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CHAPITRE 7 LES PLANS DIRECTEURS DE PRODUCTION 7/4 Introduction Comme nous l’avons exposé dans I’introduction de cette partie, le plan directeur (ou, comme on va le voir, Jes plans directeurs) constitue articulation entre la stratégic de l’entreprise et la gestion des flux de matiéres. Autant le r6le de la gestion des flux, & travers le calcul des besoins nets et la gestion des stocks, est clair, autant les différentes fonctions du plan directeur sont plus difficiles 4 percevoir intuitivement. 7/1.1 Les plans directeurs : un réle d’anticipation Considérons le cas dune entreprise dont les marchés présentent une stabilité forte : les produits ne subissent pas d’évolutions technolo- ques, la concurrence est inexistante et les quantités vendues par période sont presque constantes. Une fois qu'une telle entreprise s’est dotée de ressources de production adaptées, la gestion des opérations se résume 4 approvisionner les matiéres nécessaires et lancer les fabrications, et ce de maniére trés réguliére et répétitive puisque rien n’évolue dans Venvironnement du systéme logistique. Le cadre de fonctionnement de la gestion des flux et des opérations est done stable dans le temps. Dans le monde industriel d’aujourd’hui, la plupart des entreprises sont confrontées a un environnement moins confortable : les charges de travail fluctuent dans le temps et sont done irréguliéres. On rencontre de telles fluctuations lorsque les ventes des produits présentent une saisonnalité importante au cours de I’anné en pratique le cas de la plupart des entreprises. On peut exemples les secteurs des parfums et des produi 202 La planification des opérations de fin d’année, du matériel de sport ou de jardinage, le mobilier @extérieur, les jouets, les luminaires, les téléviseurs et les magnéto- scopes, etc. La figure 7-1 présente les ventes trimestrielles d°un type de seie, pour une entreprise d’outillage. On voit clairement apparaitre la saisonnalité (en dents de scie !) Figure 7-1 — Zxemple de courbe de vente d'une scie 1000: 800 600 400 200 ° SSeS 88R8RB SF 55 SF FB SB ESP eseS Perse eee ek a Ventes trimestrielles (unités) Dans d?autres cas, les volumes de ventes présentent une incertitude forte et des possibilités de fluctuations rapides difficiles 4 prévoir. On en connait de nombreux exemples : les boissons et les crémes glacées dont la consommation est fonction de la température courante, certains parfums qui réalisent une percée inespérée sur un marché ou un modéle @automobile qui, au contraire, ne concrétise pas les espoirs mis en lui. Ceite situation se présente également dans le secteur pharmaceutique, oi la consommation de certains médicaments dépend de apparition ou non @une épidémie. La figure 7-2 présente un exemple de produit (un médicament en l’occurrence) dont les volumes de vente ont subi une évolution tout a fait inespérée. ‘Les caraetéristiques du marché font done que, dans de nombreuses situations, les quantités de produits souhaitées au cours du temps par les clients, varient, parfois fortement. Pour les différentes ressources de ces entreprises, les charges de travail associées fluctueront done elles aussi. Or A court terme un systéme logistique ne présente pas une flexi- bilité sans bornes, Join s’en faut : le nombre de machines est figé, la formation de personnel qualifié prend du temps, les contrats d’achat négociés avec les fournisseurs peuvent comporter des limites sur les quantités fournies par périodes, etc. On voit alors apparaitre le probléme suivant : comment faire face a des ventes fluctuantes avec un systéme logistique qui présente une flexibilité limitée, c’est-a-dire des possibilités restreintes d’évolution a court terme ? Les plans directeurs de production 203 Figure 7-2 —Exemple de courbe de vente d’un médicament 1200 1000 800 600 400 200 2 ——#—__, ° Avil Mai Jin Juillet Aad Septembre Octobre —2—Ventes prévues (milliers d'unités) |-o— Ventes réalisées (millers d'unités) Le réle des plans directeurs est précisément d’anticiper les évolu- tions des ventes (et donc des charges de travail) de maniére a disposer d’un délai suffisant pour pouvoir adapter le systéme logistique complet son marché. Les questions traditionnellement abordées dans ces plans sont les suivantes : étude des rapports entre charge et capacité pour les ressour- jues, évaluation des quantités de matiéres nécessaires et négociation avec les fournisseurs, identification de plans d’actions afin de réaliser un bon équilibrage charge/capacité pour les postes en surcharge (ou en sous-charge). Les moyens d’action que I’on peut mettre en ocuvre ont été pré- sentés au chapitre 3; en résumé, ce sont acquisition de ressources supplémentaires, lissage de charge (par création de stock anticipation, par abandon ou développement de certains marchés, mise au point de ventes promotionnelles) et recours & la sous-traitance. 