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liable Nigel Marley wes-if sis wi joe en sete ithropologue? Mour sa thése, if avait choisi 8 HOU plan ae caries dempli quant ‘est finalemene une imodeste til I} Camerou, tos Dow Fo wet... trent hostifes, mas ins imipréviaibles, Warley se vait transtormé tour & cf infirmicr, banguicr, chauffear de taxi, ioequh observation, cest hai, Quant dna eves 9f tes analpnes de sex pedi nic relévewr lire fe plus total. Mais dle fanx-semblanes e Hanes les fle ato fa euler es marital Nes = pansages », il maliciews dex eowepuissants tsivewrs de pluie (On voulaie une Ciuue sur fe terrain? Eh bier en vores ur Pani ire deblesic, dawble «ane charge rice concte La. mystification de Iain #1 plein dhiffection pour ces Dow nie cardera pias A retranver., scistant a mate de Momme, spécialise ie HAleique de FOiest et sn Nord, Nigel Burley rejount le British Miieuin ent 19381 apeés vom p Dowaye, Ia écrit tun sleusaéane nurrage CA Plague of Caterpiller, 1986) ec sew Lancé dans fe emman en) 1990 avec The Cours Wi 220 ESE Duns cette maladic, lo plus lamentable est la perte de contrile des sphincters. Debout, vous arrosex vos chaussures, Pour prévenir ou soigner Je nual, il existe ‘une liste interminable de remédes> Malhcurcuscment, les pilules qu'on me recommanda n‘eurent aucune vertu curntive. Mon état empira et la fitvre ne réduisit rapidement 4 I'tat de loque gémissanic. Le pasteur Brawn, venu constatcr le délabrement de ma personne, sait jamais dav chera pas», It effet et, le jour alll, je parvenais A me tenir plus ou moins clobout sur mes jambes chunee- Jantes — non sans avoir di, auparavant, passer plu sleurs rilis tourmenté par ln fidvre et les chauwes- sovris qui envaliiscaient ma chambre et passant par les trous du plafond. On a beaucoup écrit sur Je systtme d'orientation perfectionné dont clles disposeraient, C'est faux. Les chatives-souris trepicales passent tout Jour lemps a se jeter contre les obstacles avec un affreux bruit sourd. Entre autres, elles ont Mhabitude pement du incvall sur le termine ne peut dire qu'une iis. C'est Je seul instrument qui puisse Brown avait pris le temps de me faire savoir que les chauves-souris étaient conmues pour véhiouler la rage. ‘Elles jouérent aussicot un grand role-dans mes divaga- Hons fidvrenises. 7 Ce n'est qu'au moment of je bouclais mes valises pour partir que je décauvris qu'on avait pénéteé par effaction dans la maison et que la moitié- de mes provi- sions avaient disparu. carmen vi «Est-ce que le cicl est clair pour toi? » Aprés toutes ces Gpreuves, fe me retrouval enfin parm « mes » Dowayo, accompagné de mon assistant et muni d'un crayon et de papier, Ayant di franchir tant d'obstacles, féprowvai comme un choo cn me ren- dant compte que j‘tiais bel et bien em état de « faire de Fanthropologie», Mus je considémls cette notion, moins elle me paraissait claire. Si Von m'avait demandé ce que cela signifialt concrétement, faurais été bien on peine de répondre avec certitude. Tout aut plus aurais-je évequé wn homme en train d'esealader une montagne (en route pour « fitire de Fanthropolo- gie») ou de prendre des notes (apres avair «fait de Tanthropologte »). A coup adr, une definition assez large. du yonre : «apprendre une langue étrangere sur le tag, efit 46 la bienvenue. J'en vins & décider que chaque instant passé A converser avec les Dowayo - pourrait Gre consieléré comme conforme & l'esprit de ln definition, Cela pose, les problemes ne manquaient pas. Je ne parlais pas un traltre tot de lowe langee, A mon arri= vée, j'avais trouvé un village déscrié. ‘Tout le monde était part aux champs pour biner les piedsde mil. HI ne T ‘me restait plus