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187049014 ARRETN? 48 Ne RG: 14101382 tee Décision déférée du 03 Mars 2014. Président du Tei@ALBt (14700036) Sylvain BERETZ Guillaume VAN DIJK or CONSEIL GENERAL DU TARN Grosse délivrée le a REPUBLIQUE FRANCAISE NUTES AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS, COUR D’APPEL DE TOULOUSE 3eme Chambre Section 2 ARRET DU DIX HUIT AVRIL DEUX MILLE QUATORZE APPELANTS Monsieur Sylvain BERETZ La Bouillonante, Barat 81310 Lisle sur Tarn Représenté par Me Claire DUJARDIN, avocat au barreau de TOULOUSE Monsieur Guillaume VAN DIJK La Bouillonnante, Barat 81310 Lisle sur Tarn Représenté par Me Claire DUJARDIN, avocat au barreau de TOULOUSE INTIME CONSEIL GENERAL DU TARN 36 Lices Georges Pompidou 81000 ALBI Représenté_par Me Véronique SALLES de la SCP AVOCATS CANTIER ET ASSOCIES, avocat au barreau de TOULOUSE COMPOSITION DE LA Ct En application des dispositions des articles 786 et 907 du code de procédure civile, l'affaire a été débattue le 14 avril 2014 en audience publique, les avocats ne s'y étant pas opposés, devant J, BENSUSSAN chargé du rapport. Ce magistrat a rendu compte des plaidoiries dans le délibéré de la cour composée de : J. BENSUSSAN, président A. BEAUCLAIR, conseiller A. MAZARIN-GEORGIN, conseiller Greffier, lors des débats : C. COQUEBLIN ARRET : - contradictoire = prononcé publiquement par mise a disposition au greffe aprés avis aux parties = signé par J. BENSUSSAN, président, et par C. COQUEBLIN, greffier de chambre FAITS ET PROCEDURE Par requéte déposée le 28/1/2014, le CONSEIL GENERAL DU TARN a saisi le président du tribunal de grande instance d’ALBI aux fins que soit ordonnée, sur le fondement de l'article 493 du code de procédure civile, Vexpulsion, avec au besoin le concours de la force publique, de tout occupant des parcelles énumérées en fin de requéte et situées sur la commune de I'ISLE SUR TARN propriétés du demandeur. Par ordonnance en date du 29/1/2014, le premier juge, considérant que - il résulte des dispositions des articles 493 et suivants et 812 et suivants du code de procédure (civile) que l'ordonnance sur requéte est une ordonnance provisoire rendue non contradictoirement dans les cas ou le requérant est fondé a ne pas appeler de parties adverses, le président du tribunal de grande instance pouvant ordonner dans ce cadre toutes mesures urgentes lorsque les circonstances exigent qu’elles ne soient pas prises contradictoirement ; - la requéte et les piéces jointes font apparaitre que le demandeur est propriétaire pour les avoir acquises d'une maison d'habitation avec dépendances et terres attenantes situées sur la commune de l'lSLE SUR TARN et qui dépendent de son domaine privé ; - sur ces terres une opération visant a la construction d'une retenue d'eau, dont la maitrise d’ouvrage est confi¢e au demandeur, a été déclarée d'intérét général par arrété interdépartemental du 3/10/2013 ; = par ordonnance du 5/12/2013, le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse a rejeté le recours en référé suspension entrepris contre cette décision ; - il est établi par les constats d'huissier dressés les 21 et 22/1 2014 que les batiments et terrains appartenant au département du Tarn font objet d’une occupation par des personnes se disant opposées 4 la réalisation du projet, et refusant de donner leur identité, qu'y sont stationnés une roulotte et plusieurs véhicules, qu’un chapiteau y a été installé et que des panneaux “propriété privée” mis en place quelques jours avant ont été arrachés ; -la requéte et les piéces jointes démontrent une atteinte manifeste au droit de propriété du requérant, l'urgence a y mettre fin au vu du calendrier de réalisation prévoyant certaines opérations en février 2014 et la nécessité de déroger au principe du contradictoire dans la mesure ol! les occupants ne sont pas identifiable et sont amenés a se relayer sur place ; = il convient dés lors de faire droit a la requéte et d’ordonner expulsion de tout occupant des parcelles visées au dispositif ; a fait droit a la requéte présentée, a ordonné l'expulsion, au besoin avec le concours de la force publique, des personnes occupantes parcelles appartenant