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Mannboiin LES REPRESENTATIONS SOCIALES ee SOCIOLOGIE D'AUJOURD'HUT COLLECTION DIRIGHE FAR GEORGES BALANDIER LES REPRESENTATIONS SOCIALES SoUS LA DIRECTION DENISE JODELET w oe 70 v As PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE ‘COMPRA paAGhO a vw peeMUTA eR-c990 36 Lee? ce (MM 2.00/1991 Les representations sociales ann 21014887 ‘soe o7enctae Dip ga —~ 1 in 1800, mars 1 Gon mie jour 152, dscns © ProiaUnineia de Fan 1988 1s, baer Saint enn DE Pais 1920006899 Leo 1. Représontations sociales Sommaire Liste des auteurs Présentation de Vouvrage, par Denise Jodelet Bibliographic générale sur les xeprésentations sociales, par Denise Jodelet et Jocelyne Ohana ‘PREMTERE PARTIE LES REPRESENTATIONS SOCIALES DANS LE CHAMP DES SCIENCES HUMAINES ‘un domaine en expansion, par Denise Jodelet > 2. Des repréventations collectives aux représentations sociales, par ‘Sorge Moseoviet 4. Paychanalyse et représentation sociale, par René Kade 4, Ltude anthropologique des représentations : problimes et pers- pectives, par Dan Sperber 5. Grammaire et lexiques, vectcurs des repréventations sotales, par Rom Harsé (treduit) 6. Logique naturelle et représentations sociales, par Jean-Blaise rise 17. Représentations sociale, sociologie et sociolinguistique. Lrexem= ple du raisonnement et da parler quotidiens, par Ui Windisch at - a a us ase 169 =10. n 1 13, us 1s. 16. M 18. 19. Les représentations sociales peoxttaee panmie LES REPRESENTATIONS SOCIALES EN PSYCHOLOGIE SOCIALE étude expérimentale des repr Claude Abrio Structure et dynamique des représentations sociales, par Claude Flament Attitudes et repréventations sociales, par Willem Doise Prototypes et représent in (adult) Représentations sociales et eausalité, par Miles Hewstone (tra: duis) mntations sociales, par Jean- ions sociales, par Gun Ser CHAMPS DE RECHERCHE ET D'APPLICATION SPECIFIQUES Anthropologie des systimes de représentations de la maladie do quelques recherches menées dans la France contemporaine xéexaminées a la lumitre d'une expésience bréslienne, pat Francois Laplantine Los représentations sociales dans le champ des professions psy- chologiques, par Augusto Palmonari et Bruna Zani ‘La représentation sociale dans le domaine de Venfance, par ‘Marie-Josée Chombart de Laawe et Nelly Feuethahn Coguitions et représentations sociales : Vapproche génétique, par Willem Doise {Len reptésentations sociales dans le champ édueatf, par Michel Gily Reprs ss de l'économie : une forme de connais- tance, par Pierre Vergis exposition scientifique : une maniére de repeésenter la science, par Bernard Schiele et Louise Boucher 187 208 220 239 252 an 299 30 si 363 387 406 Liste des auteurs Jean-Claude Abric Professeur a I'Université de Provence (Aix-en-Provence) Louise Boucher ‘Attachée de Recherche & l'Université du Québee & Montréal (Canada) Marie-Josse Chombart de Laue ‘Maitre de Recherche au cxns (Paris) Willer Dotse ‘Profescour 4 l'Université de Genéve (Suisse) Claude Flament Professear & "Université de Provence (Aix-en-Provence) Nelly Feuerhahn, Chergée de Recherche au cxns (Paris) Michel Gilly Professour & l'Université de Provence (Aix-en-Provence) Jean-Blaize Grize ‘Professeur & Université de Nouchitel (Suisse) Rom Harré Professour 4 TUnivensité d'Oxford (Grande-Bretagne) Miles Hewstone ‘Professear 4 TUniversité de Bristol (Grande-Bretagne) Denise Jodelet Diresteur d'Etudes a I'Keole des Hautes Etudes on Sciences Sociales (Paris) René Kade Professenr & V'Université de Lyon IT (Bron) 4 Les représentations sociales Franois Laplantine Prafeseour 8 1 Serge Mossov od Directeur d'Etudes & I'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Pass) Augusto Palmonari Professeur & "Université de Bologne (Italie) Bernard Schiele Professeur 4 I'Université du Québec A Monteéal (C fversté do Lyon II (Bron) la) Gun Semin Professeur 4 Université de Sussex (Crande-Bretagne) Dan Sperber Professeur 4 "Université de Paris X (Nanterre) Pierre Vergis ‘Chargé de Recherche au cxns (Marseille) UL Windieeh Profesteur & PUniversité de Gendve (Suisse) iversité de Bologne (Italie) Présentation de Vouvrage Denise Jodelet La notion de représentation sociale qui, depuis plus de vingt ans, a suscité de nombreux travaux et débats on psychologic sociale, tend & occuper une position centrale dans les scionces ‘humaines. Ce mouvement, amorcé en France sous Pimpulsion de S. Moscoviciy rencontre un intérét croissant dans divers pays, en Europe et outre-Atlantique. La bibliographie présentée en tte du présent volume refléte cet état de fait que confirment les encontres. scientifiques internationales, organisées autour de étude des représentations sociales ou comptant des symposiums et communications qui y font référence. Parallélement, dans. les iences sociales (anthropologic, histoire, sociologie, etc.), la Propension d se rapporter aux: représentations ne cesse de Safirmer. La recherche sur les représentations sociales présente un carace tare a la fois fondamental et appliqué et fais appel a des méthode logies varies : expérimentation en laboratoire, et de terrain enguétes par entreiens, questionnaires, techniques d'association de mots ; observation participante ; analyse decumentaire ot de discours, etc. Ello touche a des domaines et objets divers. Rappe- Ions-en les principaux : domaine scientifique (théories et disciplines scientifiques, diffusion des connaissances, didactique des seiences, développement technologique...) ; domaine culture! (culture, reli gion...) ; domaine social et institutionnel (politique, mouvements sociauz, économie, déviance et criminalité, systime juridique.. domaine de la production (professions, travail, chomage..) ; domaine de Venvironnement (espaces construits et natures, ville risques environnementaus...) ; domaine biologique et médical 6 Les représentations sociales (corps, sexualité, sport, santé, maladie, handicap.. psychologique (personnalité, intelligence, groupes. de Péducation (institution scolaire, roles, formatio réles et acteurs sociaux (enfants, femmes, hommes, différenciation de genre.) ; relations intergroupes (nation, ethnies, sexes, caté- gories sociales, identité...). Autant @éléments qui aitestent de la fécondité de la notion, de sa maturité scientifique et de sa pertinence pour traiter des problimes psychologiques et sociaux de notre société. C'est pour- quoi il a paru nécessaire de faire le point sur Pétat de la recherche qui s'y rapporte, en dégageant ses articulations théoriques et ses ‘axes de développements majeurs. Tel est objet de cet ouvrage, Le premitre partie de Pouvrage, apris avoir dessin€ le domaine étude dos représentations sociales dans ses lignes directrices (chap. 1 par D. Jodelet) et son histoire (chap. 2 par S. Moscovici), examine quelques relations privilégiées qu'il entretient avec @au- tres domaines ou disciplines de recherche : Ia psychanalyse (chap. 8 par R. Kats) ; Panthropologie (chap. 4 par D. Sperber) ; Ie langage (chap. 5 par R. Harré) ; la logique naturelle (chap. 6 par JB. Grise) ; la sociologie et la sociolinguistique (chap. 7 par U, Windish). La seconde partie de Pouvrage est plus spécifiquement centrée sur Pétude psychosociologique des représentations sociales et sur ses relations avec des concepts centraux. de la psychologie sociale. Deux chapitres illustrent les progrés les plus marquants dans Pétude expérimentale et structurale des représentations (chap. 8 par JC, Abric et chap. 9 par C. Flament). Est ensuite envisagée Particulation du traitement des représentations sociales avec celui des attitudes (chap. 10 par W. Doise), des prototypes (chap. 11 ar G. Sentin ),de’attribution sociale (chap. 12 par M. Hewstone). La fagon dont les représentations sociales sont abordées dans des champs de recherche ou d'application spécifiques fait Tobjet de Ia troisiéme partie de Vouvrage. Sout d’abord considérés les domaines de Vanthropologie médicale (chap. 13 par F. Laplantine) et des professions psychologiques (chap. I par A. Palmonari et B. Zani). Trois chapitres sont ensuite consacrés a Venfance (chap. 15 par M.-J. Chombart de Lauwe et N. Feuerhakn), au développement cognitif (chap. 16 par W. Doise) et au champ édu- Présontation de Pousrage 1 catif (chap. 17 par M. Gilly). Enfin ta diffusion des connaissances est traitée & propos de Péconomie (chap. 18 par P. Vergés) et do Ja mise on visibilité de la science (chap. 19 par B. Sckiele et L, Boucher). Get ouvrage est avant tout une entreprise collective que jai eu plaisir & servir. Que soient ict remerciés les auteurs qui, venus horizons et de pays divers, ont bien voulu mettre en perspective leur science et leur euvre pour éclairer et enrichir un secteur en. pleine évolution et par 1a délicat & cerner. Avec un souci acces sibilité remarquable, ils ont réalisé un travail de synthise et dexploration qui fait de ce livre plus qu'une introduction & Vétude des représentations sociales, Les pistes quouvrent leurs bilans, remarques et critiques donneront & la recherche une nouvelle impulsion. Bibliographie générale sur les représentations sociales Denise Jodelot Jocelyne Ohana Cot ouvrage a pour vocation d'introduire au domaine de recherche ins jeu, une vue extensive, des progrés que la recherche fnregistre & travers temps et espace et de ses principaux thimes et pro- Dlémaviques. Cette bibliographie ne se prétend pes exhaustive. De plus, elle se Limite {In psyehologie sociale, on dehors de quelques textes traitantepécifiquement des représentations dans dautros disciplines. Elle est divisés en deux parties ‘consacrées Pune aux ouvrages ot chapitres @ouvrages, Pautre aux articles Lepace disponible n'a pas permis de fare état des rapports de recherche ni des thases non publiés. Pour la méme raison, dans le cas douveage Aectifs consaerés exclusivement aux représentations sociales, le détall des ‘euteurs et titres de chapitzes n'a pa dtre mentionné. De méme, toutes Tet références qui, indiquées dans les ehapitres da prévent volume, figurent <46ja dans la bibliographie générale n'ont pas été conservéea dans les bibie~ tgraphies propres 2 cos chapitrs. Los textes auxquels ces derniers ronvoient seront aisément identifies dans a bibliographie générale gréce aux indications ae dates. Ousrages 5 Abric JC.y Coapération, compétition et représenttions sociales, Couscet, Del "Val, 1988, Achiacher Vos Los formes ot le langage. Les représentations sociales d'une Aiference, Petia, Pur, 1985. Aebischer Vo, Deconchy JP. Lipiansky EM. (ods), Zdéologies et représen= tations sociales Coustot, Del Val, 1991, Amerio P.,Alounl aspetti di artcolatione tra lo psichico ei sociale: moti= ‘varlone, decsione, azione, in P. Amero, G. P. Quaglino (edt), Mente socita nulla ricerca pricoogica, Torino, Book Store, 1980, t 10 Denise Jodelet, Jocelyne Ohana Amerio P., Groupes, représentation et identité sociale, in J. L, Beawvois, TR. 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C'est pourquoi les repré= sentations sont sociales et si importantes dans le vie courante. Elles nous guident dans la fagon de nommer et définir ensemble los différents aspects de notre réalité de tous les jours, dans la fagon de les interpréter, statuer sur cux et, le cas éehéant, prendre une position leur égard et la défendre. Avec les représentations sociales nous avons affaire & des phénoménes observables directement ou reconstruits par un travail scientifique. Ces phénoménes deviennent, depuis quel- ques années, un objet contral pour les sciences humaines. Autour d'eux, se constitue un domaine de recherche doté de ses instruments conceptuels et méthodologiques propres, intéressant plusieurs disciplines, comme il ressort de la composition du pré~ sent ouvrage. Ce chapitre brosse un tableau de ee domaine et des questions que Ton y traite & propos de ces xéalités mentales dont Mévidence nous est sensible quotidiennement. 32 Denise Jodelet Lrobservation des représentations sociales est, en effet, chose aisée en de multiples occasions. Elles circulent dans les discours, sont portées par les mots, véhiculées dans les messages ot images miédiatiques, cristallisées dans les conduites et les agencements matériels ou spatiaux. Un seul exemple pour P'llustrer. REPRESENTATIONS SOCIALES AU TRAVAIL Quand le sip est apparu, voici bientét dix ans, médias ot conversations se sont emparés de ce mal inconnu et étrange dont In proximité n'était. pas encore avérée. On 'a @abord décrit dans ses formes tragiques et fatales. Puis on a appris qui il touchait et Von s'est demandé comment et pourquoi. Avant que Ia recherche scientifique a’apporte quelques clarifications sur sa nature, les gens ont élaboré des « théories » en s'appuyant sur les données dont ils disposaient concernant les porteurs (arogués, hémophiles, homosexuels, transfusés) et les veeteurs (sang, sperme) du mal. Ce que I'on savait de la transmission de la maladie et de ses victimes a favorisé, en particulier, l'éclosion de deux conceptions, Pune de type moral et social, autre de type biologique, ayant chacune une incidence évidente sur les comportements, dans les relations intimes ou vis-a-vis des per- sonnes atteintes par Ia maladie. ‘Dans le premier type d’interprétation, le s1Da est considéré comme une maladie-punition frappant la licence sexuelle. Markova et Wilkie (1987) ont ainsi relevé dans la presse des expressions oft le SIDA est, comme le fut la syphilis (Quetel, 11986), donné pour effet une société permissive, condamnation des « conduites dégénérées », punition de « Virresponsabilité sexuelle », fléan dont « les bons chrétiens qui ne révent pas de se conduire mal » sont épargnés. Elles observent corrélativement un repliement sur les valeurs famnilisles traditionnelles qui est & Ia fois un garant dela protection contre la maladie et une défense un ordre moral conservateur. D’oit la dénonciation desmesures visant & assurer une vie sexuelle libre mais saine, par Pusage des préservatifs, notamment. Cette interprétation morale spontanée fut largement encouragée