qu’a passer Ia journée & donner & ma case une apparence de leu d’emule. Le chef avait trés. généreusement mis a ma dispos= tion une vaste butte on bordure des cour, Mes phis proches voising étaient deux ce ses femmes ot san plus Jeune frére, Par Ia suite, fai mesuré a quel point il me témoignail-ainsi sa conflance, puisque la case waurait df étre habitée que par l'une de ses pauses favorites, Le dernier occupant y avait abandonné tout un tas de pelits paguets ni contenu difficilement ientifiable, cchuises plinntes que possédalt en tout et pour ur bout be Village. Aussi, lorsqu’un visiteur de marque se présen- tait, on venalt me les eniprunter pour les disposer dans la futte da chef du village. Comme le smoking que favais paringé avec trois cumarades &université, elles ‘voyagealent ait gré des circonsiances entre nos deux Anuttes, Mon ameublement conmprenait égaloment un Tit en terre battuc, taut ce qu'il y a de plus inconformable. A grands frais, je m'étais procuré ua matelas rembourré cc de calon qui excitalt li convoitise du chef. 1 avait kia serant incapables de le sana nectar cy dma fous. « Pendant Ses Ee Porn eee eames pl formes, ses tomps, ses modes leur et ctrungére, ts, Sapproprient les langues comme les enfants et passent Passer d'un regisire eve @ un registre bas ne présente pas de difficultés, mais entre les deux i] pent se passer cillérement difficile de parler & une Toone & la wou pp haut perehée pals an homme dont Jes tons eves alent au méme niveau que les tons bas de In ferme. Mais ce qui m‘indisporit fe plus, c'éinit Jorsque ta routine devenait une obligation. Si je rencontrais wn Dowayo, je le saluats. Aucun probléme. Mon astisiant ‘avait fail la Legon :# Le ciel eseil clair pour toi? Le ciel est clair pour moi, et pour tol? — Tl est clair pour ui se rencontront. Les ae de politesse qu’ temps perdu, Les Dowayo ont tout leur temps. Sion les prive de ces entrées en matiore, ils sc seatent offensés, Il most arrive de proférer des inopties du genre: «Comment cst vatre champ?» ou «Vous venez de Join? », Je voytiis alors leurs visaes s'allonger et leurs regards s‘affoler. Mom assistant lour traduisait cocrec- tement mes propes ct ours visages s'illuminatent de nowyca,« Oh! je comprendds... Mais pourquoi n’arrive- til pas & parler wate langue? Ca fait dew semaines quill est Tit» Les Dowayo"ant si peu de consideration pour leur propre langue ~lours chefs se refusent a Vutlliser, sous prétexte qu'elle n'est qu’um Instrument rudimentaice, imprécis, 4 peine plus dabord que les-cris des animaux =, qu'ils ne comprennent pas qu'on puisse perdre son temps & l'apprendre. Aussi fomt-ils de pidires |nltia~ teurs, IH n'était que trop tenant «'utiliser In langue Ix plus parlé, le foulani. Jen avals-acquis quelques notions & Londres, La tradition veut que scules: les informations recucillies dans la langue natale des gens sur le terrain solent fiables, ot Il eat veal que J'ai relevé toutes sortes de défurmations dans Jes renseignements obrenns cn foulani, notamment dans le domaino des wO rdtlers eee Forgetons, (essays, colffeur, guide «prétres » a l'écart, En réalité, chez les Dowayo, c'est le forgeron qui subit Te plus séricux ostracisme. Les autres tiches se répartissent selon des critéres ies ‘varinbles, Reste que oF pee a plupart du temps, une telle engeance de saunvages et de patens. Sur sa lan- eée, {Ise mettait 4 énumeérer les diverses tares de eotte race de chiens, en saccompagnant de hystériques qui finissaient par déclencher Mincoercible hilarité des Dowayo présents, Par ailleurs, il wouvair phaisant que jinsiste pour parler avec |ui et me sorve des quelques mots de foudail que faved releniia, Faurais pu interroger