophie, est certaine- — le Korf ou corps physique
ment beaucoup plus ancien. — le Ene ou corps animique (âme)
— le Spered ou corps spirituel (esprit)
En irlandais, druide se dit « drui, druad ». Les La mort entraîne la dissociation de ces trois élé-
Anciens ont rapproché ce nom de celui du chê- ments ; le premier retourne à la matière terrestre,
ne (« drus », en indo-européen). Pour eux, les le second se dissout dans le cosmos et le troisiè-
Druides étaient des Dryades, des prêtres du me se réincarne. Après un séjour plus ou moins
chêne (en grec, « druas » = nymphe des bois). long dans l’Abred, qui est le cycle nécessaire aux
D’après des recherches plus récentes, le nom différentes réincarnations successives, l’esprit
serait issu de deux racines indo-européennes :
« dru » (fort) et « uid » (savoir) avec le sens de
purifié, ayant racheté ses erreurs et ses fautes, 9
pénètre enfin définitivement dans le Gwened,
« très sage ou « très savant », qu’on peut rap- monde blanc de félicité et de repos.
procher du celtique « tro-hid », penseur ou ma-
ge. Dans l’actuel Pays de Galles, le nom récent
Les Druides enseignaient aussi que le monde
des Druides, « derwydd », a été formé à partir
aurait une fin et que celle-ci se produirait dans une
de celui du chêne « derw », et n’a donc aucune
immense catastrophe, au cours de laquelle l’hom-
valeur d’ancienneté étymologique.
me cesserait d’être maître de l’eau et du feu, qui
se retourneraient contre lui. Certains indices per-
Philosophie et métaphysique. mettent de supposer qu’ils croyaient à la pluralité
Avant toute chose, une mise au point immédiate des mondes et qu’ils savaient que la terre était
et formelle : le druidisme ne fut jamais une reli- sphérique. Polyhistor disait d’eux qu’ils étaient
gion, mais une philosophie, et les Druides n’ont « les plus éclairés des hommes ». Toutes les doc-
jamais été des prêtres, mais bien des maîtres à trines et les disciplines druidiques étaient conte-
penser. Les religions celtiques étaient polythéis- nues dans « Les Triades », que les néophytes
tes, avec un panthéon d’une bonne douzaine de devaient apprendre à réciter scrupuleusement par
dieux divers, et leurs prêtres, diseurs de prières cœur, sans en changer un seul mot, à l’endroit
tout au plus, portaient le nom de gutuatres. Par comme à l’envers.
contre, le druidisme est monothéiste et, en
grands initiés d’une doctrine ésotérique, les Les Triades.
Druides enseignaient à leurs disciples l’existen- La philosophie druidique nous serait sans doute
ce d’un seul dieu inconnaissable, laissant le demeurée totalement inconnue sans « Les Tria-
peuple à l’adoration de ses dieux multiples, les- des », vestiges de l’enseignement oral que les
quels n’étaient peut-être après tout que les as- Druides dispensaient à leurs disciples, les
pects différents d’un dieu unique. L’Eglise chré- « marcassins ». Ces Triades, recopiées tout au
tienne n’a pas fait autre chose, en tolérant, à début du moyen âge d’après des textes gallois et
côté d’un seul dieu trinitaire, le culte de toute irlandais, eux-mêmes vraisemblablement issus
une galerie de saints représentant, en fait, un d’une tradition verbale ininterrompue, comprennent
véritable polythéisme inavoué. environ vingt mille vers monorimes, groupés par
trois dans neuf fois neuf, soit 81 chapitres. Trois
Il faudrait un volume entier pour détailler la principes sont évoqués dans chacun de ces chapi-
tres et chaque Triade commence par le mot Les Bardes, poètes-compositeurs et conteurs du
« trois ». Elles sont actuellement scindées en deux druidisme, s’accompagnaient à la petite harpe et
groupes : les Triades philosophiques et les Triades sont les auteurs des poèmes figurant dans les
historiques. Il est plus que probable qu’il existait un anciens manuscrits gallois et irlandais. Les noms
troisième groupe de Triades scientifiques, desti- de certains d’entre eux nous sont parvenus : Tal-
nées à l’enseignement des sciences appliquées, liesin, Aneurin, Llywarch Hen et surtout Marzin
dont toute trace a été détruite, sans doute à des- (Myrddin, en gallois) mieux connu en français
sein. Mais nous pouvons en retrouver certains élé- sous le nom de l’enchanteur Merlin. Ces Bardes
ments de géométrie, d’astronomie, d’agriculture, de rédigèrent également des textes d’enseignement
métallurgie et peut-être même d’électromagnétisme historique, philosophique et ésotérique et partici-
dans certaines survivances ainsi que dans la dispo- pèrent à la rédaction de toute cette littérature ro-
sition, l’implantation et les dessins gravés des mo- manesque, poétique et épique, qui retrace l’épo-
numents mégalithiques britanniques et bretons. pée celtique, où le fantastique est toujours présent
derrière la porte et qui suggère le mystère avec
Voici la traduction de la première Triade philoso- une rare présence d’évocation. Ils se distinguaient
phique, suivie de deux autres, qui pourraient servir des Ovates par le port de la robe bleue et leur
d’exemples à beaucoup d’entre nous : arbre était le bouleau.