au département du Tam et situées au cadastre de la commune de T'ISLE SUR TARN sous les références reprises au dispositif de Vordonnance. Aprés y avoir été autorisés par ordonnance du 27/2/2014, Messieurs Sylvain BERETZ et Guillaume VAN DIJK ont fait assigner le CONSEIL GENERAL DU TARN en référé d'heure a heure en rétractation de cette ordonnance sur requéte. Par ordonnance en date du 3/3/2014, le premier juge, considérant que : -'assignation délivrée par les demandeurs a la rétractation a la préfecture du Tar en référé d’heure a heure est irréguliére en application de l'article 495 du code de procédure civile et I'action sera déclarée irrecevable ; 216 - le fait que 'ordonnance sur requéte ait été exéoutée ne prive pas les demandeurs de leur droit a agir en vue drobtenir la rétractation de lordonnance en cause et en contester la régularité ; - ils ont en effet un intérét certain et actuel a faire reconnaitre lirrégularité de leur expulsion laquelle il a ét8 procédé en exécution d'une décision non contradictoire et qui ne visait aucune personne nommeément ; - le département du Tam a qualité pour solliciter l'expulsion des occupants des parcelles qui lui appartiennent et dont la propriété n'a pas été transférée au concessionnaire désigné par le contrat de concession conclu au titre de la réalisation de 'ouvrage - loccupation de ces parcelles constitue un trouble manifestement illicite justifiant une mesure d'expulsion et l'urgence a y procéder résultait du calendrier des travaux ; = le pourvoi contre la décision rendue par le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse n'est pas suspensif ; - le CONSEIL GENERAL du TARN a justifié, par les constats d’huissier produits, de limpossibilité de recueillir les identités des occupants des parcelles, et si les demandeurs justifient de la présence d'une boite aux lettres qui a été mise en place sur la parcelle 186 avec leurs noms les courtiers récents versés aux débats et datés des 12 et 24/2/2014 ne suffisent pas a établir la réalité d'une domiciliation ; = dés lors, identification d'un nombre suffisant d’occupants des lieux d'une fagon assez durable pour qu'une mesure contradictoire soit sollicitée et qu'une fois obtenue elle puisse étre opposable a tous ceux qui occuperaient matériellement ces lieux au moment de la signification de la décision était illusoire de sorte que le département du Tarn était fondé a recourir a la procédure prévue a l'article 493 du code de procédure civile ; a déclaré irrecevable l'action dirigée contre la préfecture du Tarn, adit ny avoir lieu a rétractation de l'ordonnance rendue le 29/1/2014 a la requéte du département du Tam, a débouté Messieurs Sylvain BERETZ et Guillaume VAN DIJK de leurs demandes, les a condamnés aux dépens qui seront recouvrés conformément aux dispositions applicables a l'aide juridictionnelle ainsi qu’a payer au département du Tarn la somme de 1.500 € au titre de article 700 du code de procédure civile. Par déclaration en date du 14/3/2014, Messieurs Sylvain BERETZ et Guillaume VAN DIJK ont interjeté appel a I'encontre de cette ordonnance. Par ordonnance en date du 19/3/2014, ils ont été autorisés a assigner le Conseil Général du Tarn en vue de l'audience du 14/4/2014 a9 heures devant la 3°"° chambre section 2 de la cour d'appel de Toulouse, lassignation devant étre délivrée au plus tard le 24/3/2014. Aux termes de leurs conclusions déposées le 18/3/2014, les appelants sollicitent l'infirmation de Vordonnance entreprise, que ‘soit prononcéella rétractation de 'ordonnance du 29/1/2014, subsidiairement que soit ordonnée lexpulsion des seuls occupants de la parcelle de la Métairie et 386p avec un délai pour quitter les lieux, le rejet des prétentions de l'intimé et la condamnation de ce dernier a leur payer a chacun la somme de 1.000€ au titre de l'article 700 du code de procédure civile, outre aux dépens. Ils font valoir en substance que : - ils ont intérét a agir, et ce alors méme que lordonnance dont a rétractation est sollicitée a été exécutée ; = contrairement a opinion du premier juge, aucun élément ne justifiait qu'il soit fait échec au principe du contradictoi - C'est a lintimé de démontrer que sa