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Bulletin d’information

30 MAI 2010
Syndicat national des journalistes CGT (La Nouvelle République )

REPRISE DES NÉGOCIATIONS

Les salariés refusent


d’être les dindons de la farce
Dix mois après l’annonce du PSE, grève illimitée n’a réuni plusieurs catégories2)
et quelques semaines seulement après apparaissait déjà comme la traduction du mal-être
le départ des derniers salariés poussés généralisé qui touche les salariés du journal.
hors de l’entreprise, le directoire a remis Mais un pas supplémentaire dans le durcissement
brutalement en cause les garanties sociales du conflit a été franchi dans la nuit de vendredi à
de ceux qui sont restés. Déjà durement samedi : dans un mail envoyé à l’ensemble des
touchés par les suppressions de postes salariés, peu après minuit, le directoire a annoncé
et les réorganisations qui en découlent, qu’il avait « pris la décision de procéder à
les salariés, à travers la grève illimitée l’impression extérieure de l’édition de l’Indre ».
lancée jeudi, entendent exprimer leur Une décision qui aurait pu mettre le feu aux
poudres si le directoire n’était pas revenu à de
exaspération et leur volonté de travailler
meilleurs sentiments, dès samedi matin, en
dans des conditions acceptables. Une esquissant un pas pour tenter de renouer le
nouvelle réunion NAO aura lieu ce dialogue.
dimanche, à l’initiative de la direction.
La lente dégradation
assemblés au siège de l’entreprise, à