par les instances religieuses. Pollack (1988) donne ainsi 'exemple du Brésil o3 une conférence natio- Représentations sociales : un domaine on expansion, 33 nale des évéques s'élova contre les eampagnes gouvernementales de promotion du préservatif, qualifiant le stpa de « conséquence de la décadence morale », « chatiment de Dieu », « vengeance de Ja nature », Linterdit religiux vint, dans ce cas, renforcer les préventions d'un « machisme » ambiant fortement développé t Je qualificatif d’homosexuel désignant seulement celui qui occupe ‘une position « féminine », los partenaires « actifs » ne se sentent pas concernés par des mesures liges & Vhomosexualité quills jugent infamantes pour eux, Cette vision morale fait de la maladie un stigmate social qui peut entrainer ostracisme et xejet. Et de la part de ceux qui sont ainsi stigmatisés ou exclus, soumission ou révolte, Soumis- sion de ce travesti brésilien que j'entendis dire : «n'y a pas de précaution & prendre puisque c'est une maladic morale pour punir le péché. Si elle doit venir, elle vient. » Révolte de cet ancion combatant du Vietnam atteint du stoa et déclarant & un journaliste new-yorkais :« J’ai cette théorie & propos du stDA. La maladie est faite par Phomme, C’est une conspiration gouver- nementale a Méchelle mondiale pour exterminer indésirable. Tis yeulent commettre un génocide avec nous, » « Théorie » politique et criminelle qui fait écho & des rumeurs rapportant Porigine du mal & 'expérimentation d'un produit utilisé pour la guerre biologique. Vision oi s'exprime une position person nelle de vietime sociale marginalisée et qui s'étaye sur un prévé- dent historique, le genocide. Un autre aspect du sip fit mouche, dés le départ, dans le public, sa transmission par Ie sang et le sperme donnent lieu & tne vision biologique autroment inquiétante : la contamination se ferait aussi par le canal de liquides corporels autres que le sperme, en particulier la salive et 1a sucur, Tei sont réactivées des croyances anciennes dont j'ai pu constater la vigueur & propos de la représentation de Ja maladie mentale (Jodelet, 1989), Ces eroyances, o3 on retrouve la trace de la théorie des humeurs, rapportent Ia contagion par les liquides du corps & leur osmose avec le sang et le sperme. Ainsi en va-tl pour la maladie mentale dont la dégénérescence affecte les nerfs, le sang et so transmet par la salive et la sueur. Ainsi en va-t-il pour Je sia et pour la syphilis qui peuvent contaminer par simple ‘contact avec les séerétions corporelles, ou des objets sur lesquels elles se sont déposées. Corbin (1977) rappelle & quelles aberra- 34 Denise Jodelet tions ces eroyances ont donné lieu, dans le cas de la syphilis, jusque dans les milieux médicaux les plus autorisés, quelles @lucubrations ont été forgées & propos de la « syphilis des inno- cents » contaminés par inadvertance. Mémes menaces avec le sta et Pon sait les terreurs qu'elles ont inspirées et conti- auent Pinspirer malgré les démentis apportés par le corps médical, Cette résurgence de eroyances archaiques s'opére & la favour dun manque information. Mais sa force tient aussi & sa valeur symbolique : le danger du contact corporel est, depuis PAntiquité, un théme récurrent du discours raciste qui utilise la référence biologique pour fonder exclusion de Valtérité (Delacampagne, 1983). Quoi d’étonnant alors & voir un mouve- ‘ment comme le Front national unir sous le méme anathéme cimmigrés » et csidaiques », partir en guerre contre les risques de contagion que portent ces derniers, préconiser des précautions obsessionnelles pour le personnel sojgnant, et, pour le corps social, des mesures de protection allant jusqu’a la création espaces réservés dont le « sidatorium » aux sombres con- notations. Arrétons-nous un instant sur cet exemple. Un événement surgit dans Phorizon social qui ne peut laisser indifférent : mobilise peur, attention et une activité cognitive pour le comprendre, le maitriser et s'en défendre, Le manque d'infor- mation et Vincertitude de la science favorisent 'émergence de représentations qui vont circuler de bouche & oreille ou rebondir aun support médiatique & Vautre. Depuis la pancarte brandie dans les rues aux Etats-Unis (Jeanneney, 1987) : « Diew n'a pas eréé Adam ot Steve » (on notera qu’ici Pimage télévisée — les fils du feuilleton « Dynastie » dont l'un Steve est homosexuel — est élevée au rang de image biblique du couple — Adam et Eve — pour signifier T'llégitimité de Vinversion), jusqu’aux journaux, la télévision (investis, en outre, d'un role éducatif), et aux pamphlets politiques ow autres traités alarmistes (voir le Ghat ouvert autour du récent ouvrage de Masters et Johnson). Elaborées avec les « moyens du bord », ces représentations Sinsorivent dans des cadres de pensée préexistants, engagent une morale sociale, que Von fasse ou non Tamalgame entre danger physique et danger moral. La liberté du safe-sex s'oppose aux cvertus » de la tradition qui trouve Ia un nouveau cheval de bataille, soutenue par Pautorité religieuse. Valeurs et modéles Représentations sociales : un domaine en expansion 35 sociaux chargent de contenus différents le mot stp, la maladie ct ses vietimes. Des représentations biologiques correspondant a des savoirs enfouis dans la mémoire sociale rossurgissent, en raison de leur valence symbolique parfois orchestrée & des fins politiques et sociales. Des mots se forgent porteurs de représen~ tation : « sidaique » sonne comme « judaique », « sidatorium » comme « sanatorium » ou « erématorium », avec un: pouvoir aévocation tel quils induisent & ranger les malades dans une catégorie & part et A adopter ou justifier des conduites de discrimination. ‘Ainsi, deux reprécentations, I'ume morale autre biologique, sont construites pour accueillir un élément nouveau — et nous verrons qu'il «agit 1a dune fonction cognitive majeure de la représentation sociale. Elles s’étayent sur des valeurs variables selon les groupes sociaux dont elles tirent leurs significations ‘comme sur des savoirs antérieurs réactivés par une situation sociale particuliére —- et nous verrons qu’ll s’agit la de processus centraux dans J'élaboration représentative, Elles sont reliées & des systémes de ponsée plus Iarges,idéologiques ou culturels, dun état des connaissances scientifiques, comme ala condition sociale et A la sphare do Vexpérience privée et affective des individus. Les instances et relais institutionnels, les réseaux de com- munication médiatiques ou informels interviennent dans leur @laboration, owvrant la voie & des processus (influence, voire de manipulation sociale — et nous verrons qu'il s'agit la de factours déterminants dans Ia construction représentative. Ces représentations forment systéme et donnent lieu & des « théo- ries » spontanées, versions de la réalité qu'inearnent des images ‘ou que condensent des mots, les uns ot les autres chargés de significations — et nous verrons qu'il s'agit 18 des états qu’ap- préhende l'étude scientifique des représentations cociales, Enfin, A travers ces diverses significations, les représentations expri- ment ceux (individus ou groupes) qui les forgent et donnent de Tobjet qu’elles représentent une définition spécifique, Ces défi- nitions partagées par les membres d'un méme groupe cons- truisent une vision eonsensuelle de la réalité pour ce groupe. Cette vision, qui peut entrer en conflit avec celle d'autres groupes, est un guide pour les actions et échanges quotidiens —et nons verrons qu'il s’agit la des fonctions et de la dynamique sociales des représentations. 36 Denise Jodelet APPROCHES DE LA NOTION DE REPRESENTATION SOCIALE Cet exemple montre, comme tant autres auraient pu le faire, que les représentations sociales sont des phénoménes complexes toujours activés et agissant. dans la vie sociale. Dans leur richesse phénoménale on repére des éléments divers dont certains sont parfois étudiés de manidre isolée : éléments infor~ matifs, cognitifs, idéologiques, normatifs, croyances, valeurs, attitudes, opinions, images, etc. Mais cos élémonts sont toujours organisés sous V'espéce d'un savoir disant quelque chose sur état de la réalité. Et c'est cette totalité signifiante qui, en rapport avec l'aetion, se trouve au centre de investigation scientifique. Celle-ci se donne pour tiche de la décrire, Panalyser, Pexpli- quer on 50s dimensions, formes, processus et fonctionnement. Durkheim (1895) fut le premier & identifier de tels objets, comme productions mentales sociales relevant dune étude de « Pidéa- tion collective ». Moscoviei (1961) en renouvela ’analyse, insis- tant sur Ia spécificité des phénoménes représentatifS dans les sociétés contemporaines que caractérisent Vintensité et la flui- dité des échanges et communications, le développement de la science, la pluralité et la mobilité sociales. Notre exemple permet aussi @’approcher une premitre cara ‘térisation de la représentation sociale sur laquelle s'accorde la communauté scientifique. C'est une forme de connaissance, socialement élaborée et partagée, ayant une visée pratique et concourant a la construction d'une réalité commune & un ensemble social. Egalement désignée comme « savoir de sens commun » ou ‘encore « savoir naif », «naturel », cette forme de connaissance est distinguée, entre autres, de la connaissance scientifique. Mais elle est tenue pour un objet d’étude aussi Iégitime que cette demnitre en raison de son importance dans Ia vie sociale, de éclairage qu'elle apporte sur les processus eognitifs et les inter- actions sociales. ‘On reconnait généralement que les représentations sociales, fen tant que systmes d'interprétation régissant notre relation au monde et aux autres, orientent et organisent lee conduites et Tes communications sociales. De méme interviennent-elles dans des processus aussi variés que la diffusion et Passimilation Représentations sociales : un domaine en expansion aT des connaissances, le développement individuel et collectif, la Aéfinition des identités personnelles et sociales, expression des groupes, et les transformations sociales. En tant que phénoménes cognitifs, ils engagent Papparte- nanee sociale des individus avec les implications affectives et normatives, avec les intériorisations d’expériences, de pratiques, de modéles de conduites et de pensée, socialement inculqués ou transmis par Ia communication sociale, qui y sont liées. De ce fait leur étude constitue une contribution décisive al'approche de Ia vie mentale individuelle et collective, De ce point de vue, les représentations sociales sont abordées & la fois comme le produit et le processus d'une activité d'appropriation de la réalité extérieure & la pensée et d’élaboration psychologique ct sociale de cette réalité, C'est dire que l'on s'intéresse & une modalité de pensée, sous son aspect constituant — les pro- ‘cessus — ot constitué — les produits ou contenus. Modalité de pensée qui tiont sa epécificité de son caractire social. En effet, représenter ou se représenter correspond & un acte de pensée par lequel un sujet se rapporte & un objet. Celui-ci peut étre aussi bien une personne, une chose, un événement matériel, psychique ou social, un phénoméne naturel, une idée, tune théorie, ete. ; il peut étre aussi bien réel quiimaginaire ou mythique, mais il est toujours requis. Il n'y a pas de représen- tation sans objet. Quant & Vacte de pensée par lequel s’établit la relation entre le sujet et objet, il a des caractéristiques spé- cifiques par rapport & d’autres activités mentales (perceptive, conceptuelle, mémorielle, ete.). D'autre part Ia représentation ‘mentale, comme la représentation picturale, théatrale ou poli- tique, donne & voir cot objet, en tient lieu, est & sa place ; elle le rend présent quand il est lointain ou absent, Elle est done le représentant mental de objet qu’elle restitue symboliquement. En outre, contenu coneret de Pacte de pensée, elle porte la marque du sujet et de son activité, Ce dernier aspect renvoie au caractire constructif, oréatif, autonome de la représentation qui comporte une part de reconstruction, Pinterprétation de Fobjet ot d'expression du sujet. Cos caractéristiques générales du fait de représentation rene dent compte des focalisations de la recherche portant sur les représontations sociales. Prise on compte de la particularité des objets. Double centration sur les contenus et les processus. 