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Quatriéme partie VETUDE D’UN PROJET DE LIGNE Dans les trois parties précédentes nous avons donné au lecteur les éléments qui lui sont indispensables pour faire choix du type d’ouvrage qui lui parait le mieux adapté A Ia ligne qu’il se propose de construire. Ce choix étant fait, il reste encore plusieurs étapes 4 franchir avant de commencer I’exécution. Le choix du tracé, I’étude topographique qui lui fait suite et qui conduit a Pétablissement du profil en long, document principal du projet, constituent les étapes préalables. L’étape finale est représentée par I’étude d’exécution, dont l’objet est de définir de fagon aussi précise que possible tous les éléments nécessaires aux commandes de fournitures et 2 leur mise en @uvre au cours de I’exécution des travaux. Nous examinerons ces différentes étapes dans les chapitres qui vont suivre. Chapitre premier CHOIX ET DEFINITION DU TRACE ETUDE TOPOGRAPHIQUE 10. INTRODUCTION Quand il est question de faire choix d’un tracé de ligne, l’ingénieur respon- sable se trouve placé comme un voyageur qui arrive 4 un carrefour ot aboutissent plusieurs chemins. La plupart de ces chemins, par des trajets différents, le conduisent a destination. Mais tous présentent des avantages et des incon- vyénients. Le choix du tracé d’une ligne met !’ingénieur dans une situation analogue : — le tracé direct, la ligne droite, représente la solution 4 laquelle on pense en premier lieu. Mais I’expérience montre que cette solution idéale ne peut généralement étre retenue. Il existe toujours des raisons impé- Tieuses, méme dans les régions désertiques, et a plus forte raison dans les pays habités, pour améliorer un tracé, sans d’ailleurs l’allonger 500 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION inconsidérément, en I’éloignant des obstacles qui se trouvent sur le parcours direct. Quels sont ces obstacles qui conditionnent le choix d’un tracé? 11. ETUDE PREALABLE SUR CARTE La meilleure fagon d’aborder le probléme est de se procurer les cartes de la région traversée, En France, et dans les pays d’Europe occidentale le choix des cartes & la disposition des ingénicurs est considérable. Ce sont surtout les différentes cartes dites d’état-major, éditées en France par l'Institut géographique national (LG.N.) qui sont a retenir. Il s’agit des cartes : 1 Il 1 1 so «5000 «| ON SY T0000 dans certaines régions. Elles peuvent étre complétées par des photographies aériennes établies par I.G.N. Ces cartes, lorsqu’elles sont utilisées par un spécialiste averti, permettent d’établir une ébauche trés valable du tracé théorique. Cette étude préalable doit d’ailleurs servir de guide pour I’étude du tracé définitif, objet de nos préoccupations. Ces cartes sont en effet suffisantes pour situer la plupart des obstacles qu'il y a lieu d’éviter et de faire choix du tract d’ensemble le plus favorable qu'il conviendra d’étudier en détail. On s’apercoit de l’importance considérable que représente l'étude sur cartes, lorsque Ia ligne & construire, doit traverser un pays out les cartes précises w’existent pas, ou bien sont constituées seulement par les cartes spéciales 4 petite échelle utilisées pour la navigation aérienne. L’étude sur carte permet en effet de reconnaitre : — les agglomérations, habitations groupées ou isolées; — les aérodromes existants, les stades, les cimetiéres; — les massifs forestiers, Jes plantations d’arbres divers, la nature générale des cultures; — les routes et chemins de toute nature; — Je relief du terrain, les massifs montagneux, les crétes, les vallées, les fleuves, les riviéres, les canaux; — V’importance des angles du tracé; et de définir avec précision les points de passage obligés. — Point de départ et d’arrivée (orientation & donner aux postes le cas échéant). — Points intermédiaires éventuels (traversées de vallées, de cours d’eaux, au V'ETUDE D'UN PROJET DE LIGNE 501 qui nécessitent généralement une étude particulitre d’ot’ dépend Vorientation locale 4 donner au tracé pour lui permettre de retrouver la direction générale de {a ligne). Suivant la nature des cartes dont dispose l’ingénieur, cette étude préalable peut se révéler parfois insuffisante pour définir un trac¢ de principe digne de foi. Dans les régions ot les cartes précises font défaut, il peut alors étre indispen- sable de compléter I’étude préliminaire soit par des visites sur place A accomplir en grande partie & pied, soit par des études complémentaires en helicoptére. Ces études peuvent étre indispensables dans les régions boisées ou monta- gneuses, surtout dans celles od la visibilité au sol est insuffisante et qui manquent d’observatoires élevés d’oit |’on peut jouir de vues panoramiques sur l’ensemble d’une région. Elles permettent alors de lever les principales indéterminations et d’éviter ainsi de graves erreurs. Cette étude sur carte étant terminée, il est nécessaire de pénétrer un peu plus dans le détai] et de faire compléter les données cartographiques par les relevés d’obstacles qui ne figurent pas toujours de fagon explicite sur les cartes ; ignes et cables téléphoniques; — lignes électriques d’abonnés, de distribution ou de transport d’énergie préexistantes; — zones d’exploitation de carriéres, d’affaissement miniers; — zones de marécages, de pollution industrielle ou autres; — téléphériques permanents ou temporaires; . — Pares et jardins d’agrément, propriétés closes; — aérodromes publics ou privés, terrains militaires, radars; — constructions nouvelles non figurées sur les cartes. L’ensemble de ces renseignements permet d’apporter au tracé les retouches nécessaires et d’obtenir ainsi un tracé sur carte assez proche du tracé définitif et A partir duquel il sera possible d’entamer les premieres démarches officieuses et prises de contact auprés des principaux services intéressés. Ces contacts ont pour objet de s’assurer auprés d’eux, de la consistance actuelle de leurs ouvrages et des extensions projetées : — Auprés des services des Ponts et Chaussées (directions départementales de I"Equipement) par exemple, des élargissements de routes existantes, des tracés d’autoroutes en projet. — Auprés des directions régionales des P.T.T. des principales liaisons téléphoniques aériennes et souterraines existantes et projetées. — Auprés des services des Eaux et foréts, des foréts soumises au régime forestier (foréts domaniales et communales). — Auprés des maires ou des services municipaux, des régions 04 sont prévus des plans d’urbanisme ou d’extensions industrielles, de celles qui ont le caractére de site classé ou de monuments historiques et qui font l'objet de mesures de protection, & l’échelon départemental ou national. 