R Tours, dès jeudi dernier, à l’appel de


l’intersyndicale, quelque 150 salariés,
grévistes et non grévistes, de la NR et de Centre
Presse1, réunis en assemblée générale intercaté-
du dialogue social
Car il paraît clair, aujourd’hui, que le blocage
actuel (qui ne réjouit personne quoi qu’en pense
le directoire) n’est que l’ultime avatar de la lente
gorielle pour soutenir leurs représentants lors du dégradation du dialogue social dans l’entreprise
quatrième rendez-vous de la négociation annuelle depuis une dizaine d’années.
obligatoire (NAO), ont pris la décision, en fin de A titre d’exemple, combien de journées de grève
soirée, de poursuivre la grève de manière ont-elles été nécessaires, pendant le PSE, pour
illimitée. Ce mot d’ordre n’a pas pu être levé, le que la direction privilégie les départs volontaires
lendemain, à l’issue d’une cinquième journée de aux départs contraints, alors même que les
négociation organisée dans la foulée par le salariés, les premiers concernés par la catastrophe,
directoire, l’intersyndicale et l’assemblée générale et les élus du comité d’entreprise avaient proposé
du personnel jugeant les nouvelles propositions
patronales tout bonnement inacceptables. 2
Jusqu’à jeudi soir, l’intersyndicale réunissait dans l’unité
Cette mobilisation historique (jamais à la NR une les cadres, les journalistes, les ouvriers et les employés, tous
d’accord pour juger irrecevable la proposition du directoire
de rendre plus de journées de RTT que nous ne l’avons déjà
1
A cette première assemblée générale participaient deux fait, en 2006. Depuis, les cadres, pourtant ouvertement
représentants des ouvriers du Livre et un représentant des désintéressés par une quelconque augmentation salariale,
journalistes de CP, solidaires du mouvement ; sur place, à ont préféré faire cavaliers seuls et troquer une partie de leurs
Poitiers, l’essentiel de l’effectif au planning ce jour-là était RTT contre une prime... dont le montant reste pour l’heure
en grève. indéterminé !
cette alternative, dès les premières réunions de Néanmoins, reconnaissant les difficultés de
crise ? trésorerie de l’entreprise et dans un ultime geste
d’ouverture, l’intersyndicale a proposé, vendredi,
Aujourd’hui, combien de journées de grève vont-
de remplacer, pour 2010, l’augmentation
elles être nécessaires pour que le directoire
indicielle nationale de 0,70 % par une prime de
entende enfin les revendications légitimes et
200 euros bruts (en plus de celle de 200 euros
somme toute modestes des salariés et de leurs
nationale). Mais l’intersyndicale a assorti cette
représentants ?
proposition de deux exigences : reporter à janvier
Nous espérons sincèrement que, ce dimanche, le 2011 l’ouverture de négociations sur les RTT et
directoire reviendra à la table des négociations sur la PNH, et étudier, dès cette date, l’intégration
dans le but d’ouvrir enfin un vrai dialogue social. des primes versées en 2010 dans les salaires.
Travailler plus La réduction de la réduction
pour gagner moins du temps de travail
Examinons plus précisément les ultimes La destruction de 116 emplois dans l’entreprise a
propositions patronales avancées lors des engendré des “gains de productivité” considérables
dernières réunions de la négociation annuelle pour l’entreprise. Insuffisants, dit le directoire. Il
obligatoire (NAO)3. faut non seulement alourdir considérablement la
charge de travail de la plupart des salariés, en tout
Les salaires cas de la quasi-totalité des journalistes, mais, en
Le directoire prétend « garantir les revenus », plus, allonger sensiblement la durée de travail,
mais, pour se prémunir de l’abominable “effet quitte à faire fi de la législation en vigueur.
report”, refuse d’augmenter la valeur du point. Pour les journalistes, en effet, le temps de travail
C’est pourtant cet “effet report” qui permet de “théorique” – inférieur en fait d’environ 20 % à « la
garantir la pérennité d’une augmentation salariale durée effective », celle qui doit faire l’objet de la
et du salaire. négociation annuelle obligatoire – atteint déjà le
Refuser “l’effet report”, c’est donc, tout plafond annuel légal de 1.607 heures. Toute minute
simplement, refuser de garantir les revenus au de travail supplémentaire est donc inacceptable.
même niveau que l’année précédente. Seuls moyens pour la direction d’allonger notre
temps de travail par suppression de RTT : soit
Refuser l’augmentation de la valeur du point, diminuer sur le papier la durée théorique de la
c’est entériner la perte de pouvoir d’achat de notre journée de travail pour maintenir encore plus artifi-
salaire, donc la baisse de notre salaire réel, ciellement le plafond annuel légal (mais ce serait là
mécaniquement amputé de l’effet de l’inflation. un “déni de réalité” dont nous ne la jugeons pas
Le 0,70 % que le SPQR a accepté de signer est digne), soit avoir recours au forfait annuel en jours.
loin de suffire, mais son absence entraîne une Sur cette question, nous vous renvoyons à notre
nouvelle perte irrémédiable de notre pouvoir bulletin précédent, daté du 24 mai. En résumé :
d’achat. l’application de cette disposition aux journalistes
Quant à la prime supplémentaire de 130 € bruts, serait non conforme à celles de notre convention
outre qu’elle ne représente que 0,30 %, en collective nationale, donc illicite ; elle entraînerait
moyenne, du salaire d’un journaliste, elle est un allongement incommensurable de la durée
surtout vouée à disparaître l’année quotidienne, hebdomadaire, mensuelle, annuelle
prochaine ; c’est même sa principale raison d’être. de notre travail, et, avec lui, son lot de souffrance,
de maladies, d’actes de désespoir…
La garantie des revenus, répétons-le, ne peut en
aucun cas être assurée par la stagnation de la La double peine
valeur du point et l’attribution d’une prime aujourd’hui
éphémère.
La trésorerie de l’entreprise est notamment grevée
3
Rappelons que la NAO doit porter impérativement sur les par la nécessité de rembourser, depuis le début de
salaires effectifs, la durée effective et l’organisation du temps de l’année, la « note » du plan social ; comprendre
travail, l’examen de la situation de l’emploi dans l’entreprise, les
mesures relatives à l’insertion professionnelle et au maintien dans
les moratoires qui ont été accordés pour
l’emploi des travailleurs handicapés. supprimer 116 emplois au sein du journal.
En demandant aux salariés de mettre la main à la Après l’agitation qui a marqué
poche pour régler l’addition, avec du temps de la nuit de vendredi et l’ébauche
travail supplémentaire ou par l’acceptation de
de retour au dialogue, samedi,
l’érosion inéluctable de leur pouvoir d’achat, le
directoire ravive cruellement la douleur qui a la reprise des négociations est prévue,
meurtri les salariés en plein été 2009. Tous sont ce dimanche, à 16 h, à Tours.
encore sous le choc du départ de leurs collègues ; En attendant, la mobilisation
la plupart assument aujourd’hui de nouvelles est plus que jamais nécessaire.
tâches qui s’ajoutent aux leurs ; quelques-uns
subissent une affectation professionnelle, à Et, en cas d’échec dominical,
laquelle ils ont consenti mais qu’ils n’ont pas la grève continuera et une nouvelle
choisie. assemblée générale des salariés
Déprimés et dépréciés, les salariés de la NR ne sera convoquée, lundi 31 mai,
cessent de faire des efforts. Ils aimeraient bien en à 15 h, au siège, à Tours.
être récompensés plutôt que d’être une fois encore
pressurés. Si les salariés ont besoin de la NR pour
vivre, la NR a aussi besoin des salariés pour
exister. Faisons en sorte qu’ils soient considérés à
leur juste valeur.
Les salariés attendent toujours Pour suivre le mouvement, connectez-vous
les projets de développement sur le blog de l’intersyndicale :
La direction semble ne suivre que la piste des http://salariesnr.blogspot.com
économies sur la masse salariale pour asseoir
l’avenir de l’entreprise. De projets de
développement on n’entend plus parler depuis la
NR Dimanche. Disons de projets de
développement porteurs de bénéfices. Car le Pour contacter le SNJ-CGT, écrivez à :
dernier en date, celui du nouveau site Internet, à dscgt.journalistes@nrco.fr
terme partiellement payant, et de ses déclinaisons
a été présenté aux salariés comme potentiellement
générateur de chiffre d’affaires, pas forcément de
bénéfices.
L’arrivée du groupe Centre France dans le capital
de la société, qui doit être entérinée par les
assemblées générales du 19 juin prochain, sera-t-
elle suivie d’annonces concrètes en la matière ?
Pour l’heure, les salariés de la NR4, qui viennent
de vivre une mutualisation dans la Vienne, ont
tout lieu d’être inquiets tant que ne sera pas connu Un appel à la solidarité est lancé auprès des
le projet industriel qui fait aujourd’hui se salariés de la NR, par l’intermédiaire de chacune
rapprocher les deux groupes : mutualisation des des organisations syndicales (Filpac-CGT, SNJ,
Informations générales, mutualisation des services SNJ-CGT).
administratifs et/ou réorganisation des Les chèques doivent être adressés aux trésoriers
imprimeries sont à craindre. Une fois de plus, les des différents syndicats, qui se chargeront
salariés paieraient un lourd tribut. ultérieurement de la répartition.
Le principe est le suivant : un salarié non gréviste
ou en congé est appelé à verser une demi-journée
de salaire par jour de grève (soit 1/42e du salaire
4 mensuel net), qui sera donc reversée à un salarié
Et de Centre Presse, qui titrait ainsi son communiqué de
soutien au mouvement, ce vendredi : « Nous sommes tous gréviste.
des salariés de la NR ».

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