Vous êtes sur la page 1sur 34

GeorgBossong

ACTfu\CE ERGATIVE ET TRÂNSTTTVITE.


VERBAL DE L'OUBYKH
LE CAS DU SYSTÈNNN

K3q Lingua56(1982),201-2341

Received August l98l

0.

Il y a parfois des moments dramatiquesen linguistique.C'est le cas


notammentquand une langue se meurt. Dans le monde aÔtuel,où tant
de minoritésethniquessevoient confrontéesà la destructionde leur identité,
sauverune languede l'oubli définitif est devenuune tâche primordiale et
urgente.l L'extinction d'une langue non-codifiéeest une perte irréparable
non seulementpour la linguistique,mais pour la mémoire collective de
I'humanité.À cet égard, les languessont comparablesaux êtres vivants.
Certes,nul ne saurait ressusciterI'héritagegénétiqued'une espècedont
le dernier représentanta disparu; de même,il serait vain de vouloir faire
revivreles languesde toutesles petitesminoritésassimilées ou exterminées.
Mais tout comme le biologistequi peut transmettreaux générationsde
chercheursà venir des informations sur le code génétiqued'une espèce
en voie d'extinction, le linguiste, lui aussi, peut essayerde sauvegarder
un patrimoineen rassemblant le maximum d'informationssur les structures

* Je tiens à remerciertout particulièrementM. GeorgesCharachidzéqui fut pendant un


tempsmon professeurde géorgienet qui m'a égalementinitié à l'étudede I'abkhaz,de I'avar
et de I'oubykh. Il a discutéavec moi une versionpréliminairede ce lravail et a mis géné-
reusementà ma dispositionses importants matériauxnon-publiés.Je remercieégalement
les participantsde mes séminairesà I'universitéde Heidelbergsur les languesdu Caucase
et sur I'ergativité,notammentM. Klaus Heger dont les conseilsm'ont toujours été précieux.
Bien sûr, toutesles erreurset imperfectionssont les mlennes.

0024-3841
I8210000-0000
I s02.75 @ tqSZ Norrh-Holland
202 G. Bossong i At'tant'a ergalive el lronsiîivité

d'une languemourante.C'est peut-êtrele travail le plus noble et le plus


méritoire qu'il puisseentreprendre.
Le peupleoubykh,dont I'existence dans son habitatd'origineest attesté
depuisI'antiquité,2fut rayé de la carte en 1864.Toutes les nationalités
musulmanesdu Caucasedu Nord-Ouest ont été terriblementéprouvées
par I'invasionrusse,à partir de 1829.Mais alors que les abkhaz et les
tcherkesses, numériquement bien plus importants,ont pu se maintenirdans
leurs terres d'origine, les quelquessurvivantsdu peuple oubykh furent
expulséset durent se réfugierdans I'Empire Ottoman, notammenten Ana-
tolie. Le sort qui leur fut réservéa été celui de toute petite ethnie déracinée
et dispersée: I'assimilation progressive, soit à la cultureturquedominante,
soit aux populationscaucasiennes avoisinantes de I'exil, les tcherkesses
et
les abkhaz.
Les restesde la langueoubykh ont suscitéI'intérêt de Dirr dès 1913.
Mészâros, qui a visitéplusieursvillagesen 1930,a rassemblé desmatériaux
importants.Mais si I'on peut dire aujourd'huique la langueoubykh n'est
pas morte pour la sciencelinguistique, c'està Dumézil,et à lui seul,que
nous le devons.Dès 1930il s'intéresse activementà la question.Depuis
'vrai' oubykhophone,un
1953,il collaboreavec Tevfik Esenç,le dernier
informateur doué de qualités exceptionnelles que j'ai eu le privilège de
connaîtrelors de son passageà Paris en 1977.Grâce aux initiatives de
Dumézil,d'autreschercheursse sont rattachésà ce champ d'études,notam-
ment Hans Vogt qui a élaboréun dictionnaire,ainsi que CatherineParis
et GeorgesCharachidzé.
La descriptiondu verbe oubykh donnéepar Dumézil (1975)est le fruit
d'un demi-sièclede recherches et d'effortsinlassables. C'est lui qui a sauvé
cettelanguede I'oubli, et c'est dans le livre que nous allons commenterici
qu'il nous a donné la somme de ses travaux. Vu l'âge avancé de son
principal informateur,Tevfik Esenç,il est à peu près certain que dans ce
livre on trouve codifié à tout jamais ce qui va resterdes structuresgram-
maticalesde base d'une langue vouée à la disparition prochaine.C'est
donc un monument,précieuxet irremplaçable.
L'importancescientifiquede la langueoubykh résidetout d'abord dans
'missinglink' indispensable pour la reconstruction
le fait qu'elleconstituele
comparativede la famille des languesCaucasiques du Nord-Ouest.Comme
le souligneDumézil lui-même,3aucuneapprochesérieusedu problèmede
la parentégénétiqueentreceslanguesn'est possiblesansprendreen considé-
ration I'oubykh, troisièmeterme de comparaisonqui est intermédiaireà
bien des égardsentre les dialectesabkhaz-abazad'une part et les langues
tcherkesses de I'autre.
G. Bossong f Actance ergalite et transitivité

Mais I'intérêt que peut offrir l'étude de I'oubykh va bien au-delàde la


grammairehistorique comparée.Ceci est évident si nous considéronsle
domaine phonétique:I'oubykh présentele systèmeconsonantiquele plus
riche en phonèmesde toutes les langueshumainesconnuesjusqu'à pré-
sent.aMais c'est vrai égalementen ce qui concernela typologiedes struc-
tures d'actance,ou autrementdit, la systématisationdes moyens mis en
ceuvrepour exprimerles relationssyntaxiquesfondamentales. S'il est indé-

niable, à mon avis, que I'oubykh est une langue constructionergative',
il n'en reste pas moins qu'il réalisele modèle virtuellementuniverselde
I'ergativitéd'une façon bien particulière.
Le but de la présentecontribution est justement de faire avancer la
discussionsur ce point: I'oubykh est-il, de tous les points de vue, une
langue à constructionergative?Quels sont sesrapports avec les schémas
de basede I'ergativitéen général?
Je n'ai nullementla prétentionde donner ici une critique de détail du
livre extrêmement riche et bien documentéde Dumézil que I'on peut consi-
dérer à juste titre non seulementcomme une description de la partie
'gram-
essentiellede la grammairede I'oubykh, mais comme une véritable
maire comparée'du verbe dans les languesCaucasiquesdu Nord-Ouest.
Ce que je veux, par contre,c'est donner une suiteaux quelquesremarques,
très succinctes,que fait Dumézil à propos du caractèreergatif du verbe
oubykh.s Je voudrais discuter les laits qu'il présenteà la lumière d'un
certain nombre de présupposésthéoriques,exposésen partie dans des
travauxantérieurs.Ce faisant,j'espèrepouvoir contribuerd'une part à une
meilleurecompréhension desstructurestellementcomplexesdu verbeoubykh
(et, dans une mesurebeaucoupplus modeste,du verbe des autres langues
Caucasiques du Nord-Ouest);d'autre part, ce sont justementles structures
du verbeoubykh, irréductiblesen apparenceaux schémasles plus courants
en linguistique,qui permettrontde vérif,rerempiriquementcertaineshypo-
thèsesconcernantla typologieet la recherchedesuniversauxdansle domaine
des relations syntaxiquesde base que sont les relations prédicat-actants.
C'est aveccettedoublevisée- de la théorieà I'empirismeet de I'empirisme
à la théorie que ce travail a été entrepris.

l.

Tout d'abord je voudraisesquisser


sommairementle cadre théoriquequi
nous servirade référencepour la descriptiondes relations syntaxiquesde
basede I'oubykh.
204 G. Bossong f Attant'e ergative et transitivité

Le point de départ est un modèle à trois dimensionsqui comprend la


forme, la significationet I'usagedu signe linguistique.Pour désignerles
"three
diflerentespartiesde ce modèle,connu depuisDane5sousle nom de
level approach",6j'adopte ici la terminologiede Gilbert Lazard qui dis-
tingue un plan qctanliel (verbe et actants),un plan notionnel(procès et
participants)et un plan de la visée (thème et rhème).?Or, le caractère
ergatifou accusatifd'uneconstructiondonnéedépenddesstructurescorréla-
tionnellesspécihquesexistantentre le plan actantielet le plan notionnel.
Sur le plan actantiel (formel), dans les deux types de base (ergatif et
accusatifl,un des deux actants du verbe bivalent est identique au seul
actantdu verbemonovalent,I'autre non. J'appelleprime actantla catégorie
purementformelle constituéepar I'actant unique du verbe monovalentet
celui des deux actantsdu verbe bivalent qui est identiqueà lui; le second
actant est donc celui des deux actantsdu verbe bivalent qui est différent
de I'actant unique du verbe monovalent.8Sur le plan notionnel, le seul
actant du verbe monovalent peut être identifié au participant actif ou
bien au participant inactif des verbes bivalents.Si I'identificationse fait
avec le participantactif, on a affaire à une constructionaccusative;dans
le cascontraire,il s'agitd'une constructionergative.Cesdeux plansforment
ensemblece qu'il convientd'appelerle niveaucasuel.L'ergativitéou I'accu-
sativitéd'une constructiondonnéeest établieà ce niveauseul; il me semble
fort peu recommendablede mêler à cette distinction fondamentaleles
relationsexistantentre le niveaucasuelet le plan de la visée,relationsqui
relèventd'un domainetout autre que celui qui nous occupeici.
Les définitions due je viens de donner des constructionsergative et
accusativesont assezcouranteset connuesde longue date. Toutefois, il
convientde soulignerici un certain nombre de points importants.
(l) Tout d'abord, on aura bien noté que, du point de vue sémantique,
la distinction entre actif (A) et inactif (Z) ne se fait qu'ave{ les verbes
bivalents.La distinction entre ces deux rôles casuelsn'est pas pertinente
lorsqu'il s'agitdu seulactantdu verbemonovalent.On a affaire alors à une
neutralisationsémantique,e le prime actant pouvant représenter,
auprèsd'un
verbe monovalent,plus d'un rôle casuel.
(2) La réalisationformelle des catégoriesde prime actant et de second
actant se conforme aux régularitésgénéralesconcernantles possibilités
d'expressionde relations grammaticales;étant donné qu'il s'agit d'une
relation entre verbe et actant(s),des grammèmespeuvents'ajoutersoit au
verbe, soit aux actants,soit aux deux à la fois.lo Dans les discussionsdu
G. Bossong f Actance ergalive et lranstttvlte 205

passé,la possibilitéd'une ergativitépurementverbalen'a pas toujours été


prise en considération.r 1
(3) La relation entre la notion traditionnellede la transitivitéet celle de
la valenceest loin d'être simple.Bien sûr, tout verbemonovalentest néces-
'bivalence'égale automatiquement
sairementintransitif, mais est-ceque
'transitivité'?Et:le termede'transitivité'a-t-ilun senspar rapport à une
langueergative?Chaqueverbe régissantplus d'un actant, dans n'importe
quel typede base,est-ilà considérercommetransitifdansle senstraditionnel
du terme?On s'apperçoitimmédiatementque tel n'est pas le cas et qu'il
faut approfondir les termesutilisésdans I'analyse.
Il me sembleque la distinction,proposéerécemmentpar Lazard, entre
actantscentrauxet actantspériphériquesl2 est de quelqueutilité bien qu'il
soit difficile de trouver un critère univoque et universelqui permettede
les séparerdernstoutesles circonstances. Dans le cadrede la présenteétude,
j'utilise cestermessimplementcommedesoutils heuristiques, toute générali-
sationétant réservéeà une étape ultérieure de la recherche.Toutefois, pour
clarifier la discussionqui va suivre, quelques précisionss'imposent ici.
Je pars de I'hypothèseque, dans la très grandemajorité des languesdu
monde, on trouve deux actants centraux et un nombre d'actants péri-
phériquesthéoriquementillimité, mais bien restreint dans la réalité. Le
facteurle plus important qui permet de distinguerles actantscentrauxdes
actantspériphériquesdans une langue donnéeest d'ordre statistique: s'il
est évident que le prime actant est la catégoriela plus fréquentedans la
syntaxedes relationsde basedans une langue donnée,il n'est pas moins
naturelque le secondactantvienneen secondeposition.C'est là la catégorie
actantiellequi s'ajouteau prime actant lors du passagede la monovalence
à la bivalencednnsla grandemaioritédescas.t3On peut dire que le second
actant est la catégorieactantiellequi, dans une langue donnée, s'ajoute
par excellence au prime actant dans les phrasesà verbe bivalent; il peut y
avoir des verbesbivalentsrégissantune catégorieactantielleautre que elle
du secondactant,maiscesverbeslà sont nettementminoritairespar rapport
aux verbesbivalentsavec secondactant. En d'autres mots, alors que le
prime actant se trouve auprèsde pratiquementtous les verbesmonovalents
et bivalents,le secondactant se trouve auprèsde la majorité des verbes
bivalentsseulement, quelquesverbesbivalentsgouvernantcommedeuxième
actant un actant périphérique. Je proposede réserverle terme traditionnel
de la transitivitéaux verbes régissent,en plus du prime actant,au moins
qui
un secondactantau sensque nous venonsde préciser.On peut schématiser
ce qui vient d'être dit commesuit:
G. Bossong I Aùance ergative et transilivilé

