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INTERNATIONAL
a g r i c u l t u re • a l i m e n t a t i o n • e n v i ro n n e m e n t
Agropolis International Agropolis est un campus international dédié aux sciences vertes. Il
associe les institutions de représente un potentiel de compétences scientifiques et techniques
recherche et d’enseignement exceptionnel : plus de 2 200 cadres scientifiques dans plus de 110
supérieur de Montpellier unités de recherche à Montpellier et en Languedoc-Roussillon, dont
et du Languedoc-Roussillon, 300 scientifiques à l’étranger répartis dans 60 pays.
en partenariat avec
les collectivités territoriales, des
La communauté scientifique Agropolis International est structurée
sociétés et entreprises
régionales, en liaison avec des en grands domaines thématiques correspondant aux grands enjeux
institutions internationales. scientifiques, technologiques et économiques du développement :
• Agronomie et filières de productions agricoles
Agropolis International méditerranéennes et tropicales,
est un véritable espace • Biotechnologie et technologie agroalimentaire,
international ouvert • Biodiversité, ressources naturelles et écosystèmes,
à tous les acteurs du • Eau, environnement et développement durable,
développement économique et
• Développement rural et sociétés,
social dans les domaines
• Génomique et biologie intégrative végétale et animale,
de l’agriculture,
• Alimentation et santé,
l’alimentation
et l’environnement. • Qualité et sécurité alimentaire.
• la compréhension du rôle de la
biodiversité dans l’équilibre des Gérer les populations Page 32
agrosystèmes ;
• la mise en place de stratégies de
lutte biologique utilisant toutes les L’approche lutte biologique classique... Page 34
ressources naturelles disponibles, de
l’insecte au virus ; Compréhension du rôle majeur
• l’utilisation de bonnes pratiques des interactions environnementales Page 40
agronomiques pour éviter toute
L’agroécologie,une autre vision
épidémie de bioagresseurs ;
• l’étude des contraintes
de l’agriculture durable Page 44
physico-chimiques influençant le
fonctionnement des organismes au Faire connaître Page 52
sein des écosystèmes ;
• l’analyse du rôle des structures la culture scientifique et technique
du paysage dans les dynamiques
d’évolution des organismes vivants et Thématiques couvertes Page 54
de leurs interactions.
par les équipes de recherche
Au sein d’Agropolis International,
près d’une cinquantaine de
scientifiques sont impliqués Les formations à Agropolis International Page 55
directement dans la recherche
sur la lutte biologique et
plusieurs centaines sont impliqués Glossaire Page 56
indirectement ; ceci constitue
le premier pôle français, et l’un
des plus importants au niveau Liste des abréviations Page 58
européen, œuvrant dans des
champs d’application variés et
complémentaires tels que
ceux présentés dans les
chapitres qui suivent.
Avant-propos
Les populations d’espèces a lutte biologique contre les bactéries (Bacillus thuringiensis,
introduites dans des
territoires en l’absence de leur
L les espèces envahissantes
est communément divisée
en plusieurs branches dont les
Bt), les virus ou les nématodes.
Le terme “biopesticide” s’applique
également aux produits “naturels”
cortège parasitaire d’origine principales sont : la lutte biologique issus de principes actifs (composés
classique et la lutte biologique secondaires végétaux, toxines
peuvent parfois devenir des
inondative. allélochimiques et naturelles).
envahisseurs nuisibles aux
écosystèmes et à la biodiversité. La lutte biologique classique La lutte biologique inoculative relève
correspond à l’utilisation d’auxiliaires d’une approche plus “classique”.
La lutte biologique contre spécifiques contre une espèce Des auxiliaires indigènes sont
les espèces envahissantes, envahissante exotique considérée relâchés pour contrôler les
exotiques ou non, couvre comme une cible à contrôler (plante, pullulations des ravageurs indigènes
insecte, acarien, nématode, etc.) dans sur le court terme. Cette stratégie vise
une multitude d’approches l’aire d’origine où ils ont coévolué. parfois à utiliser les auxiliaires pour
construites autour de Ces auxiliaires sont évalués pour anticiper l’infection ou l’occurrence
stratégies de gestion écologique leur degré de spécificité vis-à-vis de de la cible sur une plante cultivée.
la cible afin de réduire les risques
et biotechnologique. non intentionnels de dérive vers La lutte biologique par conservation
Historiquement, la lutte d’autres espèces ayant une valeur s’est récemment développée avec
biologique est une technique écologique ou commerciale (espèces la mise en place de gestions de
protégées ou indigènes, espèces systèmes en protection des cultures.
de rééquilibrage écologique cultivées). Après leur évaluation, ces Cela consiste à améliorer la cible
dont le but est d’introduire antagonistes sont ensuite relâchés au dans sa capacité à réagir contre son
des ennemis naturels ou sein des populations de l’envahisseur. agresseur (par manipulation du sol,
L’efficacité d’action dépendra de la du microclimat ou du mutualisme)
antagonistes (agents de lutte capacité des auxiliaires à envahir ou encourager, ou encore protéger
biologique) afin de faire naturellement le milieu et à contrôler les populations d’auxiliaires déjà
échec aux espèces invasives les populations sur le long terme. La présentes dans l’agrosystème (par
lutte biologique classique s’utilise des zones refuges telles que bandes
indésirables. Récemment se principalement contre les espèces enherbées ou haies de bordure). Ces
sont développées des stratégies envahissantes bien établies dans le récents développements ont intégré
de gestion des systèmes de milieu. Bien que coûteuse et lente des concepts d’évolution, d’écologie
dans sa phase d’installation, elle des interactions plante-ravageur-
culture qui favorisent les permet une gestion permanente et antagoniste au sein même du concept
populations d’auxiliaires. respectueuse de l’environnement. de lutte biologique. De plus, les
technologies moléculaires étendent
La lutte biologique inondative et diversifient la définition de la lutte
est proche de la lutte biologique biologique en intégrant des concepts
classique mais implique une de phylogéographie et de traçage
approche répétitive du processus. des processus de bio-invasion.
Elle utilise des antagonistes Désormais toute manipulation
élevés en masse ou développés génétique ou d’amélioration du
commercialement et des agents de végétal, de l’antagoniste ou du
lutte biologique ou biopesticides, mutualiste, vise à améliorer la
qui ne sont pas persistants dans gestion des ravageurs (notamment
l’écosystème, ceci afin de réduire la des organismes génétiquement
pullulation de la cible sur le court modifiés). Ceci amène la lutte
terme. L’utilisation d’auxiliaires biologique à jouer un rôle clé dans la
indigènes ou cosmopolites a permis gestion des ravageurs à l’échelle du
à la lutte biologique inondative de globe, alors même que les objectifs
se développer dans les 30 dernières gouvernementaux et la tendance
années sur des cibles indigènes exprimée par l’opinion publique vont
au champ ou sous serre. Ainsi, vers une diminution de l’usage des
plus de 150 biopesticides ont été produits agro-pharmaceutiques dans
commercialisés contre des insectes, l’environnement.
des phytopathogènes ou des
Lutte biologique
Lutte biologique
Colonie de
pucerons
sur une centaurée
(Centaurea 5
maculosa)
© R. Sforza
© R. Sforza
Caractériser la biodiversité
dans les agro-écosystèmes
S Morcellement Identifier par un nom de genre, d’espèce, un organisme
du paysage associant végétal ou animal récolté dans un pays lointain, ou même en
haies et bordures à forte France, peut relever très vite de la mission impossible. En
diversité végétale en lutte biologique, identifier les objets d’étude est une étape
Languedoc -Roussillon
indispensable à la réussite des programmes scientifiques.
Ceci requiert des compétences taxinomiques importantes et
précieuses, de moins en moins disponibles dans les universités
et instituts de recherche mondiaux. La communauté scientifique
d’Agropolis International présente l’atout majeur de posséder
ces compétences pour une large gamme d’organismes du
fait des recherches pointues et appliquées en taxonomie qui
y sont conduites. Ces compétences permettent de doter le
pôle Montpelliérain des bases fondamentales pour mener à
bien des études en lutte biologique, par l’identification précise
des bioagresseurs et de leurs cortèges parasitaires, le tout
en considérant le cadre réglementaire régional, national,
Lutte biologique
communautaire et mondial.
6
© G. Delvare
a caractérisation de la biodiversité dans le cadre de
Les principaux objectifs de cette qua non de la validité des résultats taxonomiques sont menées pour
équipe portent sur des modèles scientifiques. De plus, la caractérisation des besoins de la recherche et de la
biologiques (arthropodes, nématodes, fine des espèces étudiées, qui forment profession. Sont surtout concernés
vertébrés), généralement des souvent des complexes d’espèces aux les organismes d’importance
déprédateurs, des auxiliaires de biologies contrastées, a un impact fort agronomique, environnementale
cultures, ou des vecteurs de maladies sur les modes et les coûts de gestion ou patrimoniale. Ces activités
humaines : de la diversité biologique, qu’elle soit permettent de révéler les problèmes
• différencier les entités spécifiques à représentée par des bioagresseurs phytosanitaires émergents (ravageurs
des fins de gestion (lutte, conservation, phytophages, des vecteurs de nouveaux, autochtones ou introduits),
etc.), clarifier leur statut taxonomique maladies humaines ou des espèces d’assurer une veille phytosanitaire
et, si besoin est, décrire les entités patrimoniales que cette équipe tente et une surveillance biologique du
nouvelles ; de préserver. territoire, de révéler des problèmes
• développer des outils rapides de caractérisation d’espèces et de
et performants d’identification Plusieurs plates-formes techniques développer de nouveaux outils
(morphologiques, cytogénétiques sont développées par le CBGP : d’identification, d’élaborer des
et/ou moléculaires - PCR, SCAR, bases • Une plate-forme « Collection » catalogues, d’alimenter des bases
de données type Barcoding, etc.) pour incluant environs 2 millions de de données,... L’unité dispose de
caractériser la biodiversité et fournir spécimens, collections importantes d’insectes et
des critères de diagnose et des outils • Une plate-forme « Microscope d’acariens et d’une riche bibliographie
de détection et d’identification ; électronique à balayage », spécialisée, unique en France dans le
• proposer des classifications • Une plate-forme « Biologie domaine de l’entomologie appliquée.
reflétant les relations historiques moléculaire » partagée avec les autres Elle bénéficie en outre de l’apport des
des taxons étudiés en intégrant équipes de l’UMR, méthodes et techniques issues de la
l’analyse phylogénétique et l’étude des • Une plate-forme « Documentation biologie moléculaire avec un accès
phénomènes écologiques ; technique ». facilité à la plate-forme « Biologie
• comprendre les mécanismes évolutifs L’équipe « Écologie animale et zoologie moléculaire » du CBGP.
à l’origine de la diversification des agricole » du CBGP développe quant à
taxons ; elle quatre axes de recherche fortement L’axe 2 porte sur la détermination des
• contribuer aux objectifs de liés : (1) Diagnostic, Identification, relations évolutives et historiques entre
gestion de ces organismes ou de Taxonomie ; (2) Phylogénie moléculaire différents taxa, à différents niveaux
ces communautés en fournissant et morphologique ; (3) Biodiversité, d’investigation. La compréhension
des connaissances relatives à leurs faunistique, inventaires ; (4) Protection de ces relations a pour objectif la
Lutte biologique
© G. Delvare
1
Eurytomidae) : tête en vue frontale ;
photo prise au microscope électronique
à balayage, grossissement 70
2. Eurytoma sp. (Hymenoptera,
Eurytomidae) : détail de l’ultrastructure de
l’extrémité de l’antenne ; photo prise au microscope
électronique à balayage, grossissement 5000
3.Diadromus collaris (Gravenhorst)
(Hymenoptera, Ichneumonidae) :
parasitoïde de la teigne du chou :
© G. Delvare
habitus d’une femelle
2
© H.-P. Aberlenc
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Directeur : Denis Bourguet,
bourguet@supagro.inra.fr
3
Thématique « Systématique-Taxonomie,
Phylogénie-Phylogéographie »
Chercheurs impliqués : Denis Bourguet (Inra),
Gérard Delvare (Cirad), Mireille Fargette (IRD),
Marie-Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro),
Laurent Granjon (Museum National d’Histoire
Le Complexe International
Naturelle, détaché IRD),Armelle Cœur-d’Acier (Inra),
Bruno Michel (Cirad), Franck Dorkfeld (Inra),
Johan Michaux (FNRS) Gauthier Dobigny (IRD),
de Lutte Biologique Agropolis (C.I.L.B.A.)