mes Dowayo en fouilani, mais en nuCUN cas converser utiloment avec cux. Ths ne parlent qu'une forme abdtardie de cette langue, avec d'innombrables tournures qu’ils ent remodelées, Cer- tains mots ont perdu leur sons originel. De toute fagan, c'est en pouvant les suivre dams leur propre langue qu'on parvient A saisir les apartés destinés A d'autres. oreilles. Un Jour, Je n'aventumi dans les montagne jusqu‘anx confins du territoire dowayo, La plupart des enfants, n'ayant jamais vu d'homme blinc, poussérent al des cris de (erreur en m'apercesant, jusqu’d ce que leurs ainés les rassurent en leur expliquant que j'étais fe chef blane de Kongle. Ex fumant, nous avons ri de yen ints pratique ‘Topearttn je vis qu’tne des petites filles éclamait em san- Je voulais le voir enlover sa peau! » Mus tard, jinterrogest mon nssistant qui me sembla irés em sé par ma question. ‘Comme toujours en parell cas, je Os tout pour Vama- ‘dower. Les Dowayo ont U'habitude d’@tre tournés en détision par les membres de tribus voisines lour repro- chane leur « sauvageric s., Aussi se tienment-ils toujours sur leurs gardes, préts a se-defendre contre fe moindre signe d'irouie. A-regret, I] finit par mvavouer que Tes Bowayo croyaicnt que chaque homme blanc séjour- nant un certain temps parmi cux étalt fa reincarnation: de esprit dtm sorcler dowayo, Sous la peau blanche secachait ma peau noire. La ler me coucher, on m’nvait vu enlever ma peat blanche ct fa sispendre A ume solive. De méme, lorsque jétais fla mission avec tous les autres Blancs, nous tirions Jes rideaux, fermions les portes avant d’enlever nas peaux blanches. Hien sir, Ajoutn mon assistant avec un certain dédain, fei n'y croyait pas. Mais ce disant, (I me psircourait du regard, des pieds a la téte, semblant se demander avec effrol st jewallais pas le pumir pour son incrédailité en virantau noir sous sex yeux. Cette conviction expliqunit pour quisi les Occhlentaux défendaient avec tant d'acharne- ment Jeur intimité,. ‘Dans cette perspective, je ne m’étonne plus de Ia géne e( de Timpatience des Dewayo lorsqu'ils me 82 voyalent peiner pour parler leur langue, Sen faisals un peu trop pour cacher ma véritable identité: ni eux ni moi n'étions dupes de mon mange. Je dus attendre une année avant de les entendre, non sins en éprouwer une pointe de Qerté, parler de mol en disant « notre » homme blinc. Mes efforts pour maitriser leur langue avaient été payams: ifs m’avalent «accepté =, ‘Mais toutes ces considérations n'eurent de sens que rétrospectivement. Au cours de ces trols premiéres semaines, Jo nlavals conscience que de m’éire lanes dans Vapprentissage diane lingee impossible, de me retrouver dans un village désert, d'étre confronté A une pitie dikivienne, de me sentir sans force et terrible- ment seul Comme tout anthropologue confronié & ceite situa tion, je réagis en me jetant & corps perdu dans: accumulation des faits. Je suis eanvainen que ta pre dominance des informations brutes «ans les mona graphies des amhropologues est In conséquence dune rogle: «cams lo dowte, accumulons les fits », phate que d'un eulte de observation neutre. Cela n'a rien de surprenant. Le chercheur n'est pas en mesure de devi- ner ce: qui se révélera phuis tard impartant ou sans inté= rét, Tout ce qui a pris place dans un carnet de notes ne: demande qu’a figurer dans vine monographie, fa plu- part du temps sous la forme de kilométres pareourus au soleil ou bien d’heures passes & essayer d'empé- cher des gens de vous filer entre les dotgts. Surtout, wn tri suppade ne: wie ensemble dir peefet, ot tombre d‘investigateurs n’ont 4 |'esprit que cette monographie a rédiger. Ainsi, chaque jour, armé do carnets de