( 1 ) a K- al/all
an-â.tl...lal
(r: central;n: périphérique)
(2) p'(ar)
. f t u 'u. " ) I
P ' l 1 sar ,^ yJ
, f ( u ' .u t ' .u n )I
R'liur,
a".a*'jl
que statistiquement:
avec l'indication supplémentaire

(3) p2(ar,arr) > p2(ar,an)


p3(al, all, an) > p3(al, àn, Ln' )
( > : plus fréquentque)

Il est à noter que ces schémass'appliquentaux languesaccusativesaussi


bien qu'aux languesergatives,puisquele principede la neutralisationséman-
tique des fonctionsactantiellesest valablepour les deux types linguistiques
de base.
Or, la question se pose de savoir si cette neutralisationest réalisée
uniquementauprèsdes verbesmonovalentsou si elle se trouve également
auprès des verbesplurivalentssans secondactant. Autrement dit: étant
donné que al forme avec all une opposition inclusive,al réalise-t-ilson
sémantismespécifique(celui par lequel il se distinguede arr) uniquement
si all est co-présentdans la même unité syntagmatique(la même phrase)?
Sémantiquement, al représenteAIZ dansle contextepllal; dans les langues
ergativesaussi bien que dans les languesaccusatives;dans le contexte
p2(ar,all), il représenteA dans les languesaccusatives, Z dans les langues
ergatives.Est-ce que, dans le contextepz(at,a"), il représente la neutra-
lisation AIZ ou bien la différenciationde A et de Z selon les types
linguistiques de base?

2.

Une analyseapprofondiedu systèmeoubykh permettrade mieux cerner


ce problème, fondamentalpour toute recherchedans le domaine de la
typologiesyntaxique.
En oubykh, la relation fondamentale(relation entre le prédicat et les
G. Bossong i A(tante ergolive et transitivitë 207

actants centraux) est expriméepar des oppositionsgrammémiquesaussl


bien auprèsdu nom qu'auprèsdu verbe. Il y a, dans le substantif,une
opposition privative entre un cas zéro qui remplit la fonction de prime
actant et un cas oblique à la marque -n qui a toutes les autres fonctions;
c'est-à-direque -r?est la marquedu secondactant,desactantspériphériques
et de toutes les fonctions circonstancielles. Par ce systèmecasuelbinaire,
'direct' (@
I'oubykh se rapprochedu tcherkessequi, lui aussi, a un cas
'oblique' -ze
[indéfini] et -r [défini]) et un cas (-z [singulier]et [pluriel])
et il se distinguede I'abkhaz qui ignore totalement le marquagecasuel
auprèsdu nom.
En oubykh,le caractèrefoncièrement ergatifdu systèmecasuelestévident:
'transitif', la termi-
le cas zéro sert d'inactif (Z) auprèsdu verbe bivalent
naison-n éIantréservée à I'actif (A) A premièrevue, ceci est moins évident
en ce qui concernele systèmeverbal.
D'aprèsles donnéesdes sourcesimprimées,il sembleque I'on ait affaire
à trois sériesde préfixespersonnelsqui ne se distingueraientque par leur
position respective.Nous limitant, pour I'instant, aux seuls verbes des
classesA et C (selon la classifrcationde Dumézil), nous aurions donc
affaire à une structuredu type

(4) I V [verbemonovalent]
I^I^V [verbebivalent]
(I: indicepersonnel;V: racineverbale)

avec deux classesde I formellementidentiques.Par là, I'oubykh serait


diflerent aussibien du tcherkesse(où les indices,de consonantismestable,
sont vocalisésdifféremmentselon leur position) que de I'abkhaz (où au
moins les indicesde la troisièmepersonnesont totalementdifférentsselon
leur position).Si tel était effectivementle cas. nous ne saurionspas, par la
seulemorphologiedu verbe,s'il faut interpréterle passagedu verbe mono-
valent au verbe bivalent comme
^v ^I ^V
( 5 )r I
{ar pr} {arr at p2}

ou bien comme

(6)r v I I V
{ar p'} {ar arr p2}
G. Bossong f Actance ergative et lransitivité

Or, il s'avèreque desrelevésde formesverbalesrécents,effectuésnotam-


ment par charachidzé, ont mis en évidenceune différenciation formelle
notable entre la premièreposition et les positions suivantes:I'indice per-
sonnel est systématiquement vocalisépar [a] en première position, alors
qu'il ne I'est pas dans les autrespositions.Ce phénomèneimportant. qui,
lui aussi,n'est pas sansrappelerles structurescorrespondantes du tcher-
kesse,a été quelque peu masquépar le fait que le verbe couramment
utilisé pour illustrer le paradigmede la classeA, k'a-'aller', est le seul
à admettrela prononciationdes indicespersonnelsavec [a] pratiquement
imperceptibleou même inexistant;ainsi on a une prononciationvariable
allant de sa.k'a.nà s.k'a.n Je vais'.1aMais il faut bien se rendreà l'évi-
denceque c'est là I'exceptionet non la règleet que normalementun indice
en premièreposition doit être suivi de [a]. Ces précisionsimportantesdues
à Charachidzépermettentde décider laquelle des deux interprétationsalter-
nativesque nous venonsde donner (schémas(5) et (6)) est la bonne. On
voit bien que c'est la deuxièmeet qu'il faut reformulerle schémastructural
du verbeoubykh commesuit:
^V ^I' ^v
(7) I I
-
{ar pt} {ar arr p2}

Les paradigmesde ces diflerentespositionsd'indicessont les suivants:

(8) paradigmede I:
lsg - s3- lPl - 5'o-
2sg- we- 2pl * $o3-
3sg- a-l[ 3pl - a-
(e)paradigme.de I':
lsg- -s- lpl - -5'-
2sg * -w- 2pl - -So-
( -a-l-A-1 :pl - J -a-|
- -{ y- I
3se l-na-J
[]n- J
Il n'est pas de mon intention de traiter ici des détails, assezcomplexes,
de la morphologie verbale. Je voudrais seulementajouter une remarque
sur la troisièmepersonnedont le fonctionnementn'a pas encoreété bien
décritjusqu'à présent.Alors que I'alternanceentre 4 et 0 est libre (comme
'non-personne'rspeut être faCultativement
en beaucoupd'autreslangues,la
G. Bossong I Actance ergalive el transitivité 209

marquéepar zêro), les autres variantessont conditionnéespar I'environ-


nementmorphologique:y- résultede la combinaisonthéoriquede *a- * -q-
(ayantle sensde 'illum ille'); la forme -n- (-na-au pluriel) apparaîtlorsque
I'indice de secondactant est précédéd'un indice d'actant périphérique
(verbestrivalents).On a donc affaire à des allomorphesen distribution
libre (c vs. 0) d'un côté et à desallomorphesen distributioncomplémentaire
@10 vs. y vs. n(a)) de I'autre. Voilà donc une autre différenceentre les
paradigmesI et I': alors que I'allomorphismelibre leur est commun,
I'allomorphismeconditionnéest limité, par défrnition,au paradigmeI'.
Vu les différencesentre cesparadigmes,I'interprétationque nous venons
de donner (schéma(7)) s'imposedonc sur le plan de la seulemorphologie
verbale,sansaucun recoursà la morphologiedu nom ou au sémantisme
des rôles casuels.Bien sûr, elle est ensuite corroboréepar I'accord des
indicesverbauxavecles complémentsnominauxcorrespondants:alors que
I (positioninitiale)seréfèretoujoursà un substantifau caszéro (casdirect),
I' (position préradicale)s'accordeavec un substantifau cas en -n (cas
oblique).Étant donné que, du point de vue sémantique,les indicescasuels
du nom se conforment à un schémaergatif, il s'ensuit que les indices
personnelsdu verbe sont structurésergativementeux aussi: les indicesde
position initiale,nécessairement pourvusde schwalorsqu'ilssont consonan-
tiques, remplissentle rôle casuelde AIZ neutraliséauprès du verbe mono-
valent et le rôle casuel de Z actualiséauprès du verbe bivalent (en termes
'sujet' de I'intransitif est
de traduction dans une langue accusative:le
formellementidentiqueà l"objet' du transitif); par contre, les indicesde
position préradicale,normalementdépourvusde schwalorsqu'ils sont con-
sonantiques,ont la fonction de A actualiséauprèsdu verbe bivalent.
L'oubykh est donc une langue à ergativité nominale aussi bien que
verbale. Par là, il se rattache à un type linguistique assezrepandu et il
se distinguede I'abkhaz, qui, lui, représentele type rare d'une ergativité
purementverbale.L'abk'hazest, de ce point de vue, isolé à I'intérieur même
de la famillc des languesCaucasiquesdu Nord-Ouest et n'a de parallèles,
à ma connaissance, que dans les languesMaya de I'Amérique Centrale.l6
Les rôles casuelsde I'actif (A) et de I'inactif (Z) sont neutralisésdans
la forme du prime actânt si celui-ci dépend d'un verbe monovalent. On
peut illustrer ce phénomène(qui, répétons-le,représenteune tendanceuni-
verselleet n'est évidemmentpas limité à la seulelangue oubykh) par des
exemplesconune les suivants:
2t0 G. Bossong I Adance ergative et lransitivité

( 1 0 )p ' 1 a ! ) :
s ( a ) k. " a . n Je vais,pars' (V.808)
se.ô'ada.n Je saute' (V. 312)
sa.Qa.n Je cours' (V. 1526)
s â .J a S an. Je nage' (V.2504)
sâ.to'as.ân Je m'asseois' (V. 1952)
sa.wax.ân Je crie' (V 20ll)
sa. soey.en Je siffle' (V. 1663)
'le chevalhennit' (V. 1822)
a.è'a a.5'e5'.an
'le chien aboie' (V. 1548)
a.ya a.Q'.en
se.psa5'.sn Je travaille' (V. 1277)
sa.qo'ez.an Je me tais' (V. 1525)
sâ.wâsa.n Je réfléchis' (V.2072)
( 1l ) p ' 1 a ! ) :
s a .b z a b z a .n J'ai soif' (V. 158)
sâ.q'a.n Je tousse' ry. 1480)
s a .k " a d a . n Je tremble' (V. Bl7)
S â ,X , A N. Je tombe' (V.2125)
se.coa.n Je dors' (V.320)
sa.weè'ada. n Je me réveille' (V 2057)
sâ.p.ân Je suis triste' (V. 1225)
s â .X a S an. J e s u i sf a t i g u é ' (V.2l8l)
'il rouille' (Y.2469)
a.y"epë'a.n
'il brille,miroite' (V. 1369)
a . p ' è " a p ' è " a d a .n
'le soleil naît' (.24'75)
a.ndyaa.y-.an
s a .d w a . n Je meurs' (V. 575)

Le schémaformel est donc le suivant:

(12) N 0.! v
L'indistinction des rôles casuelsA et Z auprèsdes verbesmonovalents
contrasteavec leur opposition auprès des verbesplurivalents.La grande
majorité des phrasesà verbebivalentest construiteselon le schémaformel
suivant:
^I'^V
(13)N n t N 0 + l

L'indice personneldu secondactant,c'est-à-direI'indice qui s'accordeavec


le nom en fonction ergative,est intercaléentre I'indice personneldu prime
actant (éventuellementsuivi d'autreséléments)et la racine verbale;à part
la conjugaisoncausativeet négative,il ne peut être séparéde la racine par
aucun autre élément.L'indice personnelen position initiale se réfere à
G. Bossortg i Actant'e erg'Ltit'e (t lransilirité