38 Denise Jodelet Attention a la dimension sociale susceptible d'infléchir Pacti- ‘vité représontative et son produit. Partant de la richesse phéno- ménale observée intuitivement, les différentes approches vont découper des objets qui seront recueillis, analysés et manipulés igrice & des procédures empiriques certifiées, pour déboucher sur des construits scientifiques justiciables d'un traitement théo- sique. La richesse de la notion de représentation comme Ix diversité des courants de recherche prétent & des angles d’at- taque ot des optiques variés dans le traitement des phénoménes représontatifs, Nous allons tenter de suivre quelques pistes majeures, Mais @abord un constat. viraniré, TRANSVERSALITE, comPLEXITE Quiconque rogarde le champ de recherche aujourd'hui eris- tallis6 autour de la notion de représentation sociale ne mancquera pas de relever trois partioularités saillantes : Ia vitalité, Ia transversalité et 1a complexité. ‘La vitalité, voici une notion désormais consacrée dans les sciences humaines par un usage qui tend & se généraliser depuis tune décade, mais fut, depuis Durkheim, rien moins que cons- tant. Rapidement tombée en aésuétude, 1a notion de représen~ tation sociale, aprés avoir été remise en lumire dans la psycho- logie sociale par Moscovici, eut encore & connaitre ume période de Tatence avant de mobiliser un vaste courant de recherche dont la bibliographie fgurant en téte de cot ouvrage donne uno pre- mitre idée, Attestont de ce xegain non seulement Je nombre des publications, mais aussi la diversité des pays oitelleest employée, Ges domaines ob elle est appliqués, des approches méthodolo- sgiques et théoriques qu’elle inspire. ‘Une telle conquéte sexplique par la levée obstacles de type épistémologique qui ont empéché le déploiement de la notion. Moseoviei (chap. 2) envisage, de ce point de vue, la période qui a précédé sa reprise de la notion de représentation fociale. Pour la période qui Ya suivie, j'ai indiqué ailleurs (Jodelet, 1984, 1985) comment son développement cut & pair, entre autres, d'un double verrouillage. En psychologie d’abord, fen raison de la dominance du modile behavioriste qui déniait Représentations sociales : un domaine en. expansion 39 toute validité & Ja prise en compte des phénoménes mentaux et de lour spécificité. Dans les seiences sociales, ensuite, en raison de la dominance d'un modéle marxiste dont la conception méca- iste des rapports entre infra et super-structure deniait toute légitimité & ce domaine d’étude tenu pour peuplé de purs xeflets ‘ou soupconné d'idéalisme, Mais Pévotution des recherches et les changements de paradigmes dans les diverses sciences humaines devaient redonner & la notion toute son actualité, ouvrant des perspectives fécondes et des recherches nouvelles, En psychologie un renversement décrit par Markus et Zajone (1987) s'est produit qui fait rejoindre le point de vue défendu dds 1961 par Moscoviei. Avec le déclin du behaviorisme et les crévolutions » du new-look, dans les années 70, et du cogni- tivisme, dans les années 80, le paradigme c stimulus-réponse » (S-R) s'est progressivement enrichi. Dans un premier temps le sujet — dénommé organisme — est intégré dans le schéma originel comme instance médiatrice entre le stimulus et la réponse, ce que traduit Ie schéma S-O-R. Dans un deuxiéme temps, avee la prise en compte des structures mentales, los représentations, états psychologiques internes correspondant & ‘une construction cognitive active de Penvironnement, tributaire do facteurs individuels et sociaux, recoivent un role eréateur dans le processus d'élaboration de Ia conduite. Ce qu’exprime le schéma 0-8-O-R, qui coincide avec celui que Moscoviei pro- posait dans sa critique du schéma S-R en disant que la repré- sentation détermine a la fois le stimulus et la réponse, qu'll n'y ‘a« pas de coupure entre univers extérieur et Punivers intérieur de Pindividu (ou du groupe) » (1969, p. 9). Le concept, qui fut rénovateur en psychologie sociale, appa~ raft comme réunificateur dans les sciences sociales. Le change- mont des conceptions de Vidéologie (devenue, ave les travaux de Pécole althussérienne, instance autonome, cadre de toute pratique, produisant des effets de connaissance et dotée d'une efficace propre) conduit & surmonter les apories de la hiérarchi- sation des niveaux de la structure sociale et & xébabiliter 1a représentation. Celle-ci est congue par Vhistorien comme un élé- ment nécessaire de la chaine conceptuelle permettant de penser «cles rapports entre le matériel et Je mental dans Iévolution des sociétés » (Duby, 1978, p. 20). Elle se voit conférer par l'anthro- pologue la propriété de particulariser dans chaque formation 40 Denise Jodelet sociale Pordre culturel (Hétitier, 1979), d’étre constitutive du Hel ot de Vorganisation sociale (Augé, 1974; Godelier, 1984), avoir une effieacité propre dans leur devenir. Pour le socio~ Jogue, elle rend compte des comportements politiques (Michelat et Simon, 1977) et religieux (Maftre, 1972) et apparait, via son bjectivation dans le langage et sa mise en acceptabilité par le discours politique, comme un facteur de transformation sociale (Bourdien, 1982 ; Faye, 1973). Propriétés assignées & la repré- sentation sociale dés 1961 par Moscoviei avec lequel converge, par ailleurs, Te sociologie de Ia connaissance élaborée dans le tadre de Tinteractionnisme eymbolique (Berger et Luckman, 1966), Pethno-méthodologie (Cicourel, 1973), 1a phénoménologic (Gelwtz, 1962) qui rapportent La réalité cooiale & une construc- ‘ton consonsuelle, établie dans "interaction ot la communication. Cette dynamique, qui déborde largement les limites du domaine psychosociologique, ne suit pas cependant & rendre compte de Ia physionomie actuelle de ce dernier. Il faut aussi Se rapporter ala fécondité de la notion, mesurable a la diversité des perspectives et des débats qu'elle suscite. L’une des raisons qui ont amené Moscovici (1969, 1984) a renouer avec I'usage de {a notion fut Ia réaction contre Vinsuffisance des eoncepts de la psychologie sociale, Ia limitation de ses objets et paradigmes. Cette perspective critique a puentrainer uncertain flow notionnel «qui fat ausci raison de fécondité. Il a en effet autorisé des entre~ prises empiriques et conceptuelles diverses et articulation de Ir conception psychosociologique & celle d’autres disciplines. ‘Lest aussi raison de vitalité dans la mesure oit il autorise des jnterprétations multiples de la notion et dos discussions qui sont source davancées théoriques. Ce bourgeonnement a diree- tement A voir avec les autres caracttres que nous avons men- tionnés : la transverealité et la complexité. Située & Pinterface du psychologique ot du social 1a notion vocation pour intéresser toutes les sciences hummaines. On la rotrouve a Teouvre en sociologie, anthropologie et histoire, ‘eudige dans ses rapports A 'idéologie, aux eyst#mes symboliques fot aux attitudes sociales que reflétent les mentalités. Sperber (chap. 4), et Laplantine (chap. 18) illustrent ainsi Popérativité Qe Tn notion et son eurichissement en anthropologie. Elle rejoint également, via les processus eognitifs qu'elle implique, Te champ de la psychologic cognitive, de la cognition sociale Représentations sociales : un domaine en expansion 41 avec laquelle Doise (chap. 10 et 16), Semin (chap. 11), Hews- tone (chap. 12) examinent quelques articulations. Reavoyant ‘rune forme de pensée, on étude reléve aussi dela logique abordée sous son aspect naturel par Grize (chap. 6) ou social par Win- dish (chap. 7). Ce nest pas tout. Comme le montrent Kags (chap. 3), Chombart de Lauwe et Feuerhahn (chap. 15), on peut observer dans la production représentative le jeu de la fantasmatique individuelle et de Timaginaire social, ce qui nous renvoie & la psychanalyse. De méme, le réle du langage dans les phénoménes représentatifs qu’analyse Harré (chap. 5) engage aussi Ia réflexion des théoriciens du langage (Fodor, 1981; Searle, 1983). Cette multiplicité de relations avee des disciplines voisines confére au traitement psychosociologique de la représentation un statut transverse qui intexpelle et articule divers champs de recherche, réclamant, non ne juxta~ position mais une réelle coordination de leurs points de vue. Dans cette trausversalité réside sans doute I'un des apports les plus prometteurs de ee domaine d’étude. ?Partant, la notion de représentation sociale présente comme es phénoménes qu’elle permet d’aborder une certaine co plexité et dans sa définition et dans son traitement. « Sa posi- tion mixte au carrefour d'une série de concepts sociologiques et de concepts prychologiques » (Moscovici, 1976, p. 39) implique quielle soit mise en rapport aveo des processus relevant d’une dynamique sociale et d'une dynamique psychique et que soit @laboré un systéme théorique luk-méme complexe. On doit prendre en compte d’um cété Ie fonctionnement cognitif ot ceclui de Pappareil psychique, de autre le fonctionnement du systéme social, des groupes et des interactions pour sutant quills affectont la genése, In structure et Pévolution des repré= sentations et sont concernés par leur intervention. Vaste pro- ‘gramme qui est Join d’étre accompli, s'il est en voie de réalisa tion, comme nous le verrons. Mais il faut le dire : les représen- tations sociales doivent étre étadiées en articulant éléments affectifs, mentaux et sociaux et en intégrant & edté de la cognition, du langage et de la communication, la prise on compte des rapports sociaux qui affectent les représentations ot Ia réalité matérielle, sociale et idéelle sur laquelle elles ont & intervenir, Crest dans cette visée que Mosoviei a formulé et Aéveloppé sa théorie (cf. notamment 1976, 1981, 1982, 1984). 42 Denise Jodelet ‘Une théorie qui constitue la scule tentative systématique et globale existant & ce jour, comme le rappelle Heralich (1972). En effet, dans une exploration en perpétuelle tension entre Je péle psychologique et le pale sovial, les différents travawx menés en laboratoire et sur le terrain se sont Ie plus souvent focalisés, par souci heuristique, sur des aspects bien circons- crits des phénoménes représentatifs, Non sans courir parfois le risque de les ramener & des événements intra-individuels ou de Jes diluer dans des processus idéologiques ou culturels, Limita~ tions et réductionnismes dont le développement théorique de la notion ne peut que patir et qu’il fout éviter ainsi que le souligne Doise : «La pluralité d’approches de la notion et Ia pluralité de significations qu'elles véhiculent en font un instrument de tra- ‘vail dificile A manipuler. Mais la richesse et la variété méme des travaux inspirés par cette notion font qu'on hésiterait méme &la faire évoluer par wn réductionnisme qui privilégierait par exemple une approche exelusivement psychologique ou socio- logique. Ce serait précisément enlever a la notion sa fonction articulation de différents systémes explicatifs. On ne peut pas liminer de la notion de représentation sociale les références aux multiples processus individuels, interindividuels, intergroupes et idéologiques qui souvent entrent en résonance les uns avec les autres et dont les dynamiques-Pensemble aboutissont & ces séalités vivantes que sont en derniére instance les représenta~ tions sociales » (1986, p. 19, 83). Aussi, est-ce dans une approche respectant la complenité des phénoménes et de la notion que doit se développer Ia théorie, méme si cela parait une gageure. VesrAce ETUDE DES REPRESENTATIONS SOCIALES En plus de vingt ans, s'est constitué, particulitrement on. psychologic sociale, un champ ayant feit Pobjet de revues et commentaires divers (Codol, 1969 ; Farr, 1977, 1984, 1987 : Harré, 1984; Hervlich, 1972; Jodelet, 1984; Potter et Lit- ton, 1985) et dont les acquis présentent des convergences cer taines. Néanmoins, la multiplieité des perspectives y dessine ds territoires plus ou moins autonomes par P'accent mis sur des aspects spécifiques des phénoménes représentatifs. TI en résulte un espace d’étude multidimensionnel que nous allons Roprésentations sociales : un domaine en expansion 48 cessayer de balisor on nous sidant du tableau I (p. 44) qui syn- ‘thétise les problématiques et leurs axes de développement. ‘Au centre de ce tableau figure le schéma de base caractéri- sant la reprécentation comme une forme de sovoir pratique reliant tun sujet & un objet. Tous se rejoignent sur ce echéma méme sls ‘conféxent & ces termes une portée et des implications variables. Nous y retrouvons des éléments et relations, déja mentionnés, dont les recherches se donnent pour but de spécifier et expliquer les modalités. Rappelons-les avant de survoler les recherches : a" La représentation sociale est toujours représentation de quelque chose (Pobjet) et de quelqu'un (le sujet). Les earacté istiques du sujet et de Pobjet auront une incidence sur ee quielle est. “La représentation sociale est avee son objet dans un rap- port de«symbolisation », ello en tient liew, et « dinterprétation », tlle Ini confére des significations. Ces significations résultent une activité qui fait de la représentation une « construction » fet une « expression » du sujet. Cette activité peut renvoyer soit 4 des processus cognitifs — le sujet est aloxs considéré d'un point de vue épistémique — soit & des mécanismes intrapsychiques (projections fantasmatiques, investissements pulsionnels, iden- titaires, motivations, etc.) — le sujet est alors considéré d'un point de vue psychologique. Mais In particularité de Pétude des Feprécentations sociales est d'intégrer dans l'analyse de cos pro- cessus Pappartenance et la participation sociales ou culturelles ddu sujet. C'est ee qui la distingue dune perspective purement cognitiviste ou clinique. D’autre part, elle peut aussi s'attacher A Tactivité mentale d'un groupe ou d'une collectivité, ou ‘considérer cette activité comme Peffet de processus idéologiques (qui traversent les individus. Nous aurons @ xevenir sur ces points essenticls, “= 'Forme de savoir, la représentation se présentera comme rune « modélisation » de Vobjet directement lisible dans, ou inférée do, divers supports linguistiques, comportomentaux ou matériels. ‘Toute étude de représentation passera par une ena lyse des earactéristiques liées au fait qu’elle est une forme de ‘connaissance, —— Qualifier oe savoir de « pratique » réfere & 'expérience & partir de laquelle il est produit, aux cadres et conditions dans Tesquels il Pest, ct eurtout au fait que Ia représentation cert & Représentations sociales : wn domaine en expansion. 