Serge Morand (IRD),Sylvie Manguin (IRD),
Le C.I.L.B.A., créé en 1989, est inséré dans la communauté d’Agropolis
Jean-Pierre Quéré (Inra), Maria Navajas (Inra),
Alain Migeon (Inra) International et a pour vocation d’organiser l’échange d’informations
entre ses membres (Inra, Montpellier SupAgro, CNRS-CEFE, Cirad, IRD,
Équipe «Écologie animale et Zoologie Universités Montpellier 2 et 3, CSIRO, EBCL USDA/ARS et SRPV) et
agricole - Acarologie » de développer des actions communes de recherche dans le domaine
Enseignants-chercheurs impliqués :
de la lutte biologique aux plans régional, national et international.
Serge Kreiter (Montpellier SupAgro),
Marie-Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro), Le C.I.L.B.A. fédère une cinquantaine de chercheurs, ingénieurs et enseignants des
Michel Martinez (Inra), Jean-François Germain (LNPV), établissements membres d’Agropolis International se consacrant, à des niveaux divers,
Philippe Reynaud (LNPV), Jean-Claude Streito (LNPV) à des études sur les mécanismes et les procédés de régulation des populations
Autres équipes d’organismes nuisibles, par des mesures de lutte d’origine biologique, aussi bien dans
concernées par ce thème les domaines de la Protection Biologique Intégrée des cultures que dans celui de la
protection de la santé et de l’environnement.
UMR 1062
CBGP, Centre de Biologie et
de Gestion des Populations La démarche est d’utiliser les ennemis naturels des espèces nuisibles (insectes,
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD) mauvaises herbes, agents pathogènes, etc.) pour prévenir ou limiter les dégâts
Directeur : Denis Bourguet, et l’incidence économique. Les membres du C.I.L.B.A. échangent leur expertise,
bourguet@supagro.inra.fr leurs technologies et leur savoir-faire dans de nombreux secteurs disciplinaires ou
thématiques des recherches fondamentale et appliquée : taxonomie, biologie moléculaire,
Équipe « Écologie intégrative des
Systèmes Populations-Environnement » lutte biologique, écologie des espèces envahissantes, dynamique et modélisation des
Chercheurs impliqués : Maria Navajas (Inra), populations, épidémiologie microbienne, recherche, sélection et multiplication d’ennemis
Alain Migeon (Inra) naturels adéquats et élaboration de programmes de prévention et de protection définis
USDA-ARS, EBCL, sur une base internationale.
Laboratoire Européen
de Lutte Biologique Les travaux conduits dans le cadre du C.I.L.B.A. visent à :
Directeur : Walker Jones,
• développer des méthodes efficaces pour réduire les pertes et préserver les
ebcl@ars-ebcl.org
ressources ;
Équipe « Lutte biologique • étudier les moyens de diminuer le recours aux intrants non renouvelables ;
contre les bio-invasions » • améliorer la stratégie de la Protection Biologique Intégrée contre les nuisibles ;
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza, • participer au développement durable et respectueux de l’environnement des agro et
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot,
écosystèmes ;
Franck Hérard
• organiser des formations et des journées d’information scientifique sur un thème
CSIRO, précis ;
Laboratoire européen
• animer des groupes de réflexion comme, par exemple, le Groupe Informel du Confiné
Équipe « Lutte biologique
contre les bio-invasions » qui conseille différents organismes sur les conditions de confinement et de sécurité.
Lutte biologique
rence à une expertise taxinomique de qualité. En effet, l’identification Les chercheurs systématiciens et bio-informaticiens du CBGP et du
moléculaire ne peut se libérer de la nomenclature qui est, par ailleurs, futur CIRES sont actuellement fortement impliqués dans la construction
un élément déterminant de la législation (organismes de quarantaine, d’une telle base de données sur les ravageurs et auxiliaires des cultures
espèces protégées, etc.). Il est aussi indispensable, pour assurer une cer- (insectes, acariens, nématodes) et sur les vecteurs de maladies humaines.
taine traçabilité des données, de conserver des spécimens de référence 11
et de stocker dans la base de données l’ensemble des informations Contact : Jean-Yves Rasplus, rasplus@supagro.inra.fr
Prise en compte
des espèces envahissantes
dermatite, urticaire, eczéma… En 2004, l’impact financier du traitement sion biologique de première importance.
de l’allergie à l’ambroisie (Source URCAM) en Rhône-Alpes a été de
1,2 millions d’Euros et en 2003, la campagne « Ambroisie » (campagne Contacts : Arnaud Martin et Cindy Adolphe,
d’arrachage, distribution de plaquettes informatives, numéro vert,…) a arnaud.martin@cefe.cnrs.fr 13
coûté 268 200 Euros dans le seul département du Rhône.
Prise en compte des espèces envahissantes
© M. Volkovicth
Équipe « Écologie intégrative des Systèmes … et une antenne du mesurer les facteurs qui contribuent à
Populations-Environnement » leur survie et à leur reproduction. Ces
Chercheurs impliqués : Maria Navajas (Inra), CSIRO pour l’étude des études consistent en des comparaisons
Alain Migeon (Inra)
bio-invasions en Australie entre milieux indigènes (en Europe)
CSIRO, et milieux exotiques (Australie)
Laboratoire européen
Le CSIRO European Laboratory pour essayer de comprendre les
Thématique « Bioagresseurs émergents
et bio-invasions » est l’antenne européenne du mécanismes d’invasion ;
Directeurs et chercheurs impliqués : CSIRO, premier organisme de • la génétique des populations de
Andy Sheppard (1er semestre 2006), recherche publique australien. plantes et de prédateurs : des outils
andy.sheppard@csiro.au moléculaires sont couramment
Il est principalement engagé
Mic Julien (2ème semestre 2006), dans la recherche biologique et employés pour identifier correctement
mic.julien@csiro.au la collaboration scientifique avec l’organisme cible et sa région
USDA-ARS, EBCL, des organismes de recherche d’origine. L’établissement de
Laboratoire Européen internationaux et des industriels phylogénies géographiques constitue
de Lutte Biologique impliqués dans le développement également une base évolutive pour des
Directeur : Walker Jones, agricole et la protection des études de gammes d’hôtes et pour la
ebcl@ars-ebcl.org
plantes. Sa thématique centrale de sélection d’agents de lutte biologique
Équipe « Lutte biologique recherche est l’étude des espèces efficaces ;
contre les bio-invasions » envahissantes et les risques • l’analyse des risques
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza, émergents phytosanitaires ainsi que phytosanitaires : les chercheurs
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot, la biosécurité pour l’agriculture et s’intéressent également à la menace
Franck Hérard
l’environnement en Australie. Ses représentée par les ravageurs et
CEFE, Centre d’écologie domaines de recherche spécifiques maladies européens pour les récoltes
fonctionnelle et évolutive portent sur : et les plantes indigènes d’Australie.
(UMR 5175, CNRS,
• la lutte biologique classique contre Concernant les agents de lutte
UM1, UM2, UM3, Montpellier SupAgro, Cirad)
Directeur : Jean-Dominique Lebreton, les plantes, les insectes et autres biologique, l’évaluation des risques
jean-dominique.lebreton@cefe.cnrs.fr espèces envahissantes. Les principales conduit à n’autoriser l’introduction
cibles sont des nuisibles en Australie. en Australie que des organismes
Chercheurs impliqués : Arnaud Martin, Cindy Adolphe,
John Thompson,Anne Charpentier Les agents potentiels sélectionnés les plus spécifiques et un travail de
font l’objet d’études quant à leur terrain approfondi en Europe permet
Institut des Sciences de l’Évolution
gamme d’hôtes, leur biologie et leur également une bonne intégration dans
Lutte biologique
(UM2, CNRS)
Directeur : Nicole Pasteur, distribution. les systèmes agricoles australiens ;
pasteur@isem.univ-montp2.fr • l’écologie des plantes • la recherche dans le domaine de
envahissantes : des populations l’horticulture de contre-saison, en
Chercheuse impliquée : Sandrine Maurice
14
d’espèces choisies dans un projet de utilisant l’opposition des saisons entre
... suite page 16 lutte biologique sont étudiées pour hémisphères sud et nord.
Caractériser la biodiversité dans les agro-écosystèmes
Prise en compte des morphologique et moléculaire chez Une étude actuellement conduite à
acariens phytophages les complexes d’espèces, constitution l’échelle mondiale vise à retracer avec
de bases de données (étude des précision l’histoire de cette invasion.
Diverses espèces d’arthropodes, du fait ravageurs de cultures de la famille des Outre un éclairage sur les mécanismes
des problèmes qu’elles occasionnent, Tetranychidae et projets CEE-DAISIE sur de transport mis en jeu, ces travaux
sont des bioagresseurs en santé des les acariens envahissants en Europe) ; devraient permettre de cerner la zone
plantes. Mieux gérer ces organismes et (iii) Approche génomique pour la d’origine et de diversité génétique de
requiert de mieux connaître les caractérisation des traits biologiques T. evansi et donc de rechercher des
facteurs historiques et écologiques d’intérêt. Les études de systématique, prédateurs efficaces et adaptés. Les
influençant la structuration de leurs phylogénétique et phylogéographie exemples d’une telle approche ne
populations et les processus régissant requièrent des outils moléculaires manquent pas pour les insectes mais
leur mode de fonctionnement déployés au niveau de la plate-forme de sont encore peu nombreux pour les
(migrations, pullulations, échanges biologie moléculaire du CBGP. acariens. Des travaux sont notamment
génétiques des populations, etc.). menés par le CBGP (équipe « Écologie
Au sein du CBGP (UMR 1062 -Inra, intégrative des Systèmes Populations-
Montpellier SupAgro, Cirad, IRD), cette Innovation Environnement »), en collaboration
démarche est appliquée par l’équipe avec l’Université de São Paulo au
« Écologie intégrative des Systèmes
chez les acariens : Brésil (Departamento de Zoologia,
Populations-Environnement » (groupe le traçage génétique ESALQ). Par exemple, l’étude d’un
« Processus évolutifs des populations autre acarien Tetranychidae, l’acarien
de bioagresseurs ») à des ravageurs L’étude d’un ravageur comme vert du manioc, Mononychellus
de cultures et à des insectes d’intérêt l’acarien Tetranychus evansi nécessite progressivus, originaire d’Amérique
médical. Les problématiques étudiées la mise en commun de compétences latine et introduit en Afrique, a facilité
portent plus spécifiquement sur les variées. Déterminer précisément les la mise en œuvre de programmes
phénomènes d’invasions de nouvelles espèces en présence est indispensable de contrôle de ce ravageur dans les
aires géographiques, de colonisation de et parfois délicat pour des organismes régions nouvellement colonisées.
nouveaux biotopes et sur les complexes dont la taille est comprise entre 250 Un autre exemple concerne l’acarien
d’espèces. Des questions fondamentales et 500 microns. Ainsi, les travaux du cocotier, l’Eriophyidae Aceria
relatives à la biologie de l’évolution des conduits par différentes équipes guerreronis, ravageur émergent de
espèces concernées sont également d’Agropolis (CBGP, équipes ce palmier. Une étude génétique a
évoquées. « Écologie intégrative des Systèmes permis d’avancer l’hypothèse d’une
Populations-Environnement » origine américaine de l’acarien (alors
Les principaux axes de recherche du et «Écologie animale et Zoologie que le cocotier est vraisemblablement
groupe travaillant sur les acariens agricole - Acarologie ») s’intègrent originaire d’Asie). Il s’agit d’une
phytophages sont : (i) Phylogéographie dans une démarche complémentaire donnée importante pour définir
et génétique des populations (étude et concourent à mieux connaître les les mesures de quarantaine dans le
d’espèces envahissantes, notamment origines géographiques et le périple monde et notamment en Asie.
de ravageurs de culture comme les de cette espèce invasive afin de Les travaux en cours sont donc
acariens Tetranychus urticae ou T. evansi, concentrer les efforts de recherche concentrés sur un échantillonnage
voir encadré p.17) ; (ii) Systématique et de prédateurs efficaces ; prévoir et mondial et l’utilisation de marqueurs
phylogénie, avec une double approche limiter l’expansion de cette espèce. génétiques. •••
© A. Dutartre
Lutte biologique
15
Prise en compte des espèces envahissantes
Utilisation d’outils
L’équipe n’est pas spécialisée en • Évolution de la spécialisation et
de la dynamique et de la lutte biologique mais développe et coévolution plantes-insectes ;
génétique des populations utilise les outils de la dynamique • Évolution des systèmes de
et de la génétique des populations reproduction ;
L’équipe «Métapopulations, avec des applications en biologie • Fragmentation, démographie,
Conservation et Coévolution » fait de la conservation. Les méthodes flux géniques, adaptation locale et
partie de l’Institut des Sciences utilisées sont la modélisation, le conservation.
de l’Evolution (UMR 5554 UM2- développement d’outils statistiques,
CNRS). Cette équipe comprend l’étude (démographique et génétique) Ces derniers points concernent plus
10 chercheurs ou enseignants- de populations naturelles, l’évolution particulièrement deux espèces rares
chercheurs, 3 techniciens et une expérimentale. Les principaux thèmes (Centaurea corymbosa et Brassica
dizaine de personnels non-statutaires étudiés sont les suivants : insularis) et une espèce envahissante
(doctorants et post-doctorants). • Évolution des cycles de vie en (Senecio inaequidens).
populations structurées ;
Autres équipes
concernées par ce thème
Anoplophora spp., des longicornes
UMR 1062
CBGP, Centre de Biologie et
asiatiques devenus européens
de Gestion des Populations Les deux longicornes asiatiques Anoplophora glabripennis et
© F. Hérard
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD) 1 A. chinensis (Coleoptera, Cerambycidae) ont été introduits
Directeur : Denis Bourguet,
bourguet@supagro.inra.fr
accidentellement en Amérique du Nord et en Europe.