notes ct de tabac, je partais arpenter es champs autour di village, a caleuler les rendements, faire le compte des chévres en vue, dans un besoin frénétique de m'activer sans rime ni raison, Ce faisant, je banalisais mom comportement bizarre ct inexplicable aux yeux des Dowayo dont je commengais connatire les noms. Bien des absurdités ont été écrites sur la fagon dont logues sont eaccepiés ». On a prétendu accucille souvent le visitewr Granger le accusille wn membre d'une commenauté woisine, Au micux, il petal espérer Ore regardé comme un imbécile sans malice, susceptible d'apporier quel- ques avintages au village, Ata rigueur, II dépensarn de Vargent et offrira des emplois aux gens qui le rogoivent. En ce quai me concerne, un virage fut franchi lorsque te chef du village me fit savoir qu'il vaulait récupérer sa hutte. Qn en discuta longuement pour Finke par décider que je m'cn ferais construire une, Elle me revint 4 Ja coquetic somme de quatorze livres.et me permit d’embancher le fils dui cireoneiscur, qui demanda & son pére de-se porter garant de ma bonne fol, le frére du elief, qui m'apprit art de chasser, et Ie even du guérisseur, qui me poésenta a son ancle, Ma ‘youre faisuit office de taxi et d’ambulance pour les gens du village. Les formes ne cessaient de m'emprunter du sel ou des oignons. Les chiens avalent compris que 'étais une bonne pite et faisatent le si¢ge de ma butte au grand dam de mon assistant, Les potitres et Ic forgeren n’avaient jamais eu tant de ma- vail, présence donnail un regain de prestige au ‘chef. 11 était persuadé que jo savais tout de ce qui se Fapporwit aux fies religicuscs ¢¢ qu'il pouvait_ me demander n'importe quoi dans ce domaine. J'étais le banquicr des sins-lesou poriés pur de grandes espe 4 mances. Je falsals office de bureatt d’uchat pour ceux qui avaient besoin de piéces de rechange pour leur bicyeleite ou pour leurs lampes, Les malades me réela- maient des médicamenis. Les inconvénients ne manquaien! pas. J'attirais des Inconmus au village, Je harcelais mes hétes de ques: Hions smugreunes ct Je n’écoutnis pas leurs réponses. Hy avait le risque que jaille répérer ce que javais va om entendu, J’émis en permanence tnt: source d'embarras pour la sociteé Par exemple, il m’est arrivé de derman- der 4 tin homme s'il s‘abstenail d’avoir des rapports ‘sexuels avant d'aller chasser. 1! n'y avait, en soi, rien de répréhensible @ peser une tclle question, mais sa sorur se trouvait & portée- de vaix. Tous deux s'enfuirent dans des directions opposées en poussant des cris de béte blessée. Pew avant, j'avais havardé avec: trois homies dans rit case qui s‘étalt vidée en quelques secondes, tandis que mon assistant se lomentait en se icnant la (die entre [es mains. Mon inelécence fit objet de mur- ‘mures horrifiés pendant des semaines. Mes cormaissances trés approximatives de In langue ‘m'expesaicnt @ de sériciix dangers, En dowayo, les obs> ‘cénités gutettent le moindre faux pas. Un léger éeart de ton change Ia forme interrogative d’une phrase en une exclamation des plus obsoones, du genre «con» on «chatte», Ea langant a des Dowayo: «Le ciel estdl chir pour vous, Con? », je kes déconicertais et les anve- sais tout a ta fois, Un jour, le chef m'invita clans sa hutte pour m'y faire rencontrer le fiaiseur de pluie — une favour que je Ini réclamais depuis des scraincs sms reliche. Noits bavardions librement, le courant passalt bien. Je n'Giais pas consé savoir qui il était: c'était moi qu'on interrogeait, Mon attitude respectueuse l'impres- 85 sionnalt, Nous convinmes que firals Ini rendre visite. Javais bate de m’éclipser. J'avais laissé aux soins de mon assistant ta seule viande que Jfavais pu me