45 agir sur le monde et autrui. Ce qui débouche sur ses fonctions 4 t ef con efficacité sociales. La position occupée par la représen g i i a tation dans l’ajustement pratique du sujet & son environnement, g 3 i g Ja fera qualifier par certains de compromis psychosocial. se i 5 : i Les questions que soulive Particulation de cet ensemble Be i : iG @Aéments et de relations peuvent étre condensées dans Ia | 5 z € go: tt formule suivante : « Qui sait et doit sait-on ? » — © Que et com- |e i 2 7s 3 ‘ment sait-on ?» — « Sur quoi sait-on et avec quel effet? », Ces inter~ ag § rogations débouchent sur trois ordres de problématiques. qui | ls sont présentées on allant de gauche & droite dans le Tableau I : _| & 4 a | conditions de production et de circulation ; 6 | processus et gi Gtats ; ¢/ statut épistémologique des représentations sociales. : : ar {Ces problématiques sont interdépendantes et subsument les i i gG thimes des travaux théoriques et empiriques. : 5 sG le rapport de la représentation a la science et & la société qu'il = a 3 7 ee faut se tourer, En effet, quand Moseoviei a renoué avec le of 3 8 io iee|es concept de Durkheim, ce ne fut pas seulement dans une pers- a8 : s fg] 22 ]ées peetive critique, qui était ailleurs assortie d'une visée cons- ee 3 i ele) ga 122 Eructive : donner a la prychologie sociale des objets et outils ES : 5 5 Peele conceptuels permettant une connaissance cumulative, en prise - = fF & : 3 avec les véritables questions posées par la vie sociale. L'ouvrage $ 4 i ‘La psychanalyse, son image et son public, suivant la dérive d’une gee z8 ‘théorie scientifique, la psychanalyse, A mesure de sa pénétration : i 2! dans la soviété, entendait contribuer A une paychosociologie de 8 - gs Ja connaissance alors inexistante A cété d'une sociologie de la 22 connaissance florissante et d'une épistémologie du sens commun 24 A peine naissante (Heider, 1958). Cette étude du « choc » entre te ‘une théorie et des modes de pensée propres & différents groupes q sociaux cernait comment s’opére la transformation d'un savoir Be 3 (Goientifique) dans un autre (sens commun) et réciproquement. Fed id ‘Deux axes de préoccupation y sont associés. Le premier sattache & t {ila fabrication d’une connaissance « populaire », & Pappropria~ xe i tion sociale de la seience par une « cociété pensante », composée 3 i de « savants amateurs », et & étude des caractires distinctife = 4 de Ia pensée naturelle eu égard & la pensée scientifique (Moseo- Bg 7 Vici e¢ Hewstone, 1983, 1984). Le second axe concerne Ia diffu- ‘ ‘Son des connaissances & laquelle font référence Schiele et “ Boucher (chap. 19). Awx travaux examinant Pinterdépendance centre les processus de représentation et de vulgarisation (Acker- 6 Denise Jodelet mann et al., 1963, 1971, 1973-1974; Barbichon, 1972; Roqueplo, 1974), fait Echo accent porté, avec une insistance croissante, en didactique des sciences et formation des adultes, sur le réle des représentations sociales comme systéme d’accueil pouvant faire obstaclo ou servir de point d’appui & Tassimilation du savoir scientifique et technique (Albertini ot Dassault, 1984; ‘Astolfi, Giordan et al., 1978 ; Audigier et al., 1986). Ces deux optiques convergent sur le fait que la connaissance ‘naive » ne doit pas étre invalidée comme fausse on biaisée. Ce qui va a Pencontre de certains postulats cognitivistes selon les- quels existeraient des « biais » naturels, inhérents au fonetionne- ment mental spontané, par exemple dans 'attribution de esu- salité, Ils’agit d'une connaissance « autre » que celle dela science mais qui est adaptée A, et corroborée par, Daction sur le monde. Sa spécificité dont rendent compte ume formation et des fina lités sociales, est un objet d’étude épistémologique non seule- ment légitime mais nécessaire pour comprendre pleinement les mécanismes de la pensée et pertinent pour traiter du savoir scientifique lui-méme, ce dont Palmonari et Zani (chap. 14) donnent un exemple & propos de la psychologie. ‘Nous rejoignons iei un postulat fondamental dans V'étude des représentations sociales + celui d'une interrelation, d'une correspondance, entre les formes organisation et de communi- cation sociales et Jes modalités do la pensée sociale, envisagée sous langle de ses catégories, de ses opérations, et de ss logique. Tl troava sa formulation premiére chez Durkheim qui insistait sur l'isomorphie entre représentations et institutions : les caté- gories servant a la classification des choses sont solidaires des formes de groupement social, los relations entre classes Te sont de celles qui organisent Ia société. Il fut différemment développé selon que les auteurs ont porté lour attention sur le lien existant entre communication sociale d'une part, structure sociale de Tautre, et représentations. DU ROLE DE LA COMMUNICATION Ce postulat est une hypothise forte chez Moscoviei qui explique les phénoménes cognitifs en partant des divisions et es interactions sociales. Ila particulidrement insisté sur le Représentations sociales + un domaine en expansion " rile do la communication sociale pour plusicurs raisons. Tout @abord, il s'agit dun objet propre & la psychologic sociale qui contribue ainsi de fagon originale & approche des phénoménes cognitifs. Ensuite, la communication joue un réle fondamental dans les échanges et interactions qui coucourent & institution un univers consensuel. Enfin, elle renvoie & des phénoménes dinfluence et appartenance sociales décicifs dans l’élaboration des systdmes intellectuels et de leurs formes. L'incidence de Ja communication est examinge par Moscovici & trois miveaux : 1] au niveau de l'émergence des représentations dont les condi: tions affectent les aspects cognitifs. Au nombre de ees con tions se rangent : Ja dispersion ct le décalage des informations concernant Pobjet représenté et qui sont inégalement acces: sibles selon les groupes ; la focalisation sur certains aspects de Tobjet en fonction des intéréts ot de Timplication des sujets 5 Ja pression & Vinférence due & la nécessité dagir, prendre posi- ‘tion on obtenirla reconnaissance ot 'adhésion des autres. Autant aéments qui vont difféxencier la pensée naturelle dans ses ‘opérations, sa logique et son style, 2 / Au niveau des processus de formation des représentations, Vobjectivation et Vancrage qui rondent compte de nterdépendance entre Pactivité cogni- tive et ses conditions sociales d’exercice, aux plans de Pagence ment des contenis, des significations et de I'utilité qui leur sont conférés. 3/ Au nivean des dimensions des représentations ayant trait & Védification de la conduite : opinion, attitude, stéréotype sur lesquelles interviennent les systémes de communi- cation médiatiques. Ceux-ci, selon les effets rechorehés sur leur audience, présentent des propriétés structurales différentes correspondant a Ia diffusion, la propagation ct la propagande. La diffusion est mise en rapport avec la formation des opinions, In propagation avee celle des attitudes et 1a propagande ave celle des stéréotypes. ‘Ainsi la communication sociale, sous ses aspects interindi ‘viduels, institutionnels et médiatiques apparait-ello comme condition de possibilité et de détermination des représentations tt de la pensée sociales. De nombreux auteurs ont développé les implications d'un tel statut. Grize (1984 ot ici) rapporte les processus do schématisation des représentations et les propriétés de la logique naturelle aux rapports d'influence engagés dans les situations d'interlocution, influence qui vise a faire de ses 8 Denise Jodelet idées dos évidences objectives. De méme les rapports d'influence fondent le réle de Ia communication dans les miliewx scienti- fiques (Knorr-Cetina, 1981) quand il s’agit de la fabrication de la science ot de ses faite : « Do toutes les activités humaines la fabrication des faits est la plus intensément sociale, telle est Vévidence qui permit naguére la sociologie dos sciences de prendre son essor. Le sort d'un énoneé est, littéralement, entre Jes mains d°une foule ; chacun peut le laisser tomber, le contre- dire, le traduire, le modifier, lo transformer en artefact, le tourner en dérision, Vintroduire dans un autre contexte a titre de pré- 1isse, ou dans certains cas, le vrifier, le certifier et le passer tel quel & quelqu’um d’autre, lequel & son tour, ete. Le mot “c'est sun fait” ne définit pas lessence de certains énoncés, mais certains parcours dans une foule » (Latour, 1983). Ce parcours ne concerne pas seulement le fait scientifique. Test & la base de bien des productions mentales institution- nelles. Ceci est particulidrement visible dans les eommunautés rurbaines ou rurales dont Punité et Pidentité sont assurées par les échanges informels établis entre les groupes « co-actifs » (Maget, 1955) qui les composent. Ceux-ci partagent le méme type d’acti~ vité, constituant de maniére dialogique le systime normatif et notionnel qui régit leur vie professionnelle et quotidienne. Ce processus éclaire les éeueils rencontrés par le transfert ot le changement technologique dont Darré (1985) donne un exemple, | propos de I’élevage en milieu paysan. Il existe également des resorts émotionnels ala fabrication des faits. La communication sert alors de soupape pour libérer les sentiments dysphoriques suscités par des situations collectives anxiogénes ou mal tolé- xées. Ainsi des phénoménes de rumeurs qui surgissent souvent en milieu urhain a Foceasion de erises, de conflits intergroupes (Morin, 1970). La peur, le rejot de Paltérité entre autres susci- tent des échanges qui donnent corps & des informations ou événements fictifs. Ainsi se eréent de véritables « légendes urbaines » (Brunvand, 1981) dont les thémes présentent une remarquable stabilité dans le temps et Pespace (Campion- Vincent, 1989). La mise on acte de l'imaginaire collectif dans Ja communication est aussi illustrée par le discours sur V'insé- curité (Ackermann, Dulong, Jeudy, 1983). Les xécits que les’ victimes d'agression (vols, attaques, etc.) font de ce qui leur est arrivé suivent & la lettre um méme scénario repris Représentations sociales : un domaine en expansion 9 collectivement et permettent de se situer dans une méme ccatégorie vietimisée, forme d'une nouvelle solidarité sociale. Et ‘nous avons relevé des phénoménes similaires & propos du s1D4. Sperber insiste dans son chapitre sur importance de considérer Ie circulation des représentations oulturelles, Sa romarque va au-deli de Panthropologie, Les recherches. qui abordent les représentations comme des formes d'expression culturelle renvoient plus ou moins directement & de tels pro- ccessus de diffusion, qu'il s'agisse des codes sociaux servant a interpréter les expériences de individu en société — par exemple celle de Ia maladie (Heralich, 1969) — des valeurs et modales servant & définir un statut social — par exemple, la femnme, Venfant (Chombart de Lauwe, 1963, 1971) —, eelle des symboles et invariants servant & penser des entités collectives par exemple, le groupe (Kas, 1976), la folie (Schurmans, 1985). De ces exemples, ressort Fimportance primordiale de la com- munication dans les phénoménes représentatifs, Tout d'abord, elle est le vecteur de transmission du langage, lui-méme porteur de représentations. Ensuite, elle a une incidence sur les aspects structurels et formels de la pensée sociale, pour autant qu'elle ‘engage des processus interaction sociale, influence, consensus fou dissensus et polémique. Enfin, elle concourt & forger des représentations qui, étayées sur une énorgétique sociale, sont pertinentes pour la vie pratique et affective des groupes. Ener- gétique et pertinence sociales qui rendent compte, & cbté du pouvoir performatif des mots et discours, de la force avee Jaquelle les représentations instaurent des versions de la réalité, communes ot partagées. Le SOCIAL : DU PARTAGE A LA vi COLLECTIVE ‘Voici qui donne toute sa portée au partage social des repré- sontations. Leur caractére est souvent ramené a leur extensivité au sein d'un groupe ou de la société, ce qui donne lieu & certaines critiques (Harré, 1985) éailleurs formulées des 1961 par Mosco- viei. Ce oritdxe risque d'8tre purement formel et réducteur si on n’est pas attentif & la dynamique sociale qui le sous-tend. Peut- on dire, en effet, que l'on partage une méme idée, une méme 50 Denise Jodolet représentation, comme on partage un méme sort ? I ne semble pas, car Ia représentation suppose un processus d'adhésion et de participation qui la rapproche de la eroyance. Comme le remarque Veyne i propos desmentalités, les connotations sociales de Ia connaissance ne tiennent pas tant & sa distribution chez plusieurs individus, qu’a ce que «la pensée en chacun d’eux est, de diverses maniéres, marquée par le fait que les autres la pen sent aussi » (1974, p. 74). On adopte de confiance ce que disent les experts dont on ne peut avoir la connaissance par une sorte de « division du travail linguistique » (Putnam, 1975). De plus, Vintériorisation d’autrui favorise « I’édification des chateaux de cartes (oit chaque individu est une carte) qui s'écroulent un beau jour parce que Pappui de tous sur tous s'est éoroulé » (Veyne, id., p. 80). Gertes, il y a des représentations qui nous échoient toutes faites ou qui « traversent » les individus, Celles qu'impose une idéologie dominante, on celles qui sont liées & une condition définie au sein de la structure sociale, Mais méme dans cvs cas, le partage implique une dynamique sociale qui rend compte de la spécificité des représentations. C'est ce que développent les recherches rapportant le caractare social de la représentation & inscription sociale des individus. La place, la position sociale qwoceupent ces derniers, ou les fonctions quils remplissent, déterminont les contenus représentationnels et leur organisation, via le rapport idéologique qu’ils entretiennent avec Ie monde social (Plon, 1972), les normes institutionnelles et les modiles idéologiques auxquels ils obéissent. Gilly (chap. 12) examine Varticulation entre ces éléments dans le cas du systéme édu- catif. Vergés (chap. 18) analyse dans une optique similaire les composants et déterminants des représentations économiques. Diautzes travaux, tels coux de Kaée (1968) ot Larrue (1972) sur les représentations de la culture illustrent que le fait de par- tager une méme condition sociale (la condition ouvritxe) qui saccompagne d'une relation au monde, de valeurs, moddles de ‘vie, de contraintes ou désirs spécifiques, produit des effets sur la fagon de concevoir la culture. De méme pour la contrainte qu’exerce Vidéologie diffusée par des appareils d’Etat tel celui de la justice (Robert et Faugeron, 1978) et qui structure, via ds attitudes sociales, les champs de représentation concernant Jes différents domaines et acteurs du systéme pénal, Dans tous Représentations sociales : un domaine en expansion 31 cas, le partage social est référé & un jeu de déterminations liges & la structure ot aux rapports sociaux. ‘Ceopendant, méme dans ees cas de détermination ott le par- tage des représentations est