Actuellement, on ne connaît d’infestation que sur des arbres
Thématique « Systématique-Taxonomie, d’ornement en zones urbaines mais les deux ravageurs
Phylogénie-Phylogéographie » représentent des menaces graves pour l’arboriculture fruitière,
Chercheurs impliqués : Denis Bourguet (Inra), les pépinières et les forêts.
Gérard Delvare (Cirad), Mireille Fargette (IRD),
Marie-Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro), Les deux ravageurs ont, pour le moment, le statut d’espèce
Laurent Granjon (Museum National d’Histoire
Naturelle, détaché IRD),Armelle Cœur-d’Acier (Inra),
introduite ; cependant, l’étendue du foyer d’infestation
© F. Hérard
Bruno Michel (Cirad), Franck Dorkfeld (Inra), 2 d’A. chinensis, en Italie, et la vitesse d’accroissement de ses
Johan Michaux (FNRS) Gauthier Dobigny (IRD), populations, liées à des mesures de lutte inappropriées,
Serge Morand (IRD),Sylvie Manguin (IRD), pourraient hisser sous peu ce ravageur au statut d’espèce
Jean-Pierre Quéré (Inra), Maria Navajas (Inra), envahissante en Italie. Les Anoplophora sont des insectes
Alain Migeon (Inra)
de quarantaine soumis à éradication (pour l’Europe, la
réglementation est contenue dans les directives de la
Équipe «Écologie animale et Zoologie
Commission des communautés européennes 2000/29/EC et
agricole - Acarologie »
Enseignants-chercheurs impliqués :
2002/36/EC). Les deux espèces sont originaires d’Extrême-
Serge Kreiter (Montpellier SupAgro), Orient où elles vivent sur de nombreuses essences à feuilles
Marie-Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro), caduques. A. glabripennis occasionne de très importants dégâts
Michel Martinez (Inra), Jean-François Germain (LNPV), 1. Anoplophora glabripennis aux genres Populus, Acer et Salix, essentiellement en zones
Philippe Reynaud (LNPV), Jean-Claude Streito (LNPV) introduit accidentellement urbaines et en peupleraies. A. chinensis est un des principaux
en Europe 2000 ravageurs des agrumes au Japon. Les deux insectes s’attaquent
Équipe « Écologie intégrative des Systèmes à des arbres apparemment en pleine vigueur ou seulement très
Populations-Environnement » 2. Anoplophora chinensis
légèrement affaiblis. Les attaques d’A. glabripennis se localisent
Chercheurs impliqués : Jacques Fargues (Inra), introduit en Europe
Olivier Bonato (IRD), Frédéric Pellegrin (IRD), par le biais du commerce de bonsaïs généralement dans les parties hautes de l’arbre alors qu’on
Nathalie Gauthier (IRD), Claire Vidal (IRD) trouve A. chinensis au bas du tronc, près du collet, ainsi que
dans les racines affleurantes au sol. Les premiers stades larvaires creusent une galerie sous-corticale
Unité de Recherche
en consommant le cambium puis le phloème. Les stades larvaires suivants creusent une longue galerie
« Systèmes canniers » (Cirad)
Responsable : Pascal Marnotte, profondément dans le bois. Les arbres attaqués par A. glabripennis sont évidemment impropres à la
pascal.marnotte@cirad.fr production de bois d’œuvre.
Chercheur impliqué : Régis Goebel Par ailleurs, l’affaiblissement structurel des arbres, avec risque de chutes de branches maîtresses, est
USDA-ARS, EBCL, toujours problématique en milieu urbain. Les introductions d’A. glabripennis en Occident ont eu lieu par
Laboratoire Européen l’intermédiaire de l’importation de palettes, caisses, bobines de câbles ou bois de calage, en planches non
de Lutte Biologique traitées d’essences feuillues en provenance d’Extrême-Orient. En revanche, les introductions d’A. chinensis
Directeur : Walker Jones, se sont faites via la filière d’importation des bonsaïs. Les adultes échappés des serres de stockage de
ebcl@ars-ebcl.org bonsaïs attaquent préférentiellement des érables dans le voisinage immédiat de ces serres.Très vite, de
nombreuses espèces d’arbres d’ornement sont affectées ainsi que des buissons servant à la confection de
Équipe « Unité d’évaluation génétique » haies (Prunus laurocerasus) et même de vieux pieds de rosiers. Le spectre des plante-hôtes connues
Chercheuse impliquée : Marie-Claude Bon
d’A. chinensis est plus large que celui d’A. glabripennis.
UMR C53 PVBMT (Peuplements
végétaux et bioagresseurs en milieu La détection précoce des foyers d’infestation d’Anoplophora spp. et l’éradication de ces deux ravageurs
tropical, Cirad/Université de la Réunion) dans les zones urbaines où ils se trouvent initialement sont des enjeux majeurs pour la préservation des
Lutte biologique
Responsable : Bernard Reynaud, agro-écosystèmes, des pépinières, des vergers et des écosystèmes forestiers environnants. La très forte
bernard.reynaud@cirad.fr
polyphagie de ces deux ravageurs pour les feuillus en font une menace sérieuse pour la biodiversité de
Chercheurs impliqués : Bernard Reynaud, Serge Quilici, ces écosystèmes.
Philippe Ryckewaert, Frédéric Chiroleu,
16
Jean-Philippe Deguine Contact : Franck Hérard, fherard@ars-ebcl.org
Caractériser la biodiversité dans les agro-écosystèmes
© A. Migeon
pour la première fois, en grand nombre sur des cultures de
tomates en 1954. Sa présence a ensuite été signalée aux États-Unis,
puis dans l’Océan Indien, à l’Ile Maurice. On le rencontre ensuite Femelle de l’acarien Tetranychus evansi
dans l’ensemble des Mascareignes et sur la façade Est du continent
africain. Á la fin des années 1980, il est signalé au Maroc. Au début L’utilisation de marqueurs moléculaires permet (1) de différencier
des années 1990, on le retrouve au Portugal, en Macaronésie puis des espèces proches, (2) de retracer l’histoire de l’invasion et
en Espagne. Enfin, en 2004, il a été trouvé pour la première fois en (3) de suivre avec précision les récents développements de
France, dans le Roussillon. Il s’agit d’une espèce particulièrement populations. Sur les acariens, l’utilisation de marqueurs génétiques
envahissante qui, en un demi-siècle, a pu conquérir une partie a fourni des outils de diagnose entre espèces. Un marqueur RFLP a
importante de la planète. Partout où elle est introduite, elle déjà été mis au point et permet de différencier T. evansi de T. urticae,
occasionne d’importants dégâts aux cultures de tomates, dégâts deux ravageurs souvent présents sur les mêmes cultures. L’étude
qui sont amplifiés par le développement de cette production dans précise de la dispersion des espèces dans des zones climatiques
de nouvelles zones. C’est le cas notamment de l’Ile de la Réunion proches ou semblables fournit de précieuses informations. T. evansi
où l’accroissement récent de la production de tomates en milieu est présent sur l’ensemble du territoire de la Floride. Le nord de
protégé se heurte à la présence de cet acarien. C’est aussi le cas au cet État est soumis à des températures hivernales relativement
Maroc, en Espagne et dans le Roussillon où ces cultures prennent froides avec une occurrence importante de jours de gelée et des
de l’ampleur. températures moyennes hivernales inférieures à 10°C. •••
Avant 1970
1970 - 1980
Lutte biologique
1980 - 1990
1990 - 2000
D’après A. Migeon
Après 2000
Carte de distribution mondiale et d’invasion de Tetranychus evansi 17
Prise en compte des espèces envahissantes
W Prévision de la
dispersion Tetranychus
evansi en France
en fonction des
conditions climatiques
Probabilité d’installation
de T. evansi en France
quasi-nulle moyenne
D’après A. Migeon
faible très forte
de l’ensemble de l’Europe. Diverses méthodes de gestion des pour que ces solutions soient mises en pratique de façon optimale
populations de T. evansi ont été mises en œuvre et expérimentées, et opérationnelle.
notamment au Kenya, pays dans lequel ce ravageur met sévèrement
en péril la production de Solanacées. Ni les pratiques culturales Contacts : Maria Navajas, Alain Migeon, Marie-Stéphane
18 ni l’utilisation de produits phytosanitaires (faible efficacité des Tixier-Garcin & Serge Kreiter, navajas@supagro.inra.fr
Solanum
eleaegnifolium,
une espèce
originaire
Lutte biologique
d’Amérique du
Nord, et
envahissante
sur le pourtour
19
méditerranéen
© R. Sforza
Aspects législatifs
et réglementaires :
organismes nuisibles,
agrément et quarantaine
P
Tout scientifique de la ar organisme nuisible est risques associés à la détention des
entendu « toute espèce, souche matériels envisagés à l’importation.
Communauté scientifique ou biotype de végétal, d’animal L’agrément est délivré pour une
peut être amené à importer ou d’agent pathogène nuisible pour période de cinq ans, les conditions
les végétaux ou produits végétaux » liées à l’agrément doivent être
sur le territoire à des fins selon l’article 2.1. de la Convention respectées, des visites de contrôle
de recherche : du sol, des Internationale pour la Protection peuvent être organisées à l’initiative de
végétaux, des micro et macro- des Végétaux (CIPV), tel que l’organisme gestionnaire (DRAF/SRPV
défini dans le nouveau texte de la LR).
organismes. Ces importations Convention adoptée à l’occasion de
à titre scientifique sont la Conférence de l’Organisation des L’installation de confinement
soumises à conditions Nations Unies pour l’alimentation « Quarantaine » doit assurer la
et l’agriculture (FAO 1997), et en protection des manipulateurs et de
lorsqu’elles concernent des vigueur depuis le 2 octobre 2005. La l’environnement. Les exigences de
organismes nuisibles, des liste de ces organismes nuisibles dits confinement peuvent varier selon
végétaux, produits végétaux de « quarantaine » figure dans les les organismes manipulés. Les
annexes de la directive 2000/29/CE organismes étudiés ou susceptibles
ou autres produits, dont du 8 mai 2000, qui listent également d’être présents peuvent être soumis à
l’introduction est interdite les végétaux, produits végétaux ou un niveau de confinement qui diffère
ou soumise à des exigences autres produits, dont l’introduction selon que l’organisme est véhiculé par
est interdite ou soumise à conditions. les matériaux importés, l’eau ou l’air*.
particulières dans la Afin de permettre des travaux à des
Communauté Européenne. fins scientifiques impliquant ce type
de matériel dit de « quarantaine », Des quarantaines
les conditions dans lesquelles il peut et structures de
être introduit ou mis en circulation
dans la Communauté Européenne confinement
Les principales équipes
USDA-ARS, EBCL,
pour ce type de travaux, ainsi que pour l’étude
les conditions de détention sont
Laboratoire Européen
précisées dans la directive 95/44/CE
d’organismes vivants à
de Lutte Biologique
Directeur : Walker Jones, du 26 juillet 1995. Ces directives ont des fins scientifiques
ebcl@ars-ebcl.org été transposées en droit français
(arrêté du 10 juin 1998 - arrêté du 22 Dans le cadre de ses activités de
Équipe « Unité d’évaluation génétique » novembre 2002). recherche, le Laboratoire EBCL
Chercheurs impliqués : Dominique Coutinot et René Sforza
(European Biological Control
Autres équipes Les activités dites de « quarantaine » Laboratory) importe sur le territoire
concernées par ce thème sont soumises à agrément préalable des organismes vivants, macro et
et le matériel vivant entrant en micro-organismes ainsi que des
CSIRO,
Laboratoire européen dérogation sur le territoire doit être végétaux au sein de deux quarantaines.