● Trois unités sont primordiales
Et il ne saurait y avoir qu’une de chacune : Enfin, venaient les Druides proprement dits, en
Un Dieu, une Vérité, un Point de Liberté. robe blanche, sages des sages, philosophes et
● Trois choses qui vont en croissant : devins, juges et arbitres, conservateurs des tradi-
● La Lumière, l’Intelligence, la Vie tions et corps professoral de la jeunesse. Il fallait,
● Elles prendront le pas sur toute chose. semble-t-il, vingt et une années d’études pour
● Trois caractères primordiaux de l’état d’hom- parvenir à ce grade élevé. Ils détenaient des
me : connaissances ésotériques approfondies et
Amasser la science, l’amour et la force, avant étaient les gardiens d’une immense érudition s’é-
de mourir tendant de la littérature à l’histoire et de la philoso-
Car ces trois choses sont les trois Victoires. phie à la science. Certains les ont dit héritiers du
savoir secret des Atlantes. Peut-être... Ils étaient
aussi voyants, dit-on dans les traditions populai-
Comme on le voit, le nombre trois jouissait d’un
10 symbolisme particulier aux yeux des auteurs, sym-
res, et puisaient leur pouvoir divinatoire dans l’in-
gestion de glands. Cicéron, dans son « De divina-
bolisme que l’on retrouve d’ailleurs dans tout l’en-
tione », évoque à ce sujet la figure du célèbre Divi-
seignement druidique, basé sur la « Loi du Ternai-
tiacos. Mais les talents auguraux des Druides de-
re sacré » :
vaient certainement beaucoup plus à leur parfaite
Tri-rann er bed man e vez (en breton moderne), connaissance de la nature, des sciences et de la
ou La tri-partition en ce monde-ci est (traduction psychologie humaine qu’à une quelconque drogue
littérale), c’est-à-dire : le ternaire est la règle en ce hallucinogène.
monde-ci.
En dehors de son sens littéral, chaque Triade pos-
Les textes irlandais nous décrivent Mog Ruith (1),
sède une signification ésotérique, connue des
« le premier des Druides en Irlande », établissant
seuls initiés : deux éléments en franche opposition
ses oracles à l’aide d’une roue divinatoire compor-
(par exemple statique et dynamique), harmonisés
tant douze rayons. Ce curieux instrument se ren-
par un troisième élément modérateur, et assurant
contre encore actuellement en Bretagne, où on en
ainsi un parfait équilibre.
trouve cinq exemplaires suspendus verticalement
dans les églises et chapelles de Laniscat, Saint-
Ordres d’initiation. Nicolas-du-Pelem, Kerien, Berhet (Côtes-du-
Le grand public emploie généralement le terme Nord), ainsi qu’à Meilars (Finistère-Sud). Chacune
« druide » de façon impropre car, dans le druidis- de ces cinq roues comporte douze rayons, garnis
me, la classe des Sages était, en réalité, compo- de douze ou vingt-quatre clochettes. Une cordelet-
sée de trois ordres d’initiés distincts : les Ovates, te attachée à la manivelle centrale de la roue per-
les Bardes et les Druides proprement dits. Ces met de faire tourner celle-ci. On les appelle « roue
trois grades se différenciaient par les disciplines à carillon » ou « roue de fortune ». Certains sup-
dont ils relevaient, tout en possédant une philoso- posent qu’il s’agit d’un objet sacré, rattaché à un
phie commune. Les Ovates étaient des praticiens, antique culte solaire.
des initiés opératifs en quelque sorte, se consa-
crant aux sciences naturelles et appliquées, com-
me l’agriculture, la géométrie, l’astronomie, la phy-
sique, la médecine, etc. Nous en reparlerons plus (1) De l’indo-européen « reth », idée de rouler ;
loin. Ils portaient la robe verte et leur arbre symbo- dans les textes latins, il est appelé « Magus
lique était l’if. Rotarum »
C’est fort possible, mais cela fait furieusement démontre, si cela était encore nécessaire, que le
penser aux douze signes du Zodiaque et à un système pythagoricien de « la mystique des Nom-
disque presque identique employé encore de nos bres » est presque exclusivement issu du savoir
jours par maint astrologue. druidique, lui-même basé sur les conceptions as-
tronomiques et géométriques précises enfermées
Le druide Mog Ruith aurait eu le pouvoir de trans- dans les cromlechs et alignements de menhirs
former ses ennemis en rochers, par son « souffle bretons et anglais. Rappelons que certains de
druidique ». On peut rapprocher cela de la légen- ceux-ci sont beaucoup plus anciens que les pyra-
de du pape Saint-Cornély, à Carnac, qui pétrifia mides. Ajoutons enfin que, tout comme les Drui-
les soldats romains lancés à sa poursuite et les des, les adeptes de Pythagore croyaient à la
métamorphosa en blocs de pierre. Ce serait là, transmigration de l’âme d’un corps à l’autre.
selon le même récit, l’origine des alignements de
menhirs de Carnac. Nous reviendrons un jour ou
l’autre à cette légende, qui comporte certains dé- Voici, brièvement résumés, quelques éléments de
tails très curieux et qui est, de toute façon, large- la symbolique pythagoricienne :
ment antérieure audit Saint-Cornély, qui ne fut ― le nombre cinq est le nombre nuptial, signe
d’ailleurs ni pape, ni saint. d’union, d’harmonie et d’équilibre car il est,
d’une part, la somme du premier nombre pair
et du premier nombre impair (2 + 3) et, d’autre
part, le « milieu » des neuf premiers nombres.
Il est encore le symbole de l’homme qui s’ins-
crit, bras et jambes écartés, dans un pentago-
ne. Il représente aussi les cinq sens. Le penta-
gone était le signe de reconnaissance des
initiés pythagoriciens.
― le Nombre d’Or, ayant pour valeur 1,618 et aux
propriétés mathématiques très curieuses ba-
sées sur la racine carrée de cinq, était le nom-
bre de la divine proportion. Il se retrouve dans
le pentagone et le triangle rectangle de côtés
0,5, 1 et 1,118. 11
― le carré, avec ses quatre côtés et ses quatre
angles droits, considéré par Platon comme
étant « absolument beau en soi », représente
la perfection divine. Ses quatre angles symbo-
lisent les quatre éléments : la terre, le ciel,
l’eau et le feu.
― le triangle rectangle, de côtés 3-4-5, dit
« pontaux-ânes » et bien connu de nos éco-
liers, est la synthèse du symbolisme pythagori-
cien des nombres 4 et 5, auxquels il faut ajou-
ter le nombre 3, celui du « Ternaire sacré »
des Druides.
