A. de Libera, L'Etre Et Le Bien Exode 3, 14 Dans La Theologie Rhenane

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126 (CELUI QUI EST des autres preuves proposées. Celles-ci ont Pavantage de ne pas rouver trop: non concludunt nimis contra propositums il ne Sagit pas de prouver qu’avoir un concept propre de Dieu nous est impossible, mais seulement que nous pouvons penser Diew dans un concept commun ...quod nullus conceptus potest haberi proprius Deo, sed quod aliguis communis. Les deux arguments prouvent par leur force relativement supérieure dans léchange arguments contraires : ..non sunt aegue diffciles utrigue parti. L’argumentation pour Tunivocité de Petre est une épreuve dialectique. Inquisitio metaphysica de Deo, Vargument quattitme dans la Distinction ut et la troisi¢me dans la Distinction vit concerne spécialement notre propos: la quéte de Dieu per la raison dans la présente condition humaine, a laquelle 1a parole divine & Moise appelle les fils d?Adam. Puisque Pexistence de son objet: Vinfini de Vétre, n'y est atteinte que par la chaine de raisons constituant une démonstration quia, cette recherche se situe au plan de notre métaphysique, tres au-dessous de celui de la métaphysique en soi, Dans cette situation du débat sur Punivocité de V’étre & Ia fois en elle-méme et dans son rapport avec le premier objet de la métephysique, la discussion du théologien Scot conscient de raisonner en un moment de Phistoire du salut, Iui assigne une place dans histoire de la métaphysique issue’ d’Aristote, Seisi par idée d'un «discours un sur etre», de cette philosophie premiére que Leibniz aussi déclarera désirée ou recherchée, ce franciscain médival nous propose une méditation sur le paradoxe de ce savoir introwvable dans la pure perfection dune science démontrable a priori mais retrowvée & quelque degré dans la complexité peut-étre indéfinie de raison- nements dialectiques. 27. AvwenqU, ob i 9.267 ALAIN DE LIBERA VETRE ET LE BIEN: EXODE 3,14 DANS LA THEOLOGIE RHENANE Résumé. - L’exépose d'Bzode 3,14 est um tow privilégié de 1a théologic philoophique de P'cale Albert le Grand. C'est la, on effet, que se réalise cxemplairement la. conciliation de Von tologisme augustinien et de I apophatisme dionysien recherchée tant par Albert Iui-mame que par se: disciples», Ulrich de ‘Strasbourg et Maitre Eckhart L'cutcur étude ls apes de cette synthise spéculative des dewx grandes formes du néoplatonisme médiéoal en suivant la question directice des rapports entre Bare et le Bien, d'aprés le Commentaire des Noms divins Alber, 1a Somme du Bien supréme f’Ulrich et le Commen- taire de I'Exode dBekhart. Liimportance d’Augustin pour I'école dite «colonaise » et la théologie dominicaine allemande de la fin du xr sitcle n’est pas toujours reconnue. Nous voulons montrer que l'interpréta- tion augustinienne d’Exode 3,14 a joué un réle essentiel dans Pélabcration des théories du Nom révélé proposées par deux des principaux disciples ou continuateurs d’Albert le Grand : Ulrich de Strasbourg (41277) et Maitre Eckhart (11328) Nous soutiendrons donc que Pinfluence d’Augustin s'est manifestée de deux manitres : = dune part, en imposant une certaine forme de primat du nom ¢’« Etre » sur celui de « Bien », jusque dans la lecture des textes dionysiens, pourtant décisifs pour ensemble de la tradition «colonaise »5 = autre part, en permettant d'instaurer un authentique dialogue de pensée entre la théologie de I'Etre et 'apophatisme de Denys, et ce, & mesure que la notion d'une « faim ontolo- Eique de Vétre-Dieuw et le solipsisme onto-théologique ot elle exprime fournissaient un cadre d’élucidation & la fois pratique ft théorique pour la « métaphysique de la conversion » élaborée par Urrich et Eckhart. 128 CELUI QUI EST Ce faisant nous espérons montrer que a métaphysique augus- tinienne de "Exode n'a pas, dans ['école colonaise, éclipsé sa métaphysique de la conversion : "évolution de Iécole, d’Ulsich a Eckhart, marquant un approfondissement constant de la Uhéologie de Dieu Btre en une théologie de Véire-Diew, du désir de Etre en un désir d'étre-Lui, d'une philosophie de esse en une philosophie de I'ipsum esse’, I, LORDRE DES NOMS ET LA QUESTION DU PRIMAT DE L'ETRE CHEZ ALBERT LE GRAND Le livre II de la Summa de Bono d'Utrich de Strasbourg est un commentaire des Noms divins du Pseudo-Denys?. Une particularité notable du texte Ulrich distingue sa démarche de celle de son maitce et principal inspicateur, Albert le Grand, ‘Commentant Denys littéralement?, Albert suit Pordre du texzus qu'il commente. Au contraire, le commentaire d'Ulrich n'est pas récllement un commentaire littéral. I appartient 4 une somme, ce qui en fait une sorte de paraphrase, dans laquelle le texte dionysien est, le plus souvent, fondu dans une sé expositions, de liewx et de themes traités en monographics successives, Détachés du fil du texte qui les suscitent, les commentaires d’Ulrich sont done librement agencés, c'est’ dire, avant tout, ordonnés selon les exigences de Vordo disciplinae 1, Lip ee aapuninien os sees dane lee Senos aemands de Mae Beta sou forme Sch sve Da ls pags gl suien aus sto dept aia Er AnceerHunache piu go ele eemeie cent. ow dard sng fu in nacucion lertade & |, Quint Sika Cf pee Ia auction de a P77, Diy, p. St, 39-90 "E Diot «Originality pln des Summa de Bono Ulich de Stour, Rese ‘homing, 2%, 1h, p 36397, G. Tuas conaidve gue Je Le GUbich et oo ‘omar pres inal tg Noms den du Preud-Deays (388390), Tht: +S ‘ele premier ine Utes Séoppe agement Ie er nweames, un peu Ie Imeite Alber le Grand pout ule ete Ge Denys rest q'oeaon 8 developers Pemonnels dane le aesnd lee, pur coe i ares eguemme vl se COMME {ie comer de slew de Deas br commenti linda orci, 2 ane at ‘Sie Thomas expose es Nom dis»), Cane aficmaton en eee ware ES ‘arr aiden chupiges até les chapter 10, 16 dat S tse Echt progu ea ear" 039), En fui, lx pusges de eonmeenate ira our 9 Ie Summa de Row sons eairereat ts, compete dex opus de Touran ‘fuse pay eto lv precsementcomponts Le gaat de commetae des Now ‘i Aber Gest Tepeque ob Tory age Sou ace) qu tune stale PSE ‘nor une paraphrve dese scan. Selon boule ese tere de Samoa de ‘Bom ex imermeangs ne somme ele comment. Le ice te sn cone ‘ide rn los héaatigu ge eel NC ALixr le Gand Spor Daria De divin mini, 2 . Soa, Mn! ssn) 1992+ Opera oma eto Coie. LA THEOLOGIE RHENANE 129 ‘caractérisant plobalement le gente littéraire des sommes plutét aque d'apres la lettre de Denys, comme Ceat é€ le cas pour {ine véritable glose. La conséquence de cette approche non littérale est que, ‘contrairement Albert et & Denys, Ulrich traite du nom divin d«Etre » avant daborder l'examen du «Bien»*, Le texte tlricien offre donc la particularité de redistribuer le texte fionysien selon les exigences de a vision augustinienne de Petre Cette redistribution ne saurait, cependant, étre comprise sans séfésence & Albert le Grand lui-méme et & son Commentaire. Le «maitre de Pécole de Cologne » traite & quatre reprises la question de Vantériorité de Vétre. La premitre se situe au Chapitre 1°. La question y est: quel est Pordre dans lequel on