requéte était fondée et non aux appelants de démontrer qu'elle ne létait pas, et il appartenait au requérant de motiver, dans sa requéte, les circonstances particuliéres qui imposaient utilisation du non contradictoire, lesquelles ne peuvent résulter de la seule urgence, laquelle n’est en outre pas caractérisée et démontrée compte tenu de l'ancienneté de occupation des lieux et des contestations sérieuses existant quant & 'utilité publique du projet et des travaux ; - le Conseil Général ne pouvait pas plus fonder cette urgence sur le calendrier des travaux a effectuer dés lors que la CACG a été désignée comme le concessionnaire d'aménagementen charge des travaux et devant se charger de la réalisation du barrage de sorte que seule cette derniére est fondée a faire état d'une urgence quelconque a ce titre - le Conseil Général s'était borné a alléguer limpossibilité d'identifier les ‘occupants des parcelles ; - limpossibilité d’attraire individuellement les adversaires susceptible de légitimer le non respect du contradictoire doit faire suite aux recherches des identités de ces demiers, notamment au vu de limmatriculation des véhicules, et 'huissier ne peut se borner@ faire état de leur refus de décliner leur identite ; - en l'espéce, les appelants sont identifiables et pouvaient étre identifiés ; - les seules diligences effectuées aux termes des constats produits ne permettaient pas d’établir que les occupants ne pouvaient étre identifiés et qu'il était impossible de les assigner en référé de sorte qu'il n'est pas justifié de motifs commandant qu'l soit fait échec au principe du contradictoire ; = les conséquences générées par 'ordonnance ont été manifestement excessives puisqu’ils ont été pris par surprise, sans justification et sans respect des délais légaux dés lors qu'ils occupaient les lieux afin d’y établir leur résidence et leur habitation et que le délai de deux mois entre le commandement de quitter les lieux et expulsion n’a pas été respecté Assigné par acte d'huissier remis & personne habilitée le 21/3/2014, soit dans les délais impartis, le Conseil Général du Tarn a constitué avocat et a adressé ses conclusions par RPVA au greffe de la cour le 14/4/2014 @ 10 heures 12. MOTIFS DE LA DECISION II convient de déclarer les conclusions déposées par l'intimé par RPVA le 14/4/2014 & 10 HEURES 12 irrecevables ds lors qu’elles ont été déposées postérieurement a la cldture des débats devant la cour et que les conclusions déposées sous une forme non dématérialisée ne sont pas plus recevables, en application des dispositions de l'article 930-1 du code de procédure civile, et ce alors qu’ll n’est pas justifié d'une cause étrangére justifiant de l'absence de transmission de ces conclusions par la voie électronique Alors quiil appartient au Conseil Général de justifier de ce que sa requéte était fondée, et non aux appelants de démontrer qu'elle ne était pas, force est de relever que celui-ci ne développe valablement a hauteur d'appel aucun moyen de droit ou de fait de nature a apporter la preuve qui lui incombe et que la cour est par conséquent dans ignorance de ces moyens justifiant le recours a la procédure non contradictoire de l'article 493, du code de procédure civile au profit du CONSEIL GENERAL intimé. En outre, force est de relever que les motifs retenus par le premier juge a l'appui de l'ordonnance déférée par laquelle il a entendu rejeter la demande en rétractation ne pouvaient en tout état de cause étre retenus, AI6 Ainsi, c'est par une appréciation manifestement erronée des faits de la cause et des éléments produits aux débats que le premier juge a considéré que le CONSEIL GENERAL du TARN avait justifié, au vu des trois constats d’huissier versés aux débats et établis les 10, 21 et 22 janvier 2014, de lmpossibilité d'obtenir qu'il soit mis fin au trouble qu'il subit a issue d'un débat contradictoire avec celui ou ceux qui en seraient a lorigine. En effet, alors que les trois procés-verbaux de constats d’huissier produits aux débats précisent que les constats n’ont été effectués que sur la parcelle "METAIRIE NEUVE", de sorte qu’aucun élément ne permettait d'établir que les autres parcelles dont les