― l’ascia, nom latin de l’herminette ou aissette,
est un outil de charpentier, de tonnelier ou de
couvreur, ayant la forme d’un marteau-hache,
avec une tète d’un côté et un large tranchant
de l’autre, légèrement recourbé vers le man-
La science druidique. che. Les pythagoriciens la portaient à la ceintu-
Clément d’Alexandrie (150-214), prêtre et docteur re en signe de leur croyance et de leur enga-
chrétien, auteur de nombreux ouvrages de théolo- gement ; ils y voyaient l’instrument symbolique
gie, de philosophie et d’apologétique, nous dit, de la purification salutaire. Sur les vieux tom-
dans ses « Stromates », que Pythagore a emprun- beaux chrétiens du début de notre ère, il en
té sa doctrine aux Druides. Selon d’autres auteurs existe environ mille gravures connues, dont
grecs et romains, celui-ci aurait séjourné deux fois plus de sept cents en Europe occidentale, par-
en Gaule, pour y suivre un enseignement ésotéri- mi lesquelles la moitié dans l’ancienne Celti-
que. Dans l’état actuel de nos recherches à ce que. Bel exemple de survivance traditionnelle
sujet, le parallèle entre la métaphysique mathéma- ininterrompue. Signalons qu’en écriture hiéro-
tique de Pythagore et les monuments mégalithi- glyphique égyptienne, le ciseau de charpentier
ques devient déjà relativement aisé à établir et servait à traduire l’idée de la perfection.
STONEHENGE (Wiltshire, Grande-Bretagne).
― son emplacement est situé exactement à l’en-
droit où la lune et le soleil font un angle droit,
au maximum de leur déclinaison, lors de leurs
lever et coucher. Le seul autre lieu au monde
où ce phénomène peut être observé se trouve
quelque part au voisinage de la Nouvelle-
Zélande, dans l’océan Pacifique, c’est-à-dire
exactement aux antipodes de Stonehenge.
― le demi-carré parfait, l’angle droit, le triangle
rectangle 3-4-5, le Nombre d’Or, le pentagone
et le triangle isocèle ayant un angle au sommet
de 45° se retrouvent aisément dans le tracé de
ce site. Et je ne suis pas loin de penser que le
nombre lui-même des cinq grands trilithes a
également un rapport étroit avec le reste. (2)
― une ascia est gravée sur un montant de l’un
des trilithes.
16
Petit guide pour touriste fouisseur. frapper à la porte de la caravane blanche garée à
Si vous traversez le Finistère en direction de côté du monument : c’est le logement de la dame
Brest, ne manquez pas de prospecter le terrain en qui surveille le site. Elle se fera un plaisir de vous
largeur. Aux environs de Morlaix, empruntez la guider quand même, car à Barnenez les touristes
nationale 786, puis la départementale 46 et enfin sont rares et bienvenus.
la départementale 76. Vous vous trouverez alors à
10 km au nord de Morlaix et à 8 km à l’ouest de Un sauvetage « in extremis ».
Lanmeur, soit au bourg de Plouézoc’h. Au nord- Pour les rats de bibliothèques, je signale qu’un
est de celui-ci, coincée entre deux estuaires, la certain Monsieur de Kersauson mentionnait
presqu’île de Kernelehen s’avance dans la baie de déjà, dans le « Bulletin de l’Association Breton-
Morlaix. A l’extrémité de ladite presqu’île, en face ne », année 1851, p. 67, l’existence à Barnenez
de l’île Noire, se situe le hameau de Barnenez ar de deux tumuli, un grand et un petit. Peine per-
Sent, ce qui signifie « le sommet de l’île des due : en 1954, un entrepreneur du Finistère,
saints ». Attention, vous y êtes : quelque part sur peu soucieux sans doute du patrimoine culturel
votre gauche, un chemin creux s’ouvre sur la rou- breton, eut besoin de cailloux pour tracer une
te. Dans le chemin creux, une plaque discrète, route. Gaiement, il lança ses bulldozers sur le
quasi invisible de la route, renseigne le tumulus de plus petit des deux tumuli (recouverts de végé-
Barnenez. Sachez que les habitants du coin ne tation à l’époque) et le rasa complètement. Tout
vous l’indiqueront que du bout des lèvres : l’acqui- heureux de l’aubaine, il agressa également le
sition du cairn par l’Etat français a transformé les plus grand (en l’occurrence, « notre » cairn), et
terrains environnants en vulgaires champs d’arti- l’abîma avec désinvolture. Mais un connaisseur
chauts ! Il est désormais interdit d’y bâtir sa villa de passage, effaré, alerta de toute urgence le
en bordure de mer, au grand dam des propriétai- préfet de Morlaix. Celui-ci ferma le chantier et fit
res du lieu… condamner l’entrepreneur à une forte amende
et aux frais de restauration. Avec 103 ans de
Au bout du chemin creux, le cairn s’offre à la vue, retard sur M. de Kersauson, l’Etat français prit
magnifiquement restauré, entouré de grillages. conscience de l’existence à Barnenez d’un mo-
Visite chaque jour, excepté le mardi. Si toutefois nument préhistorique des plus insolites, et se
vous passez justement un mardi, n’hésitez pas à hâta, enfin, de le sauver.
Tumulus, cairn ou pyramide ? mesure 33 mètres de longueur. Elle doit sa tein-
Sans conteste, avant 1954, les deux monuments te sombre au fait que les constructeurs utilisè-
de Barnenez étaient bien des tumuli : recouverts rent presque exclusivement de la dolérite verdâ-
de terre, d’herbe et même de petits chênes, rien tre. La partie mégalithique, cependant, est en
ne les distinguait d’innombrables formations simi- granit. Cette portion, dénommée « cairn primai-
laires que l’on trouve un peu partout dans le re », forme la moitié est de la pyramide. Les
monde. Un exemple classique est le tumulus de terrasses de parement, au nombre de trois, sont
Silbury Bill dans la région de Stonehenge. relativement hautes et larges. La portion la plus
Après les travaux de restauration, le mot récente est claire, et mesure 39 mètres de lon-
« cairn » convint lui aussi, puisqu’aussi bien l’on gueur. Ici le granit clair domine largement : c’est
nomme ainsi un monument constitué exclusive- le « cairn secondaire », formant la partie ouest
ment de pierres sèches, comme c’est le cas à de l’ensemble. Les six terrasses de parement
Barnenez. Cependant, je pense que le terme sont plus étroites et plus basses. Il est à noter
« pyramide » est, en l’occurrence, le mieux que le cairn primaire occupe la crête de la colli-
approprié. En effet, on se trouve, à Barnenez, ne, tandis que le cairn secondaire se trouve
en présence d’un ensemble mégalithique (car il déjà sur la dénivellation. A cet endroit, le terrain
contient de nombreuses et lourdes dalles) ren- a donc été nivelé. La dénivelée totale d’un bout
fermant onze couloirs terminés par des cham- à l’autre de la pyramide est d’environ 4 m 30.