doit considérer les noms divins? La thése est : Etre est antérieur 4. Sur Orde dine ees Somes ef M.D. Ca, La The cmon sina seats, Pes 190. CL epiement Ae Linehs, «Terai lapane © forme sim lite im Avil dupa, C&L Bein Aor et Vance Recut dade, ‘Beltre Paprin Neder! Suse 3 Toon, Iai pore tse eta, fen 23238 Se semencment de Corre dee Noms de ne manifeste donc pas en elle-méme les autres processions divines. Albert résout le probléme par une distinction esquissée dans Je cinquitme argument: il y a deux facons, dit, de considérer le Bien, Soit dans Veffet causé, soit dans sa cause productrce, ‘Au niveau des effets, le Bien est postérieur a I'Etre ou Etant: informant, il le présuppose. Il n’zjoute d'silleurs rien de réel 4 I’Etre, Son apport est purement relationnel. I place létant dans un rapport, une relation, une comparaison 2 autre chose: are bon, cest &re meilleur ou moins bon qu'un autre, ou plutét, meilleur qu'un autre et moins bon qu'un autre. Il n’en va pas de méme de I’Btre. Albert concede donc sans restriction les trois premiers argu- rents. ‘Au niveau de la cause, en revanche, il fait une nouvelle distinction: si Yon comsidére ce qui est dans la cause, prise 4, Liber de Cais $4 Burdesewe, 16 19. rac, $17, 10, #8, 8 Leno net, otis Mapa, cap. 6, Oper, Venti 50 7. LA THEOLOGIE RHENAN3 131 comme simple habitus causal, la puissance est antérieure & la Sagesse qui précéde elle-méme la volonté; au contrare, si Y'on considére ce qui est dans la cause, prise dans acte méme de auser, Cest 12 bonté qui vient en premier, puisqu’elle est la fause immédiate de l'ceuvre, celle qui, en premier, incline & action productrice, Denys examinant les Noms divins dans la seule mesure od ils désignent Dieu a travers des processions {qui sont les siennes en tant que cause en acte, Albert rejetie donc le cinguitme argument. Tl recoit ensuite le sixitme, en précisant que la bonté manifeste bien Pensemble des processions divines, au sens oi elle est le principe immeédiat et premier qui incline auxdites processions, {Te Bien manifeste done le reste des processions comme une ‘cause manifeste ses effets en les produisant dans Pétre. ‘Au chapitre TV de son commentaire, Alert revient & la fois sur la question générale de la justification de Y'ordre d'exposition dionysien et sur la question plus particulitre des rapports du bien a Vétre, formulation en elle-méme d6ja significative de Vantériorité de Pun sur Pautre, L’argumentation contre Vordre dionysien n'est pas la méme qu’au chapitre ut: ~ L’étre est absolument antérieur au bien dans la mesure od ites la premi¢re réalité connue ou sais par intellect: primum onceptum in intellect, expression qui fait écho ala Métaphysique @Avicenne, ici désigné du nom de « Philosophe =", = Selon la maxime logique : tout ce qui suit quelque chose suit également ce qui le précéde, or, le bien suit la puissance at Facte, qui eux-mémes suivent Petre puisqu'ls le divisent; donc le bien est postérieur & Wétre 2, ~ L’étant est avant méme d’étre passé de la puissance a Tacte = comme on le voit dans la naissance -, il nen va pas de méme du bien et du_mal qui ne peuvent arriver qu’aprés que ce passage a eu lieu. De fait, comme dit Aristote ®, 18 od il n'y 4 pas mouvement ~ comme dans les réaités mathématiques ~ n'y a non plus ni bien ni mal. = Le wrai est antérieur au bien, que ce soit dans les choses ou dans Mime. Dans les choses: la cause du vrai est la forme considérée par elle-méme et en elle-méme, alors que celle du 10, DDN, 44. Cal, 113,47 1, Masphyic 1, Shp 6 £720: «nee eset nee aa wut, guod satin Imecmanec in aia prime imprenone, gine pon cgi eae ness = 2: Largumeotrappue 3 nounens ur Avcrane, Math #7, chap. 1 #19, chap. 6 ‘Hsia siaent in oie algo rade pveonem perecionin quae deb: ene, Insts ver et ee cr (35a), «Natur ptr ewe Seana sum pefestone ‘kinase quo aon ex agua i potent segue tan noo gu alae A rn Cain tur en aig in potenti » 108), Tv Ansrore, Mapioses WL, 2, 964, 732 ze 132 CELUI QUE EST LA THEOLOGIE RHENANE 133 bien est 1a forme considérée sous la raison de la fin, Dang ime: rien ne peut entrer sous la raison du bien sans une conception préalable du vrai, C'est ainsi, notamment, que Pintellect est @abord spéculatif avant d’étre pratique, Oy Denys lui-méme traite du vrai aprés avoir traité de I'Etre: il aurait donc da, par la méme, traiter du bien aprés avoir examiné Yun et Vautre. Les cinquitme et sixitme arguments sont spécifiquement dirigés contre des passages de Denys ~ Le cinquiéme reprend I'afirmation que le Nom de « Bien » ‘est attribué par les théologiens a lessence divine elle-méme, puisqu’ils l'appellent « Bonté », ce qui, au dire de Denys 9, justifierait que l'on traitét du bien avant toute autre perfection, lit Pobiection, est sans valeur : en effet, tout ce 1ué absolument de Dieu appartient & son essence, Comme le dit Bodce ", toutes les catégories, sauf la relation, se confondent, en Dieu, avec l’essence. Ce que T’on dit de sa Bonté Sentend donc aussi bien de sa Sagesse, de sa Vie ou de son Eure, Il n'y a donc pas 1a de quoi fonder une relation d'ordre entre les différents Noms divins. ~ Le sixitme reprend Vaffirmation que Dieu produit toutes choses par son essence, qui n'est autre que sa Bonté, laquelle, A ce titte, s'étend & tout ce qui procéde de Dieu et précéde tout ce qui résulte d’elle, comme le cause commune précéde ses effets particuliers ”, Cet argument est, 2 nouveau, sans valeur, puisque l'étre est tout aussi commun aux choses que a Bonté, Il n’y a donc pas [a non plus matiére & justifier un ordre. La solution d’Albert est dabord une simple reprise de la distinction entre les deux manitres de considérer le Bien : dans Peffet causé, oi il est postérieur A Etre, dans la cause productrice, oit son statut dépend du coefficient de la cause ~ postérieur, lorsquelle est en habitus, antérieur, lorsqu’elle est en acte Toutefois, cette distinction est maintenant présentée comme «commune» (communiter dicitur). La véritable solution albes Tinienne est done exposée peu apres”. Elle repose sur une analogic. A supposer que la chaleur du feu existit absolument pat elle-méme, elle agirait par son essence, clesti-dire par elle-méme, Cependant ce n'est pas ‘comme essence qu'elle agirait, mais bien uniquement comme Ghaleur, autrement, toute essence, quelle qu’elle soit, serait cause mire et immédiate de a combustion. Il en va de méme ur Dieu. Dieu cause par son essence, c'est a-dire par se Bonté, Gependant cette Bonté ne désigne pas en lui une disposition de la cause prise comme essence, mais bien uniquement une disposition de la cause prise comme cause en acte. En effet, ce rest pas essence divine en tant que telle qui se communique, mais seulement st Bonté. Autrement dit: la Bomé précéde Yessence dans le Dicu-cause en tant qu'il cause actuellement, cat cest elle qui est la cause premiére et immédiate de Laction divine. Dans cette perspective, Albert peut done écarter objection qui consisterait a dire que In pensée de ce qu’est Dieu, en autres termes T'intellection de son essence, précédant néces- ‘sirement la pensée de ce quil est en tant que cause, en