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Dans le cadre de la Collection « Repéres », la SERIE BLEUE offre un lieu ol) se présentent des ouvrages et des disciplines exigeant une fabrication spéciale eu égard & leur technicité qui requiert des présentations particuliérement étudiées, sinon com- plexes, Inaugurée par la linguistique, la SERIE BLEUE est également ouverte aux autres disciplines, notam- ment aux sciences exactes, qui requiérent un double réseau pour se dire : celui du mot et du discours, celui du symbole ou du formulaire qui Pour étre lecture authentique appelle une typo- graphie spécifique. Linguistique sous la direction de Laur Jean-Claude Wied? 7 arguments linguistiques i Danon-Bolleau sérle bloue (Se CECE PRINTED IN FRANCE/IMPRIME EN FRANCE Tous, drolts de reproduction, de traduction ou) Cadeptation réservés pour tous 16s pays. © MAISON MAME. 1973. ISBN 2-250-00897-0 Avant-propos Introduction * Chapitre | © Chapitre I Chapitre til © Chapitre IV Chapitre V SOMMAIRE 7 9 : Comparatives et relatives 29 : Un processus de disloca- tion qualitative 93 Phénoménes syntactiques en frangais 141 Ecole de Cambridge et de Pensylvanie : deux théo- ries de la transformation. 179 Queiques réflexions 4 pro- pos de la notion de « lexis » et de la nature contradictoire du langage 219 @autant plus strictement comme un article, que Var ticle proprement dit existe en grec, quill serait néces- saire ici puisque le nom est défini: s'il peut manquer un processus de dislocation qualitative Avertissement Ltude qui suit est un fragment de démonstration. Pour fa faire mieux comprendre, il convient de rest- tuer britvement Pensemble od elle prend place. Les données & interpréter sont des constructions ives partis, qu'on peut ‘Silat por de ‘Ne du type : un Filo de pain, un metre de tissu, Imbécile de général, une fripouille de banquier, et. Certaines hypothéses peuvent étre avancées @ leur propos 1) Dans le groupe Ni de Ns, c'est No qui est le nom principal, Ni est un déterminant 5 2) Les éléments Ni sont des noms appartenant & 2 types distincts : noms de quantité, comme kilo, mere {Gomes de qualité comme imbéctl,jipoule) 3) La représentation adéquate de la structure du 4 groupe Nominal dans Ia base devra contenir une regle Dét — ... (Quantité) (Qualité... (Ces hypothéses doivent évidemment étre démontrées ; les arguments pertinents doivent prouver entre au noms de qualité existent bien, que d'une ms, que d'autre part ils forment vune classe bien définie par son comportement ; 4quils appartiennent au systéme du déterminant, Nous admettrons ici sans démonstration le premier de ces deux points, et discuterons seulement le se- cond. De plus, parmi les diverses propriétés des Noms de qualité*, nous n’en retiendrons qu'une : || 1a possibiité de subir un certain processus de dislo- 3. I's'agit alors d'établir si cette propriété, prise en elle:méme, confirme ou non le caracttre « déter- minant > des unités qu'elle caractérise. 1. Les données UI existe en frangais un processus dont on admet ‘généralement le caractére transformationnel, connu sous Ie nom de « dislocation > ; on peut par Ia paire suivante = (1) G@_ Tai monté tes marches. (b) Te les ai montées, les marches. tre Ies deux termes de la paire, on admet une relation, exprimée par une opération extrayant de sa position (ici celle dobjet direct) un groupe nominal 1, Nous admetions que a définition nécessure et sufisanie d'un Nom de qualité est de pouvoir apparatre en postion Ny dans des ‘xpresions Ny de Ny non quantiatve, a description tredivonnele de ces dléments se srouve résumée dans Grevsse, Le bon wsge, § 212, 5° et § 303, rem, 2. Nous comptons du reste feprendre la question’ dans» un travail ensemble, Quelgues opérations de determination em franca ( arate). ( cntier et Vinsérant en incise & une certaine place de Ja phrase, ‘Une opération apparentée, quoique différente, semble devoir étre définie pour les noms de qualité en pos- tion N:, comme lindiquent les paites suivantes : (2) (@) Cet imbécile de Jean a cassé ta tasse. (b) Jean, cet imbécile, a cassé Ia tasse. (3) (@) Un crétin de gendarme m’a dressé une contri. veation, (b) Un gendarme m’a dressé une contravention, le exétin, (4 (@) Mon salaud de fils a raté son examen. (b) Mon fils a raté son examen, le salaud. La parenté de ce processus avec la dislocation illu trée par la paire (1) semble évidente : il s'agit Ia aussi de ¢ disloquer > une phrase en extrayant un lément nominal de sa position. Mais une différence saute aux yeux : dans la phrase (1 a), le groupe nominal soumis & Popération a une forme réguliére, et dans la phrase (1 b), il est extrait tout entier ; dans les phrases (a) de (2-4), le groupe nominal a la forme particulitre Ni de Ns, et dans les phrases (t), seul le nom N;, done une partie du groupe nominal est extrait. Descriptivement, on a done deux phéno- menes distinets : 1a dislocation que Yon peut appeler « ordinaire >, puisqu’elle affecte les groupes nomi- naux de forme canonique, et la dislocation « quali- tative », qui affecte les noms de qualité Cala posé, sil n'y a entre les deux processus que la différence séparant noms ordinaires et noms de qua- lit, il serait hasardeux de les considérer comme tota- Jement séparés : apres tout, on pourrait imaginer que la dislocation qualitative soit un cas particulier de la dislocation en général, sa particularité tenant juste- ment & celle qui isole les structures Ni de Nz dans ensemble des groupes nominaux. En fait, l'examen des données montrera rapidement qu'il n’en est rien il existe en effet entre les deux processus les diftéren- ces syntaxiques suivantes : 1) Ia dislocation ordinaire consiste & extraire un GN de sa place normale et & le déplacer, en Inissant derrigre lui un pronom anaphorique pour le repré- senter : c'est ce qui ressort & Tévidence de la pai (1). Elle implique done de fagon cruciale la pronomina- lisation : élément disloqué ne peut étre rapporté qu’ un pronom. Cela n'est pas vrai de Ia dislocation exclamative : élément disloqué peut se rapporter A un GN de statut plein : ef, par exemple, les phrases (2), od le ‘Nom de Qualité extrait se rapporte & Jean, un gen- darme, mon fils. Des phrases comme l'imbécile, il a cassé la tasse ne sont évidemment pas des contre-exemples puisque le pronom i! ne peut recevoir sa référence du Nom de Qualité. Alors que la phrase (1 b) ne nécessite ‘aucun contexte, aucune information supplémentaire pour étre interprétée complétement, 1a phrase ci a Tinstant suppose qu'on sache par ailleurs qui est individu désigné par i. trémités' de la proposition, soit au début, soit A la fin mais pas a P'intérieur acheté hier, ce livre. (©) Ce livre, Jean a acheté hier. (@) “Sean, ce livre, Ya acheté hier* 2. Ceue phrase qui s'est corte dans aucun usage, doit te Seignevsement distingute de la phrase : Jean, ce lve, Wl Ta ‘cheté hier, qui est pafstement admisble dans certains’ usages (Gis « populates») Dans cote seconde phrase, iy « double fentraction Jean est extrait auss bien que live et eotome I fst représenié par un pronom. Dans Ia premibe, seu lve est erat. () “ean Ya, ce livre, acketé hier. (®) “Jean Ya acheté, ce livre, hier* La dislocation qualitative peut déplacer V'élément & tous les points “i la phrase, sauf au début : (©) (@) Jean, Timbécile, a cassé Ia tasse bleue. (b) Jean'a, Yimbécile, cassé Ia tasse bleue.. (©) Jean a cassé, 'imbécile, Ia tasse bleue. (@) Jean a cassé la tasse bleve, Pimbécile. (©) *Limbécile, Jean a cassé la tasse bleue, 3) Ia dislocation ordinaire peut concerner tous les GN de la phrase (sauf le sujet dans Ia langue soute- nue) () (@) Le complément objet : je les ai descendues, ces marches. () le complément circonstanciel longtemps, dans cette ville. (© le complément d'attribution : je Iwi ai donné beaucoup de livres, & Jean. (@) le sujet: i est part, le train (incorrect en ta ‘gue soutenue). 