références cadastrales étaient mentionnées sur la requéte déposée par le CONSEIL GENERAL du TARN faisaient effectivement objet d'une occupation illicite, notamment aux lieux dits PLANE, LES LISES, AL RIVAL, TESTET, LE BOURLOU, LA BARTASSE et BONNAFOUS, force est de relever que ces mémes constats faisaient état de la présence d'une seule personne, sans mentionner s'l s'agissait ou non de la méme, ainsi que d'une roulotte, d'une caravane et de plusieurs véhicules. Or, ilne saurait étre déduit de la fourniture d'une identité erronée par cet individu unique une impossibilité de rechercher et de recueillir 'identité des occupants éventuels des parcelles en cause compte tenu de la présence de plusieurs véhicules dont il n’est ni allégué ni justifié quelles étaient démunies de plaques diimmatriculation ou que leur immatriculation était étrangére. Ainsi, au vu de ces éléments, force est de relever que la requéte déposée était a l'évidence infondée, que c'est a tort d'une part que le premier juge y a ainsi fait droit et a d’autre part refusé d'ordonner la rétractation de sa décision. En outre, et a titre superfétatoire, il résulte également des termes de la requéte déposée par le CONSEIL GENERAL DU TARN et des photographies produites que immeuble désaffecté situé sur la parcelle de la METAIRIE NEUVE était ocoupé par des personnes ayant décidé de s'y installer et de s'y faire domicilier de sorte que le premier juge ne pouvait, sans se méprendre sur les dispositions du code de l’organisation judiciaire fixant les régles de compétence matérielle, retenir sa compétence sur des demandes relevant de la compétence exclusive du juge des référés du tribunal d'instance, étant en outre relevé que cette méconnaissance de ces régles a également eu pour effet d'éluder les dispositions protectrices offertes par les textes en matiére d'expulsion et dont les appelants auraient pu légitimement solliciter application dans le cadre d'un débat contradictoire. Dés lors, la décision entreprise, liberticide en ce qu'elle a validé la privation des appelants, sans motif légitime, d'un débat contradictoire auquel les dispositions de l'article 6 de la Convention Européenne des droits de Homme et des Libertés Fondamentales leur permettaient de bénéficier et au cours duquel ils auraient pu faire valoir leurs droits, mal fondée dés lors quelle a validé une décision d’expulsion sans preuve de occupation des parcelles visées et en ce qu'elle a ainsi validé une décision rendue par une Juridiction dont la compétence matérielle faisait a evidence débat, ne pourra qu’étre infirmée. Liintimé, qui succombe, supportera les dépens des deux instances. En outre, 'équité commande de le faire participer aux frais irépétibles exposés par chacun des deux appelants dans le cadre de la présente instance d’appel & hauteur de 1.000 €. PAR CES MOTIFS La cour Déclare l'appel fondé en son principe ; Déclare irrecevables les conclusions déposées par l'appelant tant sur support papier que par RPVA postérieurement a la cléture des débats ; Infirme l'ordonnance entreprise, et statuant 4 nouveau, Rétracte l'ordonnance du 29/1/2014 ; Condamne le CONSEIL GENERAL DU TARN a payer d'une part & Monsieur Sylvain BERETZ et d'autre part a Monsieur Guillaume VAN DIJK chacun la somme de 1.000 € au titre de l'article 700 du code de procédure civile ; Condamne LE CONSEIL GENERAL DU TARN aux dépens des deux instances, en ce compris ceux liés a 'ordonnance sur requéte du 29/1/2014. LE GREFFI LE PRESIDENT Poe J. BENSUSSAN 1 VW . ee 6/6 EN CONSEQUENCE, LA REPUBLIQUE FRANCAISE MANDE ET ORDONNE A TOUS HUISSIERS DE JUSTICE SUR CE REQUIS DE METTRE LEDIT ARRET A EXECUTION. AUX PROCUREURS GENERAUX ET AUX PROCUREURS DE LA REPUBLIQUE PRES LES TRIBUNAUX DE GRANDE INSTANCE, D'Y TENIR LA MAIN A TOUS COMMANDANTS ET OFFICIERS DE LA FORCE PUBLIQUE DE PRETER MAIN FORTE LORSQU'ILS EN SERONT LEGALEMENT REQUIS EN FOI DE QUOI, LE PRESENT ARRET A ETE SIGNE PAR LE PRESIDENT ET LE GREFFIER. Pour copie certifiée conforme revétue de la formule exécutoire. Affaire N° RG 14/01392 3eme Chambre Section 2 Sur sa réquisition, le 18 Avril 2014 P/E GREFFIER EN CHEF f IN ss

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