un donné préexistant & la commu nication, on peut observer des phénoménes d’adhésion aux formes de pensée de la classe, du milieu ou du groupe d’appar- tenance, en raison de la solidarité et de I'afiliation sociales, Partager une idée, un langage, c"est aussi affirmer un lien social et une identivé, Les exemples no manquent pas oi cette fonction ost évidente, ne serait-ee que dans la sphére religieuse ou poli- tique. Le partage sert & Vaffirmation symbolique d'une unité cet d’ume appartenance. Ladhésion collective contribue & I’éta- Dlissement et au renforcement du lien social. Or comme le emarque Douglas (1986), dans les sciences sociales on s'est pen attaché ¢ au réle de la cognition dans la formation du lien social » (p-19) et d’ajouter qu'on y prend peu on compte ce que pourtant Yon sait fort bien : « Les groupes ont une influence sur la pensée de leurs membres et méme développent des styles de pensée dis- tinctifs» (p. 21). En regardant du c6té des représentations et des, solidarités qu’elles engagent, nous sommes en mesure d’éclairer les aspects cognitifs qui font la matiére et la trame de la vie sociale. L’extensivité des représentations permet alors de saisir, ‘au niveau des attributs intellectuels d'une collectivité, expres sion de sa particularité, C'est ec qu’a montré Moscoviei & propos des représentations de la psychanalyse par lesquelles les différents groupes définissont leurs contours et leur identité. Expression Hdentitaire d6ja soulignée par Durkheim : «Ce que les représenta~ tions collectives traduisent c'est la fagon dont le groupe se pense dans ses rapports avec les objets qui Paffectent » (1895, p. xv11) FONCTIONS SOCIALES ET RAPPORT AU REEL On congoit, dés lors, que la représentation remplisse cer taines fonctions dans le maintien de Pidentité sociale et de léqui- libre sociocognitif qui sy trouve lié. Iln’est qu’a voir les défonses mobilisées par V'irruption de la nouveauté. Quand la psychana~ lyse est apparue, elle fut ressentie comme une menace parce quelle contrevenait aux valeurs et modéles de pensée en viguour dans différents groupes religieux ou politiques. De méme voit-on dos familles politiques considérer comme dangereux le fait de 52 Denise Jodelet stinformer sur la théorie marxiste ou den parler, comme si cela risquait de bouleverser leurs cadres montaux, Quand, néanmoins, a nouveauté est incontournable, & Pévitement suectde un travail d’ancrage visant A la familiariser, la transformer pour Vintégrer dans univers de pensée préexistant. Travail qui cor- respond a une fonction cognitive essentielle de la représentation et peut aussi concerner tout élément étrange ou inconnu dans environnement social ou idéel. Mugny et Carugati (1985) font, a propos des représentations de Tintelligence, une analyse sub- tile de cette dialectique. La disparité d'intelligence apparait, quand on ne dispose pas information sur ses causes sociales (heritage culturel, réle différenciateur de 'école) comme une étrangeté qui focalise attention et conduit a chercher une expli cation dans Pidéologic du don, masquant et naturalisant les inégalités sociales. Cette idéologie satisfait & un principe d’éeo- nomie cognitive et se trouve d’autant plus facilement invoquée que Videntité soviale est mise en cause par les différences Pintel- ligence, comme e’est le eas pour les parents et les enseignants. De Ia sorte, s’ajoute & la fonction cognitive une fonction de protection et de légitimation. Processus également observables a échelle collective. Dai montré (1985) que dans une communauté rurale ot vivent en liberté des malades mentaux, Ia population construit un systéme de représentations de Ia folie qui lui permet non seulement de gérer son interaction quotidienne avec ees derniers, mais aussi de se défendre contre une présence qu'elle juge dangereuse pour sonimage ctsonintégrité. Elle craint d’étre assimilée auxmalades et ne peut accepter quills soient intégrés & part entire dans Te tissu social. Elle développe une représentation de la folie postu- ant une insuffisance du contréle oérébral sur le fonctionnement. organique et mental, qui créerait un obstacle dirimant & la reprise d'une activité et d'une place sociales normales. Ceci ps met de maintenir les malades dans un statut aliéné et restrictif, de s‘opposer & toute revendication de s'insérer, sur un pied égalité, dans la localité. Par quoi la représentation s’apparente a Pidéologi Ces fonctions s’ajoutent a celles dorientation des conduites et communications, de justification anticipée ou rétrospective des interactions sociales ou relations intergroupes (Doise, 1973). Par quoi nous touchons a une autre spécifieation du caractére Représentations sociales : un domaine en expansion 58 social des représentations. Avec deux conséquences majeures, quoique différentes. L?une conceme P’étude des représentations : Je social n'est pas unidimensionnel dans les représentations, et Fon peut sattendre a devoir le référer, selon les cas, au partage et/ou aux déterminations, et/ou aux fonctions sociales de la représentation. ‘La deuxidme conséquence renvoie au statut épistémologique de Ia représentation. De ce que nous venons de Voir, ressort son caractire pratique, c'est-i-dire orienté vers Paction et la ges- tion da rapport au monde. Elle reste, comme le dit Piaget (1976), tun mode de connaissance « socio-contrique », an service des besoins, désirs, intéréts du groupe. Cotte finalité, le fait que la représentation soit une reconstruction de Pobjet, expressive du sujet entrainent un décalage avec son référent. Ce déealage peut atro da également & Vintervention spécifiante des valeurs et codes collectifs, des implications personnelles et. des engage- ‘ments sociaux des individus. Il produit trois types d’effet au niveau des contenus représentatifs : des distorsions, des supplé- mentations et des défaleations. ‘Dans le cas de la distorsion, tous les attributs de objet représenté sont prévents mais accentués ou minorés de fagon spécifique. Ainsi en va-t-il des transformations dans Vévaluation des qualités d'un objet, d'un acte, pour réduire une dissonance cognitive (Festinger, 1957). Autre exemple pris chez Chombart de Lauwe (1984) : la représentation de eatégories sociales domi- nées (les enfants ou les femmes) qui s'élabore en référence a une catégorie dominante (Jes adultes ou les hommes). Les doxainés font des traits semblables & ceux des dominants dont ile sont eependant démarqués de deux manitres. Soit par un méca- ime de « réduetion » : présence des mémes caractéristiques, mais sous forme atténuée, en qualité moindre ; dans l'image que Jes médias donnent des enfants, les filles se comportent comme Jes gargons mais leur autonomie vis-a-vis de entourage est plus faible. Soit par un mécanisme « inversion » : le domin€ pré- sente les caractires inverses de ceux du dominant ; Fimage de Tonfant « authentique » est ainsi le reflet renversé de celle de Padulte en société. ‘La supplémentation qui consiste & conférer & Pobjet repré- senté des attributs, des connotations qui ne lui appartiennent pas en propre, procéde d'un rajout de significations da & Pinves- 34 Denise Jodelet tissement du sujet ct A son imaginaire. Analysant le « préjugé en action », Doise (1980) rappelle des résultats expérimentaux mettant en évidence une tendance & projeter sur autrui des traits que Pon posséde, surtout si Yon oroit que ces traits sont évalués défavorablement : 1a projection sur autrui sert & res- taurer 'estime de soi, une représentation d’autrui conforme a soi valorise sa propre image construite eu égard & des groupes de référence. Dans une étude sur environnement, Lugassy (1970) ilkustre ce sureroit connotatif & propos des représentations dela cnature » et dela cforét », La premibre est chargée de signi+ fications opposées a celles de la ville, espace de contraintes sociales la seconde lest d'images infantiles renvoyant au corps et ala sexualité, Enfin, la défaleation correspond & la suppression d’attributs appartenant a Pobjet. Elle résulte, dans la plupart des cas, de TFeffet répressif des normes sociales. On en trouve une illustra- tion désormais classique dans le schéma figuratif de la théorie psychanalytique dégagé par Moscoviei (1976). La représonta~ ‘tion comporte des concepts centraux : conscient, inconscient, refoulement, complexe, mais exclut un concept, tout aussi central,la libido, en raison de son association & la sexualité sur laquelle pése, au moment de l'étude, un veto social. De méme verra-t-on la sexualité des handicapés mentaux représentée de fagon radicalement différente chez leurs éducateurs et leurs parents, en raison des rbles respectifs de ces derniers, de leur refus commun de «identifier a cux. Les premiers attribuent aux enfants une sexualité « sauvage », brutale et sans affectivité alors que les seconds ont de leurs enfants une vision désexualisée mais débordante daffectivité (Giami et al., 1983). TATS EP PROCESSUS REPRESENTATIONNELS Le rapport & un référent objectif débouche sur lo volet central de notre tableau : les états et processus caractérisant la représentation comme forme de savoir. C'est finir notre parcours sur ce qui est xu cour de toutes les recherches, le phénoméne cognitif, aprés avoir mis en place ce qui on définit aspect social ‘et fonctionnel, les conditions qui régissent sa gendse, son fone- tionnement et son eflicace. Représentations sociales : un domaine en expansion 58, L'étude du phénoméne cognitif se fait & partir des contenus représentatifs, saisis dane différents supports : langage, dis- cours, documents, pratiques, dispositifs matériels, sans pré- juger, pour certains auteurs, de Pexistence correspondante @événcments intra-individuels, ou Chypostases collectives (esprit, conscience de groupe). Travailler sur des contenus objee- tivés permet de ne pas grever la recherche de débats que Vem- pirie ne pout trancher. Cela entraine une premitre différence avec la psychologie cognitive, dans la fagon d’aborder la xepré- sentation comme savoir. Celle-ci réfere & des objets et processus hypothétiques ou appréhendés indirectement & travers la xéa~ lisation detaches intellectuelles, épreuves de mémorisation, par exemple. L’approche sociale des représentations traite ume matizre concréte, directement observable, méme si organisation latente de ses éléments fait V'objet d'une recons- truction de la part du chercheur. ‘Dans cette fagon d’appréhender le contenu des représenta- tions, deux orientations se dégagent qui ne sont pas exclusives Yune de Pautze. II est traité soit comme champ structuré, soit comme noyau stracturant. Dans le premier eas on dégage les constituants des représentations (informations, images, croyan- ces, valeurs, opinions, éléments culturels, idéologiques, ete.). Cette analyse dimensionnelle est complétée par la recherche du principe de cohérence structurant les champs de représenta- tion : organisateurs socioculturels, attitudes, modéles norma tife ou encore schémes coguitifs. Ces champs sont générale- ment recueillis par des méthodes d’enquéte par questionnaire, fentretien, ou traitement de matériel verhal cousigné dans des documents attestés (voir dans la bibliographic les textes se vapportant aux images d’objets socialement valorisés tels que le corps, la culture, Fenfant, Ja femme, le groupe, la maladie, Ja poychologie, la santé, le travail, ete). Ces champs sont égale- ment abordés en tant que champs sémantiques, ensembles de significations isolés a Paide de différentes méthodes d’associa~ tions de mots (Di Giacomo, 1981, 1985 ; Le Bouedec, 1984; Galli et Nigro, 1986). Dans ec dernier cas, les recherches se rap~ prochent de la seconde orientation qui s'attache & dégager les structures élémentaires autour desquelles se cristallisent les systémes de représentation. Abric (chap. 8) et Flament (chap. 9) Aéveloppent un modale théorique distinguant entre éléments 56 Denise Jodelet centraux et périphériques dont ils tirent importantes impli- cations du point de vue de la stabilité et du changement des représentations comme de leur rapport & la pratique. Ces propriétés structurales sont examinges & propos de repré- sentations déja constituées. Mais pour rendre compte de P’émer- gence des structures, il faut se rapporter aux processus qui prési- dent & Ia genése des représentations, Celle-ci peut étre envisagée en tenant compte des apprentissages sociaux qui interviennent au cours du développement de Venfant (Duveen et Lloyd, 1986, 1988 ; Emler et Dickenson, 1985 ; Emler, Ohana, Mosco- viei, 1987 ; voir également les chapitres de Chombart de Lauwe et Doise). Cependant, indépendamment des aspects dévelop- pementaux, les processus de formation des représentations ren- dent compte de leur structuration, Ceci vaut particuliérement pour Pobjectivation, processus mis en évidence par Moscoviei, illustré et enrichi par divers auteurs. Ce processus est décomposé en trois phases « construction sélective - schématisation struc- ‘tarante - naturalisation» dont les deux premitres, surtout, mani- festent, comme nous avons eu occasion de le voir, Peffet de lx communication et des contraintes liées & l'appartenanee sociale des sujets sur le choix et I'agencement des éléments constitutifs de la xeprésentation. Gontenus et structure sont infléchis par un autre processus, Panerage, qui intervient en amont et en aval de la formation des représentations, en assurant leur incorporation dans le social. En amont, lancrage enracine la représentation et son objet dans un réseau de significations qui permet de les situer cen regard des valeurs sociales et de leur donner cohérence. Mais, | ce niveau, Pancrage joue un réle décisif essentiellement en ce qu'il éalise leur inscription dans un systéme d'accueil notionnel, un déja-la pensé, Par un travail de la mémoire, la pensée consti- ‘tuante s*appuie sur la pensée constituée pour ranger Ia now- veauté dans des cadres anciens, dans le déja connu. En aval de la formation représentative, Pancrage sert a Vinstrumentalisation du