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El cono sur

ardiente
publication à numéro
unique sur la guerre
sociale en Argentine,
Chili et Uruguay
2006-2008
Bruxelles - mai 2008
CONTENU
ARGENTINE
Cette publication
Cinq ans après... vengeurs et vigilants p3 à numéro unique a
La réconciliation démocratique p4 été faite en trois
Les larves p5 langues: néerlan-
dais, français et
Mutinerie et mort: le coeur ne plie pas p7 espagnol.
La solidarité est une arme: aiguisons et visons p8
Destruction - construction p9
L’athenée anarchiste Angela Fortunato et les arréstations de 2006 p 11 Pour toute
A propos de ce qui s’est passé autour de l’athénee anarchiste Angela Fortunato p 12 correspondance:
Avortement: contrôle et désespoir p 33
Boîte Postale 30,
9000 Gand 1
URUGUAY (Belgique)
En soutien aux vandales de Casa Vieja p 15
Les raisons d’une opposition aux usines de cellulose p 17
Séditieux d’hier, répresseurs d’aujourd’hui p 20
Dans les mains de l’Etat... p 21
Solidarité avec les mutins p 22
Avorte... et tu payeras... p 32

CHILI
Jours de furie, nuits de rage p 23
La dictature du capital - l’assassinat de Rodrigo Cisternas p 24
La lutte contre le Transantiago p 25
11 septembre: jour de lutte contre le terrorisme d’Etat p 26
Solidarité avec les fugitifs et les prisonniers du néoliberalisme p 28
Une lettre des compagnons arrêtés Marcelo, Freddy en David p 29
Quand l’expropriation et la défense des faits deviennent nécessaires p 30
Nous avons attaqué les bourreaux du commissariat n° 26 p 40

CHRONOLOGIE LACUNAIRE DE LA GUERRE SOCIALE AU CONO SUR p 35

COORDONÉES & PUBLICATIONS


URUGUAY Macul y Grecia, deciembre 2006 Ediciones Detonador
(publication) Los sucesos de Avellaneda / la re-
Publicacion Acrata
vuelta de Haedo (avec le CNA)
Ediciones Septiembre Negro
Coordinación anticarcelaria del
2
ediciones_detonador@yahoo.com.ar
edicionesseptiembrenegro@yahoo.es
Río de la Plata, Casilla postal
14037, Montevideo EUROPE
ARGENTINE
www.anticarcelaria.info Dans le journal Cette Semaine vous
Cruz Negra Anarquista Buenos
Biblioteca Anarquista del Cerro trouverez beaucoup de correspon-
Aires & Motin (publicatie)
esq. Viacava (Montevideo) dance de Amérique Latine. Nous en
cruznegraanarquista_bsa@yahoo.com
avons bien fait usage pour cette pub-
www.klinamen.org/motin
CHILI lication.
Grupo anarquista Libertad & BP 275
El Albigense
publicatie Libertad 54005 Nancy Cedex - France
edicionespiratas@riseup.net
publicacion_libertad@yahoo.com.ar http://cettesemaine.free.fr
Editorial Afinando la Punteria www.geocities.com/grupo_libertad/ cettesemaine@no-log.org
En décembre 2001, s’est produit exprimée de diverses formes, des destruc- ainsi que de ceux qu’on a tenté de former
l’Argentinazo, une explosion insurrection- tions aux barricades, en passant par les pil- ensuite (il n’y eut pas de gouvernement
nelle secouant tout le pays qui se trouvait lages, les coupures de routes et la prise de fixe jusqu’en 2003 et l’élection de Nestor
dans une situation de misère grandis- bâtiments publics. Face à l’intensité de ces Kirchner, péroniste de gauche).
sante, avec un fort taux de chômage, de actions, le Président De la Rua a proclamé
bas salaires, l’augmentation du coût de l’état de siège, ce à quoi les argentins ont Malheureusement, au cours des mois
la vie, la dévaluation de la monnaie et la réagi en descendant dans la rue en criant suivants cette explosion fut rapidement
crise du logement. Cette crise affectait à la « El estado de sitio que se le metan por récupérée par les groupes gauchistes, alter-
fois la classe pauvre et la classe moyenne. el culo !! Que se vayan todos !! » (l’état de mondialistes, les ONG, les mouvements
L’explosion qui s’est déclenchée a donné siège, qu’ils se le foutent au cul !! Qu’ils religieux et les syndicats qui canalisèrent
lieu à des rassemblements et des manifesta- se barrent tous !!) Cette situation a provo- peu à peu la majorité des « citoyens » vers
tions populaires qui ont tourné en émeutes qué la spectaculaire fuite en hélicoptère du une normalité « démocratique », légaliste
incontrôlées et spontanées. La rage s’est président, la chute de son gouvernement et non violente.

CINQ ANS APRÈS… La révolte qui a explosé en décembre 2001 signifie pour
beaucoup d’entre nous un avant et un après, une réaffirma-
VENGEURS ET VIGILANTS tion de nos valeurs et nos pratiques anarchistes.

A présent, qu’ils ferment leur gueule ceux dont les par-


tis ne cherchent que des militants, faire de la propagande,
L E 20 DÉCEMBRE dernier, fut le 5e anniversaire de la ré-
volte populaire qui ce mois-là, bien au-delà des appa-
reils politiciens et des intérêts égoïstes de la classe moyenne
des votes, etc. et qu’ils cessent de diffamer les compagnons
qui ont agi avec leurs principes. Des compagnons qui ont
supérieure, a créé pour les gens une nouvelle manière de compris qu’il ne peut y avoir de différence entre théorie
comprendre leurs propres affaires. Ainsi, se produisirent et pratique, que le reste n’est que pur cynisme de libre-
un peu partout des assemblées de quartier, des blocages penseurs, pure pose «libertairement correcte», des compa-
de route, des saccages de supermarchés, des occupations gnons qui ont compris qu’on peut agir, que cela dépend de
d’usines, des barricades coupant la route, des occupations nous, et que les morts, nos morts, seront vengés.
d’immeubles et de terrains et un rejet de la classe politique
dominante. Pour que la prochaine fois les entreprises capitalistes soient
rasées par centaine, de même que les antennes de la presse
Le temps, l’intromission des partis, l’ingénuité de croire en bourgeoise (cette presse qui manipule en fonction des in-
la rénovation d’une classe politique auparavant houspillée térêts de ses patrons et qui se permet de pester contre ceux
et les limites de ses consignes réformistes ont fait que tout qui décident reprendre ce qui leur appartient, de toutes les
continue comme avant, ou pire encore, que l’Etat encou- manières, en les appelant dégénérés, fous, malades, etc.),
rage l’idée de libre participation citoyenne et d’espaces soi- pour que les policiers soient envoyés à l’hôpital par cen-
disant autonomes. taine (et qu’ils n’en
Comprenant cela et loin de toute interprétation folklo- sortent qu’en cer- Argentinazo
rique de cette date, pas non plus prêts à se joindre à la cueil) et pour que
procession menée par les partis de gauche dont le degré cette fois oui, ils
de responsabilité dans notre misère quotidienne est égal à s’en aillent tous
celui des autres, un bloc anarchiste a décidé de mettre en et qu’il n’en reste
pratique ce qui se clame tant dans certains périodiques et pas un (mais après
qu’on ne voit jamais : l’action directe. nous avoir rendu
Pas moins de 40 compagnons (anarchistes ou non) ont at- des comptes, à
taqué divers symboles du capitalisme et de la démocratie nous l’ensemble
pacificatrice avec lesquels ils prétendent nous tenir en respect des exploités de
(Banco Provincia, Banco Francés, Banco HSBC, les maga- son ordre écono-
sins McDonald’s et El Cabildo, une antenne de la chaîne mico-politique).
de télévision TELEFE, l’assurance Franco-Argentina, etc...),
Pour les morts,
produisant également des affrontements avec les forces de
pour nous et ceux qui viendront, 3
police, et cinq de ces serfs du pouvoir ont fini à l’hôpital.
nous sommes là...
Comme d’habitude sont apparus les «flics du mouve-
ment». Cette fois ceux qui se sont chargés de cette tâche Pour l’anarchie !
navrante furent les militants de la CCC [maoïstes du
PCR-PTP], mais on ne peut pas dire qu’ils ont réussi à ac-
complir leur devoir. La détermination et le courage des com-
pagnons leur a fait savoir que nous ne sommes pas tous prêts à [Tiré de Motin n°5, bulletin de la CNA de Buenos Aires, no-
nous vendre pour les miettes du pouvoir en place. vembre/décembre 2006]

A RGENTINE
LA RÉCONCILIATION DÉMOCRATIQUE
L A DÉMOCRATIE RÉGNANTE est le triomphe de la dictature. Et il
faut bien dire que le mot démocratie n’a nullement besoin de
guillemets, ni de qualificatifs qui insistent sur sa supposée fausseté
classes moyennes et hautes de la société. Ceci favorisa, dans le cadre
d’un courant international qui réaffirme le caractère absolu de la Loi
et lui donne le dessus par rapport aux relativités nationales, le dé-
parce que bourgeoise, représentative ou imparfaite. Son édénique placement de ces éléments usés vers les espaces physiques du résidu
origine athénienne n’a pas été corrompue, ni sa finalité sociale tra- social, c’est-à-dire, la prison, et leur utilisation comme stigmate de
hie. Ceci est véritablement la démocratie parce qu’au-delà de ses l’irrationalité étatique dans l’imaginaire collectif.
mutations dans le temps et l’espace, son caractère reste identique : la
Les morts et les disparus représentaient la part visible et manifeste
servitude volontaire, la participation des opprimés à la construction
du Procès (1) tandis que la peur, qui était encrée plus profondé-
de leur propre prison. Bien sur qu’elle n’est pas parfaite, comme cer-
ment dans la conscience collective, a poussé toute une génération
tains le déplorent ; elle contient des erreurs, et encore bien…
sociale à se réfugier auprès de leurs bourreaux, ceux-là mêmes qui
La dictature n’est pas une erreur de la démocratie. Elle est toujours hier ont massacré 30.000 personnes. Les centres de détention légaux
gardée à portée de main, callée derrière la ceinture de celle-ci, prête à sont alors brandis en réponse à ceux qui n’étaient pas sanctionnés
être dégainée quand les cir- par la Constitution. La prison, la même torture que l’on exhibait
cuits de dialogue entre la so- dans les rues il y a des siècles et qui est aujourd’hui dissimulée dans
ciété et l’Etat - c’est-à-dire, l’ombre et le ciment, est légitimée comme dispensatrice de ce qui est
la politique - ne suffisent humainement juste, et le juge et le maton en deviennent les garants
plus à maintenir l’ordre. fondamentaux.
Elle sort alors des casernes
Une fois « pardonnés et oubliés » « les responsables intellectuels »,
pour formater la démocra-
les bénéficiaires de la dictature - la bourgeoisie - renient les tacti-
tie, extraire les écueils de
ques employées dans le passé et se débarrassent de leurs vieux chiens.
son processus normal, la
Ceux-ci courent toujours, bien dressés, se méfiant de leurs maîtres
servitude volontaire.
qui ne furent pas aussi loyaux qu’eux…
Le processus de réorgani-
Les forces de l’ordre, une fois accomplie leur fonction d’instaurer la
sation de la démocratie, la
démocratie, sont maintenant appelées à se réorganiser en accord avec
dictature, c’est-à-dire l’ex-
les exigences de la légalité. Les éléments régressifs et réticents sont
termination systématique
lavés ou mis en accusation en partant de cette exigence qui est légiti-
des opposants qui menacè-
mée comme légalité protectrice et garante d’humanité. Les éléments
rent l’extermination systé-
directement affectés résistent en insistant sur l’importance pour la
matique normale perpétrée
sécurité de l’Etat de la fonction qu’ils ont assuré. Ecartés par l’Etat
par la bourgeoisie, a atteint
qui cherche à les remplacer par une nouvelle génération en accord
ses objectifs. Des objectifs
avec les fonctionnalités conjoncturelles, ils évoluent dans les limites
que les forces militaires
de la légitimité que celui-ci redéfinit aujourd’hui, soutenu par les
s’étaient fixés dans des dé-
mouvements qui, historiquement, ont réclamé son actualisation.
lais plus ou moins précisés
à l’avance. En Argentine, le Dans les cas de Julio López et Luis Gerez - ce dernier étant complè-
retour à la démocratie s’est vu précipité parce que les dirigeants mili- tement officialisé et serviteur inconditionnel du parti au pouvoir -,
taires ont excédé leur fonction d’extermination interne pour s’aven- le gouvernement s’est mis à la tête de la réclamation de ces mouve-
turer au hasard dans la guerre des Malouines. Par contre, au Chili, ments. Tout comme hier, l’Etat s’est approprié des vies de milliers de
la réorientation démocratique n’a pas été négociée avec l’opposition personnes, tout comme hier, il s’est approprié des enfants de dispa-
tolérée, mais elle fut le fruit des mécanismes institutionnels que la rus, aujourd’hui, l’appropriation des disparus par l’Etat est de les re-
direction militaire avait elle-même fixé. vendiquer après les avoir torturés, les porter aux nues après les avoir
jetés depuis des avions, les réhabiliter après les avoir électrocutés et
Le triomphe de la démocratie - c’est-à-dire, de la dictature - dépend
les avoir étouffés… Le pouvoir s’est érigé en piétinant les corps et
de sa légitimation comme ordre social ; celle-ci reposant aussi bien
il cherche aujourd’hui à se revêtir de la lutte qu’une génération de
sur l’acception d’utopie améliorable que sur celle de moindre mal.
jeunes a offerte. Muets, muselés dans les fosses, sous les eaux, dans le
Mais par-dessus tout, la mentalité qui traverse les différentes accep-
ciment des colonnes ; l’assassin s’érige en porte-parole de ses victimes
tions et qui constitue le pilier de la légitimation de la démocratie est
et s’approprie du droit de vengeance, faisant du sadisme sa justice.
la réclamation de la mise en accusation de ceux qui ont directement
mis en œuvre l’extermination. Une telle appropriation n’est possible qu’avec cette réconciliation
sociale, le résultat d’une progressive reddition de « tout ».
La réconciliation nationale réclamée par les secteurs réactionnaires,
et repoussée par la gauche, est menée précisément en mettant en
avant la légalité et l’Etat, avec la police, la prison, les juges et toutes
4 les institutions répressives comme les garants du respect humain.
A.G.
La réconciliation de l’Etat avec la société est le principal résultat [Publié dans Libertad, n° 40, janvier-février 2007, Buenos Aires]
de ces réclamations et de la mise en marche de son autoépuration
conforme aux exigences actuelles. Ce processus n’a pas été sans con-
tradictions. A la fin des années 80, les premières tentatives n’ont (1)Le Processus de Réorganisation Nationale est le nom que s’est donné la dic-
pas pu accumuler suffisamment de force civique et médiatique et tature argentine qui commença avec le coup d’Etat contre le gouvernement de
l’épuration étatique n’est pas allée bien loin. Les secteurs agissants Perón en 1976. La démocratie s’étant révélée incapable de rétablir la paix et
l’ordre dans le pays, une junte s’est installée avec à sa tête les commandants des
du Processus ont progressivement perdu leur capacité de résistance,
forces armées. Durant la dictature, des milliers de personnes furent interrogées,
d’une part, grâce au consensus démocratique croissant qui montrait torturées et exécutées puis enterrées dans des fosses communes ou balancées
qu’ils étaient dépassés et inutiles et, d’autre part, à cause des plaintes dans la mer. La chute du Processus suit la défaite contre le Royaume-Uni dans
du mouvement pour les droits de l’homme qui firent écho dans les la guerre des Malouines en 1983. NdT.

A RGENTINE
Gare de Haedo en périphérie de et incendiées tandis qu’une moto de Bruxel est le cible d’une série d’at-
Buenos Aires, 1er novembre 2005. la police vient alimenter le brasier. taques (molotovs contre les bus, af-
Suite à un énième mauvais fonc- Une foule immense affronte pendant frontements avec les contrôleurs,...)
tionnement du service, les passagers plus d’une heure les bleus à coups de suite à une intensification des con-
se rebellent. 15 wagons sont brû- pierres et de tout ce qui peut être dé- trôles. Au cœur des métropoles, de
lés, une partie de la gare aussi, des monté. On compte 16 flics blessés et Buenos Aires à Santiago ou Paris, là
commerces pillés et de nombreuses autant de personnes arrêtées. où se concentrent les marchandises,
vitrines brisées, deux voitures de ceux qui les défendent et ceux qui
police incendiées. L’émeute a duré Gare de Temperley, ligne de train en- peinent pour y avoir accès, dans ces
cinq heures face aux balles en caout- tre Glew et Burzaco, 21 juin 2007. lieux de passage et d’ennui que sont
chouc et aux lacrymos. On compte Suite à l’annulation d’un train vers devenues les gares, la masse d’incon-
113 arrêtés, dont sept sont envoyés minuit, les passagers se révoltent et nus qui d’ordinaire s’ignorent peut
dans les prisons de Eseiza et Mar- boutent le feu à trois wagons. S’en se transformer en un éclair en une
cos. Le dernier incarcéré, Roberto suit un affrontement avec les keufs nuée de groupes d’individus portés
Cantero, soutenu par la CNA de qui laisse l’un d’eux blessé. par un même élan : la destruction
Buenos Aires, ne sortira qu’en juin de l’oppression matérielle quoti-
de cette année. On lira ci-dessous le récit d’un com- dienne. Retrouvant aussi un peu du
pagnon argentin qui éclaire à la fois goût pour la révolte collective et, qui
Gare Constitución à Buenos Aires, la misère des transports de la capi- sait, un intérêt commun. Dans cette
15 mai 2007. Un des plus grands tale fédérale, et celle des conditions joyeuse spontanéité, tout redevient
terminaux de train d’Amérique du de survie quotidienne. Lorsque les alors possible, le meilleur comme le
Sud où passent 400 000 voyageurs deux se mêlent, le cocktail peut dé- pire. Et le meilleur aussi.
par jour. Face à une énième paralysie tonner comme en mai/juin derniers.
du trafic éclate une nouvelle émeute Quelques mois auparavant, la Gare La vraie question reste alors la même
spontanée, comme le 28 décembre du Nord à Paris était aussi ravagée, que celle concernant le grand incen-
2001 où 9 wagons avaient flambé suite à un contrôle de ticket qui avait die de novembre 2005 en France :
: cette fois, c’est le bureau d’infor- tourné en une puissante manifesta- non pas pourquoi ça explose, mais
mation qui est saccagé et incendié, tion de solidarité. A la même pério- pourquoi ça n’explose pas plus sou-
avant que n’y passent à leur tour de, le nouveau système de transport vent ? Non pas qui sont précisément
les guichets dont les employés et les à Santiago avait aussi donné lieu à ces émeutiers et pourquoi ils agis-
gardes s’enfuient. Les distributeurs deux mois d’émeutes dans plusieurs sent ainsi, mais ce que nous voulons,
de tickets et les téléphones publics quartiers de la capitale chilienne. nous.
sont défoncés. Le commissariat est Quelques mois plus tard, l’entre-
attaqué, ses portes en bois arrachées prise des transports en cmmun de

Station Haedo, 1 november 2005

LES LARVES
J E ME LÈVE, il pleut et fait encore nuit. Je m’habille, coma-
teux, et vais me réveiller dans la salle de bain, j’embrasse
mon fils qui dort encore, salue ma compagne et m’en vais en
trottinant… Quatre pâtés de maison jusqu’à l’arrêt de bus,
vingt mètres avant d’y parvenir. Le bus blindé de gens passe
sans s’arrêter. Soupirant avec colère et mauvaise humeur, je
pense : «aujourd’hui, ça va être une de ces journées longues, pois-
seuses et épuisantes…»

La première file d’attente est celle du bus, suivra ensuite celle d’entassement extrêmes. Les trains de Hitler se répètent en-
du train, encore plus longue et désespérante. On y voit passer core une fois dans l’histoire avec la différence qui le four a été
les trains devant soi tandis que le garde et les gendarmes con- remplacé par la mort lente dans les sociétés éxploiteurs dans
trôlent que tous paient bien leur ticket, observant indifférents le monde entier...
la queue de 30 mètres pleine de gens en train de se tremper
Accroché à porte avec la pluie qui bat mon visage, je finis de
5
sous la pluie. Larves…
me réveiller. Passant par Haedo, je vois les gendarmes pos-
Jusqu’à ce que quelqu’un, indigné ou par peur de perdre son tés aux endroits «stratégiques» par le gouvernement, comme
travail, décide de sauter le tourniquet face au garde et aux pour exorciser le fantôme de l’incendie d’il y a un an. Dans
gendarmes, vite suivi par d’autres. Il ne s’agit pas de «récla- leurs récits policiers, les bourgeois l’ont nommé «un jour de
mer» des améliorations des moyens de transport, mais de fureur». Aujourd’hui encore, ceux qui n’ont pu échapper aux
détruire le système en place, ce système qui gère et contrôle caméras et à la répression sont encore incarcérés et torturés.
notre temps sans nous laisser d’autre alternative que de voya-
ger comme du bétail qui va à l’abattoir dans des conditions Le train me crache à la gare suivante, où une nouvelle file

A RGENTINE
d’attente sans fin consume ma vie. Le dernier bus me laisse à mençons à sauter du train et à marcher le long des voies. «Jus-
deux angles de là, je suis en retard, et comme la pointeuse ne te maintenant, il faut qu’il y ait un con qui vienne se tuer»
pardonne pas, elle me jette. commente un passager énervé. «Je vais mettre trois heures de
plus à rentrer chez moi» rajoute un autre. Je me rapproche de
Je vois descendre de sa camionnette «brillante» à la porte de l’accident et vois le morceau d’un homme de 30 à 40 ans.
l’usine la grande larve à lunettes, l’exploiteur et le consomma- «On l’a pas vu venir, il était sur une autre planète» m’explique
teur de ma fatigue : le patron. Derrière lui est garé son fils, une vieille. «Mon pauvre. Vous êtes pressé, non ?», ajoute-t-elle.
nommé gérant par héritage, un abruti aux traits enfantins, un Je lui réponds : «c’est sûr, on a tous le même problème, madame»
«enfant bien» certainement qui n’en reste pas moins arrogant, avant d’aller affronter l’arrêt du bus. Pour beaucoup, la perte
inutile et fainéant. «Il ne sait même pas se torcher le cul tout d’une vie se réduit à une perte de temps. Eludant, par igno-
seul» disent les travailleurs les plus vieux. Tout au long de sa rance ou consciemment, que le temps que le système nous fait
vie végétative il a eu des domestiques pour ne pas avoir à bou- perdre revient à perdre la vie…
ger le petit doigt pendant qu’il s’engraissait en compagnie de
son père. Pourtant, si quelqu’un n’hésitera pas une seconde à Après 50 mètres de queue, 20 litres de pluie sur mes vête-
leur torcher le cul à tous les deux, c’est notre petit-chef. Oui, ments et le passage devant mes yeux de 10 bus bondés, je
la larve exploitée fouet en mains qui est toujours à leur ser- peux rentrer. Comme une bonne blague de la nature, juste
vice. Il entretient pour l’apparence une fausse amitié avec les avant que j’atteigne la maison, le ciel s’éclaircit, cédant place
travailleurs qui ne trompe personne, immergé dans la même à un arc-en-ciel spectaculaire. Je n’ai pu m’empêcher de ré-
trahison putride où flottent la majorité des ouvriers actuels. veiller mon fils de 7 mois et d’inviter ma compagne à profi-
Larves… ter du paysage formé par le ciel, le soleil et les nuages noirs
qui s’éloignent, dessinant une peinture aux couleurs vives, un
Dix heures plus tard, le temps et le corps sucés jusqu’à la merveilleux tableau entre les arbres et les trains. Dans les yeux
moelle, je sors de ma prison salariale. Le retour est une nou- du môme se reflète ma fatigue, il ne comprend pas encore
velle odyssée qui ferait fondre la patience et altèrerait le sys- pourquoi je lui souris avec ce visage vieilli, il est simplement
tème nerveux de n’importe qui. Le train notamment est une content de me voir.
cocotte-minute sur le point d’exploser et d’expulser les corps
par ses portes et fenêtres. Avec un peu de chance et d’agilité, Il ne s’agit pas seulement d’un corps et d’un esprit épuisé, mais
l’un d’eux réussira à s’aplatir un peu plus. de quelque chose de bien plus déprimant et désespérant : il
s’agit du devenir de nos enfants, compagnons, et de celui des
«Ras les couilles» disent les jeunes dans le wagon. On peut enfants des larves. Leur futur dépend de comment nous lut-
choisir entre finir congelé accroché à la porte qui ne ferme tons pour abolir un héritage de larves et de corps putréfiés
pas, être asphyxié par la pression, dormir debout ou être qui forment de longues files d’attente ; de cadavres humains
agressé par la roue d’un vélo. «L’esprit est la dernière chose qui se faisant la queue pour balancer dans un coin du cimetière leurs
perd» disait mon grand-père : un homme grand, fort comme chairs consumées et abîmées. Des restes que ce système ba-
un chêne, une vie dure passée entre expropriations et prisons. lance et qui finissent rongés par d’autres vers [Ndt : gusanos
Il nous a toujours mis en garde contre ces larves. Il a terminé signifie à la fois vers et larves], sans vêtements. De nous tous
cloué sur un lit d’hôpital, les docteurs —dont un qu’il a essayé qui aimons la liberté dépend que de ces cocons —ceux qui
d’étrangler pour mauvais traitement—lui avaient diagnosti- existent déjà et ceux qui viendront— sortent des chiens enra-
qué un cancer des os et une démence sénile. gés qui blessent tout ce qu’ils foulent de leurs pattes empoi-
sonnées par l’autorité, ou bien des papillons volant librement
Parvenu à la gare de Morón, le train bloque ses freins, créant et qui, où qu’ils se posent, trouvent des fleurs…
une avalanche humaine. En imaginant la raison, nous com-
Haedo, Constitución, «Ras les couilles»…
Station Haedo, 1 november 2005 cancer, démence sénile, nous tirons à la
fin… Tremblez, patrons et bourgeois :
Larves ! Le jour de la grande fureur est
inévitable…