2 iy ai véeu La dislocation qualitative ne concerne que le sujet * : (8) (@) ‘Ye wai pas vu Jean, Timbécile. (©) “Ye me suis promené avec Jean, Timbécile 3. Les phrases (e) et ser performance; il vapt en fait dune « homonyms > * lriguz"de teller phrases t employtes, ine sagt as de location satanige, mas ‘La suation ‘dun loeviear qui commence’ une phrase avee tention 8 employer Ie pronom seul (Jean Fa achelé hie) eth qui intelocuteur manifete de quelque mane que la référens 44 pronom iui reste obscure dans ce ex, le Locueur « lose » B Pronom par fo nom plein (e live). La plose ex proprement hos t de a situation de parle. sobre 4 dvb. pat Jean Ta achetd hier. 1 agit eh fat de ‘changements de la structure syataxique au cours de 97 -————-- > (©) *Yai donné beaucoup de livres & Jean, Vimbé- cile. (@) ‘Vai logé chez Jean, Yimbécile. On a ainsi trois points diftérentiels ob les deux opé- rations de dislocation se comporteat de manigre dis- tincte ou méme opposée ; en méme temps, Yon obtient deux séries de propriétés, caractérisant chaque pro- cessus pour lui-méme. Or, de ce point de vue, on remarquera qu’aucune des deux séries ne peut s'ex- pliquer & partir de la nature de T'élément dislogué : il n'y a aucune raison de principe par exemple pour que le groupe nominal ordinaire ne puisse, une fois extrait, apparaitre & V'ntérieur de T'énoncé, et de ‘méme pour les autres propriétés ; il faut prendre cette limitation comme une propriété de fait de Ia transfor- ‘mation syntaxique elle-méme, De la méme fagon, les caractéristiques différentielles de la dislocation quali- tative sont des données qu'on ne peut déduire de la nature (quelle qu'elle puisse étre) des noms de qua- lité*. Si cette indépendance est admise, il devient égale- ment impossible de ramener la différence entre les deux séries de propriétés 2 la différence entre les ature des éléments affeciés par les processus com-— trement dit, il est impossible de considérer Ta dislocation exclamative comme un cas particulier de tw dislocation ordinaire, qui tirerait ses particula- “Fités-dereelles” qui distinguent les noms de qualité dans Lensemble des éléments nominaux, On a bien un processus autonome, la dislocation qualitative, ‘qui ne concerne qué les noms de qualité et dont on Pout A bon droit tirer des éclarcissements sur la structure syntaxique de ceux-ci, ‘5. Un examen rapide, dont nous nous dspensns, suffrait & moa- tree que les noms ordinires ne sont pas suscepibles denter ‘dans in processus ayn les caractérstiqus dela dislocation excla- Inative; et quinversemest, les noms de qualité ne peuvent enter Gans un processus ayant les propriétés de la dislocation ordinaire. 2, La transformation de dislocation qualitative 99 Une fausse évidence a été dissipée : Panalogie intui- tive entre deux processus de dislocation. Mais peut- ire le doute devrait-il tre plus radical : est-il certain quill y ait relation transformationnelle entre les mem- bres des paires (2)-4) et A supposer que cette rela- tion soit avérée, est-il certain que son orientation soit celle que nous avons acceptée sans démonstration jusqu’a présent ? Sans doute, si l'on admet une opération qui a pour point de départ les phrases de type (a) dans (2)-(4) et pour résultat les phrases de type (b), il s'agit bien <'une dislocation et elle est distincte de Ta dislocation ordinaire. Mais il convient d'établir d’abord qu'une opération en général doit étre définie entre le type (2) et le type (b) et ensuite qu'elle joue bien de (a) vers (b) et non en sens inverse. Sur le premier point, la discussion peut étre assez rapide : en effet, examinons les couples formés par les phrases (2)-(4) que nous reprenons ©) (@) Cet imbécile de Jean a cassé la tasse. (b) Jean, cet imbécile, a cassé Ia tase (10) (@) Un erétin de gendarme m'a dressé une coa- travention, (©) Un gendarme, le crétin, m’a dressé une con- ‘ravention. (11) (@_ Mon salaud de fils @ raté son examen. (©) Mon fils, Ie salaud, a raté son examen, Il est clair quiil serait possible d’en construire une infinité, en combinant aux diverses.unités lexicales, tous Jes noms entrant dans la liste des noms qualita- ifs. Il est clair aussi que chacun de ces couples est constitu de la maniére suivante : wt 'y a relation de paraphrase sémantique : le seas cst strictement le méme, jusque dans les détails daS SECT! Ja nuance subjective ; = — les éléments lexicaux qui constituent I'énoncé son, RENN strictement les mémes et on peut passer d'une phrase “| 100 du couple a autre par une opération de chaine parfaitement définissable (et cela, quel que soit le point de départ adopté : passer des phrases a aux ‘phrases b est formellement aussi facile que Vopération inverse), En d'autres termes, on a entre les phrases (a) et les phrases (b) la relation d’équivalence qu'on asso- cic classiquement ax parentés transformationnelles, et, A partir du moment od 'on admet les transforma- (tions, il est hors de doute que les couples de ce \ type entrent d’emblée dans le domaine de ces opéra- tions. Le point qui reste alors & établir est Ia{ nature’ de Ia transformation : en fait, en occurence, ce probleme ne fait qu'un avec celui que nous évoquions & Vins- tant; si Ton admet une certaine relation R entre les phrases (a) et (b), elle reste vraie que Yon prenne (a) comme point de départ ou au contraire (b). Mais, évidemment, du point de vue des transfor- mations, le choix nest plus indifférent et il faut éta- blir si ce sont les phrases (a) qui sont & la base des phrases (b) ou Tiinverse : d'un point de vue descriptif, cela revient & établir si Ia transformation consiste A disloquer les phrases (a) — comme nous avons implicitement admis — ou & modifier les phrases’ (b) de fagon & obtenir (a). Dans le premier cas, la phrase (a) contient dés le départ le nom qualitatif comme élément du GN sujet et c'est la transformation qui en fait sortr. Dans Ie second cas, la phrase (b) est le point de départ :'le nom qualitatif est extérieur au GN sujet et c'est une transformation qui l'adjoint a ce demier. le premier cas, la phrase (b) est structurée auto- {patiquement~par la transformation de dislocation et il n'y @pas A lui chercher d'analyse supplémen- taire ; dans Ie second, 1a phrase (b) doit recevoir lune analyse propre, antéricure Ia transformation qui s'exerce sur elle, et, nous avons pu noter une différence profonde entre Ia dislocation qualitative grdinaire. La seconde en effet im- © qui Sexplique fort bien, si Yon "elle optre en extrayant un GN entier, dont iI subsiste une trace proniominale & sa place initiale ‘Au contraire, la premitre peut ne pas impliquer ‘Yanaphore-; en d'autres termes, elle met"en relation deux foms de statut plein et non pas