autres fermes Fintellection de sa Bonté, Denys devrait légitimement traiter de PEtre avant de taiter de 1a Bonté, De fait, Aréopagite ne prétend pas exposer les Noms divins comme autant de Noms de Diew en son esience, Au contraire, les Noms divins ne sont tuniquement pour lui que des « manizres de dire » le Dieu-cause ‘ou la causalité divine. L’amtériorité du Bien est donc, de ce point de vue, parftitement justifie. ‘Comme on le voit, la solution d’Albert repose sur la théorie des participations : tout ce qui nous est manifesté ~ autrement dit, tout ce que la Bonté de Dieu nous manifeste des processions divines ~, tout cela nous est exclusivement connu sous la forme de participables. Nous ne connaissons donc rien de essence de Dieu a travers ce qu’elle est en elle-méme, mais seulement dans et pat ses participations - ce qui veut dire que nous ne la connaissons que dans la stricte mesure ot elle exerce sa causalité vers nous. Ainsi, cette prise étant ta seule qui soit en notre pou- wit, estil juste de commencer par le Blen, cestadire de commencer la ol, en tout état de cause, nous ne sturions aller outre. Cette thése est a la fois reprise dans la réponse aux différents arguments avancés contre Denys et, sur un point, développée ‘en une espice d'ontologie négative. ‘Au premier argument Albert répond que sa_pertinence Sarréte aux seules sciences dans lesquelles la connaissance humaine peut, de part en part, remonter jusqu’a ce qui_est absolument premier (ad id quod est primum simpliciter). C'est TB, en effet, que Ton peut, et la seulement, commencer par Te « premier ». Dans le cas de Vessence divine, nous n’attei= Bnons jamais cela méme qui est (id quad és): nous ne 14. Ct Atwoe, Be ain, 1 3,4 chap. 4. 13 PG, 3, 6934; Simon, 13, 72.78 16 Bovis, De Frnt, Sewer-Rapd, Londres, 1952, 28, 17. 1, DON, 13, 3946 ef PO; 3, 595C; Senon 38, 180 ef le commenti Abe, saa, 3 Hi Mk DDN, 114, 239, 1B. DDN, 118, 4067 134 CELUI QUI EST LA THEOLOGIE RHENANE 135 connaissons «ce qui est», que pour autant quill cause, et nowy ne le connaissons que comme causant. Notte connaissance ext donc finie, et Vere de Dieu, Cestirdire Vessence de Diey quill est ~ ou queelle est ~ n'est en aucun cas cette «pre. mitre réalité congue par Vintellect» dont parle le premier argument. Albert rejette le deuxitme et le troisitme arguments en montrant quils reposent sur une confusion entre le Bien comme réalité générique, fin de tout mouvement physique, et te Bien tansgénérique qui embraste ou enveloppe. ous te genres, celui dont parle Aristote au début de PEthigue™, 1) rejette ensuite le quatriéme en le reconduisant & la réponse faite au premier. La réponse au cinguitme développe les germes dontologie négative contenus dans Ia solution générale : essence divine ou, si on préfére, l'étre qui appartient a essence de la cause fen tant quiessence, ne peuvent étre ni connus ni nommés, Liessence de Dieu en tant qu'essence n’a pas de Nom. L’Bire fest donc, absolument parlant, non seulement antérieur & la Bonté, mais encore, inconnaissable et anonyme. L’étre divin n'est connaissable et désignable sous le nom méme d’« Etre» que dans 1a mesure oi i se diffuse lui-meme, cest-i-dire par participation, Or, précisément, cette diffusion qui fait que nous assignons l'éte diffusé & Dieu comme & sa cause n'est possible que dans la stricte mesure oft la Bonté de Dieu diffuse 'étre! comme l'une de ses « processions particulitres », Plus exactement encore, ce qui est réellement un dans essence divine se trouve dissocié, espace et ordonné dans le langage et la pensée humaine. Cest done, en la rigueur des termes, le nom de « Bonté » qui précéde le nom d's Btre», car la bonté et etre de Diew ne different que par la raison signifiée dans leur nom. Diffusée, la Bonté de Dieu differe dans la Sagesse, la Vie ou I'Btre, quiy de ce fait, n’apparaissent que comme autant de participations particulitres de la Bonté#, Le langage ne notant que ces processions ou participations de Pessence, lordre des Noms divins, tel que le formule Denys, refiéie le nature et le mouvement méme de la communication de Dieu. Immobile en deca de sa manifestation, Pessence de Dieu n’est connue comme Etre que diffusée par sa'Bomté, ie. dans l’éternel aprés-coup de son activité, Albert revient une troisiéme fois sur le probléme de ordre exposition dionysien quand il entame étude du nom d's Etre » ou plutdt d'< Exitant véritable » (vere existens) au début du hapitre W. . ‘Lrargumentation est condensée en un scul argument dans jequel on reconnait le premier point du chapitre mt: selon ta feamule da ctée, = Btre est la premitze des choses créées » ji précede toutes les autres participations divines, et donc aussi fa Bonté qui est lune de ces participations ®. ‘La solution reprend les solutions précédentes, & cela pres que Yon n'y disingue plus seulement deux ‘manitres. de ‘considérer le Bien, mais deux manitres de considérer "Etre le Bien. La formulation est donc légerement différente. De fpux choses Tune: ou l'on prend UEtre et le Bien séparément Sque ce soit dans la cause ou dans la réalité causée -, et Héte est alors naturellement antérieur au Bien, ov on’ les tous deux ensemble dans la cause en tant qu’elle cause fn ace, auguel cts, le Bien savére plus universel que Etre. De fait, la causalité du Bien se porte & la fois sur les existants sur les non-existnts, selon une autorité de Paul, Romains 4,17 Gil appelle ceux qui ne sont pas aussi bien que ceux qui font), interprétée & la lumiére d'un rapprochement tradition- fel entre les termes grecs signifiant « appeler» et « Bien» ou «Beau» *. En revanche, la causalité de Etre ne s'étend ‘Quaux seuls existnts, car, en un certain sens, V'Btre est une ‘ause univogue. Plus universel que VEtre, le Bien lui est done fntérieur. Albert zetouve ici la lecon di «Commentateur de Denys »: les participations du Bien sont plus nombreuses que celles de 1’Etre. ‘La quatrigme et derniére élaboration du probleme de Tanté- riorité du Bien se trouve au chapitre xiut dans la section consacrée fu commentaire des Noms divins, 981A: Er neque afferimus ipsum bonitatis nomen sicut concordantes ipsi®. Le texte se présente & nouveau comme tne guaestio composée de quatre arguments contre le primat du Bien et de quatre arguments ad opjositum soutenant son antériorité. L’intitulé exact en est: Le Bien esti le premier (primum) et le plus digne Idignissimum) des Noms divins? Les quatre arguments contre sont les suivants ~ Le nom propre de Dieu ou, si fon préfére, le nom de ce 2. DN, 3, 40, 2. Cr jan Soar EMGENE, De divine nase, Pl, 122, SHICD: bb Sheldon ‘iter Butn 1a, Sy 13" Nam ee hoe totem Som Dts ta, ane ‘eginm dst ss epee inden "boo" hover came "Bob awe" Fal", ide camo e voc, enim onident(.) Dean egy on ieovereer bots dire teats gis annie de ibn ues veore eligi cama ina itogu pect dir ea airy et Son "yor ee aud one Yo a ‘enna (paca kgemen ech) Ci ches Aas DON, 38 8575 3, Tig ed 9 306 ve ros sash 2 Dw a, S240, 3. 