Vilchesz

[Tiré de Libertad n°43, juillet-août 2007]


6

A RGENTINE
Le 5 novembre 2007 à Santiago d’évoquer largement des incendies matons de manière contondante
del Estero (ville située à plus de dont la fumée aurait provoqué le ni fait claquer des coups de feu.
mille kilomètres au nord-ouest de décès des enfermés. Pour qui est De toute manière, toute mort en
la capitale, Buenos Aires), les pris- habitué aux mensonges perma- prison est un assassinat d’Etat.
onniers se sont révoltés. 35 en sont nents de toute administration pé-
morts. Les autorités ont d’abord nitentiaire, ce ne sont certainement
parlé de tentative d’évasion, avant pas les «fumées» qui ont blessé les

MUTINERIE ET MORT, LE COEUR NE PLIE PAS


B EAUCOUP DE CHOSES ont été écrites sur ce qui s’est passé
dans la prison pour hommes de Santiago del Estero le
5 novembre dernier. Les organisations droitdel’hommistes,
ce cas du Geteoar (Grupo Especial de Tareas y Operaciones
Armadas : Groupe Spécial de Missions et Opérations armées)
sous les ordres du gouverneur de la province, Gerardo Za-
les groupuscules gauchistes, jusqu’aux évêques, psycholo- mora. Cet immonde fléau a dit textuellement : « nous sommes
gues, sociologues, philosophes et autre classe de penseurs et ouverts aux besoins exprimés dans la prison, nous avons un stock
de faiseurs d’opinion ont donné leur avis sur la question. Les de 100 caisses en bois (une référence aux cercueils), mais nous
médias du pouvoir ont échafaudé des versions plus ridicules ne pensons pas qu’il en faille autant ». Un exemple de sa lâche
les unes que les autres sur de prétendues bagarres internes au mentalité de bourreau qui dirige et gère l’ordre en place.
cours desquelles les détenus auraient mis le feu aux matelas et
se seraient laissés asphyxier dans leurs cellules (c’est ce que le Il ne fallait pas tant de caisses, ça c’est certain, seulement 35,
juge Ramon Tacchini a eu le culot de soutenir), affirmant qu’il un nombre qui importe peu à la société en général. 35 prison-
ne se serait agi que d’une simple tentative d’évasion ratée, etc. niers morts. Il y a deux ans, dans la prison de Magdalena, 33
Tandis que les chroniqueurs télé disaient que la situation était avaient péri dans des circonstances très similaires. Ces der-
sous contrôle, les caméras qui transmettaient en direct, sans nières années, et selon les chiffres «officiels», ce sont près de
possibilité de monter les images, montraient en arrière-plan 350 morts qui ont eu lieu dans les prisons argentines. Sans
les policiers pénétrant dans la prison en tirant, et les corps à compter celles qui se produisent dans les commissariats ou
demi nus des prisonniers traînés par terre par les cheveux jus- qu’ils essaient de faire passer pour des suicides.
qu’aux ambulances ou aux patrouilles, les cris déchirants des
proches et amis, et les gaz censés tout cacher, mais ne rendant Prisonniers. Morts. Cette équation plaît à la société policière.
que plus évidente encore la douleur et la rage accumulées.
Mais pour notre part, nous voulons dire autre chose sur ces
Pour revenir sur les faits ponctuels, la mutinerie s’est déclen- faits. Ce qui s’est passé dans la prison de Santiago del Estero
chée dans le pavillon 2 de la prison, en protestation face à n’est pas un fait isolé, ce n’est pas un incident sans cause ni le
la réduction des horaires de visite, aux fouilles violentes qui produit d’un problème mental ou moral de ceux qui y subis-
avaient lieu sans cesse depuis quelques jours, aux mauvais trai- saient l’enfermement.
tements infligés aux proches des détenus (surtout les femmes,
fiancées, mères, soeurs etc, entre autre obligées de se désha- Le problème vient de dehors, des responsables directs, Kirch-
biller et contraintes au toucher vaginal, parfois en présence ner, Gerardo Zamora, du ministre de la justice Ricardo Daives,
de matons hommes, soi-disant pour vérifier qu’elles n’avaient du directeur de la prison Rodolfo Camaño et de chacun des
dissimulé aucun objet dangereux) ainsi que face aux vexations matons qui y exercent leur sale boulot.
continuelles imposées aux détenus séquestrés là. Il faut ajou-
ter à cela les conditions de torture, le manque d’hygiène (on Le problème réside dans l’ordre social dépourvu de valeurs
obligeait les prisonniers à pisser dans des bouteilles et à chier humaines, qui repose sur le pilier sacré de la propriété pri-
dans des sacs plastiques), l’absence totale de soins médicaux vée et qui se maintient par l’exploitation, l’exclusion et
et la surpopulation, puisqu’il y avait 450 prisonniers pour une l’abêtissement de la grande masse moutonnière formant
capacité de 250 places. l’opinion publique.

Les prisonniers ont donc décidé de mettre le feu aux matelas Un Etat toujours plus rigide dans son usage du pouvoir judi-
en signe de protestation et de s’armer avec ce qu’ils pouvaient ciaire ne peut se permettre le luxe de laisser des prisonniers se
contre leurs bourreaux. Au fil des heures, trois pavillons de rebeller et poser sur la table leurs revendications et dénonci- 7
plus se sont joints à la révolte, brisant les cadenas des cellules ations de ce qui se passe dans ces camps d’extermination.Un
et s’emparant des couloirs. Pendant ce temps à l’extérieur, les capitalisme qui se renforce toujours plus ne peut permettre
proches, amis et voisins solidaires s’affrontaient avec la police, que quelqu’un décide de prendre ce qui de toutes manières
balançant des bouteilles, des pierres et brûlant des pneus, prêts lui appartient, c’est pour cela qu’il l’enferme, le punit ou le
à donner leur vie pour un être cher, ce que ne comprendront rééduque (lui lave le cerveau) et l’assassine si nécessaire.
jamais les sous-hommes retranchés derrière leurs boucliers.
Il faut comprendre une fois pour toutes que nous sommes
Les forces de l’ordre n’ont pas tardé à entrer, il s’agissait en tous prisonniers de ce système de domination et de contrôle

A RGENTINE
: le prisonnier qui se lève à six heures du ma-
tin pour l’appel, le citoyen (employé, ouvrier)
qui jour après jour vend son temps et sa dig-
nité en échange de quelques sous pour ensuite
s’enfermer derrière les grilles de sa maison,
l’enfant qui va à l’école, est obligé de se mettre
en rang et d’entonner l’hymne national dans
le plus pur style militaire, etc. Le problème est
profond et ne se résout ni par des réformes, ni
en faisant campagne pour de meilleures con-
ditions, même si nous savons bien que c’est
un changement important pour celui ou celle
qui est privé du peu de liberté qu’il reste ici,
dehors.

Poursuivre et diffuser une pratique anarchiste


qui ne laisse pas de trêve à nos ennemis dans
cette guerre sociale, c’est le moyen que nous
LA SOLIDARITÉ EST UNE ARME
voyons pour nous réaffirmer comme des AIGUISONS ET VISONS
amants de la liberté, contre l’injustice et toute
autorité.
I L EST SOUVENT NÉCESSAIRE et indispensable de générer des discussions
autour de notre conception de ce qu’est l’anarchisme et la projection
sociale qu’il devrait avoir. Cela dit, le fait que nous ayons des appréciations
Nous n’exigeons ni procès ni châtiment pour
si ambiguës à l’heure de définir ce que signifie pour nous la solidarité, une
les coupables, nous ne voyons là rien qu’une
qualité qui a toujours caractérisé les anarchistes, est quelque chose qui ne
extension de la logique carcérale et inhumaine
manque pas de nous surprendre. C’est pour cela qu’il nous semble nécessai-
qui a rendu possible le massacre de Santiago
re de considérer une position comme acquise suite à quelques discussions
del Estero. Nous ne nous lasserons pas de ré-
au sein du mouvement.
péter et d’argumenter que TOUTE MORT
Avant tout, les compagnons qui, comme nous, encouragent la lutte contre
EN PRISON EST UN CRIME D’ETAT.
les prisons et la solidarité avec les prisonniers, le font comme une forme
d’extension de la guerre sociale et la portent sur le plan concret de la lutte
Nous ne faisons pas la charité aux prisonniers
contre l’Etat et le Capital. Il peut paraître illusoire d’expliquer quelque cho-
en vue d’apporter de l’eau à notre moulin et
se de si évident, mais il semble que certains ont parfois du mal à compren-
d’en tirer quelque intérêt politique. Nous nous
dre qu’il n’est pas dans notre intention de promouvoir le prisonniérisme
solidarisons avec des hommes et des femmes
ou un assistantialisme avec les détenus ou d’autres questions réformistes,
rebelles de coeur et d’esprit !
au-delà du fait que puissent exister ce type de tendances. Nous sommes
convaincus que notre lutte dépasse les limites qui nous sont imposées par
Comme à tant d’autres, connus ou inconnus,
le système.
nous reste la douleur et la rage, rage et dou-
De la même manière, quand nous parlons de solidarité, nous concevons
leur que nous braquons contre l’existant de
celle-ci comme un moyen et comme une fin. Ceci signifie que nous avons
domination dans lequel nous mourons lente- une éthique et une série de valeurs que nous considérons comme la forme
ment.Nous en sommes là et luttons pour cela, de rapports la plus adéquate. C’est enfin, une attitude à laquelle nous ten-
et nous encourageons tous les compagnons à tons de donner un sens révolutionnaire.
mettre l’accent dans leurs débats sur le thème Quand nous exprimons que la solidarité est une arme, nous sommes en
de la prison, des prisonniers et de la solidarité train de dire que nous nous identifions aux opprimés qui d’une façon ou
et à agir comme chacun le jugera adéquat. La d’une autre luttent pour détruire le système d’exploitation et de domina-
solution est radicale et révolutionnaire : tion existant. A partir de là, nous reconnaître et nous sentir solidaires avec
eux, c’est générer un moment de rupture avec le Pouvoir, et suivre une
FIN DE TOUS LES LIEUX dynamique révolutionnaire et de complicité. Alors, répéter que la solidarité
D’ENFERMEMENT. est une arme, ce n’est pas la comprendre comme quelque chose de ‘jetable’,
DESTRUCTION DE L’ETAT ET DU comme disent certains. Pour nous c’est une condition mais aussi une fonc-
SYSTEME ECONOMIQUE QUI tionnalité, et dans tout les cas une arme peut être chargée des milliers de
8 L’ACCOMPAGNE. fois si nécessaire. Par exemple, quand nous mettons en pratique la solidarité
LIBERTE POUR TOUTES ET TOUS. avec nos compagnons, c’est parce que nous les sentons comme nos frères
et nous considérons leur lutte comme la nôtre. Nous ne les voyons pas
Parce que nous savons que nous sommes pri- comme des outils utilisables, et nous n’avons pas une vision mercenaire de
sonniers et parce que nous ne parlons ni avec la vie comme il a été dit. Une telle déclaration mérite au moins une expli-
distance ni par ignorance. cation. D’un autre coté nous soutenons qu’à l’intérieur de la lutte et de ses
variables, il y a différentes formes de participation au conflit social.
Cruz Negra Anarquista Buenos Aires Dans un contexte de profonde restructuration démocratique, où le capi-
talisme est consolidé, et où les mécanismes de contrôle social sont de plus
[Publié sur klinamen.org le 17 novembre 2007] en plus perfectionnés, à un moment où le Pouvoir tente de récupérer et de
neutraliser les différentes luttes et d’éloigner et d’isoler de celles-ci les mi-

A RGENTINE
norités les plus radicalisées, c’est alors que nous envisageons et commencé il y a bien longtemps. Et quand nous nous référons
donnons lieu à différentes pratiques d’agitation, de coordina- à ceci nous ne parlons pas d’une proposition « conjoncturelle
tion et d’intervention dans les révoltes sociales. Celles-ci n’ont ou stratégique adaptée aux temps qui courent », ou de dispen-
évidemment pas toujours l’orientation radicale et révolution- ser des cours d’économie ou de philosophie politique.
naire que nous recherchons, puisqu’elles sont souvent sponta-
nées et dépourvues d’un caractère idéologique défini, mais au Il s’agit simplement de sortir dans la rue en connaissant l’en-
bout du compte, elles font partie d’une même réalité qui est nemi le mieux possible.
la guerre sociale dans laquelle nous sommes des protagonistes.
Transformer et profiter de ces moments de révolte pour les ra- Avant tout, fatigués de théoriser sur la question, nous préfé-
dicaliser le plus possible et leur donner un sens véritablement rons que les faits parlent d’eux-mêmes.
révolutionnaire est, supposément, notre tâche.
Nous ne disons pas qu’il est mieux de « dire que de faire ».
Par conséquent, analyser et étudier cette réalité et nos possibi- Nous encourageons à la propagande, au débat et à l’action.
lités, n’est en aucune façon, assumer le rôle que nous donnent Nous disons qu’il est nécessaire de dire et de faire, sinon il vaut
les bourgeois pour agir sur leur terrain, puisqu’il s’agit du ter- mieux ne rien dire.
rain de cette guerre sociale. Tâcher de comprendre les stratégies
politiques du pouvoir, ou le « développement des forces pro-
ductives », est une manière d’avoir une notion minimale des
progrès du capitalisme et de l’Etat, et de donner à l’anarchisme
la force et la vitalité nécessaires à créer une dynamique qui soit [Publié dans Motin, n°9, publication du CNA
capable de promouvoir une lutte réelle dans une guerre qui a de Buenos Aires, juillet-août 2007]

avec leurs discours anticapitalistes et de classe en quête d’une


DESTRUCTION acceptation et de participation dans la lutte sociale.

CONSTRUCTION La récupération d’espaces en dehors du pouvoir étatique s’est


peu à peu affaiblie et avec elle aussi leur idées et leur raison
d’être, sans qu’on cesse pour autant de voir une certaine classe
renflouée économiquement après avoir été privée de ses possi-

L A CONTINUITÉ DE LA LUTTE ANARCHISTE dépendra aussi bien


des capacités d’analyse de la conformation de ce présent,
que de la création de noyaux organisationnels et directs dans les
bilités économiques bancaires, comme toujours le pouvoir sait
à qui il ne faut pas s’en prendre.

revendications minimales et maximales que portent les compa- Les capacités d’intervention des compagnons anarchistes n’ont
gnons. Le champ de lutte, le tissu social dans lequel nous som- pas été exceptionnelles, que ce soit à cause du peu de contacts
mes plongés. Nous nous trouvons face à des réalités qui sont fa- qu’ils avaient entre eux ou du manque de connaissance récipro-
milières aux compagnons : le sujet travailleur et par conséquent que, ou à cause du peu de force qu’ils avaient, au-delà des ex-
exploité, l’inégalité socio-économique, la répression systémati- posés clairs et adaptés à la réalité de cette période, à une époque
que et dirigée contre ceux qui luttent. La colonne vertébrale de qui demandait bien plus de force, pour regrouper des projets,
la structure autoritaire et verticaliste, c’est-à-dire, l’exploitation coordonner de manière directe des luttes concrètes dans et en
de l’homme par l’homme perdure visiblement (et nous la subis- dehors du mouvement anarchiste, en tenant compte du fait que
sons), l’illusion démocratique à laquelle il faut ajouter la culture ce mouvement est vitalement social sans quoi il n’aurait pas de
du progrès et l’inclusion fictive que le capitalisme a développé raison d’exister.
à travers la consommation a généré de nouveaux rapports. Des
rapports superficiels remplacent peu à peu les rapports directs, De toute cette expérience a surgi un intérêt, un certain écart
de la maison au boulot, du boulot au centre commercial, aussi d’avec la politique convention-
bien dans les quartiers périphériques que dans les centres de nelle, un intérêt croissant pour
consommation, et rendent difficile la rencontre et la reconnais- les idées de liberté absolue et de
sance en tant qu’égaux et en tant qu’Exclus. réalisation de l’être humain libre.
Surmontant une certaine stagnation
Sans aucun doute, une des taches de l’Etat argentin a été de des organisations anarchistes et leurs
rétablir et de reprendre le rôle de l’Etat, après les révoltes de problématiques in-
2001 au cours desquelles une capacité d’auto-organisation so-
ciale avait semblé pointer le bout du nez, donnant le jour à de
ternes de capacité
et de réponses aux
9
nombreux projets sociaux contre la politique étatique. Celle-ci inquiétudes du de-
fut éteinte par l’intervention des partis politiques de gauche qui venir social.
cherchaient à rediriger ces projets selon leurs programmes et
objectifs stratégiques. Cette intervention fit perdre beaucoup Quelques interventions
d’énergie et d’espoir et fut la cause de nombreuses ruptures plus tard, dans les luttes
dans la plupart des assemblées de quartiers, qui en sortirent pour la réappropriation
affaiblies pour la plupart ou complètement dissoutes pour les d’usines, les résistan-
autres. D’autres encore furent prises par les partis, ce qui était ces aux expulsions
sans doute un des objectifs des autoritaires et des manipulateurs

A RGENTINE
anarchistes, groupes, collectifs, individus et organisations en
quête de la lutte sociale pour l’anarchie.

Le débat organisationnel devra être mené dans le cadre des


problématiques sociales, et ce aussi en dehors du mouvement
anarchiste, des débats sur des accords idéologiques qui nous
appellent à la lutte sociale, en tant qu’anarchistes cherchant à
réaliser l’idée.

Nous insistons sur le fait qu’il est vital de nous rencontrer, de


nous reconnaître, des nous connaître les uns les autres, d’exercer
cette pratique d’entr’aide, de solidarité, de projets en commun,
d’intervention dans les luttes. Avec l’insistance et la Bonne in-
tention réciproque. Nous abandonnons une bonne fois pour
toutes, la catharsis, le favoritisme, la compétence, les arguments
dépassés.

Avec un certain désenchantement, nous observons le peu d’in-


térêt qui est témoigné, aussi bien au niveau individuel que col-
lectif, pour maintenir des contacts à travers des activités de sou-
tien aux prisonniers et des luttes sociales. Nous attribuons Le
symptôme d’un manque de pratique solidaire et d’intérêt réel
en partie, justement, à l’absence d’espaces où nous rencontrer
en dehors des groupes et des collectifs pour arriver à des accords
minimaux de débat et de compréhension.

Nous réaffirmer en tant qu’anarchistes n’est pas une tâche facile,


elle répondra sans doute aux problématiques qui nous entou-
rent et aux envies objectives de traiter celles-ci avec tout leur
et les espaces occupés, auxquels les compagnons ont participé poids, parfois ingrat.
avec leur éthique d’action directe et d’entr’aide en exerçant la
solidarité contre la propriété privée et l’appareil répressif, fidèles La communication entre les groupes, collectifs éditeurs, est vi-
à leurs idées, mais en partant d’une déstructuration participa- tale, pourvu que nous dépassions le virtuel et que se génèrent
tive, au point de rendre insignifiante la formation de noyaux et des espaces autonomes de débat. Selon les circonstances et les
la participation du mouvement anarchiste dans son ensemble, possibilités des compagnons.
il fallait poser des bases plus solides en partant de la propagande
(que nous comprenons comme théorie/pratique) ainsi que de La raison pour stimuler cette dynamique que nous considé-
l’entr’aide et des relations militantes. rons comme vitale, n’est pas de crier sur tous les toits l’unité
du mouvement anarchiste ni de produire conjointement une
A partir de l’insistance dans l’agitation, de la pratique de la déclaration de principes, nous voulons reproduire autant que
propagande, des éditions, journaux, pamphlets, causeries, pro- possible la lutte contre l’Etat et le Capital, en rejetant la po-
jections de films, de la présences dans les manifestations, des litique (instrument d’administration de pouvoir), les relations
tags, des campagnes pour les prisonniers sociaux, au fil des ans, hiérarchiques, les institutions répressives, l’exploitation sous
une nouvelle restructuration a commencé dans les débats et les toutes ses formes sans ignorer les conditions des femmes et des
analyses des différents groupes. Aussi bien dans leurs contenus minorités sociales. Générant la participation réelle et active là
structurés et lourds que dans les dynamiques élastiques, ainsi où elle n’y a pas de séparation entre la théorie et la pratique, ten-
que dans les secteurs plus culturels, certaines organisations qui tant par nos moyens l’agitation et la propagande, mais surtout
formaient le noyau de l’idée anarchiste, avec certaines caracté- renforçant dans la pratique les valeurs anarchistes, renforçant
ristiques socialistes étatistes ou de caractère politico-populaire, les relations entre compagnons et exerçant une de nos pratiques
se sont prononcées comme proches de la lutte et se sont situées les plus concrètes, la solidarité comprise sous toutes ses formes
comme des partis de gauche dans nombre de leurs pratiques. destructives/constructives.

Tous ces mouvements de protestations et de restructuration


10 minimes ne sont pas sortis d’un chou, mais ils sont à mettre [Publié dans Motin, publication du CNA de Buenos Aires,
n°11, novembre-décembre 2007 ]
en rapport avec les « conjonctures actuelles », intégrées aux
problématiques d’exploitation de l’homme par l’homme et aux
déclarations de lutte contre l’autorité et l’exploitation, sans sé-
parer ces signalements, entre la pratique des fins et des moyens
que nous considérons un même développement idéologique et
éthique.

C’est une époque où exercer en « pratique » des accords de va-


leurs anarchistes, en renforçant les rapports entre compagnons

A RGENTINE
A PROPOS DE L’ATHENÉE ANARCHISTE
ANGELA FORTUNATO ET LES ARRÉSTATIONS DE 2006
L E 23 JANVIER 2006 À l’aube, l’Athénée Anarchiste “Angela
Fortunato” de Buenos Aires a été investi par la DDI de
Avellaneda, au cours d’une opération conjointe avec la division
détachés de la
réalité, leurs
maigres res-
En 1922, les troupes du Colonel Varela
vont au bordel après avoir fusillé
de vols et délits de la police fédérale. D’autres perquisitions ont sources écono- près de 1500 ouvriers au cours des con-
également eu lieu aux domiciles de quatre compagnons. C’est miques ne leur fits agitant la Patagonie subversive
donc à cela qu’a abouti la dénonciation faite à la police par une permettent pas d’alors. Dans ces terres marquées par
personne un moment proche d’un des compagnons et ainsi que de faire face à l’horreur, alors que le vent porte en-
s’est conclue une spirale répressive qui s’intensifiait depuis déjà la situation. core l’odeur du sang, les cinq femmes
quelques temps. Par ailleurs, travaillant dans le bordel la Cata-
il est très im- lana de San Julian reçoivent les sol-
Suite à cette opération, deux compagnons ont été incarcérés portant pour dats à coups de balais et de bâtons, au
dans un camp de concentration de sécurité maximale de la Pro- tous et toutes cri de “jamais nous ne coucherons avec
vince de Buenos Aires et un troisième compagnon est recherché, que s’ouvre un vous, bande de lâches et d’assassins !”.
car il ne se trouvait dans aucun des domiciles perquisitionnés. débat sur la Bien sûr, on les arrête et on les en-
solidarité, ici
ferme, mais l’anecdote raconte qu’elles
Sur l’athénée, on peut dire qu’il comprenait un centre de docu- et maintenant,
seront finalement libérées de peur
mentation, une bibliothèque, des archives, et que tout au long avec ceux qui
que cet épisode ne se diffuse. Nous ne
de ces trois ans d’existence s’y sont déroulées diverses activités subissent les
savons pas quelle fut la vie de ces
et initiatives, généralement en rapport avec la répression sur coups de la ré-
toute la planète et pouvant aller de projections de vidéos à des pression. femmes, mais ce que nous retenons ici,
débats et discussions, jusqu’à des manifestations et autres acti- c’est ce geste et leur dignité, lorsqu’un
vités pratiques. Nous termi- jour elles dirent NON. Angela Fortuna-
nons pour le to fut l’une d’elles...
Tout ceci a attiré l’attention des forces de l’ordre qui ont com- moment en ex-
mencé, d’abord timidement puis ostensiblement, à harceler les primant notre Nous ouvrons cet athénée dans
personnes qui s’y trouvaient, en les observant depuis les célèbres solidarité aux l’intention de créer un espace où la
Ford Falcon (typiques de la dictature) garées pendant des heu- compagnes et priorité soit la rencontre, le dével-
res devant le local, en les filmant des mêmes voitures, en suivant compagnons oppement et le renforcement d’affinités
les compagnonNEs jusqu’à faire des irruptions nocturnes sous réprimés et et la constitution de forces capables
n’importe quel prétexte, et en mettant leur téléphone sur écou- poursuivis, d’agir dans la guerre sociale….[...]
te. Tout ceci a généré un climat d’inquiétude et de persécution. et en saluant
Ce contexte n’était pas facile pour les compagnonNEs qui ont celles et ceux [Extrait de la présentation de l’Athenée
décidé de continuer. avec qui nous Anarchistc Angela Fortunato publié dans
partageons le Libertad, n° 26, juillet-août 2003]
Finalement, la plainte de la personne mentionnée implique di- chemin.
rectement trois compagnons pour leur participation supposée
à un braquage, et au cours de la série de perquisitions, l’argent
dont nous disposions pour le local a été “saisi”. Les arrestations, Quelques compagnes et compagnons anarchistes
la large répercussion médiatique, la confusion initiale et les de l’Athénée “Angela Fortunato”
craintes logiques ont déterminé la fermeture du local ainsi que 30 september 2006
le silence que nous avons gardé jusqu’à aujourd’hui, mis à part
le communiqué dans lequel nous annoncions la fermeture du angelafortunato@no-log.org
local.