un nom et son substitut pronominal ; on a done (cf. (12)) deux noms, dans une méme phrase, qui désignent le méme référent, qui sont fonctionnellement liés (un « se rapporte > & autre), sans que le verbe soit aucune- ment jmaiggé dans xt Keson. Cost TA une situa tion“irés rarb et elle semble précisément caractéris- tique”de Vapposition (cf. (13)). Ainsi, ce qui, dans les termes de la dislocation, paraissait une particularité non expliquée des noms qualitatifs, rentre dans une ceatégorie générale, bien connue et relativement claire. Dans ces conditions, non seulement Phypothise de apposition n’a rien d'invraisemblable en elle-méme, mais de plus, elle a un certain pouvoir d'explication, au moins pour une propriété fort importante des tours, ualitatits. ie Yenjeu est important pour nos analyses : si cette hypothése * est vraie, elle a pour conséquence : 8 Soulignons que dans cette hypothse, il est parfatement posi bie que ler phrases (@) solent ellesmémes le relat de trans formations. C'est mime Ia solution ia pls probable : il est en tffet peu plausible que Tes appostions solent Troduites dans {a base elleméme. Au contaite, Thypothtse opposte consdére ‘gu, en ce qu concerme Visteon des noms de quali, ls phrases 1) Que la place des noms de qualité dans le déter- minant est un fait de surface ; or nous avions émis des hypothéses concernant 1a base : celles-ci seront donc infirmés. 2) Les noms de nombre et les expressions de quan- {ité en général ne peuvent étre traités comme des appositions ; done, d'un point de vue structural, il aucune analogie entre les expressions de quantité et les expressions qualitatives, ou s'il y a analogie, elle serait purement superticielle. 3) Techniquement, si les appositions qualitatives ne se distinguent des autres que par une caractéristique isolée (par exemple subir une transformation d'inser- tion dans le GN), il suffit pour représenter ce phéno- méne d'un trait classificateur queleonque ({-+ qua- lité) par exemple) qui serait assigné dans le lexique A certaines unités, il n'y aurait mul besoin d'un neud Qualité. Autrement dit, le comportement des élé- ments du type idiot, imbécile, etc., serait un fait @idiosyncrasie lexicale et non de structure. Or, bien que nos hypothises d’ensemble soient par- tiellement indépendantes les unes des autres, il est certain qu'une partie de leur valeur tient aux rap- ports d’analogie qu’elles permettent d’établir. Si ozux- ise révalent illusoires, il est en fait permis de soup- sonner la validité du tout ; si en particulier le naeud Qualité n’a pas de réalité, le noeud Quantité perd lui- méme de sa vraisemblance. L’hypothise de Porigine appositive doit donc étre examinée avec soin : cela suppose qu'on compare avec plus de rigueur les pro- priétés des noms de qualité des appositions dans Vemploi qui les rapproche (incises de type (12) et (13). (a) ne sont pas le résultat de transformations, mais sont engen tiger directement par Ta. base. Bien que les deux hypohtses Sent inverse concernant Ie rapport des phrases (a) aux phrases {eles ne ont pas symétriques In sezonde seule dit quelque chose de la base. 10 104 2.1 Incises qualitatives et appositions. On admet généralement que les appositions nomi- nales en incise sont la réduction de relatives attribu- tives ; les phrases (13) ont alors pour origine : (14) (@) Mon mai, qui est le Président de la Répu- Dlique, a cassé la tasse. (&) Mon mari, qui est un professeur, a cassé 1a taste, Parallélement, dans hypothése considérée, (12) aura pour origine : (15) Mon mari, (qu est] un imbécile, a cassé Ia tasse, Les relatives appositives ont été assez bien étudiées, tant dans la grammaire traditionnelle que dans des Gtudes plus récentes, et — bien que leur origine syntaxique pose encore des problémes — on s'accorde leur attribuer un certain nombre de propriétés ca- ractéristiques ; il apparalt rapidement que les noms de qualité en incise (type (12) ) ne les ont pas : 24.1 Du point de vue de la forme. 2A... E, Bach a montré pour anglais que les relatives appositives se distinguaient des détermina- tives par la possibilté d’y insérer des adverbes de _phrase dw {pe apparently, really, ete. ; le méme phé- homene est vrai en frangais : des adverbes comme ‘apparemment, heureusement, en vrité, ele», qui Por tent sur toute une proposition’, ne peuvent étre insé- rés dans les relatives que si elles sont appositives ; dans certaines limites, qui semblent lies plutét & la performance (Iongueur des adverbes, lourdeur du groupe apposé, ete), ces adverbes peuvent aussi ap- paraitre dans les relatives appositives réduites : (16) X, matheureusemnt podte de peu de valeur, a com- posé de nombreuses ceuvres. 9. La plupart de ces adverbes peuvent inside paraprasés par tune proposition dela fagon sitante : malheureusement, fai eassé In tame, = al caseé Ia tass, ce qui est malheureus, (17) Paris, apperemment une ville superbe, est pourtant invivable. (18) Le chat, curieusement le plus aimé des animaux, fest le moins affectueux de tous Or une telle insertion st impossible avec les phrases du type (2 bY-(4b). (19) (@). *Hean, matheureusement cet imbecile, a cassé Ia tase. (©) "Un gendarme, apparemment le erétic, ma Gressé une contravention, (o ‘Mon fils, curiewsement Je salaud, « raté Ce fait est d’autant plus curieux que, sauf pevt-étre pour (19 ¢), une interprétation sémantique serait trés facile & imaginer : il s'agit alors bien d'une limitation purement syntaxique. Or, T'insertion des adverbes de , phrase est un des crtres syntaxiques principaux per- Inettant de bien définir Pensemble des relatives appo- sitives : le fait que les noms de qualité en incise ne présentent pas cette propriété est dans cette mesure Extrémement génant pour qui les considére comme des. apposition. 2.1.1.2 Les appositions (soit sous forme réduite soit non réduites) sont possibles dans tous les types de phrases, notamment les subordonnées. Au contraire, {es incises qualitatives sont limitées, semble-til, aux principales : du moins, elles semblent nettement moins fcceptables dans les subordonnées déclaratives que ddans es principales ou indépendantes et elles sem- blent encore moins acceptables dans les hypothétiques et les subordonnées relatives (20)=(12) Jean, Vimbécile, a cassé Ia tasse, (21) (a) Je me dis que Jean, Timbécile, a cassé 1a tasse. (&) J'ai vu Jean qui, Timbécile, avait cassé Ja tase. 1 106 (©) Si Jean, Yimbécile, casse la tasse je 1a lui fais payer. Dans mon usage, la phrase (21 a) serait moins accep- table que (20) ; (21 b) et (21 ¢) sont moins accep- tables que (21 a) ; ce caractére est encore accentué, si ineise qualitative est trés éloignée du nom auquel elle se rapporte : par exemple 22) Je ne veux pas que Jean casse ta tasse, Nimbécil. 