pro- curer depuis un mois. Je me leva et serral les mains-en m'excusant ; « ardonne=mal, fai de la viande sur le feu.» Du moins, avalsje cru dire ccky, n’eQt 46 um dérapage de.ton qui avait fait cntendre & mes deux hidtes: « Pardonnes-moi. Je baise avec le forgeron.» Les gens du village avaient appris A comprendre ce que je voulais dire 4 partir de ce que je cisalg. Mais il ‘était difficile de savoir jusqyu’a quel point favais pro- gressé dans In conmalssance de leur langue et dans ce que je leur transmettais de man propre piclgin. Je reste convainen de n’ayoir ¢¢ pour les Dowaye qu'un sujet de curiosité, L'ennul n'est pas T'apanage des peuples dits civilisés, En Afrique, la. vie an village est assez morne, pas seulement pour I'Occidental habitué A nfavoir que l'cmbarras du choix pour se divertir, mais aussi pour les indigtnes. Chaque petit événement ‘au scandale est avidement, épluché, manté en ¢pingle, déformé; toute fiouveauté est accucillic avec gratitude, és Finstant of elle rampt la monotonic du quotidien. Téuais une source de distraction. J"éais imprévisible. ‘Tantdt je partais en ville et j'en rapportais des now- elles, des surprises; tamt0t favais de In visite, Si jo me rendais 4 Poli, je revenais avec de la bitre. J’éiais un suijct de conversation inépuisable. Ayant utilisé tout mites Les possibilités de me consacrer a des activités inutiles pour passer le temps, Jen vins A éprouyer le besoin de m'imposer un programe quoti- lien. Pour. commencer, je devals prendre I'habitude de me lever lt. A cette ¢poque de Tannée, la plupart des villageois dormatent dans des abvris, en plcins champs, 86 pour empecher le bétail de saceager les cultures, En principe, les Dowayo rentrent chaque soir les trou- peaux dans le corral da village; on fui, ilss'nstreignent rarement 4 une telle corvée. Traditionnellement, 4a garde du cheptel était confide aux jeunes garcons, mals désocmais ils sont contraimts dialler 4 |'éoole. Les bétes somt libres de vagabonder dans la campagne et d'endommager les cultures. Les femmes savent que si leurs champs sont dévastés, leurs maris y verront la preuve de Vaduleére et qu'ils lour flanqucront une quer de perdre la nourriture de toute une année, pen- dant des semaines peu d'entre elles renirent passer ta nuit mt village, ct celles qui le fon} n'y passent qu'en coup de yent et en repartent dés laube. Aussi m’efforgais-je d’étre levé 14t pour les saluer. Se saluer les uns les autres est une tradition importante en. Afrique. On va jusqu’’ recevoir In visite de gons qu'on he conmait pas et qui s‘aitardent pendant des heures _ kame Je bétnil, fe temps qu'il fait, Pour te néo: Yeni IA pain bénit : fe vocabulaire est réduit au majeure des Dowayo, Un collégue ayant travaillé dans Ja forét vierge au sud du Cameroun m'avait parle des: détices de la nature: les bananes encombraient sa 87 réserves de Boisson, il en rejoint um autre pour laider & faire de mtme. Le mil atteint un bon prix en ville, mais les Dowayo tions qui s'aitachent aux fitcs religieuses et aux diverses occasions qui réunissent les familles. Mais ils 8 ‘vivent toujours sur le fil du rasoir et Ul suffit que les ‘Leur bétail mi a met ee vanities race naine de zchus sans bosse, contrairement w bétes qu'élévent les Foulani, cits ca partbal ogee d'onimanx « froces.a, Jen suis encore a me demander Cettaines lites religicuses comportent le sacrifice de bovins et c'est toujours fe bétail qui sert de monnaie d'échange pour prendre femme. Dailleurs, les jeunes les bouchées doubles, Par Ia suite. fen vins & céder de Ia viande contre des ceuls, dame les Dowaya sont loin de raffoler. Ils les examinent en général avec une mine 89 dégodtée: « < Ustice