I'inactif (Z), I'indice en position préradicalese réfere à I'actif (A;. Étant


'normale',c'est-à-direla plus fréquente
donné que ceci est la construction
et la plus productive en oubykh, I'ergatif est à considérereffectivement
comme secondactant (au sensque nous avons défini) dans cette langue.
D'après ces mêmesdéflrnitions,les verbescorrespondantau schéma(13)
'transitifs', c'est-à-diredes verbesqui réalisentla
sont en eflet des verbes
structureformellep2(al,all). Seulement voilà: la transitivitédans le cadre
d'un systèmeergatif est I'image-miroirexactede ce qu'est la transitivité
dansleslanguesaccusatives qui noussontfamilières.Ce n'estpas la présence
'objet' (au senscourant de ce terme), mais la présence
obligatoire d'un
d'un 'sujet' (agent) qui rend un verbe transitif. Un verbe comme bya-
'voir' n'estpas transitif parcequ'il gouverneun 'complémentd'objet direct'.
mais parce qu'il régit un secondacfant à I'ergatif.
Ce fait enrloren'est évidemmentpas limité au seul oubykh; il compte
parmi les propriétésqui découlentde façon évidentede la définition même
de I'ergativité.Mais, dans I'analysede la langue qui nous occupe ici.
il s'imposedavantaged'en être conscientqu'en d'autrescas, car sansune
bonne compréhensionde ce que c'est que la transitivitédans un système
ergatif on n'arrivejamais à une interprétationcohérentedu systèmeverbal
de I'oubykh.
Le systèmeergatif est tout à fait semblableau systèmeaccusatifdans le
domainede I'intransitivité;il lui est précisémentopposédans le domaine
de la transitivité.
Illustrons ces propos par quelquesexempleschoisisdans un relevé ex-
haustifdesverbestransitifsde I'oubykh.17Les verbessuivantsne montrent
aucuneparticularité;ils sont représentatifs de plusieurscentainesde verbes
transitilscourants:

(14)p21a!,
al):
'allumezle leu!'
a . m j ' a a . s " .j ' . c a 7 a . n r8 (v. 284)
a.s.tI.ân Je l'écris' (v. 1862)
a.s.pa.n Je Ie tisse' (v. 1226)
'dis-le!' (v. 1400)
a.w.j'.q'a
a.s.f.an je le mange' (v.6r2)
bze a.z.3oa.n Je bois de l'eau' (v. 2508)
a . s . k o ' a b a. n Je le lave' (v. 862)
'que Dieu te nourrisse!' (v. t377)
wa.n wa.@.p'q".axre
'il t'a trompé' (v. 88e)
we.@.la.q'a

sont
Les verbesà double conjugaison,intransitiveet transitive/causative,
extrêmementnombreux.Dans ce cas, la racine elle-même ne change pas
2t2 G. Bossong f Actance ergalive et transilieitë

de forme; ce n'est que le nombre des indicespersonnelsqui varie. Notez


que la conjugaisoncausativea ceci de particulier que I'indice du second
actant, contrairement aux verbes transitifs non-dérivés,est suivi de schwa
lorsqu'il est consonantique.Je cite d'abord quelquesexemplesoù I'actant
unique du verbe intransitif représentele rôle casuelde I'inactif (ce groupe
est majoritaire):

(15)prtalt- p2(at,al):
'celaéclate'
a.txâr.ân
+ a.sâ.txâr.ân 'je le casse' (V. 1852)
'le feu s'éteint'
a . mj'a a . doa.n
+ a.1n3'aa.se.doa.n J'éteinsle feu' (V. 600)
(a.nd7a)(a.)S'a.n2o 'il fait chaud'
+ a . sâ. S'a. n 'je le chauffre' (V. 1787)
a . k" . en .'c'estforgé'
* a . sâ. k" . ân Je le forge' (V. 807)
'nousmourons'
S'a.dwa.n
- w a n a . 0a . 5 ' a . d w a . w 2 t ' t u o n s - l e ! ' (V.575)

Les verbesoù I'actant unique du verbe intransitif représentele rôle casuel


de I'actif sont peu nombreux:

(16)prtalt-p2@L,aN):
'celachatouille'
a.k"al.an
+ a.sa.k"el.ân Te le chatouille' (V.837)

Dans ce cas, le seul actant du verbe monovalent,sémantiquement neutre,


est identiqueà I'inactif du verbebivalent.Il est évidentque cette structure
est rigoureusementsymétriquede celle que I'on trouve dans une langue
accusativecornmepar exempleI'allemand:

(17) pt(at) - p2(a\, at)):


Das Glas bricht. + Er bricht das Glas.
(18) p'(a!) - p2(ato,at)):
Das kitzelt. + Das kizelt mich.

Enfin, il faut prendre en considération les verba sentiendi.En oubykh


et dans les autres languesCNO le secondactant du verbe transitif peut
'experiencer'dans la grammaire
remplir aussi la fonction qui est appelée
descas:
G. Bossong I Actance ergative et transitiviîë

(19)p2(ar,aIJ):
a.z.bya.n Je le vois' u.237)
a.s.ô'a.n Je le sais,connais' (v.3r0)
a.z.2.an Je le supporte,endure' (v.236r)
Zoa.Soa
a.z.lac'a.n J'ai dix ans (lit. je vis,
passedix ans' (v. 8e5)

Dans les languesCNO, donc, la fonction de l"experiencer'(as) est réalisé


par les mêmesmoyensformels que la fonction de I'agent (an), à savoir
par all puisque nous sommesdans un systèmeergatif. Par ce trait, ces
languesressemblent à nos languesaccusatives, où ap est égalementidentifié
âvec â4, les deux fonctionsétant expriméespar aI, et elles se distinguent
des autres familles linguistiquesdu Caucase,où I'on constateque, som-
mairement,as est identihé &vêca7 aussibien dans les systèmesaccusatifs
(languesCaucasiques du Sud) que dans les systèmesergatifs(languesCau-
casiquesdu Nord-Est).22Cette questionseraabordéede façon plus appro-
fiondie dans un autre article. Ici, il nous reste à souligner que l"effet
miroir' de I'ergativitépar rapport à I'accusativitéest plus parfait en oubykh
(et plus généralementdans les languesCNO) que par exempledans les
languesdaghestaniennes, où le marquagespécifiquede aE produit une
certaineasymétrieen comparaisonavec les languesfamilièresde I'Europe
Occidentale.
'transitifs' dans
À côté de ce grand groupe de verbesbivalents,qui sont
le sensdéfini plus haut, il y en a d'autres,minoritaires,il est vrai, mais
représentant un destypesdeconjugaisonfondamentauxde I'oubykh.Dumézil
"verbes intransitifsavec indice régime indirect", cet indice
les appelleles
'sujet'.
se trouvant en deuxièmeposition, aprèscelui du
Dans la très grandemajorité des cas, I'indice pêrsonnelen questionest
'indirect', c'est-à-dire il est suivi d'un aflixe spécihant sa
effectivement
fonction syntaxiquepar rapport au verbe. Parmi ces affixes, -7a- est sans
doûe le plus fréquentet, du point de vue du sens,le plus vagueet le plus
général(comparableen ceci au françaisà, par exemple).23Il y a un certain
nombre d'autresafÏixes,dont le sensest bien souventplus spécifiqueet
plus concret, allant jusqu'aux complémentsde temps et de lieu. Enfin,
il y a un nombre très limité de verbesoù I'indice personnelde la deuxième
position n'est suivi d'aucun afÏixe; il est placé immédiatementavant la
racine verbaleet ne se distinguedonc pas, de par sa position, de I'indice
du secondactant à I'ergatif que nous venonsd'analyser.Ce n'est que par
I'expressionde I'indéhni (et par la présenceobligatoirede schwadans les
2t4 G. Bossong i Actunce ergalive et transitirité

indicesconsonantiques) que ce groupede verbes(la classeB,a de Dumézil)


'transitifs' (la classeC de
se distinguedu groupe majoritaire des verbes
Dumézil).Nous reviendrons tout à I'heureau problèmede I'indéfini.Pour
I'instant, il s'agit de bien comprendrele fonctionnementde cette classe
verbaleet les problèmesqu'ellesoulève.
'intransitifs à régime indirect' se
Sur le plan formel, les verbes dits
conformentau même schémaque les verbestransitifs,à savoir à la for-
mule (13).Mais sur le plan sémantique, ils leur sont apparemment opposés:
'transitive'sont à interpréter
alors que les rôlescasuelsdansla construction
comme

(20)N^nIl + A
N ^ 0 + I ' + Z

il peut semblerà premièrevue que les rôles casuelsdans la construction


'intransitiveà régimeindirect'sont repartisplutôt de la façon suivante:

(21)N n-tl + Z
N ^ 0 + I - A

Une telle interprétationdes faits semble s'imposer à partir d'exemples


comme

( 2 2 ) a .s .s ' x an. Je le blesse'


'tu
sa.w(e).5'1a.n me blesses'
'vous
5 ' a .S " .5 ' 1 a. n nous blessez'
'l'ennemi (V. l8 I I )
a . l a q a . n w a . f l. 3 ' 1 a . q ' a t'a blessé'
(verbe 'transitif')

d'un côté, et d'exemples comme

(23) a.sâ.ya.n 'il me frappe'


sâ.wâ.ya.n Je te fraPPe'
ya.n 'nous vous fraPPons'
5'e.Soa.
'que la foudrete frappe!' (v.2185)
wa5xoa.Q Q.wa.ya.x
(verbe 'intransitif à régimeindirect')

de I'autre. Ce curieux phénomèned'inversionsémantiquedes rôles casuels


a amenéClaudeTchekhoffà postulerpour I'oubykh un type spéciald'erga-
G. Bossong I Actance ergotive et transiliûré

tivité disjointe (split ergativity).Selon elle, il y aurait en oubykh, à côté


de la constructionergative,une constructionaccusative,le départ entre
'frapper' seraient
les deux étant à baselexicale;certainsverbes,commeya-
'blesser'de con-
de constructionaccusative,certainsautres,comme .iia-
struction ergative.
'verbes
Elle réinterprètedonc la distinction établie par Dumézil entre
transitifs' et 'verbes intransitifs à régime indirect' dans les termes d'une
'verbesergatifs' et 'verbes accusatifs';cela
opposition lexématiqueentre
faisant,elle n'évoquenulle part les caractéristiques, sémantiques ou autres,
qui délimitentles deux classesen question.Nous n'apprenonsrien ni sur
'verbesaccusatifs'et
I'extensionni sur la compréhensionde la classedes
des'verbesergatifs',respectivement.
Or, une telle vue des faits me sembleinadéquatepour plusieursraisons.
La première,c'est qu'un tel type d'ergativitédisjointene semblepas exister
en d'autreslanguesergativesconnues.Il y a, à en juger d'aprèsles descrip-
tions courantes,trois types de coexistenced'ergativitéet d'accusativitéau
seind'un mêmesystèmelinguistique:(l) une distinctionpeut s'établirselon
le temps/aspect du verbe(géorgien,arménien,araméen,hindi etc.2a);(2) une
distinctionpeut s'établirselonlespropriétéssémantiques desactants(dyirbal
et autreslanguesaustraliennes, bourouchaski yasin etc.2s);(3) une distinc-
tion peut s'établir entre le domaine nominal tout entier (qui est alors à
constructionergative) et le domaine verbal tout entier (à construction
accusative) (enga,hua et d'autreslanguespapoua,esquimauasiatiqueetc.26).
L'existenced'une disjonctionqui a pour base des propriétéslexicalesdu
verbe n'est pas établie en linguistique.2TBien sûr, cet argument n'a de
poids qu'en combinaisonavec les autres que nous allons examiner;à lui
seul il n'est pas probant, puisqu'il peut y avoir des caractéristiques qui
ne sont propresqu'à une seulelangue.
Le secondargument,bien plus important, est d'ordre statistique.Comme
nous avons déjà souligné,l'écrasantemajorité des verbes bivalents sont
'transitifs' aux sensdéfini plus haut, soit 'intransitifs' avec un régime
soit
qui est 'indirect' au senspropre du terme, puisqu'il est suivi d'un aflixe
spécihant.Ce n'est qu'une infime minorité de verbes(à peineune douzaine)
qui sont construits selon le modèle de ya-, évoqué tout à I'heure. La
plupart des verbesde la classeB de Dumézil appartiennenten effet à la
sous-classe B,b que l'on devrait considérer,à vrai dire, plutôt comme
unesous-classe de F (classeà affixesspécifiantI'indicepersonnelde deuxième
position).Dans ce qui va suivre,je donne une liste des verbesde la classe
B,a (c'est-à-dire,des verbes intransitifs bivalents dont le second indice
216 G. Bossong f Actance ergalive et transitivité

personneln'est spécihépar aucun affixe28ni substantifincorporé2n)que


omissionsne sont pas
j'espèreêtre complète;il est certainque d'éventuelles
nombreuses.Il y a, d'une part, des verbesdont le prime actant remplit
indubitablementle rôle casueld'actif (A):