7/1.2 Les plans directeurs : un espace de négociation Au niveau organisationnel, les plans directeurs assurent une coordi- nation efficace des logiques des différentes fonctions Traditionnellement, les objectifs assignés aux différentes fonctions de Pentreprise sont associés a la culture de chacune de celles-ci: un département commercial aura pour mission de réaliser un maximum de ventes, la production aura minimiser le codt de revient industriel, alors que les services financiers chercheront 4 optimiser utilisation des fonds disponibles. Ces objectifs risquent de conduire chaque 204 La planification des opérations fonction a des actions divergentes. Par exemple, il est bien connu que la fonction commerciale souhaite des produits trés personnalisés, avec des délais de livraison courts, alors que 1a fonction de production préfére produire des grandes séries d’articles standardisés en disposant de délais longs pour optimiser la planification. L’élaboration des plans directeurs de production doit done constituer un espace de négociation entre les fonctions de Pentreprise, sous l’arbitrage de la Direction Générale. De fait, un plan directeur constitue expression d’un compromis entre les responsables des différentes fonctions. Tout d’abord, ce plan doit étre conforme aux objectifs généraux de Ventreprise (comme Pévolution du chiffre d’affaires par exemple). Ensuite, il définit les besoins en fonds de roulement pour financer les stocks prévisionnels et les investissements en équipement correspondant. Il sert de référence pour la gestion des ressources humaines. Enfin, il fixe les quantités globales de matieres et composants dont il faudra assurer approvisionnement. Une erreur 4 ce niveau peut pénaliser l'ensemble du processus de planification a court et moyen terme. On comprend done qu’ un tel plan doit étre validé par un comité composé de la Direction Générale et des respousables des différentes fonctions. C’est en effet au moment de [’établissement du plan directeur global que la Direction Générale de l’entreprise joue son role darbitre et choisit les orientations stratégiques. 7/1.3 Présentation des plans directeurs Lors de la constitution du budget annuel, il est nécessaire de dis- poser d’informations prévisionnelles concernant les investissements & réaliser, les variations d’effectifs nécessaires, les niveaux de stocks de matiéres premigres et de produits finis 4 financer. Bref, il faut avoir sous la main une estimation des niveaux d’activité pour la période bud- gétaire, ce qui est une des informations de base contenue dans le plan directeur global ou plan industriel et commercial (PIC). Compte tenu du délai nécessaire 4 Papplication des décisions de modification de capacité, l'entreprise ne posséde pas, sauf exception, un caret de commandes fermes sur un horizon suffisant L’information de départ de toute planification est donc (au moins en partie) constituée de prévisions de ventes (cf. chapitre 6). Le degré de finesse de ces prévisions mérite toutefois d’étre analysé. Par exemple, pour évaluer l’activité globale d’une usine qui assemble des téléviseurs (et done ses besoins en ressources), il n’est pas nécessaire de savoir avec précision si ’on va vendre un téléviscur revétu d°un placage de simili-bois ou d°un capot en plastique. Le plan Les plans directeurs de production 205 global est done souvent réalisé au niveau de familles de produits. Les familles sont constituées en fonction de la ressource a planifier. Par exemple, si on cherche a prévoir la charge de travail sur un poste de charge critique, la famille regroupera toutes les références dont la production utilise ce poste. Au contraire, si on doit anticiper les besoins en un composant critique, la famille reprendra tous les articles dont la nomenclature contient ce composant, Dans Ia plupart des cas, les prévisions s’effectuent done par familles, c’est-a-dire 4 un niveau d’agrégation