CHRONIQUE DICTIONNAIRE ESPACE. — I) Questions de convenances. On ne s'éonnera pas que l'énoneé seul du mot espace introduise le, protocole philesophique. Les philo- sophes étant les maitres de eérémonies de [univers abstrait, ont indiqué comment l'espace doit se comporter en toute circonstance. Malheurcusement T'espace est resté voyou et ill est difficile d’énumérer ce qu'il engendec. Il est discontinu comme on est eseroc, au grand désespoir de son philosophe-papa. Je mien voudrais disilleurs de ne pas rafrichie la mémoire des personnes qui s'intéressent, par profession ou par déseruvrement, par confusion ou pour rire, au comportement de l'incorrigible en rupture de ban : i savoir comment rous nos yeu pudiquement détournés, lespace rompt la conti- nuité de rigueur. Sans qu'on puisse dire pourquoi, i ne semble pas qu'un singe habillé en femme ne de Vespace est tellement bien établie et a calle des Atoiles, qu'il ext incongru affirmer que espace peut devenir un poisson qui fen mange un autre, Liespace décevra encore affreusement quand on dira qu'il prend la forme 'un rite ignoble dinitition pratiqué par quelques ndgres, désespérément absurdes, et.. Lrespace ferait beaucoup mieux, bien entendu, de faire son devoir ct de fabriquer Iidée philoso” ie dans les appartements des professeurs! femment, il ne viendrait & Vidée de personne Aenfermer les professeurs. en prison pour leur ‘prendre ce que cest que Uspace {le jour ob pat exemple, les murs serouleraient devant les grilles de leur eachot). — G. Baraitus. 2) Fondements de la dualité de Uespace. Il n'y a pas de notion qui mérite plus d'amour que celle espace. Aussi actelle été deux fois trahie + ln premire fois par ceux qui ont live espace aux sfométres, le réduisant ainsi a Vabstraction ; la seconde fois par les inventeure dela durée cconcrite, romantiques et ergsoniens qui, subor- donnant Vespace au temps, i ur de Tévo- Iution eréatrce, On peut espérer que M. Meyerson a defintive- ment fait justice du géchis évolutionniste. Nous nous apercevons que F intelligence procéde & de opérations distinetes. Bergson disait Ivi-méme que * notte intelligence tele qu'elle sort des maine de ia nature a pour objet principal le solide in ganisé.. Il nous est avant tout nécessare, pour la maniptlation présente, de tenir Tobjet réel ou les éléments réels en lesquels nous U'avons résolu, pour provisoirement définitfs et de les teaiter comme autant d'unités. * D'autre part, (Second temps, de Tropération intllectuelle), il admettait que « I pace. miliew homogéne et vide, infini et infinic iment divisible » n'est jamais perc, « il n'est que congu... Cest une vue de l'esprit " Crest par le principe utliteriste que Bergson explique le passage de la premiére notion d’espace = solide diseontinu et coneret, & la seconde : étendue continue et abs- trate. Simaintenant, suivant Fepinion de M. Meyer n, nous abandonnons la erayance bergronienne Ia primauté méthodique de Thomo Jaber sur Viomo sapiens, les deux aspects de V'espace appa- raissent comme profondément différents Tun de autre. Le premier implique adhésion & une chose concréte et limite, la réalité du divers, du discontinu, de Taction transitive par contact ou par choc ; Ie second qui n'est autre que l'étendue cartésienne, suppose au contraire le rationalité du réel, le monisme logique et glace des scientistes La distinction fondamentale de ces deux aspects est fortement démontrée, non seulement par épistémologic, mais par’ ‘observation clinique dlu psychiitre. Dans une des pages les plus impor- tantes de son livre sur la Sehizophrénie, le Dr E: ‘gine Minkowski met en paralléle les états termi- rnaux du patalytique général et du schizophréne, Le premier, chez lequel l'intelligence est ruinée, ‘© pourtant gardé la notion du mai-ii-maintenant; i'a gardé sous une forme essentielle, quoique ré dite, le contact avec le réel. Le second qui au contraire n'a nullement perdu la notion despace cartésien, qui est au contraire atteint de géomé- jsme morbide, a perdu la notion affective de Vc-maintenant, de ce présent concret et spéci- fique, oi, comme le dit trés justement Ward, 41