bres dolméniques, ensemble dont les pare-
ments extérieurs sont en terrasses à degrés. Au
premier coup d’oeil, on établit irrésistiblement la ... et un nouvel exemple d’exploit sportif ?
comparaison — en moins beau certes, et en Le gisement le plus proche où l’on trouve le granit
moins grandiose — avec la pyramide de Saqqa- clair utilisé à Barnenez se trouve à environ deux
rah en Egypte, ou de Monte-Alban au Mexique, kilomètres, dans l’île Stérec, ce qui implique enco-
pour ne citer que ces deux exemples. Et cela re une fois une sérieuse difficulté de transport,
change tout, car le monument acquiert aussitôt puisque non seulement les petites pierres, mais
ses lettres de noblesse et prend place parmi les aussi les dalles du squelette mégalithique du mo-
grandes réalisations des civilisations primhisto- nument ont dû être amenées de l’île. Bien sûr, on
riques. Il me suffira d’ajouter que les couvertu- peut se demander si, à l’époque de la construc-
res des chambres internes sont des voûtes en tion, l’île Stérec n’était pas reliée au continent. 17
encorbellement pour éloigner définitivement de Dans l’affirmative, le transport des pierres demeu-
votre esprit l’image du « tas de pierres » re un exploit. Dans la négative, on imagine aisé-
qu’évoque le mot « cairn ». ment l’ampleur de la tâche... Le matériau foncé,
lui, se trouve sur place : c’est la dolérite métamor-
phique de Barnenez. Il n’empêche que le rassem-
Une architecture complexe... blement de toute cette pierraille n’a pas pu se faire
La petite pyramide, qui fut rasée en 1954 par no- sans mal si l’on prend en considération l’énorme
tre entrepreneur trop entreprenant, mesurait 35 m cubage mis en œuvre : les deux pyramides repré-
de long, 20 m de large et 3 m de haut. Elle conte- sentent environ 47.000 mètres cubes (granit et
nait un dolmen à couloir dont la table de couvertu- dolérite considérés ensemble).
re se situait à environ 2 mètres de hauteur. La
grande pyramide de Barnenez, située une centai-
ne de mètres plus au sud, mesurait, avant la res- Les couloirs et les chambres.
tauration (c’est-à-dire à l’état de tumulus plus ou Les bulldozers avaient atteint à revers quatre
moins éboulé), 90 m de long et 40 m de large. chambres dolméniques, en détruisant une partie
Après reconstitution, les dimensions réelles purent du monument. Il en fut découvert onze en tout,
être fixées à : 72 m pour la longueur, de 18 à 27 m recensées ABCDEFGG’HIJ. Les quatre endom-
(côté est plus étroit) pour la largeur. La hauteur magées furent laissées telles quelles (sauf conso-
maximale, évaluée d’après certaines parties lidation), pour servir de témoins de la structure
mieux conservées, semble être d’environ 6 mè- interne de la pyramide, à l’intention des visiteurs
tres, mais les archéologues s’accordent à dire peu enclins à s’introduire dans le monument. Cha-
qu’à l’origine, la construction était sans doute sen- que chambre est reliée à l’extérieur par un couloir.
siblement plus haute. Comme je l’ai dit plus haut, la structure externe
est à plusieurs murets de pierres sèches, concen-
triques et étagés.
La pyramide fut construite en deux fois, et la
différence de couleur des deux parties saute
aux yeux, pour peu qu’on recule de quelques Les couloirs intérieurs menant aux chambres dol-
pas. La portion la plus ancienne est foncée, et méniques ont une longueur variable : de sept à
douze mètres. Certaines entrées (H, F) compor- pyramide demeure un point d’interrogation. Aussi
tent de petites stèles devant le seuil. Le toit des longtemps qu’une pyramide similaire n’aura pas
couloirs est constitué de dalles de granit qui ne été découverte en Europe, dans un meilleur état
sont pas toujours jointives : des pierres plus peti- de conservation, personne ne pourra sans doute
tes les complètent parfois. Ces tables s’appuient émettre à ce sujet un avis formel.
sur des murailles latérales en pierre sèche, sou-
vent consolidées de dalles latérales qui, pourtant, Pétroglyphes et mobilier.
ne sont pas de véritables supports. Certains cou- On trouve à Barnenez des traces de graphisme
loirs (G, G’) se rétrécissent et s’abaissent à mi- similaires à ce qui figure généralement sur les
distance. D’autres furent obstrués et scellés par constructions mégalithiques européennes : figure
bourrage de pierres accumulées. Les chambres en écusson, dite « en marmite» (comme à la
18 proprement dites sont toutes sur ou au-delà de Table des Marchands de Locmariaquer), figures
l’axe longitudinal est-ouest de la pyramide. en U, dites « jugiformes », arc, triangles isocèles,
lignes ondulées. Deux détails, cependant, sont à
En général subcirculaires, les chambres présen- noter : la porte de la chambre A est perforée d’un
tent cependant de notables irrégularités : G et G’ trou de 12 cm de diamètre et, d’autre part, le petit
sont basses, F est haute et élancée, C forme une support septal occidental délimitant chambre et
belle coupole de section ogivale culminant à qua- antichambre dans le dolmen H porte, entre au-
tre mètres du sol. B, A et H contiennent des piliers tres choses, un signe cruciforme signifiant une
fonctionnels formés de mégalithes verticaux. H est herminette emmanchée, ou ascia. « Signature »
double : antichambre couverte par une voûte en que l’on retrouve à Stonehenge et sur les mégali-
encorbellement de pierres sèches, arrière- thes hollandais : nous sommes ici en présence
chambre dont le toit est une énorme table de gra- d’un trait d’union possible entre Stonehenge, la
nit (le plan rappelle le dolmen du Mané-Rutual à Hollande, Barnenez et Pythagore !