23) Si Jean casse Ia tasse, Vimbécile, je la lui fais payer. Ces phrases seraient de fait exclues de mon usage. La méme higrarchie semble se retrouver pour toutes les incises qualitatives : pour mémoire, on peut en citer un autre exemple, mais P’épreuve pourrait étre répétée pour tous les noms de qualité (24) (@) Un gendarme m'a dressé une contravention, Te salaud. (©) Je vous dis qu’un gendarme m'a dressé une contravention, le salaud. (© Fai rencontré un gendarme qui, le salaud, ‘ma dressé une contravention ™, (24 b) est moins bon que (24 a) ; (24 ¢) moins bon que (24 b). (25) Alors qu'un gendarme m'avait dressé une contra- ‘vention, je ai insulté, le salaud, On notera que dans (25), le nom de qualité se rap- porte au pronom objet dans la. principale. Dans Jes phrases (21)-(23), il suffit que l'apposition soit un nom ordinaire pour qu'elles deviennent toutes également correctes ; dans les phrases 16-18, cela ne sera pas vrai, mais Ia raison en est toute diffé- 10. Limpossbité de ‘si um gendarme me desse une contra- vention, Te salad, Je ne pater pas ie peut servig argument, dana Ta, mesure oD lle peut teair cu Caractere ‘énérique de tun gendarme apres si! il exten effet répulier que es éements sans rfrence précse (génériques) n'admettent pas apposition. rente : c'est que ‘apposition ordinaire ne peut étre séparée du nom auquel elle se rapporte (cf. point 2.1.1.3)". 2.1.1.3 L’apposition ordinaire, réduite ou non, est contigué & son antécédent : on n’a pas, & partir des phrases (13), les phrases (26) : 26) (@) *Mon mati a cassé la tasse, Je président de Ja République. (b) *Mon mari a cassé la tasse, un professeur (©) *Mon mari a cassé la tasse, qui malheureuse- ‘ment est maladi ‘Au contraire, on sait que les incses qualitatives peu- ‘vent apparaitre en tous les points de l'énoncé™, saut fen tte, 2.1.1.4 Les appositions proviennent de relatives at- teibutives: autrement dit elles sont toujours a Porigne en position dattribut nominal suivant 1a Copule. De fait, Varticle sur les appositions réduites est proche de ce qu'il est sur Pattribut : il est supprimé généra- lement ou est l'indéfini un ; comparer par exemple : X, professeur de latin et X est professeur de latin; X est un excellent professeur et X, un excellent pro- fesseur. Meme si Varticle indéfini est plus générale- ‘ment supprimé sur Papposition réduite que sur lat but les dfférences restent peu sensibles. D'autre part, article défini le apparait sur apposition exactement 1H, Cos differences le fiplacement de Tindlesteur de totale (tour ou chacua). CE. inte, 107 108 dans les_mémes conditions que pour Fattribut lorsquil s'agit de conférer & un individu une propriété dont il est le seul titulaire ; of. par exemple, X, le Président de la République et X est le Président de la République ; X, le plus courageux des hommes et X est le plus courageux des hommes. Ct. aussi les appositions od Yon identifie un individu : Michel- ‘Ange, le peintre bien connu et le couple question réponse : Qui est ce Michel-Ange dont vous parlez ? — Cest le peintre bien connu. Méme chose pour le ) de article délini. ‘Autrement dit le méme article fe n'a pas la méme fonction pour 'apposition et V'ncise qualitative : Ia ressemblance extérieure dissimule done une différence importante. 2.1.2 Du point de vue du sens : On a noté depuis ongtemps que apposition, réduite ou non, représente une assertion indépendante de assertion contenue dans énoncé principal : plus précisément, cela signifie que Pénoncé principal peut tre faux, sans que Papposition le soit et vice versa Par exemple, dans 'énoncé suivant : 109 110 (82) Tai révé hier que Jean — qui est mon meilleur ‘ami — m'a téléphoné. Liénoncé Jean m’a téléphoné est situé dans Vimagi- naire, mais ceci n’entraine pas, évidemment, que | relative appositive (Jean est mon meilleur ami) le soit aussi: au_contraire, Vinterprétation normale est quelle introduit un renseignement parfaitement réel sur Jean™, Du reste, cest précisément parce que la relative. appositive (comme l'apposition réduite) a une valeur de vérité indépendante de lénoncé principal, qu'elle peut entrer avec celui-ci dans une relation logique : il arrive parfois que Tapposition soit simplement « juxtaposée » 4 l’énoncé principal (c'est peut-ttre le cas de (24) od il se peut que Ie contenu de Vénoncé principal et de 'appositive soient sans rapport " ; ais Ie plus souvent l'apposition lui est lige : comme ‘une explication (on peut alors paraphraser par car), comme une adversative (on peut alors paraphraser par mais), comme une concession, etc. Tout ceci peut tre aisément vérifié sur les exemples d'apposition ci-dessus. Or, ces caractéres ne sont pas vrais pour les incises qualitatives. = 1) Lrassertion qu’elles contiennent n'est pas indé- pendante de V'assertion contenue dans l’énoneé prin- cipal. 2) Iy a bien relation logique d'explication entre les ‘deux assertions, mais ce n'est pas Vincise qualitative qui explique Vénoncé principal, c'est au contraire Vénoncé principal qui explique Vincise : soit inverse de ce qu'on constate pour les appositions. 13, Leeemple est adapié de E. Bach, « Nouns and Noun phra; ‘05>, in Bach ot R, Harts, Universcs n Unguisie Theory ob i fit bud AJ BL Ross. Mais la litérature sbonde d'exemples ‘emlables, 14. Le cas extrtme de cette juxtaposition est prévisément a parenthise, qi Te pls souvent n'a méme plus de relation syntax ‘guement définisable avec Ténoncé principal Nous avons déja noté en effet que Vincise qualitative, bien qu'accompagnée de Varticle défini ou du dé monstratif, nintroduit pas une caractéristique exclu- il faut ajouter qu'elle riintroduit méme pas une qualification permanente : dans les phrases 1-3, non seulement les sujets ne sont pas dans univers du discours les seuls pour qui valle Pappellation choisie, mais encore il n'est pas du tout nécessaire qu’ils la méritent en toute oceasion. Crest 18 une nouvelle différence avec les appositions + soit en effet des appositions indéfinies : Mon mari, un professeur, a cassé Ia tasse Victor Hugo, podte de génie, a composé Ia Légende des sidcles. 6s) Yai tu hier un roman policier, un genre de livre bien ennuyeux. 66) Mon fils a les oreillons, maladie bénigne, mais douloureuse. Puisqu'elles sont indéfinies, elles n’identifient pas de maniére unique 'élément qu'elles qualifient ; elles établissent son appartenance 4 un ensemble dont il rest pas le seul élément, dans univers de discours considéré. En revanche, cette appartenance est consi- dérée comme permanente et ne dépend pas de la vérité de V'énoncé principal *. ‘Au contraire, dans les incises qualitatives, 1a qualifi- cation choisie ne vaut que sur la base de lénoncé principal : dans (2 b), imbécile n'est vrai de Jean, que sur la base de « Jean a cassé la tasse », dans G b), crétin n'est vrai de gendarme que sut la base de « le gendarme m'a dressé une contravention > 15. Co carnttre expliqne du reste que tes épithttes drives Fapporiions solent faclement des éplibtes de mature : ct, les ‘user Chinols sont tombés dans le panneau, oh rusé 1) ne dt ‘mine pas une classe de Chinois, mas convient 2 tout Vensemble 2) nest pas attrbué a Tensemble sur la base de Ta crcors- tance particule nareée dans Ténonc€ (puisque elle cond rai pl A ne pas leur attibuer Te propre m1 112 La qualification ne sera attribuée que dans les cir- constances décrites par l'énoncé principal. Cela est si vrai qu’on ne peut pas avoir de relation adversative centre lincise qualitative et ’énoneé principal, comme cela est possible avec apposition ordinaire : op- poser G7) Mon fils, un brillant éléve, a pourtant raté son (38) *Mon fils, Fimbécile, a pourtant réussi son exa- ‘men, Dans (37), Vassertion représentée par apposition Gtant indépendante de Vénoneé principal, peut étre vraie en méme temps que celui-ci bien qu’elle lui soit contraire (dans 'univers de discours considéré). Dans (38), l'assertion représentée par Pincise ne peut tre rapportée au sujet que sur la base de Pénoncé principal : les deux assertions divergentes ne peu- vent subsister ensemble. On notera que si Yon retire expression explicite de la relation adversative, on obtient une phrase correcte, mais qui ne peut étre interprétée que de deux fagons : soit comme ironique, soit dans une situation od réussir son examen serait ‘une sottise ; dans les deux cas, on en revient & la relation attendue od la principale explique et justifie Vincise G9) Mon fils, Vimbécile, a réussi son examen", 16, Nout ne tenons pas compte évidemment du cs ob Fumbé- ile vert Ia désignation unique de Tindividu consiéré. 