Pour ce qui est des compagnons incarcérés, ils viennent d’être


jugés en première instance et condamnés à 10 et 11 ans de pri-
son. Le troisième compagnon, qui à ce moment là s’occupait
de la Cruz Negra Anarquista (ABC), est toujours en fuite et
recherché. Les perquisitions n’ont pas apporté de preuves con-
crètes liées à ce qui leur est reproché, mais on a saisi chez lui un
important matériel de propagande et des photos, ainsi que le
disque dur de son ordinateur.

Si aujourd’hui nous rendons tout cela public, c’est pour étendre


la solidarité avec les compagnons et amis emprisonnés à la suite
de cette manœuvre policière, notamment parce que, n’étant pas

A RGENTINE
A PROPOS DE CE QUI S’EST PASSÉ AUTOUR DE
L’ATHENÉE ANARCHISTE
ANGELA FORTUNATO
Une explication nécessaire dre (de concrétiser) les principes que depuis plus d’un an maintenant.
l’anarchisme cherche à forger.
Tout d’abord, nous pensons que la Nous pensons que partant de là tout Passé le temps de la récolte
discussion et le débat prennent un devient «idéologique», dans le sens de
tour plus salutaire lorsqu’ils se basent domaine des idées. Dans l’immense La répression a donc touché trois
sur des expériences concrètes. quantité d’événements (incidents) so- compagnons de l’athénée, dont l’un
A partir de cela, le débat enrichit ciaux qui se déchaînent chaque jour, (celui qui est en cavale) s’occupait de
d’une manière réelle les possibilités nous trouvons des motifs d’interroger la Cruz Negra Anarquista (ABC) de
pourquoi ils reposent ou ne repose- Buenos Aires.
raient pas sur les idées. Ils sont accusés d’un cambriolage
Il faut expliquer un certain nombre ayant eu lieu le 18 décembre 2005
de choses. Bien sûr, nous pouvons ne dans la maison de production Ideas
pas être d’accord sur la manière de re- del Sur, propriété de Marcello Tinelli,
chercher des compagnonNes, et nous entrepreneur médiatique et directeur
ne parlons pas là du rapport entre de télé, connu pour son ample oeuvre
les moyens et les fins, car ce sujet est d’ ”élévation culturelle” de la popu-
parfaitement clair pour nous, com- lation.
pagnonNes de l’Athénée, mais de la Le compagnon le plus compromis,
manière d’affronter cette recherche, balancé par une de ses “connaissan-
dans l’informalité et en imaginant des ces”, a décidé de reconnaître les faits,
formes différentes et non convention- sachant que cela relâcherait d’une
nelles de nous relationner et de faire certaine manière l’énorme pression
de l’agitation en relation avec les faits. exercée par les forces de sécurité en
C’est à partir de cette conception quête de coupables, d’autant plus que
que nous avons commencé à donner la compagnie chargée de la sécurité
forme et vie à ce projet. Une biblio- de la maison de production (et ap-
thèque, une vidéothèque, une maison partenant à la police) devait justifier
pour les compagnonNes qui se rap- les énormes sommes qu’elle percevait
prochaient de toutes parts. C’est dans et éviter d’être la risée générale.
ce contexte que cet espace a grandi et
pris vie.Il faut ainsi comprendre que L’autre compagnon a été condamné
l’Athénée Anarchiste “Angela Fortu- selon la Loi Blumberg de présomp-
nato” n’a jamais appartenu à aucun tion de culpabilité, alors qu’il lui res-
d’action et d’affirma- groupe, mais que ce projet s’est mis tait encore deux mois de condition-
tion de nos idées, puisqu’il se nourrit en place à partir de quelques indivi- nelle à accomplir. Son inculpation
de l’expérience vécue, du fait de se dus qui pensaient, et pensent encore, reposait sur un seul élément matériel
connaître et de se reconnaître dans qu’il faut multiplier les bibliothèques : un portefeuille qu’on lui avait offert
ses propres limites et possiblilités. et les lieux de rencontre partout, voilà et qui aurait figuré parmi les objets
tout. Et si par la suite des personnes soustraits au cours du braquage. Cette
Commençons par le début de divers groupes ou leurs groupes preuve a été écartée par la suite. Il n’a
respectifs se sont retrouvés là, c’est été reconnu que par l’un des agents
12 Dès son ouverture mi-2003, l’Athé- qu’ils se sont identifiés à cet espace. de sécurité agressés et seulement à la
née anarchiste “Angela Fortunato” de deuxième confrontation. Mais il vi-
Avellaneda, à Buenos Aires, a voulu Ce point de départ est à la fois intro- vait dans un bidonville, il est bronzé
être un espace physique tentant de ductif et explicatif. Mais la principale et de “peu de ressources”. Le juge s’est
participer et d’influer sur l’agitation raison d’être de ce texte consiste à fai- permis d’énoncer les condamnations
pour un changement social révolu- re naître le débat lâchement occulté. tout en arrangeant son repas avec sa
tionnaire. Anarchistes, nous pensons Lâchement, car deux compagnons belle-mère et sa partie de golf, entre
que l’idée anarchiste est sociale, c’est sont actuellement en prison avec des blagues et éclats de rire.
à dire qu’elle se projette dans l’en- condamnations de 10 et 11 ans, alors
semble de la société, tentant d’attein- qu’un troisième est en clandestinité De la peur, de la confusion et du si-

A RGENTINE
lence initial, en passant par les com- ne s’en sont pas mêlés... C’est ainsi
muniqués et les informations diverses qu’on aboutit à étouffer un débat, à
que nous avons sortis pour tenter de nous faire taire.
soutenir les compagnons réprimés*,
jusqu’à la réalité de la réponse expri- Il nous semble important de citer ces
mée par un mouvement anarchiste détails, car cela met en évidence la
qui face aux faits gênants s’est réfugié réalité du “mouvement” et cela reflète
derrière une série de faux arguments, en même temps une attitude profon-
ressort la nécessité d’un débat que de. Même vu de loin, cela ne devrait
nous considérons comme indispensa- pas nous surprendre, c’est la projec-
ble. Surtout si l’on tient compte des tion d’une attitude que nous avons
commentaires qu’il nous est encore pu observer dès que la répression a
donné d’entendre tous les jours sur commencé à rôder autour de l’espace
ce qui s’est passé. et de ceux qui y agissaient [filatures,
Certains soutiennent que ces person- présence de flics devant l’athénée ou
nes ne sont pas anarchistes, que seul de domiciles privés] ; tandis que l’en-
l’un des prisonniers est un compa- cerclement policier se resserrait et que
gnon, mais qu’en réalité aucun ne le nous n’étions pas capables de poser
serait vraiment, que l’information est le débat des “différences politiques”,
confuse, qu’ils ont fait ça pour leur d’opportunes distances étaient prises.
propre compte, qu’on aurait trouvé lité que nous vivons dans l’ensemble
des plans à l’Athénée... et que tout Nous voyons la nécessité de parler, est extrêmement dure et si contraire à
ce que nous y avons vécu n’est que entre autres choses, un peu de nous- ce que nous voulons avancer, que la
mensonge, que nous mentions, que mêmes, car une critique et une discus- seule manière d’en sortir renforcéEs
nous sommes tous des menteurs et sion approfondie nous transforment est de l’assumer. Parce que nous dé-
que l’Athénée n’avait rien à voir avec en force sincère cherchant à croître couvrons aussi les resssources inépui-
la politique. et à s’améliorer. Ceci pour ne pas fi- sables et combien l’être humain peut
nir par nous caricaturer nous-mêmes être merveilleux lorsqu’il se propose
Nous répondrons simplement qu’il y et ajouter encore à la caricature que de voir une réalité qu’il croit trop
a eu une perquisition dans un local nous combattons. difficile à assumer. Contrairement à
anarchiste [le 23 janvier 2006], qu’il ce qui se produit quand nous nous
y a eu deux détentions avec des con- De plus, il serait facile de voir uni- demandons tous les jours comment
damnations de 10 et 11 ans et qu’un quement chez les autres les attitudes la mort, la faim et l’injustice peuvent
compagnon est toujours en fuite. que nous rejettons, parce que nous passer sous les yeux de milliers de
Nous répondrons simplement que les comprenons que c’est aussi devenu personnes qui les considèrent comme
commentaires cités précédemment une habitude. Et comme nous nous normal.
émanent de personnes qui n’ont rien identifions à un courant de pensée, Dans notre cas, nous regardons vers
à voir avec nos idées.Ces phrases nous ne pouvons ni voulons nous po- le passé, nous commentons les grands
parlent d’elles mêmes... nous avons ser comme étrangers à ce qui se passe événements à 15 000 km de nous
conscience des effets dévastateurs de et qui est également une expression [c’est-à-dire ce qui se passe en Eu-
la répression, surtout lorsqu’on se les de ce mouvement. Nous avons en rope] ou nous critiquons la gauche,
prend en pleine gueule... mais ces effet aussi porté des discussions, des mais nous ne voyons pas ce que nous
personnes nous avaient condamnés débats, des activités et des projets, de avons en face de nous, nous ne nous
avant la police. par les situations et les expériences voyons pas nous-mêmes. C’est ce
communes que nous avons générées mécanisme qu’utilise le pouvoir pour
Nous n’avons pas l’intention de ré- et rendu possibles. Et nous ne faisons soumettre l’ensemble de la popula-
soudre ici leur misère, il ne s’agit ici pas allusion au seul fait ponctuel [du tion. Il se renforce de nos faiblesses,
ni de rancoeur ni de ressentiment. cambriolage en question]. Il est in- qui en sont dans la mesure où nous
En rester à cela reviendrait à réduire dubitablement important de revoir ne les assumons pas.
Et si nous ne rompons pas avec cela,
13
ces faits à une question personnelle la manière de nous relationner et de
et à éviter d’aborder un thème, dont prendre aussi en compte le fait que nous portons à notre tour le message
nous pensons qu’il nous concerne en nous avons probablement d’une cer- du pouvoir. Porter à partir de cela
tant qu’ensemble, en tant qu’idées taine manière contribué à la légèreté un message d’agitation, est pour le
que nous prétendons faire avancer, ambiante, surtout lorsqu’il s’agit de moins grave.
parce que nous avons aussi souvent traiter certains sujets.
entendu ceux qui disent qu’ils n’ont Nous avons pour référence des idées,
rien à voir avec cette histoire, qu’ils Nous disons simplement que la réa- ainsi qu’une éthique. Les idées et
l’éthique que nous voulons nourrir et

A RGENTINE
dont nous nous nourissons nous po- nous faire parvenir d’autres lattitu- pierres et celui qui écrit, pas plus
sent la recherche et le défi d’un nou- des. que courir nous réfugier dans les ca-
vel être humain, de nouvelles valeurs thédrales du savoir institutionnel en
et c’est ce qui fait la différence avec Aujourd’hui et maintenant quête d’adhérents moins problémati-
les politiciens, qui disent une chose ques pour leur donner des cours, car
et en font une toute autre. Il n’est Celles et ceux qui parlent d’insurrec- tant que nous continuerons à préférer
guère besoin d’en parler davantage, tionalisme veulent se détacher d’une la sécurité à l’exploration de nos pos-
car la plupart des gens le savent plus réalité inconfortable, en prenant leurs sibilités, nous continuerons à soute-
ou moins consciemment. distances à partir d’une dénomina- nir ce présent.
tion différenciée. Pour nous, il n’y a
En ce moment, on parle du dévelop- pas d’insurrectionalisme. Il s’agit des Nous reste l’amère sensation de sa-
pement de l’anarchisme, d’encoura- différents modes d’intervention dans voir qu’une réponse décidée aurait
ger la révolte [sociale], de lui donner le conflit qu’adoptent les anarchistes, pu déterminer une autre réalité,
un caractère politique, et on prétend des différentes manières de s’organi- que nous aurions pu construire un
de cette manière agglutiner des per- ser et des différents champs ponctuels autre présent et que nous pourrions
sonnes au mouvement et propager les d’où l’on se projette. L’appellation être en train de parler d’autre chose,
idées dans la population. insurrectionnelle, lorsqu’elle ne se peut être avec l’un des compagnons
réfère pas à un angle particulier, sert aujourd’hui séquestrés. Mais pour
Nous considérons pour notre part aux bureaucrates à se distancier et aux l’heure, l’Etat et la police nous ont ar-
depuis le début ce qui s’est passé en mauvais garçons à être plus mauvais raché des compagnons et un local, et
soi comme la possibilité de générer encore. la répression semble pouvoir faire de
de nouvelles situations, de renforcer Mais les révolutionnaires inébran- nous ce qu’elle veut.Nous reste la joie
nos mots en actes, dans les compor- lables ne sont pas disposéEs à faire de nous rencontrer, de nous connaître
tements quotidiens et d’abandonner mauvais effet devant la bande tou- et de nous reconnaître, de savoir que
définitivement ce dualisme entre les jours avide du dernier texte de Bon- cette situation nous a renforcés dans
mots et les actes qui rapporte tant au nano. Ceci dit parce qu’on parle les liens qui nous unissaient et qui
beaucoup de culture de la sécu- maintenant nous lient plus fortement
Draden doorknippen... rité, mais peu de la culture de encore, la solidarité, l’afl’affinité.
la peur qu’ils cherchent à nous
imposer. La police ne nous a pas fait renier nos
amis et compagnons, elle ne nous a
Nous n’allons pas nous étendre pas poussés à nous justifier par des
sur la solidarité et ses mille ma- phrases qui annulent tout débat que
nifestations, pas plus que sur les certainEs refusent d’affronter par
sensibilités particulières, mais la peur même de la répression.
réalité est que nous n’avons pas La police ne nous a pas briséEs, parti-
eu la force de poser une réponse culièrement nous.
en condition, pour dépasser les
limites de l’assistantialisme que Nous saluons avec une rage infinie au
nous critiquons tant. coeur et le geste haut les compagnons
et amis emprisonnés, ainsi que tou-
La poignée de compagnonNEs tes celles et tous ceux avec qui, d’une
qui a assumé la situation s’est manière ou d’une autre, nous parta-
heurtée en premier lieu à une geons le chemin.
attitude où primait le sauve qui
peut, le «ne t’en mêles pas» et le Que tombe l’Etat et toutes ses prisons.
pouvoir et fait tant de ravages parmi choeur des silences, quand ce n’était Pour la liberté absolue.
les révolutionnaires. Nos compa- pas la diffamation des inculpés, des Que vive l’anarchie!
14 gnonNes d’Italie qui subissent une prisonniers et des pourchassés.
répression très dure (et peut être pour AmiEs et compagnonNEs
cela même) l’ont également entendu Nous replier sur nous-mêmes ne de l’Athénée.
de cette manière. Avec les compa- nous paraît pas être une alternative.
gnonNes de France et d’Espagne, ils Nous ne voulons pas non plus atten-
et elles ont répondu présents dans ce dre que les intellectuels déchiffrent ce
débat, par la pratique concrète, par qu’est l’Etat pour pouvoir agir. Nous [Publié dans le bulletin n°3 de la
l’inestimable soutien qu’ils ont ap- ne voulons pas renforcer cette fausse Coordinadora anticarcelaria del Rio de
porté aux inculpés et continuent de dichotomie entre celui qui jette des la Plata, hiver 2007]

A RGENTINE
Les 4 et 5 novembre 2006 se tenait Chili et Morales en Bolivie. Les politi- dus alliés privilégiés, les “gouverne-
à Montevideo en Uruguay le 16e ques libérales n’ont pas cessé et les ex- ments capitalistes progressistes”. Le 4
Sommet ibérico-américain des chefs guerilleros uruguayens des Tupamaros novembre à Montevideo, la manifes-
d’Etat. Plus d’un an après l’arrivée à présent au pouvoir tentent avec un tation contre ce Sommet se terminait
au pouvoir dans ce pays du Frente discours populiste d’unir leurs efforts par des attaques et affrontements à
Amplio, coalition qui a rassemblé la pour la cause capitaliste. Ciudad Vieja (le quartier des affaires),
plupart des partis de gôche et les es- Un an plus tôt, les 4 et 5 novembre des flics qui tirent, quinze arrestations
poirs de changement de nombreuses 2005 à Mar del Plata en Argentine, et quatre incarcérations basées sur un
personnes, le gouvernement assume lors du 4e sommet des Amériques qui article pêché dans le code pénal de
le contrôle de l’Etat et ses promesses réunissait la totalité des présidents 1934 et jamais abrogé, celui portant
de transformation sociale se bornent des démocraties capitalistes d’Amé- sur la “sédition”. Ils ne sortiront de
à l’illusion d’un possible capitalisme rique, l’hypocrisie du gouvernement prison que le 9 décembre, grâce à une
à visage humain, dans un contexte uruguayen s’était manifestée une nou- campagne de mobilisation à l’exté-
régional marqué par Chavez au Véné- velle fois, puisqu’il passait des accords rieur qui mettait notamment l’accent
zuela, Lula au Brésil et Kirchner en commerciaux avec Bush en même sur les contradictions des ex-guerille-
Argentine, puis encore Bachelet au temps qu’il dialoguait avec ses préten- ros fraîchement élus.

de critiquer

EN SOUTIEN les “mauvais


comporte-
ments”. Ils
AUX VANDALES ont dit que si
les dégrada-

DE CASA VIEJA tions étaient


prévisibles,
certaines n’en
restaient pas

C E QUI S’EST PASSÉ, nous a placés face à ce que nous savions déjà
: c’est dans les conflits que l’on peut voir qui sont les défen-
seurs de l’ordre existant et ceux qui veulent en finir avec lui.
moins inad-
missibles,
comme celles
causées à de
Les défenseurs de l’ordre contre les vandales. petits com-
merces ou à
Comme auparavant à Tres Cruces, Euskalerria ou dans la ban- des voitures.
lieue de Los Bailes, les accusations contre les dégradations ont Se faire bien
fusé, toujours de la part des mêmes gauchistes ou droitistes unis voir, c’est
pour défendre l’Etat, pour défendre l’ordre. tout ce qui
reste à ceux
Il ne faut pas se tromper, ces dégradations, ces attaques con- qui atten-
tre les biens (interdites, déniées), ces attaques contre le capital, dent les mas-
ne sont pas en soi révolutionnaires (en ce qu’elles ne signifient ses, à ceux
pas la destruction totale de l’ordre actuel). Nous n’avons jamais qui sont dis-
prétendu cela. posés à tout
abandonner
Ce qui s’est passé nous a placés face à ce que nous savions déjà pour la pro-
: certains feront l’impossible pour agrémenter le capital et son pagande.
nouveau gouvernement. Le pouvoir, aujourd’hui de gauche,
doit faire la démonstration de ce qu’il peut mieux gérer le capi-
tal en développant l’exploitation sans qu’il y ait de problèmes. II
L’idée de la “gauche du changement” consiste à ramper pour at-
tirer les investissements, à maintenir l’ordre. Les nouveaux ges- Les personnes qui participaient à la manif s’en sont pris aux
tionnaires de l’exploitation ont fait savoir qu’ils sont des maîtres banques et autres institutions, sans doute de manière un peu
qui en valent la peine, tout en essayant de nous humilier avec hâtive. Quelques tags ont suffi pour que se répande le désordre,
des bavardages à deux balles. terme qu’aiment à employer les dirigeants révolutionnaires et 15
les orateurs politiques en général. Le manque d’organisation de
Les faits ont montré, et ce n’est pas un hasard, que parmi les di- la violence s’explique très simplement : elle est partie de diffé-
verses manifestations contre Bush qui ont eu lieu ici, une seule rents endroits de la rue et de différents groupes de personnes,
a réellement été anti-capitaliste. qui n’avaient pas forcément l’expérience de ce genre de choses.
Les habitués des jets de pierres se sont certainement trouvés
Elles ont montré que de nombreuses personnes sont même dis- mélangés à des jeunes qui n’en avaient jamais lancé et ne calcu-
posées à presque tout abandonner pour la propagande. Mis à laient pas les rebonds, ou ce genre de trucs. Mais ce n’est pas ce
part le PCU, le MPP et autres partis de gouvernement, véritable qui nous intéresse. L’important c’est qu’une grande rage se soit
ligue de défense de la démocratie capitaliste, de nombreux grou- déchaînée alors qu’aujourd’hui c’est un privilège que de pou-
pes de gauche sont immédiatement sortis mais pour s’empresser

URUGUAY
voir en venir aux mains La vraie question, la plus importante, ce sont précisément les
ATTAQUE D’UN LOCAL DU PARTI avec le monde, avec le méthodes qui la posent ; ce qui détruit doit être supprimé, c’est
capital, et de pouvoir ce qu’ont clairement affirmé les pierres. Laisser de côté la ques-
COMMUNISTE À MONTEVIDEO affronter dans la rue les tion de ce qui s’est passé et de comment ça s’est passé, est une
larbins ou leurs balan- vaine tentative de justification.
ces. Les vandales ne faisaient aucune sorte de marketing ou de pro-
« La nuit dernière, 23 octobre
Sans doute, a-t-on pu pagande de gentils garçons responsables et préoccupés par l’état
2006, un cocktail molotov (bien
voir un manque d’expé- du monde lorqu’ils en finissaient avec la marchandise qui leur
rempli d’essence) a été lancé
rience dans les affronte- est interdite, ou avec les symboles de ce qui les exploite et les
contre un local du parti com-
ments de rue, mais on agresse au quotidien. Au contraire, ces vandales se battaient à ce
muniste. Celui-ci fait égale-
remédie facilement à moment-là pour eux-mêmes.
ment partie du Frente Amplio
cela avec un peu de pra-
(alliance de gauche actuel-
tique. La propagande n’était pas le plus important, mais les envies dé-
lement au pouvoir), qui comme
bridées d’attaquer le capitalisme financier, les banques, les bu-
n’importe quel gouvernement
Or, cette pratique tend reaux, les voitures et autres. S’il y avait eu des cas de vol —en
se contente de gérer notre
à s’étendre après des réalité on ne sait pas si ça a été le cas ou pas—, d’autres encore
misère et l’exploitation au
années de contention se seraient épouvantés et seraient venus plus nombreux à la
profit des intérêts des puis-
et de perte d’habitude. rescousse de la propagande qui formate pour justifier l’ordre
sants.
La démocratie du Ca- à respecter.
pital s’est introduite
C’est contre cela que nous
non seulement dans le Du point de vue des militants de l’ordre existant, des apôtres du
nous rebellons. Quel plaisir
discours des militants droit, de la propagande, de la marchandise, les révoltés n’avaient
pour les yeux de voir partir
et des journalistes, mais aucune raison valable qui justifierait ce qu’ils ont fait.
en flammes un des locaux de
durant des années, elle a Mais ils ont proclamé leurs raisons dans leurs actions, ont mis
la police rouge!!
généré une pratique du leurs slogans en actes, ont parlé avec leurs mains, sans aucun
ne rien faire et favorisé intermédiaire.
A BAS LE SOMMET ! *
une morale de la défense
VIVE LA REVOLUTION SOCIALE !
de la marchandise ainsi
qu’une pacification gé- IV
La Furia de Kronstadt »
nérale.
Malgré tous leurs efforts, ils n’ont pas réussi à se faire bien voir,
Mais le mécontente- pour la simple raison que ce n’était pas ce qui était recherché.
* Ndt : Sommet Ibéro-Américain
ment a triomphé, des Le “Tour anticapitaliste” en a été tout chamboulé.
des 4 et 5 novembre 2006.
jeunes, garçons et filles,
échappant à la retenue On n’a pas cherché de soutien des “masses contemplatives”, ré-
du progressisme et de sa politique et ne participant pas au pétons-le. Le sens s’est inversé, on s’est battu pour ceux qui
mensonge généralisé, ont laissé libre cours à leur imagination. voulaient se battre, pour nous-mêmes.
Ce sont leur tripes qui ont décidé du cours qu’a pris la jour-
née. Ceux qui espéraient une marche commune se sont vus pris dans
ce qu’elle est devenue, une attaque sans médiation ni média-
teurs.
III
Le fait de convaincre et la propagande ont laissé place à la trans-
Juste après les faits, le progressisme a lancé sa condamnation et formation réelle.
beaucoup de gauchistes sont sortis, quand ce n’était pas pour
condamner la journée, pour en souligner les erreurs et parfois Il y a eu une rupture dans la politique de l’apparence. Les faits
même pour se dissocier. C’est que le cauchemar de nombreux nous mettent au pied du mur, ou on rejette l’ordre et on le
militants s’était réalisé, les personnes présentes ont vandalisé la transforme, ou on continue le rituel de la protestation.
protestation, ont oublié la propagande et ont fait ce que di-
saient leurs slogans. Nous pourrions dire beaucoup d’autres choses encore. Ce n’est
pas que nous croyions qu’un coup dur ait été porté au capital
Beaucoup aussi ont été tentés de sortir pour donner des expli- ou quelque chose comme ça, mais nous voyons comment les
cations qui sonnaient comme des excuses, se distanciant ou se faits créent des moments pour dire et pour faire, pas pour les
16 refusant à mentionner les méthodes. grands discours.