502 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION — Auprés d'autres services compétents, de l'existence de servitudes qui interdisent certaines régions : servitudes dans |’intérét de la navigation aérienne, radars, poste de réception de T.S.F., terrains militaires, etc. Apres ces premiéres approches de I’étude du tracé, ces démarches préli- minaires auprés des principaux services, le responsable de !’étude connait les principaux problémes qu’il aura 4 résoudre. Ii est alors 4 méme de faire un choix entre les grandes options qui peuvent se présenter. Son choix devra étre guidé : — par des raisons économiques, réduction de la fongueur de [a ligne, réduction des angles du tracé, réduction des difficultés d’exécution; — par des raisons de facilités de surveillance et d’entretien, donc de sécurité d’exploitation. Le tracé le plus court n’est pas toujours Je meilleur, quand il conduit a traverser avec la ligne des régions d’accés difficile ou méme impossible pendant une partie de'l'année; — par des raisons de facilité d’exécution. Le tracé qui peut paraitre le meilleur sur le plan technique et méme économique doit souvent étre tejeté d’office, s%il conduit & des complications prévisibles, ou & des procédures longues et aléatoires capables d’interrompre ou de retarder Texécution des travaux et la mise en service de l’installation. II ne faut jamais oublier en effet que les pertes énormes subies par |’exploitant en.cas d’allongement des délais, sont le plus souvent hors de proportion avec les dépenses supplémentaires (allongement de tracé, etc.) qui auraient pu les éviter. Une étude préliminaire bien conduite doit, sauf rares exceptions, viser & éviter la procédure d’expropriation et & réduire la procédure de servitude & des cas particuliers trés limités. 12. CONSULTATION DES SERVICES SUR LE TRACE Cette étude préliminaire étant faite, il convient, en général, de lancer auprés des services intéressés par le passage de la ligne, ce qu’on appelle Penquéte de tracé. Le tracé de principe sur lequel I’accord est demandé est figuré sur une 1 « a 5 carte aU 999° En méme temps qu’une notice explicative sur la consistance du projet, il est donné en annexe un profil en travers de fa ligne qui représente le pyléne le plus courant, avec les zones de servitude qui lui correspondent. ‘Si les démarches officieuses et les contacts préalables ont été poursuivis avec tout le soin désirable et avec le souci constant d’aboutir a des solutions de conciliation ménageant les intéréts de tous, les Services sont amenés 4 se L'STUDE D’UN PROJET DE LIGNE 503 Prononcer sur un tracé dont ils ont eu connaissance et qui a été établi en tenant compte de leurs suggestions et observations. Ces consultations permettent cependant aux Services d’avoir connais- sance officielle du projet, de donner officiellement leur accord sur le tracé et de formuler leurs observations éventuelles sur certaines dispositions qu’ils désirent voir réaliser & la construction. 13, ETUDE TOPOGRAPHIQUE Pendant que se déroule l"enguéte de tracé dont l’aboutissement demande généralement plusieurs mois, il est de régle de commencer }’étude topographique de la ligne, une fois obtenu de I’administration l’arrété de pénétration dans les propriétés, pris en application de la loi du 29 décembre 1892. Cette étude topographique doit étre faite par un géométre averti, ayant une Parfaite connaissance de la ligne & construire et des sujétions qu’entraine son établissement. C’est pourquoi il est justifié 4 cet égard d’utiliser les services des entreprises, dont les géométres spécialisés sont familiarisés avec ces pro- blémes de construction de lignes électriques, plutét que de confier ces études & des cabinets de géométres qui, sauf exception, sont sans références particu- Tigres dans la spécialité. 131. Balisage sommaire A la base de l'étude se place toujours l’exécution du balisage. Un premier balisage dit « balisage sommaire » est effectué par le géométre en vue de maté- tialiser sur le terrain, le tracé de principe figurant sur la carte qui lui a été Temise. Ce premier balisage lui permet de s’assurer que le tracé satisfait bien aux prescriptions imposées : — distances minimales de 150 m par rapport aux agglomérations, de 40 m par rapport aux habitations isolées (par exemple), — choix et position convenable des angles du tracé, —— absence d’obstacles insoupgonnés, propriétés closes, constructions nouvelles, ouverture de carriéres d’extraction de matériaux, plan- tations récentes, etc. Ces premiers contacts avec le terrain, avec Jes habitants des lieux, les édiles, les propriétaires importants, lui fournissent des éléments d’appréciation d’une utilité incontestable. L’établissement de ce balisage requiert I’usage des instruments topogra- Phiques (cercle d’alignement, théodolite), étant donné qu’il s’agit de maté- tialiser entre les sommets d’angle des alignements qui, depuis quelques cen- 504 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION taines de métres peuvent dépasser fréquemment des kilometres et méme des dizaines de kilométres. Ce balisage sommaire appelé aussi balisage provisoire est complété par un rapport de balisage & adresser au maitre de l’ceuvre, rapport dans lequel le géométre expose les observations qu’il a rassemblées au cours de ses opérations sur le terrain. Ces observations présentent sous un aspect nouveau, les difficultés rencon- trées. Elles font apparaitre des détails qui avaient forcément ¢chappé dans la premiére étude sur carte. Elles conduisent le plus souvent le géométre 4 formuler certaines suggestions et propositions diverses en vue de l’amélioration du tracé : — création, suppression, ou déplacement de certains angles, — ripage de certains alignements, en vue d’éviter les difficultés qu'il a signalées et d’obtenir ainsi un tracé qui figure un compromis acceptable entre les exigences souvent opposées : — de la construction et de I’exploitation, — et souvent celles des propriétaires importants et des services qui peuvent alors avoir voix au chapitre. Au cours de cette premiére partie des études topographiques, il devra étre communiqué au géométre les observations qui auront pu résulter des réponses recues & la suite de l’enquéte de tracé, observations dont il fera son profit et qui n’entrafnent en général aucune difficulté particuliére, étant donné |’état d’avancement des études a ce stade de leur réalisation. 