Thématique « Bioagresseurs émergents accompagné d’une Lettre Officielle Toutes ces espèces sont importées
et bio-invasions » d’Autorisation (LOA). conformément à la législation et la
Directeurs et chercheurs impliqués : réglementation en vigueur au sein
Andy Sheppard (1er semestre 2006), La demande d’agrément est effectuée de l’Union Européenne et en France.
andy.sheppard@csiro.au
auprès de la Direction Régionale Ces importations sont conformes
Mic Julien (2ème semestre 2006), Agriculture et Forêt, Service Régional à la Convention sur le commerce
mic.julien@csiro.au de la protection des Végétaux international des espèces de faune
UMR 1062 Languedoc-Roussillon (DRAF/ et de flore sauvages menacées
CBGP, Centre de Biologie et SRPV LR). Le dossier d’agrément d’extinction (CITES).
de Gestion des Populations comprend un descriptif des espèces
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD) ou objets envisagés à l’importation, * Texte rédigé par Dominique Coutinot (USDA-
Directeur : Denis Bourguet,
bourguet@supagro.inra.fr
des installations confinées de ARS, EBCL) et Pierre Ehret (DRAF-SRPV)
Lutte biologique
© D. Coutinot
Les différentes
étapes de l’agrément
• Constitution du dossier de demande
d’agrément
• Remise de la demande d’agrément au
service instructeur DRAF/SRPV
• Nomination d’un expert - Visite de
l’expert - Rapport et avis de l’expert
• Avis du chef du SRPV - Avis du Directeur
1 de la DRAF
© D. Coutinot
• Arrêté préfectoral
1. Enveloppes de transport pour graines et matériel utilisés
pour l’empaquetage sécurisé
Les exigences
2. Olives d’Afrique du sud contenant des parasitoïdes potentiels,
conditionnées dans des sacs plastiques pour le voyage vers Montpellier
de confinement
• Directement liées au « matériel de
quarantaine » et au type de travaux
scientifiques
L’activité de quarantaine est agréée Chaque quarantaine est équipée • Déterminés par une analyse du risque
et tous les organismes réglementés d’un autoclave (décontamination menée par l’institut demandeur
sont importés après déclaration des déchets), d’une cuve de • Validation de l’analyse de risque par
auprès des autorités phytosanitaires décontamination (traitement des l’expert
officielles (SRPV LR). Les importations effluents liquides avant rejet) et d’une • Évaluation de la qualité des choix
de matériel vivant réglementé sont centrale de traitement de l’air (pré- techniques et organisationnels
accompagnées du document qu’est la filtres et filtre absolu). Une pression • Niveau de confinement selon le mode de
lettre officielle d’autorisation (LOA). négative de 60 Pascals est exercée à dispersion possible des organismes
l’intérieur de chaque structure.
Une quarantaine de 25 m² permet
l’étude des pathogènes des insectes L’accès à ces deux quarantaines n’est
Traitements appliqués
ravageurs et des plantes envahissantes autorisé qu’au seul personnel habilité. selon les organismes
en provenance de l’étranger. Le ou objets étudiés :
principe d’une douche obligatoire à
l’entrée et à la sortie est retenu pour
Après des études menées au sein de
ces structures de confinement pour
niveaux de confinement
ce dispositif de confinement. Ce le matériel réglementé, de cellules
1. Organismes importés pouvant être
laboratoire est équipé des différents d’élevage ou de laboratoires pour
véhiculés par les matériaux solides mais
équipements qui permettent l’isolation, le matériel vivant non réglementé :
ni par l’eau ni par l’air : traitement des
l’identification et l’élevage des des micro et des macro-organismes,
solides (autoclave).
pathogènes des insectes ravageurs et des cultures acellulaires et des
2. Organismes importés pouvant être
des plantes envahissantes. macromolécules peuvent être
véhiculés par les matériaux solides
Une quarantaine de 149 m², pour acheminés par frêt aérien vers
et l’eau mais pas par l’air : traitement
l’étude des ennemis naturels des les États-Unis en vue d’études
des solides (autoclave) et traitement
insectes ravageurs et des mauvaises complémentaires et/ou de leur
des liquides (hautes températures,
herbes en provenance de l’étranger acclimatation future dans le cadre
chloration).
et de France, est composée d’un d’une lutte biologique classique
3. Organismes pouvant être véhiculés
laboratoire de 55 m² et de trois contre des ravageurs et des plantes
par les solides, les liquides et l’air :
chapelles de serre (3x22,5 m²) formant envahissantes**.
traitement des solides (autoclave)
une seule unité. Ce dispositif de
et traitement des liquides (hautes
confinement est équipé des différents Dans le cadre d’études sur les
températures, chloration) et traitement
Lutte biologique
Comprendre et évaluer
la diversité et ses interactions
Du sol au milieu aérien, de l’échelle du micromètre à celle du
centimètre, les organismes vivants de tous les écosystèmes
interagissent selon de nombreuses lois écologiques. Depuis plus
d’un siècle, les chercheurs en lutte biologique sont à la croisée
des chemins de nombreuses disciplines scientifiques. Cette
diversité d’approches s’accompagne d’une diversité des milieux
prospectés : des steppes d’Asie centrale aux forêts tropicales,
en passant par les garrigues et les dunes méditerranéennes,
les chercheurs de terrain traquent les bioenvahisseurs et leur
cortège d’auxiliaires potentiels, en essayant de comprendre leurs
interactions et de mettre à profit ces connaissances dans un
contexte agricole ou de gestion du territoire. Ces interactions
Lutte biologique
de recherche.
René Sforza
et Marie-Claude Bon (EBCL)
23
Évaluation de la spécificité
d’hôtes et des interactions
Une étape importante de la
Évaluation de la spécificité Les semences de chaque espèce
lutte biologique classique seront obtenues et élevées, puis les
est la mise en place de tests des auxiliaires plantes seront mises en contact avec
de spécificité, afin d’établir en lutte biologique l’insecte que l’on souhaite étudier.
Pour ce faire, on procède à des tests
le degré de spécialisation Plus un ennemi naturel est spécialiste de choix (plusieurs espèces végétales
de l’auxiliaire vis-à-vis de (à opposer aux ennemis généralistes, au contact de l’auxiliaire) et de
souvent des prédateurs), moins non-choix (avec une seule espèce
son hôte (bioagresseur). On
grand sera le risque d’observer végétale). Les paramètres étudiés
estime communément que des effets non-intentionnels dans sont la prise de nourriture et le lieu
chaque bioagresseur possède l’aire de lâcher, telle la prise de de ponte des femelles.
au minimum une quinzaine nourriture sur des organismes non-
cibles (espèces cultivées, protégées, Ces tests sont menés à la fois en
d’auxiliaires dans son aire et/ou indigènes). La notion de conditions naturelles, dans la localité
d’origine. Cependant, tous spécificité dépend vraiment du type d’origine de l’auxiliaire étudié, et en
de bioagresseur choisi ; en effet si conditions contrôlées, dans une serre
ne pourront être considérés
une espèce envahissante est la seule traditionnelle ou de quarantaine. Ils
comme agent de lutte représentante de son genre ou de sa peuvent être répétés plusieurs années
biologique car ils ne sont pas famille dans l’aire introduite, alors la de suite. Si l’auxiliaire étudié remplit
spécificité au niveau du genre peut les conditions requises (spécificité,
suffisamment spécifiques.
être suffisante. Au contraire, si l’espèce impact important sur la cible, élevage
Pour évaluer le degré de introduite appartient à un genre simple, plurivoltinisme, etc.), on
spécificité d’un auxiliaire très diversifié dans l’aire introduite, peut alors envisager son lâcher dans
incluant des espèces d’importance l’aire d’infestation de la plante, après
pour sa cible -plante ou
économique ou environnementale, autorisations spéciales, pour évaluer
insecte-, un ensemble de tests la notion de spécificité sera d’autant l’impact sur le bioagresseur en
doit être mené afin d’opérer plus importante. conditions naturelles.
une sélection précise et
Afin de minimiser les risques non- En comparaison, les démarches
stricte du ou des meilleurs intentionnels, des expériences d’évaluation des auxiliaires envers
auxiliaires qui seront pluriannuelles dites de « spécificité » des insectes ravageurs sont beaucoup
sont menées au laboratoire et plus souples dans leur mise en
ultérieurement lâchés dans
au champ (EBCL, équipe « Lutte œuvre. En particulier, les insectes
l’écosystème où sévit biologique contre les bio-invasions »). parasitoïdes, majoritairement
l’espèce envahissante. Plusieurs facteurs jouent un rôle utilisés contre des ravageurs tels
dans la sélection et l’utilisation les cochenilles, les papillons et
du bioagresseur par son ennemi les pucerons, présentent un haut
Les principales équipes naturel. Les contraintes d’ordre degré de spécificité. De plus,
USDA-ARS, EBCL, phylogénétique, génétique, contrairement aux auxiliaires
Laboratoire Européen physiologique, comportementale et phytophages, ils ne peuvent
de Lutte Biologique
Directeur : Walker Jones, écologique déterminent la largeur de devenir des ravageurs eux-mêmes.
ebcl@ars-ebcl.org la gamme d’hôtes de l’organisme. Les risques, cependant, peuvent
concerner les auxiliaires prédateurs
Équipe « Lutte biologique Prenons l’exemple des tests menés comme c’est le cas de la coccinelle
contre les bio-invasions » sur les plantes envahissantes. Pour asiatique, Harmonia axyridis, qui,
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza,
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot, évaluer un insecte consommateur de après son introduction pour lutter
Franck Hérard graines de la plante-cible, on va tester contre des pucerons des céréales, est
CSIRO, son impact sur des espèces proches devenue plus polyphage qu’attendu,
Laboratoire européen de l’espèce-cible. Pour cela, on établit développant alors des pullulations
Thématique « Bioagresseurs émergents une liste d’espèces végétales (20 à 50 non contrôlées*.
et bio-invasions » espèces) selon une approche dite de
Directeurs et chercheurs impliqués : sélection centrifuge. On choisit des
Andy Sheppard (1er semestre 2006), * Texte rédigé par René Sforza (USDA-ARS, EBCL),
espèces, des sous-espèces du même
Lutte biologique
andy.sheppard@csiro.au rsforza@ars-ebcl.org
genre, puis des genres voisins, puis
Mic Julien (2ème semestre 2006), des familles proches, puis des espèces
mic.julien@csiro.au
cultivées à fort impact économique,
Chercheurs impliqués : Andy Sheppard, Mic Julien, des espèces menacées, protégées et/
24
Janine Vitou, Mireille Jourdan ou indigènes.
T Contamination expérimentale
de la graminée Taeniatherum
caput-medusae par le charbon
Ustilago phrygica
© R. Sforza
En collaboration étroite avec l’IRAD (Institut de Recherche Agricole pour le Développement) du Équipe « Écologie animale et Zoologie
Cameroun, l’EBCL et le Cirad ont fait d’un projet de développement, un enjeu scientifique pour agricole - Acarologie »
la lutte biologique en s’intéressant principalement : (i) à l’évaluation de la diversité et au suivi de la Enseignants-chercheurs : Serge Kreiter et Marie-
dynamique des populations de Trichoderma asperellum et des principales espèces de Phytophthora Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro)
présentes en Afrique, (ii) à leurs évolutions, en intégrant les outils moléculaires de génotypage et Unité Propre de Recherche
Lutte biologique
de génomique fonctionnelle, (iii) à l’étude des mécanismes d’interactions pathogène/mycoparasite- « Maîtrise des bioagresseurs
antagoniste. des cultures pérennes » (Cirad)
Directeur : Dominique Berry
© D. Navia
1. à 3. Différents niveaux
d’attaque et expression
de symptômes induits par
l’acarien Aceria guerreronis
sur le cocotier
© D. Navia © D. Navia
Région indo-océanique
et Afrique
1 haplotype
Amériques
1 haplotype
1 haplotype
6 haplotypes
D’après M. Navajas
Afin de contrôler les espèces invasives, il est nécessaire de trouver des ennemis naturels
efficaces de l’espèce cible dans la région d’origine de celle-ci où le ravageur et ses
prédateurs sont en contact depuis longtemps.
vers d’autres pays d’Asie et du Pacifique où il n’a pas encore été signalé mais où la menace
existe.
