Alicia avait trouvé les propos de Sophie exagérés. Oui, il y avait du monde dans le bassin, mais de là à renoncer à nager ! C’est pourtant ce qu’elle aurait dû faire…
Alicia fixa d’un œil incrédule la grosse horloge placée au-dessus du bassin. On venait d’annoncer la fermeture de la piscine. Elle avait pourtant l’impression d’être arrivée dix minutes plus tôt. Il ne restait plus qu’une dizaine de nageurs qui sortaient les uns après les autres de l’eau et se dirigeaient vers les douches. Il fallait se résoudre à en faire autant. D’un crawl amolli, elle regagna le bord. Elle fréquentait l’endroit depuis cinq mois, date de son arrivée dans l’agence de publicité où elle avait été embauchée comme comptable. Elle s’étonnait que Sophie, sa collègue de bureau, plutôt sportive, ne s’y rende pas. “Trop de monde”, avait répondu celle-ci, on pouvait tout au plus y barboter. Elle aurait vite fait, comme elle, d’y renoncer.
Mais Alicia voyait en la natation une bonne thérapie pour évacuer le stress et ne s’était pas laissé influencer. La piscine était proche de l’agence et de chez elle. Après quelques longueurs de bassin, les petites douleurs, les contrariétés accumulées durant la journée disparaissaient. Certes, il y avait du monde, mais elle trouvait Sophie bien exigeante. On pouvait quand même nager sans se cogner aux autres. Chaque soir après le travail, elle consacrait une heure à cette activité.
Ce soir-là, il n’y avait pas de nocturne, car on devait curer le bassin. Elle ne devait nager qu’une demi-heure, mais c’était toujours bon à prendre. Seulement, les minutes s’étaient écoulées plus vite qu’elle ne l’avait pensé.
– On se presse, mademoiselle ! À 19 heures tapantes, tout le monde doit avoir quitté les lieux. Il n’est pas question de payer des heures sup’ au personnel de