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Je ne savais pas si
Son talent gnial me rend heureuse, .cest comme un bijou prcieux. a dit ma tante.
2Nous tions alors installs provisoirement Wilno, en Pologne, de passage, ainsi que ma mre aimait le
souligner, en attendant d'aller nous fixer en France, o je devais grandir, tudier, devenir quelqu'un. Elle
gagnait notre vie en faonnant, avec l'aide d'une ouvrire, des chapeaux pour dames, dans notre appartement
transform en grand salon de modes de Paris. Un jeu habile d'tiquettes falsifies faisait croire aux clientes
que les chapeaux taient l'uvre d'un couturier parisien clbre de l'poque, Paul Poiret. Je restais la maison
avec Aniela, qui nous avait suivis lors de notre dpart de Moscou, un an auparavant. Nous tions alors dans une
situation matrielle dplorable, les derniers bijoux de famille les vrais, cette fois avaient t depuis
longtemps vendus, et il faisait terriblement froid, Wilno, o la neige montait lentement du sol, le long des
murs sales et gris. Les chapeaux se vendaient assez mal.