La génétique non invasive permettant la différenciation d’entités par une méthode d’observation
au service de l’entomologie cryptiques à partir des sécrétions sur le terrain ou d’échantillonnage
fécales de l’insecte. Les typages de génétique classique. Aucun insecte
Le développement des techniques l’ADN issu d’excréments permettent n’a été perturbé ou détruit. À
de biologie moléculaire dites « non de détecter la présence de l’insecte. Ils l’avenir, cette méthode pourrait être
invasives » révèle des champs sont basés sur le polymorphisme des utilisée dans d’autres domaines de
d’application particulièrement marqueurs d’une région du génome la recherche et du développement,
intéressants pour l’étude des insectes mitochondrial combinés à une y compris par les services de
protégés ou nuisibles. En effet, la technique de DSCP (Double Strand quarantaine.
présence, au sein d’une même espèce Conformation Polymorphism). Cette
d’insectes, d’entités génétiquement, stratégie est fondée sur les différents
voire même biologiquement comportements électrophorétiques
Diversité des modèles en
différentes mais morphologiquement de fragments d’ADN bicaténaires, de génétique des invasions
similaires n’est pas sans conséquence courbures différentes, elles-mêmes
sur la mise en œuvre d’un programme induites par des séquences variables. Les équipes « Écologie intégrative et
de lutte biologique contre une espèce Ces typages permettent : gestion des systèmes populations-
ravageuse ou envahissante ou d’un i) d’identifier l’insecte environnement » (CBGP, groupe
programme de gestion conservatoire individuellement, ii) de déterminer « processus évolutifs et gestion des
dans le cas d’espèces protégées. son appartenance à telle ou telle bio-agresseurs ») et « Génétique
Comment alors obtenir la signature race d’hôte. À partir de ces deux et environnement » (Institut des
génétique de telles entités sans les niveaux d’analyses, certains facteurs Sciences de l’Évolution) utilisent
détruire ? biologiques peuvent être dégagés, également des outils de biologie
lesquels s’avèrent indispensables moléculaire pour caractériser la
Une méthode de typage, à la dans le cadre de la recherche de diversité génétique de bio-agresseurs
fois directe et non invasive, d’un la spécificité d’un agent de lutte exotiques. Ces deux équipes
charançon phytophage et gallicole, biologique pour une mauvaise s’intéressent à deux modèles différents
Ceutorhynchus assimilis, a été herbe. Cette première étude basée (voir encadrés), respectivement
développée au sein de l’EBCL. Cette uniquement sur l’ADN des fèces a Aceria guerreronis (acarien ravageur
innovation est basée sur la détection fourni des informations nouvelles du cocotier) et Senecio inaequidens
directe de régions du génome qui n’auraient pas pu être obtenues (séneçon du Cap).
suggèrent des introductions récentes à partir de diverses régions d’Eurasie. Ces diversités seront (UM2, CNRS)
autant de nouveaux facteurs à prendre en considération dans le programme de lutte biologique. Directeur : Nicole Pasteur,
pasteur@isem.univ-montp2.fr
Autres équipes
concernées par ce thème
UMR 1062
CBGP, Centre de Biologie et
de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Directeur : Denis Bourguet,
bourguet@supagro.inra.fr
Thématique « Systématique-Taxonomie,
Phylogénie-Phylogéographie » Cartographie des
Chercheurs impliqués : Denis Bourguet (Inra), formes diploïdes et
Gérard Delvare (Cirad), Mireille Fargette (IRD), tétraploïdes du
Marie-Stéphane Tixier-Garcin (Montpellier SupAgro),
Laurent Granjon (Museum National d’Histoire seneçon du Cap
Naturelle, détaché IRD),Armelle Cœur-d’Acier (Inra), dans son aire
Bruno Michel (Cirad), Franck Dorkfeld (Inra), d’origine :
Johan Michaux (FNRS) Gauthier Dobigny (IRD),
Serge Morand (IRD), Sylvie Manguin (IRD), l’Afrique du sud
Jean-Pierre Quéré (Inra), Maria Navajas (Inra), D’après S. Maurice
Alain Migeon (Inra)
Mic Julien (2ème semestre 2006), Pour savoir si les populations invasives ont subi des changements évolutifs liés à la
mic.julien@csiro.au colonisation ou pour trouver des agents de lutte biologique, il est nécessaire de connaître
l’origine exacte des individus envahissants. L’étude sur la taxinomie et l’origine africaine
Chercheuse impliquée : Mireille Jourdan
du Séneçon du Cap, Senecio inaequidens, a abouti aux conclusions suivantes:
USDA-ARS, EBCL, • les taxons Senecio inaequidens, Senecio harveianus et Senecio madagascariensis ne
Laboratoire Européen représentent pas des espèces biologiques mais forment un complexe d’espèces inter-
de Lutte Biologique
Directeur : Walker Jones, fécondes.
ebcl@ars-ebcl.org • ce complexe d’espèces comporte, en Afrique du Sud et au Lesotho, des formes
diploïdes et des formes tétraploïdes.
Équipe « Lutte biologique • toutes les plantes européennes étudiées sont tétraploïdes. Or, l’histoire de l’introduction
contre les bio-invasions » en Europe relate plusieurs événements indépendants de colonisation. Le phénomène de
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza,
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot, polyploïdisation a donc probablement eu lieu en Afrique du Sud.
Franck Hérard • la cytométrie en flux a également permis de caractériser deux ensembles de
CEFE, Centre d’écologie populations diploïdes (quantité d’ADN légèrement différente avec même nombre de
fonctionnelle et évolutive chromosomes) en Afrique du Sud qui sont distincts géographiquement et à l’intersection
(UMR 5175, CNRS, desquels on trouve les populations tétraploïdes. Le patron géographique observé suggère
UM1, UM2, UM3, Montpellier SupAgro, Cirad) donc qu’un évènement d’allopolyploïdisation (hybridation des deux variétés de diploïdes)
Directeur : Jean-Dominique Lebreton, est à l’origine des tétraploïdes de la région du Lesotho.
jean-dominique.lebreton@cefe.cnrs.fr
Chercheurs impliqués : Arnaud Martin, Cindy Adolphe, Seules les formes tétraploïdes ont envahi l’Europe alors que l’Amérique du Sud et
John Thompson,Anne Charpentier l’Australie sont envahies par les formes diploïdes. Ceci implique que les différents
UMR C53 pays européens importaient tous leur laine de la région tétraploïde et/ou que seuls
PVBMT (Peuplements végétaux et les tétraploïdes réussissent à s’installer dans le climat européen.Ainsi, la recherche
bioagresseurs en milieu tropical, Cirad/ scientifique étudie la phylogénie et les systèmes de croisement relatifs aux espèces
Lutte biologique
Université de la Réunion) invasives dans ce genre ainsi que la génétique comparée des populations. De plus, elle
Directeur : Bernard Reynaud,
bernard.reynaud@cirad.fr s’intéresse à la résistance et à la tolérance vis-à-vis des dégâts induits par les ennemis
naturels spécialistes et généralistes en France et dans son aire d’origine.
Chercheurs impliqués : Bernard Reynaud, Serge Quilici,
30 Philippe Ryckewaert, Frédéric Chiroleu, Jean-Philippe Deguine
Contact : Sandrine Maurice, maurice@isem.univ-montp2.fr
Inflorescence de
Senecio inaequidens
(Asteraceae) :
une des cinq
espèces les plus
nuisibles d’Europe
de l’Ouest
© S. Maurice
Colonie du
Vers de nouvelles associations puceron, Aphis
jacobeae
pour lutter contre le séneçon du Cap s’attaquant
en masse au
Tandis que le potentiel de la lutte biologique n’a pas encore été suffisamment exploité, un très haut seneçon du Cap
degré de spécificité des agents sera requis, étant donné le nombre d’espèces indigènes de Senecio dans la région
sp. en Europe. Les solutions s’orientent vers deux antagonistes européens. Une rouille (champignon) de Montpellier
d’origine australienne, Puccinia lagenophorae Cooke, à présent cosmopolite, peut tuer des génotypes
sensibles en Europe bien que des résistances soient observées dans de nombreuses populations.
Par ailleurs, un puceron, Aphis jacobaeae Schrank, s’attaque en masse aux tiges du séneçon du Cap,
Lutte biologique
réduisant la production de semences. Ces deux agents doivent être mieux étudiés dans l’avenir pour
tendre vers une lutte biologique de type inondatif ou inoculatif.
© A. Sheppard
Populations de
la cochenille
Neopulvinaria
innumerabilis
© R. Sforza
sur vigne
Gérer
les populations
Dans le concept d’agriculture durable, la gestion des populations
de ravageurs par des méthodes non chimiques est la phase
finale du long processus d’études et d’analyses des espèces
envahissantes et émergentes et de leurs interactions avec
les autres espèces et le milieu qu’elles envahissent. Gérer ne
consiste pas de fait à éliminer totalement des populations cibles
mais à établir un seuil économique, social et environnemental en
deçà duquel le praticien, l’agronome et l’agriculteur estimeront
acceptables les pertes occasionnées à la culture ainsi gérée. La
lutte biologique au même titre que la lutte chimique employée
pour atteindre ce seuil, peut aussi être un moyen de réduire les
populations de bioagresseurs en deçà de ces seuils.
Lutte biologique
32
© F. Hérard
La canne à sucre est une culture économiquement importante montré la présence d’une seule espèce dans les champs de canne :
dans de nombreux pays producteurs. Mais les foreurs présents sur Trichogramma chilonis. Cet auxiliaire étant naturellement en trop
cette culture entravent fortement la productivité, particulièrement faible densité, notre objectif a été d’effectuer des lâchers inondatifs
dans l’Océan Indien et en Afrique Australe. Le foreur ponctué dans les champs de canne, en début de cycle qui correspond
Chilo sacchariphagus (Lepidoptera, Crambidae) est responsable aussi à la période optimale de ponte du foreur. Afin de choisir
d’importantes pertes de productivité dues aux dégâts effectués par les individus offrant les meilleures potentialités pour une lutte
sa chenille qui fore les tiges de la canne. Il en résulte à la fois des biologique et un élevage de masse, les caractéristiques biologiques
pertes directes au champ (pertes de tonnage allant jusqu’à 40 t/ha) de trois populations réunionnaises de T. chilonis ont été comparées
et des pertes à l’usine (diminution du sucre extractible par tonne au laboratoire, en fonction de la température et de l’hôte d’élevage.
de canne). La population provenant de St Benoît (climat chaud et humide) a
présenté les meilleures potentialités pour une lutte biologique. Elle
Les attaques de ce ravageur sont en recrudescence dans de a donc été choisie pour l’élevage de masse et les essais au champ.
nombreuses exploitations. Sur l’Île de la Réunion, ce phénomène
est en grande partie lié au développement d’une nouvelle variété Trois années d’expérimentation en champ de canne (2002 à
de canne à sucre (la R579) ayant une meilleure productivité 2004) ont montré un pourcentage d’entre-nœuds attaqués
que celles utilisées jusqu’à présent (rendement = 150T/ha pour significativement plus faible dans les parcelles traitées (lâchers de
100 à 120T/ha pour les autres variétés) mais sensible au foreur trichogrammes) que dans les parcelles témoins avec, par exemple
ponctué. Alors que les traitements chimiques sont difficilement en 2003, un gain de 15 (+ 571 €/ha) à 36 tonnes de canne à l’ha
envisageables, la lutte biologique présente une solution offrant une (+ 1 423 €). Les meilleurs résultats ont été obtenus dans les
meilleure prise en compte de l’environnement. parcelles à forte densité d’hôtes, densité qui est liée à un climat
plus humide. Ces résultats obtenus en parcelles expérimentales
Pendant trois ans, un cofinancement Fonds Européen/Conseil permettent d’être très optimistes quant à une utilisation
général de la Réunion a permis de mener un important programme généralisée de la lutte biologique par les producteurs de canne a
de recherche dans l’île de la Réunion, en collaboration étroite sucre. Pour assurer rentabilité et fiabilité de ce contrôle biologique,
entre l’Inra, le Cirad et la FDGDON (Fédération Départementale il est maintenant nécessaire d’améliorer la stratégie des lâchers
Lutte biologique
des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles) (périodes et doses) ainsi que d’affiner le choix de la population
afin de trouver une solution biologique au problème. Dans de trichogrammes. Le partenariat qui a été jusqu’à maintenant
cette île, il existe un cortège d’auxiliaires indigènes associés à ce exemplaire entre les trois organismes concernés est le garant du
ravageur avec, parmi les hyménoptères parasitoïdes, une présence succès des actions futures.
majoritaire de trichogrammes, d’où l’idée de mettre au point une 35
lutte à l’aide de ces oophages. Un inventaire de ces parasitoïdes a Contact : Régis Goebel, goebel@cirad.fr
L’approche lutte biologique classique
Des recherches menées mais aussi sur de nouveaux modes de Réunion, s’intéresse entre autres thè-
conservation des milieux forestiers mes de recherche à celui de la gestion
sur l’Ile de la Réunion indigènes et de gestion agroécologique intégrée des bioagresseurs.
des bioagresseurs de culture.