(24) p2(al,a^):
'nous ( v .2 1 8 5 )
S'â.wa.ya.n te frappons'
sa.wa.Q'.an Je te mords' ry.r53e)
'il
a.w.meia.n3o t'appelle'
'appelez (v. 1096)
S a w s e r e q o a . ns " a . 0 . m a S an. S. !'
so.w.pSaxo.en Je souflle sur toi' (v. 1295)
sa.we.ya.nrr
'je
te guette' (v. )
'je (v. 1534)
sa.w.qato'.ân m'occupe de toi'
'il
a.s.k"ato'.an m'encercle' ry.82e)
sa.w.k"a )"'a.q'a Je me suis approché de toi (v. 820)

D'autre part, il y a quelquesverbesdont le prime actant remplit le rôle


casuelsoit de I'inactif en général(Z), soit de l"experiencer'(E):

(25) p21att,
a^1:
'ils me manquent'
a.s3.g'a.n
'ceci me manque'
s a l y o ay a n a @ . s a . g ' a . n ff. 684)
'je t'appartiens' (V.2092)
Sâ.Wâ.X
Nart.na s.a.nk' Je suis de la famille des Nartes'
'il (v. l190)
s a y ' aP . s e . n k ' est de ma famille'
(26) p:1a!,a';:
'je
sa.P.me7.an me fâche contre lui'
'nous
5'.a.ma7.a.n nous Èchons contre eux' ry. l12e)
se.w.p)"a.n Je te regarde' N. 1246)

Le troisièmeargumentest sansdoute le plus importani..En interprétant


la classeB,a commeaccusative, on voit mal commentintégrercettestructure
le
dans système du verbe oubykh dans son ensemble.Les régularitéssous-
jacentesà ce systèmene ressortentclairementque dans la perspectived'une
interprétationergativeconsistante.Les indicespersonnelsdu verbe oubykh
forment un tout cohérent;cette cohérencestructuraleest voilée aussibien
dans la présentationde Dumézil (dont le but n'a certainementpas été
d'approfondir le problèmede I'ergatifl)que dans celle de Tchekhoff (qui
considèrecommeaccusativeune structurequi ne I'estpas).On peut résumer
le problèmeen comparantles analysesque donnentdes classesverbalesA,
B, C et D Dumézil32et Tchekhoff33,respectivement:
G. Bossong I Actance ergalire et transiliritë 2tT

(27) classeA: I ^
Dumézil: suJet
Tchekhoff: sujet
classeB: t . I ^
Dumézil: sujet régime indirect
Tchekhoff: sujet agent patient

classeC: l ^ I ^
Dumézil: régimedirect sujet
Tchekhoff: SUJET agent

classeD: I ^ l ^ I
Dumézil: régimedirect régime indirecl suJet
Tchekhoff: SUJET bénéficiaire agent

'sujet' a une place différente selon


Dans I'interprétationde Dumézil, le
qu'il s'agit de la classeB ou C; ceci est dû à la perspectiveeurocentriste
traditionnelledans laquelle se place I'auteur et qui méconnaîttotalement
le caractèreergatif du verbe transitif oubykh. Dans I'interprétation de
Tchekhoff, le sujet reste le même, mais il changede fonction; de plus,
le secondindice a deux fonctionsopposéesselon la classeverbale. Dans
'où
les deux cas,on aboutit au contraired'un système tout se tient'' Quant
à CatherineParis, elle analysele systèmedans la même perspectiveque
"un curieuxdivorceentre la fonction et
Dumézil; elle se borne à constater
le fonctionnementdes mêmesélémentsformels",3asansessayerde fournir
une explicationà ce phénomèned'apparenceétrange,qui se retrouved'ail-
leurs dans les autreslanguesCNO.
La logique du systèmen'apparaît à l'évidenceque si I'on utilise les
notionsde prime actant et de secondactqnt (lesactantscentrquxS'opposant
avx actantspëriphériques) tellesque nous venonsde les élaborer-
Quant à la classeB, j'adopte en principe I'analysede Dumézil, tout en
ré-interprétantsesrésultatscommefaisantpartie d'un systèmeergatif. Ceci
veut dire queje considèrele secondindice des verbesde la classeB comme
représentantun actant périphérique;il ne s'agit pas d'un secondactant
(donc pas d'un accusatifl),mais d'un actant supplémentaire qui peut être
omis sans que la forme verbale devienneagrammaticale(voir ci-après).
Un tel actant périphérique(si I'on veut, un tiers actant) peut être ajouté
aussi bien à un verbe monovalent (classeA + classeB) qu'à un verbe
bivalent (classeC - classeD).
Ici, il convient de souligner un fait d'importance capitale: I'addition
d'un actant périphériquene changerien au statut sémantiquedu prime
actant.Tant qu'il n'y a pas de secondactantdans la mêmeunité syntagma-
218 G. Bossong I Actance ergotire eî transilivitë

tique,le prime actantrestesoumisà la règlede la neutralisationsémantique:


il représenteI'actif et l'inactif lorsqu'il est le seul actant central (classes
A et B) et il représenteI'inactif seulementlorsqu'il se combine avec un
secondactant (classesC et D). Les verbesde la classeB sont aussiintran-
sitils que ceux de la classeA, malgré leur actant supplémentaire;leur
prime actant garde toute l'étenduesémantiquedu prime actant des verbes
de la classeA. Puisque,à I'intransitif,la constructionergativene se dis-
tingue pas de la constructionaccusative,les deux étant caractérisées par
les mêmesphénomènes de neutralisation,on comprendpourquoi la classeB
a pu être considéréecomme accusative.Il n'en reste pas moins que, vu
I'ensembledu système,cette interprétation n'est pas satisfaisante.Sans
avoir des idées précisessur I'ergativité, Dumézil a eu sans doute une
'intran-
intuition correcteen décrivantles verbesde la classeB comme des
sitils à régime indirect'; mais il importe maintenantde précisercomment
cette classes'intègredans I'ensembledu systèmeergatif de I'oubykh. Je
proposel'interprétationsuivante :

(28) classeA: I
_.1 intransitif
dA7.

c l a s s eB : I I
I intransitif
adz

c l a s s eC : I I ^ V
^I
aZ
^tl transitif

classe D I I I ^
I II
az aï aA transitif

1af,r: prime acrantà sénrantisme u!. u[, prime secondactantà séman-


neutralisé:
tisme actualisé;al: actant périphériqueà sémantismevariable(bénéficiaire,etc.)).

Chaque paradigmed'indicesoccupe une position fixe (initiale, médiane,


préradicale);à chaque position correspondune fonction casuelleprécise
qui reste constanteà travers les différentesclassesverbales.Notez que
les indicesde position médianepeuventêtre spécifiés(et le sont en effet
le plus souvent)par desaflixespostposésqui précisentle sensde X dans la
formule aft; ce sont alors les classesF et H (toujours selon Dumézil).
Voilà la structure de base du verbe oubykh, structure cohérentequ'il
faut découvrirsous des apparencesparfois trompeuses.Il est évident que
'sujet' ou 'objet' n'ont guère de sens
des notions traditionnellestellesque
lorsqu'ona affaireà une langueergative.D'où I'intérêt tout particulierque
peuventoffrir les termesplus généraux,et par là plus universels,de prime
G. Bossong I Actante ergatirc et transilivitë 219

actanl et de sec'ond actant que nous avons proposésici. La transitivitéest


constituéepar la présenced'un secondactant en plus du prime actant,
dans les languesergativesaussi bien que dans les languesaccusatives. La
différenceentre les deux est uniquementd'ordre sémantique.
Cette analysedu systèmeverbal oubykh est pleinementconfirmé par ce
que Dumézil appelleles 'formes avec régime indéterminé'.En appliquant
noscritères,la règlede baseselaisseformuleravecla simplicitéde l'évidence:
alors que les indicesdesactantscentrauxsont obligatoires,ceux des actants
périphériques ne le'sont pas. On remarqueranotammentque I'indice de
positioninitiale(primeactant)estindispensable danstouteslescirconstances,
tandisque I'indicede positionmédianepeut toujoursêtre omis. Il n'y a donc
aucunedifïiculté à exprimerune idée comme Je frappe' (au lieu de Je te/
lel...l frappe'),étant donnéqu'il s'agit d'un verbe intransitifbivalent;on
omet tout simplementI'actant périphérique:

(29) sa.ws.ya.n Je te frappe'


sa.@.ya.n Je le frappe'
+ Sâ.!â.r Je frappe'
(30) wa.tXa),
. an sa.0.maSa .n Je lis ta lettre
- ë'a.nse.masa.n J e lis bien'

De la même façon, on a (avecaffixe spécifiant-ya-):

(31) se.w:ya.xoaè'a.n Je te cherche'


- sâ.xoaè'a.
n 'ie cherche'

"Le verbeintransitifindéterminéesttoujoursconjugéen classeA" (Dumézil,


VO 8l): ceci veut dire tout simplementque la bivalencede la classeB est
facultative.
Par contre,on ne peut pasomettrele 'régimedirectindéterminé'(Dumézil)
puisqu'il s'agit justementd'un prime actant obligatoire (actualisécomme
inaôtifen constructiontransitive).Le bivalencede la classeC estobligatoire.3s
Un prime actant indéterminéest exprimé par un indice verbal spécifique,
-1'c-,qui correspondstructuralement, au seindu systèmeergatif de I'oubykh,
au préfixeverbal[ô-] (or) du français,langueaccusative. Sur le plan séman-
tique, ô- remplaceun actant quelconqueà I'actif, alors que ya- remplace
un actant quelconqueà l'inactif; sur le plan formel, ils ont la même fonc-
tion: tous les deux rendent possible I'indéterminationdu prime actant
220 G. Bossong i Actance ergalive eî lransilililé

obligatoire.Le mêmephénomèneseretrouve,avecd'autresmoyensmatériels,
dans les autreslanguesCNO. Je ne cite que deux exemples:

(32) a. s. f . en Je le mange'
- ya.s.f.en Je mange'
(33) wa.è'e(a).z.bya.n Je vois ton cheval'
+ sâyoaya.z.bya.n Je vois fie ne suis pas aveugle)'

Il est évident que ces deux phénomènes(omissibilitéde I'actant péri-


phériqueet emploi d'un indice de prime actant indéterminé)n'ont rien à
voir I'un avecI'autre. Ils sont rangésdans la même catégoriepar Dumézil
simplementparce que, dans la traduction française,il y a omission d'un
complémentd'objet dans les deux cas. Une fois de plus, le recours à la
traduction a empêchéde dégagerles structuresimmanentesde la langue
analysée.

3.

Jusqu'àprésent,nous n'avonscommentéque la morphologieet la séman-


tique des catégoriescasuellesdu verbe oubykh. Or, on sait depuis bon
'erga-
nombre d'annéesque I'ergativitémorphologiqueet sémantique(dite
tivité superficielle')ne va pas nécessairement de pair avec I'ergativitédes
(dite 'ergativitéprofonde'). On a même soutenula
structures syntaxiques
thèSeque, syntaxiquement, la majorité écrasantedes languesergativesse
'propriétés
conformeau modèledeslanguesaccusatives.36 C'estainsi que les
'propriétésde comportementet de
de codage'sont nettementséparées des
contrôle' des opérationstransformationnelles.3t On a prétenduque I'erga-
'profonde' que 'sujet
tivité serait plutôt exceptionnelle et normalementun
'agent transitil
d'intransitif' (alrz) se comportesyntaxiquement commeun
'patient transitif" (al). Sansvouloir me prononcer
(aH) et non comme un
ici sur le bien-fondédu jugementde valeur qui est implicitementcontenu
'profondeur',je ne veux dire que ceci. Il est bien
dans la métaphorede la
curieux de constaterque le seul exemple d'une langue syntaxiquement
ergativequi soit (presque3s) universellement reconnu,c'est précisémentle
dyirbal qui est, parmi les languesergatives,à la fois la mieux décriteet la
mieux analysée,3e au moins en ce qui concerneles structuressyntaxiques.
Je penseque les généralisations de ce genre sont au moins prématurées
G. Bossong f Attance ergative eî lransitiritë

et qu'il ne sera possibled'en formuler que lorsqu'un nombre beaucoup


plus élevéde languesergativesaura été analyséavec la même rigueur et
la même exhaustivitéque le dyirbal.aoDans ce qui va suivre,je n'ai
nullementla prétentionde résoudre,une fois pour toutes, la questionde
'profonde' ou 'superficielle'.
savoir si I'oubykh est une langueà ergativité
Il me semblepourtant utile de rassemblerun certain nombre de faits qui
indiquent que I'ergativité du verbe oubykh n'est pas limitée aux seuls
domainesde la morphologieet de la sémantique,mais qu'elle a des réper-
cussions,'profondes'si I'on veut, sur la syntaxeaussi.
Tout d'abord, il faut prendre en considérationle fait, fondamentalen
oubykh comme dans les autreslanguesCNO, que le verbe contient, sous
n'importequellecondition syntaxique,tous les indicespersonnelsqui expri-
ment sesrelationsavecles actantsnominaux: ces langues-làsont le proto-
type même de la conjugaisonpluripersonnelle.Il n'y a donc pratiquement
pas de 'transformationd'effacement'qui ferait disparaîtreI'un des deux
indices coréferentielsà I'intérieur d'une unité syntagmatiquedonnée; au
lieu d'effacement,il y a anaphorisationcomplète.En d'autresmots, puis-
qu'on dit quelquechosecomme

(34) (That-) I-go l-want-it.