132. Balisage définitif Quand l’accord a été donné au géométre, sur le balisage sommaire et sur les propositions de modifications qu’il a formulées, ce dernier peut passer au balisage définitif. Il s’agit alors de la matérialisation sur le terrain du tracé définitif de la ligne, dont l’ébauche a été figurée au moment du balisage provisoire. L’attention du géométre doit alors se porter sur l’observation de certaines régles prescrites par les réglements ou résultant plus simplement des régles de art. 1321, Traversées. Ces régles concernent principalement Jes traversées c’est-a-dire les croise- ments de la ligne & construire avec les obstacles linéaires rencontrés : — routes et autoroutes, chemins divers; — voies ferrées; — voies fluviales et canaux de navigation; — circuits téléphoniques; L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 505 — lignes électriques; — téléphériques. Pour les traversées ci-dessus, les régles administratives ont longtemps Pprescrit un angle minimal de croisement de 15°. L’arrété du 13 février 1970 a réduit cet angle minimal 4 7° pour les traversées de routes, voies ferrées, voies fiuviales et canaux de navigation. Aucun angle minimum n’est maintenant Preserit pour les traversées de lignes électriques et de circuits téléphoniques. Quoi qu’il en soit, pour éviter des longueurs de surplomb trop accentuées qui créent des difficultés particuli¢res pour l’implantation et exigent des précau- tions spéciales 4 l’occasion de la construction et de !’entretien des installations, il est vivement recommandé de ne jamais atteindre ces limites extrémes, quit s’agisse des traversées de routes, voies ferrées, voies fluviales, canaux de navi- gation, ou méme des traversées de lignes électriques ou de circuits téléphoniques. Le choix d’angles de traversée aussi voisins que possible de l’angle droit est toujours préférable. Mais il faut bien entendu s’accommoder le plus souvent d’angles beaucoup moindres. 1322. Parallélisme avec les lignes téléphoniques. Un autre point de vue & examiner de trés prés concerne les rapprochements avec les circuits téléphoniques aériens ou souterrains, rapprochements que T’on désigne sous le nom de « parallélismes ». En cas de court-circuit phase terre sur la ligne apparaissent dans ces circuits des forces électromotrices induites qui peuvent devenir dangereuses pour les installations et méme pour le personnel, lorsque certaines conditions se trouvent remplies simultanément : — réseau dont le neutre est mis & la terre directement ou par une faible impédance; — important courant de court-circuit monophasé 4 la terre; — parallélisme prolongé 4 faible distance (des parallélismes peuvent étre dangereux jusqu’a des rapprochements de 2 000 et 3 000 m s’ils s’éten- dent sur plusieurs kilométres); — mauvaise conductivité du sol; — croisements sous des angles faibles. Les méthodes de calcul et les conditions & respecter sont indiquées dans les Directives du C.C.1.T.T. (Comité consultatif international, téléphonique et télégraphique — Assemblée de New Delhi, 1963). Les bureaux d’études disposent en général des abaques destinés & simplifier ces calculs. Ces abaques fournissent : — soit le coefficient d’induction mutuelle en fonction des rapprochements, pour différentes valeurs de la conductivité du sol; — soit directement les tensions longitudinales induites dans les circuits en parallélisme, par kilométre de parallélisme et pour une intensité 506 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION de 1000 ampéres de courant de court-circuit, en fonction des mémes parametres. Certains coefficients réducteurs peuvent intervenir par suite de /'effet @’écran produit par l’existence de conducteurs mis & la terre parallélement & la ligne électrique ou aux circuits téléphoniques. Il s’agit : — des cAbles de terre de la ligne ou des lignes voisines; — de lenveloppe métallique de conducteurs isolés (cAbles armés); — de rails de chemin de fer dont la continuité électrique est assurée par éclissage électrique (rail-bond). Compte tenu de ces coefficients, la valeur maximale de la tension induite ne doit pas dépasser 650 volts dans les circuits aériens en fils nus. Cette limite peut étre réduite ou augmentée dans certains cas, lorsqu’il s’agit de cables de télécommunications aériens ou souterrains 4 enveloppe métallique mise a la terre (60 % de la tension de claquage du cable). 1323. Parallélisme avec des canalisations 4 revétement protecteur isolant (hydro- carbures liquides ou gazeux, etc.) Les mémes précautions sont 4 observer en cas de parallélisme avec ce genre de canalisations. La tension maximale induite admise est alors fixée généra- lement a 5 000 volts. Au cas ot un pyléne se trouve implanté 4 proximité immédiate de la canalisation, on doit ajouter a la tension longitudinale induite calculée ci-dessus, Pélévation du potentiel du sol au voisinage de la canalisation, en cas de défaut a la terre se produisant sur le pyléne en question. 1324, Propriétés closes. A moins d’un accord amiable formel avec les propriétaires intéressés, le passage des lignes A travers les parcs, jardins d’agrément, propriétés closes avec ou sans surplomb d’habitations doit étre systématiquement évité. En France, en effet, les réglements administratifs ne permettent pas l’appli- cation a ce genre de propriétés, des servitudes de passage et d’appui prévues par la loi du 15 juin 1906. Il faudrait alors avoir recours dans ce cas a |'expropriation, procédure longue, cofiteuse et souvent aléatoire, que le maitre de l’ceuvre hésitera toujours & engager. 1325. Téléphériques, télési¢ges et remonte-pente. Il n’existe, en France, aucun texte officiel réglementant les traversées de ces installations par des lignes électriques. Les installations de téléphériques et de télési¢ges comportent toujours des L'ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 507 cables fixes ou mobiles sur lesquels sont fixées des cabines qui se déplacent par rapport au sol. Les cables dont il s’agit sont soumis 4 des variations de fiéche considérables (4 vide ou en charge). D’autre part, les passages continuels des cables sur les trains de galets ou des trains de galets sur les cAbles soumettent les cAbles des téléphériques et télésiéges & des flexions locales répétées, qui en s’ajoutant aux tensions nor- males habituelles entrainent une usure rapide, et nécessitent de fréquents rem- placements. Abstraction faite des ruptures et des déraillements toujours possibles, les surcharges de givre sont les mémes que sur Ia ligne traversante. II est donc prudent d’éviter toute traversée de téléphérique ou de télésiége par en dessous. Le cas des traversées par en dessus est moins dangereux mais il est préfé- rable de I’éviter. Sil s’agit d’un remonte-pente, il est nécessaire de prévoir entre les deux installations un dispositif de protection mis a la terre soigneusement, pour éviter tout contact entre la ligne électrique et le remonte-pente en cas de sur- charge de givre ou de rupture de conducteur. S’il s’agit d’un téléphérique ou d’un télésiége, il est indispensable de réserver dans le croisement, au-dessus du gabarit cinématique, des distances au, moins égales 4 celles qui sont adoptées pour les traversées de P.T.T. ou de lignes électriques. Ces distances doivent étre respectées, méme en cas des plus fortes surcharges de givre admises sur la ligne. Les réglements particuliers aux téléphériques imposent d’autre part la mise a la terre des ferrures sur lesquels reposent les galets et poulies qui sup- portent les cables de ces installations. 