Locmariaquer). Souvent, les chambres étaient
pavées de petites pierres. En guise de mobilier, l’on a retrouvé quelques
rares objets à Barnenez. Des charbons de bois,
Il faut rendre hommage au Professeur Giot et à de la poterie néolithique ancienne — à fond
son équipe pour le magnifique travail de sauveta- rond — en très petite quantité ; de la poterie
ge qu’ils ont accompli pendant treize années. Le néolithique récente — à fond plat —; des silex,
résultat est surprenant. Certaines voûtes encor- lames et pointes de flèches, de la poterie chal-
belfées, effondrées, furent reconstruites avec colithique (âge du cuivre) — campaniforme —;
scrupule dans le style original (E, H, I, J) certaines un petit poignard en cuivre arsénié, chalcolithi-
tables, fendues, furent remplacées après avoir que lui aussi; enfin des tessons d’une poterie
pratiqué à partir du sommet du monument une très grossière datant de l’âge du bronze moyen,
véritable « laparotomie » (dixit le Pr. Giot), c’est-à- et des haches polies en dolérite. A propos du
dire, en termes de chirurgie, une ouverture mini- poignard en cuivre arsénié, vous aurez lu dans
me, mais ici avec un bistouri géant. Après quoi, ce même numéro que, sous des dehors ba-
pour consolider la plaie, on coulait du béton de naux, cet objet pose en réalité une énigme sup-
manière à ce que ce fût invisible une fois l’ensem- plémentaire : le cuivre arsénié est une décou-
ble refermé. Toutefois, la hauteur primitive de la verte métallurgique extrêmement importante.
On ne trouve point de squelette dans la pyramide, préceltiques en général. Ici aussi, le Beaker People
sauf de rares débris d’os humains préservés par est passé. Ici comme ailleurs, pour des raisons
de la pierraille heureusement disposée. Si le site exposées à propos de Stonehenge, le Beaker Peo-
eut réellement une utilisation funéraire, il semble ple n’a pas construit la pyramide, l’ayant sans dou-
que les eaux pluviales aient tout dissout. Il faut te trouvée telle quelle, témoin d’un âge révolu.
cependant ajouter que si la pyramide avait conte-
nu de nombreux squelettes, ceux-ci auraient dû se Faut-il dès lors, au risque de subir l’opprobre des
préserver les uns les autres par effet tampon. Les bien-pensants, se pencher résolument, pour dé-
objets trouvés à Barnenez permettent d’affirmer couvrir une piste ténue, sur la tradition celtique
que la pyramide se place à la fin du néolithique irlandaise originelle ? Faut-il accorder crédit à
ancien et qu’elle fut fréquentée, depuis, à presque ces récits et attribuer les mégalithes en général,
toutes les périodes jusqu’au moyen âge, époque à et Barnenez en particulier, à la nation mythique
laquelle il semble que des pratiques magiques des Tuatha de Danann en qui certains voient,
furent perpétrées dans le dolmen E. Nous verrons non sans quelques raisons, de possibles Mayas,
dans un instant que les datations effectuées à d’éventuels Hyperboréens, des cousins archaï-
l’aide du carbone-14 corroborent cette opinion. ques mais prestigieux des actuels Déné Peau-
de-Lièvre, Déné Flancs-de-Chien, Déné Tchippe-
La pyramide, qui tait manifestement partie du wayans et Déné Castors du Canada ? Nous en
grand ensemble mégalithique préceltique d’Euro- reparlerons bientôt dans KADATH... Deux métho-
pe occidentale, témoigne en tout cas de perfor- des de travail sont à même de reconstituer un
mances techniques importantes et d’une organisa- jour ce puzzle : une étude comparée des langa-
tion de chantier qui fait irrésistiblement songer à ges, dialectes et noms de lieux de tous les peu-
une société puissante, réglementée et sociale- ples de la terre, à la recherche de parentés évi-
ment efficace. Une fois encore, on est loin de dentes, et l’étude critique, attentive et sans com-
l’image de marque de notre ancêtre-l’homme-des- plexes de toutes les mythologies et traditions.
cavernes-ou-de-je-ne-sais-quoi, hirsute, sale et Cela paraît utopique ? Non, pas à l’ère des cer-
inintelligent... Un peuple qui construit de tels mo- veaux électroniques...
numents, capables de braver les millénaires, méri-
te décidément une meilleure réputation. JACQUES VICTOOR.
19
Datation et identité des constructeurs. SOURCES.
La datation des charbons de bois au radiocarbone On peut se référer utilement à chaque volume, de
attribue au cairn primaire une ancienneté d’environ 1955 à 1969, du Bulletin de la Société Archéologique
du Finistère, dont les éléments sont repris dans
5.750 ans (soit à peu près 3.800 avant notre ère) ;
« Barnenez », par P.-R. Giot, Direction des Antiquités
le cairn secondaire remonterait, lui, à 3.550 avant Préhistoriques de Bretagne, Rennes 1970. Autres
J.-C. Alors ? Qui ? Le problème de l’identification références dans le Bulletin de la Société Préhistorique
des constructeurs est le même que pour Stonehen- Française (1956-57 et 1969), Gallia-Préhistoire et les
ge, le même d’ailleurs que pour les mégalithes Annales de Bretagne.
Détail de la face éventrée (celle qui est figurée en grisé sur la coupe ci-contre), montrant les chambres
dolméniques D, C, B et A. Noter particulièrement l’ogive de la chambre C et le dolmen de la chambre B.
ARCHEOLOGIE PARALLELE
La « Piedra », pierre unique au monde : elle gisait, en pièces détachées, abandonnée voici 30.000 ans
dans l’atelier paléolithique. Le Père le Paige n’eut qu’à se baisser et ramasser les morceaux épars, afin de
pouvoir ensuite la décomposer à nouveau pour la photo. Aucun musée au monde ne peut se vanter de
posséder pareil document.
que ce type de « glyphes » se rencontre dans le Les couleurs, rouge, orange et jaune ont permis
monde. Il est impossible d’imaginer seulement que de représenter la capture de l’okenito (lama primi-
ces pièces seraient relativement récentes puis- tif), la vigogne, l’alpaca, le lama. La capture du
qu’elles ont été découvertes sous une épaisse lama signifie qu’un tournant est pris. Le chasseur
couche de bifaces et de déchets de la taille de ces ne tue plus nécessairement pour manger aussitôt,
pierres. il capture l’animal vivant dans le but évident de le
garder, de le domestiquer.