Les recherches et les formations Les résultats les plus marquants
associées de l’UMR C53 PVBMT La lutte biologique obtenus à la Réunion concernent le
(Peuplements végétaux et contrôle biologique du « ver blanc »
bioagresseurs en milieu tropical, contre les bioagresseurs Hoplochelus marginalis par un cham-
Cirad/Université de la Réunion) de la canne à sucre pignon entomopathogène et celui
concernent la protection des cultures du lépidoptère foreur Chilo saccha-
tropicales et la préservation de La canne à sucre attire une quantité riphagus à l’aide de trichogrammes
la biodiversité des écosystèmes importante d’insectes dont une dizai- (voir encadré). L’effort de recherche se
terrestres. L’unité est accueillie au ne d’espèces ont une incidence éco- poursuit pour mieux cerner l’impact
sein des laboratoires du Pôle de nomique. Les dégâts sont occasion- des pratiques culturales et du climat
protection des plantes (3P) de Saint- nés tant au niveau des racines (vers sur l’émergence ou le renforcement des
Pierre, à la Réunion. Ses champs blancs) qu’au niveau des tiges (coche- bioagresseurs.
d’investigation sont l’épidémiologie nilles, foreurs), ou sur les feuilles (che-
végétale (épidémiosurveillance et nilles défoliatrices, thrips ou via les Des études plus approfondies sur la
adaptation des populations de micro- maladies transmises par pucerons…). biodiversité des champs de canne sont
organismes phytopathogènes), la Contrairement à d’autres cultures, nécessaires afin d’exploiter au mieux
dynamique des populations d’insectes il existe peu ou pas de traitements les arthropodes qui régulent les bioa-
et les interactions tritrophiques, insecticides en raison du cycle et de gresseurs. Des modèles de dynamique
la génétique et la caractérisation la densité importante de la végétation de populations restent à élaborer en
de la résistance des plantes aux et du développement endophyte de relation avec la croissance de la canne à
bioagresseurs, l’endémisme et les certains insectes (foreurs). sucre. Á cette fin, des partenariats sont
invasions des écosystèmes terrestres entre autres développés avec le South
naturels en milieu insulaire. Aussi, les institutions de recherche African Sugarcane Research Institute
privilégient la lutte biologique, la lutte (SASRI) en Afrique du Sud, le Mauritius
Ses recherches doivent déboucher agronomique et la résistance varié- Sugar Industry Research Institute
sur des méthodes innovantes de lutte tale. L’unité de recherche « Systèmes (MSIRI) à Maurice, l’Inra en France ou
contre les ravageurs, les maladies canniers » (Cirad), dont une grande encore le Bureau of Sugar Experiment
et les adventices des agrosystèmes partie des chercheurs est localisée à la Stations (BSES) en Australie.
© J. Fargues
Bemisia tabaci,
Hémiptère
L’aleurode ravageur et vecteur :
aleurode, appelé
mouche blanche,
une double menace
et ravageur et
Depuis 2003, l’extension de l’aire de distribution des aleurodes
vecteur de haute du complexe Bemisia, avec au moins deux biotypes vecteurs de
importance en Begomovirus, dans toutes les zones de production légumière
cultures sous serres du Sud de la France a conduit à un recentrage des objectifs du
programme de recherche. Ces dernières s’orientent vers l’analyse
et la gestion des foyers d’infestation primaires sur des populations
Les principales équipes avec des densités faibles, nécessitant des études approfondies sur la
LGEI,
dynamique des populations ciblées et l’élaboration d’outils d’analyse performants. De plus, cet
Laboratoire Génie de l’environnement aleurode est vecteur de phytovirus d’une gravité exceptionnelle tel que le Tomato Yellow Leaf
industriel et des risques industriels et Curl Virus (TYLCV) (agent viral déclaré organisme de quarantaine).
naturels, École des Mines d’Alès (EMA)
Directeur : Miguel Lopez-Ferber, Trois axes de recherche sont développés actuellement : (i) l’analyse spatio-temporelle
Miguel.Lopez-Ferber@ema.fr
des populations de B. tabaci et de M. caliginosus, dans le double but de valider des plans
Unité de Recherche d’échantillonnage adaptés et d’élaborer une base de validation pour les modèles de
« Systèmes canniers » (Cirad) dynamique des populations (ii) la caractérisation des traits de vie et l’analyse expérimentale
Responsable : Pascal Marnotte, des interactions ravageur-auxiliaires de lutte en conditions contrôlées et (iii) l’élaboration
pascal.marnotte@cirad.fr
d’un modèle de fonctionnement du système multitrophique B. tabaci / M. caliginosus / autres
Chercheur impliqué : Régis Goebel auxiliaires de lutte (champignon entomopathogène) capable de simuler la dynamique du
système dans des conditions de culture sous serre. L’analyse du fonctionnement de systèmes
UMR C53 populationnels multispécifiques et la modélisation qui leur est associée apparaissent aujourd’hui
PVBMT (Peuplements végétaux et absolument indispensable. L’enjeu d’un tel travail est l’étude de la dynamique des relations entre
bioagresseurs en milieu tropical, Cirad/
les différents niveaux trophiques afin d’en dériver des outils (modèles) de fonctionnement, de
Université de la Réunion)
simulation et de prévision. Après validation expérimentale en conditions de production, c’est-à-
Lutte biologique
© D. Bordat
Adulte de Plutella xylostella
colza, etc.). Cette espèce est actuellement présente sur les cinq continents. Ravageur secondaire
(Lépidoptère Hyponomeutidae) en zones tempérées, P. xylostella peut engendrer plus de 20 générations/an en zones tropicales.
L’utilisation des pesticides chimiques et des bio-pesticides (B. thuringiensis) ont fait apparaître des
populations résistantes. Un de ses ennemis naturels efficaces est un hyménoptère braconide,
Cotesia plutellae (Kurdjumov). Cette espèce est spécifique des larves de P. xylostella. Probablement
originaire de régions au climat tempéré, cette espèce est régulièrement récoltée en zones
tropicales. Les observations en conditions naturelles dans différentes régions du globe ont mis en
évidence un comportement différent de ces deux espèces. Pour mettre au point des programmes
de protection intégrée, il devenait donc important de savoir si ce comportement avait une origine
génétique.
Interactions hôtes/parasitoïdes
avec Anoplophora glabripennis et A. chinensis
Pourquoi et comment avoir recours à la lutte biologique en présence Des avancées ont déjà été faites dans ces deux domaines ;
de ces deux espèces ? La lutte biologique peut être utile à deux quelques espèces concernées sont présentées
niveaux pour résoudre le problème posé par les introductions photographiquement. Conjointement aux programmes
d’Anoplophora spp. : (i) aider à parachever son éradication et d’éradication, des études de lutte biologique ont été
(ii) faire pression sur les populations du ravageur si l’éradication n’est entreprises afin d’identifier et d’évaluer les espèces
pas possible. européennes parasitoïdes qui pourraient faire échec à ces
ravageurs. Le parasitisme des deux hôtes a été étudié en
Rappelons que le contrôle de ces ravageurs se fonde sur un suivi exposant des plantes sentinelles infestées dans trois sites
préliminaire des foyers d’infestation et que la seule technique de l’aire contaminée par A. chinensis en Italie. Il a été montré
disponible actuellement pour dresser l’inventaire des arbres attaqués que le parasitoïde oophage Aprostocetus anoplophorae (très
repose sur la détection visuelle de symptômes parfois très discrets vraisemblablement introduit accidentellement avec son
ou masqués ; il est donc inévitable que certains arbres attaqués ne hôte depuis l’Extrême-Orient) est spécifique
soient pas repérés dès le premier contrôle. Les arbres oubliés lors d’A. chinensis. Six ectoparasitoïdes larvaires,
du suivi pourraient être atteints beaucoup plus efficacement par Spathius erythrocephalus Wesmael (Hym.:
d
© F. Hérar
des ennemis naturels relativement spécifiques, ayant les œufs ou les Braconidae), Eurytoma melanoneura Walker
premiers stades larvaires de l’hôte pour cibles. (Hym.: Eurytomidae), Calosota vernalis Curtis
(Hym.: Eupelmidae), Cleonymus brevis Boucek (Hym.:
En revanche, si l’éradication des foyers en milieu urbain s’avère Pteromalidae, Cleonyminae), Trigonoderus princeps
impossible ou si les ravageurs finissent par s’établir en forêt, la lutte (Hym.: Pteromalidae, Pteromalinae), et Sclerodermus sp.
biologique pourrait alors être la seule méthode disponible pour (Hym.: Bethylidae) ont attaqué les jeunes larves (L1 et L2)
contrer des pullulations de ces ravageurs et leur propagation. d’Anoplophora. Ces parasitoïdes étaient déjà connus d’autres
L’étude des interactions hôtes/parasitoïdes avec A. glabripennis et insectes xylophages en Europe. Ainsi, six nouvelles associations
A. chinensis est envisagée essentiellement sous deux angles : avec A. chinensis ont été identifiées, et 4 espèces parmi elles ont
• pour mieux connaître le complexe des ennemis naturels des aussi accepté A. glabripennis comme hôte. L’évaluation de certaines
Anoplophora dans leur aire d’origine (inventaire faunistique, impact sur de ces espèces est en cours à l’EBCL, Montferrier-sur-Lez, France,
les hôtes en Extrême-Orient) ; et les explorations se poursuivent sur le terrain, en Italie, pour
• pour déterminer si certains ennemis naturels de cérambycides découvrir d’autres antagonistes potentiels.
européens, proches des Anoplophora quant à leur taxinomie, leurs
Lutte biologique
plante-hôtes et leur comportement, montreraient des qualités Il est pressenti que ces organismes pourraient être utilisés dans
d’agents de lutte biologique potentiels contre ces ravageurs des actions de lutte biologique par augmentation au cas où les
(évaluation de nouvelles associations) ; une phase initiale consiste tentatives d’éradication des ravageurs exotiques échoueraient.
à déterminer si, au sein des foyers d’infestation d’Anoplophora spp.
existant en Europe, certains parasitoïdes de la faune locale ont déjà Contacts : Franck Hérard, fherard@ars-ebcl.org 37
accepté spontanément ces espèces exotiques comme hôtes. et Gérard Delvare, delvare@cirad.fr
1. Chenille du papillon Lymantria
dispar ou Bombyx disparate, infeodé
principalement au chêne vert
2. Adulte du papillon
Lymantria dispar
Autres équipes
concernées par ce thème
UMR 1062
CBGP, Centre de Biologie et
de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Directeur : Denis Bourguet,
bourguet@supagro.inra.fr
CSIRO,
Laboratoire européen
Thématique « Bioagresseurs émergents
Lymantria dispar, ce papillon
et bio-invasions »
Directeurs et chercheurs impliqués :
Andy Sheppard (1er semestre 2006),
que tous les montpelliérains connaissent
andy.sheppard@csiro.au Ce lépidoptère, dont les chenilles sont défoliatrices des chênes, est commun sur Quercus
Mic Julien (2ème semestre 2006), pubescens et Q. ilex dans la région de Montpellier. En situation de très forte densité de population,
mic.julien@csiro.au les chenilles nouveau-nées se laissent tomber à l’extrémité d’un fil de soie que le vent emporte
au loin. Ce phénomène tend à limiter la surpopulation et les risques de famine sur le lieu de
USDA-ARS, EBCL,
Laboratoire Européen naissance mais augmente considérablement la surface infestée par le défoliateur. En 2005, au
de Lutte Biologique moment de l’éclosion des œufs de L. dispar dans les chênaies situées au Nord de Montpellier,
Directeur : Walker Jones, des rafales de vent ont transporté des millions de jeunes chenilles dans les jardins privatifs de la
ebcl@ars-ebcl.org ville. Certaines nuisances ont été éprouvées par les riverains, notamment des urtications dues au
contact des jeunes chenilles sur la peau. Au cours des semaines suivantes, on a pu constater par
Équipe « Lutte biologique endroits, en zone urbaine, une défoliation partielle de nombreuses plantes ornementales (L. dispar
contre les bio-invasions » est une espèce très polyphage) et en périphérie de Montpellier, la défoliation partielle ou totale de
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza,
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot,
très vastes zones de chênaies.