que vous saver d’ad ili viennent? » demandent-ils, méfianis. Tout au plus les donnent-ils & sills étaient frais. Au bout d'un certain moment, Jes aeufs pourris coulent comme Jes ecufs frais. Mais il Poll. A la rigueur, an peut dénichor du thé nigérian de ‘contrebande, En principe, mon assistant prenalt ses repas voc * im Guage dam Je tet. 90 mol, tout en dikant pis que pendre de tout ce que ees sauvages Dowayo se contentaient de manger. Au bout de quelquce mois, je remarquai qu'il avait engralssé de prcsige on sitloin! bu ae biubcialpaceee ser avec nlimparte qui. On venait me consulter pour des blessures ou des plies ancicnnes sur lesquelles je posais un antibiotique ‘of un pansement, mutis je savais qu'il ne resteralt pas Oo longtemps en place, les Dowaye ayant Mhabltule de laisser leurs plaies a V'air libre. Les udisme, ares, (rauvident en mol un-cxpert, Je re contontals de demander & mon assistant de waduire correcternent aux malades les doses de quinine que je leur prescri- ‘vais. La nouvelle selon laquelle fe distribuais des emacines» — comme ils appellent Jes remédes: — se répandit rapidement. Te fis pour Je moins abasourdi Jorsqu'une viellle femme vint sc plaindre et ‘accuser de lui avoir wansmis Je paludisme. On lui expliqua que: Jen étais ineapable ef elle repartit «léconfite sous les sourires moqueurs. Plus tard, lex guérisseurs et les sor- ciers m'ont permis de comprendre Ia méprise. Les Dowayo classent les maladies en divernes. catégories = jes épidémiques, les infectieuses comme Ie paludisme ‘ou la Lépre, pour lesquelles les hamunes bslanes dis- ponent de remédes efficaces, les maladies prowoquées par Ia soreellerie ou par les plantes, celles, enfin, dues fal eee a Signe nda peppers rer Dans ce particulier, avec la personne eu Fobjet gine du mal. La vieille ferame accusatrice: rma hutte était dla fois la source ot Je rem Mus tard, mes nouvelles méthodea Ie trouvérent moins -enthonusiaste. Jfavais emporté un petit magnétophone portalif qu 92 ‘he me quittalt pas, Aux champs, {I m’arrivalt d’enregis: trer mes conversations avec les villageais. Les Dowayo niment emtendre leur voix, mais ils connmissaient be procédé depuis longremps. Les jeunes a la page pos shlent des cassettes de chanteurs et {ls en ont méme rencontre quelquesains, Mais ce qui provoquall des murmures d’étoniement — «merveilleux, emingiques =, c'était mon éeriture. A part quclqucs enfants, les Dowayo-sont illotirés, Lorsque je commen- cal A prendre des notes dans wn potpourri de Frangais, d'anglais ct de phrases en dowaye transcrites phon prétations que favais obtenes. Fétaix capable d'en prendre (me au hasard, de écouter avec mon assistant qui justifiait les (raductions qu'il m'avait proposes, sm'expliquait certains termes, certaines rigles d'usage et les différences entre certains synonymes. Grice & cette méthode de wavuil, nos compéiences linguis- tiques firent um bond en avant. Lal devint plus attentif; je commengal A apprendre pliis vite. AU lieu de mie lais- ser me contenter d'une approximation, i me sigmalait Jes difficultés sur lesquelles nous aurions A revenir plus: tard, renongant 4 cette position @ormiscience qu'il avait adoptée au début. La plupart du temps, le déjeuncr se camposait de galettes, de chocolat, de beurre de cacalusétes et de riz. 93 Puis mon assistant ullait faire une sleste au moment le Les semaines s‘écoulaicnt, le temps devenait de plus en plus chad ot ka pluie ne tombait que sporsudique- ment, en averses torrentielles. Jo décidai d'aller me Baigner chaque aprévmidi, Jol, eau représente: un sérieux danger. De nombrouses maladies parasitaires sévissent a Fétu endémique dans ty régiog, La pls grave est certainement