Mais, comment ne pas mentionner les méthodes ? Ceux qui brisent l’ordre sont des délinquants, nous ne pouvons
qu’appuyer la dissolution d’une société d’exploitation et de mi-
Ceux qui se distancient des moyens de détruire le capital veu- sère, de la même manière que nous soutenons les actes qui la
lent certainement le maintenir en place ou le gérer. En bons dissolvent.
défenseurs de la société, ils essaieront de zapper le sujet de la
question réelle. Le capital ne peut être géré sympathiquement, Nous sommes des délinquants.
car ce n’est pas comme ça qu’on en finit avec la domestication
et l’exploitation que nous subissons. [Tract qui a circulé à Montevideo en novembre 2005]

URUGUAY
Arrivée aux affaires en mars 2005 La première, construite le long du de l’arme du nationalisme le plus
pour la première fois de l’histoire de fl euve Uruguay, un affl uent du rio outrancier pour souder la population
l’Uruguay, la gôche a fait du slogan de la Plata qui fait frontière avec derrière lui. De son côté, le syndicat
développer le «pays productif» son l’Argentine, a suscité l’opposition des unique, le PIT-CNT, a mis son oppo-
leitmotiv. Montrant encore une fois riverains. Du côté argentin, cela fait sition initiale auprojet en veilleuse, à
la continuité entre la main gauche des mois que le pont de Fray Bentos l’image de toute cette gôche para-in-
et droite du Capital, elle a con- qui enjambe le fleuve est bloqué de stitutionnelle qui apporte son soutien
tinué d’encourager les investisseurs façon permanente par les membres de “critique” au gouvernement.
à piller le territoire et exploiter sa l’Assemblée de Gualeguaychú, tandis
main d’oeuvre. Sa grande affaire est que les deux autres, à Paysandú et Salto Les anarchistes semblent bien être les
à présent l’implantation d’usines de —uniques autres postes-frontière par seuls à peindre encore régulièrement
pâte de cellulose (qui transformée la route— le sont aussi régulièrement. les murs de la ville pour exprimer
une fois exportée deviendra du pa- Face à cela, le gouvernement du Fr- leur opposition radicale aux usines
pier) des entreprises finlandaise et ente Amplio («Front large», coalition de cellulose ou à la rappeler dans les
espagnole Botnia et Ence. de centre-gauche) use sans vergogne tracts distribués à d’autres occasions.

LES RAISONS D’UNE OPPOSITION


AUX USINES DE CELLULOSE
D’énormes usines de cellulose sont en train de s’installer en ce mo- L’Uruguay compte d’abondantes réserves d’eau douce, de larges
ment en Uruguay. L’une appartient à l’entreprise Ence (Espagnole) prairies naturelles et d’excellentes terres cultivables. Au cours des
et l’autre à Botnia (Finlandaise), sans compter une troisième, de décennies 1930-60, à la demande du marché international, s’est
l’entreprise Stora Enso (Suédo-finlandaise), qui est déjà en train développé un modèle qui a favorisé l’industrialisation en textiles,
d’acheter une partie des 100 000 hectares qu’elle nécessite pour
obtenir la base de son négoce, les eucalyptus.

La cellulose est la matière première qui sert à la fabrication de pa-


pier. Dans ce genre d’usine, on extrait la cellulose des arbres, on la
blanchit puis on la transforme en une pâte qui —dans ce cas— sera
exportée dans d’autres pays pour en faire du papier. L’approvision-
nement de ces entreprises nécessite de grands domaines de mono-
cultures d’arbres (principalement de l’eucalyptus), c’est pour cela
qu’elles sont propriétaires et/ou liées à des entreprises de déforesta-
tion, Ence avec Eufores et Botnia avec Forestal Oriental.

La coupe indiscriminée et la consommation des forêts primitives


sur toute la planète provoqueraient une déforestation accélérée de
15 millions d’hectares (quasi un Uruguay) par an. Plus précisé-
ment, les pays riches déjà saturés par de hauts niveaux de pollution
et lancés parfois dans des campagnes de sauvegarde de leurs sols
et eaux ont décidé —vu qu’ils ne souhaitent pas faire baisser leurs
niveaux de consommation— de transférer leurs industries les plus
polluantes dans le Sud [et l’Est de l’Europe ou la Chine]. On peut cuirs, viandes, laits, etc. Ces dernières décennies, les usines de
interroger le pourquoi de la production de tant de papier qui sert transformation de matières premières ont été démantelées pour
essentiellement les intérêts du Capital : pensons par exemple au exporter directement ces dernières. Aujourd’hui, comme on le sait,
bombardement de propagande qui arrive dans chaque habitation les Etats gouvernent moins, au profit des transnationales. Celles-ci,
sous forme de dépliants aux couleurs chatoyantes, pour tenter de profitant de la servilité des derniers gouvernements ont commencé
vendre quelque chose. C’est-à-dire pour continuer de soutenir le à modifier la donne. Et les pressions des organismes internationaux
spectacle de la marchandise. Pensons aussi à tout le papier d’embal- comme la Banque Mondiale, le FMI ou le BIRD ont commencé à
lage ou aux factures et autres formulaires administratifs... tomber comme des pluies acides (qui ne manqueront pas de le faire
une fois que les usines de cellulose commenceront à fonctionner),.
Au total, on arrive à une forte concentration et transnationalisation
de la terre, à des domaines extensifs de monoculture de soja trans-
En 1987 par exemple, une loi de promotion forestière (n°15.939)
est passée, à laquelle se sont ensuite ajoutées des subventions étati-
17
génique ou de riz destinés à l’exportation, à des cultures forestières ques en tous genres, des exonérations d’impôts, des zones franches
intensives pour produire de la pâte de cellulose. Les exportations et, comme si cela ne suffisait pas, en cas de guerre, catastrophes
minières et celles de l’industrie de la pêche méritent aussi notre at- naturelles ou insurrection (espérons-le) qui portent atteinte à ces
tention. Ils sont en train d’accélérer la mise en œuvre du Plan IIR- entreprises forestières, l’Etat devra payer des indemnisations con-
SA, lié au Plan Puebla-Panamá qui prévoit l’installation de bases séquentes. Ce dernier point figure dans l’Accord de Protection des
militaires nord-américaines en Amérique du Sud liés à des centres Investissements signé le 21 mars 2002 entre l’Uruguay et la Fin-
de recherche en biotechnologies et accompagnés de fortes pressions lande, et qui concerne Botnia.
pour obtenir de ces pays des TLC (Traités de Libre Commerce).

URUGUAY
L’impact des monocultures forestières des arbres du lever au coucher du soleil, dormant dans des tentes
et soumis aux intempéries, afin de pouvoir porter chaque fin de se-
Plantés en rang d’oignon comme des militaires, il ne pousse rien en maine de quoi manger à leur famille. Leur salaire n’est qu’une vaste
dessous, parce blague dont plus d’un tiers part de toute façon dans la nourriture
qu’ils prennent que leur vend le magasin monté par le patron dans le campement
tant d’espace où ils vivent. Bien entendu, les prix sont supérieurs à n’importe
que pas même quel autre endroit. Ils sont employés par des tiers, des intermé-
le soleil ne par- diaires sans scrupules (comme tout capitaliste) permettent aux
vient au sol entreprises de garder «les mains propres» en cas d’accident. Acci-
pour effectuer la dents fréquents, vu qu’il n’existe de toute façon aucun équipement
photosynthèse. de sécurité et qu’ils sont obligés de couper les arbres par tous les
Il n’y a pas un temps, y compris en cas de tempêtes. Les cas de bûcherons écrasés
brin d’herbe. par un arbre ne sont ainsi pas rares mais, comme d’habitude, «on
Dans ce paysa- n’a rien vu». Pas question d’électricité ou d’eau potable : bien plus,
ge de mort, on l’eau consommée vient de sources superficielles contaminées par
n’entend pas un les fertilisants et les maladies liées à l’eau stagnante.
chant d’oiseau,
il règne un silence sépulcral, qui n’est rompu que par le bruisse- Je pense que ces quelques exemples suffisent à esquisser la situation
ment des feuilles sèches lorsqu’on s’y promène. des travailleurs forestiers, une situation courante, alimentée tant
par la pauvreté matérielle que spirituelle de ce monde. Comme
L’eucalyptus consomme de grandes quantités d’eau (c’est pour cela une étrange réminiscence, elle ne semble pas si éloignée de celle
qu’il pousse plus du Chiapas mexicain des années 20 décrite par B. Traven dans La
rapidement ici), révolte des pendus.
appauvrissant la
terre et empê-
chant que l’on Production de cancers
puisse planter
autre chose près Au terme d’un voyage qu’on ne pourra jamais se payer, un sourire
de ces monocul- d’idiot aux lèvres et le symbole du dollar brillant dans les yeux,
tures. Preuve en ces «respectables» messieurs viennent investir dans «notre pays»,
est que la mai- accompagnés par le disque rayé des médias qui répètent à l’envie
rie doit fournir que «nous avons besoin des investissements pour améliorer l’éco-
l’eau aux petits nomie, pour que de l’argent entre dans le pays». Et tout le monde
producteurs de en tire l’interprétation stupide que si de l’argent entre dans le pays,
la zone alentour nous verrons le résultat dans notre portefeuille. C’est aussi vrai que
qui auparavant lorsqu’ils nous assurent que la technologie dernier cri de ces usines
l’extrayaient des puits. Ces monocultures détruisent toute biodi- ne générera aucune pollution.
versité, et comme nous en faisons partie, nous détruit peu à peu.
Comme nous en dépendons aussi, elle laisse de nombreux indivi- Evoquons par exemple la pollution organique persistante, de type
dus sans moyens de subsistance, donc sans autonomie. Une fois que bio-accumulative (ce qui signifie qu’elle n’est pas dégradable mais
la terre ne donne reste dans le temps et l’espace pour s’accumuler dans divers orga-
plus rien, ils sont nismes) comme par exemple la dioxine ou les fluorures polychlora-
ensuite souvent tés, extrêmement toxiques. Cette contamination touchera le fleuve
acculés à la ven- Uruguay, l’air et —par les pluies acides— entrera dans le sol, c’est-
dre à vil prix à des à-dire touchera les cultures et chacun de nous.
entreprises qui
créent de gran-
des propriétés. La catastrophe de Valvidia
Des populations
entières, après Dans la ville de Valvidia au Chili, on peut croiser le rio Cruces,
avoir parfois ré- zone humide qui contient une riche diversité de plantes aquati-
sisté, finissent ques, poissons, oiseaux. Un animal particulier est le cygne à col
par aller grossir noir, avec sa manière élégante de nager. Ce petit paradis a pourtant
les périphéries été anéanti le 30 janvier 1994 avec la mise en service de l’usine de
de misère. cellulose Arauco, du groupe Angelini, un des principaux produc-
teurs mondiaux de farine de poisson, ayant également des intérêts
18 Ce qui était vie avec toute sa biodiversité n’est à présent qu’un dans les combustibles et l’industrie forestière. Ses principaux ac-
paysage de mort, une vision unique de voir les choses où le profit tifs se trouvent réunis dans Empresas Copec. Cette dernière est
prime sur tout. à présent une entreprise diversifiée qui détient une participation
importante dans le commerce forestier à travers sa filiale Celulosa
Arauco, et est devenue la plus grande entreprise chilienne en terme
La réalité des travailleurs forestiers de capitalisation boursière.

Il y a entre 40 et 50 000 bûcherons qui travaillent pour cette in- Il n’a pas fallu un mois après sa mise en service pour que les habi-
dustrie. Si on entend le travail salarié comme un esclavage, alors il tants des villes limitrophes de Valvidia protestent contre les odeurs
se montre ici sous son visage le plus brutal. Chassés par la misère insupportables qui provenaient de l’usine de cellulose, pourtant
jusque dans les monts, ils passent cinq jours par semaine à tailler dotée de la dernière technologie finlandaise. Rapidement, les cas de

URUGUAY
problèmes respiratoires, d’allergies et d’irritations ont commencé En novembre 2007 Botnia a demarré
à se multiplier. Quant à la population de cygnes à col noir, elle Depuis plus d’un sa production à Fray Bentos. Depuis
a chuté de 12 000 spécimens à 1 500. Pourquoi un tel carnage ? an, les médias ont 16 janvier 2008, Ence a commencé
Parce que les eaux de rejet dans le fleuve ont exterminé la plante lancé une campa- l’implantation de l’usine à Punta
aquatique dont ils ne nourrissaient, c’est-à-dire qu’ils sont morts gne extrêmement Pereira. Deux autres entreprises
lentement et douloureusement de faim. Le fleuve qui auparavant nationaliste, avec construiront des usines de cellu-
coulait de son bleu azur n’est à présent qu’un cloaque maronnasse des arguments du
lose: Stora-Ensa et Portucel.
où on distingue bien peu d’êtres vivants. Face à tout cela, la popu- type «les argentins
lation a commencé à se mobiliser, tardivement, parce que comme veulent les usines
En plus, il y a encore quatre autres
d’habitude ils se sont fait endormir par «le travail», «le progrès», «le pour eux seuls et
bien du pays». veulent nous em- projets pour ces usines de mort: In-
pêcher d’avoir du ternational Paper, Nippon Paper
Pourtant en janvier 2005, ils ont obtenu la fermeture provisoire de travail» (bien qu’il Group, Weyer-Haueser et Tapebicuá
l’usine, ce qui nous montre qu’on peut gagner contre le monstre et semble qu’il n’y (Fanapel).
que cela ne dépend que de nous. La monoculture d’arbres date de aura que 300 em-
plans vieux de plusieurs décennies, dans ce cas du gouvernement plois directs, si on
Pinochet. Ils ont ensuite été renforcés par les gouvernements dé- compte la première étape liée à la construction) et «nos représen-
mocratiques... tants disent qu’elle ne polluera pas, alors pourquoi mentez-vous
?». Comme des supporters de foot, les uruguayens endossent le
maillot de ces entreprises et rugissent contre les «méchants argen-
Le nationalisme comme arme des riches tins», agitant le drapeau d’un Etat créé pour les intérêts commer-
ciaux de la couronne anglaise. Pendant que quelques chefs d’en-
Le fleuve Uruguay où se déverseront les déchets de Botnia par- treprise trinquent dans leurs fauteuils, deux peuples se disputent
tage les Etats argentin et uruguayen, et la protestation n’a donc au nom des intérêts de ces entreprises [le nationalisme uruguayen
pas surgit qu’en Uruguay, mais aussi en Argentine, précisément à régénérant à présent le nationalisme argentin]. Entre autres faits
Gualeguaychú, dans la province d’Entre Rios dont les côtes sont ridicules, citons l’annonce du gouvernement en octobre 2006 qu’il
baignées par le fleuve Uruguay. Là s’est formée l’Asamblea Ciua- enverrait les militaires protéger l’emplacement de Botnia contre
dana Ambiantal de Gualeguaychú (ACAG : assemblée citoyenne et de «possibles attaques argentines» ou, plus récemment, la nouvelle
environnementale de Gualeguaychú), qui est celle qui a réellement démonstration de chauvinisme à Montevideo le 5 février 2007
mis les pieds dans le plat, celle qui s’est mobilisée avec beaucoup lorsque quelques membres des assemblées argentines sont venus
de force et qui, à travers des blocages de route aux postes frontières distribuer des tracts plaza Independenzia avec l’appui d’un petit
(ininterrompu de décembre 2005 à mai 2006 puis de novembre groupe d’uruguayens, et se sont fait pratiquement lyncher à coups
2006 à aujourd’hui), font pression contre l’Etat uruguayen pour de pierres, coups, insultes et crachats par une foule d’une centaine
qu’il renonce à autoriser l’installation des usines de cellulose. de personnes «indignées» défendant «la souveraineté du pays». On
apprit le lendemain que la camionnette diffusant les consignes de
Si pour notre part nous voyons comme une limite que l’assemblée haine au haut-parleur avait été louée par Esteban Valenti, le res-
ne s’oppose qu’à l’usine Botnia, oubliant par exemple de critiquer ponsable de la dernière campagne du Frente Amplio au pouvoir.
au moins le modèle forestier en général, voire la logique capitaliste
qui les sous-tend, la résistance de «notre» côté du fleuve a eu au Comme à l’aube de la première guerre mondiale, resurgit cette
début un peu de force. Des groupes se sont créés à Fray Bentos, même arme du nationalisme déjà utilisée par la bourgeoisie pour
Mercedes, Montevideo et d’autres localités. Il y a eu des mobilisa- tenir en échec le prolétariat international, une arme qui a démontré
tions variées, comme celle de «l’accolade sur le pont» du 30 avril son efficacité. Mais, compagnons, même lorsqu’il semble que nous
2005 où des milliers d’opposants des deux rives du fleuve se sont ayons tout pour perdre et qu’au premier signe de résistance nous
donnés une accolade chaleureuse au milieu du Pont San Martin nous ferons empaler, depuis quand cela nous-a-t-il empêchés de
(qui unit Fray Bentos à Gualeguaychú). Le 30 avril 2006, à l’occa- réagir ? Nous avons aussi tout un arsenal à notre disposition et une
sion du premier anniversaire de cette accolade, 100 000 personnes confiance dont nous saurons user, rien ne nous a jamais retenus, et
des deux rives du fleuve rééditeront la rencontre sur le pont. Les d’où nous sommes nous saurons bien employer toute notre énergie
protestations ont surgi de plusieurs milieux, avec divers points de à changer l’état des choses. Il est toujours temps d’agir.
vue, et nous autres, anarchistes, ne nous sommes pas fait attendre.
Il y a eu pendant un temps un groupe spécifique contre «l’exploi- Depuis les rues de Montevideo, avril 2007,
tation industrielle forestière et les usines de cellulose», des débats, un anarchiste débordant de vitalité et d’énergie
des blocages de rues, des rassemblements ont été organisés, il y a eu qui ne pense pas baisser les bras.
beaucoup de propagande de rue.

Par hasard, nous avons aussi eu connaissance d’autres activités [Extrait de “Cette Semaine” n°92, mai 2007]
comme le trashage des façades de Ence et Botnia à plusieurs oc-
casions ou cette action qui a attiré l’attention : la destruction de * Quelques autres attaques: 19
milliers de plants d’eucalyptus dans une pépinière de l’entreprise 19 juin, Montevideo : vers 3h20 du matin dans un entrepot du
Botnia dans le département de Paysandú en mai 2006. Les vo- port éclate un incendie volontaire dans un dépôt de bois de l’entre-
leurs laissèrent un papier qui précisait «ils ne sont pas invulnéra- prise Forestadora Oriental (filiale forestière de Botnia). 2000 m3
bles». «Avec pour seule complicité la nuit, nous avons pu atteindre sont partis en fumée.
l’apparente invulnérabilité du grand monstre. La nuit du lundi 8 10 juillet, Montevideo : gigantesque incendie dans le bâtiment de
mai, des centaines de milliers d’arbres ont été saccagés dans les Ence situé au croisement de Camino Durán 4195 et Coronel Raíz,
entrailles de la pépinière pour éviter que des milliers d’hectares ne dans le quartier de Peñarol. Une machine détruite et 40 000 m3 de
soient transformés en champs d’arbres. La chaîne de production bois en fumée rendent l’usine inopérante.
a été rompue, les spéculateurs sont perplexes... to be continued»
précisait le communiqué sur indymedia Uruguay. *

URUGUAY
SÉDITIEUX D’HIER,
RÉPRESSEURS D’AUJOURD’HUI
C OMME DANS DE NOMBREUX PAYS d’Améri-
que du Sud, la gôche est arrivée au pouvoir
en Uruguay il y a peu de temps, mettant fin à la
Populaire contrôlé par les ex-Tupamaros du
MLN), majoritaire dans la coalition du FA,
et d’un Parti communiste qui a conservé une
ont été incarcérés, systématiquement torturés,
assassinés et incarcérés durant la dictature, la
présidence de gôche a accepté en avril 2007
domination des deux partis (colorado et natio- influence à travers le PIT-CNT, confédération une proposition de loi de «Réparation aux
nal) qui régnaient sans partage depuis 1865. Le syndicale unique, est donc non seulement de victimes de la subversion» lancée par le dé-
Frente Amplio (FA) créé fin 1970, vaste coali- faire passer les réformes à grands coups de pro- puté d’extrême-droite colorado Daniel Garcia
tion de partis réformistes (des ex-Tupamaros au pagande, mais aussi d’un quadrillage étroit des Pinto, visant à verser une indemnisation de
Parti communiste, en passant par les socialistes quartiers. Le Plan d’Urgence destiné aux plus 150 000 dollars à chaque famille des ordures
et des démocrates-chrétiens), a gagné l’élection pauvres permet par exemple d’assurer un con- victimes d’accidents mortels du travail sous
présidentielle en octobre 2004, et ce dès le pre- trôle social par la distribution directe d’argent, les coups de la guérilla de 1962 à 1976 (18
mier tour. Tabaré Vásquez, un socialiste déjà tandis que la naissance d’une nouvelle bureau- militaires, 34 policiers, 16 bourgeois). Et pour
maire de Montevideo depuis 1990, prend ses cratie offre la possibilité de créer un clientélis- boucler l’ignominie, elle y a inclut 26 familles
fonctions le 1er mars 2005 en disposant d’une me par les postes de travail liés à la nouvelle ad- de desaparecidos (et uniquement celles-là, les
majorité au Parlement. Et en un peu plus de ministration (dans la fonction publique, mais seules officiellement reconnues par la Com-
deux ans, on peut dire que la main gauche du aussi à travers Antel, la compagnie nationale de mission pour la Paix, sur les quelques 260
Capital n’a pas chômé dans ce petit pays d’un télécommunication, ou la pieuvre Ancap, qui desaparecidos, sans compter les dizaines d’as-
peu plus de 3 millions d’habitants. possède raffineries, cimenteries et gère la dis- sassinés dans la rue ou par les Escadrons de la
tribution d’essence et de canne à sucre). Quant Mort). Le nouveau Président Tabaré Vásquez
Après une dictature militaire de 1973 à 1985 à la propagande, elle va du culte de la person- avait d’ailleurs déjà précisé le 2 mars sa théo-
qui s’est employée à liquider l’explosion sociale nalité (pour Sendic, un dirigeant historique rie des «deux démons» (militaires et guérilleros
de la fin des années 60 tout en préservant les des Tupamaros mort en 1989 ou plus récem- sur le même plan), posant l’équivalence du
intérêts des latifundistes exportateurs (viande, ment pour l’ex-tupamaro Mujica, ministre de terrorisme d’Etat et des attaques armées des
cuir, riz, laine et produits lactés) restés au l’Agriculture) à une mobilisation permanente à révoltés, lors d’un meeting-bilan de ses deux
temps de l’économie-à-papa, est donc venu le travers le nationalisme (contre l’Argentine ou années aux affaires devant 60 000 personnes
temps pour la gauche d’achever le travail com- avec l’exaltation du «libérateur national» Arti- : «face aux générations futures, disons plus ja-
mencé dans les années 90 par ses prédécesseurs gas) et des médias qui ont remplacé les comi- mais, plus jamais d’uruguayens contre d’autres
libéraux pour créer un marché intérieur et tés de base comme relais : les mots d’ordre du uruguayens». En même temps, il y a pour la
une classe moyenne dans le cadre d’un Mer- gouvernement comme le «pays productif» sont première fois depuis le retour de la démocratie
cosur (marché commun regroupant Argentine, répétés à satiété. en 1985 un nouveau prisonnier incarcéré pour
Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela) qui fa- «sédition» (deux années de prison minimum),
vorise l’intégration régionale dans la division Il s’agit là de faire accepter de force pas moins comme au bon vieux temps où régnaient ses
mondiale du travail. Comme les pays voisins, que l’accroissement permanent du fossé entre nouveaux amis : Fernando, qui a eu le tort de
les riches et les pauvres à l’heure briser les vitres d’un McDo lors de la visite de
où beaucoup croyaient au «chan- Bush le 9 mars dernier.
gement», ce qui s’accompagne clai-
rement par une forte militarisation Pour terminer d’illustrer cette politique qui ne
de l’espace social. Outre une police leurre que les sourds et les aveugles (une des
et des vigiles armés qui ont carte premières décisions de Vásquez fut de renier
blanche contre une délinquance une promesse du FA en posant son veto per-
croissante (la seule nouveauté du sonnel à la légalisation de l’avortement), au
FA en matière de police fut d’y lendemain de l’incarcération de Fernando le
implanter son propre syndicat cor- Parlement adoptait à l’unanimité droite/gau-
poratiste), ce sont 1 100 nouvelles che la modification de l’article 394 du code pé-
places de prison qui sont en cours nal. Désormais sera punie de prison «l’occupa-
de livraison et un projet d’en cons- tion arbitraire, partielle ou totale d’un terrain
truire 2 000 autres pour pas moins ou immeuble», sachant que «la plainte pourra
de 15 millions de dollars. De être portée par toute personne et à n’importe
même, la zone de Santa Catalina quel moment». Les dizaines de milliers de
va recevoir un port militaire, dans squatters survivant dans les bidonvilles en pé-
la grande tradition de la dictature riphérie n’ont qu’a bien se tenir.
l’Uruguay a donc implanté de vastes zones de d’installer des casernes dans chaque quartier
soja transgénique, développé son industrie populaire de Montevideo. Au même moment, L’Uruguay a souvent été considéré comme un
forestière avec par exemple le projet de deux à l’autre bout de la ville dans la une zone bien modèle en matière sociale sur le continent (et
20 grosses usines de cellulose (la première sera
inaugurée en septembre prochain) mais a aussi
bourgeoise (Carrasco), ce sont trois nouveaux
quartiers privés, avec mur d’enceinte, caméras
l’est encore par les citoyens-flics du Monde Di-
plomatique, voir leur numéro de février der-
misé sur l’informatique en devenant produc- et gardes, qui vont surgir de terre sur 200 hec- nier). S’il s’agit d’un modèle, il s’agit de celui
teur reconnu de software. Enfin, le pays a signé tares. En mars, le gouvernement a aussi, dans la d’une gauche latino en matière de pacification
en octobre 2006 avec les Etats-Unis un Accord même veine sécuritaire, proposé de réintrodui- sociale dans un pays aux dimensions de labo-
cadre sur le commerce et les investissements re le service militaire obligatoire ou d’étendre ratoire. Mais ce serait oublier encore une fois la
(TIFA) qui pourrait déboucher rapidement sur la gratuité du transport public à plus de deux mauvaise volonté de tous ces pauvres qui n’ont
un Traité de libre commerce (TLC). agents par bus. pas plus de choses à perdre qu’avant, et l’illu-
sion en moins qu’une politique, même de gô-
Bien entendu, les espoirs suscités par le nou- A un niveau plus que symbolique enfin, pour che, peut changer leur vie. Vive la subversion !
veau gouvernement ont été vite déçus. Le un pays qui compte plusieurs ministres ex-Tu-
travail du MPP (Mouvement de Participation pamaros ou communistes dont les militants [Extrait de “Cette Semaine” n°92, mai 2007]

URUGUAY
Le 9 mars 2007, une mobilisation a eu lieu contre la visite de Bush Fernando a déclaré devant la juge qu’il était « contre la venue du
en Uruguay. Celle-ci s’est différenciée des autres par l’attitude com- plus grand génocidaire du monde, qui peut condamner à mort
battive des manifestants qui ne faisaient pas partie du troupeau tous les jours des millions de personnes dans le monde entier, rien
PIT-CNT (le seul syndicat en Uruguay). Il y eu des tags sur tout qu’en signant un bout de papier ». Accusé de ‘sédition’, il a passé six
le parcours et six commerces ont été cassés (deux desquels étaient mois en cabane avant d’être relâché le 3 octobre 2007 et a réaffirmé
des McDonald’s), la vitrine d’un opticien a été pillée et un local de à sa sortie qu’il ne regrettait rien.
l’Eglise Universelle du Règne de Dieu a été attaquée.
Au cours de cette période, différentes manifestations ont eu lieu
Une vingtaine de jours plus tard, la police a arrêté Fernando Mas- pour exiger sa liberté. Par exemple, le 29 aout des mobilisations
seillot pour avoir cassé une vitre de McDonald’s, l’ayant identifié grâce ont eu lieux à Montevideo et à Buenos Aires, devant l’ambassade
aux images que la presse avait remis aux services de renseignements. uruguayenne pendant laquelle 15 compagnons ont été arrêtés.