(That-) I-eat-it I-want-it.
Ghar) they-arrest-me I-want-it.

au lieu de

(35) I want to go.


I want to eat it.
I want to be arrested.

la phraseenchâssée est à considérercomme ergativeau même titre que


n'importe quelle phraseindépendante. On serait donc dans f incapacitéde
'profonde'à partir de telsexemples(qui corres-
seprononcersur I'ergativité
pondent à ce qui normalementest utilisé en linguistiqueà cette finat).
La même remarquevaut pour les gérondifs:42les formes infinies du
verbe contiennenttoute la série des indicespersonnels,ils montrent donc
une structureergativetout à fait analogueà celleque nous avons observée
dans les formes verbalesindépendantes. Je cite quelquesexemplespour
illustrer ces propos.
222 G. Bossong f Actante ergative et transilivité

(36)s.k"a.w.n sâ-q'ê.n @.@:wa.),


l s g a l . a l l e r . f u t . n o m m o n - c c e u r . o b3l s g a r . 3 s g a n . d a n s . ê t r e
'J'ai
I'intention d'aller (lit. que j'irai est dans mon cæur).'
(37) wa-za.ne wa.k"a.g'a 0.5'.aw.ma.t
t o i - s e u l. a d v 2 s g a l . a l l e r .g é r 3 s g a l . ê t r e .f u t . n é g . f u t
'Tu
ne peux pas aller seul (lit. que tu ailles seul ne sera pas).'(verbe intransitil)

(38) a.z.bya.s'a 0.z.y"a.n


3 s g a l . l s g a l l . v o i r . g é r3 s g a l . l s g a l l . d é s i r e r . p r é s
'Je
veux le voir (lit. que je le voie je le veux).'
(39) a.s'.k"a)"'ay.an tât a.i'.t''aday.g'â
3 s g a l . l p l a n . s ' a p p r o c h e r . p r éhso m m e 3 s g a l . l p l a l l . r e n v o y e r . g é r
a . 5 ' a. l a y s o a. m a
3sgal. lpl all.avoir pour coutume.nég
'Ce
n'est pas notre coutume de renvoyer un homme qui s'approche de nous [comme
h ô t e ] ( i t . q u e n o u s l e r e n v o y i o n su n h o m m e . . . n o u s n e I ' a v o n s p a s p o u r c o u t u m e ) . '
( 4 0 ) p ' e " a a . 5 ' . q ' a 5 a . m e .s7a. a.5'.aw.aS
h ô t e 3 s g a l . l p l a l l . v o u l o i r . n é g . v o u l o i r . g é r3 s g a l . ê t r e . f u t . i n t
' E s t - i l p o s s i b l eq u e
nous ne voulions pas d'hôte? (lit. que nous ne le voulions pas
un hôte, sera-t-il'l).' (verbes transitifs)

Si, dans le domaine de la phrase enchâssée en général,nous pouvons


dire que le verbene change pas de forme par rapport à la phraseindépen-
dante et qu'il est, par conséquent,aussi ergatif dans la subordonnéeque
dans la principale,nous avons, dans le domaine de la phrase relative,a3
une preuvepositivedu caractèreauthentiquement ergatifdu systèmeverbale
oubykh. Commenous avonsvu, I'ergativitédu verbedans la phraseprinci-
pale est inhérentà sa structuremorphologiqueinterne dans la mesureoù
les indicesconsonantiques ont soit la forme canoniqueC^e (prime actant),
soit C^0 (secondactant).À la troisièmepersonne,par contre,I'indiceest
soit a, soit 0, sansdistinctionformelleentreles actants;I'ergativitérésulte
alors uniquementde la référencedes syntagmesnominaux indépendants,
effacésen surlaceou non. Or, dans le verbe de la phrase relative, les
indicespersonnelsde la troisièmepersonnesuivent le modèle ergatif non
seulementpar leur référenceaux syntagmesnominauxcorrespondants (qui,
dans ce casJà,sont nécessairement effacésen surface),mais aussipar leur
structure morphologiqueinterne. Concrètementcela signifie que I'indice
se rapportant par cataphoreaaà un prime actant à I'absolutif (effacéen
surface)est formellementdifférent de celui qui se rapporte à un second
actant à I'ergatif (effacéen surface).Cette forme ergativede I'indice per-
sonnelest pareilleà cellede toutesles autresfonctionscasuelles:bénéfactif,
locatif etc. Nous retrouvonsdonc dans la forme verbalela distinction faite
G. Bossong I Actance ergûtirc et transitiritë 223

'cas direct' (cas zéro : absolutifl et le 'cas oblique'


dans le nom entre le
(casen -r : ergatif et toutes les fonctionspériphériques). Cette distinction
est réaliséeformellementpar I'oppositionentre les indicesde la troisième
personneordinaires(q-,y-,0), qui serventà indiquerla fonctionabsolutive
du syntagmenominal effacé,et un indicede troisièmepersonnespécial(-d-),
qui se rapporte à n'importe quel syntagmenominal oblique effacé.
Sous I'effet de la transformationrelative,circonstancequi devrait faire
ressortirle caractèresuperficielde I'ergativitéselon les hypothèsesd'An-
derson et d'autres, le verbe oubykh est donc plus manifestement,plus
'superhciellement'ergatif que dans la phrase principale. Loin de révéler
'profonde', les transformationsd'effacementdu syntagme
une accusativité
nominal (obligatoireen phrase relative) et de cataphorisationpar indice
personnelfont apparaîtreen 'surface',c'est-à-diresur le plan morphologique,
le caractèreprofondémentergatif du verbe oubykh.
On peut schématiserce qui vient d'être dit de la ,façon suivante.La
structurede la principaleavecverbe intransitif:
^ ^
(41)Nl/z E_l_r v
ne subit comme changementque I'effacementdu nom co-réferentieldans
la relative:

(42\- {tNlo, 0 l+ r V)+N^...v

Quant à la principaleavec verbe transitif, une règle tout à fait analogue


estappliquéesi la relativisationporte sur un syntagmenominal à I'absolutif:
^ ^
(43)NT T + N t ^ 0 - + l v v4s
^ ^I'^V)+N^...
* {Ni n + t N f ^OJI-I
(:44) V

Si, par contre, la relativisationporte sur un syntagmenominal à I'ergatif,


il y a, en plus de l'effacement,un changementde I'indice personnelI':
^ ^
(45)- {tNTo pJ+ N! 0-! v} + N^ ... v

où I* est à interprétercomme

(46) I* - -d-
G. Bossong I A(1ance ergative et tran.\itivitë

(Danscesschémas, ^ symbolisela co-référencialité


des syntagmesnominaux
indexés;{} indiqueles limitesde la phraserelative;les syntagmes nomi-
naux entre[] sont obligatoirement effacés.)
Illustrons les régularitésde la relativisationen oubykh par quelques
exemples;à cet effet, j'ai dépouillésystématiquement le corpus de textes
contenudansDumézil,Doc'uments anatoliensIII (DA dansce qui va suivre).
Les exemplesproviennentsoit de ce corpus, soit de I'ouvragede Dumézil
sur le verbe oubykh (VO). Je donne d'abord quelquesexemplesde verbes
intransitifs(règle(42)):

(47) wa-y.k"a.q'a.yt' tât.ân yâ.n.t'.q'a


hier-hera6. venir.prét.impf homme.obl 3sgal + 3sgan.3sgall . donner.prét
'Elle la donna
[a bouteille]à I'hommequi était venu.' (DA 49148)
(48) a.y.k"a.q'a tât.ân a.x'ag'a3as' yâ.t".ân
3 s ga l . h e r a 6 . v e n i r . p rhéotm m e . o bal r t d é f . s u l t a n a3ts ga l + 3 s g a n . d o n n e r . i mppl
'Donnezle sultanatà I'hommequi est venu.' (DA llli 192)
(49) a.yc"a.t".q'a.yt' tât
3sgal. terre.être.prét.impf homme
'l'hommequi avait été couchépar terre' (DA 15li30)

Voici ensuitequelquesexemplesde verbestransitifs avec relativisationdu


prime actant (règle(:44)):o'

(50) v"a a.wâ.w.awtâ sâ


toi 3sg at.2sg all.emporter.fut bois
'le
bois que tu emporteras' (DA l63i6l)
(51)sy"asâ-na.n a.z:j'a.na.!.q'a
moi ma-mère.obl 3sg al.lsg ar.avec.3sg all .faire naître.prét
sa-j'apx'a.n wa.g'aÔ'
m a - s æ u r. o b l 2 s g a l . ê t r e p a r e i l
'Pour (DA
moi, tu'es comme ma scur que ma mère a mise au monde avec moi.'
7 7 1 3 3e t 5 0 )
(52) za.psak''ade.goara a.w.5'.q'a, a.w.3'.q'a
a r t i n d é f . p é c h é . q u e l q u3es g a t . 2 s g a l l . l a i r e . p r é t 3 s g a l . 2 s g a l l . f a i r e . p r é t
p s a k ' a d aa . w . q ' a . b a l a . . .
péché 3sgar.3sgarr.dire.si
'Tu (DA
a s c o m i s u n c e r t a i n p é c h é .S i t u [ m e ] d i s l e p é c h é q u e t u a s c o m m i s [ . . . ] '
t)
I t4127

On notera la présencede l'indice relatif -d- dans tous les exemplessuivants


où la relativisationporte sur le secondactant (règle(45)):48
G. BossongI Actanceergativeet transitivité 225

(53) wa.mez 0.da.k''.q'a tet


ton-enfant3sg al .rel all . tuer.prét homme
'l'hommequi a tué ton enfant' (DA ll5i290)
(54) a.san a.y.da.w.q'a yanez
art déf.table 3sg al.vers ici.rel all.amener.prét géant
'le géant qui
a apporté la table' (DA 162117)
( 5 5 ) s r " as a . y . d a . w e j ' . q ' a yanxz.
m o i l s g a l . v e r s i c i . r e l a l l . p o r t e r . p r é tg é a n t
'le géant qui m'a
apporté ici' (DA l65i 106)
(56) a.px'adak'' 0.da.q'aiaT.q'a naynSo
art déf.jeune fille 3sg al.rel all.vouloir.prét jeune homme
'le jeune
homme qui voulait la jeune fille' (DA l5l/l l)
( 5 7 ) s a. m y ' a @. f a . d a . q ' . q ' a . n a
mon-chemin 3sg al.sur.rel all.couper.prét.pl obl
'ceux qui m'ont coupé le chemin' (DA 86i69)
( 5 8 ) * a n a . n a g ' a S 0' . 0 . y a . d a . t ' ' a . q ' a . y t '
ce.obl mal 3sgal.3sg an.à.rel all.faire supporter.prét.impf
a.Sa.k"abZ'a.na ayaw-bla blaT'a 0.5'.q'a.n
a r t d é f . t r o i s . h o m m e . o b l p l l e u r s - y e u xa v e u g l e 3 p l a l . d e v e n i r . p r é t p l
'A
ces trois hommes qui lui avaient lait du mal, leurs yeux devinrent aveugles.' (DA
I I 3i203)4e