1 sagt lors de Temploi dua Nom de Qualité comme un nom ordinate fen apposition, ce qul sa ren Gexceptionnel, mais ne peut rien ‘ous apprendre Des lors il apparait que Jean, rimbéclle (Pio, le erin, ete) feat ver er et suueturalemeat ambigu. Suivant une interpret tion, Fimbéelle est un nom ordinaie identiant de fagon unique le suiet comme il ext normal pout Une apposiion comportnt Tarte let suivant Tautredateprétation, Pimbécle est un nom de qualité of Trike fe'asa valeur affective » et non deni CLE, Bach, ibid, qui propose du reste une interprétation toute diferente de ces phenome, IL y a done bien une relation logique entre T'incse qualitative et Pénoncé principal, mais elle n'est ras du tout ce qu’on a déctit pour les appositions : d'une part, elle est d'un type unique, alors que les apposi- tions en admettaient de plusieurs types : seule la re'a~ tion explication (causale) est possible; Tadversative, la concession, Phypothése, tout cela est exclu. D'autre part la relation causale fonctionne a inverse des appositions : pour ces dernitres, quand il y a rela- tion de cause, c'est I'apposition qui explique 'énoncé principal (il y a en effet antériorité logique de celle 1a par rapport & celui-ci) ; mais ici c'est l'énoncé princi- pal qui explique l'incis. Bien loin done que Yon retrouve Vinterprétation 4qu’on attendait si les incises étaient des appositions, om en a exactement I'inverse. Cela est important : en effet, la nature sémantique des appositions est, parmi leurs caractéres distinetifs, ‘au moins aussi significative que leur comportement syntaxique. C'est done sur un point essentiel, une fois encore, qu'une divergence apparait entre les deux groupes, 24.3 Une confirmation a contrario 2.1.3.1 Premiére épreuve : On pourrait imaginer un argument desting & atténver la portée de toutes les divergences notées plus haut : en effet, personne ne niera que, de toute maniti les incises qualitatives ont des particularités sé ques uniques ; or, il n'est pas rare que des particula- rités sémantiques motivent un comportement syntaxi- que original ; dans ces conditions, il serait pensable que les incises qualitatives apparticnnent bien a l'ea- semble des appositions, mais y constituent un sows- ensemble bien spécifié par des emplois propres ; ‘eux-ci seraient alors définis sur un trait sémantique qui modifierait apposition, mais n'en changersit pas la nature, Toutes les divergences relevées ne 113 114 témoigneraient alors que de la particularité séman- tique et n’aurait pas & étre rapportées & des differences de structures syntaxiques. Une contre-épreuve intéressante est alors d’examiner e comportement d'un élément sémantiquement trés proche des noms de qualité, mais n'appartenant pas a leur groupe syntaxique™ : par exemple, 'adjectit stupide, pratiquement synonyme dimbécile ou cré- tin, Sil apparait que stupide, tout en n’appartenant pas & la classe des noms de qualité, se comporte néanmoins de la méme fagon, lorsqu'il est en apposi- tion, on aura la preuve que le comportement a bien une base sémantique ; sinon, Pargument présenté plus haut perd de sa vraisemblance : le trait sémantique en tout état de cause, ne suffisant pas & justifier les divergences. Soit 'énoncé : (40) Le ministre, stupide comme toujours, n'avait pas compris le probléme. Manifestement, Torigine de I'incise est une relative appositive : (41) Le ministre, qui était stupide, comme toujours, it pas compris le probléme. Ly a d'autre part une parenté sémantique évidente enire Vincise de (40) et celle de (42) (42) Le ministre, Vimbécile, n'avait pas compris le pro- bitme. Le fait que stupide soit accompagné d'un modifi cateur (comme toujours) ne doit pas géner la compa ison : cette circonstance ne fait ici que rendre Ia réduction de Ia relative possible, puisqu’il semble quelle requiert un groupe adjectif suffisament lourd (le ministre, stupide, ete., semble peu acceptable). Les conditions de 'épreuve sont done remplies, 17, Que stupide ne soit pas un Nom de Qualié est suffisam- iment prouvé par Fimpossbiité de ce stpide de Jean Or il apparait tout de suite que stupide a les proprié- té de apposition ordinaire (hormis évidemment celles qui sont liées a la nature nominale de élément apposé) et non celles de Vincise qualitative 8) du point de vue de la, forme — stupide admet les adverbes de phrase comme matheureusement + (43) Le ministre, malheureusement stupide comme toujours, n'avait pas compris le probléme, — stupide ne peut étre détaché de son nom princi- pal; on n'a pas : (44) “Le ministre n'avait pas compris le probléme, stu- pide comme toujours Les appositions nominales avaient encore deux carac- ‘éristques : Pune concernait l'article et n’entre pas en ligne de compte ; Vautre concernsit leurs condi- tions d'emploi suivant le type de proposition : elles euvent apparattre dans toutes les structures, subor- données ou principales ; au contraire, le nom cuali- tatif est moins facilement détaché du substantif dans les subordonnées que dans les principales, et moins facilement dans certains types de subordonnées que dans autres. De ce point de vue encore, stupide se comporte comme les appositives ordinaires et non comme une incise de qualité : les phrases (45) sont, toutes, aussi sgrammaticales que Ia phrase (40) : (45) (@) Je vous dis que le ministre, stupide comme toujours, n’avait pas compris le probléme. (©) Si le ministre, stupide comme toujours, ne comprend pas le probléme, je le ui explique- (©) Je connais quelqu'un qui, généralement stu- pide, a pourtant compris le probléme, En résumé, sur quatre crittres permettant de séparer les incises qualitatives des appositions, l'un est neu- 116 tralisé et trois rangent, sans ambiguité, stupide du {6t6 des appositions ordinaires et non pas des incises qualitatives. ») du point de vue du sens : V'incise stupide & toutes les proprigtés des appositions indéfinies ; — elle attribue une quantité au sujet qui sans Viden- tifier de maniére unique, lui est cependant perma- nente : la stupidité du ministre nest pas lige 2 la cireonstanee narrée 5 — dans la phrase (40), on peut établir un lien causal entre Fincise et 'énoncé, de telle sorte que c'est I'in- cise qui explique l'énoncé : Ia stupidité du ministre cst indépendante de lévénement narré dans I’énoncé principal, elle lui est logiquement antérieure, elle Pexplique ; — sur le mode de (40), on peut construire d'autres phrases comportant d'autres relations logiques notamment, on peut introduire une contrariété entre Vincise et Pénoneé. (46) Jean, généralement stupide, a pourtant réussi son Quoique divergentes, contraires, les deux assertions contenues dans (46) peuvent étre maintenues sinmul- tanément. En résumé, V'éprewve définie au départ donne un résultat clair: un adjectif sémantiquement proche une série de noms de qualité, se comporte comme les appositions ordinaires lorsqu'il est dans une struc ture appositive. Done les divergences entre les inci- ses qualitatives et les appositions ordinaires n’ont pas ‘une base seulement sémantique. 