ENTRE LES MAINS DE L’ETAT,


LA VIOLENCE S’APPELLE LOI,
ENTRE LES MAINS DE L’INDIVIDU,
ELLE RECEVRA LE NOM DE DELIT
En 1844, Max Stirner avait déjà bien compris que l’état cherchait à avoir le monopole
de la violence. Aujourd’hui comme alors, tout individu, seul ou organisé, qui se re-
belle contre une institution ou une propriété sera réprimé et emprisonné.
Quelle que soit la forme d’organisation de l’état (dictature militaire, dictature sta-
linienne ou démocratie), la violence est toujours exercée contre les individus par
le pouvoir et en son nom. Que ce soit par l’école, l’esclavage salarié, la
pauvreté et la faim, le contrôle de tous les aspects du milieu social et
la marchandisation de nos vies ; ou grâce à ses moyens répressifs : la
technologie, la police et l’armée, la presse, la psychiatrie, ses tribunaux et en dernier recours la
prison.
C’est là la véritable violence et elle n’est pas comparable à celle qu’exerce l’individu en attaquant ces structures ou les
personnes qui les maintiennent, que ce soit de manière spontanée ou organisée, que ce soit au quotidien en générant
des espaces de confrontation contre toutes les formes de domination.
Nous voyons et nous soutenons ces attaques comme une façon valable et souhaitable de détruire tout ce qui nous
convertit en esclaves.
Soyons réalistes, ce n’est qu’à partir d’une offensive individuelle ou généralisée contre l’état/capital que nous pourrons
arriver à vivre avec plus de liberté et d’autonomie.
C’est pour cette raison que nous accompagnons la pratique de Fernando et de tous ceux qui ont exprimé et ma-
térialisé leur rage durant la manifestation du 9 mars contre la visite de Bush et l’accueil servile que lui a fait le
président Tabaré. Celui-ci, au nom d’un ‘pays productif ’, passe avec lui des accords économiques qui impli-
quent encore plus d’exploitation, de dévastation de l’environnement, de militarisation, plus de faim et de
misère, plus de répression et de contrôle social.
La juge Graciela Gatti, sous les directives du procureur Moller (et tout comme l’avait ‘intelligemment’ annoncé Pepe
Mujica), a repris le tiroir fourre-tout de ‘sédition’. Le juge Lechini l’avait déjà appliquée pour la première fois sous un gouver-
nement progressif le 4 novembre 2005 aux rebelles de Cuidad Vieja.
Cette opération répressive, qui ne fut possible que grâce au travail conjoint de la presse et du service de renseignements, a im-
pliqué des perquisitions, un emprisonnement, des enquêtes en cours et la menace de ‘sédition’ qui pèse sur nous pour tenter
de paralyser toute lutte contre le système.
Ces tentatives ne suffiront cependant pas à faire taire notre lutte.
21
Nous exigeons la liberté de Fernando et de tous les prisonniers de la guerre sociale.
Nous nous solidarisons avec tous ceux qui participent d’une manière ou d’une autre à la révolte pour détruire cet existant.
POUR LA FIN DES PRISONS,
POUR LA LIBERTE DE FERNANDO,
POUR LA LIBERTE DE TOUS LES PRISONNIERS,
POUR L’ANARCHIE !
Quelques anarchistes solidaires
Début avril 2007
[Publié dans El mundo al réves, numéro unico para la guerra social, Montevideo, janvier 2008]
URUGUAY
8-9 juin, Santiago Vázquez & Melo : des mutineries éclatent faire plusieurs blessés, dont le directeur, Mario Silveira. Les
dans ces deux prisons. Dans la première, seule l’intervention révoltes ont continué les jours suivants dans d’autres prisons :
des forces de police a pu réduire les mutins, dont ceux du au COMAR (mineurs), elles ont aussi donné lieu à des tenta-
módulo 3, montés sur les toits, qui les ont accueillies en tives d’évasion, tandis qu’à Salto, un prisonnier réussissait à
balançant de nombreux objets. La police a répliqué par des se faire la belle.
coups de feu. Il n’y a offi ciellement pas de blessés. Comme
mesure de rétorsion, les parloirs ont été suspendus. Dans la Les jours suivants, le tract ci-dessous a été distribué à
prison de Melo, situé à Cerro Largo, les mutins ont réussi à Montevideo.

SOLIDARITÉ AVEC Dans les prisons (pour majeurs et mineurs), nous voyons la me-
nace permanente du pouvoir contre tous ceux qui, choisissant

LES MUTINS !
ou non, vont au-delà de la misère à laquelle ils sont soumis,
et en même temps la vengeance étatique contre ceux qui sont
tombés aux griffes de la justice.
Ces derniers jours, plusieurs mutineries et tentatives d’évasion
(une d’elle victorieuse) se sont déroulées dans les prisons de Exiger l’amélioration des centres de réclusion et du système ju-
l’Etat uruguayen. Face à de tels faits, comme face à tout acte diciaire c’est en définitive défendre le perfectionnement de la
rebelle, on ne peut que se solidariser et exprimer notre joie, qui machine qui non seulement assassine des millions de prison-
s’allume avec chaque étincelle de liberté. niers, mais aussi nous rend esclave afin que les puissants de ser-
vice vivent au prix de notre sueur et de notre sang.
Selon la presse bourgeoise, le directeur de la prison de Melo a été Elles nous menacent, parce que le fait même de décider de vivre
attaqué vendredi 8 juin au cours d’une mutinerie ; des révoltes et nos vies et nous relationner librement est en soi la négation de
des tentatives d’évasion se sont produites dans le COMAR cette la domestication à laquelle ils souhaitent nous soumettre. De
fin de semaine, tandis qu’un prisonnier s’est enfuit de la prison l’endoctrinement scolaire à la soumission absolue au travail, en
de Salto. En attaquant ce sinistre personnage (le directeur de la passant par stigmatisation psychiatrique, ceux qui détiennent
prison de Melo), les prisonniers s’attaquent à un des responsables le pouvoir ou y aspirent souhaitent nous faire croire que leur
des humiliations et des mauvais traitements auxquels ils sont sou- déléguer nos vies est l’unique option possible.
mis tous les jours, c’est pourquoi nous saluons leur geste.
Elles nous menacent… mais nous y opposons notre détermi-
La torture que représente l’enfermement, les humiliations, les nation à agir directement contre l’oppression et toute violence
mauvais traitements physiques et psychologiques auxquels sont imposée.
soumis les prisonniers et leurs proches, tout comme les fouilles,
les abus physiques et sexuels et l’isolement poussent forcément La prison est un cimetière d’hommes et de femmes vivants ;
l’individu à défendre sa dignité en détruisant l’espace où il est Lutter pour la liberté de tous et toutes
reclus et en attaquant ses bourreaux. c’est les maintenir vivants.
[Tract distribué à Montevideo début juin 2007]

COMBIEN D’HORREUR FAUDRA-T-IL VOIR,


COMBIEN DE GENS DEVRONT MOURRIR ?
Les capitalistes du monde entier exercent leur violence par les humiliations,
vexations, tortures, faim, privations et abus. En sont la preuve les keufs,
une grande partie de la population qui vit des poubelles, les milliers de
personnes sequestrées et torturées dans les prisons, les commissariats
et les centres d’enfermement, l’ensemble de la planète qui risque d’être
contaminée, la répression et les guerres de tous côtés, les zones militari-
sées, etc.

Même si ça c’est le pire, ce qui nous dégoûte aussi, c’est qu’il soit soutenu
par la population. Car qui leur permet de mener à bien ce désastre ?

Face à cette situation, la gauche progresse dans le Cône Sud, avec sa


propre logique au service du Capital.

Il est temps que cela prenne fin, et la seule manière d’y parvenir
c’est de se rebeller contre le Système et de forger une manière
différente, libre et anti-autoritaire, de vivre nos rapports.

[Affiche publiée dans le n°2 du journal de la Coordinacion


anticarcelaria del Rio de la Plata, printemps 2006]
URUGUAY
Le 29 mars, «Dia del Joven Combatiente », est la date à En 2008, les affrontements ont touché, à part la capitale,
laquelle, en 1985, les frères Vergaras – militants du MIR les zones de Peñalolen, Estación central, Pudahuel et Con-
(Mouvement de Gauche Révolutionnaire) furent assassinés chali où des barricadas ont été incendiées et ou les keufs
par la police. C’est depuis lors devenu un jour traditionnel ont mangé des pierres. Les affrontements se sont soldés par
de protestations et d’affrontements. plus de 200 arrestations et deux morts du coté des manifes-
tants. René Eduardo Palma Mancilla, qui fut pris pour un
Ces dernières années, les émeutes se sont étendues et les flic en civil, s’est fait tirer dessus par des individus masqués
affrontements sont devenus de plus en plus durs. Les tirs et est mort d’une balle dans le thorax. Tandis que Jhonny
contre les keufs sont venus s’ajouter aux pierres et aux mo- Cariqueo Yánez est mort d’une crise cardiaque le 31 mars,
lotovs. suite aux coups reçus en garde à vue le 29.

JOURS DE FURIE, NUITS DE RAGE


L ES RUES DU CENTRE de Santiago et de
tant d’autres villes ont à nouveau été
perturbées par le combat de rue de centaines
médias, qui nomment lumpen, vanda-
les ou délinquants les protagonistes de ces
conflits, les excluant ainsi de cette réalité de
Ce spectacle est la façon de valider ses agis-
sements répressifs face à l’opinion publique.
Ces gens qui sont incapables de comprendre
de jeunes et par la destruction impétueuse lutte, disant qu’elle ne leur appartient pas. ce qui se passe et croient aveuglément ce que
de la propriété privée, le saccage et le vanda- Ils oublient que l’intensification des conflits dit la télé, jusqu’au comble des conneries à
lisme, tandis que la périphérie s’est montrée et leur création, c’est la classe elle-même qui propos des « vandales ». C’est pour ça que
rebelle et furieuse, déchargeant sa haine les produit, et que ceux-là mêmes
contre les flics et les journalistes répugnants. qu’ils appellent lumpen, vandales ou
Tous sont des prolétaires dégoûtés de leurs infiltrés et ces actes qu’ils nomment
vies routinières. Que nombre de ces rebelles destruction, pillage ou violence sont
n’interrogent pas le petit confort de ce mon- une conséquence de la situation so-
de et son existence inutile est vu comme un ciale.
mauvais présage pour la lutte de classe.
Les médias de non-communication,
Et pourtant les choses sont comme cela idiotiseurs mentaux des personnes,
pour le moment, même si on a quand créateurs de la soi-disant opinion pu-
même vu un accroissement des conflits so- blique, génèrent une pensée unique
ciaux et des actions d’une plus grande radi- sur les émeutes et leurs conséquen-
calité, en témoignent tous les combats de ces, afin d’appeler à une condam-
rue qui avaient pour racine le mécontente- nation hystérique de chaque acte
ment et la rage face au dénommé Transan- de violence contre la police et ses
tiago. Une preuve de plus de la tentative de blindés, ceux-là mêmes qui peuvent
la bourgeoisie de capter la totalité du temps faire éclater et détruire un corps rien
des exploités et d’imposer de façon violente qu’en le touchant. Et pourtant ils
l’usage de la voiture, une invention qui ne s’horrifient d’un jet de pierres ! Ces
fait qu’encourager l’individualisme bour- mêmes médias qui ne se gênent pas
geois. Mais ce n’est pas passé, et ça ne pas- pour serrer la main aux curés pédop-
sera pas tant que les prolétaires descendront hiles et assassins, sont les premiers
dans la rue pour exprimer en actes leurs vies à montrer du doigt et de la caméra
de merde et leur rage, avec leurs corps, leurs tout ce qui brise l’ordre social, par-
pierres, leurs cocks et leurs balles. lant de la délinquance comme d’un
phénomène séparé des conflits soci-
Que pouvons nous espérer de cette grandi- aux, créant cette fausse dichotomie
ose révolte ? TOUT. Parce que si nous n’en délinquance/société. Ce mensonge est une l’Etat fait appel à ces gens, pour qu’ils valident
pouvons rien espérer, autant se contenter falsification typique de la société du specta- en mots et en actes la persécution et la répres-
des revendications de salaires dignes, d’une cle, car les effets de la dite délinquance ne sion contre tous les rebelles.
éducation publique de qualité ou du trans- sont qu’une contradiction de plus de cette Les deux compagnons arrêtés à l’université
port gratuit [allusion aux revendications ré- société malade qui voudrait justifier chaque technologique métropolitaine (UTEM) le
formistes des gauchistes des derniers mou- chose à partir des seuls paradigmes de ses res- 26 mars, à la veille du jour du jeune com-
vements sociaux], le tout géré par l’Etat, et ponsables ou de ses pompiers moralistes.
23
battant, en sont la preuve. Suite à une sor-
retourner s’asseoir à la maison pour regar- tie dans la rue, ceux-ci ont été livrés aux
der tranquillement la télévision. A part désinformer et semer la méfiance entre autorités après avoir été enfermés dans une
les gens, les médias ne font que se ridiculiser. salle de l’université par des étudiants en in-
Si les bombes, les pillages, les coups de feu Leur jeu médiatique protégé par l’Etat, porte génieur informatique abrutis par leur soif
et les affrontements à coup de pierres et de ses fruits et envoie en prison bon nombre de de protéger leur université du lumpen van-
cocktails molotov ne sont pas étrangers à ce « délinquants potentiels », un nombre qui dale. Une université pour laquelle ils sont
jour-là, ni à la révolte, mais bien des actes s’élèvera énormément en juillet, quand l’Etat prêts à dépenser des millions et perdre les
qui, au cours des siècles d’exploitation et de approuvera la loi des mineurs qui permettra belles années de leur vies pour les domes-
lutte, montrent la rage de tous les exploités d’envoyer directement en prison des jeunes de tiquer et les soumettre à l’esclavage salarié
en furie. La réalité n’est pas la réalité des 16 ans bien qu’il le fait déjà depuis des années. appelé travail. Les universités, les écoles, les

CHILI
maisons de redressement, les asiles psychiatriques et toutes ces institutions se veulent des enclaves de
bonne conduite, ne peuvent être réformées ou améliorées mais elles doivent être détruites, il n’y a pas de
bonne université, il n’y a que celle qui éduque à esclavage.

C’est pourquoi nous pensons que nous avons raison de critiquer ceux qui face à des actions violentes,
comme ils les appellent, ont choisi d’accuser et de criminaliser. Ils n’ont plus qu’à se pendre avec leurs
propres cravates de bons étudiants avant de se faire défoncer par les hordes de barbares insurgés.

La révolte, les actions des insurgés, qu’elles soient individuelles ou collectives, ne font que rendre peu
à peu la vie à des centaines de milliers de personnes, en brisant pendant quelques minutes la paix
sociale qui les bat avec le fouet cruel du capital, en faisant preuve de joie, de destructions, de passion
et en créant de nouveaux rapports. La révolte n’est rien d’autre que la récupération momentanée de
nos vies et la destruction des relations médiées par le capital.

En fin de compte, la délinquance met en évidence la révolte d’un secteur exploité contre la société de
classes, tandis que le système doit cacher ses contradictions en « gérant » le phénomène délictueux.
En définitive la délinquance ne fait que montrer de manière explicite la lutte des classes elle-même.

Parce que chaque jour est un jour de combat contre l’Etat et le Capital,
Contre l’existant, ses défenseurs et ses faux critiques,
Guerre sociale
[Traduction inspirée de “Cette Semaine” n°92, mai 2007]

Le 3 mai 2007, Rodrigo Cisternas, des hausses de salaire et de meilleu- passage les véhicules des manifes-
ouvrier forestier de 26 ans employé res conditions de travail. Une fois la tants qui bloquaient la route. Ro-
de l’entreprise Bosques Arauco, a été route coupée, les gardiens du capital drigo s’est alors emparé d’un tracto-
assassiné par la police. Sa mort s’est sont arrivés et les affrontements ont pelle, son outil de travail, réussissant
produite vers 22h dans la région de commencé. Pour dégager les lieux, à renverser le canon-à-eau, avant
BioBio, alors que près de 1000 tra- la police a utilisé force lacrymos et d’être abattu par les armes automati-
vailleurs en grève depuis 45 jours balles en caoutchouc, blessant une ques des chiens en uniforme.
bloquaient la route afin d’obtenir dizaine d’ouvriers et détruisant au

C’est ça leur paix, c’est ça leur démocratie


ceux qui s’entassent au centre et à la périphérie de toutes
les villes, alors que si cela ne tenait qu’à lui, il nous aurait
LA DICTATURE déjà tous assassinés pour renforcer ses projets.
DU CAPITAL Assez de plaintes et de processions misérables qui ne cher-
chent qu’à calmer et à faire taire les voix dissonantes, ou-

I L Y A QUELQUES JOURS est mort le jeune Rodrigo Cister- vrant ainsi grand les portes à la répression contre tout ce
nas, abattu d’une centaine de balles par les carabiniers qui brise l’ordre social. Comprenons une fois pour toutes
du Gope et les keufs. Les mêmes balles, les mêmes armes que les morts suite à un assassinat par les flics, à un acci-
nous assassinent aujourd’hui comme hier. Nous ne le di- dent du travail ou dans les bidonvilles ne sont pas unique-
sons pas d’une manière plaintive, vu que Rodrigo avait ment provoquées par ceux qui appuient sur la gâchette
transformé l’engin qui l’assassinait quotidiennement par ou commettent une erreur, mais que le responsable, di-
l’esclavage salarié en une arme dirigée contre les défenseurs sons-le clairement, est le capitalisme dans son ensemble,
du Capital, attaquant avec toute sa rage non seulement des la bourgeoisie dans son ensemble, indépendamment de
voitures de la police mais aussi les assassins directement : qui a ordonné les tirs.
en visant leurs corps. L’Etat n’est en effet pas seulement
composé d’institutions et de leurs relations sociales, mais Cet assassinat ne doit pas servir à renforcer les chaînes
aussi de ceux qui dirigent et obéissent, d’individus avec qui nous emprisonnent mais à transformer la guerre qu’ils
un nom et un prénom. Et c’est lorsque nous attaquons mènent en une guerre sociale contre tous les exploiteurs.
24 non seulement leurs intérêts mais aussi leurs corps qu’ils Et pour ce faire, il faut d’abord aller au-delà de la dénon-
commencent à avoir peur. La détermination et le cour- ciation des flics et de leur répression, et attaquer afin de
age de Rodrigo ont montré l’espace d’un instant qu’ils détruire l’Etat et le Capital.
ne réussiront jamais à éteindre la guerre entre les classes,
et que tous les appels au calme larmoyants des syndicats Contre leur ordre démocratique,
et des partis (à droite ou à gauche du capital) ne cherch- feu, pierres et subversion
ent qu’à construire l’unité lui permettant de consolider ses Balayons avec détermination
projets. Nous ne demandons rien au gouvernement, parce toutes les formes de capitalisme
que nous voulons seulement sa ruine. Il nous fait enten-
dre des lamentations hypocrites sur ces gens qu’il déteste, [Traduit de El Albigense n°0, juin 2007]
CHILI
partir de ses premiers articles contre la “révolte des usagers”.
LA LUTTE CONTRE De nombreux bus et camionnettes furent aussi attaqués et
détruits, le mobilier urbain également (les feux de circulation

LE TRANSANTIAGO
par exemple), certaines nuits furent ponctuées de pillages ou
d’incendies (un concessionnaire automobile rempli de voitures
neuves le 12 mars). L’électricité a été plusieurs fois coupée dans

T RANSANTIAGO EST LE NOM du nouveau système de trans-


port collectif de la capitale, Santiago du Chili, entré en vi-
gueur le 9 février 2007. Il a modifié les trajectoires des bus, leur
les quartiers par les insurgés pour faciliter leurs déplacements et
attaques sur un terrain qu’ils connaissent à fond, contrairement
aux keufs. Suite aux incarcérations régulières (souvent de mi-
fréquence, les entreprises chargées du service et imposé un billet neurs), des commissariats furent aussi attaqués (comme le 14
électronique. Les centaines de micro-entreprises de transport mars à Nuñoa) en une tentative de délivrer leurs amis, voisins
qui assuraient le service public et couvraient toute la périphérie et complices.
ont été remplacées par dix concessions.
Le 20 mars, tout type de manifestation liée au Transantiago est
La révolte est venue des quartiers et communes périphériques interdite, ce qui ne diminue pas les ardeurs combattantes. Les
pauvres de la capitale : Maipú, Cerro Navia, Huechuraba, Re- tirs d’armes à feu contre les keufs se multiplient dans les sec-
coleta, San Bernardo, Pudahuel, Pedro Aguirre Cerda, Nuñoa, teurs comme Villa Francia lors d’émeutes qui durent jusqu’aux
Estación Central (où est situé Villa Francia), Lo Barnechea. premières lueurs du jour. Le gouvernement agite le spectre de
Dans certaines zones, les bus ne passent plus (les bidonvilles «groupes paramilitaires» d’extrême-gauche et la présidente Ba-
en particulier), obligeant ses habitants à marcher plus d’un chelet finit le 26 mars par virer le ministre des Transports, celui
kilomètre avant le premier arrêt, dans d’autres ils passent très de la Justice, de la Défense et de la Présidence, reconnaissant
peu en journée et pas la nuit, bloquant les habitants dans leurs piteusement que «les gens de Santiago et les plus pauvres en
quartiers. Il s’agit bien sûr, sous prétexte de «modernisation», particulier méritent des excuses de nous tous» tout en annon-
d’isoler certains quartiers des zones plus riches dans une logique çant 5600 bus supplémentaires.
de contrôle social et d’autre part de coupler le transport public
à une seule logique marchande (horaires de travail et d’école Nous ne disposons pas de beaucoup d’informations sur la fin
exclusivement, et une fréquence liée aux zones rentables : des de ce conflit. Ce qui est par contre révélateur là-bas comme
quartiers bourgeois et classes moyennes vers les lieux de con- ici, comme ce fut le cas en Argentine en 2001 ou en France en
sommation), condamnant les pauvres à toujours plus de misère 2005, c’est que les gouvernements sont assis sur les barils de
en les enfermant loin de toute activité. poudre de la misère et des humiliations, accumulées par des an-
nées d’exploitation et de domination, qui peuvent s’enflammer
Tout le mois de mars, ces zones se sont donc insurgées contre le au moindre prétexte. Reste à savoir comment ces explosions
Transantiago avec des manifestations de centaines de personnes peuvent s’étendre jusqu’à supprimer définitivement les causes
auto-organisées par quartiers, des blocages de routes, des barri- du problème, l’Etat et le Capital.
cades, et de durs affrontements avec les forces spéciales, de jour [Extrait de “Cette Semaine” n°92, mai 2007]
comme de nuit. Il n’est pas rare que ces derniers se prennent
en plus des pierres ou d’une camionnette enflammée
(le 14 mars à Lo Barnechea), des molotovs et des
tirs d’armes à feu (à Villa Francia en particu-
lier). La presse aussi a été prise pour cible à

CHILI
(AFP, 12/11/07) SANTIAGO - Un policier
a été tué et 41 autres blessés dans
la nuit de mardi à mercredi à Santi- 11 SEPTEMBRE
ago, au cours d’incidents lors de ma-
nifestations pour le 34e anniversai-
re du coup d’État du général Augusto
JOUR DE LUTTE CONTRE
Pinochet au Chili, ont annoncé les
autorités. LE TÉRRORISME D’ETAT