la bilharziose domt sont attcints bien des Dowaya. Elle provoquedes hémorragies intes- (inales, des nauisées 1 un affaibliswenment qui conduit 4 la mort, Mais l'espérance de vie de la population est si faible qu'on meurt avant. Selon certulns, UI suffit dee mettre un pied dans une riviére au mauvais endroit pour Gre définitivemen! infecté: d'autres affirment que pour en arriver Ki, il faut rester des heures immergé dans de l'eau polluée. Un géographe francais t's assuré quiaprés les premiéres fories pluies Meaur ait parfatement saine. I semblerait qu’elles entrafnent avec le courant les escargots deat qui trans: portent le parasite. Autrement dit, pour réduire le plus possible les risques d'infection, i fauclenin deja s‘abste- nie de se baigner a la saison nécho dans les eaux stax gnantes ou d'un faible debit. Depuls que favais regardé avec envie des Dowayo sébaitre joyeusemont dans In fraicheur des riviéres pendant quentoi, je suais sang-et eau dans. les champs, j¢ ne révais que de les imiter. De toute fagon, il était impossible de s'aventurer plus ou moins loin en (erritolre dowaya suns dtre obligé de trax verser des torrents timultneux avec de Teau jusqu’a mi-corps. M’en remettant au diagnostic du géographc, 4 Je pris le chomin da cbain » des hommes, tm plan d'eau profond, creus# dans le granite sous une cascade, Interdit oux femmes depuls qu'on y prathqualt La cir concision des jeunes garcons. Deux jeunes hommes s'y balgnaient aprés avoir tra- vaillé dans leurs champs. Visiblement mon anatomic lettt inspirait ime foule de commentitites. Les jours sui ‘vans, Vingt ou trente hommes se déplactrent pour venir voir de lours prapres yeux Ie spectacle de Vhomme blanc nu comme un ver, Trés vite, los arma tours se firent de moins en moins nombreux, ce qui ne manqua pas de blesser mon amour-propre. Liendroit diait incomparable, Au pied des mon: tagnes, I'cau claire et froide semblait jaillir de la roche. Des arbres ombeageatent le plan d'eats tpissé dle-sable. Au-dela, le torrent courait sur des marches de granite od l'on pouvnit s'étendre et passer graduellement du chaud au froid. A moins d'avoir & Eire alleles, Mai ihiew et moi passions de longs moments, chaque jour, (prés de cette piscine naturelle, et c‘est dans cc cadre Téscrvé cxclusivement aux hommes que les Dowayo me parltrent pour la promitre fois de Jeur relighon ot de leurs crayances. Visiblement, ils iient tous. cir concis et je ne I'étais pas. Sponianément, la canversa- ion porta tout d'abord sur ce sujet quasi obsessionnel dans leur culmre. Apeta In balgnnde, noni fiisions habiticlleniont in tour dans les champs pour essayer de trouver un groupe de villageois se détassant avec de li bidre. Une vingtaine d’hommes et de femmes pouvaient alterner binage des pleds de mil ct pauses & Vombre d'un arbre. Un éminent-colon frangais en poste au Cameroun a parlé de la biére de mil comme d'un breuvage ayant Ia 95 consistance d'une soupe de pois et le godt du pétrote. C'est juste. A midi, les Dowayo ne prennent rien d'autre ef sont, curieusement, tres rapidement et xpeciacuilaire- ‘meni ivees malgré la tes faible tencur en alcool de cetto higre. Jen étuls toujours aust dtonnd, Malyré la ‘répulsion que m'inspirait son mode de fabrication, je ‘tals fermement promis d'y goiter par pure corres- a wire Jorsqu‘on me demanda: « Voulervous de la biére? », mempresials-je de répondre: « Lit bidte ext ter en état d'ébriété pendant prés de trois jours. 