assez élevé. Cela signifie que Ventreprise ne cherche pas & connaitre d’avance les ventes de chacune des références produites. Une prévision par famille est largement suffisante. Si les produits et les ressources de entreprise sont homoggnes, une prévision en heures ou en francs permet déja de faire une premiére approche globale. A plus court terme, la programmation de production est l’activité qui consiste a définir un plan de production détaillé, c’est-a-dire exprimé au niveau des références. Bien entendu, ce plan détaillé doit 6tre cohérent avec le plan global, exprimé au niveau des familles de produits. Le plan détaillé, encore dénommé programme directeur de production (PDP), précise, pour chaque article fabriqué, les quantités & produire, période par période. Il constitue done articulation entre le PIC et la gestion des flux matiéres. Le PDP est en fait un contrat entre la fonction commerciale et la fonction de production, qui définit les produits a livrer, en quantité et en date. L’horizon de ce plan est par nature au minimum égal au cycle de production. L’ensemble de la procédure de planification directrice est représenté a la figure 7-3. 7/1.4 Plans directeurs et modes de gestion des flux Tl existe un lien étroit entre le mode de gestion de flux — a la commande ou sur anticipation — et les potentialités et les leviers d’un plan directeur. On explicite ci-dessous les actions typiquement mises en ceuvre dans les plans, selon que V’entreprise est en gestion a la commande ou sur anticipation. Pilotage a la commande Considérons les entreprises qui travaillent & la commande, comme les entreprises d’ingénierie ou du batiment, les secteurs aéronautique et spatial (satellite), les biens d’équipements (machines-outils, embal- leuses, générateurs électriques de centrales thermiques, machines de grands navires, 206 La planification des opérations Figure 7-3 — Procédure de planification Prévisions de vente par famille (~<__—__——_ Atticles Prévisions de vente et commandes client par référence Nomenclatures wile (Macro)gammes de fabrication Deux des caractéristiques des entreprises fonctionnant a la commande sont : la difficulté d’estimation des charges prévisionnelles, sur un horizon supérieur & celui du carnet de commandes, — la difficulté de stockage danticipation: que stocker quand on travaille sur spécifications des clients ? En dehors des commandes fermes, la seule approche possible consiste a estimer des pourcentages d’obtention des contrats en cours de négociation. Le PIC est alors calculé a partir d’une estimation moyenne des charges de travail 4 moyen.ou long terme. Toutefois, la difficulté d’estimation réaliste des probabilités de succés et la disper- sion possible autour de la moyenne rendent en général cette méthode quelque peu délicate. Sur Phorizon du PIC, les informations sont souvent floues et le plan global ne peut dés lors qu’anticiper des déséquilibres majeurs. A partir du carnet de commandes, on peut directement réaliser un PDP fiable qui a les missions traditionnelles (en dehors de la planifi- cation de stocks d’ anticipation), Dans ce cas, les équilibres entre charge et capacité sont obtenus essentiellement en privilégiant : — la gestion de la demande, qui consiste a tenter de modifier la charge de travail pour la rendre compatible avec la capacité disponible, — le développement de la polyvalence, de maniére & pouvoir adapter rapidement la capacité de main-d’ceuvre directe aux modifications du carnet de commandes, — Ie recours aux contrats & durée déterminée et aux intérimaires, een ee eT Les plans directeurs de production 207 — a modulation instantanée des horaires (heures supplémentaires ou le déplacement d*heures au cours du temps). Exemple: une entreprise de chaudronnerie a pour activité principale la fabrication de t6les spécifiques pour assembler des tours et réacteurs de raffineries de pétrole. Cette activité se décompose en deux métiers spé- cifiques: préparation des tdles (découpe, pliage et soudure) et opérations de pergage. Selon les commandes, les volumes de charges de travail relatifs a ces deux métiers peuvent étre différents. Un moyen efficace pour éviter des périodes de sous-charge d’un des deux métiers pendant que I’autre est en surcharge consiste 4 former les opérateurs aux deux métiers a la fois, ce qui permet une affectation rapide de la capacité de main-d’ceuvre en fonction des besoins. Pilotage sur