U
Plus de 216 manifestants, selon le NE FOIS DE PLUS ce 11 septembre, la rage prolétarienne s’est manifestée,
dernier bilan, ont été interpellés,
multipliant la révolte de toutes parts, avec des pillages, la destruction de la
essentiellement dans la capitale
propriété privée, des barricades et des affrontements armés avec la police.
chilienne, à la suite d’affronte-
ments avec les forces de l’odre qui
ont éclaté dans plusieurs quartiers Une fois de plus sont apparues les contradictions de ce monde, mettant claire-
pauvres à la périphérie de Santi- ment en évidence que le prolétariat éprouve de la rage, de la haine et surtout qu’il
ago. ne trouve pas meilleure manière de décharger son malaise face à la vie de misère
à laquelle le contraint la bourgeoisie que de tirer des pierres, des balles et de
La victime, le caporal Cristian Vera mettre des barricades en feu. On peut peut-être questionner le fait que cette rage
Contreras, un policier de 36 ans et manque d’un certain degré de conscience ou ne s’organise pas de meilleure façon,
père de deux enfants, a reçu une bal- mais cette manière d’agir en marge des partis, des syndicats et de toute bureaucra-
le dans la tête et est décédé quel- tie est aussi ce qui fait peur à la bourgeoisie, puisqu’il est beaucoup plus difficile
ques heures plus tard à l’hôpital, d’administrer des calmants à une rage qui déborde et devient incontrôlable.
a indiqué le ministre de l’Intérieur
Belisario Velasco. Selon des sources Ce 11 septembre n’a surpris personne car depuis plusieurs années ce mois est
hospitalières, le policier aurait devenu un moment non seulement de souvenir, mais aussi d’intensification de
été mortellement touché par un coup la lutte, des idées, des pratiques. Cela n’a surpris que ceux qui, aliénés dans les
de fusil. canapés confortables de leurs maisons ou bureaux, contemplent le déroulement
des événements en marge de la réalité. Et la réalité, qu’ils le veuillent ou non, c’est
L’un des policiers blessés, qui a été
que Septembre sera un mois de révolte, un mois de mémoire historique, un mois
brûlé par un jet d’acide, se trouve
dans un état grave, a précisé le
de subversion, un mois où la jeunesse insurgée, celle qui ne se distingue pas par
sous-secrétaire d’État à l’Intérieur l’âge et qui est en marge de la politique, sort dans la rue se souvenir de tous ceux
Felipe Harboe, dénonçant une « si- qui sont tombés, pour détruire un bout même minime de ce monde, reprendre
tuation inacceptable ». « Ce que nous en main sa vie. En effet, bien que la classe politique dise le contraire, la révolte
avons vu cette nuit n’a rien à voir et les explosions diffuses du prolétariat lui rend pour un instant sa vie dont il
avec le 11 septembre avec la commé- reprend le contrôle, révélant à grands traits que la guerre entre les classes existe et
moration), c’est de la délinquance », que cette guerre se livre au quotidien.
a afirmé M. Harboe. Une enquête a été
ouverte sur la provenance des armes Personne ne peut être surpris par le délice avec lequel les révoltés ont célébré la
de gros calibre dont plusieurs ma- mort du sale flic à qui, ce qu’on espérait tous les jours, justice a été faite d’une
nifestants étaient en possession. balle en pleine tête dans le quartier populaire «La Estrella» de Pudahuel Sur.
Quoi qu’en disent les médias bourgeois –car selon les premières informations
Les Chiliens commémoraient mardi qu’ils avaient fournies il avait d’abord été déclaré mort, avant que cela soit ensuite
le coup d’État du 11 septembre 1973 démenti–, c’est bien une mort immédiate qui lui a été administrée, cela n’a été
qui renversa le président socia-
qu’une question de minutes, et la balle était létale. Et comment ne pas rire de la
liste Salvador Allende, instaurant
mort de quelqu’un qui t’opprime au quotidien ou qui te pousse au sous-monde
la dictature militaire de Pinochet
de la pasta base (1), lorsqu’ arrive ce grand moment ?
(1973-1990). Au Chili, cette manifesta-
tion dégénère souvent au cours de
la soirée en échauffourées. Cette mort ne représente pas pour nous qu’un simple décès, mais la vengeance et
le règlement de comptes (pour le moment) pour tant de compagnons anonymes
L’an dernier, plus de 230 manifes- ou pas qui ont laissé leur vie au combat et à qui le destin a joué un sale tour. Cette
tants avaient été interpellées.Cette balle n’a pas seulement été tirée par celui qui a appuyé sur la gâchette, mais par
année, la manifestation, qui se te- tous les assassinés par les keufs, Claudia López, Rodrigo Cisterna, Daniel Menco,
nait pour la première fois depuis la Cristian Castillo (2) et un interminable etc... Cette balle continuera à faire justice
mort de Pinochet, décédé à 91 ans en et à tirer les comptes au clair dans cette longue guerre sociale.
décembre dernier, s’était pourtant
déroulée de manière plus pacifique. Récemment, les rues de nombreux quartiers populaires se sont montrées rebelles
Une brève cérémonie avait été orga- d’un feu incandescent. L’action des keufs a été dépassée par la rage incontrôlée
nisée par la présidente socialiste des manifestants qui, faisant usage de leurs armes à feu de gros et de petit calibre,
Michelle Bachelet au palais de la ont fait reculer l’ennemi et en ont laissé plus d’un avec une grande peur ou une
Moneda. bonne blessure. La journée s’est soldée par plus de 40 keufs blessés plus ou moins
gravement et plus de 300 arrestations, dont de nombreux mineurs ou de jeunes

CHILI
âgés de moins de 20 ans. Et c’est sur ce fait ponctuel que la de l’Etat et du Capital, continuent à parler d’insurrection
bourgeoisie et les médias ont mis l’accent, parlant de ces jeu- comme possible début d’une révolution qui mette fin à la ty-
nes comme d’inadaptés, de délinquants et de vandales sans rannie de l’autorité et de la marchandise, et d’autre part tous
perspectives politiques, qui n’ont pas vécu la dictature –eux– les individus
et qui n’étaient pas là lors du coup d’Etat de 73, comme si anonymes qui
la rage et la misère se limitaient aux années 80 et comme si commettent
ce n’était pas le même malheur qu’ils nous obligent à vivre mille et une
aujourd’hui, comme si de nos jours ce n’était pas au même actions d’at-
esclavage que nous mène le travail et comme si ce n’était taque contre
pas la même société esclavagiste qui contrôle chacun de nos les structures
pas. Quiconque croit que la démocratie est quelque chose de de la domi-
différent de la dictature se trompe. Ce n’est qu’une fausse di- nation et de
chotomie pour nous faire croire que ce monde est de loin le l’exploita-
meilleur des mondes possibles, alors que la dictature comme tion.
la démocratie ne sont qu’une manifestation de plus des deux
faces de la même monnaie : la tyrannie capitaliste contre
l’humanité exploitée.

En définitive, les temps n’ont pas changé, une dictature né- Pour tous les révolutionnaires tombés.
faste continue d’exister, oui, sans bottes militaires, sans vio- Révolution sociale. Notre justice sera la vengeance de classe.
lence obtuse, mais une dictature de la plus atroce violence
qui assassine dans notre quotidien, dans les écoles, au coin
des rues avec les drogues et surtout les conditions de vie
qu’ils nous imposent, ça c’est la dictature du Capital.

Il est possible que ces jeunes n’aient pas une tendance poli-
tique claire, pire, ils doivent haïr la politique, mais ce sont
bien eux qui, année après année, sortent brûler des barrica-
des et s’affronter à la police. Pour notre part, nous ne faisons
pas de différence entre conscient ou pas, parce que dans la
rue nous fraternisons dans la lutte et c’est là que se matéria-
lise le changement dans les relations sociales, là où la barri-
cade sépare les classes, d’un côté les journalistes et les flics qui
servent l’ordre démocratique, de l’autre des jeunes de tous
âges qui attaquent durement la police et il n’y a pour nous ecionespiratas@riseup.net
rien de plus beau [sic]. 19 septembre 2007

Si nous parlons de la violence dans les quartiers de manière


si naturelle, ce n’est pas parce qu’elle n’existe que dans ces
lieux, mais parce qu’elle s’y concentre, là où la majorité des
jeunes n’a aucune possibilité dans ce monde, là où leur vie
“sans valeur” est un nombre de plus sur l’échelle de la com-
pétition du marché capitaliste, là où leurs conditions de vie
ne les mènent qu’à voler, se droguer ou se tuer au travail NOTES
salarié ; c’est la seule vérité. (1) La pasta
base est un
Une fois de plus, il a été démontré que la rage et la révolte se dérivé bon
sont manifestées à cette date et que la jeunesse combattante, marché de la
celle qui balaie les idéologies et les théories usées, montre sa cocaïne qui
claire détermination à combattre et à se battre et c’est ce que ruine le cer-
craint le pouvoir : que tous les petits signes d’insatisfaction,
dont on ne peut nier l’existence, puissent se reconnaître dans
veau en peu
de temps. 27
un projet insurrectionnel. C’est pourquoi l’Etat sait bien que
ces petites manifestations de rage et de haine qui génèrent de (2) L’anarchiste Claudio López a été tué par les flics lors de
petites ruptures avec l’existant, comme c’est le cas lors du 11 la manifestation du 11 septembre 1998.
septembre ou de la journée du jeune combattant, laissent en- Rodrigo Cisternas, un grèviste, fut assassiné par les flics le
trevoir le chemin à parcourir, sans concessions, sans égards, 3 mai 2007 en renversant une autopompe avec un tracteur.
sans partis ni syndicats.Finalement, ce qui fait le plus peur au (voir un page avant)
pouvoir, c’est d’une part l’existence d’hommes et de femmes Daniel Menco a été assassiné par les flics lors des manifesta-
qui, face à la paix sociale et au manque apparent de critique tions des étudiants le 19 mai 1999.

CHILI
Le 18 octobre 2007, la banque Security de Santiago du Chili est D’autre part, Marcelo et Freddy ont été fait prisonniers le 15 mars
expropriée. Au cours de l’action, un agent des forces répressives dernier en compagnie de David Cid (qui les aurait aidés dans leur
(le brigadier Moyano) est tué. Suite à un énorme déploiement de fuite), dans la localité de San Martin de los Andes, dans le Sud
police, une personne est arrêtée. Elle avoue et balance « le reste de l’Argentine. Ils sont accusés de port d’armes illégales, de faux
de la bande ». Commence alors la traque médiatique et policière papiers et d’avoir menacé les agents de sécurité d’un night club.
contre les supposés braqueurs, Marcelo Villarroel, Freddy Fuen-
tecilla, Juan Aliste et Carlos Gutiérrez, qui face à cela disparais- Marcelo et Freddy ont milité au sein du Mapu Lautaro et du MIR
sent dans la nature. (Mouvement gauche révolutionnaire) qui ont combattu la dic-
tature de Pinochet et poursuivi la lutte après l’avènement de la
Quelques mois plus tard, trois personnes sont arrêtées, parmi les- démocratie.
quelles Axel Osorio, prétendument impliqué dans un réseau de
soutien qui aurait été sur le point d’envoyer des armes à l’un des A présent, Marcelo et Freddy se trouvent dans la prison de Zapala
fugitifs. Ces personnes sont actuellement détenues au pénitencier en Patagonie et David a été extradé au Chili où le réclamait la
de Santiago1. justice chilienne pour avoir aidé ses compagnons.

SOLIDARITÉ AVEC LES FUGITIFS ET LES DÉTENUS


DU NÉO-LIBÉRALISME
A propos de l’emprisonnement de Freddy et Marcelo en Argentine

L E 14 MARS PASSÉ, alors qu’ils entraient


dans un bar de San Martin de Los An-
des, Marcelo Villaroel et Freddy Fuentevilla
pulaire. Marcelo a passé 11 ans de sa vie en
prison, des années au cours desquelles il n’a
jamais cessé de lutter ni ne s’est repenti. Au
Santiago et des autres grandes villes du Chili.
Ce sont eux qui dirigèrent les balles con-
tre Ariel Antonioletti, Claudia Lopez, Alex
ont été arrêtés avec David Cid Aedo par cours de cette période, il s’est éloigné de son Lemún, Rodrigo Cisternas et Matías Catri-
des militaires et des gendarmes de ce pays. ancienne organisation (Movimiento Lau- leo, tous assassinés par balles par les sbires de
Aujourd’hui, Marcelo et Freddy sont encore taro) et du paradigme marxiste-leniniste. En l’Etat démocratique. Une génération entière
détenus à Junin de los Andes tandis que prison, il prit part au collectif Kamina libre. de personnes en lutte fut emprisonnée, pour-
David se trouve à Zapala. Le gouvernement Freddy a un frère qui fut prisonnier politique suivie ou se retrouva morte entre les mains
chilien demande leur extradition en raison pendant la démocratie et il a lutté active- de la démocratie concertationniste qui né-
d’un hold-up dans une banque Security de ment pour sa liberté. gocia avec la droite la “transition”, processus
Santiago auquel auraient supposément parti- qui ne fut rien d’autre que le blanchiment du
cipé Villaroel et Fuentavilla et d’autres com- Ils se trouvaient en Argentine parce qu’ils modèle économique imposé par la dictature
battants. Durant ce hold-up, un étaient recherchés par la justice chilienne et de Pinochet.
policier est mort et un autre qu’ils avaient déjà été condamnés, à travers
fut blessé. En Argentine, et avec la complicité des médias, par le chef Nous ne voulons pas faire de nos compa-
on les accuse de port des carabiniers – le général Bernales - et par gnons des héros ou des victimes, le discours
d’armes illégal le gouvernement de Bachelet avant même débile de la gauche s’en charge. Nous ne vou-
et de me- d’avoir été jugés. L’ordre était claire : les cap- lons pas réclamer justice à la démocratie et à
naces. turer morts ou vifs et, comprenons bien leurs ses juges de merde qui n’ont fait que rem-
persécuteurs, plutôt morts que vifs. plir les prisons de combattants, de guerriers
sociaux ou de personnes qui, à cause de la
Pour le gouvernement concertationniste, il misère créée par le capitalisme, se voient dans
est important de les montrer en exem- l’obligation de se débrouiller en marge de la
ple et de punir nos compagnons, Loi. Nous n’espérons pas non plus la miséri-
pas tellement pour les sup- corde du procureur Rebeco. On ne peut rien
posés délits qui leur sont attendre de la part d’un porc qui, à la fin des
imputés, mais, par- années ‘80 et durant les années ‘90, en tant
dessus tout, pour que greffier du procureur Torres, fut impli-
donner une leçon qué dans plusieurs cas de torture.
au peuple qui con-
tinue à lutter contre Ceci est un appel à prendre conscience de la
ses exploiteurs mal- guerre qu’ils ont entreprise depuis longtemps
gré le fait que ceux- à notre encontre. Que les manifestations pa-
ci se cachent derrière cifistes devant les ambassades et les consulats

28
Ces deux ac- un masque démocrati- aillent se faire foutre. La meilleure solidarité
cusations sont niées par nos com- que. Ces défenseurs de envers toutes les fugitifs, les emprisonnés, et
pagnons. l’ordre sont ceux qui prétendent tous ceux qui subissent l’acharnement du ca-
effacer le conflit social historique encore bien pitalisme est de continuer la lutte là où nous
Au-delà de ces accusations, au-delà du fait vivant au Chili : l’histoire d’un peuple qui re- sommes. Ici, là-bas au Chili, en Argentine,
de savoir s’ils sont innocents ou coupables fuse de vivre sous le joug néo-libéral. Ce sont partout, se solidariser activement avec tous
- notions qui n’existent pas dans notre voca- les mêmes qui veulent que le peuple arrête les prisonniers pour lutter, partout dans le
bulaire - nous devons réaffirmer quel est le (par la force) de célébrer et de commémorer monde. Les prisons ne nous font pas peur.
vrai motif de cette persécution spectaculaire l’assassinat des frères Vergara Toledo le 29 Elles ne font qu’accroître et organiser notre
entreprise par le gouvernement de Michelle mars 1985. Date renommée “jour du jeune haine.
Bachelet : chacun des détenus a une réputa- combattant”, et qui, 23 années après, conti-
tion de guerrier social et de combattant po- nue à allumer les barricades dans les rues de [Traduit de www.klinamen.org, 7 avril 2007]

CHILI
d’un Peuple Entier, qui vit en paix avec
LETTRE OUVERTE DES COMPAGNONS les assassins d’hier et avec les mercenai-
ARRETES EN ARGENTINE res assassins d’aujourd’hui.

Où sont les photos des assassins d’Eduar-


* A nos familles, ami(e)s et compagnon(ne)s : do, de Rafael et de Pablo Vergara To-
* Aux individu(e)s, Collectifs, Organisations et Noyaux qui ledo?
ont suivit notre situation actuelle avec un sain souci :
Dans quelle prison se trouvent
Aujourd’hui emprisonnés à Junin de Los Andes, dans la province les DIPOLCAR qui ont assassiné
de Neuquen, en Patagonie argentine, nous voulons vous saluer Norma Vergara Cáceres?
d’un énorme baisé rempli d’Amour fraternel et d’une bonne part
de cette fierté Subversive inépuisable pour tous vos soucis, vos Quel est le visage de l’assassin de Da-
gestes et vos complicités ; en ces temps ou l’Etat Policier Chilien, niel Menco ?
Criminalise, Réprime et Poursuit chacune de nos actions qui cher-
chent simplement une Vie Digne, Libre et Heureuse. Qui Juge les flics qui ont tué Claudia
Lùopez B. ?
Une fois de plus le coté le plus difficile de l’histoire nous revient,
celui qui nous est réservé, à nous qui ne nous vendons pas. A ceux Combien de condamnations à per-
qui, comme nous, ne se résignent pas à la Paix Sociale des Riches pétuité pour les flics qui ont tué
qui nous Condamne, en tant que Peuple Pauvre, à vivre dans l’ex- Yuri Uribe, Alejandro Sosa et Raúl
ploitation permanente, en baisant la tête, contraints à la normalité Gonzáles dans ce bus au croisement
des salaires de misère, Condamnés dans leurs Prisons pour être les de Apoquindo et Manquehue en Oc-
Enfants Rebelles du Prolétariat. tobre 1993 ?

Une fois de plus, nous voyons comment le Pouvoir se réjouit avec Les cas où les faits parlent d’eux-mêmes
sa presse servile, en vendant des mensonges comme autant de véri- sont innombrables et les raisons pour s’Organiser et Lutter sont
tés officielles qui facilitent ouvertement et d’une manière éhontée infinies et nous n’avons pas pu, ni voulu faire la sourde oreille
la Répression contre toutes les formes de Rébellion Populaire et de comme de lâches complices d’une histoire qui nous afflige jour
Protestation Sociale qui vont en grandissant bien que l’état chilien après jour.
cherche à l’occulter. Bon nombre de faits le montre, ainsi que les
conséquences qui en découlent. Nous portons fièrement en nous les morts Rouge et Noir. Toutes
et tous ceux du MIR qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour
Quand l’Etat et ses Policiers Assassinent, Torturent et Mentent, « Devenir Libres en Luttant ». Nous portons en nous avec Joie et
cela prend le nom de « Justice », « Procédures Légales », « Preuves Dignité tous les morts du Lautaro, qui avec une claire radicalité
Irréfutables ». ont Lutté pour « Vivre et Faire la Victoire ».

Quand nous, les pauvres, nous nous organisons et nous agissons Nous portons fièrement en nous Alex Lemún, Rodrigo Cisternas,
dans la Réalité Sociale, nous sommes appelés « Terroristes », « Dé- Luciano Aedo, Matias Catrileo et toutes et tous les Anonymes qui
linquants », « Antisociaux », « Vandales ». C’est tout le poids de meurent tous les jours dans les commissariats, et dans les soi-di-
la loi qui nous est destiné, avec tout le soutien de la classe politi- sant « Accidents de Travail ».
que et de la gauche pathétique qui fait continuellement preuve de
bonne conduite, sans aucune dignité, pour recevoir sa petite Part Familles, Frères et Sœurs, Ami(e)s, Compagnon(ne)s :
de Pouvoir. C’est dans ceci que s’inscrivent ceux qui se croient
maîtres des Morts-Disparus-Exécutés de la Dictature. C’est ici Notre situation actuelle n’a en rien été facile, mais au moins nous
que se trouvent ces misérables avocats qui se battent pour les avons la quiétude de savoir que nous avons été conséquents avec
droits de leur porte-monnaie en s’attribuant les rôles de Paladins l’histoire de nos vies et avec le choix de lutte qui nous guidera
de la Justice. C’est ici que l’on trouve encore les Syndicalistes qui jusqu’à notre dernier souffle…
se disputent année après année le contrôle d’une CUT qui ne re-
présente que les mafias du travail et qui n’ont rien à voir avec la vie Pour ceux d’hier, pour ceux d’aujourd’hui, pour ceux qui vien-
quotidienne de millions d’Exploités. C’est de ce coté du trottoir dront.
qu’on trouve les Flics Rouges des Mouvements Patriotiques qui
collaborent avec la Police Verte tous les 1er mai et 11 septembre, à LUTTER, LUTTER, LUTTER !!!!!
la Chasse aux Incontrôlé(e)s qui, avec une Rage toute justifiée, at- Tant qu’il y aura de la misère, la rébellion existera!
taquent les symboles et les expressions du Pouvoir et du Capital. Ce n’est que par la lutte que nous serons libres !
Pendant les 17 années de dictature militaire nous avons grandi ¡KIÑE NEWEN TÜIN! 29
comme des enfants et adolescents Rebelles ; pendant 18 années de
dictature du Capital, l’Etat Policier s’est consolidé plus que jamais Marcelo Villarroel Sepúlveda
de par le passé au Chili et en tant que Jeunes plus agés, nous avons Freddy Fuentevilla Saa
du affronter la Persécution-Mort-Prison de centaines de Lutteurs David Cid Aedo
Sociaux et de Combattants Populaires pour lesquels il n’y a pas de Prisonniers Politiques Libertaires et du MIR en Argentine
Justice… Comme par hasard : PINOCHET RIME AVEC BA-
CHELET !!

La droite-concertation-gauche sont la même merde ; une merde


qui a mis à prix nos morts, qui a négocié avec l’Histoire de Lutte [Traduit de www.klinamen.org, 25 mars 2008]

CHILI
QUAND L’EXPROPRIATION ET LA DÉFENSE DES
FAITS DEVIENNENT NÉCESSAIRES...
A propos d’un braquage de banque et de la mort d’un policier.

L E MONDE DE LA MARCHANDISE règne de manière


ininterrompue et sans dégoût. Cela, tandis qu’ils
nous imposent de manière violente la dictature du
me forme de rapport. Il faut dire que l’opinion publi-
que n’est rien qu’un troupeau de moutons silencieux
qui suivent sans penser les entraves de la bourgeoisie
marché par-dessus nos nécessités humaines. Pour cela, et répètent les commandements de la sacro-sainte pro-
le capitalisme a du mener une guerre tenace contre les priété privée et de sa démocratie. Les citoyens répètent
exploités en assassinant, massacrant, enfermant et tor- les stupidités qui émanent de la presse, se distanciant
turant, mais aussi à l’aide de maladies, de travail salarié ainsi de ceux qui ne peuvent pas – ou ne veulent pas
et d’une vie pleine de misères. – faire partie du troupeau qui va pacifiquement vers sa
propre mort.
Aujourd’hui, en célébrant les 100 ans de l’assassinat de
milliers de prolétaires lors du dit « massacre de santa Face à une réalité aussi stupide et pénible, la société
maria de Iquique » au Chili, l’Etat et le Capital conti- se trouve consternée par le braquage d’une banque et
nuent à assassiner, peut-être pas via de grands massacres la mort d’un policier. Les imbéciles qui louent et ré-
comme ceux de jadis, mais via la violence la plus silen- clament à corps et à cris le châtiment de la part des
cieuse et la plus atroce, celle qui remplit les prisons et justiciers ne se rendent pas compte que la police et les
crée de nouveaux centres de torture légiférés par leurs banques sont les principaux soutiens de la colonne ver-
lois putrides. La terreur d’Etat se fait sentir à chaque pas tébrale de la société de classes. Tandis que les policiers
que nous faisons, s’accaparant de plus en plus d’espace armés jusqu’aux dents garantissent la propriété privée
et de temps. La garde blanche du capital nous envoie en prenant sa défense, les banques sont les coffres du
son message, toute personne qui ne rentre pas dans commerce au service de la production et de la circula-
son rang “civilisé” sera terrassée par le pouvoir d’Etat, à tion des marchandises.
l’aide de son appareil répressif.
La devise de la paix sociale se répand, tandis que l’on
Les moyens de non-communication nous bombardent condamne à mort ou à perpétuité ceux qui ont le cou-
rage d’aller arracher une partie du capital dans
les centres d’accumulation, refusant ainsi d’être
vilipendé par le travail salarié. Le prolétariat ne
connaîtra pas de victoire tant qu’il fera confian-
ce et qu’il reproduira le langage des administra-
Une fois choisi pour certains
teurs de sa misère. Il continuera à être massacré
l’affrontement avec choix et humilié tant qu’il ne remettra pas radicale-
l’Existant,... deviennent ment en question le monopole de la violence,
necessaires et qu’il ne luttera pas pour arracher les armes à
l’ennemi ; ne serait-ce que pour les détruire.

