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MAISON DES SCIENCES DE L'HOMME - FONDATION RECONNUE D'UTILITE PUBLIQUE

54, boulevard Raspail 75270 Paris cedex 06 Téléphone - 33 (1) 49 54 20 00


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Maurice Aymard

Direction scientifique

Téléphone: 33 (1) 42 22 02 94
Télécopie : 33 (1)49 54 21 33
courriel : aymard@msh-paris.fr
Paris, le 26 juillet 2010

M. Rado Bohinc
Recteur de l’Université de Primorska
Et
Mme Vesna Mikolič
Doyenne de la Faculté des Sciences Humaines

Madame la Doyenne, Monsieur le Recteur,

J’ai l’honneur de faire partie du groupe d’universitaires qui ont suivi de près et
appuyé de toutes leurs forces le processus de transition démocratique engagé il y a vingt
ans dans votre pays. Je l’ai fait à la fois comme chercheur, spécialiste de l’histoire de la
Méditerranée à l’époque moderne et contemporaine, et comme responsable d’une
institution, la Maison des Sciences de l’Homme, que j’ai dirigé comme Administrateur de
1992 à 2005. Nous avons tout fait pour établir entre les chercheurs et institutions de nos
deux pays, dans un cadre ouvert à l’ensemble de l’Europe, des relations de coopération
étroites, fondées sur la libre circulation des personnes et des idées, sur la recherche en
commun, sur la traduction et la publication des œuvres. Votre Université m’a fait
l’honneur de reconnaître l’an dernier l’importance qu’elle accordait à cette action en
m’attribuant un titre de docteur honoris causa qui, au-delà de ma personne, s’adressait
aussi à l’institution que j’avais dirigée pendant treize années.
A tous ces titres, et fort de cette expérience, je n’ai pu qu’être bouleversé et choqué
en apprenant la vague de licenciements d’enseignants et de chercheurs qui venait de
frapper dans votre Université l’ensemble du secteur des sciences humaines, et parmi eux
de cinq collègues assurant un enseignement régulier, que nous connaissons et apprécions
tout particulièrement, Eva Brajkovič, Igor Ž. Žagar, Sabina Ž. Žnidaršič, Taja Kramberger
et Tomaž Gregorc.
Il n’est pas dans mes intentions d’intervenir dans les affaires internes de votre
Faculté et de votre Université, et dans des questions qui devront trouver une issue
juridique. Mais nous savons tous que ces mesures de licenciement sont intervenues dans
un climat de tensions interpersonnelles et politiques fortes au sein de votre institution et
qu’elles ont eu pour principal objectif d’éliminer ceux qui pouvaient apparaître comme
des « opposants ».
La Slovénie fait partie de l’Union Européenne et elle doit à ce titre en respecter les
règles. Le libre débat et les divergences d’opinion sont des principes fondamentaux de
notre vie universitaire, nécessaires au progrès même de la recherche et de l’enseignement.
Eliminer l’opposition, quels que soient les motifs invoqués pour le faire, ne peut avoir que
des effets négatifs sur l’avenir de nos institutions.
C’est pourquoi je vous demande solennellement de renoncer à de telles mesures :
elles peuvent paraître régler un problème à court terme, mais en fait elles hypothèquent
gravement l’avenir. Elles sont contraires à cette transition démocratique que nous avons
soutenue dans votre pays au cours de ces ving dernières années.
Il va de soi que, si elles étaient maintenues, je serais conduit à renoncer
officiellement au titre de docteur honoris causa de votre Université qui m’a été remis en
mars 2003.

Bien sincèrement,

Maurice Aymard

Responsable du programme Maghreb

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