1326. Emplacement des pylénes d’angle. L’emplacement a retenir pour les angles du tracé revét une importance Particuliére. A l’opposé des pylénes d’alignement qui sont répartis sur le profil en long, en fonction des distances réserver au-dessus du sol, ou des obstacles naturels & franchir (routes, lignes, traversées) et sont ainsi susceptibles suivant la hauteur qu’ils comportent, de subir pendant I’étude, des changements de Position importants, il faut considérer que les sommets d’angle représentent des points fixes, qu’il ne peut étre question de déplacer par la suite sans réper- cussion sur au moins !’un des deux alignements qu’ils s¢parent. Etant donné, d’autre part, qu’A partir d’une quinzaine de degrés, les angles du tracé imposent I’utilisation de pylénes armés en ancrage qui limitent deux cantons de réglage successifs, les manceuvres de cAbles autour des pylénes d’ancrage, I’installation des treuils et palans de réglage, les haubanages divers au cours des travaux de construction et d’entretien nécessitent de disposer des dégagements suffisants pour éviter des rapprochements ou des contacts dangereux. 508 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION Sans qu’il en résulte une régle absolue, il est désirable de prévoir une distance minimale d’une cinquantaine de métres entre un pyléne d’angle 225 kV armé en ancrage, et une ligne électrique ou téléphonique. Cette distance devra @tre encore augmentée pour une ligne & 380 ou 750 kV. Les mémes précautions sont A prendre pour les pylénes d’angle situés & proximité des traversées de voies de communications (routes, chemins, canaux, voies ferrées) surtout si le croisement s’effectue sous un angle faible (inférieur 4 30°). Bien entendu, il faut tenir compte, le cas échéant, d’un élargissement éventuel de la voie traversée (route 4 élargir ou a transformer en autoroute par exemple). Le recours A l’installation de pylénes d’angle sur les crétes, ne constitue pas toujours une solution favorable, surtout s’il s’agit de crétes escarpées qui ne permettent le haubanage des pylénes que dans des directions privilégi¢es. C’est souvent le cas en montagne. Précisons, enfin, qu’il faut limiter 4 45 degrés environ les angles de déviation de la ligne, sinon il devient nécessaire de prévoir des dispositions spéciales (allongements de consoles, rallonges de chaines, contrepoids de bretelles) qu’il est préférable d’éviter. Si le géométre est bien exercé, i] sait qu’une succession d’angles faibles bien situés peut avantageusement remplacer un angle plus important. Cette solution évite la constitution d’ancrages toujours onéreux et qui n’ajoutent rien a la sécurité de la ligne. Elle exige du géométre la connaissance des régles émentaires, relatives 4 la répartition des pylénes sur le profil en long, questions que nous aborderons par la suite. En région de montagne le choix judicieux de la position des pylénes d’angle est encore plus important. Certains emplacements sont 4 éviter de fagon impé- rative. Il s’agit, en particulier, des zones d’éboulis, des zones de glissement de terrains, des couloirs et cénes d’avalanches. La sécurité des pylénes implantés dans de tels emplacements est en effet impossible & assurer de fagon efficace en raison des efforts dynamiques énormes qu’ils peuvent étre amenés & sup- porter. 1327. Traversée de vallées, Suivant leur nature et l’importance du creux qu’elles comportent, les tra- versées de vallées peuvent, ou non, poser des problémes au responsable du tracé. Comme devant les autres obstacles, il y a souvent intérét 4 choisir le croi- sement en un point de moindre largeur et sous un angle proche de 90°, de fagon Aen permettre le franchissement par des ouvrages de ligne normaux, Le recours A des pylénes spéciaux ne doit intervenir que pour les traversées de grands fieuyes dans lesquelles les conditions de gabarits spéciaux sont imposées, dans Vintérét de la navigation (conducteurs & plus de 25 m par exemple au-dessus des plus hautes eaux navigables). L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 509 Dans le cas oi il est nécessaire de descendre dans la vallée pour la franchir, il n’y a plus intérét & choisir le croisement en un point de moindre largeur. Il faut cependant éviter les traversées trop obliques qui présentent de nombreux inconvénients : — tracts établis nécessairement sur des contre-pentes ou |’implantation des pylénes est souvent difficile et onéreuse; — éventualité de vents soufflant dans le sens de la vallée qui attaquent obliquement les conducteurs et provoquent des déplacements impré- visibles du point bas de la courbe d’équilibre, devenue une courbe gauche inaccessible au calcul. Ces déplacements, a la fois longitudinaux, transversaux et d’une ampleur inattendue, sont d’autant plus dangereux’ que le paramétre de réglage des conducteurs est plus faible. Ils peuvent provoquer des amorcages au sol a des distances considérables de la position d’équilibre habituelle des conducteurs de la ligne. 1328. Point de départ et d’aboutissement de Ia ligne. La définition des points de départ et d’aboutissement de la ligne dans les postes de raccordement au réseau doit étre donnée avec précision. Le probléme se pose de fagon différente quand il s’agit d’un poste ancien sur lequel la nouvelle ligne vient s’ajouter aux installations existantes et emprun- ter souvent un tracé laissé en attente et qui lui a été réservé dans un couloir préexistant, ou s°il s’agit d’un poste nouveau et susceptible de comporter des extensions futures. Il faudra nécessairement que l’orientation 4 donner au nouveau poste soit compatible avec la direction générale des lignes qui viendront s’y raccorder. Dans les régions a forte densité d’habitations (voisinage des villes) il est souvent nécessaire de prévoir un couloir de dégagement que devront emprunter la ligne & construire et les lignes futures, avant de s’épanouir en éventail 4 quelques kilométres de l’agglomération. Hi faut, en effet, éviter d’épanouir les lignes 4 la sortie méme du poste, sinon les extensions du poste risquent de devenir impossibles. Ce couloir, dont la largeur devra étre prévue en fonction de l’encombre- ment prévisible des différentes lignes, devra faire Yobjet d’accords spéciaux avec les municipalités et les services de l’urbanisme pour empécher !’apparition dans ses emprises de constructions nouvelles inopportunes. 