20 Ansrort Eth, Nig, 1 eB. 1,108 2 Dow, 1,10 22 BOW, 115,18 136 CELUI qut EST ‘qui lui est propre est nécessairement plus digne que ce qui ne lui est pas propre ou que ce qui désigne ce qui ne lui est pes propre. Or, selon Jérdme *, seul Dieu proprement et véritable: ment « est» puisque son éire ne connait ni passé ni futur, Tel nest pas le cas du Bien (de bono autem hoc nom dicitur). Le nom d's Etre » est donc «plus digne » que celui de « Bien», = Le nom qui est premier est aussi le plus digne : or selon Jean de Damas, « Qui est. est le Nom premier. Crest done Ii le plus digne. ~ Maimonide dit que seul le nom «Qui est» est ineffable ‘Crest done aussi tui Je plus digne *. ~ La substance est plus digne que ce qui 'atteint ou Vaffecte (assequitur), ot « Qui est» signifi la substance et « Bien » ce qui Vaffecte. « Qui est » est donc plus digne que « Bien ». Ces quatre arguments ~ dont trois sont garantis par des autorités - sont nouveaux. ‘Les quatre arguments pour Mantériorité du suivants : ~ On traite en premier de ce qui est antérieur et plus digne, Or Denys traite en premier du Bien. Done cest « Bien » qui ext le premier Nom divin et le plus digne. ~ Ce qui se rapporte a Pétre et au non-étre est commun 4 plus de choses que ce qui embrasse seulement I'étre. C'est le cas du Bien qui «appelte a etre » et ce qui est et ce qui n'est as, alors que tren’ rapport qu'aux es qui «fluent & pari fe lin ~ Le premier Nom divin est celui qui désigne 1a Cause des causes, Or la Cause des causes est Ie fin, et le Bien est ce qui désigne la fin en tant que fin, alors que I’Btre ne désigne Ia ‘Cause qu’absolument. Le Bien est donc antérieur a I'Etre. ~ Plus une chose est profitable aux autres, plus grande ext sa noblesse. Or le Bien désigne la disposition de la Cause de toutes Jes choses & la fois comme point de départ de leur sortie et comme terme de leur retour (dispesitionem causae in exitu suniversitatis ab ipso Deo et in regressu ad ipsum) ®, L’Etre, en revanche, ne désigne la Cause que comme source (ens autem fen sont les 26 Jens, pi, 1, 4,2 Ply 22,357; OSEL, $5, 12182 «Ue dl sla ann uae yee et cic, que reason eldest ex, Soman ea guns Son fret ec poet rants non eae, quod fon ft; des slay, quin seein et hoe elmo on bt eee Pe re ne Moen ae ego rm el et Tr Jean ‘De fe ombedens, 1. chap. 9; PO, 94, $364 sant Bar hin 22s Repae 1814 ir ea sem papa or gut etna, aman ce Que 2 Mose MaiMoxIne, Dax metrorum, 1 1, cep. 60; 68 Pa, xv: «Noes ‘Tecortanaten und seria, non lea.» DDN, #49, Bas ie LA THEOLOGIE RHENANE 137 antum mominat causam secundum exitum rerum ab ipso)", Le Bien est donc plus noble que (Etre, car plus profitable que lui ux autres choses. De ces quatre arguments, seul le sixitme a un équivalent dans les chapitres précédents. ‘La solution Albert est, elle aussi, relativement nouvelle, du moins dans la terminologie employée. Ty a deux fagons de considérer Etre et le Bien: selon la ature de leurs participations, selon la dignité et l'ordre qui sont les leurs dans la cause dans Lactualité de son activité Ghosale. Dans le premier cas, I'ftre est antérieur au Bien, puisque le Bien présuppose I’Etre dans son concept méme (pour qu'une chose soit « bonne », il faut dabord qu’elle « soit»). Dans Te second cas, c'est ie bien qui est ie premier et le plus digne. Cest en ce sens quill faut prendre les quatre arguments en faveur du Bien, arguments qu’Albert concéde intégralement : Ui probant ultimas rationes, quas concedimus , Les quatre arguments du contra sont des lors explicitement rejetés. Au premier, Albert répond que le Bien est lui aussi propre & Dieu sil est pris substanticllement. Et il_ oppose Vautorité de JérSme Yautorité plus grande de Matthiew 19,17: Nemo bonus ‘nisi solus Deus. Au deuxitme, il répond que la Damascene parle de Fantériorité de « Qui est» dans Vordre des processions (.considerat ordinem ipsorum secundum naturam processionum *), Au troisitme, il répond que Maimonide prend «Qui est» comme désignant 'étre non détermin€ qui, de ce fait méme, embrasse ou contient implicitement toute la diversité des Noms divins. C’est cette indétermination qui fit que le Nom d's Etre » est, pour Maimonide, le plus edapte pour signifier Eure divin, Mais ce n'est pas ce nom indéterminé qui est ici fn cause, L's étre » qui est en question, l’étre dont on veut savoir sil est ou non antérieur au Bien, est l'étre déterminé. On peut donc rejeter Pergument parce quill mélange deux acceptions d's tre», ou lui objecter ce que on a répondu au deuxitme, Tl en va de méme pour le quatsiéme. Sa validité ne tegarde que les processions, non essence divine. ‘Autrement dit, Fensemble de argumentation en faveur de Vantériorité de I'Btre souffre quasiment d’un méme défaut: celui de juger de 1a causalité divine d’aprés la nature des processions od elle s'exprime et non d’aprés ce qui, en Dieu, Ta motive ow la suscit. Si l'on reprend maintenant la totalité des analyses de 'évéque de Ratisbonne dans les quatre chapitres de son Commentaire des $0. DDN, 449, 1618 BL DDN, 649, 2223 BL DDN, #49, 29:30 138 ceLUL Qui EST LA THEOLOGIE REENANE 139 Noms divins, on voit que Vessentiel de son propos consiste @ justifer Tordre dionysien, donc la préémineice du Bien, tout fn garantissant, en un certain sens, les droits de I'Btre et du Nom révélé & Moise, Cette démarche conciliatrice résute d'une tendance caracté: ristique de Pécole de Cologne, tendince que l'on retrouvera a la fois chez Ulrich de Strasbourg et chez Maftre Eckhart, et qui consiste dans un essai raisonné et srstématique de conciliation entte le néoplatonisme d’Augustin et ie néoplatonisme de Denys: Synthese paradoxale, mais toujours reprise, dun ontologisme et d'un apophatisme, d'une philosophie de PBtre et d'une mystique de l'Essence. (est pourquoi aussi Botes dit que Yon peut penser que le Créateur ‘ex sant penser & sa bonté. ‘Autoritéelle-méme confirmée par un renvoi a Malmonide et & Denys lui-meme : ‘net est pourquoi Denys, Les Noms divins, chap.5, et Maimonide, Gans le livre du Guide der éparts, disent que ce Nom “Qui ext» est le premier. Le § 2 condense et aménage différents passages du chapitre xm (DDN, x10, 449, 1-10): Mais si Jes Noms sont considérés en tant qu’ils sont dans la Premiéce cause dans Tactualité de sa causalité, le premier Nom sera celui qui tx le plus élevé et le plus universel en matitre de causalité: et ce Nom est le Nom de « Bien », cer, puisque, comme le dit Aristote: » La fin ext la cause des causes», «Bien » — qui désigne la fin qui incite Dieu A causer, lui qui « erée toutes choses & cause de luieméme » ~ est is dlevé que «étants, qui est seulement cause efficiente univoque (de la causation). I, LE NOM D’: ETRE» ET L’ETRE-UN DANS LA SUMMA DE BONO D'ULRICH DE STRASBOURG Considérons d'abord le premier chapitre du livre II, taité I: De stabiliendo esse divino. ‘Les deux premiers paragraphes d’Ulrich reprennent une part notable de la discussion albertinienne du probléme de ’antério: rité de Etre. Le §1 est un condensé des deux premiers arguments men- tionnés par Albert au chapitre 1n de son Commentai du chapitre rv (DDN, 1v, 114, 36-39): De méme, puisque le Nom de « Bien » tant en latin qu’en grec ext diva partir de Tappel et de Ie clameur pat lesquels Diew « appelle