96 ‘Zuuldibo, le chef, passail son temps 4 réiclor dims log que j‘envoie Matthieu a Ia recherche du chef. Depuis que Je chien de Zuuldibo m'nvait adopté dans l'espair © au propre, fenreqisrais les questions qe jo-me propor sais de poser le lendemain et je lisis ce quime tombalt mols, mis fen aviis une de rechange. Autrement dit, je pouvais travailler aprés lx tombée de fa nuit: un gros avantage quand on sait quelle a ea lien avant sept heures tout au long de ‘nnd. Les premiéres semaines s'¢ialen! ¢coulées ct je commengals & avoir I'impression de participer A la wie du village. Je me sentais moins seul, muis fétals encore sujet aux coups de cafird lorsque In pliie me tenalt confiné dans ma petite butte. La crise de paludisme m'avait faissé sur te flanc, Je ne me nourrissais pas aussi bien que jaurais d0 pour reprendre des: forces. Par ennui, il m'arrivaicde sauter des repas. La plupart dur ternps je m’obliggestis & manger malgré la monotonic ‘des menus, la nourriture ant un carburant dont je me pouvale me passer. Pendant des mois, je restal conyaincn de ne faire aucun progres dans Tapprentisage de Ia langue, comme si jGais condamné & repartir sans avoir rien appris, rien compris. Le pire, c'est que les Dowayo, pour ainsi dire, ne-faisaient jamais rien, n‘avaient aucune croyance, ne se comsacraient & aucune activiee symbolique, Us se contentaiont d'exister. La frustration que féprouvais a mc saisir que des bribes de ce qu'on dissit en ma présence me fit dotter Incorrectement et que, In moitié du temps, il_ne comprenait pas ce que je voulais dite méme s'l était capable de parler te dialccte,des Dowayo des mon- jugnes. I m’était méme arrive de le surprendre en train d'échunger des rogards furtifs avec d'autres homies lorsqu’on abardait certains sujets. 1 y avait de ta conspiration dans Tair, 98 La position d'assistant d'un chercheur sur le terrain c'est pas confortable. Les gens du cru attendent u'll so range de lour cite si un diflérend survient avec son employeur, En Afrique, i ne fait pas bon se mettre a dos les membres de sa fimille. Par ailleurs, son patron» compte sur lui pour faciliter les contacts avée la population locale ot liti fournir lo maximum de renseignements dans fous les domaines. Pour un othe nographe désircux de traquer la vérieé, il est fristrant étre obligé, pour arriver A ses Ons, de sen remetire en partic di un joune Gudiant, La plupart des Dowayo, se fondant sur leur expérience dex missionnaires, s'attendent 4 ce que tous les Blanes soient des chrétiens fanatiques. ls furent tres surpris de constater que je n'sccompagnais pas mon assistant 4 Foffice religicux le dimanche. Fen fus réduit & me trouver, comme par hasard, & la sortie de Voffice pour bavarder avec les paroissiens et montrer que mon absence n'était pus le aigne Cun sentiment de supérioriié, Je me déolais de constater que je ne parvenals fit, jo dirigeais beaucoup plus lours réponses que ne Toutorise toute recherche honnéte, Un jour enfin, je compris : les Dowayo équilibrent une conversation selon dex régles qui leur sont propres, En principe, en Occident, on n'interrompt pas quelqu’un qui a pris la parole. fin Afrique, on inervient dans Je discours de son interlocuteur comme on Ie ferait au iléphone, pour signaler qu‘on est toujours 4 I"écoute. Un Dowayo ce) ‘on train de sulvre Ia conversation de quelqy'un cegarde fixement le lo sms dete dei acquilescant ~« oul », « c'est ga », « bien sr. Suns cette Sassanid Pees Dés que j‘uppli- fetdoaaed trent abondamment: CHAPTFRE, Vit «O Cameroun, 6 berceau de nos aleux » ‘Tous les yendredis aprés-mil, je rompais le cours. manquer de medicaments, toute la vile en peti: men avail cure. De toute fxgon, les liaisons postales étaient si lentes et ssi cupricicuses qu'un mois sur deux je ne recevais que ville: ican wétais jamais alle, ‘her Ie courrier avait pour avaniage de me 101

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