1329. Réalisation des alignements, tolérances. Lorsque les grandes lignes du tracé auront été définies aprés avoir tenu compte de toutes les considérations qui précédent, certaines difficultés peuvent 510 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION se présenter, notamment dans les régions boisées ou accidentées pour définir avec précision les alignements qui ne peuvent faire l’objet de visées directes. On procéde alors suivant les possibilités : — soit par retournement de lunettes, en plagant \’appareil en un point intermédiaire présumé d’ot il est possible de viser les deux extrémités de I’alignement, et en déplacant !’apparcil 4 la demande, dans le sens — soit par cheminement en effectuant sur le terrain le relevé précis d’un polygone reliant les extrémités de !alignement, et ensuite, en calculant progressivement les coordonnées des différents points de station jusqu’é Varrivée, Le calcul peut étre facilité et sa précision peut étre augmentée, si le géo- métre peut établir son cheminement en partant d’un point de triangulation C (coordonnées rectangulaires des points géodésiques et points de triangulation données en France par |"Institut géographique national — I.G.N.) pour aboutir 4 un autre point de triangulation D en passant par les deux extrémités de l’ali- gnement AB (fig. 263), Fic. 263 Fia, 264 L’ETUDE DUN PROJET DE LIGNE Su — soit par triangulation. On opére comme dans le cas précédent en établis- Sant une triangulation directe, c’est-a-dire en choisissant sur le terrain une série de points, de maniére & constituer une série de triangles, chacun d’eux étant relié au suivant par un cété commun, aboutissant aux extrémités de l’alignement a déterminer (fig. 264). On peut augmenter la précision, si l’on peut rattacher cette triangulation 4 la triangulation existante effectuée par 1'LG.N. Les tolérances admises par I’Electricité de France sont les suivantes : Ecarts en alignement a + Scentimetres D représente dans cette formule la distance exprimée en métres du Piquet de station a I’angle le plus proche. Ecarts sur les longueurs (2 VD) centimetres, en terrain plat (QD) sorta, en terrain faiblement accidenté (pente moyenne (4 VD) centimétres, en terrain accidenté (pente moyenne 20%) D représente, dans ces formules, la distance mesurée exprimée en Ecarts en altitude (05 JD) centimétres avec D ayant méme signification que ci-dessus pour les longueurs. Seules les tolérances sur les écarts en alignement nécessitent l’utilisation d’un tachéométre de précision qui permet les mesures d’angle avec une précision de 10 secondes centésimales ( 1 63 600 La recherche d’une telle précision transversale est trés discutable car elle ne répond A aucune nécessité véritable. Les tachéométres ordinaires qui permettent de mesurer-les angles avec set . 1 une précision de 50 secondes centésimales (ere suffisants pour les relevés de profil en long, lorsque les alignements ont été matérialisés sur le terrain avec toute la précision nécessaire (10 piquets de station au km en moyenne). radian) radian) sont généralement 133. Profil en long Le profil en long est le document topographique le pius important, car c’est lui qui sert de base 4 Ia détermination des ouvrages et aux choix de Jeur emplacement sur Ie terrain. II est dessiné 4 l’échelle du w pour les hauteurs 512 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION I . I . et du T3500 (auetqueros To00) Pour les longueurs. Le dessin est complété par une vue en plan sur 100 m de largeur (bande parcellaire). Nous croyons utile de souligner !’importance de cette bande parcellaire obtenue par un levé planimétrique effectué en méme temps que celui du profil en long suivant l’axe du tracé. Cette planimétrie peut étre utilement complétée par les indications tirées du plan parcellaire (cadastre). Elle est destinée a faciliter la figuration de tous Jes éléments susceptibles d’intervenir dans le choix des implantations de pylénes. Tl s’agit en particulier : — des limites de cultures (qui coincident souvent avec des limites de propriétés); — des talus, murs de clétures, haies, fossés, ruisseaux; —- des chemins divers, depuis les sentiers, chemins d’exploitation, jus- qu’aux routes de toute nature avec leur désignation et leur angle de traversée; — des plantations diverses, vignes, vergers, allées plantées d’arbres, arbres isolés; — des bois et foréts avec la hauteur des arbres jusqu’a 50 m de l’axe du tracé; — des terrains ot l’implantation des ouvrages est A éviter (zones inon- dables, marécages, carriéres, affaissements miniers, éboulis, glissements de terrain, couloirs d’avalanches, etc.); — des voies ferrées de toute nature avec leurs limites d'emprises; — des canaux et voies fluviales avec la cote des plus hautes eaux navigables ou non; — du tracé des lignes électriques et des lignes P.T.T. dans les croisements et les rapprochements; — des canalisations souterraines de toute nature. Bien entendu, le profil en long devra figurer en élévation les lignes élec- triques ou de télécommunication croisées, avec leur position précise en altitude, 4 ’aplomb des conducteurs extrémes de la ligne projetée. Lorsque la pente transversale du terrain est supérieure a 5 % il y a lieu de faire figurer les contre-profils 4 10 m de l’axe de la ligne (lignes 4 225 kV) et & 20 m (lignes & 380 kV et au-dessus). On tirera de ces contre-profils, autant de profils en travers qu’il sera nécessaire le cas échéant. 1331. Vérification du profil en long. : Dans le relevé du profil en long suivant la polygonale constituée par le “tracé, les altitudes des différentes stations sont obtenues par nivellement indirect. Pour contréler les résultats et déceler les erreurs éventuelles, le géometre doit rattacher Ie nivellement de la ligne a des repéres de nivellement connus. L'ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 513 En France, la situation de ces repéres est fournie par I’Institut géographique national (I.G.N.). Le procédé est le suivant. Le géométre part d’un repére R, pour aboutir 4 un autre repére R, en comprenant dans son cheminement les différentes stations du tracé relevé (fig. 265). Fia. 265 Le levé est correct si l’écart obtenu entre J’altitude calculée a Ja suite du cheminement entre R, et Rz, et celle du repére de nivellement R, ne dépasse pas la tolérance admise (paragr. 1328 ci-dessus) (05 YD) cm avec D, longueur de cheminement entre R, et R, exprimée en metres. L’écart de fermeture est alors réparti entre les stations intermédiaires du cheminement. 