Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
, la nature de l’opposition
phonologique faisant l’objet de trois hypotheses différentes ; (b)
Pexistence d’un nombre variable de fricatives, dont au moins /s/
et /x/, et probablement /h/; (c) existence d’au moins deux
liquides, vraisemblablement /I/ et /r/, sans préjudice d’autres.
En ce qui concerne les voyelles, les seuls phonémes sirs
seraient ceux-la mémes que l’on attribuait naguére & l'akka-
dien : /i ea u/%, D’autres voyelles orales ont été envisagées, sans
3. Voir Sollberger 1962.
4, Conformément aux usages linguistiques courants, mais contrairement. a la
plupart des usages sumérologiques, la notation entre crochets anguleux <> se
référe a la translitération usuelle, qui ne préjuge pas de la valeur phonologique
ou phonétique, et qui peut consister soit en une translitération conventionnelle
signe a signe (logogrammes et syllabogrammes), qui est celle des éditions de
textes en assyriologie, soit en une transcription plus linguistique, rétablissant: les,
frontiéres entre bases et affixes, donc une translitération morphémique, celle que
Diakonoff appelle «transcription analytique»; la notation entre barres obliques
| | se référe & des phonémes et la notation entre crochets droits [ ] est
phonétique. On supposera connus les symboles de l'Alphabet Phonétique
International, avec quelques modifications éventuelles du type de celles qu'on
trouve chez des auteurs comme Ladefoged. Par convention, ...
phénoméne massif en sumérien, qui a suggéré existence de tons.208 CLAUDE PIERRE BOISSON
tion’, notant des non-labialisées, et notant des
labialisées. En d’autres termes, le sumérien de Jacobsen
présente un systéme /p t k p™ t” kv/, avec en outre , spécialement rares. A titre indicatif, un petit sondage
effectué sur prés de 500 occlusives figurant dans des exemples
répartis dans Sollberger (1952) montre qu’il y aurait. grosso modo
deux fois plus de , la notation d’une sibilante
aspirée /st/, en opposition avec le et
un /J/, ce en quoi il n'est pas vraiment
suite, Sur le <8 en sumérien, je n’ai rien a dire. En vieil akkadien en tout. cas,
<® semble avoir noté un /6), passé ensuite a /f/ (Aro 1959 : 332-333; Faber
1985).
34. Il s'agit. d’une situation différente de celle de l'amharique, oi, comme me
Vindique Alice Faber, /s/ se réalise [34] dans certains contextes.
35. Bien entendu, ceci ne condamne en rien le reste de I'hypothese de Gelb
(voir ailleurs).222 CLAUDE PIERRE BOISSON
en désaccord avec Diakonoff, pour qui un ancien /s"/ serait pas
a /f/. Lui aussi considére que
soit = /s/,
<2> = /t/, /t*/, /d*/.
Dietz Otto Edzard me suggére aussi un autre argument assez
amusant pour un , mais ils sont tous d’accord sur le caractére affriqué du
. L’argument externe en faveur de Vaffrication est que =/s/ et
<2> = /t'/, par exemple? En effet, ’'akkadien a emprunté de
nombreux mots au sumérien®, Il se pourrait done que dans ces
emprunts, le , ou un <8, et rarement sumérien et akkadien est une
affriquée tendue, et le est a discuter de prés. Alice Faber fait observer
ceci. Dans les langues sémitiques, */s/ du proto-sémitique a
toujours donné des /s/, mais exceptionnellement le akkadien
est souvent interprété comme ne notant pas un /s/. Ceci est di
au fait qu’on considérait que le /s/ était noté par = /s/#. Et si on l’admet pour l’'akkadien, il n'est pas
déraisonnable de l’admettre aussi pour le sumérien, qui a légué
son écriture a l’'akkadien.
Pour terminer, on proposera done avec la plus extréme
prudence Vhypothése de travail suivante pour les fricatives
41. Publication sous presse
42. Lequel pourrait avoir été a réalisation post-alvéolaire, comme en
castillan, gree moderne, finnois, danois. Ce sont des langues sans /J/, ce qu'aurait
pu étre le vieil akkadien.226 CLAUDE PIERRE BOISSON
sumériennes : <8> = /0/, = /s/, <2> = /U/, = /x/ ou /y/,
plus peut-étre un /h/ non noté®.
G. Le probléme des liquides.
On admettra, je V'espére, que jusqu’ici le recours a la
linguistique générale a pu étre éclairant, Mais ce n'est pas une
panacée, et il n’en ira pas de méme pour la catégorie des
consonnes «liquides», c’est-a-dire les latérales et les «rhotiques».
On convient de compter pour le moins un «l» et un «r» en
sumérien. Mais depuis Poebel on invoque fréquemment l’exis-
tence de 2 «1» distincts. Certains considérent aussi qu’il y aurait
2 «ar». Ainsi Lieberman (1977) semblerait opposer un /r/ et un
/¢/, malgré sa formulation inexacte sur le * tchéque. Pour
Parpola, il n'y a qu'un «r», le .
44, Voir par exemple Walter (1982 : 172)SYSTEME PHONOLOGIQUE DU SUMERIEN 227
H. Conclusion.
Je me suis efforeé de replacer l'étude de la phonologie
sumérienne dans un cadre plus large, et de montrer ainsi que
certaines des hypothéses énoncées par les sumérologues sont
haulement improbables d’aprés nos connaissances actuelles
— assurément révisables — sur les structures des langues du
monde; on ne serait fondé a les maintenir cotite que coute
qu’avec des arguments internes d’une force vraiment exception-
nelle. Par ailleurs, si certaines hypothéses peuvent s'envisager
sans que cela semble déclencher des conséquences trés accusées
en d’autres points du systéme (je pense ainsi aux liquides, ou au
o| distinct du /u/), en revanche d’autres hypotheses ne peuvent
étre adoptées en détail, car elles entrainent avec un degré de
probabilité tres considérable d'autres hypotheses qui doivent des
lors étre confrontées aux données obtenues par la stricte
sumérologie. Cela signifie que Von ne saurait se contenter
d’accumuler péle-méle des «bricolages» locaux, et qu'une vue
d’ensemble systémique est impérieusement requise pour faire du
sumérien une langue linguistiquement crédible, alors que sa
vénérable antiquité et son apparent isolement génétique ont.
souvent poussé les assyriologues 4 lui attribuer trop vite des
caractéristiques proprement inouies.
En revanche, fait encourageant, d'autres hypothéses sont
iypologiquement plausibles. De la sorte peut s'effectuer un tri
externe des conjectures sumérologiques. On a vu ainsi comment
la théorie avancée par Gelb sur les occlusives, et reprise par
Diakonoff et par Parpola, passait le test avec succés. De méme,
ma proposition pour un