Il est donc indéniablementvrai que sous I'influencede la transformation


'objetstransitifs'(en termesde traduc-
relativeles 'sujetsintransitifs'et les
'sujets transitifs' (en
tion) sont traités de façon identique,alors que les
termesde traduction) subissentun traitementdifférent. Dans ce domaine
au moins,la syntaxede I'oubykh estdonc aussiergativeque sa morphologie.
En guise de conclusion,j'aimerais faire un bref commentaireau sujet
de l"accessibilitédes syntagmesnominaux'. D'après Keenan et Comrie,
il y aurait une hiérarchie universelledes relations grammaticalesselon
'objets
laquelleles 'sujets' sont plus accessibles à la relativisationque les
directs'; ceux-ciplus que les'objets indirects';et ceux-ci plus que les
'syntagmes 'sujet'
nominauxobliques'.soDans cettehiérarchie,les termesde
et d"objet direct' sont pris dans leur senstraditionnelqui prend son point
de départ aux langueseuropéennes les plus familières,à commencerpar
le grec et le latin classiques.En ceci, le travail de Keenan et Comrie res-
sembleà tant d'autres,d'inspirationpareille.
Nous venons d'observerque I'oubykh présenteune nette bipartition
dans le domaine de la relativisation: (l) les phrasesà indices verbaux
'normaux'(a-,0,...); et (2) les phrasesà indiceverbal -d-, que I'on peut
'marquées'par rapport aux autres. Or,
considérerà juste titre comme
cette bipartition, si elle correspondparfaitementau caractèreergatif de
226 G. Bossong I Actanæ ergalire et transitirité

I'oubykh,n'entrepasdansle cadredescriptifproposépar Keenanet Comrie:


'sujet'et d"objet direct' à I'oubykh?
commentappliquerles notionsde
Il me sembleindispensablequ'une théorie destinéeà faire partie d'une
'grammaireuniverselle'doit envisager,au moins sous forme d'hypothèse,
I'existencede languesà structuresyntaxiqueautre qu'accusative.Une telle
théorie doit rendre compte du fait que des languesont effectivementété
'profondes',et que,
décritescomme ergatives,et même comme ergatives
par conséquent,des termeschargésde tout le poids'de deux millénairesde
linguistiqueétroitementeurocentriste (encoreignorait-onpendantlongtemps
la spécificitéd'une langueeuropéennecomme le basque!) peuvents'avérer
inadéquatsparce que trop intimement liés à un type de langue donné.
Si les vues théoriquesd'un linguistetel que Dumézil, généralementlumi-
neuseset perspicaces, sont parfois fausséespar l'influence de ces termes
traditionnels,ceci est non seulementpardonnable,c'est plus que compensé
par I'immensitédu travail factuel accompli. Il en va autrementpour des
entreprises théoriquesà viséeuniversaliste.
'sujet' et d"objet direct' sont
En grammairerelationnelle,les termesde
poséscommedes axiomes.Sanssouleverici la questionde savoir si, pour
'science',la linguistiquea vraiment besoin d'être axiomatisée,
devenirune
notons simplementque ces notions sont pourvuesd'un pouvoir d'abstrac-
tion trop faible pour prétendreà un statut axiomatique en grammaire
universelle.Sansdoute les observationsempiriquesqui ont amenéKeenan
et Comrie à postuler une hiérarchied'accessibilitésont-ellesvalablesen
elles-mêmes. Encorefauril formuler ce postulat de façon à ce qu'il puisse
rendre compte des faits d'une languecomme I'oubykh sansacrobaties.
Les termesproposésici de prime aclant et de secondqctant sont plus
abstraits,c'est-à-direplus universellement applicablepar le seul fait qu'ils
s'en tiennent strictementau plan formel et permettentpar là une com-
paraison directe entre les structuresergative et accusative,comparaison
impossiblesi I'on utilise les termestraditionnels.Je ne veux pas dire par
'sujet' et à l"objet
cela que cestermesnouveauxdevraientse substituerau
direct' de la grammairerelationnelleen tant qu'axiomes.Il suffrt de prendre
en considérationla structuredes languesdites activespour se convaincre
de ce que le prime etle secondactant,eux non plus, ne sauraientprétendre
au statut d'universaux.slIl n'en restepas moins que cette terminologie
permetaisémentd'intégrerles observationslaites ici à propos de I'oubykh
(et que I'on peut faire en bien d'autreslanguesergatives)dans le cadre de
I'hypothèseuniversalisteémisepar Keenan et Comrie. Il est évident que
I'accessibilitéà la relativisationest semblableen oubykh à celle des langues
G. Bossong ! ALtance ergaîive et tran.sitit'ité 227

connuessi nous reformulonsla hiérarchiede Keenanet Comrie


accusatives
commesuit:

(59) al , ull , nnsz

En oubykh,commeen tant d'autreslangues,le point de coupurese place


entre al et all. Des recherches empiriquesà la fois plus ampleset plus
pousséespermettront de voir si cette formule, établie ici en vue d'une
comparaisonentre I'oubykh, langue ergative,et des languesaccusatives,
est valableau-delàde ce domainelimité. De nombreuxindicesme semblent
parleren faveurd'une telle hypothèse.Mais cecidemanderaun autre article.

Notes

t Voir p.ex. Dressler 1977. Yoir aussi la théorie du ty'cle rëcessi/ et du t1'ry'e erpansi/
proposée dans Bossong 1980a.
2 Procope mentionne (dans De bello gotico IV,4) un peuple nommé Bpoù1ot que l'on
s'accorde généralement à considérer comme les ancêtres de nos oubykhs. Voir Dumézil 1965
( D A I I I ) : l 5 p o u r l e s r é f é r e n c e sp r é c i s e s .
3 Dumézil 1975(VO):7.
a Le tableau des 8l phonèmes consonantiques qui, après bien de tâtonnements et de véri-
fications, est à considérer comme I'inventaire définitil', se trouve dans Dumézil 1975 (VO): 13.
Voir aussi Leroy et Paris 1974.
s V o i r D u m é z i l l 9 3 l : 2 l ; 1 9 5 9 a :v t l ; e t s u r t o u t 1 9 7 5 :9 . V o i r a u s s i l e s r e m a r q u e s d e P a r i s
1969: 159. Notons de passageque les arguments invoqués dans Paris 1979 contre le caractère
e r g a t i f d e l a p h r a s e t c h e r k e s s em e s e m b l e n t p e u c o n v a i n c a n t s ;j e p e n s e q u e s u r c e p o i n t l e
tcherkesse ne se distingue pas foncièrement de ce que nous allons constater en oubykh,
malgré d'indéniables divergencesde détail. Puisque I'objet de la présente étude est I'oubykh
et non le tcherkesse,je ne reviendrai pas ici sur I'argumentation de Paris qui mériterait
certainement une analyse détaillée.
6 Tel est le titre du travail fondamental de 1964. Voir aussi les autres travaux de Dane5
cités dans la bibliographie; des contributions récentes importantes sont Hagège 1980; Heger
1980,1981,1982.
7 Ceci est un développement des idées exprimées dans Lazard 1978: 50 et suiv. J'ai proposé
des distinctions analogues, entre autres, dans Bossong 1980b:42-49.
8 Je répète une fois de plus que I'usage que je lais de ces termes n'est pas identique avec
celui de Tesnière qui, lui, mélange les critères lormels et sémantiques. Icr, prime actant el
se{ond o(tant sont définis sur le seul plan formel. Voir Bossong 1979a:57 58; 1980c:5;
1 9 8 0 d :3 6 1 3 6 2 .
e L'importance capitale de cette notion de neutralisation sëmanlitlue des rôles casizr,/sn'a pas
encore été comprise en linguistique. À mon avis. c'est là le seul moyen de résoudre certains
des problèmes les plus graves inhérents aux théories casuelles aussi bien fonctionnaliste
228 G. Bossong f Actante ergative et lrdnsitivilé

que générativiste.Voir à ce propos les remarques critiques, et combien pertinentes, de Serbat


l98l: 173 174 er 200 201.
to J'ai insisté sur cette idée à plusieurs reprises; voir notamment Bossong 1980c: G7. Voir
aussi Heger 1981.
rr Parmi les nombreux travaux que I'on pourrait citer dans ce contexte, je ne mentlonne
ici que Moravcsik 1978 ou la notion d'ergatif est explicitement liée à la présence de marques
casuelles nominales. Toute la présente étude me semble prouver sulfisamment qu'une telle
limitation de la notion d'ergativité est inadmissible
t 2 c o m m u n i c a t i o n p e r s o n n e l l e .À c o m p a r e r a u s s i l a h i é r a r c h i ç d e s a c t a n t s p r o p o s é e p a r
Rebuschi 1979.
r3 L'argument de la répartition quantitative des divers actants est souligné aussi chez Serbat
l98l: 164.
14 En plus, il laut prendre en considération le fait que les textes imprimés s'échelonnent
sur un laps de temps assez important et que les idées sur le système phonologique (et
morphologique) de I'oubykh a subi bien des modifications pendant ce tempslà. La notation
du schwa étant tout particulièrement soumise à des vacillations, on ne s'étonnera pas de
I'aspect peu homogène que présentent les textes imprimés à cet égard. Dans ce qui va suivre,
j e m e s u i s a b s t e n u d e t o u t e t e n t a t i v e d e ' n o r m a l i s a t i o n ' ; j e c i t e l e s e x e m p l e st e l s q u ' i l s s e
présentent dans les textes, ce qui ne va pas toujours sans contredire en partie les paradigmes
établis ici.
1s Ici s'impose, évidemment, la référence à Benveniste 1946.
16 Récemment, cette ressemblancetypologique de I'abkhaz d'une part et des langues maya
d e I ' a u t r e a é t é r e l e v ê ep a r C o m r i e 1 9 7 8 : 3 3 9 - 3 4 0 . V o i r à p r o p o s d e s l a n g u e s m a y a p . e x .
Larsen et Norman 1979; Tozzer 1921: 42 43; Romero Castillo 1975.
t1 Relevé effectué sur la base du dictionnaire de Vogt. Notons de passageque ce dictionnaire,
indispensable mais dépassé en bien des points, est en train d'être complètement remanié
par M. Dumézil en collaboration avec M. Charachidzé et M. Tevhk Esenç. Toutes les données
ont été vérifiées par M. Charachidzé sur la base des matériaux réunis pour le nouveau
dictionnaire. Qu'il soit ici encore remercié de son aide précieuse!
18 Le préfixe -j'- sert à atténuer I'impératif; voir Dumézil 1975: 157-158; -n marque ici
le pluriel, pas le présent comme dans les autres exemples.
re -;: suffixe de I'optatif (Dumézil 1975: 155 156).
20 a.ndya'le soleil' est facultatif dans cette expression.
2t Citation de Dumézil 1965: 163,phrase 40.
22 Ce problème a été brièvement évoqué dans Bossong 1979b:7Ç76'
23 Voir Dumézil 1975:79 80. Ce caractère extrêmement vague de -},4- a sans doute amené
Dumézil à classer les verbes avec -ya- comme un sous-ensemblede la classe B (B,b), les
séparant ainsi de la classe F (verbes comportant des suffixes plus spécifiques). À mon avis,
u n e t e l l e s é p a r a t i o nn e s e j u s t i f i e p a s ; l e s ' v r a i s ' v e r b e s B n e s o n t q u e c e u x d e l a c l a s s e B ' a
de Dumézil, la classe B,b formant un sous-ensemblede F.
24 Les faits du géorgien et du hindi sont bien connus (Vogt l97l:87 90; McGregor 1977:
71 75; etc.); pour l'arménien voir p. ex. Benveniste1952; pour I'araméen moderne voir
p . e x . N ô l d e k e 1 8 6 8 :2 1 9 2 2 5 , 3 1 ' 7 3 1 9 , e r c .
2s C'est le fameux'silverstein split', voir Silverstein 1976, etc. Une contribution importante
à notre connaissance du phénomène est fournie par Tchekhoff 1979, notamment en .ce qui
concerne les langues en dehors de I'Australie. Voir à propos du bourouchaski yasin le c.r.
G. Bossong I Actance ergaîive et transitivitë 229