aussi bien ceux qui ne sont pas, que ceux qui sont » ~en effet, le mot latin banum est dit & partir de boo, boas, Cest-ivdire de «jappelle», eu appelles (coca, vocas), et halos qui est le nom grec du bien est dit & patir de hala, halas, 'est-dire de je clame », «tu clames » (clamo, amas), il est évident en matitre de causalité que, pour deux raisons, le Bien est plus universel que Etre. du chapitre v (DDN, v, 304, 3-14): Parti les Noms divins qui relivent ée la théologie unitaire (.), si YYon compare les noms les uns aux autres W'aprés leurs raisons propres, le premier Nom est celui par lequet Dieu vest révélé 3 Moise, Ex 3 ‘= Celu qui est m'a envoyé & vous.» En effet, de méme que chez les créatures, «la premitre des réalités créées est Vétre » ~ puisque selon Te Commentateur (dans le Liore des cues) seul Vere vient de la création d'une nature simple, qui ne présuppose rien d'autre, contsi- Tement & toutes les autres réalitfs qui proviennent d'une information determinant cette nature commune de V’étant, lesquelles réalits, les tvanscendantaux, ia contiennent toutes également en leur propre raison ft ne font que tui ajowter quelque chose, de méme aust, dans les Noms divins dérivés des eréatures, la raison de V'étre est inchuse dans les autres Noms, mais pas Pinverse. Premitrement, parce que, en tant que cause univogue, I'Btre ne cause que des étants, alors que, de sa clameur efficiente, le Bien appelle emt connie F. Cos nc000, «Sums De Bow of Uric of Seasbour, Liber I tur), ap ty Trace Capa Nie Mail Taher Calin Mins Yeaiad Tes (Sales so€ Tes", Tron: Ksut posta tds ‘kere, 955, 299307 & Fats Moron, «La Daiasione ua Case Agente © hus Notice nelle" Summa ce Sure Bono” nic Suaburgo» Stal Medial Beséne, Nhs 90, 315395. ce qi concerns Fai de Bote cde put Ulich i ‘us ocr quilZagit dun angurmest pers fs it per Aber pcx: DDN, 115, 4 erase par ib Bote: = Une dc ots in Lie de Hebdomadios ad cua prima ae tan te hong eer ler elise ey so Tb modo bon ncutscligccs le pasage crtepondast 2 Teauorié» ULih. repent ve seuss fre compte qs § 12) Le pesage source de Bobce psi ou pa een CD He Py 112CD eS TBA ea tern, toot tee noo eae “eos amenyin eee Aces deux arguments Ulrich sjoure une autorité de Botce 33, Now cts Ulich apts wanes des mst gui mevin de we ei ere que mun pegors fuse Crp Phlora Tetra et (ob soar a duecuon de & Finch et [Stiles cherFMecser, Habe), Le eat Pst 140 CELUI QUI EST LA THEOLOGIE RHENANE ui aussi bien les non-éeants que les étants: et cest ainsi que le Commans tateur au chap. 5 des Nome divins de Denys dit que «les participations dda Bien sont plus nombreuses que celles de V’Ette ». La considération des «effets» induit donc ta démonstration successive que tout se raméne & un premier moteur (6 3), Fmmobile (§ 4) et unique (55). Ce moteur est Dieu, premier ‘ ‘ incipe de toutes choses, ainsi que V'afirme la conclusion duy répond & I'autorité de Boéce en donnant l'ensemble du « texte» Pe rejoint La Consolatc hie: découpé dans le § 1 et en le retournant contre son utilisateur ges oni we eae de raierehie Par conséquent, ce qui est seulement moteur, est un Premier qui Deuaitmement, parce que «le Bien ext diff de sokméme et de rei toutes chowes parson essence, et qul reste abeolument immobile Ewes, comme le dit Denys. Or VEize ne diffuse pas le Bien ca mel qsentclement que par accident. Mais cela est le Premier Boice i que si sour un inant seulement nous pansont que, Bley Spe de tour choves Qui -demeueant immobile, donne & tones ext sans penser qiil ex bon, (ous ses effets causés seront des éants Baa: mma ob tae uous onaclous « Dieu sans pour autant étre bons. choses % PP Le chapitre 2 d’Ulrich est consacré & l'explication du sens et conclut en renvoyant & Jean de Damas et Denys Iui-méme philosophigue de cette identification de Dieu au premier moteur {mmobile. Et c'est pourquoi Damascéne dit que pour Denys le premier Nom ‘On sait, en effet, que, pour les latins, les « Philosophes », c'est- ext le Bien. Et Denys lui-méme le place aussi avant « Celui qui est» dire les Arabes, c'est-a-dire Avicenne et les divini philosophi =e ‘theologi) mentionnés par le grand penseur iranien dans sa Métaphysique, distinguent le premier moteur. et le premier ‘agent, primum movens et primum ogens. Cette distinction | __ entre un ordre ou un domaine physique de a causalité efficiente, 1égi par la motticité, ct un ordre ou un domaine métaphysique de ladite causalté, régi par Pagentivité, n'est pas une simple distinction de domaines d’application poar une méme et unique ‘cause revétant ici et Ia des aspects différents. Il sagit bel et bien d'une diversité de principes, d'une différence réelle entre deux causes, la cause du mouvement: le premier moteur, et la ‘cause de Pétre: le premier agent. Face & cette dissociation de Is prima causa efciens, identifie par lui dans le chapitre 1 au primum movens, dissociation qui lui rappelle facheusement la cuts stupide hérésie des manichéens ®, Ulrich va affirmer que tant 'étre que le mouvement procédent d'une seule et Peucon dire sur cxte base q'Ulich se monte ic le Site disciple albert? Oui, Pon ¥en ten la lettre des textes ‘Non, si l'on se souvient que la distinction entre la considération des Noms «selon leurs raisons propres » et la considération des Noms en tant qu’ils s'appliquent a la premitre Cause dans | Vactualité de son activité causale (in causa prima actu causante, Fnguantim causa et) ex donnée par Aber comme une thse «commune» (communiter dicitur)*) dans sa solution de le question de ’antériorité du Bien, au chapitre 1v du DDN. En fait, par rapport a son modéle albertinien, la démarche d'Ulrich est originale. Elle consiste 8 montrer que Dieu est et quiet un qua et Dew equi unas ep a consideration de sa causalité productrice (per effectum). Existence divine et Unité sont donc inate simultanément ane la roblmatque pm fe es frecivemnetg ‘Autcement dit, la distinction entre le premier moteur et le Tr limite de cee oriinalté nen reste pas moins évident emis gent et une simple incon ders, puisque c'est au niveau de a cause manifenée, Cen-Asire movie et sous i igure du premier moteur et Erdemmen er effectum, c'est-rdire encore, dans la terminologie d’Albert, plus fe a donner que celle de son agentivité. De fait, la Seca nara procesionum, ue aque dee dsp itn premitre en tant quagente,tencende Ta concepualté de, Dieu comme « Bir» et poste | hs "physique. Elle es, selon une formule «’Avicenne’” librement la étant, la démonstration d’Ulrich a ceci de particulier adapte ts ‘ium. Son mod qu'elle est purement physique. Le « Qui est» producteur est peti ira, MANET | PEERCADEOITENE] BOTNTONIHEN. = congu et «démontré » comme premier moteur, son unité, ov FF Neco, chp. tte oe Son nich comiae ie st unche du premier moteat |S ORRTCRE ATRL on a sae, sum cme Hat immobile, DTS a ont rine a6, SSE en Cos ates 142 cELUI Qui EST action (modus agendi) ne peut donc étre « suffisamment prowvé par les raisons naturelles . Ce mode d'action que l'on ne peut, selon une autre formu, « suffisamment prouver » ou » montret par ses effets», est «la diffusion de sa lumitre formelle sans ‘mouvement ni changement >. L’agentivité de la premigre cause est donc sinon prouvatle physiquement, duu moins probable par voie @’éminence (per eminentiam arguendo): c'est un objet de foi plut6t qu'un objet de science. Reste que ce que Y’on atteint ici par la science et [2 par la foi ou la croyance, ici par le mouvement, Id par Pétre, est une seule et méme Cause. Ulrich harmonise donc les démarches apparemment disso- nantes des « Philosophes » et des théologiens dans une méme considération de: deux visages de !2 Cause premitre. De fait, les penseurs arabes, ceux qu'il nomme a la suite Albert les « Péripatéiciens », ont bel et bien & ses yeux deux fagons de s‘exprimer. Quand ils « parlent en philosophes », ils re reconnaissent Ia Cause premitre que sous son aspect de premier moteur et maintiennent que rien ne peut étre causé sans mouvement (Cest--dire « autrement que par Pintermédiire un mouvement » ou encore «dans et par un mouvement ») Crest en ce sens et en ce sens seulement qu’ils professent et démontrent Téternité du monde selon Ia démarche méme @Aristote en Physique, vit, 6. En revanche, quand ils parlent cn théologiens, cest-dire quand ils « conjecturent les réalités divines , ils parlent comme les «Platoniciens » et posent la Cause premiére sous son aspect de premier agent, laquelle Cause agit et produit «sans mouvement ». identification du premier moteur et du premier agent, ici généreusement attribuée aux « péripatéticiens », est bien pluét lune convergence instairée par Ulrich Iui-méme entre 1a voie « aristotélico-averroiste » qui «conduit au premier moteur» et la voie «platonico-avicennienne» qui «conduit au premier agent » ®, Lressentiel est que cette convergence paradoxale soit pour Iu, clairement placge sous la rutelle d’Augustin, Diune part, en effer, Ulrich précise en une formule assez Gnigmatique que si le premier moteur « ceuvre » (operatur) dans la nature, cest au sens et dans la mesure méme ob, comme le dit Augustin, il est «lus intime > ou «plus intérieur » & Ia créature qu’elle ne Test elle-méme. Ensuite, et surtout, ensemble du chapitre 2 vise bel et bien & réfuter le mani- chéisme, c'est-idire & trensposer dans la condamnation augus- tinienne d'une dualité des principes du visible et de Pinvisible, du corruptible et de P'incorruptible, les enjeux « modernes » dé 2B BLFats DE Mortons, of at, 36, LA THEOLOGIE RHENANE 148 1s philosophie, de la physique et de la théologie des Arabes. Cet augustinisme de principe améne aussi Ulrich 2 garantir la ‘oie platonico-avicennienne contre toute entreprise extrapolée des démarches de 1a raison naturelle, garantie qu'il obtient en montrant Ia comptabilité des deux voies, l'une consacrée att mouvement, Pautre & létre, en méme temps quil réaffirme Fabsurdité du manichéisme. ‘Cette inscription physico-théologique de la problématique des, «deux Principes » dans la problématique plus générale de la signification du Nom de I'Exode est donc foncirement « augus- finienne >. Crest, si fon peut dire, une reformulation moderne de Vaugustinisme, de son monisme ontologique, face aux dua- lismes de toutes sortes et de toutes natures. ‘Mais ce n'est pas 1A toute la démarche q’Ulrich, Son onto- Jogisme augustinisant rejoint comme spontanément I: conception dionysienne du bien et du mal, la théorie de la non-sabstantalité du mal chez Denys venant harmonieusement s‘insérer dans la réfuration générale du dualisme manichéen (§ 4). Par-dela se trouve réalisé le programme initial de la méditation du Nom révélé & Moise: «Dieu est» (guia est) et « Dieu es un (quia nus est) sont deux énoncés réellement inséparables, L’unité de {a Cause premire est en quelque sorte signifige dans l'unicité de celui qui seul proprement et véritablement « eit». L’unité de la Cause est fondée dans unicité de « Qui est», affirmation profondément augustinienne qui apparie Punité dessence & Punicité d°étre, ‘Ainsi donc « Qui est» désigne-il Punité de estence divine ‘qui reste une et une seule, meme si ses diverses manifestations sont participées de multiples facons par de multiples réalités, diverses parce que participées, participées comme diverses, mais toutes, en réalité, absolument identiques dans Tesence, dans cette unique substance que, essentiellement, elles sont. ‘On voit ainsi combien ‘il serait erroné’ de penser que la problématique de I'Un est radicalement absente de la pensée Uulricienne. En fait, 'Un est appréhendé comme Vunité méme de « Qui est dans son essence, unité qui va de pair avec son lunicité méme, de sorte que l'une et autre ne peuvent étre pensées lune sans Pautre, Cette inscription de 'Unique dans 1'Un et de 'Un dans 1Unique est, 2 nos yeux, augustinienne, Sur ce pcint ~ parti culitrement si 'on songe au role qu’ellejoue dans la préservation de Ia voie platonico-avicennienne du «premier wgent »-, la lecture de Un dans le Nom de PExode nous parait révéler en Ulrich les élément tendanciels d'une transposition, c'esta-dire aussi d'une modernisation, de ce qu’on pourrait appeler avec E. Gilson I's augustinisme avicennisant » 144 CELUT QUI EST LA THEOLOGIE RHENANE 145 ‘Le chapitre 3 vient préciser la nature du signifi @'Exode 3,14, chose ®, L’étre divin, lui, est inspécifiable et sans cause. Il n'est Que dit le Nom révélé en Diew considéré dans sa réalitg | —_gg Iuirméme et par [ui-méme absolument rien d'autre que Iui- méme, en deca de toute distinction de raison entre motricté et meme. Crest cette absoluité de Iétre, cette aséité totale que le agentivite? Damascéne signifie par le theme de Vinfinité de Ia substance Ce quil sjoute plus bas, quand il dit que ce Nom « afindique que son essence» et « on ce qui est», signifie aussi que cet ére posside célabre autorté de Jean de Damas. «Qui est» désigne Petre See non parte alo deers preston 4 Eur coomny divin absolu de rouse dépendance, étre qui n'a pas, dey viendrait le parfaie en luieméme en le dstinguant des autres, mais ommune mesure avec re des crdatues, pulque Cell Ea eae dépend d'une cause, alors que celui-la n'a pas de cause. Cet fature simple de Pre vers une autre nature, mais qu'il est luiméme tre absolu est également caractérisé comme influé « dans les Terre simple, et que toutes choses qui sont dites de ful sont Pete méme effets causés », sans que l'on puisse, pour autant, Ie classer dans de Dieu. Le sens de «ne dit pas ce qui est» est donc: «dit que Diew une espéce ou Passigner dans un individu. C'est, si Pon peut es pat ce Quin, Cestacdite ~quelaue chose». En effet, ce nom, dire, un étre transcatégoriel et translogique quit ne se laisse “quelque chose» selon Avicenne, est smnonyme de celui d's étre-, réduire ni & Pre créature ni a Pétre commun ou intentionnel : usw o& lui ajoute aucune déterminetion réelle ~ cela est Evident {Sion considzre leurs opposes, & savoir «non ére > et «non quelque ‘ote » ou «rien», qui sont identiques. I ui ajoute, toutefois, la raison dune certaine détermination extérieure, qui en fait un étre spécifé pit une natuce extérieure a 'étre comme tel. C'est pourquoi Boéce dit fe «tout ce qui est en deca du Premier tient dun le fait @étre, et dun auze le fait