savoir en Iui conférant une valeur fonctionnelle pour Vinterprétation et le gestion de Penviron- nement. I] se situe alors en continuité avec 'objectivation. La « naturalisation » des notions leur donne valeur de réalités coticrétes directement lisibles et utilisables dans action sur le monde et les autres, D’autre part, la structure imageante de la Représentations sociales : un domaine en expansion 87 représentation devient guide de lecture, et, par « généralisation fonctionnelle », théorie de référence pour comprendre la réalité. Gos processus génératifs et fonetionnels, socialement mar- qués, nous permettent d’approcher les représentations & diffé- rents niveaux de complexité. Depuis le mot jusqu’a la théorie (qui sert de version du xéel ; depuis les concepts, catégories jus- quaux opérations de pensée qui les Tient et a Ia logique natu- relle caractéristique d'une pensée orientée vers 1a communica tion et Paction. Is permettent également de rendre compte du caractire & la fois concret et abstrait des représentations et de lours éléments qui ont un statut mixte de percept et de concept. Statut lié également au fait que la pensée sociale renvoie aux Gvénements concrets de la pratique sociale et doit, pour étre conimuniquée, rester vivace dans la société, étre une pensée en. image, comme le soulignait Halbwachs a propos de lx mémoire sociale : « II n'y 2 pas d'idée sans images : plas précisément, idée et image ne désignent pas deux éléments, un social, Pautre individuel, de nos états de conscience, mais deux points de vue dob la société peut envisager en méme temps les mémes objets, quelle marque leur place dans l'ensemble de ses notions, ou dans sa vie et son histoire » (1925, p. 281). Moscovici (1981) a ‘démontré Pimportance de ces « idées-images » dans la mobili- sation psychologique des foules. Avec l'ancrage des représen tations dans la vie collective, nous retrouvons la question de Jour efficace. II y a la un caractire distinctif de Ia pensée sociale qui retient particuliérement T'attention des sciences sociales. Le r6le des représentations dans Ie devenir social s'annonce comme ‘um objet d’étude stimulant pour Pavenir. coneLUston Clore ainsi un parcours, nécessairement incomplet et souvent trop allusif, nous fait mesurer, je Vespre, la spécificité de approche des représentations sociales et son originalité. Ses recouvrements avec Ia fagon dont la psychologie cognitive et les sciences sociales traitent la représentation ee laissent aisément voir. Ses divergences aussi. On retrouve des objets communs avec l'étude cognitive du savoir ; étude du contenu de la pensée, Ie savoir déclaratif et 58 Denise Jodelet procédural (savoir que et savoir comment) ; analyse de ce savoir en termes de « structure » et do « mémoire ». Mais renvoyer aux conditions sociales de production, de circulation et a la finalité des représentations leurs caractéristiques structurelles et pro- cessuelles, erée une difference radicale, Comnaissance dérivée autant qu’inférée, la représentation sociale ne peut étre penséo selon le modéle dominant du traitement de Vinformation. Son Gtude permet de contourner les diffcultés que celui-ei souléve, {savoir le risque de réduire le fonctionnement mental & celui de Yordinateur, comme le mentionne Anderson (1983) pour qui les «systdmes de production », ces organisations de contenu oi sont détectés les mécaniemes’ et processus cognitifs, présentent Vambiguité d’étre en partie des langages de programmation pour ordinateur et en partie des théories peychologiques. Risque rappelé par Ehrlich pour qui 'informatique, bien que répon- dant au souci « Pobjectiver un fonctionement subjectif », reste néanmoins critiquable par « Passujettissement des modéles de fonctionnement du sujet aux principes de fonetiomement de Yordinateur et & la problématique des traitements de textes par Jos machines » (1985, p. 286). De plus le fait de s'intéresser & Ix fonction de la représentation, & sa relation A un référent et & la communication permet d’éclairer ce qui reste encore des zones obscures dans 'approche cognitive de la représentation : celle de ses fonctionnements et de ses fonctions (Ehrlich, id.) ; celle do In formation et de la transformation des schimes cognitifs, de leur relation au langage (Arnault de La Menarditre et de Montmollin, 1985). Penser la cognition comme quelque chose de social ouvre en fait des voies de recherche nouvelles, Il en va de méme pour Jes sciences sociales qui n’ont pas intégré dans leur approche de la pensée sociale la dimension proprement cognitive et ue sont pas en mesure de penser Ie social comme du cognitif. Ce qui simpose comme une nécessité & certains, telle Douglas qui leur dovne pour tiche d'identifier les « processus cognitifs fon- dant Vordre social », d’étudier comment « les institutions pen- sent » et comment « le processus cognitif individuel le plus élé- mentaire dépend des institutions sociales » (1986, p. 45). Ce par quoi nous rejoignons Piaget (1967) qui voit la psychologie et Ja soéiologie comme « deux disciplines traitamt du méme objet » : «ensemble des conduites humaines dont chacune comporte, Représentations sociales : un domaine en expansion 39. és la naissance et A des degrés divers, un aspect mental et un aspect social » (p. 19), affirmant que « homme est un et que toutes ses fonctions mentalisées sont également sovialisées » (p- 20), Crest dans une telle perspective qu’cmuvrent les recherches sur les représontations sociales dont chacune apporte une pierre 4 Tédification dune science psychologique ct sociale de la connaissance. Certains pensent qu'il serait souhaitable @’établir ‘un modéle unitaire, une « conception multicompatible x (Le Ny, 1085) de la représontation, en raison, notamment, des exigences de la transdiseiplinarité et de Pexistence d'une « les connaissances et représentations élémentaires d'un individu ct les systdmes théoriques autonomes » (Morf, 1984, p. 425). N'y aurait-il pas 18 des risques de réduction et n'est-ce pas trop tot ? ‘Aen juger par le domaine que nous venons de survoler, il semble néeessaire d'approfondir la réflexion & partir de territoires auto- nomes abordant chacun A sa maniére interface du psycholo- gique et du social, avec comme seule contrainte que les cher- cheurs aient « aecés & un arsenal de styles argumentation. qui transeendera ce que chacune des disciplines traditionnelles propose. Ceci constitue ee qui est porteur d’espoir dans Vintérét récent pour le développement d'une science cognitive ». (Fodor, 1981, p. 19). Que voyons-ous actuellement ? Un espace de recherche qui se dilate depuis vingt ans, avec : ume multiplication des objets de représentation pris comme themes de recherche ; des appro- ches méthodologiques qui vont se diversifiant et découpent des secteurs d’étude spécifiques ; des problématiques qui visent & cemner au plus prés certains aspects des phénoménes représen= tatifs ; Pémorgence de théories partielles qui rendent compte a’états et de processus définis ; des paradigmes qui se proposent @’éclairer sous certains angles la dynamique représentationnelle. ‘Tout ceci aboutit & constituer des champs indépendants et dotés instruments conceptuels et empiriques solides od bourgeon- nent des travaux cohérents. Tout ceci donne impression d’um univers en expansion & Vintérieur duquel se structurent des galaxies de savoir. A Pin- verse du paradigme informatique qui coiffe tout Veffort scienti= fique sous la chape dun méme moule, le modéle des représen- tations sociales impulse la diversité et 'invention, reléve le défi 60 Denise Jodelet de la complexité, Et si Aron dit vrai : « C’est en explorant un monde par essence équivoque que l'on a chance datteindre Ia vérité. La connaissance n'est pas inachevée parce que Pomni: science nous manque, mais parce que la richesse des significa tions est inscrite dans objet » (1955, p. 167), nous n’avons pas fini d’en exploiter la fécondité. Réeénences Ackermann W., Duloag R., Jeudy HL P., Imaginaires de 'insécurits, Paris, Kilinkeieck, 1963. Albertini JBL, Dussault C., Représentations et initiation scientifique et Technique, in C. Belisle ot B. Schiele (eds), Les savoirs dans les pratiques ‘tuotidiennes, Lyon, cxns, 198. Aron R., L'opium des inlleouels, Paris, Calmann-Lévy, 1955, Astolé JP. Giordan A., Quelle éducation seientifque pour quelle soit avis, POF, 1973. 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La notion serait méme tomhée en désuétude sans une Geole Whistoriens qui en a conservé les traces au cours de recherches effectuées sur les mentalités (Duby, 1961). Une Geole trés active, en vérité, dont les contributions, par leur volume et leur retentissement, défient un inventaire limitatif. Sans conteste, clles portent Vempreinte de cette théorie (Le Goff, 1974). Au-deli des nombreuses controverses, il faut tenir pour avéré que Phistoire des mentalités est, comme écrit Burguidre, « dans le programme des Annales, ce 4 plus contribué a la xendre populaire et & fixer... son image de marque » (Burguitre, 1983, p. 334) Cest vers le début des années 60 de ce sitele qu'il m’a semblé possible de renouer avec l'étude des représentations (Moscovici, 1961) et de suseiter Pintérét d’um petit groupe de paychologues sociaux, faisant ainsi revivre la notion. Ils y ont vu Ja possibilité d’aborder les problémes de leur discipline dans tun esprit neuf, d’étudier les comportements et les rapports sociaux sans les déformer ni les simplifier, et aussi d’ebtenir des résultats originaux (Abrie, 1976; Codol, 1969; Flament, 1967). Quoique travaillant indépendamment de leurs contem- porains, les représentations leur ont permis de s'attaquer aux Des représentations collectives aux représentations soviales 63 problimes de la cognition et des groupes que Von tendait de plus en plus & négliger. Etudier la diffusion des savoirs, le rapport entre Ia ponsée et la communication, la genése du sens commun (ce que les Anglais nomment lay thinking) formaient les éléments d'un programme devenu familier depuis. Consé- cutivement ce travail, on peut le supposer, ot aux récents progrés de la psychologic cognitive, om assiste & une diffusion de la notion. La sociologie et Vanthropologie la redéeouvrent de nos jours, et on la voit se répandre un pew partout, méme dans le vocabulaire courant. Ainsi s'optre autour des repré- sentations sociales une convergence remarquable entre les diverses sciences peychologiques et sociales (Jodelet, 1984). Tl faut espérer que cette convergence débouchera sur unc ‘communication et une collaboration plus étroites, une féconda~ tion xéciproque des travaux. Parlora-t-on un jour, comme nous Yavons pressenti, d'un age des représentations sociales (Moscoviciy 1982) ? Il est trop tot pour le savoir. Entre ces deux moments, celui de sa naissance ot celui de sa résurgence, le concept de représentation collective a subi bien des métamorphoses qui lui ont conféré une autre forme, une coloration différente. Je me propose d’esquissor cette trajectoire, sachant hien qu'une véri- table histoire, étayée par des analyses et des documents précis, reste a faire. Les erreurs que je puis commettre sont la meilleure preuve de T'utilité d'un tel travail Chistorien. DE VINDIVIDUEL AU COLLECTIF ‘Toute tentative de reconstituer le passé de la notion part nécessairement du constat que les sociologues en ont d'emblée triangulé Ie Tien qui Tui est réservé dans une théorie de la société, Parmi eux, Simmel a reconnu le rapport existant entre Ja séparation de Pindividu se sitaant & distance des autres et la nécessité de se les représenter. La manitre méme dont on ee les isente fagonne Paction réciproque et les cercles sociaux quils forment ensemble. TI ne donne guére Vindications sur le moyen dy parvenir ni sur impact que les représentations ont sur les phénomenes sociaux en général. Une chose me parait certaine, Simmel voit dans les idées ou les représentations 4 Serge Moscovici sociales une sorte d’opérateur qui permet de eristalliser les actions réeiproques entre une somme d'individus et de former Vunité supérieure qu’est ‘institution (parti, Eglise, ete.), done de passer du niveau moléculaire au niveau molaize. Cette conception des représentations mises au centre du comporte- ment et des institutions peut étre discutée, mais elle est pro- fondément intégrée & plusieurs tendances de la sociologie. ‘Dans un sens différent, Weber fait des représentations tmn cadre de référence et un vecteur de Paction des individus. 