1332. Relevé du profil en long par photographie aérienne et mesure des distances au laser. Lorsque Ja ligne est A construire sur des terrains présentant une faible couverture forestiére (cultures, haies, arbustes épars), dans des régions ot Vensoleillement habituel permet une bonne visibilité, le procédé donne d’excel- lents résultats. Aprés le balisage définitif sur le terrain des sommets d’angle et des crétes, on répand autour des balises, une couche de platre ou de chaux sur un cercle denviron 3 métres de diamétre, centré sur I’axe de ia balise. Des taches blanches ainsi obtenues servent de repére a l’avion qui prend les photos aériennes en suivant Paxe du tracé. Préalablement les mesures de distances ont été faites au laser : — entre les sommets, si la visibilité directe est possible d'un sommet au suivant; : — entre les crétes dans Je cas contraire. La précision des mesures de distance est de l’ordre du centimétre pour 314 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION des mesures comprises entre 5 et 10 km. Elle est donc bien supérieure & celle obtenue par mesures stadimétriques au tachéomeétre. L’échelle des photographies aériennes est ainsi contrélée de fagon extré- mement précise par ces mesures de distance, tout le long du tracé. Les procédés habituels de photogrammétrie sont utilisés pour le relevé du profil en long dans I’axe du tracé, et les contre-profils éventuels, ainsi que pour le levé des détails & faire figurer sur la bande planimétrique. La précision obtenue sur le nivellement est excellente, étant donné que les photos aériennes ne comportent, pour ainsi dire, aucun parallaxe transversal, dans leur zone d’utilisation. Elle est généralement de l’ordre de + 10 cm sur les altitudes. Exceptionnellement, elle peut atteindre 20 ou 30 cm en montagne. Ces tolérances sont trés acceptables, étant donné qu’elles ne se cumulent jamais. L'intérét de ce procédé est encore augmenté par le traitement automatique de information photographique, qui permet une restitution directe du profil en long, ainsi que des contre-profils éventuels. La rapidité d’exécution du profil en long par ce procédé permet de gagner un temps précieux par rapport aux procédés de topographie classiques. L’auteur I’a utilisé avec un plein succés sur plus de 1 500 km de lignes : — lignes 230 kV A deux ternes et 4 un seul terne; — lignes a 63 kV. 44, PROFILS D’EMPATTEMENT DES PYLONES EN TERRAIN DENIVELE Les pylénes dont il s’agit sont tous des pylénes 4 pieds séparés dont les dimensions a la base atteignent : 5 & 8 m pour les pylénes 225 kV, 7 4 10 m et plus pour les pylénes 380 kV. La hauteur habituelle de la partie hors sol des massifs de fondations (dés) est de 0,25 m 4 0,30 m. Elle peut étre portée 4 0,50 m dans les terrains inon- dables et, le cas échéant, dans les vignobles. Etant donné les dimensions a la base mentionnées, il est souvent néces- saire de rattraper les différences de niveau qui peuvent exister entre le piquet d’axe du pyléne et l’emplacement de chacun des pieds. Ce rattrapage s’effectue par les procédés suivants : @) soit par surélévation de la partie hors sol de certains massifs (cheminées en béton armé si nécessaire), . 5) soit par des enrobements de goussets (en cas d’arasement d’une chemi- née au-dessous du sol naturel), ¢) soit par des terrassements, d) soit en équipant le pyléne de pieds dissymétriques (pieds allongés ou raccourcis de hauteurs données), L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 515 Les profils d’empattement doivent étre relevés au moment oi sont reportés sur le terrain fes piquets qui matérialisent les axes des pylones successifs. Si, comme c’est le cas le plus fréquent, la section de base du pyléne prévu affecte sensiblement la forme d'un carré, les profils sont relevés suivant les diagonales de ce carré conformément au croquis ci-contre (fig. 266). sR \S x xy Te Fauel ol x x a 4) Fro. 266 Ces profils d’empattement sont utilisés pour faire choix de J’une des quatre solutions a), 5), c), d) ci-dessus ou d’une combinaison de ces solutions. lly a intérét & limiter ’emploi de pieds dissymétriques (pieds alfongés ou raccourcis d’un nombre entier de métres) qui constituent des sujétions génantes dans les livraisons de pylénes et constituent toujours des sources d’erreurs. On réserve ces pieds dissymétriques aux cas oi les différences de niveau du sol entre pieds, dépassent 3 m sur les lignes 225 et 380 kV et 2 m sur les lignes & 63 et 90 kV. Dans les autres cas, on utilise des surélévations de massifs (cheminées extérieures en béton) qui sont réalisés : — soit en béton non armé (hauteur inférieure ou égale 4 0,80 m hors sol); — soit en béton armé (hauteur supérieure 4 0,80 m hors sol). On limite en général la hauteur des cheminées A 2 m hors sol. Il est de régle d’éviter les terrassements en terrain de culture, et en cas de terrassement important, de prendre les mesures nécessaires pour assurer \’écoulement des eaux et limiter les ravinements. 15. PLANS PARCELLAIRES, PLANS AU 1110 000 PLANS DE TRAVERSEES — PLANS ITINERAIRES En France, le maitre de l'euvre demande A !’entrepreneur chargé des études topographiques, la production des documents désignés ci-dessus. 516 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION Le plan parcellaire du tracé est une reproduction ou un agrandissement du cadastre, Il est utilisé au moment de la recherche des accords & intervenir avec les propriétaires pour le passage de la ligne en terrain privé (autorisations de surplomb et d’appui). Le plan au awe du tracé est un agrandissement des documents officiels existants. Son utilité est trés contestable, étant donné la précision des cartes 1 1 . . : au SOOO et au 000 Ww sont utilisées pour son établissement et qui pour- raient avantageusement le remplacer. Les plans des traversées spéciales (voies ferrées, voies navigables) qui servent & la constitution des dossiers de consultation 4 remettre aux adminis- trations compétentes, correspondent & des agrandissements du profil en long au droit de ces traversées. Le plan itinéraire est un document de poche, sur lequel sont condensés tous les éléments utiles au personnel d’entretien de la ligne pour connaitre les caractéristiques de Vinstallation. Il comprend & Ja fois : — une planimétrie au a sur environ 1,2 km de largeur, avec indica- tion précise du tracé; — un schéma des transpositions éventuelles des conducteurs, permettant Je repérage des phases de la ligne et la position des manchons de jonc- tion; — un profil en Jong sommaire au 7 pour les longueurs et au om pour les hauteurs avec indications des types de chaines d’isolateurs, types de pyléne, type de fondation utilisées sur chaque support, résis- tance des prises de terre de chaque pyléne. Ce document est complété in fine par les croquis : —— des différents pylénes avec leur poids; — des différentes fondations avec leur volume; — des différentes chaines d’isolateurs, mises 4 fa terre, etc. Il comprend enfin la liste des fournisseurs de matériel et celle des entre- prises ayant participé aux travaux de construction. Les premiers plans itinéraires ont été établis par l’auteur en 1926, & l’occa- sion de Ja construction des fignes 4 90 kV de la Compagnie des chemins de fer de Paris 4 Orléans entre Paris et le poste d’Eguzon. Ils servent encore aujourd’hui au service de I’Electricité de France, chargé de leur entretien. L’établissement des plans itinéraires s’est généralisé A presque toutes les lignes construites en France depuis cette époque. Chapitre II ETABLISSEMENT DU PROJET TECHNIQUE Pendant 1’étude du tracé, !’ingénieur responsable de }’étude aura recueilli les