anticipation Pour qu’une entreprise puisse fonctionner sur stocks, il est nécessaire : = soit de pouvoir réaliser des prévisions fiables, de maniére & consti- tuer des stocks appropriés, — soit de disposer dune fonction commerciale et de stratégies spéci- fiques capables de modifier les demandes des consommateurs de maniére a écouler des invendus (cxemple des ventes promotion- nelles dans le secteur des ordinateurs). Comme les actions qui permettent des modifications de la capacité on de la charge au cours du temps cofitent en général cher, les entre~ prises ont tendance A recourir au lissage de charge par réalisation de stocks anticipation. Ce levier particulier d’équilibrage constitue bien souvent un des éléments de base du plan directeur global. Ces stocks d’anticipation peuvent étre réalisés sur les produits finis (cas des aspirateurs, des parfums, de certains aliments congelés, ...). En plus des actions traditionnelles, le PIC, en fixant les productions mensuelles, définit alors implicitement les montants globaux de stocks d’ anticipation & réaliser Le PDP est ensuite établi, soit directement, par confrontation avec l'information a court terme (derniéres prévisions de vente, disponibilité spécifique de certaines ressources, niveaux de stocks de certaines réfe- rences), soit directement d’aprés le plan PIC, en répartissant les quantités dune méme famille suivant des pourcentages fixés & Pavance. Pilotage sur anticipation limitée Dans cette situation, les deux approches précédentes sont combinées : la planification requiert deux plans globaux et deux plans détaillés. 208 La planification des opérations En cas d’anticipation limitée, les stockages d’anticipation et les lissages de charge sont réalisés au niveau de produits en cours et de composants. On peut citer comme exemple celui de Ja fabrication de matériels agricoles telles les charrues. Ce type de produit fini peut se décliner selon plusieurs milliers de variantes, en fonction du lieu utilisation de Poutil et de la nature des sols. De plus, comme les ventes sont trés saisonniéres, la procédure de planification a lieu en deux temp: ~ prévisions 4 moyen terme (plusieurs mois) pour les composants et planification de stockage d’anticipation de ceux-ci, = montage des charrues 4 la commande, ¢°est-A-dire planification en fonction du caret de commandes. Figure 7-4 — Production avec anticipation limitée PIC ¢ PDP PIC et PDP "21a commande” "sur stock" <> 5 Commands Prévisions moyen terme Horizon des Prodston informations ‘la commande commerciales as . vot A anticipés 4 Oo On se trouve donc en fait en présence dun systéme de planification a plusieurs plans directeurs. Cette solution combine la production a la commande et la production sur stocks. Un tel systéme est trés intéressant, car il permet de présenter de maniére trés générale la fagon dont les plans directeurs de production peuvent étre mis en place. Dans un fel schéma, le plan directeur 4 court terme peut étre révisé avee une grande souplesse, & condition d’avoir constitué, au niveau qui précéde Ie montage, un stock suffisant de composants. Les plans directeurs de production 209 7/2 Le Plan Industriel et Commercial (PIC) Cette section présente de maniére détaillée les problématiques asso- ciées au PIC : structure, fonctions, calcul et optimisation et procédures de révision. . 7/2.1 Structure du PIC Pour une famille de produits, un tel plan est en général taduit par un échéancier dont la grille temporelle évolue en fonction de Vhorizon: par mois, puis par trimestre, enfin par semestre, voire parfois par an (fig. 7-5). Figure 7-5 — Exemple de PIC pour une famille 1994 1995) 1996 Cumut | Jan [ Fév. Déc. | ter | 2ime | 2ime Trim. | trim |_Sem. Prévisions | 12,000 | 1000 | 1750 1250 | 4500 | 4000 | 6500 Production | 13.000 | 1250 | 1750 1230 | 3750 | 4000 | 6500 Stock | 1000 | 1250 | 1250 1000 | 250 [ 250 | 250 Une fois de tels plans établis pour les différentes familles de produits, la direction de |’entreprise dispose d°une véritable plani- fication de activité industrielle et logistique sur un horizon d'une ou plusieurs années. 