2.2.2, Deuxitme épreuve : Les noms de qualité peuvent étre employés en partic Zomme des noms ordinaires. Notamment, ils peuvent @ire employés comme des attributs ; c’est méme 1a la raison fondamentale qui conduit a les définir comme des noms". Dans ees conditions, si rien ne Sfoppose & ce quils fassent partie d’une phrase GN est un N en position d’attribut, rien ne doit s'oppeser a ce que cette phrase soit elle-méme enchassée en Position de relative appositive, et que le cas échéent, cette relative soit réduite, Autrement dit, étant donné la possibilité de la phrase du type Jean’ est un imbécile, il doit y avoir des Phrases od imbécile et les noms analogues est bien en apposition : comment se comportent-ils dans ce cas ? Si, d'aventure, on peut montrer que les noms de qualité ne se comportent jamais comme des noms ordinaires, alors hypothése qui dérive les incises qualitatives des appositions retrouve de la vraisem- blance, ou du moins les arguments avaneés contre elle perdent de leur force : en effet, il sera toujours pos- sible de rapporter les traits qui séparent les incises qualitatives des appositions aux particularités ié- ductibles des Noms de Qualité, sans qu'il fale poser lune structure syntaxique radicalement différente Soit une phrase od un nom de qualité est contenu comme attribut dans une relation appositive : G41, Jean, qui est un imbécile, a cassé Ia tasse. N.B. : Il est possible de remplacer imbécile par tous les noms de qualité : erétin, idiot, cruche, salaud, tc. ; il ne s'agit done pas d'une particularité du nom choi Une premiére observation, c'est que la relative se comporte comme une appositive ordinaire : & ce niveau de dérivation, les caractéres sémantiques et syntaxiques si particuliers du nom de qualité n’affec- tent en rien le comportement de la phrase : — La relative admet les adverbes de phrase (48) Jean, qui malheureusement est un imbécile, cassé Ia tasse. 18. Cf. la discussion de P. Ibs, « Remargues sur Ia fonction nitite », Mélanges Dauza, Pais, 1981, p. 136 509 1 118 — La relative ne peut étre détachée de son anté- cédent = (49) "ean a cassé la tasse, qui est un imbécile, — Du point de vue du sens, la relative attribue a Jean une qualité permanente, qui n'est pas lige aux circonstances narrées par 'énoncé principal. — La valeur de vérté de la relative est indépendante de celle de 'énoncé principal ; en (39), leur relation peut s‘interpréter comme une explication, de telle fagon que la relative explique 'énoncé principal ‘comme il est régulier pour les appositives ; on pour- rit imaginer une relation dopposition (50) (@ Jean, qui pourtant est un imbécile, n'a pas ccassé la tasse. (&) Jean, qui est un imbécile, n'a pourtant pas ccassé la tasse. En tout état de cause, done, Ia relative appositive n'a ici aucun caractére particulier. Mais procédons & sa réduction : lopération est possible, d’od : (51) Jean, un imbécile, a cassé la tasse. Le fait remarquable, c'est qu’on n’obtient pas (et Yon ne peut pas obtenir & partir de (43)), ce qui carac- térisait les incises qualitatives : Varticle défini ou le démonstratif ; on obtient bien, comme il est normal vee les appositions, article indéfini. Si l'on veut Yrarticle défini il faut partir de : (52) Jean, qui est Vimbécile, a cassé la tasse. Mais il faut noter que Varticle défini a ici un sens définissant : il s'agit d'une situation od Jean est le seul & qui convienne Ie nom choisi (ef. de plus note 16), or. ce n'est pas du tout le sens de Particle ddéfini dans les phrases de type (2)-(4). Si Von réduit (52), on obtient & la limite : (53) Jean, Timbécile, a cassé la tasse. (53) est superficiellement identique aux phrases (2)- (4), mais Vinterprétation n'est pas la méme (cf. sur un point analogue, mais avec des analyses trés diffe tes, E. Bach, « Nouns and Noun phrases ») : im bécile, ici, identfie le sujet de manigre univoque, car il faut supposer que Jean est le seul & qui convienne ce nom dans Vunivers du discours. Et l'on peut reprendre de méme tous les eritéres — Tadverbe de phrase : (54) Jean, malheureusement un imbécile, a cassé la tase, — Ia contiguité (55) *Yean a cassé Ia tasse, un imbécile. — Ia contradiction : (56) (@) Jean, un imbécile pourtant, n'a pas cassé Ia tasse. (©) Jean, un imbécile, n’a pourtant pas cassé la tase. La méme démonstration pourrait étre faite avec apposition définie. La conclusion s'impose : lorsque les noms de qualité proviennent de relatives appositives réduites (= quand ils sont des appositions nominales), ils ne divergent en rien des appositions ordinaires. Donc, inversement, quand, en incises qualitatives, leur comportement diverge, c'est quils ne proviennent pas d’appositives. 2.2 La structure des noms de qualité & la lunitre de la dislocation exclamative. Jusqu’a présent nous avons proposé des arguments négatifs ; la conclusion peut en étre résumée comme suit : il est trés pew probable que les noms de qualité proviennent d'une apposition, que donc les phrases (2-4) (a) aient pour source les phrases (2-4) (b). Mais, bien évidemment, cette conclusion a également une version positive : étant admis en effet que le 1" | 120 type (a) et le type (b) sont en relation transforma- tionnele, il n'y avait, nous le savons, que deux rela- tions possibles et rejeter 'une d’entre elles revient & affirmer l'autre. Autrement dit, nous relions les deux types de phrase par une extraction ou dislocation, ayant pour source les phrases (a) et pour résultats les phrases (b). Une nouvelle voie investigation se propose alors : examiner le processus qextraction pour Iui-méme sSagit-il d'une procédure ad hoc ou permet-elle dex primer des généralisations ? Plus précisément : per- met-elle de replacer les phénoménes considérés dans tune classe? De ce point de vue, deux questions se posent : — quelles sont les propriétés du processus reliant les types (a) et (b)? — se retrouvent-lles ailleurs ? Mais si nous répondons cette deuxitme question, nous résolvons du méme coup un probléme supplé mentaire : Panalyse des noms de qualité. On se souvient en effet que la définition de la rela- tion transformationnelle n'était pas pour nous un but en soi. Dis le départ en fait il s'agissait de trou- ver des indices sur la structure & partir des transfor- mations. Si & présent nous posons non seulement existence d’un processus syntaxique déterminé, doué de propriétés spécifiques, mais celle d'une classe d’éléments, en dehors des noms de qualité, qui subis- sent ce processus, nous sommes en droit de conclure que la méme structure est en cause et qu’on peut Gclairer V'analyse des noms de qualité par ces élé- ments nouveaux. 