'split'
de Kôdderitzsch 1976 (le yasin présente un de type 2, alors que le hounza est de
type l). À comparer aussi la bipartition des langues ergatives proposée par Trask 1979.
26 Voir Li et Lang 1979 à propos des langues de la Nouvelle-Guinée; Vaxtin 1979 à propos
d e I ' e s q u i m a u a s i a t i q u e .L e p r o b l è m e g é n é r a l e s t é v o q u é d a n s C o m r i e 1 9 7 8 : 3 4 0 .
21 À moins que la distinction des verbes 'canoniques transitifs' et des verbes 'moyens' dans
la plupart des langues polynésiennes ne soit à considérer comme un exemple de ce type
de disjonction; voir p. ex. Chung 1978: 4ç94. Il me semble pourtant que cette distinction
relève plutôt d'un traitement différent d'ae et d'ar, comme dans la majorité des langues du
Caucase (voir plus haut). Il m'est impossible d'approfondir cette question ici.
2a Par là sont exclus des verbescomme sa.A:ya.l'q'ada.n
Je le heurte, touche'(affixe -,ra-
'il
de signification générale) et, bien sûr, des verbes comme a . È' . v'a . s est parmi nous'
(aflixe spécifique -ua-'dans') dont la construction ne saurait prêter à discussion.
2e Par Ià sont exclus des verbes comme sa.v'-ia.c"aya.n
Je te gifle' (substantif incorporé
-id- 'tête') où I'on pourrait considérer I'index de position médiane comme un possessif.
30 Citation de Dumézil 1965: 78, phrase 54.
3r Ce verbe ne figure pas dans V. Il a été découvert par Dumézil et Charachidzé avec
Tevfik Esenç dans les années 60. M. Charachidzé me le communique sous réserve, étant
d o n n é q u e l e s c o n s t r u c t i o n sa v e c a f f t x e s p é c i f i a n t( s a . v ' ; o . y a . n , s a . A : y a . y a . n , e t c . ) s e m b l e n t
être plus courantes.
f,2 Dumézil 1975:85 86; la représentation des indices sous forme d'un tableau d'ensemble
se trouve dans Dumézil 1967 (DA V):29 à propos de I'abkhaz, de structure pareille.
33 Selon Tchekhoff 1978:130. Notez qu'elle distingue entre le SUJET de la construction
ergative, le sr4ct de la construction accusative et le sujet des autres constructions.
34 Voir Paris 1969: l8l. Le problème est également mentionné dans Charachidzé 1968: 56.
35 Selon Sasse 1978:235-237, la non-omissibilité de I'absolutif (que I'on peut comparer
à la non-omissibilité du sujet dans les langues accusatives)est un trait commun à la plupart
des langues ergatives.
36 Voilà la thèse bien connue d'Anderson 1976,qui a influencé considérablementla discussion.
31 La distinction des 'coding properties' et des 'behaviour and control properties' a été
proposée pour la première fois par Keenan 1976:324.
38 Comme on sait, il y a eu une controverse même à propos du caractère ergatif 'profond'
d u d y i r b a l , s e u l e l a n g u e r e c o n n u ec o m m e ' p r o f o n d é m e n t ' e r g a t i v e p a r A n d e r s o n ; v o i r H e a t h
1979, 1980; Dixon 1979.
3e Sans doute le livre de Dixon 1972 reste-t-il une contribution capitale aux problèmes
de I'ergativité.
40 Il est remarquable que des structures ergatives 'profondes' apparaissent dès que I'on
entre dans les détails de bien des langues auxquelles Anderson n'a pas prêté attention; voir
par e4emple Larsen et Norman 1979 pour les langues maya; ou bien la présente étude pour
les langues CNO (l'abkhaz et le tcherkesse présentent, dans le domaine grammatical que
nous allons analyser ci-dessous, les mêmes caracléristiques fondamentales que I'oubykh).
Voir aussi Sasse 1978: 234 et sutvantes.
4t Voir p.ex. Anderson 1976:8 9: Comrie 1978:343-344.
42 Voir à ce sujet Dumêzil 1975: 190 196.
4 3 V o i r à p r o p o s d e l a r e l a t i v i s a t i o nd a n s l e s l a n g u e sC N O D u m é z i l 1 9 7 5 : l 8 l - 1 9 0 .
44 Le rapport s'établit le plus souvent par cataphore (et non par anaphore) parce que,
étant donné que I'oubykh est une langue à verbe en positipn finale ('SOV'), la phrase
relative normalement precède le syntagme nominal qu'elle détermine.
230 G. Bossong i At'lante ergatir'? el transili|itë

4 5 J ' i n d i q u e e n t r e p a r e n t h è s e sq u e d a n s c e s c h é m a( c o m m e e n ( 1 3 ) c i - d e s s u s )l ' o r d r e i n d i q u é
des syntagmes nominaux correspond à I'ordre préférentiel dans la phrase. Cela signifie que
I'ergatif précède I'absolutif dans I'ordre non-marqué comme c'est d'ailleurs lo cas dans beau-
c o u p d ' a u r r e s l a n g u e s e r g a t i v e s .É v i d e m m e n t , c e c i e s t d û à u n e c e r t a i n e a f f r n i t é d e I ' e r g a t i l
avec la fonction thématique. Voir à ce propos les remarques de Sasse 1978: 237 238; Bossong
1 9 8 0 b : 4 84 9 .
ao Au sensde I'allemand ('vers ici')!
1 1 C o m p a r e z l a p h r a s e - t y p e :a . \ ' a . s . t " . a n 'la pomme que je 'donner';
4rc te donne' (l'
'pomme') (VO
2zr 184).
48 Comparez la phrase lype::o-elu A.sa.da.to.an tat'l'homme qui me donne une pomme'
(:c'art. indéf.')(VO 184).
4e Comparez,à propos des fonctions 'obliques' de I'indice relatif -/. l e s p h r a s e s - t y p es u i -
v a n t c s : : . r - r r . r A . d a . s . t o t. a tn' l ' h o m m e à q u i j e d o n n e u n e p o m m e ' ; : 0 - t 1 t u 0 . l : - r ' u . t r a . s . l o . ) n
'l'homme pour qui (ou: 'pour':
tal de la part de qui) je te donne une pomme' (.r'a assimi-
'génitif'
l a t i o n r / > / ) . A n o t e r é g a l e m e n tq u e l a r e l a t i v i s a t i o nd u est encore plus ntarqué
que celle des relationsoblique: I'indice relatif est alors extrait du verbe et préhxé au groupe
'préf'.
p o s s . + s u b s t . ' : c o m p a r e z l a p h r a s c - t y p es u i v a n t e : d . y a - q % d x a . q ' a t a l ' l ' h o m m e d o n t
l c l l l s e s t m o r t ' ( y n ' p r é f . p o s s .d e 3 ' p e r s . ' ; q " a ' f i l s ' ) ( t o u s l e s e x e m p l e sc i t é s : V O 1 8 4 ) .C e c i
c o n f i r m e l a v a l i d i t é d e l a h i é r a r c h i ed e l ' a c c e s s i b i l i t éd e s s v n t a s m e sn o m i n a u x d e K e e n a n e t
Cornrie. voir ci-dessous.
50 Voir Keenan et Comrie 1977. 1979: Comrie et Keenan 1979 et la littérature citée dans
c e s t r a v a u x . C o m r i e e t K e e n a n i n d i q u e n t e u x - m ê m e s( 1 9 7 9 : 6 5 0 ) q u ' i l s o n t p r i s l e s t e r m e s
'sujet', 'naïf" plus
de d"objet direct' etc. dans leur sens ou moins traditionnel' et que, par
'domaine
conséquent, leur d'applicabilité est restreint'. A noter que le seul exemple où la
hiérarchie SU-DO est renversé, c'est précisément le tongien, seule langue ergative contenue
d a n s l ' é c h a n t i l l o n d e l a n g u e sa n a l y s é p a r K e e n a n e t C o m r i e ( v o i r C o m r i e e t K e e n a n 1 9 7 9 :
662n
sl 'actif'
Voir à propos du type linguistique Bossong 1980d et la littérature citée dans ce
travail.
s2 Avec, bien sûr, toutes sortes de sous-classificationsde la fonction atr; voir note 49 ci-dessus.

Bibliographie

A. Oub.t'kh (et outres langues tautasiques du Nord-Ouestl

A l l e n , W . S . , 1 9 5 6 . S t r u c t u r e a n d s y s t e m i n t h e A b a z a v e r b a l c o m p l e x . T r a n s a c t i o n so f t h e
PhilologicalSociety 127 176.
B o u d a , C . , 1 9 6 0 . E t y m o l o g i e so u b y k h . J A 2 4 8 , 1 9 9 2 0 2 .
n p r a c h e n .D a n s :
D i r r , A . , 1 9 1 6 .D i e S t e l l u n g d e s U b y c h i s c h e ni n d e n n o r d w e s t - k a u k a s i s c h eS
Aufsàtze zur Kultur- und Sprachgeschichte(Festschrift E. Kuhn), 4lT4l9. Mùnchen.
Dirr,A., 1927i1928D . i e S p r a c h e d e r U b y c h e n . C a u c a s i c a4 , 6 4 1 4 4 ; 5 , I 5 4 .
D u m é z i l , G . , 1 9 3 1 . L a l a n g u e d e s o u b y k h s . C o l l e c t i o n l i n g u i s t i q u ep u b l i é e p a r l a S o c i é t é d e
l i n g u i s t i q u ed e P a r i s ( P a r i s ) 3 5 .
Dumézil, G., 1932. Études comparatives sur les langues Caucasiennesdu Nord-Ouest. Paris.
G. Bossong I Actance ergative et transitirité 2-31

Dumézil,G., 1933.Recherches comparativessur le verbecaucasien. Paris.


Dumézil,G., 1955.Les gutturales de I'oubykh.BSL 51, 176 180.
Dumézil,G., 1957.Conteset légendes desOubykhs.Travauxet Mémoiresde I'lnstitut d'Eth-
nologie(Paris)60.
Dumézil,G., 1958.Le vocalisme de I'oubykh.BSL 53, 198203.
Dumézil,G., 1959a.Étudesoubykhs. Bibliothèquearchéologiqueet historiquede I'lnstitut
Françaisd'Archéologied'lstanbul (Paris)7.
Dumézil,G., 1959b.Trois récitsoubykhs.Anthropos54, 99 128.
Dumézil,G., 1960.Documentsanatolienssur les langueset les traditions du CaucaseI.
Bibliothèquede I'lnstitut Françaisd'Archéologied'Istanbul(Paris)9.
Dumézil,G., l96la. L'Arménienet le prince tcherkesse, récit oubykh. HandêsAmsoreay75,
855 868.
Dumézil,G., 196lb. La jeune fille intelligente,récit oubykh. Transactionsof the Philological
Society56 67.
Dumézil,G., 196lc.Chah Meymun,texteoubykh traduit et commenté.OrientaliaSuecana10,
32 7t.
Dumézil,G., 1962a.Documentsanatolienssur les langueset les traditionsdu Caucase,II:
Textesoubykhs.Travaux et Mémoiresde I'lnstitut d'Ethnologie(Paris)65.
Dumézil,G.,1962b.La malignitédes femmes,deuxvariantesoubykh.ZDMG l12 (NF 37),
9+t05.
Dumézil,G., 1963.Caucasiquedu Nord-Ouestet parlers scythiques.Archivio dell'Istituto
Orientaledi Napoli, SezioneLinguistica5, 5 18.
Dumézil,G., 1965.Documentsanatolienssur les langueset les traditions du Caucase,III:
Nouvellesétudesoubykh. Travaux et Mémoiresde l'lnstitut d'Ethnologie(Paris)71.
Dumézil,G., 1967.Documentsanatolienssur les langueset les traditions du Caucase,V:
Étudesabkhaz.Bibliothèquede I'lnstitut Françaisd'Archéologied'lstanbul (Paris)21.
Dumézil,G., 1969.Analysede mots oubykhs.Word 25, l0+113.
Dumézil,G., 1971.Basqueet caucasique du Nord-Ouest,examende rapprochements lexicaux
récemmentproposés.JA 259, 139-161.
Dumézil,G.. 1972et suiv. Notes d'étymologieet de vocabulairesur les languesCaucasiques
d u N o r d - O u e s t . J A 2 6 0 , 7 1 4 ; 2 6 7 , 1 9B2e9d; i K a r t l i s a 3 I , 2 4 3 5 : 3 2 , 4
3 7 : 3 4 ,1 Ç 2 3 ;
36, 9 16l MélangesBenveniste 143 151.
Dumézil,G., 1975.Le verbeoubykh.Étudesdescriptives et comparatives (avecla collaboration
de Tevfik Esenç).Mémoiresde I'Académiedes Inscriptionset Belles-Lettres (Paris)nouvelle
série,l.
Dumézil,G.,1976.Compléments et corrections au'Verbe oubykh'(1975).Bedi Kartlisa34,
9 15 [contientnotâmmentles derniersS$ du chapitreIV qui ont été oublié lors de I'im-
preision du livre].
Dumézil,G., Tevfik Esenç, 1979.Petitesépopéestcherkesses en oubykh. Bedi Kartlisa 37,
t5 32.
Dumézil,G., A. Namitok, 1954.Le systèmedes sonsde I'oubykh. BSL 50, 162 189.
Dumézil,G.,A.Namitok, 1955et suiv. Récitsoubykhs.JA 243, 147;243,439499;247,
149 l'10;248, 431460; 249, 269 296; 251, | 19.
Kumachov,M.4., 1967a.Ubychskijjazyk. Dans: Jazyki narodov SSSR,V: Iberijsko-kav-
kazskiejazyki, 689 704. Moskva.
Kumachov,M.A., 1967b.K problemeèrgativav adygejskom,kabardinskomi ubychskom
232 G. Bossong I Actance ergative et transitivité