7/2.2 Fonctions du PIC Le plan industriel et commercial sert de base a la planification des ressources, et par voie de conséquence aux décisions d’ investissement et 4 l’établissement des plans financiers (besoins en fonds de roule- ment, crédits de campagne). Traditionnellement, au niveau de la logistique, fe grand réle du PIC est de permettre une évaluation prévisionnelle des charges de travail des différentes ressources, tant a Pintérieur de lentreprise qu’au niveau des fournisseurs, qui ont besoin de prévisions de commandes sur lesquelles fonder leurs propres prévisions d’activité, Le calcul des charges se fait a I’aide de macrogammes (fig. 7-6), qui indiquent simplement les temps opératoires globaux pour les res- sources critiques, par famille de produit. Les ressources critiques sont celles qui risquent de poser des problémes : on pense par exemple une machine goulet dont la capacité peut: étre insuffisante, aux ressources financiéres qui doivent étre en phase avec la trésorerie prévisionnelle et, globalement, & la main-d'ceuvre directe. Les plans directeurs de production 2 7/2.3 Catcul et optimisation du PIC Pour établir le plan global, on emploie généralement des techniques de simulation informatisée. II existe des programmes spéciaux, mais parfois un simple tableur fait l’affaire. La simulation permet d’établir plusieurs hypothéses, optimistes on pessimistes, et @’imaginer par avance, dans chaque cas, les scénarios 4 suivre. Les difficultés sont bien Pobtention de prévisions fiables ot la définition d’une politique de production a long terme, c’est-i-dire [a détermination des. niveaux globaux de production par mois et le choix des ressources utilisées pour les réaliser. PIC en fonction du mode de gestion de flux Pour illustrer la problématique de détermination du plan directeur, envisageons l’exemple suivant : une entreprise dispose, pour un atelier, des prévisions de ventés pour Pannée 1996. Ces prévisions peuvent @tre assimilées aux yentes qui seront réellement enregistrées et permettent de calculer la charge prévisionnelle mensuelle. Si lon fait ’hypothése que les ventes du mois seront produites dans le mois, on peut calculer la charge de travail mensuelle. Pour déter- miner la capacité, on calcule le nombre de jours ouvrables du mois & Paide du calendrier puis les horaires mensuels par ouvrier (fig. 7-8). On va considérer deux cas de figures : la gestion a la commande et la gestion sur anticipation. Les résultats numériques associés sont résumés dans le tableau final 7-12. PIC en gestion de flux & la commande Si Pentreprise travaille & la commande, les leviers qui peuvent étre mis en ceuvre sont les variations d’effectifs (CDD et intérimaires) et les variations de niveau d’activité (heures supplémentaires, négociations des périodes de congés, horaires flexibles). Premiére possibilité : variation des effectifs. Les effectifs mensuels nécessaires pour satisfaire, en horaire normal, les ventes du mois de référence s’obtiennent alors en divisant la charge mensuelle de travail par Phoraire normal d’un ouvrier (fig. 7-12, colonne 3). On remarque les variations de besoins en main-d’ceuvre selon les périodes : de 1 136 en janvier 4.2775 en aodt (fig. 7-9). La moyenne est de 1789. Une option consisterait a conserver un effectif constant toute l'année de 1 136 personnes et & embaucher temporairement des intérimaires selon les fluctuations de la demande. 212 La planific des opérations Figure 7-8 ~ Charges et capacités ‘Charge par mois | Nombrede | Horaire mensuel Mois _| (milliers d°heures) |jours ouvrables|_par ouvrier (heures) Tanvier 200 2 176 Février 233 20 160 Mars 300 2 168 Avril 239 20 160 Mai 333 21 168 Juin 200 20 160 Juillet 233 2 116 Aoitt 222 10 80 Septembre 400 20 160 Octobre 355 23 184 Novembre 445 2 196 Décembre 289 20 160 Totaux 3.449 241 1938 Figure 7-9 - Histogramme des effectifs ‘Charges (en mi == Efectis (en equipes de 10) —¢— Charges (en miliers dreures) Deuxidme possibilité : variation du niveau d'activité. Si Yon main- tient un effectif constant de 1 789 ouvriers sur Pannée, ceux-ci seront productifs seulement une fraction de leur temps (fig. 7-12, colonne 4) et devraient faire des heures supplémentaires a certaines périodes de Pannée (fig. 7-10). Les plans directeurs de production 213 Figure 7-10 — Variations du niveau d'activité Activité (en %) ‘Charges (en mi PIC en gestion de flux sur anticipation Dans ce cas, on choisit de maintenir un effectif constant de 1789 ouvriers travaillant 4 temps plein. Comme les charges induites par les vVentes mensuelles fluctuent, certains mois une partie de la production devra étre stockée alors que, dans d’autres mois, la demande sera satis faite par la production du mois et par