2.2.1 La dislocation qualitative. Soit donc pour relier les types (a) et (b) un processus syntaxique T que nous décrirons informellement de Ja fagon suivante : 1) une extraction : Je nom de qualité est extrait de sa position pré-nominale et il est attaché directement au neeud Phrase (ou S) a droite du GN (ou N) ; 2) une régle de nature non définie qui doit décrire la rmobilité de élément extrait ; nous dirons qu'elle atta- che le nom extrait & droite de fun des éléments post-nominaux (Aux ou V ou Compléments). Nous distinguons ainsi entre deux aspects des phéno- nes ; le premier est de type transformationnel clas- sique ; le second en revanche ne peut étre intégré dans les types de régles en usage jusqu’a présent *. Il est possible que la distinction soit artficielle et qu'un seul processus soit en fait en cause, mais dans le cadre informel qui est le nétre, nous adoptons ia présentation la plus claire. ‘On remarquera que la dislocation qualitative n'est autre que le procesus T pris dans son ensemble, Cest--dire la séquence de la transformation d’extrac- tion et de la régle non définie de déplacement. Lextraction peut étre décrite ainsi (en reprenant la notation de Remarks) : W [RX — Nom de Qualité —N— ¥] Z => WEX— @ —N—Y] Nom de Qualité Remarques : 1) La transformation n'a pas lieu si te N est compls- ment d'un autre N ; on n’a pas & partir de la saeur 19. Ce gui est en cause, cet que sur Ia base d'une description stroctrale unique, la rople ne produit pas un relat unlgue, mais multiple (ane conjoncton de structures). De ce fal, on te peut plus defini Ia rdple comme une transformation clas sigue. ‘On remarquera que seve Ja desrintion du résulat fit problame (Cea pas, on peut toujours defini le domaine di process T pit le prédicat'« Analysable-en ». Autrement dt, tous le argumeus dupe. les éléments qui subissent le processus TT sont tous fnayeables de la méme fagon » demeurent ales, snows Sdmetions que les procesus syntaxiques sont défins! en con Prébeasion sur le predict « Analyable-en + et non en exeason Ii niet done pas nécessire de définir strictement le process T fen tant quopération pour en titer des conclusions sur la stru- ture des noms de qualité 121 ide cet idiot de Jean a cassé la tasse, ta dislocation la sceur de Jean, cet idiot, a cassé la tasse *, Dans Ia formulation présente de la régle, rien n'empéche- ait ce résultat, puisque les variables X et Y dans N peuvent contenir tous les enchassements imaginables. Pour éviter cela, il conviendra de préciser analyse structurale de départ, par exemple en précisant — si Ton admet cette hypothése — que le nom de qualité fait partie du déterminant ou [Spec, N] et que le point d'application de extraction est le (Spec, N] et non l'ensemble du X, soit : W It five, 8X — Nom de qualité ~ y] N] Z => WIE bow FX — S — VIN} Nom de qualité — Z 2) La transformation semble limitée au GN sujet ; on n'a pas : (7) (@ *Tu connais Jean, rimbécite (@) Tu risques de blesser Jean, Timbécile. (©) *Tuvas te promener avec Jean, Nimbécile (@ *La tasse a été cassée par Jean, Nimbécile. De méme il n'y a pas ambiguité dans les phrases suivantes + (58) (@) Le gendarme a giflé Jean, Timbécite, (©) Mon fils s'est battu avec Jean, limbécile. (©) Mon fils a &é battu par Jean, Vimbéeile. Dans ces trois phrases, V'incise se rapporte au sujet. Si la transformation était possible pour toutes les positions du GN, il devrait & chaque fois y avoir ambiguité, imbécile pouvant aussi étre rapport & Jean. Dans ces conditions, il faudrait spécifier Panalyse donnée dans la transformation en WI fue FX — Nom de qualité — y] BV —Z On notera quil sagit du sujet de surface (ef. (57 4). 20, On remarquera que cette phase est posible si iio est ite prdté comme un pom ordinire en apposition. 3) La limitation eesse de jouer si le nom est prono- minalisé : opposer aux phrases incorrectes (57 a-d), les phrases correspondantes : (58) (@) Tu le connais, rimbécile, (©) Tu risques de'le bleser, Timbécile, (©) Tu-vas te promener avec iui, Vimbécile. (@ La tase a 46 cassée par iui, Vimbéci Toutes ces phrases sont correctes. De méme aux phrases (58) non ambigués, on peut ‘opposer les phrases correspondantes : (59) (@) Le gendarme Ia gift, Vimbécile, (©) Mon fils s'est battu avee Iu, Fimbécie, (©) Mon fis a &€ battu par lui, Vimbéeile, Toutes ces phrases sont structuralement ambigués : Pincise peut aussi bien se rapporter au sujet qu'au ronom *, 4) Liélément extrait ne peut apparaitre qu’a droite du GN ; en particulier, il ne peut étre en téte de phrase (a la différence de la dislocation ordinaire) ; on n’a pas (60) *Liimbécile, Jean a cassé ta tasse, Ici encore, la contrainte cesse s'il s'agit d’un pronom ; ‘opposer a (60) : (61) Limbécile, il a cassé Ia tasse. Autrement dit, dans ce cas, on pourrait formuler la premigre partie du processus T comme une extréc- tion et un attachement & gauche du GN et attribuer toutes les positions & droite du GN a la deuxiéme partie du processus (déplacement), qui serait rendue tin instant de rélexon ‘pparalze Fautre interpre 123 obligatoire pour le nom. Nous reviendrons dans la suite sur cette asymétrie supplémentaire entre nom et pronom. 5) Ces asymétries entre le pronom et le nom sont tus remarquables et posent des problémes impor- tants. Nous ne les aborderons pas en détail ; nous ne chercherons pas non plus & donner de la transforma- tion une représentation qui intégre le phénoméne ; il sfagira pour nous d'une caractéristique empirique du processus T, que nous nous contentons d'enregis ter. Ce qui nous importe, c'est qu’aux propriétés on reconnalt hla défition hassique de Chomsky. Cf. ic-méme, p. 191 121 (67 b-d) : or c'est Ia tout ce qui nous concerne, uisque seul le domaine de ta transformation dex: twaction peut nous donner des indices sur les noms de qualité. Nous sommes dés lors en droit de ‘conclure : si chacun et fous appartiennent au Déter- minant du Nom quand ils subissent extraction, alors les noms de qualité y appartiennent également quand ils subissent Ia dislocation qualitative. Cette conclusion peut étre renforcée : en effet, les quantificateurs cités ne sont pas seuls a entrer dans le processus décrit ; on n'a pas assez remarqué que est le cas du pronom personnel Iui-méme. On sait quill existe un emploi dit « emphatique » du pronom Personnel, od il apparait avec Ia forme tonique : ‘mol, Jere 510%, thn UX, isn Considérons Vemploi de 3* personne (les remarques vaudraient mutatis mutandis pour les autres per- sonnes) : — Le pronom tonique est mobile : (75) (a) Mes amis, eux, mont fait un cadeau, (©) Mes amis m'ont, eux, fait un cadeau, (© Mes amis mont fait, eux, un cadeau (@) Mes amis mont fait un cadeau, eux. — Il se rapporte au sujet exclusivement, et pas a Vobjet (76) (a) *3e connais mes amis, eux. (b) "Ye fais venir mes amis, eux, demain, (©) Me fais venir mes amis demain, eux (77) He risque de blesser Jean, li Mais la contrainte cesse avec un pronom (78) (@) Je les connais bien, eux, (b) Je les fais venir eux, demain, (©) Je les fais venir demain, eux. 24, Toutes ces phrases sont imméliatement compréhensibles; ce fait pourrait le cas échéant, maaguer le araclére au moins dou ‘eax de leur grammatical. Certains informateury interogés ont ‘bu hisiter, mais 4 chaque fois, un instant de reflexion Teor pet- Imettait de trancher et de refasr la phrase propose, (79) Je risque de le blesser, tui — illest exclu en t8te de phrase : (60) *Lui, mon ami a cassé Ia tasse. (81) *Eux, mes amis viennent