ete quelque chose». L’tre divin nest done pas Guelque chose, ce qui veu dire qu'il nest pas spécifé par une diférence tele, Crest pourquoi Denys dit: « Et certes Dieu n'est pas ceci, mais invent pas non plus cela, et il rest ni ek ailleurs, mais i est tout fn tant quil est cause de tout.» Il est donc ainsi Evident que cette dionysienne définitive de son ontologie originairement augus- La réponse d’Ulrich donne la traduction néoplatonicienne et 7 tinienne. Cette traduction se formule dans Ia discussion d'une | Ce Nom «Qui est» désigne en Dieu un ere déuché de toute dépendance, eonteirement 4 Tete de toutes les creatures, qu lat depend de ea cause, Et désgne un éte dont ln pln sbslue le fait ee déverser de manitre consante en tout ce Quil case, un xe ‘qui n'est ni contracté & une espéce par une quelconque détermination Sursjotee ast nature ni indidué de par une participation f ce qt Tui est propre, un re qui, a0 comraie, est « pamtout et toujours Ulrich rejoint ici le Damascéne: « Qui est» signifie + un actan indai de subsunce enon vce quil en», eex-tdite: Head de ee din seune ps ul wt holmes ei 4 ‘ere signfié ‘en Exode 314 est Ute simple, qui n'est pas fis plus haut, Cestdire la causalité et Péminence, Et Ces ains « quelque chose ». En disant que « Qui est » ne dit pas «ce qu’est the Dieu peut Ete nomamé par ce Nom, ql apparent & note langage, Dieu » (guid est Deus), Jean de Damas ne fait donc que réaffirmer el au premier chef par Dieu Iui-méme qui I'a révélé & Moise. que Dieu n'est pas guid ou aliquid. On retrouve ici la méme inspiration d’ontologie négative que celle qui fait dire & Jean Ulrich conclut son exposé par la discussion de la question Scot Erigéne que Dieu ne sait pas ce qu'il est, précisément classique de l’appropriation du Nom révélé, parce quil ett aucune chate™®, Ultich confcme cetediférence Qui est ext le Nom d'une Personne tintaire ou le nom ntologique de Pétre de Dieu avec Petre de étant en expliguant de PEssence divine elle-méme? Stee Avicenae La signification du mot «quelque chose = (aiqud): © ‘Tas analyses d'Ulrich sont, ici comme souvent, pacallles & ‘tquelque chose » et «ant. sont réellement synonyms. Lit calles de son pendant franciscain Alexandre de Tats, auteur tention «réelle » de l'un n’ajoute rien & celle de l'autre. En supposé de la Summa Fratris Alexandri également connue sous Tevanche, ils diferent en raison. » Quelgue chose» dit une ietnom de Summa Halensis®, Elies reprennent ausi Pessentiel Contraction, une détermination de l'éant, Litéralement une 4: Targumentation rapportée par Albert dans son Commentaire spécialisation au sens onto-logique, laquelle ne peut venir que des Sentences et 2 un degré moindre dans le DDN. de Textérieur, cest--dire d'une nature distincte de celle de inte; étant en tant qu’étant, L'étre divin n’est done pas le méme io, SE nsunmear b hustese ies “Oost Compoit aod ete, ad étre que l’étre de l’étant. En effet, tout ce qui est en deck du fae a dicta ‘évernuellement par les commentaires de Gilbert de Poitiers, PL, 64, Premier resoit Pétre de l'un, et recoit d'un autre étre quelque Be, Hales Scar Haka Sem testi Ad Can pas Quasi, i, ee, Qoneio memory x.y aly $381, S25225 2, i, Pes, I py $394 2507. 3B De divin narra, Py 122, S98; Stan Wins, 142, 3-4, 95522 523; membrom sap 5353, S28505 et wR 146 ceLut qui Est Le premier argument correspond au premier argument d'Al- bere dans Jn J Sent. et au deuxitme du DDN ® : le Nom révelé cst un nom personnel, car cst le nom de quelqu’un qui parle, or il ne revient pas & une essence ou A une nature de parler, Gest B comme le dit Aristote, le propre d'un sujet * Certains se demandent aussi si ce Nom est le nom d’une Personne (trinitaire) ou celui de Essence (divine). Et ils répondent que c'est le [Nom de celui & qui revient la parole, puisque I'Ecriture nous présente Dieu disant: «Je suis celui qui suis.» Or, selon Aristote, la parole, comme toute action, est le fait d’un suppét individuel, et non celui de sa nature. Ce Nom est donc celui d'une personne. Le deuxitme est également un condensé de 1a formulation rapportée par Albert dans J» / Sent. et DDN“. I approprie cexplicitement le Nom révélé & la Personne du Fils: Er certains dentre eux disent que cest le Nom d'une Personne précise, Cesticdre le Fils, puisque ce qui suit, & savoir: «J'ai vu ls etrese de mon peuple», et, signifie l'eeuvre de notte Rédemption, ‘gui es propre au Fils, et que la Personne qui parle depuis le Buisson, aux dires mémes de Grégoire, énonce incarnation du Fils, Le toisit me argument tiré d'une considération grammaticale du modus loquendi divin fait d’Bgo sum qui sum le Nom des ois Personnes ensemble. Ego, pronom démonstratif de ta premitre personne, désigne le Pére, principe de toute la Déité. Qui, pronom relatif contenant une subordination (c'est-dire introduisant une proposition subordonnée), convient au Fils qui est luieméme subordonné & l'autorité du Pere. Sum enfin, copule verbale procédant de deux termes ~ Pun sujet, Vautre attribut dont elle manifeste Punité, désigne I"Esprit qui, selon Ia formule aditionnelle, « procéde des deux » premiéres Personnes. Cet argument trinitaire est donné 4 la fois par Albert“ et par Alexandre de Halés dans sa Glose sur le premier livre des Sentences. 2 DON, 50, 3238, ‘©. CL Austr le Goan im Sem, 6.1212 Berane, 25,575 1 DON Sa) eff Sey tit 45, Canyon esa une hfe daigue dine et Ambrose & Augustin, Gg cou Baoe, Co Hines De Traat, 1 5123 PL, 10, 18C Leah; Aamo, De awa chap, § 148; Py Ne, TIA, ADULT, De Troma, 26 13, $235 PL $2780; Gascoing Moral 1 28, hap 88; PL, 16 4300; BD, fn Peat, Pd, hap 3 PL, 9, 288. 6 Sr ce pi wi ic mire & WEaes, 8, 47. GF ici meme E Wonts, p85 Le tee @Alenndce de Halt (Gln in! Ss raring 3) ee sovnt Ad tecindur eed guod ie termi "QU e* ‘oppo ore penone nes sir dl nomen ewetse a proper oe verbo {Quod exemlam pact sed eum nor sigur wt in sin, sea ut io pera” ‘Stuur cum dcrur: go sum qu um" hoe ronemen"eg*sapponit wo pene ‘elle pro Filo Det set wit Glows super ilo a6: "Bese ego ad gem > LA THEOLOGIE RHENANE 147 La solution Ulrich, proche de celle d’Albert est exactement opposée & celle, chrstoiogique, d’Alexandre. La oit le franciseain etait le témoignage de Jérdme* en faveur du sens essentiel GExode 3,14, Ulich invoque Denys, Jean de Damas et Jérdme pour affirmer que le Nom révéle signe Pte divin identique $Y Essence divine, laquelle peut bien parler, puisqu’elle est elle- méme celui-la méme qui est commun auxien trois Personnes : Diew. Mais il faut soutenir avec Denys, Damascene et Jéréme que ce Nom cst un nom essentel, parce qu’il signif l'étre divin qui est la meme those que essence divin, laquelle la parole convient aussi, puisquelle fst elle-méme son propre suppét commun en trois Personnes, en qui ‘lle est signfige comme en qui le posstde, quand je dis: « Dieu » Une fois de plus, clest dans lontologie divine qu’Ulrich 4épasse une disjonction ou un dualisme traditionnels. A Pop position de appropriation personnelie et de la signification ssentielle il substtue une visée qui lui permet de résorber toutes les dissociations dans L'unité de