Franck Hérard
Les populations de L. dispar développent des gradations cycliques. Au cours de la phase de
USDA-ARS, EBCL,
culmination, les forêts envahies peuvent être défoliées totalement sur des centaines, voire des
Laboratoire Européen
milliers d’hectares. Les besoins en nourriture du ravageur dépassent alors la capacité du milieu à
de Lutte Biologique
Directeur : Walker Jones, assurer le développement complet de chaque individu. Une famine généralisée s’ensuit, provoquant
ebcl@ars-ebcl.org la mort de très nombreuses chenilles. Les survivants mal nourris et affaiblis sont généralement
victimes d’une épizootie due au virus de la polyhédrose nucléaire et des attaques de parasitoïdes
Équipe « Lutte biologique et de prédateurs invertébrés et vertébrés. En Europe occidentale, il est reconnu que le complexe
contre les bio-invasions » des ennemis naturels de L. dispar suffit le plus souvent à faire échec à lui seul au ravageur. Dans
Chercheurs impliqués : Walker Jones, René Sforza, le cas où des défoliations totales surviennent successivement pendant plusieurs années dans des
Brian Rector,William Meikle, Dominique Coutinot,
Franck Hérard
parcelles de chênes à haute valeur commerciale, un traitement aérien à l’aide d’une préparation
à base de toxine de Bacillus thuringiensis peut être effectué. Le traitement doit être effectué au
UPR Horticulture, Département moment où la population du ravageur se trouve dans sa majorité en cours de premier stade
« Productions fruitières et horticoles »
Lutte biologique
larvaire (avec une certaine proportion de L2). Le traitement « Bt » peut aussi protéger les zones
(Flhor, Cirad)
Responsable : Philippe Vernier,
urbaines voisines d’un envahissement éventuel par le ravageur ; il a toutefois pour effet négatif
philippe.vernier@cirad.fr d’exterminer localement et sans distinction toutes les espèces de lépidoptères.
© T. Mateille
Lutte biologique
Racines de melon
infestées par 41
Meloidogyne sp.
Compréhension du rôle majeur des interactions environnementales
Pasteuria
penetrans
Bactéries nématoparasites infestant une
racine de
et environnement tellurique bananier
© T. Mateille
La lutte biologique contre les nématodes reste peu développée Bien que les populations de nématodes soient généralement plus
ou ne s’applique qu’à des situations agronomiques et importantes dans les sols légers, on trouve une forte proportion
économiques très particulières (systèmes intensifs, cultures de nématodes infectés dans les sols argileux à sablo-argileux. Le
de serre, cultures à haute valeur ajoutée). En outre, sa transport des spores de P. penetrans dans des colonnes de sol a
capacité à réguler le développement des nématodes à un seuil montré que les spores étaient rapidement lessivées dans les sols
économiquement tolérable, surtout dans les régions chaudes sableux tandis qu’une interaction très forte (de type adsorption)
tropicales, subtropicales et méditerranéennes, demeure se produit dans les sols argileux, empêchant l’extraction de près
insuffisante à cause de la faible adaptation des organismes de 50% des spores inoculées dans ces sols. Ce stock inextractible
antagonistes exotiques aux conditions climatiques ou au milieu serait par conséquent indisponible à parasiter des nématodes dans
tellurique et en raison de la spécificité d’hôte. Les conditions les sols trop argileux.
d’acclimatation sont souvent basées sur des modèles de
laboratoire sans (ou faible) prise en compte de l’impact de L’adhésion des spores procède de deux étapes distinctes : une
l’environnement. Les interactions du sol et de la plante, milieux “approche” de la cuticule du nématode, phénomène biophysique
naturels (partiels ou entiers) du développement des nématodes aléatoire, au déterminisme encore inconnu, et la fixation cuticulaire
phytoparasites, avec les organismes antagonistes, sont mal biochimique proprement dite ou attachement. L’adhésion est
connues. tout d’abord influencée par l’environnement électrochimique des
nématodes et des spores de P. penetrans. L’adhésion des spores de
La bactérie Pasteuria penetrans a été trouvée sur plus de 200 P. penetrans serait déterminée par le degré de saturation des
espèces de nématodes appartenant à plus de 90 genres différents. radicaux libres des glycoprotéines de surface des deux organismes
La cible favorite de P. penetrans est le genre Meloidogyne. P. en fonction de la concentration ionique de la solution du sol,
penetrans réduit les populations de nématodes en empêchant leur dont les cations assureraient de véritables ponts ioniques. Mais
reproduction. Cette bactérie étant un parasite obligatoire des la solution du sol intervient aussi en diminuant les répulsions
nématodes phytoparasites, donc incapable de se reproduire en hydrophobiques entre les organismes.
absence d’hôte, il s’établit un équilibre de densité-dépendance qui
régule le niveau des populations des deux organismes. P. penetrans Une gestion raisonnée des facteurs du milieu, susceptibles d’améliorer
est ubiquiste. On le trouve pratiquement dans toutes les régions l’efficacité des organismes indigènes variés et fréquents et basée
cultivées tempérées du globe. Cependant, son abondance est très essentiellement sur une parfaite connaissance du milieu et la
hétérogène et cela, quelle que soit l’échelle de répartition. En maîtrise des systèmes et itinéraires culturaux (irrigation, travail du
Lutte biologique
outre, cette hétérogénéité constatée à l’échelle internationale se sol, amendements organiques, rotations culturales, lutte génétique),
retrouve à celle du pays, des périmètres maraîchers et même de permet de concevoir une gestion méso-biologique intégrée des
la parcelle. De ce fait, l’hétérogénéité des conditions telluriques nématodes phytoparasites tout à fait pertinente et efficace.
constitue certainement une des causes fondamentales de la
variabilité des résultats agronomiques obtenus. Contact :Thierry Mateille, mateille@supagro.inra.fr 43
L’agroécologie,
une autre vision de
l’agriculture durable
Le défi agroécologique est Gérer les populations recommandée aussi bien pour
une agriculture intensive que pour
de prévenir les risques de par une approche des systèmes plus traditionnels,
pullulations ou d’infestations, agroécologique en cherchant à éviter l’apparition
plutôt que de lutter contre elles des conséquences négatives et non
intentionnelles de l’agriculture
ou de les faire disparaître, par Les agroécosystèmes sont aujourd’hui
industrielle et en valorisant les savoirs
devenus les objets de nouveaux
la gestion de populations : enjeux économiques, sociaux et
locaux.
peuplements végétaux et environnementaux :
L’une des techniques agroécologiques
populations des bioagresseurs, • produire en quantité, en qualité tout
privilégiées est l’association des espèces
en garantissant la sécurité sanitaire
selon des échelles élargies des aliments ;
végétales. Á quelques exceptions près,
de temps et d’espace. Ce la monoculture est considérée comme
• préserver des risques pour
une impasse dans un contexte de
raisonnement nouveau l’environnement et la santé ;
réduction de l’utilisation des produits
• restaurer des situations
fait appel à des disciplines écologiquement dégradées ;
phytosanitaires. Le choix actuel tend
assez récentes : écologie du vers des systèmes multi-espèces, basés
• proposer des alternatives sociales
sur l’association temporelle ou spatiale
paysage, gestion de l’espace, aux activités agricoles ou des
de plusieurs espèces à fonction de
aménagements du paysage.
biologie de la conservation, production ou encore d’une espèce
etc. Les caractéristiques à fonction de production et d’une
Les intoxications aiguës et chroniques,
ou plusieurs espèces à fonctions de
physico-chimiques du sol la pollution des milieux et des
service. Ces associations favorisent la
chaînes trophiques, la réduction de
sont déterminantes sur la la biodiversité sont les conséquences
faune utile, restaurent la biodiversité
structure spatio-temporelle des et contribuent à des retours vers des
secondaires, mais importantes, des
équilibres écologiques précédemment
communautés. Par exemple, traitements phytosanitaires à base de
disparus.
matières actives toxiques.
le sol interagit également
sur les complexes nématode/ Enfin, la gestion des peuplements
L’ambiguïté de la situation n’échappe
végétaux et des populations des
antagoniste microbien en à personne : cette voie chimique de
bioagresseurs met en lumière trois
protection des cultures ne donne pas
fonction des compartiments satisfaction. La gestion agroécologique
enjeux méthodologiques majeurs
microbiens concernés et des sur le plan scientifique : l’intégration
va dans le sens d’une valorisation de
et l’interdisciplinarité (écologie,
flux d’organismes entre ces la biodiversité animale et végétale
agronomie, protection des cultures,
en mettant l’accent sur la gestion
compartiments. des peuplements végétaux, cultivés
socio-économie, etc.) ; le changement
d’échelles, l’obtention de données
ou non cultivés (forme, structure et
locales devant être traduites pour la
taille ; arrangement ; composition).
prise de décision à l’échelle globale
La démarche vise aussi à préserver
(bassin versant, commune, paysage,
les populations d’auxiliaires en place,
etc.) ; la prise en compte de seuils
ce qui correspond à l’une des voies
nouveaux (et évolutifs), à l’échelle
du concept de la lutte biologique. Le
du paysage et dans un raisonnement
rôle des corridors biologiques pour la
à long terme, prenant en compte
faune utile est par exemple privilégié,
à la fois des critères économiques
tant à l’échelle locale qu’à l’échelle du
(seuils classiques de tolérance),
paysage.
des critères sociaux (décisions
partagées et acceptées) et des critères
L’approche agroécologique intègre
environnementaux (respect de
différentes composantes en
Lutte biologique
l’environnement, préservation de la
privilégiant le caractère écologique
biodiversité, réduction des risques
de la gestion : la chimie est le tout
d’intoxication, etc.)*. •••
dernier recours. Mais l’agroécologie
44
conserve aussi l’objectif de produire * Texte rédigé par Jean-Philippe Deguine (Cirad),
durablement ; l’approche est ainsi Jean-Philippe.deguine@cirad.fr
2
1. Serre de productions
de tomate au Maroc
2. Sonde hygro-thermique
dans le couvert de tomate
en culture sous abri 1
© Th. Mateille
Depuis une dizaine d’années, des progrès considérables ont été Les programmes de recherche français s’inscrivent dans une
réalisés en matière de protection intégrée des cultures légumières démarche de gestion du risque Bemisia en raison des contraintes
en Europe, la tomate étant la culture la plus emblématique de cette réglementaires concernant l’arrachage des cultures présentant des
évolution. En 2000, l’Europe comptait 26 producteurs d’ennemis symptômes de TYLC. En revanche, dans le Nord de l’Espagne, la
naturels pour la protection phytosanitaire ; parmi eux, on trouvait réglementation autorise un arrachage sélectif limité aux seuls plants
les trois producteurs les plus importants à l’échelle mondiale ostensiblement contaminés. Les cultures sous abri sont disséminées
couvrant 75% du marché des auxiliaires biologiques utilisés sous au sein d’écosystèmes hétérogènes comprenant aussi des cultures de
serre. plein champ et des surfaces non cultivées qui peuvent jouer un rôle
de réservoir pour les insectes auxiliaires naturels. Les chercheurs
En tomate sous abri, dix espèces d’auxiliaires, parmi lesquelles catalans ont ainsi pu développer une stratégie “écologique” favorisant
la punaise prédatrice Macrolophus caliginosus et les parasitoïdes les colonisations spontanées des cultures par les auxiliaires indigènes
Encarsia formosa et Eretmocerus eremicus ou E. mundus, ainsi que tels que E. mundus et les mirides prédateurs (M. caliginosus et autres).
plusieurs préparations entomopathogènes d’origine fongique En cas de pullulations exceptionnelles d’aleurodes, des lâchers
sont disponibles pour lutter contre les aleurodes Trialeurodes d’auxiliaires issus d’élevage sont effectués pour compléter l’action
vaporariorum et Bemisia tabaci. des bio-défenseurs naturels. La stratégie “écologique” peut être
optimisée par une politique d’aménagement des zones de bordure
La présence de populations de B. tabaci vectrices de virus TYLC/ des exploitations maraîchères sous abri à l’échelle d’un bassin de
Tomato Yellow Leaf Curl a remis en cause la notion de seuil de production. La gestion du risque Bemisia constitue un défi majeur qui
nuisibilité de l’aleurode et a nécessité une réadaptation totale remet en cause l’ensemble de la filière tomate.
de la stratégie d’application des auxiliaires dans un contexte
prophylactique de protection intégrée fondé sur l’utilisation de Les stratégies mises en œuvre s’inscrivent dans un contexte
filets « insect-proof » (à maille très fine). En effet, le recours aux filets écologique et socio-économique régional et elles concernent
« insect-proof » diminue les risques d’intrusion des bio-agresseurs l’ensemble du système de culture. Elles ont toutes comme
Lutte biologique
mais il crée des conditions de confinement (élévation de la dénominateur commun un objectif de production de qualité, garante
température et augmentation de l’humidité ambiante) qui ont des de la durabilité des systèmes de productions légumières européennes.
répercussions sur la biologie des ravageurs et surtout sur celle des
auxiliaires disponibles sur le marché qui peuvent se révéler moins Contacts : Jacques Fargues, fargues@supagro.inra.fr 45
efficaces. et Olivier Bonato, Olivier.Bonato@mpl.ird.fr
L’agroécologie, une autre vision de l’agriculture durable
vis-à-vis de patchs d’hôtes dans le but de sélectionner de nouveaux agents de lutte sur la base
(Flhor, Cirad) d’une optimisation des capacités reproductives des femelles. L’équipe s’intéresse également à la
Responsable : Philippe Vernier,
philippe.vernier@cirad.fr
différenciation biologique et génétique des populations d’origines géographiques différentes chez les
couples espèce hôte-espèce parasitoïde.