renseignements qui lui sont utiles pour fixer son choix définitif sur un certain nombre de dispositions préalables 4 adopter ou A confirmer : — choix des conducteurs et cAbles de garde; — choix du type de pyléne et de fondations; — choix du type d’isolateur. A moins qu’elles ne lui aient été préalablement imposées il aura aussi décidé du choix des hypothéses complémentaires (vent exceptionnel, importance des surcharges de givre), dont il aura a tenir compte dans le calcul des ouvrages. Il aura fait choix aussi du paramétre de réglage 4 +45° C, en harmonie avec la surcharge de givre adoptée. Il posséde, bien entendu, les courbes d'utilisation des pylénes ou les tableaux de contraintes pour les différents cas de charges unitaires envisagées. Tl connait Ia réglementation concernant les distances a réserver au-dessus du sol naturel, au-dessus des routes, des voies d’eau, des voies ferrées, au-dessus des lignes électriques et de télécommunication. Nous rappelons qu’en France les distances dont il s’agit sont fixées, dans V’hypothése de la température maximale de la région, par l’arrété technique du 13 février 1970, au moyen de formules binémes tenant compte de la nature des traversées et de la tension de la ligne considérée et que des régles particu- ligres & I’Blectricité de France, complétent cette réglementation. Tt posséde les courbes en plexiglass, aux échelles du profil en long, qui correspondent aux différents paramétres de réglage habituellement utilisés et qui lui serviront de gabarit pour 1e tracé des chainettes sur le profil. Il fait établir, si nécessaire, les courbes supplémentaires qui lui seraient utiles (cas des températures maximales supérieures la température de référence de +45 °C). Il dispose enfin des courbes des conducteurs et cables de terre qui lui donneront pour les différentes portées (portées réelles ou portées équivalentes), les tensions dans les cables pour les cas de température ou de surcharge & considérer (courbes de tension). 518 CONSTRUCTION DES LIGNES ABRIENNES A HAUTE TENSION 21. REPARTITION DES PYLONES SUR LE PROFIL EN LONG Muni de ces renseignements et documents et, bien entendu, des caracté- ristiques dimensionnelles des pylénes 4 sa disposition, il posséde tous les éléments pour effectuer la répartition des pylénes sur le profil en long. Le probléme a résoudre comporte plusieurs solutions, techniquement valables, entre lesquelles i] lui faudra choisir la mieux adaptée aux conditions qu’il aura 4 observer dans le cas particulier qui !’occupe. Lorsqu’on étudie une répartition, il existe toujours des points d’implan- tation obligés : sommets d’angle, points singuliers du profil, proximité de traversées particuliéres. I] est recommandé d’effectuer fa répartition & partir d'un point obligé (sommet 4 par exemple), en direction du sommet B, en uti- lisant au mieux le profil du terrain, c’est-a-dire en cherchant a faire coincider les creux des fiéches des conducteurs avec les creux du profil, de fagon 4 obtenir des distances au sol aussi réguliéres que possible et aussi voisines de la distance minimale 4 observer. Le probléme est compliqué par les traversées de routes et chemins, de lignes électriques, etc. qui imposent des conditions de distance supplémentaires. Il est inutile, par contre, de chercher a réaliser des portées de longueur uniforme. Cette sujétion ne présente aucun intérét. Lorsque la répartition a été effectuée dans le sens de A vers B, il est bon de tenter une deuxiéme répartition en partant de B, pour revenir vers A sur la méme partie. du profil en long. La solution a retenir est souvent un compromis entre les deux solutions. 211. Traversée des croupes Un probléme se pose souvent pour la traversée des croupes dont Je modelé, souvent trop largement arrondi, ne permet pas l’implantation sur le point le plus élevé du profil, sans nécessiter l’utilisation d’un pyléne de hauteur exagérée. Il vaut mieux éviter 4 tous les points de vue cette répartition et chercher & encadrer la croupe par une portée faible entre deux pylénes de hauteur normale ou méme réduite, solution qui permet de mieux suivre les ondulations du terrain, d’éviter de surcharger inutilement les armements et de créer en cas d’orage des points d’attraction privilégiés pour Ja foudre. 212. Pyléne en contrebas Un autre probléme concerne I’équilibre des chaines d’isolateurs de sus- pension, sur les pylénes en contrebas. Nous avons déja étudié la question (2® partie, chap. VI) & propos de Ja recherche des efforts appliqués aux pylénes en cas de déniveilations. L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 519 Lorsqu’en étudiant la répartition, on s’apercoit qu’au droit d’un pyléne la valeur de Z devient négative (fig. 31, p. 115), il faut étudier, dans diverses hypothéses de vent et de température, les conditions d’équilibre des chaines d’isolateurs, et vérifier si les distances 4 la masse minimales sont bien observées. Il va de soi d’abord que la mobilité des chaines d’isolateurs, sous I’effet du vent transversal, sera d’autant plus grande que la charge verticale supportée sera plus faible, d’ou une usure plus rapide par frottement mutuel des piéces d’armement en contact et une réduction plus sensible des distances 4 la masse. Sans vent, la charge verticale P de cable, supportée par une chatne d’iso- lateurs du pyléne B est alors : a + a +a, zZ P=p-57--Th & + 2) en désignant par p le poids du cable par métre ata, 2 la demi-somme des portées de part et d’autre du pyléne B, qT la tension horizontale du conducteur dans I’hypothése considérée. En cas de vent transversal de vitesse constante, Je poids composé du cable devient mp et la tension devient 73. On admet, par raison de simplification (1*¢ partie, chap. VI, n° 611) que Jes chainettes successives restent dans un plan faisant !’angle @ avec [a verticale et tel que cos 8 = i (ce qui n'est rigoureux que dans le cas ow les appuis sont de niveau). La charge verticale appliquée a la chaine est alors (avec une approximation suffisante) P= [mo ite -7, (2+ Z)] cos at $87, cos (2 + 2) La charge horizontale est P=p en désignant par v I’effet du vent sur 1 m de conducteur. On ajoute A P le demi-poids de la chaine q/2 et 4 H le demi-vent sur chaine ¢/2 et éventuellement |’effet d’angle 2 T sin «/2. 