prélévement sur une partie du stock précédemment constitué (fig. 7-12, colonne 5). La constitution de stock a ici pour objectif le stockage d’une charge de travail réalisée A Pavance (fig. 7-11). igure 7-11 — Constitution de stocks d’anticipation 8 8 ‘Charges (en millers heures) M s Stasis —e— charges menevales 214 La planification des opérations Figure 7-12 — Exemple : PIC et politiques d’qjustement Charge Effectifs % dactivité Stock Mois (heures) _|_nécessaires_|4M.O. constante| (heures) Janvier 200 000 1136 63,4 114 900 Février 233 000 1456 813 168 100 Mars 300 000 1785 99,7 168 700 Avril 239.000 1493 82,4 215 900 Mai 333 000 1982 110,7 183 500 Juin 200 000 1250 69,8 269 700 Juillet 233 000 1323 3,9 351 500 Aoit 222.000 2775 155, 272 600 Septembre | 400 000 2500 139,7 158 800 Octobre 355 000 1929 107,8 133.000 Novembre | 445.000 2528 1413 2.800 Décembre 289 000 1806 100,9 o 7/2.4 Le choix des articles 4 stocker Lorsque Pon erée un stock d’anticipation, on peut le constituer avec différents produits ou sous-ensembles fabriqués. Ce choix peut influer sur le coat global de ’ajustement. Exemple: une société d’assemblage de téléviseurs propose deux familles de produits : les modéles bas de gamme (BG) ot les modéles haut de gamme (HG), dont certaines caractéristiques sont données dans le tableau ci-dessous (fig. 7-13). Figure 7-13 — Caractéristiques des deux familles de produits Bas degamme| Main- | Matiéres [Haut de gamme| Main- | Matieres @eeuvre | (euros) @euvre | (euros) (en heures) (en heures)| Sous-ensemble] 1,5 32 | Sous-ensemble | 5 100 chassis chassis Sous-ensemble| 0,5 28 | Sous-ensemble | 1,5 76 habill habilk abillage abillaze Total 2 60 Total 65 176 Les prévisions de ventes, les charges de travail, les effectifs et les horaires de travail sont repris au tableau 7-14. La stratégie retenue pour Ie PIC consiste & gérer les flux par anticipation (limitée ou non) et 2 maintenir l’effectif constant. L’évolution correspondante des stocks, exprimés en heures de main-d’cuvre, est représentée en figure 7-15. Le probléme posé consiste alors 4 choisir sous quelle forme stocker les heures de charges réalisées 4 l’avance : Les plans directeurs de production 215 — sous forme de produits finis (haut de gamme ou bas de gamme), — sous forme de sous-ensembles (haut de gamme ou bas de gamme). Figure 7-14 — Calcul des charges et des horaires [Prévisions de[Prévisions de] Charge de] Horaire | Effectits Mois | venteBG | venteHG | travail | mensuel/ (heures) | ouvrier Janvier 2590 790 10315 | 176 4 Février 2.880 1170 13 365 160 14 Mars 2520 70 10 045 168 114 Avril 1550 720 7780 | 160 14 Mai 2.030 670 8415 | 168 14 Juin 2.270 690 9025 | 160 114 Juillet 1530 1580 13330 | 176 14 Aotit 1530 920 9040 80 n4 Septembre | 3870 | ~ 3060 | 27630 | 160 14 Octobre 4100 3330 | 29845 | 184 44 Novembre | 5310 4100 | 37270 | 176 4 Décembre | _5 800 4mo__| 42280 | 160 4 Figure 7-15 — Evolution du stock 2x reo 2 exe ¥ soo é 50000 = vee i i i é ; 3 100000 0000 3 2 2000 Bsns é seo Charge cumuiée ——a Production cumulde —6— Steaks La figure 7-16 propose une comparaison des montants de stocks suivant ces quatre options. Dans la mesure ott Pobjectif des stocks d’anticipation est le stockage de charges de travail sous la forme de produits, un critére de sélection du produit 4 stocker est le ratio entre la valeur des matigres 216 La planification des opérations consommées et le nombre d’heures de charges contenues dans ce produit. Dans l’exemple choisi, les ratios sont les suivants (fig. 7-17). Figure 7-16 — Montant des stocks 14 2 10 Montants des stocks PF haut de gammen PF bas de gammeD SE haut de gammeD SE bas de gamme Figure 7-17 — Ratios cotit matiére par heure de main-d'euvre Sous-ensemble chassis BG 32/1,5 = 121,3 Produit fini BG 60/2=30,0 Sous-ensemble chassis HG 100 / 5 = 20,0 Produit fini HG 176 / 6,5 =27,1 En termes de cofits de stockage, la meilleure solution consiste donc realiser le stockage d’anticipation sur les sous-ensembles haut de gamme. Les deux exemples que nous venons de traiter posent le probléme du PIC, illustrent des solutions alternatives et suggérent qu’un choix définitif soit effectué selon une fonction objectif a définir. La produc- tion étant, en général, considérée comme un cenire de cost, il s’agira le plus souvent de choisir le programme prévisionnel qui minimise le cott total annuel tout en respectant I’échéancement des livraisons. Pour traiter ce probléme, on fait habituellement appel a la simula- tion (le tableur peut alors étre un outil particuligrement utile). La résolution & Paide de méthodes d’optimisation comme la program- mation linéaire est parfois utilisée. Cette approche est done brigvement présentée a la section suivante, Les plans directeurs de production 217 Il est toutefois nécessaire de rappeler que, bien souvent, les prévi- sions sont incertaines. Les différents plans obtenus devront étre appréciés selon les risques induits en fonction de l'expérience des dirigeants. 