Lessence divine, c'est-A-dire, on Ya vu, dans l'unicité de Tue divin. Cest de Diew que + Qui ext» est le Nom propre: de l'Etre qui est Dieu, de Dieu qui ext Etre. Le chapitre 3 se termine donc par la différenciation systématique de deux sortes o’&tre, Il faut, dit Ulrich, distinguer Yétre commun & la créature et au Créateur de l’Etre propre & Dieu seul. « Qui est» ne désigne pas cet este commune prédiqué par simple analogie de tous les étants, quels qu'ls soient, mais, cet Etre absolu prédiqué de Dieu seul par mode d’éminence : «Btant + ou «ére+ est pris de deux fagons, soit au sens commun, dans la communauté analogie de It créature au Créateur, soit aut sens spécal, selon la raison éminente qui fui fait etre en Dieu. Dans le premier sens, V'étre n'est pas propre & Dieu, ear il est commun 4 tous les étants, Dins le second sens, il est propre qu’ Dieu seul, ‘comme le dit Job: « N’es-ce pas to seul qui es? » car, selon ce mode @éminence que lon vient dexpliquer, V'tre ne convient qu’a Diew seul. C'est pourqusi, comme il ressorclairement de ce qui précede, “= Celui qui ent» est le Nom propre de Dieu, car il indique l’éxe selon ledit mode. Liétre de Diew différe de ’étre causé par cela méme qu'il le cause, Crest sa causalité qui « sépare » I’Btre divin. Il faut done distinguer I’Etze qui cause de Petre causé et, de méme, distinguer 4%, Voici mésne Wenn, p85. i. teiement urna Hole be cy memru T, cay $354 242526 Vora ete dne de ete ip 13; Pr, 22 357 et ‘sie gen denne Aad a mem Il cp. $38, 2 S25 enn. x= Qa (Srl me ad vor", a6 dct Heonpms:,*Merto Domina, gl vere) aomen ‘eae tent; ea te terminus "Que spon po eet» =F 148 (CELUT QUI EST. Bue qui cause de Wéte universel ou logique prédiqué pay analogie de la Cause et du cause. . La causalité divine qui sépere Diew dans son Etre n’en reste ‘pas moins, pour Ulrich, une causalité univoque. Tout étre cause est une « similitude » de I’Etre qui cause. La fausse communauté de Lanalogie est done supplémentée ici par la communication dans Punivocité, On sait comment Maitre Eckhart reviendra sur cet entrelacement primordial des deux notions fondamentales du discours onto-théologique ®. Notons seulement pour instant qu'en disciple d’Augustin et ce Denys, des deux & la fois, Pun et Pautre et Pun par Pautre, Ulrich inserit dans ta constitution, ontologique méme du créé le double jeu dune différence ontologique qui Mabaisse au néant et d'une tessemblance qui leve & Petre: Ainsi donc, parla raiton déminence et de cautlité Pete divin differe de tot aure ére et cet un fant au sens special, distinct par iuiméme de Péte cr6e comme la cause se ditingue do cmusé eft Parfit de Vrpartait Mas Ia rss dindétecminstion dont ona parle pis haut n'en fait pas pour autant Pe universel qui ext pétique de {outer chose tie de forme inherent Quant ila triton de casa Snivogue, selon laquelle tout autre re et parle Premier re en tat aque tel, ele fait quit ya une relaion de similitude ene Tout ere et, {hi Ev‘cete nature de Teant ses ni Ie perfection Ie forme dun ceretn eta en tant qui depend de V@te divin en tant que tl ca, ainsi, de par la distance méme qui le sépare de 'Etant véritable il déchoit dans Ie non-etze qui ext plutét prvaion que formes cest au contaire st forme et se perfection, en tant qu'il et une smilie a veritable Bice parfait. Aint donc quand Ite ex formellementprédiqué dune chose, cela advien en tant que sa smltude en fat Pere meme 4e Dieu. Et ces ainsi que Denys item verte que «Ire de toutes ‘hoses ext la Dei qui ext avdewu de Pte» Le chapitre 4 d'Ulrich constitue un ultime approfondissement du concept de I'Etre divin, L’Btre de Dieu est «étre vrai» ou Peétre véritable » qui menveloppe rien d'autre que lui-méme. L’étre de la créature est un « faux étre ». Chaque créature, en effet, est déterminée dans son étre par quelque chose qui n'est pas d’ordre ontologique, La spécification de V'étre de la créature n'est pas le fait de son dire ~ ou plutdt de ce quill y a d’étre en elle mais de quelaue chose qui est extérieur & cet #tre, ou si Von’ préfere 2 ce, qui cn elle est. Crest cette détermination de son étre qui fait delle une créature distincte des autres, Autrement dit, ce qui spécifie les créatures c'est la réduction de létre en elles 48. Sur ce pint wie Fouragefndamectl de B Mops Maier Ft, Anon Unread Bink, Humbourg, 90, soaaien 4281 LA THEOLOGIE RHENANE ug. il sessort done claizement de ce qui préctde que I'ftre divin est ewe veritable, car il n'a rien autre en lui-méme que lui-méme. AU antrate, toute créature, puisqu'elle est nécessaicement un étant spécifié fiiférent dee autres, a en plus de ['ére, qui est commun & tous, autre Ghose qui entre dans la nature de 'étant comme la détermination entre fans le déterminé, ct qui la spécifie et la distingue des autres, car ici fa aison de convenance et la raison de différence ne peuvent étre une feula et méme chowe; er cest pourquoi Pte quelle a ext faux. Le nom d'«Brre> ne reviendra done jamais proprement a tune créature, quand méme elle existerait éternellement. Aucune qréature n'est vraiment un étre, car étant causée dans son étre tlle ne posséde pas absolument [’étre en elle-méme. Elle n’a @étre que par rapport A sz Cause. Elle est néant en puissance. ‘Néant sous condition. Suspendue & la persistance de 'infiux causal, Ulrich déclare donc, paraphrasant Avicenne, que la capacité au néant qui est celle de la créature est déja celle d'un nant : Diautre part un nom ne convient proprement qu’a celui 2 qui la saison de ce nom convient purement, sans mélange avec son opposé, Gest ainsi qu'une chote est dite d'autant plus proprement blanche Gu'elle n'est mélangée avec aucun noir. Et est pourquoi est proprement Gelui qui a de Petre sans avoir de non-ére. Mais cela ne peut convenir Zia eréarure, car méme ai elle avait €t€ de toute éternité, comme Font foutens les philosophes, elle n'en resterait pas moins encore causée. File n'a par conséquent pas e’étre en elle-méme, absolument; elle n'a dette que par rapport asa cause et elle est en puissance néant — je parle de Ia puissance conditionnée, cest-i-dire de ce qui arriverat si influence de sa cause Tui état retrée. Et cette puissance 3 ne pas fire est quelque chose d'un néant, tout comme la puissance a étre est ‘quelque chose d'un étant, ainsi que le dit Avicenne. Et de cette fagon {le créature) voit Ia raison de ce nom entachée en elle de la raison de Ja privation opposée. Dieu, en revanche, est au sens propre, car étant cause son ane ne reléve de rien dextérieur et n'est affecté d’aucune puissance, d’aucune capacité de néant Diu done ext au sens propre, puisgue, comme il eet cause et non ‘ausé, i a en lui-méme Petre absolument, sans relation 2 quoi que ce soit Gautre, et il a Fé d'un acte pur, sans puissance 2 ne pas éue. Er est pourquoi son étre n'est pas entaché d'une raison opposée. L’Btre Dieu subsiste en lui-méme. Il n'y a rien en lui que son @tre, Il n'y a tien d’autre en lui que Iui-méme. C'est parce que Dieu est lui-méme qu’il est sans cause. C'est parce qu'il est Soi quiil n’est pas cause de soi: FF

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