demain, Ces phrases sont évidemment & distinguer soignease= ‘ment des phrases suivantes, qui sont, elles, parfsite- ment correctes : (82) Lui, mon ami, a cassé la tasse. (83) Eux, mes amis, viennent demain Dans (82) et (83), mon ami et mes amis sont des appositions (vraisemblablement au pronom tonique, représentant le sujet) ; dans (80) et (81), ces éléments seraient les sujets, lui et eux les appositions, Opposer les phrases suivantes, od le sujet est un pronom (84) Lui, ila cassé la tasse (85) Eun, ils viennent demai Dans ces conditions, le raisonnement proposé pour chacun et tous peut valoir aussi pour les pronoms personnels. On peut alors admettre pour le processus transforma- tionnel T un domaine comprenant (entre autres) chacun, tous (et quelques éléments plus obscurs comme fun et Vautre, ni un ni V'autre, etc.) les pro- noms personnels et les Noms de Qualité. Sion laisse de c6té le probléme difficile des pronoms, en notant toutefois que leur insertion dans le détermi- nant a pu étre proposée™, les autres éléments de cette classe peuvent tous étre considérés comme sant partie du déterminant — au moins a un moment 28, Par Paul Postal, « On So-Called Pronouns in English» CE. une discusion récente et des réfrences dans Evelyne Delorme Ray C- Dougherty, « Apposiive NP constructions.» Foun. ations of Language, 8 (i972), 229, 2 130 de leur histoire et en tout cas au moment ob Ie processus T les concerne. En conséquence, il est trés vraisemblable que les Noms de Qualité, étant dans le domaine de T, regoi- vent la méme analyse que la plupart des éléments du domaine, 3. Réflexions sémantiques 3.1 Référentiel et non référentiel Bien que la nature exacte de ce qu’on désigne par « référence > soit extrémement mal établie, on recon- nait généralement qui s'agit IA d'une propriété impor- tante des structures linguistiques. D’autre part, & par- tir du moment o I'on accepte le terme et qu’on Iui assigne un sens plausible, il apparatt clairement que les divers éléments d'une langue se différencient de ce point de vue : notamment on sait que la différence entre nom et pronom, qui, tous deux, peuvent dési- ‘gner un individu précis, tient au fait que le second, tout en étant référentiel, n'est pas référentiellement autonome : sa référence dépend du contexte ob il est inséré et plus précisément d'un nom antérieur. Ul serait intéressant d'examiner les noms de qualité de ce point de vue également et d’établi si leur com- portement référentiel confirme les analyses précé- dentes, et notamment Ia différence introduite entre ceux et les. appositions. Il est vrai que dans Ia théorie linguistique, il n'est pas de notion plus confuse que celle de « référence > ; pourtant cela n’interdit pas d’en tirer certaines conclu sions limitées : ce qui nous intéresse, ce sont des comportements différentiels. En ce sens nous n’avons, pas élaborer une théorie adéquate et complete, il nous suffit de fixer une terminologie plausible per- mettant de représenter la notion d’autonomie référen- tielle et les distinctions qu’elle entraine. — 26, Par exemple, le quantifiateurs dont fous et chacun font partie ne sont peuttre pas dés Torigine daas le determinant. En fait, Ia notion que nous entendons décrite se raméne 8 ceci ; certains éléments comme le pronom personnel ont une référence définissable dans des éoncés particuliers, mais qui est en fait entiérement épendante de ceux-ci ; dds que I'énoncé change, les conditions de définitions de Ia référence changent aussi et cela sans limitation : le pronom personnel peut désigner nimporte quel étre sans qu'on puisse déterminer une classe bien définie dont il serait en général la désignation — et exclure a priori des étres 4quil ne pourra jamais désigner. Au contraire, bien qu'un nom individus totalement distincts suivant les énoneés, 1 reste possible de définir de manire générale la classe des étres dont il est la désignation et inversement @exclure a priori des étres qui ne pourront jamais tre désignés par lui". Par exemple, V'énoneé le live est beau reste interpré- table méme’si Yon ignore de quel livre il sagt (Cestei-dire 1a référence individuelle) *, simplement parce qu’a livre il est de toute fagon possible de faire correspondre une classe d’étres bien définie. Inver sement, 'énoncé if est beaw n'est, dans les mémes ions, absolument pas interprétable, parce qu’a « il > pris en Iui-méme, on ne peut assigner aucune Aéfinition générique ®. En ce sens la notion @'autonomie rétérentelle peut sexprimer par la possibilité de définir la référence d'un élément — te nom — hors contexte et Nimpossi- bilité de cette définition pour le pronom. En fait, cela 277 I dot re char que note préentation reprend Véquivalence wwvele chez certains lopiciens comme Carnap — entre 16 fence et extension dune expresion, Tl ne sagt pas ick de decir In « determination » qu & pati une classe bien definie (par exemple le live en général) selec lionne un individu (el livre) — ces Wldrence gedrigve & un 28. Cala rest vial méme si Ton remplae « 1» par sa défi ion abstaite : « Leite dont je parle», puisque la classe des « tires. dont je parle », nest pat définiable en dehor. det sete de paroles eur-mémes, 131 132, se raméne trés simplement & une présentation bien ‘connue depuis Frege : dire qu'un nom x est defini Sable hors contexte, cela revient & poser quill peut fpparaitre en position d'attribut dans des énoncés interprétables du type : « — est un x™ >. Test clair que tout énoncé du type ¢ — est un il » ne peut avoir aucun statut (et cela indépendamment de fon agrammaticalité). De méme pour fous, chacun, etc. En revanche, de ce point de vue, un adjectif est réfé- rentiellement autonome (bien qu'll ne puisse pas par Iméme avoir de référence individuelle) puisqu'l est possible de Tui définir hors énoncé une extension (1a Frasse des tres rouges pour l'adjectif rouge) et que Tes énoncés du type « — est rouge > sont toujours interprétables. ‘Aces remarques, on peut ajouter ceci ‘Si Vautonomie référentelle est ce que nous avons it, il suit que les éments référentiellement auto- homes ont au moins un substitut synonymique : leur Géfinition, Et de fait on pourra généralement, dans un Gnoncé, remplacer salva veritate un nom ordinaire fou un adjectf par leur définition de dictionnaire. Et ela est évidemment vrai aussi des appositions. fn revanche, les éléments non autonomes n'ont pas ‘de substitul synonymique — comme on le constatera ‘isément pour les pronoms et les quantifieateurs. ce Lorsque Ton veut analyser le fonctionnement Sémantique d'un pronom personnel, il faut y faire jntervenir lacte de parole méme ol il est engagé : si equivalence abstraite if = * tre dont je parle” nest pat A proprement parler une definition, crest que 12 Flasse des étres dont je parle n’existe pas en dehors Ge Tacte de parole, accompli hic et nunc. Ce caractére bien connu du pronom personnel n'est ao, En termes frégtens, un dément gra rffrnullement ute 30, Ei dt foctonne, comme objet (Gerenstand), 83 exis DOM di eal peut fonctionner comme concept (Beartf. évidemment pas commun a tous les éléments nen autonomes, et il ne pourrait servir & la définition ée J non-autonomie en général. Mais dans ce cas précis, iI constitue Ia base matérielle de celle 133

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