7/2.5 Optimisation du plan directeur par la programmation linéaire On propose une formulation type qui inchut la plupart des aspects courants de cette problématique de conception PIC A cotits minima. II est cependant clair que cette formulation n’est pas exhaustive et que ce modéle doit éventuellement étre adapté pour prendre en compte certains phénoménes spécifiques particuliers'. Cette formulation reprend les aspects suivants : — données ou paramétres du probléme, — choix des variables de décision, ~ définition des contraintes sur ces variables de décision, Données ou paramétres : ils constituent les caractéristiques quantita- tives du probléme, disponibles au décideur et définissant le cadre d'action de ce dernier. Dans le cadre de la conception de plans de production ces paramétres sont les suivants, — nombre de périodes considérées (encore appelé horizon de planifi- cation): T, — demande a la période t : Dj, — nombre de jours de produetion a la période t : ny, = nombre d’unités produites par jour et par personne : p, — stock minimum exigé en début de période t : SMIN,, — cotit d’embauche d’une personne : CE, ‘= coiit de licenciement d’une personne : CL, — coiit de possession d’une unité pendant une période : CS, — coiit de production d’une unité (horaire normal) : CHN, — coiit de production d’une unité (heures suppl.) : CHS, — coiit de sous-traitance d’une unité : CST. Choix des variables : en vue de permettre une formulation claire et facile A interpréter du probléme, il est souvent nécessaire de considérer deux types de variables : ~ les variables de description de |*état du systéme, = les variables de décision proprement dites. 1. 8. Graves, A. Rinnoy Kan, P. Zipkin, Logisties of production and inventory, North-Holland, 1993. 218 La planification des opérations Les variables de décision constituent les feviers de commande du gestionnaire face au probléme de planification. Ces demniéres sont notamment lembauche, le licenciement, le recours aux heures supplémentaires, Putilisation de la sous-traitance, la constitution de stocks de produits. Les variables de description de l'état du systéme de production (niveau des effectifs ou des stocks) rendent compte de impact des décisions prises. En général, ces variables sont introduites dans le modéle pour des raisons de clarté des notations. Il est souvent trés lourd d’exprimer l’impact économique des décisions directement en fonction des variables correspondantes. Une procédure en deux étapes est généralement plus simple. On commence par exprimer l’effet des décisions sur ’évolution de I’état du systéme considéré et ensuite, on en déduit la fonction critere associée. On énumére ci-dessous les variables les plus souvent utilisées en modélisation de plan directeur de production. Les variables de décision sont les suivantes : = embauche au début de la période t : E, = licenciement au début de la période t : Ly, — unités en heures supplémentaires A la période t: HS,, — unités sous-traitées a la période t : STy. Les variables auxiliaires sont alors : — effectif au début de la période t : EF, — stock au début de la période t : S,, — unités produites durant les horaires normaux a la période t : P,. Deseription de la fonction objectif : définie 4 partir des cofits et des variables introduits plus haut, cette fonction est de la forme = r Y (CE E, + CL Ly +05 5, +CHN P, + CHS HS, + CTS ST,) 11 Contraintes : on décrit dans la suite les contraintes qui relient les variables considérées dans le modéle. Deéfinition de variables awxiliaires Quantité fabriquée en horaire normal au mois t Py=np EF; Expression de la conservation de flux Effectif au mois t EF, = EF. + E,-Le Les plans directeurs de production 219 Stock au mois t: Sp = Sp.1 + Py FHS, + ST;— Dt Expression de la contrainte de stock minimum SMIN,

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