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CONFÉRENCE DE PRESSE : SOS RACISME/UEJF/COALITION FOR JUSTICE

ASSEMBLÉE NATIONALE, 21/05/10

La question des déplacés s’est imposée à la Géorgie avec la guerre en Abkhazie au début des années
1990. L’issue de ce conflit s’est soldée en 1993 par la sécession de facto de l’Abkhazie et le nettoyage
ethnique de la zone : pratiquement tous les Géorgiens d’Abkhazie ont été mis en fuite, devenant de ce
fait des déplacés. Le conflit de 1992 qui opposa Tbilissi à l’Ossétie du Sud, suivi en août 2008 d’une
guerre de cinq jours contre l’Ossétie du Sud et la Russie, engendra d’autres vagues de déplacés. Ce
dernier conflit confirma les déplacés dans la pérennisation de leur situation : leur retour est désormais
des plus incertains...
Amputée de facto de ces deux régions, la Géorgie s’est retrouvée avec un problème social,
économique et politique d’envergure : prendre en charge les déplacés sans pour autant perdre espoir
dans leur retour dans leur foyer, en Abkhazie et en Ossétie du Sud.

Août 2008 : entre 80 000 et 160 000 Géorgiens ont fui leur village. Destructions, pillages, tortures et
exécutions sommaires ont été observés. La plupart ne pourront jamais rentrer en Ossétie du Sud.
Selon nos informations, un nombre incompressible de 20 à 30 000 personnes seront contraintes de
rester à Tbilissi ou dans d'autres villes d'accueil. En 1992, 250 000 Géorgiens avaient fui l'Abkhazie.
Leur retour n'est pas à l'ordre du jour.
The remaining residents of these destroyed ethnic Georgian
villages are facing desperate conditions, with no means of survival,
no help, no protection, and nowhere to go.

Tanya Lokshina, researcher in the Europe and Central Asia division of Human Rights Watch, 12/08/08

Nettoyage ethnique, définition :

« il s'agit du déplacement forcé d'un groupe ethnique hors d'un territoire et de l'utilisation de
violences pour y parvenir (bombardements, pillages, viols, massacres) ».

Rapport Human Rights Watch du 12/08/10:

Georgian Villages in South Ossetia Burnt, Looted

http://www.hrw.org/en/news/2008/08/12/georgian-villages-south-ossetia-burnt-looted
Note verbale datée du 3 mars 2009 adressée au Haut-commissariat des Nations Unies aux
droits de l’Homme par la Mission permanente de la Géorgie auprès de l’Office des Nations
Unies et des autres organisations internationales à Genève :

(…) C’est un fait incontestable que la Russie, sous le prétexte fallacieux de «protéger» les
droits de l’homme des citoyens de souche abkhaze et ossète de Géorgie, a envahi et occupé
les territoires géorgiens, exterminé des milliers de Géorgiens de souche et établi illégalement
ses bases militaires sur le territoire géorgien. Des centaines de milliers de Géorgiens ont été
victimes de nettoyage ethnique et chassés de leur terre natale. Leurs biens ont été incendiés et
pillés. La Russie a totalement bafoué l’article 30 de la Déclaration universelle des droits de
l’homme qui dispose: Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée
comme impliquant, pour un État, … un droit quelconque de se livrer à une activité ou
d’accomplir un acte visant à la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.
Ce fait est confirmé par Amnesty International (AI):
1. AI signale qu’au cours du conflit qui a éclaté en Géorgie en août 2008, les forces russes
ont procédé à des bombardements aveugles, notamment en utilisant des bombes à sous-
munitions, dans des zones où des civils étaient également présents. On rapporte en outre
qu’elles ont parfois délibérément visé des civils pendant les hostilités. AI affirme que les
autorités russes n’ont pas pu contrôler les forces et les groupes paramilitaires de leur régime
«allié» agissant dans des zones sous contrôle russe. AI déclare par ailleurs que de
nombreuses opérations des groupes paramilitaires du régime «allié» visaient, pour des
raisons ethniques, les civils géorgiens dans des villages se trouvant sous contrôle
administratif de la Géorgie avant le conflit (A/HRC/WG.6/4/RUS/3, par. 16) ;(…)

Assemblée Générale des Nation Unies, Conseil des Droits de l’Homme, le 06/04/09

http://www2.ohchr.org/english/bodies/hrcouncil/docs/11session/A.HRC.11.35_fr.pdf
Communiqué de presse

Paris, lundi 17 mai 2010,

En août 2008, la Russie, au terme d’une guerre éclair, envahissait deux régions de Géorgie,
l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie, qu’elle occupe toujours aujourd’hui en violation du cessez-le-feu
signé alors sous l’égide du Président de la République Nicolas Sarkozy.

Si la guerre russo-géorgienne d’août 2008 a été sous le feu des projecteurs de l’actualité, la
situation des quelque 400 000 réfugiés intérieurs, expulsés de force par l’armée russe des régions
qu’ils habitaient, est méconnue.

Les réfugiés sont les véritables laissés-pour-compte de la politique européenne et française


d’apaisement vis-à-vis de la Russie. Ils vivent dans des conditions très difficiles, ne reçoivent pas
de témoignage de soutien international et leur situation ne fait pas l’objet de demandes
européennes ou françaises à la Russie.