L’Etat se prépare et pratique son terrorisme le


plus brutal. Avec des perquisitions, des coups,
des interrogatoires, des agressions sur des com-
30 constamment d’imbécilités à propos de la délinquance, pagnons, des prises d’otages, des harcèlements, des me-
du vandalisme et de la violence. Créant ainsi un consen- sures d’exceptions, etc. ; il en profite au passage pour
sus auprès de la dite opinion publique à propos de ces continuer la militarisation des terres ancestrales mapu-
actes, appelant à grands cris à endurcir et à punir avec ches en lutte ainsi que tous les quartiers qui mènent une
plus de fermeté ceux qui dépassent la loi et qui ne se lais- guerre sans relâche contre l’Etat.
sent pas soumettre par le joug de la caste oppressante,
introduisant dans la conscience de l’esclave des valeurs La répression, sous toutes ses formes, tombe sur les
qui le font se distancier de ses frères de classe, tombant nouveaux personnages poursuivis dans cette nouvelle
dans la compétition et l’avarice, niant la solidarité com- – mais déjà bien connue – chasse aux sorcières. Juan

CHILI
Il est de notre devoir de se solida-
la seule riser et de se faire les complices ac-
vraie tifs contre cette nouvelle attaque de
question l’Etat et avec tous ceux qui rompent
qui se
la paix sociale du Capital de manière
pose
alors quotidienne. Il nous faut abandon-
ner le discours victimiste, qui nous
a fait tant de mal durant des siècles
de lutte, et passer à l’offensive contre
ce monde en dynamitant toute im-
position bourgeoise qui se retrouve
dans sa juridiction. La culpabilité
Aliste, Fredy Fuentevilla, Marcelo Villaroel, Carlos Gu- tout comme l’innocence sont des étiquettes que cette
tiérrez sont accusés non plus d’un braquage de banque, société du spectacle colle sur les personnes, pour les
mais de l’assassinat de sang froid d’un vil policier, chose révolutionnaires et les rebelles ces termes n’ont pas de
qui pour nous ne veut rien dire, puisqu’il faudrait qu’on valeur en soi.
soit vraiment mal pour en venir à critiquer et à con-
damner quelqu’un ayant tué un policier où ayant volé Que les compagnons soient coupables ou innocents, cela
un riche pour défendre sa liberté ou pour exprimer sa ne nous intéresse pas, nous laissons cela aux institutions
révolte. bourgeoises de l’Etat et à sa gamme colorée de partis po-
litiques qui n’hésiteront pas à massacrer les prolétaires
Les compagnons ont lutté contre la dictature du cerbè- en révolte. Et de toutes façons, ici, le seul coupable est
re Pinochet, prenant une position active et déterminée l’exploité qui a conscience de ce qui se passe et ne fait
pour en finir avec toute trace d’inhumanité. Ils ont lutté rien pour renforcer le camp de ceux qui luttent.
contre la transition signée entre les militaires et les so-
ciaux-démocrates, pacte qui ne put sonner aux oreilles Des « phénomènes » tels que les expropriations ou les
de ces jeunes rebelles que comme le revêtement d’un exécutions de policiers ne peuvent pas être vus comme
monde de misère par une joie qui n’arriva jamais. des faits isolés ou étrangers à la lutte des classes. Ce sont
des actes inséparables, une manifestation de plus du
Entre 1990 et 1994, toutes les expressions subversives processus de révolte à travers lequel les exploités récupè-
qui se sont affrontées pas à pas, arme contre arme à cette rent petit à petit leurs vies.
dictature du capital furent désarticulées, exterminées et
massacrées. Pour ceux que l’Etat ne put assassiner, il n’y La guerre sociale s’empare de tous les espaces et tous les
avait que la prison. endroits, elle devient nécessaire et urgente, mais elle se
fait aussi de plus en plus inévitable.
La prison ne tarda pas à se convertir en un nouvel es-
pace de lutte pour ces jeunes rebelles, lesquels, de par Contre les prisons et l’Etat !
leur rage, ont put retourner leur situation ainsi que celle Faisons de la solidarité une arme efficace !
de leurs compagnons. Evasions, mutineries, grèves de
la faim, attaques aux gendarmes, destructions – non
pas symboliques, mais bien tangibles – de parties de
prisons, de caméras de surveillance et de mi-
crophones ; contre-culture, écrits, poésie par
... est si t’as ta deter-
delà le dédale pénitentiaire et son institution a ta disposition mination
pourrie. Ce sont eux qui parvinrent à réduire les armes qui et le desir
en miettes une prison de haute sécurité cons- annulent tous les revolution-
truite pour leur extermination. Et c’est ainsi autres... naire de la
qu’ils construisirent leur liberté pendant leurs LIBERTE !
14 années d’enfermement, pour ensuite con-
tinuer la lutte une fois dans la rue. La liberté
ne nous sera jamais donnée par la caste qui
nous opprime, elle ne sera jamais le résultat
d’une médiation ou phagocytée par les récu-
pérateurs de tous bords. La liberté se construit
à travers la lutte, sans cajoleries ni misère.

CHILI
Aussi bien au Chili qu’en Uruguay et en Argentine, comme plus large de la lutte des classes et de la domination comme
dans la grande majorité de l’Amérique Latine, l’avortement contrôle démographique. Bien que nous partagions large-
est interdit et le tabou moral des institutions religieuse ment cette analyse, il nous semble qu’il y manque une po-
pèse lourdement. Tout comme dans le reste du monde, le sition de base, qui est que tout individu devrait être libre
patriarcat y est imbriqué dans un complexe de rapports de de décider de l’interruption de sa grossesse. Ce choix in-
pouvoir et de domination. dividuel (quelle qu’en soit la raison) est pour nous central
et est le seul point de vue amoral qui offre une perspective
Dans différents pays d’Amérique Latine, une lutte est me- anarchiste contre l’intrusion de la domination dans le fait
née contre la répression de l’avortement. Les articles qui d’avoir des enfants. Somme toute, cet article a été écrit à
suivent s’inscrivent dans ce contexte. Dans l’article ‘Con- un moment spécifique et analyse une possible tendance au
trôle et désespoir’, une critique pertinente de la lutte pour sein du système (la légalisation) qui ne correspond pas à la
la légalisation de l’avortement est formulée. Cet article réalité, l’Etat argentin a en effet endurci la loi sur l’avorte-
place aussi la légalisation de l’avortement dans le cadre ment et augmenté les peines début 2008.

Ni légal, ni illégal: avortement libre !

AVORTE... ET TU PAYERAS...
C ONTRÔLE MÉDICAL, contrôle du corps
par l’Etat, morale chrétienne, intérêts
économiques… tous des fils d’une même
Mais l’hypocrisie sociale saute aux yeux
: ceux sur qui retombe tout le poids de
la loi sont les pauvres, qu’ils soient hom-
l’Etat est un outil qui fonctionne avec
l’approbation des riches, des politiciens
qui assument le rôle d’amortisseurs entre
pelote. L’avortement est de nos jours pé- mes ou femmes. Dans ce cas ci, il s’agit la fiction de la démocratie populaire et la
nalisé en Uruguay, et l’histoire judiciaire des femmes ; et décider de ne pas avoir réalité de la dictature du capital.
de ces cinq dernières années compte trois un enfant, légalement c’est un délit, mo-
cas de femmes poursuivies pour s’être fait ralement un assassinat, socialement une En tant qu’anarchistes, nous refusons
avorter clandestinement. Le dernier de ces irresponsabilité (l’argument typique étant toute forme de contrôle ; et l’Etat est la
cas est récent : il s’agit d’une jeune de 20 qu’il fallait y penser avant), politiquement forme de contrôle suprême qui, dans le
ans poursuivie pour le délit d’avortement une justification de la pénalisation, écono- cas de l’avortement, se manifeste à tra-
avec consentement, dénoncée par l’hôpi- miquement une bonne affaire pour tous vers les médecins et la médecine, les juges
tal ou elle s’est fait soigner pour inter- ceux qui profitent de la pénalisation en et les lois, le parlement et ses décisions,
rompre les hémorragies. Ce qui se passe ouvrant des cliniques clandestines (mé- l’église et sa morale. Il n’y a pas de loi qui
généralement dans ces cas là, c’est que la decins, sages-femmes, infirmières, etc.). protège ceux qui, comme nous, n’ont pas
femme fait alors partie de l’enquête visant Et n’oublions pas les laboratoires qui se l’usufruit des bénédictions de ce système.
à poursuivre les responsables des cliniques remplissent les poches en vendant des pas- La loi fait partie d’un système judiciaire
clandestines. C’est-à-dire que l’applica- tilles qui sont rarement utilisées contre les qui a recours à l’ordre social qui s’impose
tion de la législation actuelle dépend de ulcères et servent généralement à avorter au détriment des pauvres, puisque c’est la
l’interprétation qu’en fait le juge. (misoprosol). loi qui nous enferme, nous poursuit, nous
criminalise.
Ce n’est pas par hasard si les règles du jeu se Et l’autoritarisme qui émane du gouver-
renversent dans le cadre légal quand le sujet nement a pour figure suprême le prési- Par dessus tout, nous tenons à l’autono-
est sur le tapis depuis un bout de temps. Au dent, qui est disposé à employer tous les mie et au pouvoir de décision sur nos
parlement, on commence de nouveau à dis- moyens nécessaires pour continuer à trai- corps. Ce n’est pas le « droit » de décider
cuter du projet de loi sur la santé sexuelle et ter la pratique de l’avortement comme un que nous voulons, mais l’autonomie de
reproductive présenté crime. Cette attitude est confortée par la nos décisions et de nos actions au-delà de
par des sénateurs première dame (qui porte le nom de la tout contrôle social. Nous ne voulons pas
et députés de dif- vierge) qui prêche les valeurs de l’église la légalisation de l’avortement, nous vou-
férents secteurs du catholique partout où elle va. lons l’avortement libre.
Frente Amplio. Et
les poursuites qui Une église raciste, homophobe, qui craint
servent à donner les « rebelles », qui méprise les pauvres, les (1) Il y a une législation en rigueur depuis
une leçon sociale noirs, les femmes, les homosexuels et qui 2002 qui n’impose pas aux fonctionnaires de
et politique sont salue et protège les politiciens, les riches dénoncer judiciairement les patientes, mais

32 devenues un outil qui trouvent en elle un anesthésiant social les oblige à signaler les faits au MSP (Ministè-
re de la Santé Publique) endéans les 72 heures
habituel du gou- et une justification de la société de clas-
avec le plus de renseignements possibles. Ces
vernement, qui ses.
renseignements servent aux statistiques.
prend pour
excuse l’in- Tandis que meurent des milliers de fem-
dépendan- mes et que la justice réactionnaire poursuit
ce du systè- l’une d’entre elles, la question de l’avorte-
me judiciaire ment se débat en terme de pénalisation et
dans la prise de de dépénalisation de la pratique. Pendant [Traduit de El mundo al Revés, número único para
décisions. qu’on discute de termes légaux, la sphère la guerra social, Montevideo, janvier 2007]
d’influence de l’Etat garde le contrôle. Et [Publié dans Publicación Ácrata n°1, Hiver 2007]

URUGUAY
AVORTEMENT: CONTRÔLE ET DÉSESPOIR
N OUS N’ENVISAGEONS PAS DE SOLUTIONS pour le sys-
tème dominant actuel, nous posons des problèmes.
En d’autres mots, la solution des nombreux problèmes
La question de l’avortement et de la contraception a sa
place dans la problématique actuelle à laquelle doivent
faire face les capitalistes et leurs représentants, celle de
sociaux passe par l’abolition de l’Etat et de l’exploitation l’explosion démographique mondiale. Les 6 ou 7 mil-
de l’Homme par l’Homme. liards d’habitants que compte la planète auxquels viennent
s’ajouter annuellement presque 95 millions, les millions
Ces derniers jours, une succession de cas qui résument de personnes sous-alimentées, les millions de personnes
la criminalité et la douleur produites tous les jours par la potentiellement dangereuses parce qu’elles constituent
civilisation bourgeoise, qui a pris un caractère public et un excédent du marché mondial sont une menace qui se
médiatique, a lancé une discussion autour de la légalisa- manifeste par des vagues d’immigration depuis les zones
tion de l’avortement. Face à la délicatesse et au caractère périphériques vers les centres de l’opulence, comme l’Eu-
tragique de ces cas ponctuels, les mots nous manquent. rope et les Etats-Unis. Les immigrants sont concentrés
Nous prenons ici position face aux implications de la dis- dans des camps de détention quand les fortifications sont
cussion, aux situations de désespoir social et au cadre d’un franchies, ou, une fois installés, ils produisent des explo-
consensus croissant. sions comme celles qui ont eu lieu en France. Le gou-
vernement des Etats-Unis veut maintenant construire un
Bien qu’elle ait encore un certain poids, l’opposition aux mur hautement technicisé qui parcourra des kilomètres
moyens de contraception et à l’avortement de l’Eglise ca- de frontière avec le Mexique parce que les barbelés et les
tholique et des secteurs qui lui obéissent, n’a plus la même patrouilles ne suffisent plus. Le terrorisme religieux et la
force qu’elle avait il y a quelques décennies. Face à l’ac- délinquance augmentent comme réponse désespérée à la
centuation des conflits sociaux et aux évidences établies, situation créée. A cela il faut encore ajouter la déprédation
l’Eglise catholique a dû s’adapter aux exigences de l’actua- environnementale dont la production capitaliste a besoin
lisation pour ne pas perdre son influence et ses espaces de et la conséquente diminution des ressources naturelles et
pouvoir. La reconnaissance du génocide indigène et de la hausse du prix de celles-ci, l’entassement et l’insuffi-
l’Inquisition, l’acceptation des théories scientifiques et la sance des palliatifs du don et de la charité, ainsi que la me-
participation active à celles-ci, ainsi que la tolérance et la nace de réduction des niveaux de vie privilégiés des classes
permissivité dans les questions civiles (comme le divorce dominantes. Le système se retrouve alors dans l’obligation
ou les mariages entre individus d’un même sexe, etc.) font d’envisager des formes de contrôle démographique pour
partie des éléments de cette adaptation face aux transfor- prévenir des crises futures et présentes. Il n’empêche que
mations et aux besoins historiques. les mécanismes de contrôle démographique continuent
à rencontrer des réticences et des oppositions de la part
Ces adaptations n’ont jamais été immédiates ni dépour- de certains secteurs du Pouvoir. Mais de nombreux gou-
vues de contradictions internes, elles ne signifient pas vernements ont dépénalisé l’avortement et lancent des
non plus un progrès ni une amélioration puisqu’elles campagnes d’éducation sur les moyens de contraception.
sont fonctionnelles à la perpétuation institutionnelle et Dans la chine maoïste, dès les années 70, le gouvernement
religieuse. Les changements de position de l’Eglise face à a établi un plan de planification familiale strict, basé sur
certaines questions ont toujours eu lieu. Sur à la question un système de primes et de sanctions, quand il n’était pas
de l’avortement, le refus ecclésiastique actuel date de la directement imposé, afin de réduire le taux de croissance
moitié du XIXe siècle ; jusqu’alors il n’était pas condam- de la population. Avortements, abandons d’enfants et in-
né mais permis. Au IVe siècle l’Eglise condamne unique- fanticides féminins en furent les résultats.
ment l’avortement dans les cas où la conception était le
produit d’un adultère. Pour les principaux théologiens de Les bourgeois sont les premiers intéressés par ce type de
l’Eglise, comme Saint Thomas d’Aquin et Saint Augustin contrôles, ce sont les financiers du bateau-clinique qui
– comme avant eux pour Aristote -, le fœtus n’avait pas parcourt les côtes des pays où l’avortement n’est pas léga-
d’âme le premier mois de gestation, et ce n’était que passé lisé ; ce sont eux qui soutiennent les ONG qui financent
ce délai que l’avortement devenait condamnable. Actuel- les interventions et sont à l’origine des campagnes. En Ar-
lement, on peut s’attendre à un nouveau changement de gentine, l’actuel ministre de la santé, Ginés González Gar-
positions, si ce n’est officiellement, au moins de certains cía, ainsi que différentes personnalités artistiques, intellec-
secteurs, si l’on tient compte du consensus social croissant tuelles et politiques sont en faveur de la dépénalisation.
à ce sujet et des exigences politiques et démographiques Parmi celles-ci, des députés de différents partis ont lancé
qui demandent sa dépénalisation. Il y a en effet de larges des projets de loi sur le sujet. Il y a plus de 200 ONG
secteurs catholiques organisés en faveur de l’avortement. locales qui participent à la campagne pour la légalisation.
Le Pouvoir n’est pas uniforme, il a des disputes internes, Le débat largement diffusé dans les médias, sur un thème
des secteurs plus démocratiques ou plus conservateurs, qui était tabou jusqu’il n’y a pas longtemps, montre le
réactionnaires et progressistes ; des gauches et des droites niveau de consensus que la chose est en train d’acquérir.
qui canalisent les différentes tendances dans la même or- Au débat sur l’avortement vient s’ajouter, et ce n’est pas
bite étatique. par hasard, celui sur l’éducation sexuelle – c’est-à-dire, la
contraception – dans les écoles, non sans l’opposition des

A RGENTINE
secteurs les plus conservateurs qui sont assez discrédités par les Toute cette situation culturelle, encouragée par la publicité
générateurs de l’opinion publique.* et l’enseignement, à laquelle il faut ajouter le report de l’âge
du mariage par rapport aux générations passées que permet
Les secteurs nantis peuvent payer des avortements dans des une indépendance professionnelle et économique relative,
cliniques ou des centres spécialisés à des prix que la majo- fait en sorte que les classes moyennes et hautes soient les plus
rité des gens ne peuvent se permettre. Les pratiques ‘maison’ réceptives au féminisme et qu’elles soient, pour des raisons
rudimentaires produisent des taux de mortalité élevées et de économiques, entre autres, celles qui réduisent les naissances
nombreuses lésions chez les femmes qui n’ont pas accès à ces ou directement les annulent. Des raisons économiques autres
lieux. Indépendamment d’une sensibilité fortuite et d’un hu- que les pressions de survie qui acculent ceux qui sont noyés
manisme stimulé, l’intention qui pousse certains secteurs du dans la misère.
Pouvoir à légaliser les interventions et la prévention est de
contrôler l’augmentation de la pauvreté étant donné sa dan- Cette inclusion du sexe féminin dans les positions sociales – et
gerosité potentielle, en effet les secteurs privilégiés ne courent les implications culturelles qui l’ont rendue possible – con-
pas de risques dans des avortements illégaux. tribue, par rapport au sujet de la légalisation de l’avortement
à établir les préceptes argumentatifs de la campagne pro lé-
Ceci n’empêche pas que le besoin, le problème, la sensibilité galisation. Un des principaux arguments invoqués est que
et les intentions de ceux qui se joignent au mouvement soient la décision d’interrompre la grossesse revient entièrement à
bien réels. Ce que nous disons, c’est que l’augmentation du la femme parce que la gestation se produit dans son corps :
consensus à ce sujet est dans la logique et la fonctionnalité du l’exclusivité de la décision me parait discutable. Sur le même
système. La même chose se reflète dans la campagne en faveur plan, ce qui est réclamé, c’est le droit de décider, mais com-
du don d’organes. L’insistance de l’Etat sur ce point ne signi- me la revendication est dirigée à l’Etat, celui-ci est légitimé
fie en rien que les morts qu’ils provoquent font de la peine comme tel, par conséquent c’est lui qui doit prendre la déci-
aux puissants, elle veut simplement dire qu’ils ont besoin d’un sion qui concède le droit. L’idée que c’est l’Etat, c’est-à-dire la
marché d’organes, légitimé et approuvé par la majorité, pour Loi et la police, qui doit garantir la liberté de décision est la
avoir à leur disposition un réservoir d’organes, que nous som- maxime de la mentalité étatiste – oppressive – selon laquelle
mes, comme faisant partie de leurs ressources. Nous répétons c’est le Pouvoir en place qui est le régulateur de la sociabilité.
qu’au-delà des problématiques personnelles, de la douleur et En même temps, cela renforce l’idée que c’est l’Etat et la léga-
des souffrances qui sont bien réelles, le système a des mécanis- lité qui définissent le concept et les limites de l’humanité, une
mes qui lui permettent de tirer parti de celles-ci. conceptualisation qui était jusqu’ici le patrimoine exclusif de
l’Eglise, que celle-ci se dispute et que l’on prétend transférer
Le consensus grandissant en faveur de la légalisation de au gouvernement laïc.
l’avortement se rattache aux mouvements féministes, apparus […]
dans les pays économiquement les plus opulents, qui se dé-
veloppent depuis les années 60. Il faut souligner la fonction- Aujourd’hui et demain, acculés par la misère, la faim et les
nalité de ce mouvement. Quand le machisme était fonction- maladies ; face au froid, à l’entassement et aux décharges ;
nel au système de stratification social, celui-ci était stimulé dans les rues, sous les ponts, sur les places ; dans les colonies,
et encouragé. Maintenant que le capitalisme doit incorporer les villes et les couvents ; mendiant ou traînant des charrettes,
plus qu’avant l’autre moitié de la population – celle de sexe se nourrissant des poubelles ; dans les prisons, les commissa-
féminin – pour son exploitation ; le machisme comme men- riats et les containers ; dans les champs, les mines et les usines
talité dominante est condamné à reculer. Ce processus ne va : nous ne montrons pas du doigt les issues désespérées. Nous
pas sans contradictions ni obstacles, mais comme tendance, pointons du doigt les plus grands criminels de l’histoire : la
la participation de plus en plus grande du sexe féminin est bourgeoisie et son système.
évidente, aussi bien dans les domaines de l’administration et
de la répression que dans celui du travail. La participation A.G.
de la femme par l’intermédiaire du vote aux élections gou-
vernementales, instauré dans ce pays dans les années 50, ne * Je ne suis pas disposé à considérer l’insensibilité, les menson-
peut pas être vu comme une conquête du sexe féminin mais ges et les positions réactionnaires des secteurs fascistes qui s’op-
comme une inclusion aux mécanismes de la domination dé- posent à l’avortement et à la contraception.
mocratique. La manifestation de ce processus d’inclusion
croissante se voit jusque dans la langue espagnole où, dans un (1) En espagnol, les terminaisons masculines (le plus souvent
large spectre politique et jusque dans le « mouvement » anar- ‘o’) ou féminines (le plus souvent ‘a’) sont dans le langage écrit
politiquement correcte remplacés par des ‘x’ ou des ‘@’. (NdT)
34 chiste, on se consacre à une distinction générique du langage.
L’utilisation étendue d’un nouvel « esperanto » – fait de ‘x’ et
d’arrobas – en est un échantillon. (1)
[Extrait de la publication anarchiste Libertad, Nº 38, septem-
bre-octobre 2006, Buenos Aires]

A RGENTINE
CHRONOLOGIE LACUNAIRE
DE LA GUERRE SOCIALE DANS LE CONO SUR
2006 dégât estimé à 100 millions de pesos Providencia, Chili 14/02— Une
(140.000 euros). Rappelons que ces bombe explose peu avant minuit
Montevideo, Uruguay 24/10 – gigantesques exploitations forestières devant le siège du Cantón de
Attaque avec cocktail molotov contre chassent les gens de leur terre et Reclutamiento [caserne militaire],
un siège du Parti Communiste. appauvrissent les sols, ruinant les détruisant sa porte d’entrée. Action
Revendiqué par La Furia de possibilités d’agriculture vivrière et revendiquée dans des tracts trouvés
Kronstadt. donc d’autonomie. sur place par la Federación Revuelta
14F - Brigada Gaetano Bresci. Le
Buenos Aires, Argentine 09/12 Buenos Aires, Argentine 27/12 texte précise notamment que «le
– Dans le quartier de Lanus se – Des proches et amis d’une jeune Transantiago signifie l’imposition
produisent des affrontements avec fille assassinée par balles en novembre d’un système qui provoque exclusion
la police après qu’un café où deux attaquent un commissariat, incendient et soumission sociale.»
sorteurs avaient tué un garçon ait une voiture et détruisent un véhicule
été incendié. Il y a des blessés et des de police dans le quartier de Lanus. La Rioja, Argentine 15/02
arrestations. Ce sont près de 50 personnes qui – Plusieurs prisonniers de l’aile
sont entrées dans le commissariat, des mineurs (moins de 21 ans),
Chili 10/12 — La mort de l’ex- détruisant tous les meubles et le commencent une révolte contre les
dictateur chilien, le général Augusto matériel, tandis que d’autres jeunes se mauvais traitements et réussissent à
Pinochet, décédé dimanche à 91 ans a déchaînaient au dehors. s’emparer de trois autres ailes, où se
été marquée par de violents incidents produisent de durs affrontements
à Santiago et dans sa périphérie ainsi avec les matons (nombreux blessés
que dans d’autres villes du pays. Au de ce côté-là aussi). Les familles
moins six policiers ont été blessés et 2007 qui se rassemblent à l’extérieur sont
plusieurs personnes arrêtées. dispersées à coups de lacrymogènes et
Formosa, Argentine 03/01 – 200 balles en caoutchouc.
Buenos Aires, Argentine 20/12 – prisonniers se mutinent pendant
Cinq ans après les émeutes de 2001, quatre heures, prenant des matons en Formosa, Argentine 05/03 – Un
plusieurs banques et commerces sont otage et brûlant plusieurs cellules. groupe de 90 détenus du bâtiment
détruites. Des flics sont attaqués, des hommes se mutine, brûlant des
dont cinq sont blessés. Mar del Plata, Argentine 01/02 couvertures et exigeant la présence
– Toutes les vitres de la permanence du juge pour lui remettre leurs
Chili 21/12— Le GOPE (Groupe du Frente Para la Victoria, de revendications.
d’opération de police spéciale) de tendance kirchnérienne [Kirchner
carabiniers a détruit une bombe est président], sont détruites. Le Santiago, Chili 06/03 – Des
artisanale posée sur le fronton du local avait été inauguré il y a peu. La centaines de personnes lapident des
Conseil de Défense d’Etat, situé même nuit, un local de la chaîne de bus, élèvent des barricades incendiées
dans le centre de Santiago. L’engin supermarchés Toledo, responsable et frappent sur des casseroles pour
explosif consistait en une bonbonne de l’exploitation de centaines de protester contre le nouveau système
de gaz de 5 kilos munie d’un travailleurs dans la ville, subit de de transport Transantiago. Les
système d’horlogerie. L’action a été gros dégâts. Les deux actions sont manifestations durent jusqu’à l’aube
revendiquée par le groupe Tamayo revendiquées par des anarchistes. et des affrontements armés ont lieu
entre les manifestants et la police.
35
Gavilan.
Buenos Aires, Argentine 04/02
Chili 26/12 –Un groupe d’inconnus – Le consulat espagnol est repeint La Plata, Argentine 10/03 – Dans
a lancé une attaque incendiaire qui avec des slogans en solidarité avec le commissariat n°11 (les grands
a consumé deux engins forestiers à les prisonniers du 4F de Barcelone commissariats servent aussi de prison
l’intérieur de la ferme Las Praderas, [incarcérés à l’époque]. La nuit même, face à la surpopulation), 14 détenus
propriété de l’entreprise Mininco, à un engin explosif est déposé à la Banca se mutinent et prennent des flics en
40 kilomètres de la ville de Temuco. Nazionale del Lavoro, revendiquée en otage. Ils réclament de meilleures
De plus furent incendiés 0,7 hectares solidarité avec les prisonniers du 4F conditions et un rapprochement
de mètres cube de bois, pour un et tous les compagnons réprimés. familial.