jazykach. Dans : Èrgativnaja konstrukcija predloZenija v jazykach razliénych tipov, I 68- I 73.
Leningrad.
Kumachova, z.Ju., 1967. Èrgativnaja konstrukcija v ubychskom jazyke. Dans: Ergativnaja
konstrukcija predloZenija v jazykach razliènych tipov, l80 l83 Leningrad.
Leroy, C., C. Paris, 1974. Étude articulatoire de quelques sons de l'oubykh d'après un film
aux rayons X. BSL 69,255 286.
Mészâros, J. von, 1934. Die Pâkhy-Sprache. Studies in Ancient Orierital Civilization (Chicago)
9.
Paris, C., 1969. Indices personnels intraverbaux et syntaxe de la phrase minimale dans les
langues du Caucase du Nord-Ouest. BSL 64, l0+183.
Paris, C., 1976. Cornpte rendu de Dumézil 1975. Bedi Kartlisa 34,353 357.
'existencielle' de la 'construction ergative' de la phrase
Paris, C., 1979a. lJne interprétation
en tcherkesse (comparaison avec le basque). Dans: (a) C. Paris 1979 [v. bibliographie B], II,
105-l2l; (b) Cahiers du Centre Interdisciplinaire des Sciences du Langage, Section de
linguistique générale et appliquée (Université de Toulouse-le-Mirail), 7l 87.
Paris, C., 1979b. Comparaison typolôgique des systèmesverbaux du tcherkesseet du basque
(avec la collaboration de J.-C. Anscombre). Bedi Kartlisa 37,33 55.
Tchekhoff, C., 1978. L'oubykh, langue à deux constructions entièrement séparées,le départ
é t a n t à b a s e l e x i c a l e .D a n s : T c h e k h o f f 1 9 7 8 [ v . b i b l i o g r a p h i e B ] ' c h . l l l ' l 0 6 l 3 2 .
Vogt, H., 1963. Dictionnaire de la langue oubykh, avec introduction phonologique, index
français-oubykh, textes oubykh. Instituttet for SammenlignendeKulturforskning (Oslo) Serie
B: Skrifter, 52).
V o g t , H . , 1 9 6 2 .C o m p t e r e n d u d e D u m é z i l 1 9 6 0 .B S L 5 7 , 1 5 5 - 1 5 8 .
V o g t , H . , 1 9 6 4 .C o m p t e r e n d u d e D u m é z i l 1 9 6 2 . B S L 5 9 , 1 8 9 1 9 2 .
V o g t , H . , 1 9 6 9 . C o m p t e r e n d u d e D u m é z i l 1 9 6 5 1 1 9 6 7B. S L 6 4 , l l G l 2 0 .

B. Autres langues et linguistique générale

A n d e r s o n , s . R . , 1 9 7 6 . O n t h e n o t i o n o f s u b j e c t i n e r g a t i v e l a n g u a g e s .D a n s : c . L i 1976,
| 23.
Arana de Swadesh, E. et al. (éds.),1975.Las lenguasde México. 2 vols. Instituto Nacional
de Antropologiae Historia, México: Panoramahistôricoy cultural (México)4.
Benveniste,E..1946.Structuresdes relationsde personnedans le verbe. BSL 43; cité selon
Benveniste1966.225 236.
Benveniste,E.,1952.La constructionpassivedu parlait transitif. BSL 48; cité selon Benve-
niste 1966.17G186.
Benveniste,E., 1966.Problèmesde linguistiquegénérale,I. Paris: Bibliothèquedes Sciences
Humaines.
Berger,H., 1974.Das Yasin-Burushaski(werchikwar).Grammatik,Texte,wôrterbuch. Neu-
indischeStudien(Wiesbaden)3.
Bossong, G.,1979a.Prolegomena zu einersyntaktischenTypologieder romanischenSprachen.
Dans: Kurt
Festschrift Baldingerzum 60. I, 5+68. Tùbingen.
Geburtstag,
Bossong,G., 1979b.Uber einige Grundfragender Sprachtypologie. Darstellungund Kritik
von: F.Antinucci, Fondamentidi una teoria tipologica del linguaggio(Bologna, 1977).
Lingua 49, 71 98.
Bossong,G., 1980a.Sprachausbau und Sprachpolitikin der Romania. Dans: R. Kloepfer
(éd.), Bildung und Ausbildungin der Romania,II, 491 503. Mùnchen.
G. Bossong f Attant'e ergative et transitivilë 233

Bossong, G., 1980b.Variabilitépositionnelleet universauxpragmatiques. BSL 75, 39 67.


Bossong, G., 1980c.Aktantenfunktionenim romanischenVerbalsystem. ZrP 96, | 22.
Bossong, G., 1980d.Syntaxund Semantikder Fundamentalrelation. Das Guaranials Sprache
des aktiven Typus. Lingua 50, 359-379.
Charachidzé, G., 1968.Positionstructuraledu géorgienparmi les languescaucasiques. Revue
de l'École Nationaledes LanguesOrientales4,29 63.
Chung,S., 1978.Casemarking and grammaticalrelationsin Polynesian.Austin, Texas.
Comrie,8., 1978.Ergativity.Dans: W.P. Lehmann1978,329394.
Comrie,8., E. L. Keenan, 1979.Noun phraseaccessibility revisited.Language55, 649 664.
Dane5,F., 1964.A threelevelapproachto syntax.TLP l, 225-240.
DaneS.F..1967.Order of elements and sentence intonation.Dans: To honour Roman Ja-
kobson,l,499 512.The Hague/Paris:Mouton.
Dane5,F., 1971.On linguisticstrata (levels).TLP 4, 127 143.
Dixon,R.M.W., 1972.The Dyirbal languageof North Queensland. CambridgeStudiesin
Linguistics(Cambridge)9.
Dixon,R.M.W. (éd.),1976.Grammatical categoriès in Australianlanguages. AustralianInsti-
tute of Aboriginal Studies,LinguisticSeries(Canberra)22.
Dixon,R.M.W., 1979.Corrections and commentsconcerning Heath's'Is Dyirbal ergative?'.
L i n g u i s t i c1s7 . 1 0 0 31 0 1 5 .
Dressler,W. (éd.), 1977.Languagedeath.InternationalJournalof the Sociologyof Language
12.
Hagège,C., 1980.Three viewpointson the organizationof linguisticutterances.Dans: The
Sixth LacusForum 1979,67-77.
Heath,J.,1979.Is Dyirbal ergative? Linguistics17,401-463.
Heath,J., 1980.Dyirbal ergativity.Counter rejoinderto Dixon. Linguistics18, 505 521.
Heger,K., 1980.Fonctionsactantielleset thématicité/rhématicité. Dans: Actes du Colloque
Internationalet Multidisciplinairesur la Compréhension du Langage,Paris, 1980.
Heger.K.. 1981.'ll la lui a donné.à Jean.son père.sa moto' neueUberlegungen zu einem
alten Beispiel.Dans: FestschriftJohannesHubschmidzum 65.Geburtstag,Heidelberg.
Heger,K., 1982.Nominativ Subjekt- Thema.Dans: FestschriftHelmut Stimm zum 65. Ge-
burtstag,Mùnchen.
'subject'.Dans: C. Li 1976,30-l333.
Keenan,8.L., 1976.Towardsa universaldefinitionof
Keenan,E.L., B. Comrie, 1977.Noun phraseaccessibility and universalgrammar.Linguistic
Inquiry 8, 63 99.
Keenan,E.L., B. Comrie, 1979.DaIaon the noun phraseaccessibility hierarchy.Language55,
3 3 33 5 1 .
Kôdderitzsch, R., 1976.Compterendu de Berger1974.IF 81,444 448.
Larsen,T. W., W. M. Norman, 1979.Correlates of ergativityin Mayangrammar.Dans: F. Plank
t9't9. 347 370.
Lazard,G., 1978.Élémentsd'une typologie des structuresd'actance: structuresergatives,
accusatives et autres.BSL 73. 49 84.
Lehmann,W.P. (êd.), 1978.Syntactictypology.Studiesin the phenomenology of language.
HarvesterStudiesin CognitiveScience(Sussex)10.
Li, C.N. (éd.), 1976.Subjectand topic. New York: AcademicPress.
Li, C.N., R. Lang, 1979.The syntacticirrelevanceof an ergativecasein Enga and other
Papuanlanguages. Dans: C.N. Li 1976,307326.
McGregor,R.S., 1972.Outline of Hindi grammar.Delhi: Oxford Univ. Press.
t-14 G. Bossong I At'tance ergati|e el transiti|ilë

M o r a v c s i k , 8 . A . , 1 9 7 8 . O n t h e d i s t r i b u t i o n o f e r g a t i v e a n d a c c u s a t i v ep a t t e r n s . L i n g u a 4 5 ,
233279.
N ô l d e k e , T . , 1 8 6 8 . G r a m m a t i k d e r n e u s y r i s c h e nS p r a c h e a m U r m i a - S e e u n d i n K u r d i s t a n .
Leipzig.
Paris, C. (éd.), 1979. Relations prédicat actant(s) dans des langues de types divers. 2 vols.
L A C l T O - d o c u m e n t s , E u r a s i e ,2 / 3 . P a r i s : S E L A F .
Plank, F. (éd.), 1979. Ergativity. Towards a theory of grammatical relations.London: Aca-
demic Press.
Rebuschi, G., 1979.Autour du passif de l'antipassif en basque biscayen (sous-dialected'Ofrate).
D a n s : C . P a r i s 1 9 7 9 ,I I , 1 4 9 1 7 0 .
R o m e r o C a s t i l l o , M . , 1 9 7 5 .L a s l e n g u a sm a y a s d e M é x i c o . D a n s : E . A r a n a d e S w a d e s he t a l .
t975.7 86.
Sasse,H.J., 1978. Subjekt und Ergativ: zur pragmatischen Grundlage primârer grammatischer
Relationen. Folia Linguistica 12, 219 252.
S e r b a t ,G . , 1 9 8 1 .C a s e t f o n c t i o n s . É t u d e d e s p r i n c i p a l e s d o c t r i n e s c a s u e l l e sd u M o y e n A g e
à nos jours. Paris: PressesUniversitaires de France.
, . , 1 9 7 6 . H i e r a r c h y o f f e a t u r e sa n d e r g a t i v i t y . D a n s : R . M . W . D i x o n 1 9 7 6 , l 1 2
S i l v e r s t e i nM
l7t.
Tchekhoff, C., 1978. Aux fondements de la syntaxe: I'ergatifl Paris: PressesUniversitaires de
France.
Tchekhoff, C., 1919. Opposition animé - inanimé et construction du verbe. Dans: C. Paris
1 9 7 9 ,I I , t 8 7 - 2 0 4 .
T o z z e r , A . M . , 1 9 2 1 .A M a y a g r a m m a r . P a p e r so f t h e P e a b o d y M u s e u m o f A m e r i c a n A r c h a e -
ology and Ethnology (Harvard University) 9. Repr. New York: Dover.
T r a s k , R . L . , 1 9 7 9 .O n t h e o r i g i n o f e r g a t i v i t y . D a n s : F . P l a n k 1 9 7 9 , 3 8 5 4 0 4 .
Vaxtin, N.8., 1979. Nominal and verbal ergativity in Asiatic Eskimo: splits in the person
a n d m o o d p a r a d i g m s . D a n s : F . P l a n k 1 9 7 9 ,2 7 9 2 8 9 .
Vog1, H., 1971. Grammaire de la langue géorgienne. Instituttet for Sammenlignende Kultur-
forskning (Oslo) Skrifter, 57.

Vous aimerez peut-être aussi