520 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION On peut ainsi définir l’angle d’inclinaison x de Ja chaine avec la verticale, par sa tangente : a+S 427 sing x= p+i Cet angle doit étre inférieur & l’angle limite qui est permis par le type d’armement utilisé, compte tenu des distances 4 la masse habituellement retenues. Cet angle doit étre calculé au préalable pour chaque type d’armement et chaque type de chaine de suspension utilisée. La vérification de Vangle d’inclinaison des chaines est effectuée généra- lement dans une hypothése de vent transversal réduit (vent de 240 Pa, a la température moyenne de +15 °C par exemple). On vérifie alors que les distances 4 la masse suivantes sont obtenues (dis- tances ¢, de I’arrété technique). Tasieau I 20 kv 63 90 225 400 150 kV 0,20 m 0,30 0,50 1,10 2,00 3,70 m On peut aussi, dans certaines circonstances, faire la vérification dans Phypothése d’un vent de 480 Pa (hypothése A de l’arrété technique) a la tem- pérature moyenne de +15 °C. On vérifie alors que les distances 4 la masse suivantes sont respectées (*). Tasieau II 20 kV 63 90 225 400 750 kV 0,10 m 0,15 0,25 0,60 1,00 1,90 m Dans les calculs relatifs aux conditions d’équilibre des chaines, il est admis que le vent transversal souffle horizontalement. Yl n’est pas exclu, cepen- dant, que dans certaines situations du tracé de la ligne (tracé 4 flanc de coteau par exemple), le vent puisse avoir une composante verticale ascendante (néga- 1. Les regles E.D.F. prescrivent dans certains cas d’appliquer une hypothése de haute pression du vent, vent horizontal transversal de 360 Pa, en maintenant les distances A Ja taste du tableau I. Cette condition est rensiblement plus sévére que celle qul fait Vober fu tal a If. L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 521 tive). C’est pourquoi, il faut se montrer prudent dans [’utilisation des résultats obtenus et en I’absence de valeurs de Ja poussée verticale du vent, ne pas hésiter & étudier !’équilibre avec le vent de 480 Pa, si la situation de la ligne se présente de la sorte. Si langle d’inclinaison de la chaine est supérieur a Ja valeur limite préala- blement calculée, trois solutions sont possibles : — soit ajouter un contrepoids sous la pince pour augmenter la valeur de P; — soit utiliser un pyléne surélevé pour diminuer (en valeur absolue) la valeur de Z; — soit changer la répartition. La premiére solution qui parait la plus simple n’est pas toujours Ja plus favorable. En effet, Ja surélévation du pyléne entraine une modification de la répartition qui permet d’allonger au moins I’une des portées a, ou @,, d’aug- menter la portée moyenne de la ligne et de compenser ainsi le supplément de poids de pyléne qu'implique la surélévation de l’ouvrage. Il faut noter, d’autre part, que les contrepoids, surtout s*ils atteignent des valeurs impor- tantes (600 kg et plus), sont trés disgracieux et que leur prix, mise en place comprise, est toujours supérieur A celui de la charpente métallique de méme poids. On peut aussi se demander si l’équilibre des chaines reste maintenu sur les pylénes en contre-bas (Z < 0) sans vent et dans le cas de températures voisines du minimum admis dans Ja région. Cette circonstance est, en général, moins défavorable que le rapproche- ment a ia masse par vent réduit, dans le cas ot la portée moyenne du canton est au moins égale au 1/4 du parameétre A +45 °C, comme c’est en général de régle pour les lignes de tension égale ou supérieure 4 225 kV. Un tel équi- libre est 4 vérifier pour les lignes & moyenne tension (20 kV) souvent établies avec des conducteurs trés Iégers (almelec) et avec des portées moyennes beau- coup plus faibles. On peut enfin avoir A considérer I’hypothése d’un vent réduit (240 Pa) agissant sous une faible température (au-dessous de 0 °C). Le cas peut se pré- senter en altitude moyenne et dans certaines régions particuli¢rement exposées. La vérification de l’équilibre des chafnes (tendance au rebroussement, réduction des distances & la masse) ne présente alors aucune difficulté particulitre dans les différents cas que nous venons d’exposer. Nous donnons, ci-aprés, deux exemples d’application de l’étude d’équi- libre des chaines d’isolateurs : — dans le cas d'une ligne 225 kV équipée avec des conducteurs de $70 mm? almelec; — dans le cas d’une ligne 20 kV équipée avec des conducteurs de 117 mm? almelec, $22 . -- COURBES TIE TENSION sawmbiy theo" Almélee 5707" pa tir & Wm mn of bi op, ue E = Sw we PM, (82 sang vert: * ee L’ETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 523 Ligne 220 kV — Conducteurs 570 mm? almelec Diamétre 31,05 mm. Poids au métre 1,615 kg. E = 6000 kg/mm? a = 23 x 10-6 Paramétre 4 +45° 2200 m. Portées : a,= 340m a,=660m Z= 30m. Portée équivalente 550 m. Tension 4 +15°, vent 240 Pa = 4250 kg. Tension & +15°, vent 480 Pa = 5050 kg. Egquilibre des chaines par vent de 240 Pa (m= 110 cos p= = ost) = 1,615 worse 4250 (a+ +m) 0,91 = 807-514 = 293 kg 4 = 60 kg 6 poids de ta chaine) P+ 4 = 293-460 = 353 kg 340 + 660 = 0,081 X 24x EO = 372 kg = 15 ky 3 vent sur chaine 2 3 8 H+ =I 415 = RT kg x= 3 = 10 x= 4750 Equilibre des chaines par vent de 480 Pa 1 (m= 136 cos B = = 0,35) P = 807 ~ 5050 (35 + gan) 0735 = 807 — 495 = 312 ke P44 = 312460 = 372 kg 524 CONSTRUCTION DES LIGNES AERIENNES A HAUTE TENSION H = 0031 x 48 x MOE _ rang H+ 5 = 144 +30 = 774 kg 7 gx =e = 208 x = 64°30’ Ligne 20 kV Conducteurs 117 mm* almelec Diamétre 14 mm. Poids au métre 0,331 kg. E=6000 a@=23x10-* Paramétre A 45 °C : 1400 m Portée a, = 280m a ~10m z=Sm. . Tension & +15°, vent 240 Pa 825 kg Portée équivalente : 150 m { Tension A -+15°, vent 480 Pa 986 kg Equilibre des chatnes par vent de 240 Pa (m =142 coop= 280 + 100 5 5 P= ost FO — a05 (555 + pg) 074 =O-9= ke Sg = The & poids de 1a chafne) P+i=Mt7=akg H = 01x 24x FI _ kg fe = Skg 6 vent sur chane) H+5=O45 =O kg tgx= 2 = 22 x = 66° WETUDE D’UN PROJET DE LIGNE 525 Equilibre des chaines par vent de 480 Pa (m =226 cos B = P = 63 — 986 5 5 = 63— 2e0 + iga) 0 = 68-W= Bkg P+Z=Bt7= Kg H=64X2 = 128 kg HA5 = 128 +10 = 138 kg i reste maintenant & comparer les angles de déviation transversale que nous venons d’obtenir avec les angles limite admissibles correspondant aux armements utilisés. La solution dépend de la forme adoptée pour ces armements, Il est intéressant de remarquer l’importance des angles de déviation obtenus sur les lignes équipées de petits conducteurs, qui, pour de trés faibles valeurs de Z, atteignent rapidement des chiffres dépassant 60° et 70°. Il faut tenir compte de cette remarque dans la réalisation des armements 20 kV, qui exigent des dispositions particuli¢res pour permettre aux chaines @isolateurs des déplacements transversaux, en harmonie avec les distances a la masse que nous avons indiquées. 213. Angles souples La recherche de I’équilibre des chafnes par vent réduit, s’applique, bien entendu, au cas des pylénes de suspension utilisés dans les angles faibles du tracé que l'on désigne souvent sous le nom d’angles souples. La limite d’utilisation habituelle des angles souples se situe aux environs de 15°. Le plus souvent, les chaines d’isolateurs de suspension utilisées dans les angles souples doivent étre munies de contrepoids pour limiter leur inclinaison transversale. Afin de réduire l'importance des contrepoids, il va de soi qu’il est préfé- rable d’éviter l'emploi d’angles souples sur les pylénes en contrebas.

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