1-11 semble bien, éeritil dans la préface de som ouvrage majeur, que ces sitesi cllectives qui fost pare de le penséequotidinne ou dee peanse juridique (ou d'une autre pensée spévalisge) sont des représentations de quelque chose qui, pour une part de Tétant, pour ine part du devant étre, Aotte dans le téte des hommes réls (non seulement les juges et le fonetion. naires, mais aussi le“pablie”) @'apréa quot ils orientent leur activité et ces ttrastines comme tlle ont ue impertane eutale conse, souvent réme dominente, pour la nature du déroulement de Pectivité des hommes eel » (Weber 1971, p12) feces ‘Weber décrit ld un savoir commun ayant Ie pouvoir d'anti- ciper et de preserire le comportement des individus, de le programmer, dirions-nous. Mais le véritable inventeur du ‘concept est Durkheim, dans la mesure oi il en fixe les contours et Ini reconnait le droit d’expliquer les phénomines Jes plus variés dans Ia société (Durkheim, 1968). Il le définit par une double séparation. Dabord les représentations collectives se séparent des représentations individuelles, comme le concept des perceptions ou des images. Ces demniéres, propres & chaque individu, sont variables et emportées dans un flot ininterrompu. Le concept est universel, hors du devenir et impersonnel. Ensuite les représentations individuelles ont pour substrat la conscience de chacun et les représentations collectives, Ia société dans sa totalité, Celles-ci ne sont done pas Je dénomi- nateur commun de celles-la, mais plutét leur origine, cor pondant « a la manitre dont cet étre spécial qu'est la société pense les choses de son expérience propre » (Durkheim, 1968, p, 621). On comprend qu'une telle représentation soit homogéne et partagée par tous les membres d'un groupe, de méme quils partagent une langue, Elle a pour fonction de préserver le lien ‘entre eux, de les préparer & penser et agir de maniére uniforme. Crest pourquoi elle est collective, ot aussi paree qu'elle perdure Des représentations collectives aux représentations sociales 65 travers Jes générations et exerce sur Jes individus, trait commun a tous les faits sociaux, une contrainte, Cher Durkheim, la représentation désigne, on priorité, une vaste classe de formes mentales (sciences, religions, mythes, espace, temps), opinions et de savoirs sans distinction. La notion est équivalente & celle d'idée ou de systdune, ses carac teres cognitifs n'étant pas spécifiés (Ansart, 1987). Elle a une certaine fixité, stagissant d'un concept, et une objectivité, puisqu’elle est partagée et reproduite de manitre collective. Voila qui lui donne le pouvoir de pénétrer dans chaque individu, comme du dehors, et de s*imposer. Certes, dans le maniement du concept, il fait grand cas de la nuance et de la précision pour Padapter aux faits symboliques et mentawx analysés. Surtout orequ'il touche & la religion, a ce phénoméne de communication intense et de résurrection de la mémoire collective. Foroe Iui est de reconnaitre que, Ja plupart du temps, ce n’est pas de Yextérieur mais de Pintérieur que s’exprime la contrainte. En général, cependant, Durkheim oppose les représentations collectives aux représentations individuelles par un méme critére, & savoir la stabilité de la transmission ot de la reprodue- tion des unes, la variabilité, dirait-on, le caractére éphémixe des autres. Sans cesse il répite cette idée sous des formes variées mais toujours aussi tranchée «+ S'l est commun & tous, Gritil,eest qu'il est Teeuvre de la comma nauté, Puisgu'l ne porte empreinte d'aveane intelligence partiulite, est Guest dlaboré par une inteligence uniquo of toutes les autres serencontrent Gt viennent, en quelque sorte, alimenter. Sil a plus de stabilité que les Sensations ou les images, «est que les représentations collectives sont plus Stables que les représentations individuelles ear tandis que Vindivida ost Sensible méme ade faible changements qui se produisent dens som milieu Interne ou externe, seus des événements d'une suflsante gravité réussissent B alfecter Vassiette mentale de la société 1 (Durkheim, 1968, p. 609). On peut assurément contester cette vision d'une sorte aéquuivalence entre, Pune part, la collectivité, le concept et le pormancnce et, @autre part, Mindividvalité, la pereeption et Vimage, le fluctuant. Ge qui déconcerte est cotte intelligence ‘unique sur laquelle il insiste tant. Elle serait & part et au-desens des intelligences particulidres comme une sorte de group mind selon expression des Anglais. On pourrait tirer la conclusion ‘que les représentations collectives sont logiques et reflétent 66 Serge Moscoviei Loxpérionce du réel. Cepondant, dans la mesure oii elles eréent de Pidéal, elles s’loignent du logique. Et une fois formées, elles, acquidrent une certaine autonomie, se combinent et se trans forment selon des régles qui leur seraient propres. Au-dela s'y miéle un germe de « délire » qui les éloigne de la voie suivie parla ‘Ant reste, eit Durghein, si Yon appelle lire tout état dans lequel esprit ajoute aux donnéss immédiatos de intuition senatle et projet see sentiments et ses impressions dans les choses, il n'y a peut-tre pas de reprée sentation collective quien ua sens, ne soit dlirante sles eroyancesreligiouses ne sont qu'un cap particulier d'une loi trés générale, Le milieu soci tout ‘entice nous apparait comme peuplé de forces qui, en réalité nexistent que dans notte esprit » (Durkheim, 1968, p. 325) Faut-il alors restreindre le champ de ces représentations, en exclure les sciences ? Reconnaissons eependant que, si Yon revient aux principes de la théoric, elles ont une autonomic et ume homogénéité, qualités qui les apparentent & un syst8me clos et relativement abstrait sui generis. Comme les faits sociaux qui « ne sauraient se confondre avec les phénoménes organiques, puisqu’ils consistent en représentations et aetions ; ni aves les phénoménes psychiques, Iesquels n’ont dexistence que dans la conscience individuelle et par elle » (Durkheim, 1963, p. 5). Cette distinction cruciale a permis & Durkheim et & son école dentreprendre Vanalyse de différents domaines sociaux. Elle se fonde sur Phypothése que l'on. pourrait expli- ‘quer les phénoménes & partir des représentations et des actions quelles autorisent. Signalons toutefois que la plupart des appli- cations se rapportent aux sociétés dites primitives. Les incur- sions dans la société moderne constituent plutat l'exception. REPRESENTATIONS CHAUDES ET REPRESENTATIONS FROIDES 1 | Dire que la représentation d'une collectivité est collee- tive et celle d'un individu individuelle peut passer pour une de ces tautologies dont les sciences ne sont pas toujours exemptes. Et pourtant la différence est considérable quant aux ‘observations faites et aux questions qu’on se pose. Ainsi nofiibre de sociologues et anthropologues, étudiant les mythes et les savoirfaire des soviétés dloignées, y découvraient un Des représentations collectives aux représentations sociales 67 tissu d'absurdités et de superstitions. Omettant de regarder autour deux, et les comparant & POccident, ils tendaient & expliquer ces aberrations par les limitations des individus, incapables de raisonner comme nous, et par des fautes d’asso- ciation mentale dont V'origine serait peychologique. Or, si l'on rattache eroyances, mythes, formes symboliques en général A la société elle-méme, tout change. « Absurdité » ot « errours » ne sont plus dues & la logique fautive des individus mais & la représentation collective elle-méme dont il 'agit de comprendze la signification. De méme, on attribuait les anomalies d'une science aux insufisances du calcul et aux observations incom- plates des chercheurs. Alors qu’elles résultent des conséquences ogiques de la théorie et de faits eorrectement observés mais qui échappent & celle-ci On voit le déplacement des perspectives : ce ne sont plus les actes ot les pensées atomiques qui doivent retenir Pattention, ‘ais ensemble des croyances et des idées ayant une cohérence propre, dont témoigne leur survie. Lévy-Bruhl épouse cette perspective, & opposé de celle qui domine alors en Angleterre et on Allemagne. Ll est impossible d’expliquer des faits sociaux fen partant de la psychologie des individus. De méime il ost impossible d'expliquer ces ensembles de eroyances et d'idées A partir de Ia pensée individuelle. Lindivida subit la contrainte des représentations domi- nantes dans Ja société, et c'est dans leur cadre qu'il pense ou exprime ses sentiments. Et ces représentations différent selon la société dans laquelle elles prennent naissance ot sont fagon~ nées. Partant, chaque type de mentalité est distinct et corres- pond a un type de société, aux institutions et aux pratiques ‘qui lui sont propres. ‘ T1 feut done renoncer, éorit Lévy-Bruhl, & ramener @avance les opé- rations mentale 4 ua type unique, quelles que sent les société considénées, ‘ti expliquer toutes les eprésentations collectives par un mécanisme pry: hologique et logique toujours le miéme, SW est vrai qu'il existe des soiétés Ihumaines gl different ente elles par leur structure comme lee animaux st vertibres diferent des vertébrés, etude comparée des divers types de men- {alits collective nest pas moins indispensable & la science de home que Tanatomie et la physislogie comparée ne le sont a a biologie» (Lévy-Brull, 1951, p. 20), Lrobservation est neuve et profonde. Abandonnant l'oppo- sition importante, mais arbitraire, de 'individuel et du collectif, 68 Serge Moscovici Lévy-Bruhl projette une vive lumiére sur les rapports d'une société & ses représentations. Ce faisant, il insiste sur une autre opposition des mécanismes logiques et psychologiques distincts un type & Pautre. Sur quelle base done classer les sociétés hhumaines, dégager leurs péles extrémes ? Om y distingue deux types principaux, les primitives et les civilisées. Elles sont marquées par deux modes de pensée qui s'opposent et permet~ tent de parler d'une mentalité primitive ct dune mentalité civilisée, différant sur le plan qualitatif aussi bien que par leur ampleur, Plusicurs ouvrages ayant conmu un grand retentisse- ment répétent les arguments sur lesquels il fonde cette difté- rence, Elle confére sa principale originalité & une ceuvre main- tenant un peu dépassée, En quoi consiste la différence ? Lévy- Bruhl fonde la pensée eivilisée sur des sidcles d'exercices rigou- reux de lintelligence et de Ia réflexion. Elle s’orionte ainsi vers Ia quéte logique des informations relatives 4 un phénoméne et des causes servant & Pexpliquer. La pensée primitive est tournée vers le surnaturel. Les lions qu’elle entrevoit entre les phénoménes sont de nature mystique. Imperméable & linfor- mation et indifférent & la contradiction, cette pensée découvre tun peu-partout des participations. «Sous une forme et a des degrés diver, tous impliquent une “parti pation” entre les tres ot les objets dans ane repréentation callective. est pourquoi, faute d'an meilleur terme, jappeliera loi de partcipaion Te principe propre de la mentalité “primitive” qui xégit les liaisons et les pré= Tissons de ees représentations... Je deals que, dans les repeésentations cok lectives de Ia mentale primitive, les obj peuvent étre, d'une fagon incomprehensible pour nous, a a fo euxemémes ft autre chose qu'enx-mémes. Dune fagon non moins ineompréheasibe, is fmettont et ils reqoivent des forces, dev verte, des quaités, des a rmystques, qui e font sent hore dear, aa En dautres termes, pour cette mentalité, opposition entre Mun et le pla seus, le méme et Fantze,etea nimpose pas la nécessité dafliemer Pun des termes ei Ton nie Pautre, ou réiproquement, Elle n'a qu'un intérét secon Aaire Parfis, elle ext apergue: souvent aussi elle no Test pas. Souvent elle Seffaoe devant une communauté mystique dessence entre des étres qui ‘expendant, pour notre pensée, ne sauraient étze confondis sans absurdité » (Covy-Bral, 1951, p. 77). A Pévidence, Lévy-Bruhl ne reproche pas aux primitifs une pensée incohérente. Mais leurs conceptions ne rentrent pas dans le cadre d'une vision seientifique du monde. Comme s'ils habitaient un autre état de nature (Moscovici, 1968), Des représentations collectives aux représentations sociales 69 certains faits, certains liens Jour apparaicsent inossentiels, ne les concernent pas. II ne les accuse pas de manquer d'intelligence, mais leurs croyances échappent & la compréhension du savant. Leur logique est incompatible avec Ia nétre, puisqu’elle part de prémisses tout autres, absurdes & nos yeux. Le principe de participation y xemplace le principe de non-contradiction. On pent en conclure que les modeles de représentation qui forment la mentalité d'un peuple sont incommensurables & ceux den autre peuple. ‘Si ces analyses méritent une attention particulitre, oe n'est pas seulement dé & leur retentissement, aux problémes qu’elles souldvent et qui sont loin d’étre épuisés. Le fait pertinent est qu’elles n’en restent plus aux idées recues sur Ia distinction générale entre concept et sensation ou image, ni aux considé- rations doutenses sur Vintelligence unique et les intelligences particulidres. Elles commencent & dégager les structures intel lectuelles et affectives des représentations en général. Ce était pas IA une médioere avancée, on en conviendra, Dans la mesure ot l'étude des observations et des documents permet de dégager des régularités significatives, une théorie s'ébauche qui remplit le concept jusque-la un pea vide d'vm contenu ayant ses propriétés et ses lois. Il est vrai que le véritable objet d'examen n'est pas les sociétés en tant que telles. Mais a travers le tapis psychique ot la forme mentale qui les cimente, Lévy-Bruhl met au jour la cohérence des sentiments ct des raisonnements, les mouvements de la vie mentale collective. Par exemple, un individu peut prendre son ombre visible our son Ame. Chez les primitifs, il ne agit pas d'une croyance ‘mais d'une pereeption : Pombre, c’est ame. Pour nous ombre nia pas autre réalité que Pabsenco de lumire. La représen- tation quiils «’en font est done incompatible avec la notre, De cette maniére, les représentations collectives font saillix les faits, En attirant Pattention sur eux, elles nous aident & les voir. C'est pourquoi les différents types de société qui se repré- sentent différemment le monde habitent des mondes différents, Si riches en exemples que soient Jes livres de Lévy-Brubl, une grande prudence s"impose en ce qui concerne leur choix ot leur interprétation. Sur ce point, il n’y a pas de contestation. Il est cependant avéré qu’en reprenant le concept de repré- sentation collective & son compte, il lui done une autre 70 Serge Moscovici tournure, D'une part, il en montre la diversité profonde selon les cadres sociaux, plus radicale que celle suivant les domaines (religion, mythe, seience, ete.). D'autre part, le savant francais pose la question et inaugure Yexamen des méeanisines psy- chiques et logiques dont résulte un ordre mental. Avec un. flair indéniable, il a ouvert le chemin dune perspective neuve, un chemin plus coneret et plus praticable que ceux des sooio- logues de son époque 2 | C'est & la fois par Vimportance du probléme auquel elle s'attaque et par Ia subtilité de ses pouvoirs danalyse que la notion de reprécentation prend pied dans les sciences de homme. A travers elle, Durkheim révéle élément symbolique de Ia vie sociale, tout autant que l'intérét de son étude métho- dique. Un symbole représente autre chose que soi-méme. C'est une idée que des hommes partagent & propos d'un objet. indépendante de objet