SOS Racisme et l’Union des étudiants juifs de France ont donc décidé de répondre à l’appel des
réfugiés intérieurs géorgiens et de l’ONG géorgienne Coalition for Justice, et de se rendre sur
place du 25 au 28 mai prochains pour témoigner de la solidarité de la société civile française
envers eux.

Nous organiserons, avec les réfugiés et pour eux, un grand concert de solidarité à Zugdidi, plus
grand camp de réfugiés situé à la lisière de la ligne de démarcation d’Abkhazie.

Á quelques centaines de mètres du FSB et des soldats russes, nous chanterons pour la liberté des
réfugiés, avec notamment Youssou N’Dour, MC Solaar, Jane Birkin,…

La conférence de presse de présentation de notre initiative se tiendra le vendredi 21 mai,


à 11h, à l’Assemblée Nationale, 126 rue de l’Université.

Avec Vera Kobalia, Présidente de Coalition For Justice (ONG géorgienne de soutien aux
réfugiés), Dominique Sopo, Président de SOS Racisme et Arielle Schwab, Présidente de l’UEJF.

Contacts :

SOS Racisme : Guillaume Ayné UEJF : Jonathan Hayoun


Cell : +33 6 78 01 30 01 Cell : +33 6 99 08 40 59
@ : guillaume.ayne@sos-racisme.org @ : jonathan.hayoun@uejf.org
Nous ne laisserons plus faire !
Il y a moins de deux ans, la Géorgie était envahie lors d’un conflit l'opposant à la Russie et,
depuis, les provinces d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud sont militairement occupées.

Dans ces provinces occupées, des exactions d’une extrême violence envers les populations
d’origine géorgienne, ukrainienne, grecque, juive ou balte avaient débuté en 1992 en raison d’une
flambée de nationalisme que les autorités russes avaient favorisée. Au moment de leur invasion
par l’armée russe, en août 2008, ces deux provinces ont été le théâtre de nouvelles exactions
envers des mêmes populations. Résultat : depuis 1992, des centaines de milliers de personnes
furent déplacées de force, victime d’actes guidés par une volonté de purification ethnique et de
leur cortège de meurtres et de tortures. Ceux qui, « non Géorgiens », ont fait le choix de suivre
leurs voisins de toujours ou tout simplement leur famille, sont désormais qualifiés d’indésirables
ou considérés comme traîtres par les hommes qui contrôlent l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud.

Aujourd’hui vivent, en Géorgie et à l’étranger, près de 400 000 personnes déplacées issues de ces
provinces occupées et « nettoyées ».Ces citoyens de Géorgie se tournent vers l'Europe pour lui
demander de l’aide. C’est l’honneur de l’Europe et des Européens de répondre à leur désir de
partager nos valeurs et à leur besoin de bénéficier de notre protection contre une épuration
ethnique.et pour la reconnaissance de leurs droits fondamentaux.

C’est pourquoi nous appelons à une reconnaissance et une dénonciation claires par les instances
européennes et internationales des campagnes de nettoyage ethnique qui ont été orchestrées dans
la région par le pouvoir russe. Nous en appelons à la prise de conscience nécessaire pour ne plus
laisser se dérouler à nos portes de tels crimes.

Déjà par le passé le silence a étouffé des atrocités que nous avons tardé à dénoncer. Nous ne
voulons plus laisser faire ! C’est une question de droits de l’homme et de dignité humaine, de lutte
contre le racisme et les logiques de haines, de valeurs au fondement même de la République
française et du projet européen.

Alors que l’année France-Russie bat son plein, il s’agit pour nous, acteurs de la vie sociale,
culturelle et intellectuelle française, de défendre les droits de l’Homme et les valeurs de tolérance
et de respect de la dignité humaine qui sont au principe de la construction européenne et de la
République française.

C’est pourquoi nous partirons en Géorgie apporter notre soutien aux victimes de l’épuration
ethnique. Le 26 mai, nous marcherons à leur rencontre et à leurs côtés. Nous écouterons leurs
histoires, leurs rêves, leurs espoirs, et nous leur dirons l’évidence, notre refus radical de toute
épuration ethnique, en particulier aux portes de l’Europe. Ensemble, nous tisserons les fils d’une
solidarité de valeurs au-delà des frontières. En un mot, ensemble, nous ferons vivre le rêve
européen.
Nous marcherons ainsi vers la ville géorgienne de Zugdidi, à la lisière de la ligne de démarcation
qui coupe l’Abkhazie du reste de la Géorgie. Cette marche sera suivie d’un grand concert de
solidarité avec les réfugiés.

Nous appelons les citoyens, intellectuels, artistes, responsables politiques, défenseurs des droits
de l’Homme, militants antiracistes, à nous soutenir et à venir nous rejoindre, pour faire vivre en
actes notre solidarité.
Zugdidi, Géorgie, 26 mai 2010
Grand concert pour les populations déplacées
Avec :

YOUSSOU N’DOUR
JANE BIRKIN
MC SOLAAR
GRACE
MAYA K
YOUSSOUFA

Crédits Photos : Lionel Charrier/MYOP

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