La vie reprit, ou plutôt continua et l’homme tailla
des têtes de lances (ou de javelots), des pointes Dans cette même région, au paléolithique supé-
de flèches, plus élaborées, et en arriva enfin à rieur, l’homme a récolté des végétaux, fruits et
travailler la « tétragonale » classique, fer à quatre racines, et a su concevoir que certains pouvaient
pointes, trois pointes plus un pédoncule. Tout de être conservés, après les avoir laissé sécher. Il
suite après cette période, encore qu’en nombre s’est trouvé aussi dans l’obligation d’écraser cer-
très réduit, apparaît le propulseur ; il n’existe, en taines matières, de les piler et par conséquent
effet, que deux pétroglyphes représentant ce qu’il d’inventer le mortier. Ce dernier « outil » ou usten-
est permis d’appeler une courroie permettant de sile ménager si l’on préfère, fut totalement inconnu
propulser un objet, en l’occurrence, une arme. au paléolithique inférieur. Il est absolument inutile
Leur classement, leur datation constituent une de le rechercher. Ce n’est qu’au « supérieur » que
grande difficulté eu égard aux deux seuls exem- devenu agriculteur (avec les réserves que ce ter-
ples qu’ils constituent. Il est difficile de les relier au me impose), l’homme d’Atacama dut imaginer des
paléolithique ou au néolithique ou même aux pein- techniques nouvelles pour assurer sa subsistance.
tures rencontrées dans certaines grottes et abris Le mortier est constitué de deux pièces : le mortier
sous roche de la rivière Salado. lui-même soit le contenant d’une part et le pilon,
une pierre plate, qu’un travail patient autant qu’un que 500 ans d’âge. La première céramique est
usage quotidien poliront à un point qu’il est difficile d’une réelle simplicité ; elle est faite de terre grise,
d’imaginer, avec le recul de quelques milliers d’an- même noirâtre, contenant une grande quantité de
nées qu’est celui avec lequel nous regardons cet petits grains de quartz. Elle est suivie d’une autre
objet ! C’est encore l’époque à laquelle furent céramique, rouge, lisse, avec un détail d’évolu-
construits les premiers « abris » permanents tion : l’apparition de l’image de l’homme : gravée,
(maisons), dont l’existence est prouvée par les taillée, voire en relief sur le col du vase, puis, un
restes des foyers. Dans la région de Tulan, les moment donné, les oreilles vont compléter cette
cendres de ces foyers contenaient des objets d’où physionomie. Il n’en reste que deux exemples.
l’on a pu déduire, tout naturellement, que si l’hom- Ces oreilles seront bientôt remplacées par deux
me possédait des armes taillées, sa femme utili- petites anses, nouvelle forme d’évolution dans un
sait des instruments ménagers conçus et réalisés art encore strictement utilitaire. Elle se conserva
selon les mêmes techniques. Un fait est certain : telle jusqu’au premier siècle de notre ère. Elle ne
la différenciation nette entre l’instrument de cuisi- sera plus seule : vers la fin de son temps, elle sera
ne et l’outil extérieur ou arme. Apparaissent alors en parallèle avec la merveilleuse, fameuse céra-
les sites sédentaires. De semi-nomade, l’homme mique noire, polie, des Atacamènes, propre, clas-
se sentit solidaire de la terre et s’installa. Il va aus- sique, d’une rare richesse. Elle est tout simple-
si construire sa maison : des blocs posés les uns ment extraordinaire : elle contient notamment du
sur les autres ; le premier village naquit, tout natu- manganèse, pilé, moulu, rendu impalpable, mélan-
rellement. gé à l’argile et au sable. Le métal a donné la tein-
te ; le polissage patient a donné un lustre unique à
cette céramique de toute beauté. C’est l’étude au
La vie à San Pedro. microscope qui a pu en révéler toute la richesse
Les Atacamènes n’évoluèrent pas comme la plu- fondamentale.
part de leurs voisins. Ils eurent à lutter sans cesse
contre l’érosion, la dégradation du sol, contre le
désert dont l’emprise fatale s’étendait au fil des La variété des formes est limitée ; une douzaine
années. Il n’eut donc pas l’occasion ni le loisir seulement, mais il est impossible de s’en lasser.
(c’est-à-dire le temps), de se créer une culture, de L’exubérance des formes et du décor péruviens
s’élever au-dessus des besoins quotidiens et d’un sont, dans une certaine mesure, une exagération
24 avenir immédiat. Cette pauvreté intellectuelle fut que l’on ne retrouve pas dans l’Atacama. Cette
parallèle à une authentique pauvreté matérielle. céramique, faite à la main, jamais au tour du po-
Cette dernière eut un effet paradoxal, finalement tier, est le résultat d’un art tranquille. Il est inté-
bénéfique : il n’y eut jamais de vrais riches, et cet- ressant de noter qu’à cette époque, les potiers
te population de l’Atacama connut une remarqua- fabriquèrent des carafes dont le goulot était orné
ble démocratie. La fouille des 5054 tombes n’a de deux visages stylisés, opposés. On en voit les
pas permis de retrouver le mobilier que l’on aurait yeux, le nez, puis des lignes verticales dont on
accordé à un grand chef, à un notable plus élevé déduirait volontiers que c’est la bouche. C’est
en grade qu’un autre. Pas une seule tombe ne faux, malheureusement, déclare le Père le Paige,
contient un défunt auquel l’on aurait sacrifié des c’est la barbe. Or, l’« Indien » des Andes, de la
esclaves afin de l’accompagner sur la grand-route Cordillère, était imberbe. Ces deux visages oppo-
de l’au-delà. Mieux, il semble bien certain que la sés, affirme l’archéologue avec une conviction
tradition actuelle soit la survivance de cette réelle profonde et communicative, me font penser et
démocratie. A notre époque encore, aucune char- j’en suis convaincu, au dieu Janus des Romains.