CHRONOLOGIE
Buenos Aires, Argentine 15/03 - Action revendiquée par le Grupo de pendant de nombreuses minutes et
Manifestation devant l’Ambassade du la Cólera. sa façade a subi des dégâts. Action
Danemark en solidarité avec les 197 revendiquée par Fuerzas Autónomas
camarades incarcérés à Copenhague Santiago, Chili 28/03 – À la veille y Destructivas León Czolgosz.
lors de l’expulsion du squat historique du Jour du Jeune Combattant quatre
Ungdomshuset (1982). bombes sont déposées aux divers Buenos Aires, Argentine 13/04
points de la ville. Une bombe a été – Des inconnus ont balancé deux
Santiago, Chili 15/03 – Nouvelles déposée devant un distributeur de molotovs à Villa Mercedes contre la
manifestations contre le Transantiago, véhicules de luxe Atal et détruit les maison de la sénatrice Liliana Negre
des barricades sont levées et les vitres. Sur le lieu, des tracts sont laissés de Alonso [PJ, parti du président]
protestations incluent l’usage d’armes contre le Transantiago. A Maipú, un et de son mari, le Procureur d’Etat
à feu et de cocktails molotov. Trois engin explosif touche un parking Mario Alonso.
mineurs ont été arrêtés. payant devant un Mc Donald’s.
Uruguay 16/04 – Deux bombes
Santiago, Chili 16/03 – 90 Santiago, Chili 28/03 – Un engin incendiaires type ‘molotov’ sont jetées
étudiants détenus et un carabinier explosif est trouvé et détoné par contre une vitre du siège du Cercle
blessé pendant une marche contre le la police à 100 mètres du palais Policier de Uruguay. Les rideaux
Transantiago qui réuni plus de 2000 présidentiel de La Moneda. Quatre et le mobilier sont incendiés et une
personnes. autres attaques furent reportées dans partie de la façade et de la cuisine ont
la capitale Santiago, trois bombes ont été endommagés. Sur un bâtiment
Corrientes, Argentine 19/03 – Les provoqué des dégâts, sans laisser de devant le siège apparaît le slogan
prisonniers de l’Unidad Penitenciaria blessés. « Vive la sédition ! ».
n°1 se mutinent. On compte deux
morts et un blessé grave lors de la Chili 29/03 – Divers affrontements Rio Gallegos, Argentine 24/04
répression. Une grève de la faim avec les forces de l’ordre ont lieu – Un groupe de détenus de l’Unité
éclate la semaine suivante. durant toute la journée, pendant 6 de cette prison pénale s’est mutiné,
les protestations du Jour du Jeune brûlant des matelas et refusant
Ushuaia, Argentine 21/03 – Une Combattant. Des centaines de d’accomplir leur travail. Ils réclament
mutinerie éclate dans la Préfecture personnes furent arrêtées et tant de l’accélération des jugements et plus
de Police. Elle a duré de sept heures policiers blessés. Pendant la nuit se de visites.
du soir à quatre heures du matin, sont produits des affrontements armés
les détenus brûlant des matelas et entre manifestants et carabiniers, dans Catamarca, Argentine 30/04
rompant les vitres. C’est le commando différents quartiers. – Mutinerie dans le commissariat
anti-mutineries et les pompiers de femmes et de mineurs. Quatre
Chili avril – Pendant tout mineurs et un policier sont
le mois d’avril, différentes hospitalisés pour débuts d’asphyxie.
actions et mobilisations Quatre mineurs avaient commencé
sont organisées contre par brûler leurs matelas et ont ainsi
l’imposition du nouveau provoqué l’intervention de la police.
système de transport
Transantiago. Buenos Aires, Argentine 10/05
– Mutinerie dans la prison pour
Buenos Aires, Argentine mineurs de Agote. Suite aux
12/04 – 10 flics blessés affrontements, neuf prisonniers sont
lors de la tentative blessés. Ils brûlent des matelas et des
d’expulsion d’un terrain draps et réclament des meilleures
occupé depuis des années conditions de détention.
par des familles, à Lanus.
36 volontaires qui y ont mis fin. Deux Les affrontements ont vu d’un côté Uruguay 14/05 – Le siège du Cercle
détenus avec débuts d’asphyxie sont les boucliers, les matraques et les Policier souffre une nouvelle attaque.
emmenés vers l’hôpital. flingues, de l’autre des molotovs et
des barres de fer. Temuco, Chili 14/05 – Suite à une
Buenos Aires, Argentine 24/03 descente brutale dans les cellules, 11
– Incendie du jardin et de la porte Providencia, Chili 12/04 — Le détenus sont tabassés et torturés. Deux
d’une Eglise pour mettre en évidence siège du parti Juventud Socialista (JS) semaines plus tard, 600 prisonniers
«la relation active de l’Eglise avec cette a été attaqué par des inconnus qui entament une grève de la faim.
culture assassine, comme elle le fut en ont lancé un engin incendiaire contre
1976 lors du coup d’Etat militaire». l’immeuble. La porte s’est consumée

CHRONOLOGIE
Buenos Aires, Argentine 15/05 Montevideo, Uruguay 19/06 – Un Chol Chol, Chili 16/07 – Une
– Des centaines de passagers incendie éclate dans un entrepôt trentaine de prisonniers se mutine
enragés s’affrontent avec la police et d’exportation de bois de l’entreprise dans la prison de mineurs de Sebame
détruisent une bonne partie du hall Forestadora Oriental (filiale forestière et boutent le feu au toit.
de la gare Constitución. Ils pillent des de Botnia). 2000 m3 sont partis en D e u x
magasins et incendient les guichets fumée. jeunes
de l’entreprise Metropolitano dans profitent de
une protestation spontanée qui se Montevideo, Uruguay 21/06 – Un l’occasion pour
produit suite à des retards des trains cocktail molotov est jeté contre le s’évader, mais sont repris
de la Ligne Roca. Les affrontements Lycée Militaire de Prado et explose plus tard par le personnel de
se terminent avec 21 blessés – 12 près d’une bonbonne de gaz et sécurité.
policiers et 9 passagers – et 16 arrêtés, produit des dégâts.
deux d’entre eux mineurs. Santiago, Chili 21/07 – Un engin
Buenos Aires, Argentine 22/06 explose dans une poubelle devant la
Santiago, Chili 21/05 – Deux – Suite à une annulation d’un service maison du ministre du Logement
engins explosifs sont détonés. Un dans la gare de Temperley de la ligne Patricia Pobrete. Il n’y a pas de
devant l’Inspection du Travail dans Roca, des passagers ont protesté dégâts.
la commune de Providencia, qui énergiquement et ont bouté le feu à
provoque des dégâts aux vitres et un trois wagons. Après les destructions, Tacuarembó, Uruguay 4/08 – Cinq
autre, plus tard, devant le siège du un affrontement a eu lieu entre les mineurs se révoltent dans la prison
Parti de la Démocratie dans le centre, passagers et les policiers. Un policier INAU. Ils possédaient dix couteaux
résultant dans des dégâts dans une a été blessé à la tête par des pierres. et deux fusils de chasse. Dans la
grande partie des vitres et du mobilier journée, des fenêtres et des portes de
à l’intérieur. Buenos Aires, Argentine 23/06 l’aile d’isolement pour mineurs ont
– Deux attaques incendiaires contre été détruites.
Concepción, Chili 07/09 – 18 un siège de PRO.
personnes sont arrêtées suite aux Buenos Aires, Argentine 21/08
affrontements qui se produisent dans Chol chol, Chili 09/07 – Emeute – Une mobilisation convoquée à la
les environs de l’Université et qui dans le Centre de Réhabilitation de la Casa de Santa Cruz se termine, après
se prolongent pendant plus de six Conduite. Les détenus montent sur des affrontements avec la police, avec
heures. le toit et y boutent le feu. Les dégâts 44 arrêtés.
sont estimés à 19 millions de pesos
Vázquez, Uruguay 08/06 – Après (30.000 euros). Chile 25/08 – Une 40-aine
une descente de la police, une émeute d’encapuchonnés descendent dans la
éclate dans la prison. Deux détenus Montevideo, Uruguay 10/07 rue contre la prison du capitalisme,
sont blessés avec des ‘coupures’. Dans – Gigantesque incendie dans le suite à l’enfermement de deux
le module 3, différents détenus sont bâtiment de Ence. Une machine compagnons.
montés sur les toits, mais descendus détruite et 40 000 m3 de bois en
quelques minutes après par la police. fumée rendent l’usine inopérante Montevideo, Uruguay 29/08
pendant quelques jours. – Manifestation en solidarité avec
Melo, Uruguay 09/06 – Une émeute Fernando Masseilot, enfermé depuis
éclate également dans la prison de Buenos Aires, Argentine 14/07 5 mois et accusé de sédition.
Melo. Différentes personnes sont – Rassemblement devant la prison de
blessées, dont le directeur de la Devoto, où un communiqué est lu, Argentine 29/08 – Simultanément
prison, Mario Silveira. des tracts distribués, des discussions à la manifestation à Montevideo,
se déroulent avec les prisonniers, les une manifestation de solidarité a lieu
Buenos Aires, Argentine 15/06 murs de la taule et les camions de devant l’ambassade d’Uruguay et se
– Un engin incendiaire est déposé l’administration pénitentiaire sont solde par en 15 personnes arrêtées,
devant l’établissement du Congrès tagués, malgré les matons qui mettent qui sont libérées après.
37
de la Nation. La porte principale est en joue les manifestants. Santiago, Chili 29/08: Une
endommagée. manifestation contre la politique
Chile 15/07 – Un explosif éclate de la présidente Michelle Bachelet
Montevideo, Uruguay 17/06 – Un devant l’ambassade de Grande s’est embrasée à Santiago du Chili.
cocktail molotov est jeté à la porte Bretagne et produit des dégâts aux Au cours de cette journée de
de l’ambassade française. A quelques fenêtres. L’action est revendiquée mobilisation, au moins 750 personnes
mètres du lieu avait été tagués « Vive par le groupe anarchiste Fuerzas ont été interpellées. Au moins 50
les révoltes en France ». Autónomas y Destructivas León manifestants (10 dans un état grave)
Czolgosz. et 48 policiers ont été blessés. Les
CHRONOLOGIE
manifestations s’étendaient du centre- Buenos Aires, Argentine 22/09 tous les Mapuche enfermés et la
ville à plusieurs quartiers populaires, – Une succursale de la chaîne démilitarisation des zones. Après
des magasins ont été pillés et les immobilière Arkis, est taguée de deux mois, trois des cinq arrêtent la
manifestants ont élevé des barricades slogans en solidarité avec Giannis grève pour des graves problèmes de
de pneus qui ont été enflammées. Dimitrakis, compagnon anarchiste santé.
D’autres rassemblements ont eu lieu séquestré par l’Etat grec : «Giannis
en province, notamment dans le Dimitrakis dehors !», «A bas les murs Santiago, Chili 18/10 – Braquage de
port de Valparaiso, à Rancagua, et à de toutes les prisons !» la banque Security. Les expropriateurs
Concepción. s’emparent de 21 millions de pesos
Santiago, Chili 24/09 – Attaque (30.000 euros). Un policier meurt.
Santiago, Chili 31/08 : Un attentat à la bombe contre l’église de Santa
à l’explosif a causé de nombreux María. Chile, novembre – L’État donne les
dégâts dans les infrastructures aux noms de quatre compagnons comme
abords du Canal 13 de Télévision. Montevideo, Uruguay 28/09 – Les principaux suspects du braquage
On a trouvé dans le secteur des tracts serrures de l’Institut Goethe et d’Iberia de banque Security. Ils prennent la
faisant allusion à un groupe subversif (compagnie aérienne espagnole) sont fuite.
non identifié et dénonçant les medias, sellées. « Solidarité avec Gabriel et
José » et un A encerclé sont écrits à Santiago de Estero, Argentina 05/11
accusés “d’être avec le pouvoir – 35 prisonniers meurent durant une
capitaliste”. De même, ce groupe côté.
émeute.
anarchiste appelle à une protestation Buenos Aires, Argentine 28/09 –
violente le prochain 11 septembre. L’ambassade d’Allemagne est inondée Temuco, Chili 11/11 – Les forces
de fax et d’appels téléphoniques. répressives font une descente dans la
Santiago, Chili 11/09 : Un policier communauté de Temucuicui et tirent
a été tué et 41 autres blessés dans Buenos Aires, Argentine 10/10 de coup de feu de près. Un garçon de
la nuit de mardi à mercredi à – Attentat au concessionnaire 10 ans est blessé au thorax, ses jambes
Santiago, au cours d’incidents lors de Volkswagen en solidarité avec Gabriel et mains.
manifestations pour le 34e anniversaire Pombo da Silva et José Fernandez
du coup d’État du général Augusto Delgado, qui sont détenus dans les Santa Fe, Argentine 29/11 – Treize
Pinochet au Chili, ont annoncé les centres d’extermination allemands et détenus de la prison de San Lorenzo
autorités. Plus de 216 manifestants pour la liberté de tous les détenus du s’enfuirent après avoir réalisé un trou
ont été interpellés, essentiellement monde. Revendiquée par las Celulas de 60 centimètres au plafond plâtré.
dans la capitale chilienne, à la suite Negras Revolucionarias Brigada Kurt Temuco, Chili 05/12 – Six personnes
d’affrontements avec les forces de Gustav Wilckens. blessées après une tentative d’émeute
l’ordre qui ont éclaté dans plusieurs
Buenos Aires, Argentine 10/10 dans la prison de Temuco. Une
quartiers pauvres à la périphérie de
– Manifestation de solidarité avec dizaine de prisonniers ont essayé de
Santiago. Le caporal Cristian Vera
Gabriel et José. s’opposer à une descente de routine de
Contreras, a reçu une balle dans la
police à la fin d’année et ont attaqué
tête et est décédé quelques heures
Chili 10/10 – Cinq prisonniers des gendarmes à coups de poings et
plus tard à l’hôpital.
Mapuche entament une grève de de pieds. Les forces anti-émeute sont
la faim pour exiger la libération de intervenues pour contrôler la situation.

38

CHRONOLOGIE
Santiago del Estero, Argentina Devoto, Argentine 24/02 – la présidente péroniste Cristina
06/12 – Deux prisonniers boutent Manifestation devant la prison de Kirchner.
le feu aux matelas et à l’aile. Une Devoto, en solidarité avec les prisonniers
émeute éclate et se termine avec dix anarchistes en grève de la faim. Santiago, Chili 29/03 – Durant
blessés. C’est la troisième émeute en les émeutes nocturnes dans les
un mois. Montevideo, Uruguay 27/02 : bidonvilles à l’occasion du Jour du
Attaque contre l’Institut Goethe, Jeune Combattant, un manifestant
Santiago, Chili 14/12 – Attaque à la détruisant toutes ses vitres, en meurt et 9 carabiniers et un garçon
bombe contre la Chambre espagnole solidarité avec les prisonniers en grève sont blessés. 232 manifestants sont
du Commerce en solidarité avec les de la faim. arrêtés. Un engin explosif a été
Mapuche. désactivé par les carabiniers près de la
Montevideo, Uruguay 29/02 : Cathédrale Castrense.
Santiago, Chili 18/12 – Engin La serrure du portail d’entrée de
explosif contre un local de la la Chambre de Commerce Suisse- Santiago, Chili 31/03 - Un
compagnie Telefónica. Uruguay est bloquée. Sur les murs de jeune homme meurt d’une crise
la façade, le tag: “avec la grève de la cardiaque suite aux tabassages dans
Santiago, Chili 19/12 – Attaques faim des prisonniers, pour la liberté” le commissariat après son arrestation
à la bombe contre une caserne de avec un A cerclé... est laissé. deux jours auparavant pendant les
carabiniers et contre une succursale émeutes.
de la banque Santander. Santiago, Chili 13/03 – Découverte
d’un tunnel de 85 mètres dans les Buenos Aires, Argentine 07/04 – A
Santiago, Chili 20/12 – Engin environs de la prison de haute sécurité l’occasion d’un appel international
explosif contre la succursale d’une de Santiago qui était muni d’un de mobilisations en solidarité avec
banque dans le centre. système d’éclairage et d’extraction les trois compagnons accusés du
d’aire. braquage de banque Security, une
manifestation a lieu dans les rues du
San Martin de los Andes, Argentina centre. Des tracts sont distribués, des
2008 15/03 – Deux personnes sont slogans tagués et criés et des affiches
Vilcún, Chili 03/01 – Dans arrêtées et inculpées du braquage collées.
les environs d’un propriété du de la banque Security, de possession
paramilitaire fasciste Jorge Luchsinger, d’armes illicite, de faux papiers et de Chile 25/04 – Mille étudiants
un jeune étudiant Mapuche Matías menaces à un agent de sécurité d’un manifestent dans divers endroits du
Catrileo est assassiné par les balles de night-club. Une troisième personne pays contre la nouvelle loi d’éducation.
l’État. Il réalisait des récupérations de est arrêtée, comme complice de leur Après un fort déploiement de force,
terre avec un groupe de comuneros fuite. plus de 500 manifestants sont
arrêtés.
Araucaria, Chili 25/01 – Aux 108 Providencia, Chili 18/03 – Une
jours de grève de la faim de Patricia bombe éclate devant le siège de la Las Condes, Chili 25/04 – Une
Troncoso, un groupe attaque des Banque de Crédit et d’Investissement. bombe à bruit éclate dans l’Université
carabiniers. Plusieurs policiers sont L’explosion détruit un distributeur de d’Opus Dei à Los Andes.
retenus et un policier est blessé par billet et le premier étage. Revendiquée
par las Columnas armadas y Valparaiso, Chile 30/04 – Un groupe
un coup de feu. 13 arrestations.
desalmadas Jean-Marc Rouillan. de personnes occupent le consulat
Chili 30/01 – Patricia Troncoso argentin à Valparaíso avec le consul
Chepa, la seule qui était encore en Santiago, Chili 23/03 – Deux dedans, expliquant les exigences de
grève de la faim, arrête après 112 séries de bombes sonores, fabriquées liberté, d’asile politique et de refuge
jours. Un accord a été conclu où avec un extincteur avec une charge humanitaire pour les compagnons
des améliorations lui sont accordées explosive, éclatent devant une Freddy Fuentevilla, David Cid,
à partir de mars, ainsi qu’à deux succursale de la Banque Estado et Marcelo Villarroel, Esteban Huiniguir,
autres prisonniers Mapuche. Ils sont provoquent des dégâts aux fenêtres. Marcelo Dotte, Flora Pavez et Axel
transférés vers un centre d’Etudes et A l’extérieur se trouvent des tracts sur Osorio détenus en Argentine. Les 39
du Travail. la commémoration du Jour du Jeune forces spéciales de carabiniers font
Combattant. une descente avec le GOPE et arrêtent
Buenos Aires, Argentine 18/02 – les personnes de force. Pendant 9
Des bombes de peinture sont lancées Buenos Aires, Argentine 26/03 : heures, celles-ci sont soumises à
contre une succursale de la banque Après deux semaines de grève et des interrogatoires ‘spéciaux’ et le
Itaú en solidarité avec les prisonniers de barrages routiers, l’une des procureur ouvre une enquête pour
anarchistes en grève de la faim dans plus importantes révoltes rurales ‘désordre aggravé’. Deux jours après,
différents pays. de l’Argentine s’est exacerbée David Cid Aedo est expulsé de la
au lendemain d’un discours de prison de Zapala vers le Chili.

CHRONOLOGIE
18 mai 2008 - Attaque contre un commissariat au Chili

NOUS AVONS ATTAQUÉ Nous reviendrons pour faire plus, nous apparaîtrons où ils nous atten-
dent le moins, guidés par la logique antiautoritaire de l’insurrection
LES BOURREAUX DU permanente, du sabotage, de l’action directe, de la belle vengeance qui
nous apporte ne serait ce qu’un mètre supplémentaire de liberté, de cette

COMMISSARIAT N°26 liberté qu’ils nous volent chaque jour, qu’ils restreignent avec chacune de
leurs lois nauséabondes.
Nous sommes là depuis des siècles, nous dispersant maintenant dans le

U N TUBE REMPLI DE POUDRE ET UN SYSTÈME D’HORLOGERIE, voilà ce


que nous avons utilisé aujourd’hui pour attaquer le commissariat
n°26 de Pudahuel, l’un des centres de torture et de surveillance des exploi-
peu d’herbe qui pousse dans la ville pourrie. Quand ils nous chercheront,
nous aurons déjà disparu. Quand tu liras ceci, vautour de chasseur, notre
groupe informel sera déjà dispersé … peut être en train de faire les courses
téEs, mettant par là même en évidence sa vulnérabilité. Démontrant la fa- à coté de toi au supermarché ou te demandant l’heure à la sortie du boulot,
cilité de l’attaque. Concrétisant le rejet des gardiens de l’ordre des riches. accumulant les connaissances nécessaires pour, le moment venu, créer un
nouveau groupe, avec d’autres personnes peut-être et mener ainsi une atta-
La raison de cette attaque a un nom et un prénom, Jhonny Caiqueo que toujours plus certaine. Les brèves minutes de terreur qu’ils ont senties
Yañez, jeune anarchiste arrêté quelques minutes après l’inauguration à aujourd’hui, s’intensifieront demain. Cela n’a été qu’un avant-goût.
Pudahuel de la place 29 de Mayo dédiée aux combattants populaires
tombés sous la dictature et la démocratie. Pour mener à bien notre action, nous n’attendons l’autorisation de per-
sonne, la permission d’aucun illuminé qui donne le signal de départ.
Jhonny et d’autres compagnons ont été interceptés par un fourgon du
GOPE. Après avoir été tabassés, ils ont été arrêtés et amenés au com- Nous décidons seuls du temps, du lieu et du comment, attachés à nos
missariat n°26 de Pudahuel, où ils ont continué de subir d’incessantes convictions et à notre analyse. La vieille rengaine selon laquelle il n’est
agressions verbales et physiques. Suite au tabassage, Jhonny a commencé pas encore temps de lutter et l’heure de l’attaque n’est pas encore venue,
à ressentir des douleurs cardiaques. Lorsqu’il a demandé une assistance cette ritournelle putride sert à endormir leurs enfants. Répresseurs en
médicale, il n’a reçu que davantage de coups. Il est mort d’un infarctus le puissance si nous ne nous décidons pas à faire quelque chose.
lundi 31 mars. Les coupables de sa mort se cachent derrière les murs que Pour l’assassinat, pour le vol de la vie de notre compagnon Jhonny, nous
nous avons attaqués aujourd’hui. ne voulons pas de commissions d’enquête, de querelles ou de sanctions
Unis par l’affinité de reconnaître notre ennemi et les moyens à utiliser, juridiques. Nous n’attendons pas impavides que les assassins, leurs chefs
nous avons adopté l’organisation informelle pour le venger. Cette forme et leurs complices prennent des mines affligées à la télévision. Ni leur
est dynamique, mobile et instable dans ses composantes particulières, préoccupation, ni leur repentir ne nous intéresse. Jhonny, guerrier, ja-
mais constante et immuable dans le projet insurrectionnel, c’est-à-dire mais martyre, exige la vengeance de chaque coeur anarchiste.
l’attaque permanente contre le capital, l’Etat et ses complices. Notre action ne prétend pas donner de leçon ni dire à personne comment
Nous partageons avec d’autres compagnons qui ont mené différentes at- mener l’insurrection. Car celle-ci n’est pas un schéma programmatique
taques contre des institutions du capital la nécessité d’agir directement qui puisse être appliqué aveuglément comme une formule mathémati-
contre la classe dirigeante dans ses quartiers, dans ses maisons !! Nous que. Elle n’est pas morte. Elle se réinvente chaque jour, chacun apporte
nous reconnaissons et nous communiquons avec ces frères de classe au de nouveaux éléments et de nouvelles formes pour la faire éclater. L’im-
travers des actions. Mais cette fois, l’urgente vengeance ne peut attendre portant est ce qui se fait, qui vainc la peur et se libère des griffes de la
et nous avons choisi comme priorité de faire chanceler la sécurité de ces répression. Qui approfondit l’apprentissage de l’un des plus beaux arts :
criminels en uniformes. LE SABOTAGE. Illuminant son visage du feu de l’insurrection.
Aujourd’hui, le sol a tremblé sous leurs pieds. Aujourd’hui pour quel-
ques minutes, une infime fraction de la terreur quotidienne qu’ils nous CHACUN DE VOS EFFORTS POUR NOUS FAIRE TAIRE VOUS
infligent leur a été retournée. Tenez bouchers … la voilà votre mort, REVIENDRA COMME UNE BOMBE. ET SI VOUS DORMEZ
regardez vous dans la glace et vous verrez le sang couler à flots sur vos TRANQUILLES, NOUS VIENDRONS JUSQUE LA …
gueules. Vous avez assassiné un de nos compagnons et vous allez le payer.
Oui, vous le paierez !! CELLULE ANTIAUTORITAIRE INSURRECTIONNELLE
Un cœur qui battait pour de magnifiques désirs de liberté, un cœur a été JHONNY CARIQUEO YAÑEZ
détruit dans un de ces cachots, cloaques du capital.
[Traduit de www.hommodolars.org]
ASSASSINS !! Nous viendrons vous chercher, vos vies et tout ce que
vous avez construit.
De votre société malade nous ne voulons rien, nous ne sommes ni marxis-
tes, ni des communistes plus ou moins radicaux, nous ne cherchons pas
de part du pouvoir. NOUS VOULONS LE DETRUIRE !!
Nous ne voulons pas créer un nouvel Etat où nous serions à la tête des
privilèges, ni humaniser le capitalisme. NON !!
Avec chacun de vos luxes, de vos biens, de vos lois et constitutions, de
vos drapeaux et hymnes, nous raviverons le brasier qui incendiera tout
souvenir de votre monde de merde. Et du ciment éclaté resurgira la terre,
libre de toute autorité.
Nous plaçons notre action vengeresse dans le contexte de l’insur-
rectionalisme anarchiste, qui revendique, entre autres méthodes, la
violence s’opposant radicalement à la misère humaine à laquelle ils
veulent nous réduire.

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