La Veille - n° 8 - mai 2008
La prise en charge des frais
de Conseil et de représentation
par l’assurance de protection juridique
C’est une loi du 31 décembre 1989
qui a intégré dans notre droit français
une directive européenne du 22 juin
1987 ayant posé et organisé le cadre
législatif de l’assurance de protec-
tion juridique.
Cette garantie permet aux assurés
qui en bénéficient d’obtenir tout
d’abord des informations et une
assistance dans la phase précon-
tentieuse, en perspective d’une
éventuelle résolution amiable du litige.
Elle permet par ailleurs d’assurer la
prise en charge financière de la
phase contentieuse et judiciaire.
Ce dispositif a fait l’objet d’une
récente réforme aux termes de la loi
n° 2007-210 du 19 février 2007,
d’application immédiate pour toute
déclaration de sinistre postérieure
au 19 février 2007.
Les principaux apports de cette
réforme sont les suivants :
• renforcement du principe du libre
choix de l’Avocat par l’assuré.
Il est courant que la Compagnie d’as-
surances oriente son assuré vers un
Avocat membre d’un réseau pré-
constitué par l’assureur. Désormais, il
est nécessaire que l’assuré confirme
par écrit sa volonté de choisir
l’Avocat correspondant habituel de
son assureur.
• Le «sinistre» est dorénavant claire-
ment défini comme étant «le refus
qui est opposé à une réclamation
dont l’assuré est l’auteur ou le des-
tinataire»1.
Il appartient à l’assuré de procéder
immédiatement à la déclaration de
son sinistre auprès de la Compagnie
d’assurances.
Si l’assuré fait le choix de son propre
Avocat, il devra lui communiquer son
contrat de protection juridique ainsi
qu’un exemplaire de cette déclaration
de sinistre.
A noter que le fait de consulter son
Avocat avant de prévenir son assu-
reur n’entraîne pas de déchéance de
garantie.
Il convient cependant d’observer que
ces frais de représentation préalables
à la déclaration de sinistre ne seront
pas pris en charge, sauf urgence2.
• la réforme interdit à l’assureur d’as-
sister seul son assuré lorsque la
partie adverse est elle-même assis-
tée d’un Avocat3.
La réforme pose donc le principe du
droit pour l’assuré de bénéficier des
conseils indépendants d’un Avocat
dès la phase précontentieuse.
La prise en charge des frais de
Conseil et de représentation :
C’est le Décret d’application du
15 mai 2007 qui prévoit la nécessité
d’établir une convention d’honoraires
préalable entre l’assureur et l’Avocat,
sauf si ce dernier doit intervenir en
urgence devant une Juridiction.
A cette fin, la convention indiquera le
montant prévisible des frais et hono-
raires, fixé de manière forfaitaire, ou
par voie de tarification horaire en
fonction des diligences à accomplir.
Il s’agira en quelque sorte d’un devis
sur lequel l’Avocat devra recueillir
l’accord de son client, par hypothèse
bénéficiaire de l’assurance de protec-
tion juridique.
Cette convention pourra également
prévoir l’allocation d’un honoraire de
résultat au bénéfice de l’Avocat, en
complément des sommes initiale-
ment prévues, prises en charge en
tout ou partie par la protection juri-
dique.
A cet égard, si le justiciable a sous-
crit plusieurs protections juridiques
incluses dans différents contrats
d’assurances dont il est titulaire,
il pourra bénéficier d’un cumul de
ses garanties.
Dans ces conditions, l’assuré procé-
dera à une déclaration de sinistre
auprès de chaque Compagnie éven-
tuellement concernée.
Dès lors, les frais et honoraires non
pris en charge ou non couverts inté-
gralement par une Compagnie pour-
ront être pris en charge par les autres.
A noter enfin que la réforme pose ici
la règle de subsidiarité de l’aide juri-
dictionnelle qui ne peut désormais
être accordée lorsque les frais cou-
verts par cette aide sont pris en char-
ge au titre d’un contrat d’assurance
de protection juridique ou d’un systè-
me de protection4.
La réforme posée par la loi du
19 février 2007 représente donc une
avancée significative pour l’améliora-
tion de l’accès au droit et la défense
des justiciables.
Qu'en est-il des avocats?
Cette loi permet le choix -officiellement-
de l'avocat ; mais mis à part les parti-
culiers qui vont pleinement pouvoir
utiliser leurs critères personnels, l’on
peut craindre que cette loi ne consti-
tue pas une avancée pour les litiges
concernant par exemple les syndics
de copropriétés et les assurances.
Dans ces cas l'avocat choisi risque
de se voir imposer un barème sévère
plus qu'il ne proposera une conven-
tion d'honoraires : c'est le grand
débat sur la tarification nationale qui
se pose alors - de même que celui de
la paupérisation de la profession…
1 - Cf. article L.127-2-1 du Code des Assurances
2 - Ex. : interruption d’une prescription ou constat urgent de faits litigieux (cf.
article L. 127-2-2 du Code des Assurances)
3 - Article L. 127-2-3 du Code des Assurances : «L’assuré doit être assisté
ou représenté par un Avocat lorsque son assureur ou lui-même est
informé de ce que la partie adverse est défendue dans les mêmes
conditions»
4 - Article 2 alinéa 2 de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l’Aide
Juridique, ajouté par la loi du 19 février 2007 portant réforme de l’assu-
rance de protection juridique.
Elisabeth GRANIER-ZARRABI
Agnès PROTON
Avocats au Barreau de Grasse