lui-méme. Ayant renoneé au concept de conscience collective pour des raisons que j'ai indiquées ailleurs (Moscovici, 1988), Durkheim transforme le eymbolisme en un moyen par lequel la société devient consciente elle- miéme, iémarcation entre les composantes individuelles et les ‘composantes collectives du lien entre les hommes. Parmi celles-ci figurent les ragles et le langage dont les effets sont certains sur la nature et la qualité des processus de pensée. Sans toujours indiquer clairement, il change aussi les pratiques et surtout les rituels en formes de représentation, Mais dans Je sens de Darstellungen, mises en sedne et mises en acte des groupes eux-mémes, de In société réunie an cours des céré= monies et des fétes. Sous cet angle, les émotions et les affects sont stimulés par les symboles inscrits dans la tradition, les emblémes — dra eaux, formules, ete. — auxquels chacun fait écho. Lévy-Bruhl adhire & cette vision. Cependant, par un tour qui Ini est propre, ill en révéle une autre facette, & savoir que la société s°y repré- sente elle-méme dans ce qu’elle a de distinet, de propre. De plus, il fournit un certain nombre de démonstrations sur les soubassements psychiques de ce symbolisme. A tort ou & raison, a quéte de ces soubassements dans esprit devient une perspec- tive stimulante et virtuellement féconde. Nous entrons de la sorte dans une seconde phase de l'étude de la notion de repré= Des représentations collectives aux représentations sociales 71 sentation collective. Je dirai que I'accent s'y déplace de Vadjectif au substantif, En un mot, la dynamique de la représentation compte davantage que son caractére collectif. Etant donné que les noms de Piaget et de Freud y sont associés, jinsistera rapidement sur les apports de chacum. ‘Linterprétation que propose Lévy-Bruhl do la fagon dont fonctionne la mentalité primitive pose une énigme & nombre de psychologues. Son influence sur la majorité d’entre eux est indéniable (Luria, 1976) pour des raisons mal définies. Lune elles est qu'il ne sert 4 rion de s‘interroger sur les fautes et incapacités des individus. Il ne vaut méme plus la peine de les observer et de se creuser la téte & leur sujet. Ainsi, dans une série études qui font date, Piaget cherche & trianguler la représentation du monde chez Fenfant, Comme le savant frangais & propos du primitif, le psychologue suisse part du ppostulat que le jeune enfant n'est pas « plus sot » ni ne se trouve A quelques degrés en dessous de Tenfant plus agé. Mais il ppense les chosos de fagon essentielloment différente. La concep- tion du monde & laquelle aboutit sa faculté de xaisonnement est autre, on peut s’en assurer en Iui posant des questions précises & propos d'ohjets définis de ce monde. De méme que e monde primitif et Je monde civilisé se distinguent par leurs repréeentations, de méme elles servent & distinguer le monde de Yenfant et celui de 'adulte. Leur participation & la société est différente et se traduit par la différence entre les formes de pensée, le contenu restant individuel. ‘Les deux questions, Gert Piaget, 2 touchont de pris meis pouvent san trop darbitrare tte distinguées. Or In forme ct le fonctiontement de pensée se découvrent chaque fois que enfant entre en contact avec ses femblables on avee Tadlte «elle ext une maniére de comportement social, {qui peut s'ebserver du dehors. Le contenu, at contrite, se livre ou ne 36 Iivze pas, suivant les enfants et suivant Jes objets de la représentation » Piaget. 1972, p. 3) Piaget cherche a retrouver dans les écoles par ses interviews ce que Lévy-Bruhl avait découvert a sa table de travail par ses analyses de documents éorits. L’enfant et le primitif, déclare le psychologue, manifestent tous deux dans leur pensée de Panimisme, de Vartificialisme, du xéalisme et autres fusions non logiques entre les aspects du milieu et leurs propres processus de pensée. Pour ne retenir qu’un seul exemple, on s¢ BR Serge Moscoviei rappelle de quel réalisme est empreinte la pensée de enfant A propos des mots et du réve. II préte en somme une réalité pour ainsi dire corporelle & ce quil invente et imagine. L’objet quil a dans la téte et Vobjet extéricur ne font qu'un pour lui (le signe se confond avec le signifié). Poser le doigt sur le nom du soleil, c'est atteindre le soleil lui-méme ; le maudire, cost le menacer dans son existence. Ainsi nat Je sentiment de « participation x, dans lequel le nom de l'objet va et vient de colui-ci & la téte. Un autre aspect du réalisme est qu'il confond Vintérieur et Vextérieur. Tl eroit ainsi que les réves se trouvent dans les choses, puis dans sa chambre, puis dans sa téte, avant @étre dans la pensée méme. L'idée paradoxale se rencontre que le réve est une voix & la fois au-dedans et. au-dchors de Iui-méme, Ou, ainsi que Pécrit Piaget, enfant est réaliste, car il présuppose que la pensée est lige & von objet, ‘que les noms sont liés aux choses nommées et que les réves sont extécieurs Piaget, 1972, p. 107). On a parfois impression de relire certaines imterprétations de Lévy-Brubl, la phrase citée en est justement wa exemple, Ge dernier pourtant, Ia chose est avérée, touche trés légire- ment & la psychologie des représentations. Alors: que Piaget — doit Pimportance de son apport — nous livre une analyse qui établit Ia spécificité des représentations en termes psy- chiques. Tout dabord, il esquisse les grandes formes que prennent les modes de raisonnement (classer, expliquer, etc.) pour associer entre eux les différentes activités du réel. Ensuite il recherche la spécificité qui, en decd du concept ot au-dela de la participation, assure la cohérence de Ia vision du monde chez Penfant. Il la détermine travers un modéle de pensée ‘quise traduit par des opérations concrétes formant un ensemble. Ces traits distinctifs ont pu étre vérifiés par l'étude des concep- tions que se font les enfants de toute une gamme de phéno- mines allant du temps qu'il fait & Porigine des planttes. ‘A cété des représentations du monde, Piaget a exploré Te vaste domaine des représentations ou des jugements moraux. Il reste fidale aux convictions de Durkheim concernant leur nature sociale et méme leur structure. Inutile de passer en révue des faits bien connus. Mais quel est alors Fimtérét de ces études pour notre propos ? On se rappelle que, pour Durkheim, Des représentations collectives aux représentations sociales 73 a travers Ia diversité des collectivités, il subsiste un élément permanent, la collectivité justement. Et Vinvarianee des repré= sentations provient de ce trait qui est le méme partout. A la fois homogéne et contraignante, ello préserve ee lien entre les hommes, qui la rend collective. Or une bonne partie des obser- vations de Piaget visent & montrer que les jugements corres pondants sont le propre des plus jeunes enfants subissant Is Aiscipline de parents dans une société gérontocratique. En grandissant, W'égocentrisme s'estompe et ile comprennent mieux le point de vue de l'autre, ils intériorisent mieux les ragles. On voit surgir un respect mutuel et une coopération ‘qui les associent en pensée aussi bien qu’en acte, Done la xéalité change, car wne régle que enfant de 7 ans cousidére comme sacrée et intangible apparait cher enfant de 12 ans comme valable par consentement mutuel. En résumé, 1a contrainte n’a pas Ie privilege que lui accor- dait le sociologue frangais, A c6té delle et & Popposé, 1a coopé- ration produit ses effets et une représentation qui Iui correspond. On voit que, par cette prévision, la nature des interactions apparait comme un facteur déterminant des modales de pensée ct de perception, des discussions et des justifications. Par une critique respectueuse, mais sans concession, Piaget éerit que t «Durkheim oe représente les enfants comme ne connaissant d'autre société que la société adulte ow les sociétés eréées par les adultes ("école), bien qu'il néglige entiérement Pexiatence des eocités spontanées d’enfants ot des fats relatifs au respect mutuel » (Piaget, 1982, p. 412). On retiendra ici Pcartement de indice olé de la contrainte et la reconnaissance de plusieurs relations possibles (& tout Je moins Ja contrainte et la coopération) qui qualifient également Je social. Au fur ot & mesure que Vadolescent s’émaneipe de la contrainte directe pour subir une multitude d'influences, dont celle de ses pairs, il conquiert une certaine autonomic. Ainsi, dans une société xendue plus complexe, il tisse des rapports de coopération qui élargissent Tespace dans lequel la person nalité de chacun peut ee développer. La surveillance exeroge par le groupe sur Yindividu diminue en méme temps que les liens entre eux deviennent plus denses et réciproques, Ceci les conduit & former des représentations distinctes. La dualité que Lévy-Bruhl institue entre deux cultures, la primitive ot la 4 Serge Moscovici civilisée, Piaget Ia réinstitue & Pintérieur de notre culture, comme leet d'une espice Phistoire naturelle qui va du monde de Venfant au monde de ’adulte, N’oublions cependant pas la phrase que je viens de citer. A T'intérieur de cette société, fly en a plusicurs, dont la société spontanée des onfants. Pour étre plus précis, nous connaissons ume société fondée sur la contrainte et une société fondée sur la coopération. Et chacune Glabore des représentations morales et intellectuelles qui lui correspond. Partant, on peut établir une sorte d’équivalence entre, d'une part, cette mentalité chaude, mystique ot partici- pante dont Lévy-Brukl a dressé le tableau et, d’autre part, la mentalité plus froide, sensible a la contradiction, qui est issue des opérations formelles et des relations de coopération. ‘Lune est sociocentrique, autre est plutot décentrée ; I'une est dominée par les rapports entre les hommes, Pautre par le rapport & objet. Ceci ruime un des présupposés communs & Durkheim et Lévy-Brubl. Je veux parler de l'homogénéité des représentations transmises au cours des générations au sein dune collectivité. Par ailleurs, le grand psychologue suisse s'est colleté avec Ie difficile probléme de la nature psy- chique des représentations. Nous lui devons done ce desserre- ment du modéle social et ce resserrement des mécanismes peychiques du phénoméne quinous intéresse, I serait impossible d’en exposer toutes les conséquences sans dépasser les limites auxquelles je suis tonu. Par la suite Piaget a abandonné ce filon de pensée, pour s'oceuper davantage des aspects logiques et biologiques du développement de V'enfant. Le social y perd som pouvoir d’expliquer ct d'inspirer une théorie de plus en plus limitée a Pindividuel. TL peut sembler étonnant que, par une sorte de solution de continuité, j’évoque maintenant Freud. Qu’a-t-il done de commun avec une tradition de recherche si éloignée de la sienne ? Peu de chose, si on considare les racines, beaucoup plus, si Ton envisage les conséquences. Ce qu'il écrit de la représen- tation de choses et de la représentation de mots n’est guére signifieatif pour notre propos. Ses premiéres études sur Ia paralysic hystérique (Freud, 1924) et le traitement psychique ‘'y rapportent davantage. Découvrant que la paralysie vraie suit les voies d’une anatomic scientifique et la paralysie hysté rique les voies d’une anatomie calquée sur le savoir populaire, Des représentations collectiues aux représentations sociales 75 Froud mot en évidence la force des représentations. Il fait dos observations semblables sur Vefficacité des traitements psy- chiques, 1d oit croyances et prestiges sont d’importance primor- diale, Il faudrait définir par le menu et situer dans leur contexte approprié tous les termes de ces observations (Moscovici, 1961, 1981). Plus pertinentes encore sont les études sur les. théories sexuelles de Penfant (Freud, 1908) qui ont aussi suscité mon intérét. Dans ce texte trés bref, Freud réunit divers matériaux fournis par les enfants ot les récits des parents, Il en reconnatt Yorigine dans Ia culture environnante parmi les contes et les égendes. En méme temps, il montre que les enfants fabriquent ‘ces théories avec des éléments qui en proviennent pour répondre aux questions de leur vie immédiate : « D’ot vienment les bébés ? Drod est venu ce bébé particulier, cet intrus ? » Affectés par Yarrivée d'un nouvel enfant ils doivent vivre une situation différente, des relations changées. Stimulé par la curiosité concernant Ja vie sexuelle de leurs parents et par Ia menace enveloppée dans le mystére de Ix naissance, leur désir de ‘connaitre s'éveille et cherche une solution qui le satisfasse. Les théories qui en résultent sont fausses, personne n’en disconvient. Mais, remarque Frend : 1 Cs fausses théories sexuelles que je diseuteai & présent ont toutes un caractire rts curiewe. Bien qu'elles exteavaguent de fagon grotesque, cha- tune contient pourtant wn feagment de réalité authentique ; et en est elles font analogues aux tentatives des adultes, considérées comme dos traits de ‘pour résoudee les problemes de Punivers, qui tont trop ardus pour re humaine. Co qui ext correct et atteint son but dans ces theories ‘Pexplique par lear origine dans les eomposantes des instincts sexcels qui ‘Pévelllent dja dans Porganisme enfantin, Car ce nest pas en raison d'un tote mental arbitra on d'une impression fortuite que surgissent ces ies, mais A cause de Ia constitution prychosexuelle do enfant. Cest pouruol fous pouvons qualifier ls tories sexell des enfants de typiqies, et ce ait explique que noss trouvions les mémes eroyances exronées chez chaque enfant dont la vie sexuelle nous est accessible » (Freud, 1908, p. 25). Laissant de cété cet argument incomplet, il faut retenir que ces théories, quoique fausses, doivent étre interprétées avec le plus grand soin comme si elles étaient vraies. Et co en vert du probléme sérieux auquel elles nous confrontent, le probldme au début de Ia vie et des expériences du corps sur lesquelles clles s'appuient. On connait les théories que Freud croit détecter,

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