ge ne se conserve durant plus d’une année. Celui C’est lui qui est ici représenté ! Il a ensuite conti-
qui a été investi s’en décharge spontanément, nué à être transformé, s’est modifié, s’est stylisé
j’allais dire automatiquement et cède la place à au point de ne plus être représenté que par cinq
son successeur. Celui-ci peut être le plus pauvre, lignes. J’avance cette affirmation, insiste le Père
le plus humble des villageois. Il ne retirera aucun le Paige, car j’ai découvert dans une tombe ata-
bénéfice de son mandat public. camène, une broche, un « topo », une épingle
destinée à attacher le poncho et qui est une sirè-
ne, une authentique sirène : cheveux longs, mi-
A la suite de modifications intervenues dans les roir et peigne dans la main ! Cette région dut
fondements même de l’habitant en raison de la avoir des contacts plus nombreux et plus étendus
très haute antiquité des sites et des populations que tout ce que nous pouvons imaginer. C’est
qui les occupèrent, comme en raison même du encore le cas de cette grande cloche en bois
caractère des Atacamènes (des chasseurs), la d’une tombe de l’année 1050 sur laquelle se trou-
céramique ne pouvait être présente ici dès les ve gravée une croix grecque à quatre branches
temps les plus reculés. Elle n’apparut que bien et n’est pas un motif décoratif quelconque parmi
plus tard, vraisemblablement vers 2000 avant d’autres, mais le seul ornement de cette cloche
J.-C., encore que de nombreuses pièces n’aient de 40 cm. Ceci prouve à tout le moins que cette
Un des rares exemples de défunt enseveli dans une jarre mortuaire.
N’est-ce pas le moment de songer à la Phénicie ?
25
e
région eut des contacts répétés avec l’Europe, XII siècle, nouvelle période. La datation est préci-
bien avant la conquête espagnole ! se, propre à la région, avec une céramique toute
différente, couleur lie de vin, dont la seconde partie,
La céramique noire fut suivie ou accompagnée plus tard, connaîtra une influence inca. L’archéolo-
d’une céramique rouge, d’un autre groupe, avec gie rappelle à ce propos que les Incas n’occupèrent
des dessins extraordinaires dans leur stylisation et cette région que durant une bonne cinquantaine
d’une rare finesse d’exécution. L’objet, l’animal d’années seulement, et que les soldats espagnols
représenté, est généralement sinon exclusivement furent accueillis en libérateurs.
le lama. Le second groupe de céramique est uni-
que : il ne paraît pas, il n’existe pas de preuve, La civilisation de l’Atacama a permis à ce peu-
qu’une autre, semblable, ait existé dans d’autres ple d’inventer la trempe du cuivre. A San Pedro,
régions. La céramique noire se retrouve parfois, il existe des instruments en cuivre trempé, les-
mais comme une intruse, dans l’Argentine voisine. quels attestent l’authenticité de cette technique.
La céramique rouge est exclusivement atacamène. Les Espagnols mirent tous les peuples de la
Cette céramique couvre quelque sept à huit siè- Cordillère à la recherche de l’or, tellement
cles, puis a connu une période de décadence. Les convoité. La technique de la trempe disparut en
empreintes des doigts du potier se rencontrent deux ou trois générations et est définitivement
fréquemment, les formes sont réduites, cinq ou six ; perdue aujourd’hui. L’examen systématique des
elles sont plus simples. La céramique reste noire, tombes a permis enfin au Père le Paige d’étu-
quoique ne contenant plus de manganèse. La gra- dier plus de 5000 crânes et de vérifier l’évolu-
vure est différente, le lama disparaît. Enfin, la cuis- tion du peuple. La trace des petits vaisseaux
son est moins bien assurée. C’est une conséquen- sanguins est demeurée dans les os de la tête et
ce d’un changement de climat. Jusqu’à cette épo- les quelque 150 momies rassemblées dans son
que, en effet, de nombreuses tombes contenaient Musée, ont permis d’effectuer des études très
des graines de kinoa, plante que l’on cultive encore complètes. En fait, les défunts ramenés y sont
sur les hauts-plateaux boliviens. Elle exige non exposés, sans aucune protection, étant donné
seulement une eau d’irrigation, mais encore de la l’extrême sécheresse de l’atmosphère, ne sont
pluie. A partir du VIIe ou du VIIIe siècle, cette pluie pas momifiés. Ce sont des corps desséchés,
disparut, et le kinoa disparut également. A partir du déshydratés. Le sang y était séché également
et il a été possible de déterminer le groupe san-
guin, « 0 » mongol. Le peuplement de l’Améri-
que par le Pacifique ne fut donc jamais une
réalité. Il n’y eut que des contacts. Par ailleurs,
l’Amérique du Sud, notamment, attendait un
dieu blanc. Lorsque Cortez se présenta plus au
nord, il fut accueilli comme un dieu. Lorsque les
peuples se rendirent compte de leur erreur, il
était trop tard. Ici, le Père le Paige insiste sur la
présence du dieu Janus sur les céramiques
anciennes pour expliquer l’attente de ce dieu
blanc.
EPARPILLEMENT DE SPHERES
AU COSTA-RICA
27
La République du Costa-Rica propose, sur ses vérité et la duperie : que voulez-vous, attirer le
49.000 km2, un sol fertile et très peu d’or, quand public à coups de sensationnel est plus simple que
bien même Christophe Colomb, la croyant émi- d’inventorier sérieusement.
nemment aurifère, l’appela « côte riche ». Une
jungle côtière, des collines boisées et un plateau Si l’on suit le Rio Grande de Terraba vers la fron-
central volcanique suffisent à dresser le portrait- tière panaméenne, on traverse la région de Palma
robot de ce pays d’Amérique centrale. Bordé à Sur, un véritable pactole archéologique. En effet,
l’est par l’Atlantique, plus particulièrement la mer de grosses sphères monolithiques de pierre y
des Caraïbes, à l’ouest par l’océan Pacifique, le furent découvertes et soixante-dix de celles-ci
climat y dessine une courbe isothermique allé- sont cataloguées à ce jour, quoique leur assimila-
chante. Si l’intérêt économique se marque par tion à une quelconque culture amérindienne reste
l’élevage de bestiaux, les plantations de bananiers un point d’interrogation. En 1938, la United Fruit
et de caféiers, nous nous arrêterons plutôt à un Corporation déboisait la région en vue d’y planter
phénomène relativement rare en archéologie : il des bananiers, et ce sont les ouvriers de la socié-
s’agit de sphères monolithiques en pierre. Déjà, té qui firent l’étrange découverte. Ce qui est enco-
Robert Charroux et Erich von Däniken ont noirci re plus étrange, c’est les vingt-cinq ans qu’il fallut
des pages de littérature à ce sujet. Comme à avant qu’un archéologue ne s’y intéresse, mais
l’habitude, nous y trouvons le meilleur et le pire, la ceci aussi est une vieille histoire.
Seuls certains aventuriers, assoiffés d’or, en dyna- sphères n’est toujours pas effectué à ce jour.
mitèrent quelques-unes en croyant y trouver le Nous y reviendrons.
métal précieux et, après l’abandon de la culture de De retour à Washington DC, le Dr. Stirling fut en-
la banane, figurez-vous que ce sont des bestiaux core plus troublé lorsqu’un certain Ernest Gordon,
qui achevèrent de mettre les sphères à jour. En- ingénieur des mines, lui téléphona à la suite de
suite, il fallut attendre un article de Robert De l’article de De Roos, pour rendre compte d’une
Roos dans le National Geographic de juillet 1965, nouvelle découverte de sphères de pierre, mais
pour que l’énigme resurgisse. M. De Roos ren- au Mexique cette fois. « Ce sont cinq pierres
contra le Dr. Matthew W. Stirling du Smithsonian géantes de 1,80 à 2,40 m, si parfaitement rondes
Institution et également membre du Comité de qu’elles semblent avoir été travaillées par la main
Recherche et d’Exploration de la National Geogra- de l’homme, et elles ressemblent à celles que
phic Society. Le Dr. Stirling, ayant été sur place, vous avez étudiées au Costa-Rica », déclara-t-il.
avait été impressionné par la quasi-perfection de Les nouvelles sphères se situaient dans l’Etat de
la rotondité des monolithes. Il en rencontra de Jalisco, à l’ouest du centre du pays, et les autoch-
toutes tailles, de la grosseur d’un ballon de foot- tones appelaient la région, à juste titre, « Piedra
ball à la boule d’une hauteur d’homme. Ce n’était Bola » ou Boule de Pierre. Gordon œuvrait aupa-
pas vraiment une nouveauté pour Stirling car, dès ravant à Guadalajara pour une société minière, et
1945, travaillant sur un site olmèque vieux de c’était en retournant dans la région qu’il fit cette
3000 ans, au Mexique (Etat de Vera-Cruz), il avait découverte fortuite.
noté quelques sphères de basalte de 90 cm de
diamètre. (1) Pourtant, en Costa-Rica, « des En décembre 1967, Gordon et Stirling, accompa-
exemplaires de 2,10 à 2,40 m de diamètre s’écar- gnés de leurs épouses et du Dr. Doris Stone, Pré-
tent de moins de cinq millimètres de la sphère sident du Conseil des Directeurs au Musée Natio-
parfaite. C’est une des plus remarquables trouvail- nal de Costa-Rica, lancèrent une expédition dans
les archéologiques du monde ». la contrée. Ils mirent ainsi à jour trois pierres à
demi-enfouies et six autres dans les environs im-
Le poids d’une des plus massives avoisinait les médiats. Par la suite, vingt-deux monolithes se
16 tonnes, soit le poids total d’autant de voitures retrouvèrent à l’air libre, leurs dimensions variant
de tourisme. Cependant, Stirling était incapable de 1,35 à 1,95 m de diamètre. Une fondation rec-
de déterminer la période à laquelle celles-ci tangulaire fut aussi repérée, sans doute pour quel-
28 furent taillées, bien que des poteries datant d’un que cérémonie rituelle, — mais par qui ? —, et
siècle avant Colomb furent décelées en associa- aucune trouvaille de poterie ou autre ustensile ne
tion avec les sphères. Il ajoutait encore que l’on put les aider à situer historiquement cette décou-
ne signalait pas un seul mot les concernant dans verte incongrue. Un des aides de l’expédition, M.
les chroniques des conquistadores. La seule indi- Jesus Lopez, indiqua par ailleurs qu’à Agua Blan-
cation valable portait sur le matériau utilisé : ca, de l’autre côté de la colline, il y avait bien d’au-
il s’agit de basalte dur, c’est une donnée impor- tres « boules » de ce genre. Et, effectivement, la
tante, car les figurines de pierre trouvées dans la petite troupe marqua sa stupéfaction de se voir au
région sont sculptées dans un conglomérat vol- beau milieu d’un « bowling pour géants ». Les
canique tendre qui ne durcit que sous l’effet de sphères reposaient, tout entières exposées au
l’exposition prolongée à l’atmosphère. En outre, regard, les diamètres accusaient de 60 cm à une
les monolithes semblent être groupés sinon ali- masse de 3,30 m, la moyenne étant estimée entre
gnés, mais malheureusement le relevé in situ des 1,65 et 1,80 m. La vue était spectaculaire, mais
leur profusion même dénotait une formation natu-
relle. Encore était-il à prouver qu’un tel échantil-
lonnage était géologiquement concevable !
Il n’est donc pas impossible que ce numéro 9 ne paraisse dans les délais
qu’in extrémis. Nous sommes persuadés que nos lecteurs comprendront
et voudront bien nous excuser ce retard indépendant de notre volonté.
Errata. Une erreur de correction nous a fait dire (KADATH n° 5, p. 16) que le bronze est fait de cuivre
et de zinc. Cet alliage est bien sûr le laiton : c'est cuivre et étain qu'il fallait lire. Par ailleurs, un
raccourci malencontreux (KADATH n° 6, p. 26) a fait de la reine de Saba l'égérie de Salomon pour
son « Cantique des Cantiques ». Leurs amours sont célèbres dans l'Histoire, certes, mais en ce qui
concerne le recueil lui-même, on sait simplement que la tradition en attribue la paternité à Salomon,
sans autre indication plus précise.