46
Chercheurs impliqués : Dominique Bordat,
Laurence Arvanitakis Contact : Dominique Bordat, dominique.bordat@cirad.fr
Gérer les populations
© M.S. Garcin
© Région Languedoc-Roussillon
Vigne en région
Languedoc-Roussillon,
une culture
à haute valeur
ajoutée
Lutte biologique
47
L’agroécologie, une autre vision de l’agriculture durable
Dans les systèmes naturels peu anthropisés, la diversité spécifique des communautés de
nématodes est importante (une vingtaine d’espèces dans les dunes littorales atlantiques
et méditerranéennes, par exemple), sans que des dégâts spécifiques leur soient attribués.
Les recherches menées sur la pathologie des plantes liée aux nématodes phytoparasites
(“lutte génétique et culturale”) et celles menées sur la sensibilité des nématodes à des
micro-organismes antagonistes (“lutte biologique”) montrent que les approches binaires
hôte-parasite à finalité thérapeutique sont souvent limitées au court terme.
En culture cotonnière (Gossypium hirsutum), certains hémiptères, tels le prendre en compte pour concevoir à terme une gestion durable des
puceron Aphis gossypii Glover et l’aleurode Bemisia tabaci (Gennadius), populations d’insectes. L’objectif est, d’une part, de rompre avec les
sont depuis deux décennies devenus des ravageurs majeurs du pratiques ou habitudes passées pour éviter une aggravation de la
cotonnier dans diverses régions du monde. Leur pullulation est situation et, d’autre part, d’adopter une démarche et des pratiques
maintenant régulièrement observée. Cette situation phytosanitaire nouvelles, permettant un retour à une situation d’équilibre.
nouvelle a alerté praticiens et chercheurs. L’hypothèse est avancée
que le changement de statut de ces insectes piqueurs-suceurs À partir des observations, expériences et réflexions, les bases de
est la conséquence d’une rupture de l’équilibre établi initialement cette démarche agroécologique sont proposées. Elles s’appuient sur
entre eux, leur environnement végétal ainsi que le cortège fourni et le concept de protection intégrée dans le contexte d’une agriculture
diversifié d’ennemis naturels (prédateurs, parasitoïdes, champignons durable qui s’efforce de concilier les avantages de deux stratégies
entomopathogènes). différentes : l’une, considérée comme prioritaire, privilégiant une
approche écologique de la régulation des populations et considérant
A. gossypii et B. tabaci sont distribués dans la plupart des régions de ce fait l’agroécosystème comme le niveau d’organisation et
cotonnières du monde ; ils sont très polyphages et ont une gamme d’intervention préventives ; l’autre reposant sur l’emploi curatif,
très élevée de plantes-hôtes, ce qui leur permet de passer assez au niveau de la parcelle, de techniques variées, parmi lesquelles les
facilement d’une culture à une autre ou d’une plante à une autre pesticides de synthèse ne doivent pas être utilisés.
en fonction des conditions. Ces insectes présentent des traits
particuliers : taux de reproduction rapide, développement précoce de Il est clair que le succès d’une telle approche ne peut être assuré
résistance aux insecticides, diversité morphologique remarquable et que par le strict respect d’une démarche unitaire, véritablement
forte variabilité intraspécifique. intégrée. La phase initiale de cette stratégie intégrée vise à réduire
autant que faire se peut les risques phytosanitaires et à favoriser
Comment expliquer le changement de statut de ces insectes ? l’action des ennemis naturels.
1) par l’évolution des facteurs abiotiques de l’environnement, en
particulier le déficit pluviométrique observé dans de nombreuses La deuxième phase consiste en un diagnostic de l’état sanitaire
régions tropicales depuis les années 1970 ; 2) par l’évolution de la parcelle et de son environnement, voire de l’ensemble de
des pratiques agricoles, notamment l’augmentation des surfaces l’exploitation ou des exploitations concernées par un même système
cotonnières et maraîchères ; l’évolution des itinéraires techniques, de culture (notion de territoire). La dernière phase est de nature
des pratiques culturales et des modalités de protection curative, visant la mise en œuvre des mesures d’intervention les
phytosanitaire ayant engendré la rupture de l’équilibre préexistant moins dommageables pour l’environnement (santé humaine et
dans l’entomofaune (doses d’engrais minéraux, en particulier diversité biologique). Il s’agit donc, au total, d’un véritable cahier
azotés) ; 3) par les techniques de traitement phytosanitaire à des charges visant à assurer la rentabilité et donc la pérennité de
faible volume ; 4) par des matières actives utilisées comme les l’exploitation, la conservation du potentiel agronomique des sols
pyréthrinoïdes ; 5) par des variétés cultivées, à fort développement et la préservation des systèmes biologiques indigènes, suivant le
Lutte biologique
végétatif ; 6) par l’utilisation massive de produits insecticides en concept de développement durable dans les systèmes de culture
cultures maraîchères. cotonniers.
50
Ce diagnostic, difficile en raison du nombre de causes possibles, Contact : Jean-Philippe Deguine,
permet paradoxalement d’inventorier les principaux paramètres à Jean-Philippe.deguine@cirad.fr
1. Récolte dans champ
de coton en Afrique
2. larve de Cheilomenes vicina,
coccinelle prédatrice des larves
et adultes de pucerons
en culture de coton
3. larves à ptérothèques
du puceron d’Aphis gossypii
Lutte biologique
3 © J.P. Deguine
51
© Cirad
52
es missions du Centre Commun de
Christine Silvy,
53
silvy@supagro.inra.fr
Thématiques couvertes
par les équipes de recherche
(Juillet 2006)
L es différentes unités et
équipes de recherche
apparaissent dans les
tableaux par ordre de citation dans
1. Caractériser la biodiversité dans
les agro-écosystèmes
a. L’outil taxinomique au service de la lutte
biologique
b. Prise en compte des espèces envahissantes
2. Comprendre et évaluer la
diversité et ses interactions
a. Évaluer la spécificité d’hôtes et les
interactions
b. Caractériser la diversité génétique
le texte de ce dossier. c. Aspects réglementaires et législatifs : 3. Gérer les populations
organismes nuisibles, quarantaine et a. L’approche lutte biologique classique :
agrément gestion par l’introduction d’auxiliaires
b. Compréhension du rôle majeur des
interactions environnementales
c. L’agroécologie, une autre vision de
l’agriculture durable
Unité 1a 1b 1c 2a 2b 3a 3b 3c
UMR 1062 CBGP, Centre de Biologie et de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Thématique « Systématique-Taxonomie, Phylogénie-Phylogéographie » • • •
Denis Bourguet
UMR 1062 CBGP, Centre de Biologie et de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Équipe « Écologie intégrative des Systèmes Populations-Environnement » • • •
Groupe « Processus évolutifs et gestion des bio-agresseurs »
Denis Bourguet
UMR 1062 CBGP, Centre de Biologie et de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Programme «Écologie et gestion de la diversité des communautés de nématodes phytoparasites » • • • •
Denis Bourguet
UMR 1062 CBGP, Centre de Biologie et de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Équipe «Écologie intégrative des Systèmes Populations-Environnement » • • • •
Denis Bourguet
UMR 1062 CBGP, Centre de Biologie et de Gestion des Populations
(Inra, Montpellier SupAgro, Cirad, IRD)
Équipe «Écologie animale et Zoologie agricole - Acarologie » • • • • •
Denis Bourguet
LGEI Laboratoire Génie de l’Environnement industriel et des risques industriels et naturels
(EMA) • • •
Miguel Lopez-Ferber
Unité de Recherche « Systèmes canniers »
(Cirad) • • •
Pascal Marnotte
CSIRO, Laboratoire européen
Thématique « Bioagresseurs émergents et bio-invasions » • • • • • •
Andy Sheppard/Mic Julien
USDA-ARS, EBCL, Laboratoire Européen de Lutte Biologique
Équipe « Lutte biologique contre les bio-invasions » • • • • •
Walker Jones
USDA-ARS, EBCL, Laboratoire Européen de Lutte Biologique
Équipe « Unité d’évaluation génétique » • • •
Walker Jones
USDA-ARS, EBCL, Laboratoire Européen de Lutte Biologique
Équipe « Quarantaine » •
Walker Jones
UMR Institut des Sciences de l’Évolution
(CNRS,UM2)
Équipe « Génétique et Environnement » • •
Jean-Christophe Auffray
CEFE, Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive
(UMR 5175, CNRS, UM1, UM2, UM3, Montpellier SupAgro, Cirad) • •
Jean-Dominique Lebreton
UPR Horticulture, Département « Productions fruitières et horticoles »
Lutte biologique
(Flhor, Cirad)
Laboratoire de Biodiversité entomologique et d’Écologie Évolutive en Agrosystèmes maraîchers • • •
Philippe Vernier
UMR C53 PVBMT (Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical),
54
(Cirad/Université de la Réunion) • • • • • •
Bernard Reynaud
Les formations
à Agropolis International
dans le domaine de la lutte biologique
A gropolis International, au
travers de ses établisse-
ments membres, universités
et écoles d’ingénieurs (et institu-
Cela représente plus de
80 formations diplômantes (de bac
+2 à bac +8 : technicien, ingénieur,
licence, master, doctorat...) ainsi
Les tableaux présentés ci-après
détaillent les formations relevant
du domaine de la lutte biologique.
Ils précisent les niveaux de diplô-
tions spécialisées dans la formation qu’une centaine de modules de mes, les intitulés des formations et
continue), propose une offre de formation continue (préexistants ou les établissements opérateurs.
formation complète. à la carte).
55
Glossaire
Agroécologie : étude des interactions Cluster : regroupement d’espèces. Espèce allochtone : espèce qui se
entre plantes, animaux, homme et trouve dans une région en dehors de
environnement à l’intérieur des Co-évolution : évolution de deux (ou sa région naturelle historiquement
agroécosystèmes. plus) espèces interdépendantes, chacune connue comme résultat d’une dispersion
s’adaptant aux changements de l’autre. intentionnelle ou accidentelle par les
Allopolyploïdie : polyploïdie résultant activités humaines (aussi connue comme
d’un croisement interspécifique Complexe d’espèces : ensemble de une espèce exotique ou introduite).
(contenant donc deux génomes taxa proches, difficiles à différencier d’un
différents). point de vue taxinomique ou génétique. Espèces cryptiques : espèces
Cytométrie en flux : la cytométrie en morphologiquement peu différenciées.
Anthropisation : transformation flux permet une mesure qualitative
résultant de l’action de l’homme. et quantitative des caractéristiques Espèces invasives (=envahissantes
physiques et chimiques de cellules et exotiques) : espèces qui ont étendu leur
Barcoding / Code barre : méthode de particules. On peut ainsi mesurer de aire d’expansion et se mettent à pulluler
d’identification taxinomique des nombreuses caractéristiques telles que dans des zones qu’elles ont nouvellement
organismes eucaryotes basée sur le la taille, la réfringence et tout composant colonisées. Une espèce envahissante se
pouvoir diagnostique de petits fragments ou fonction qui peut être détecté définit de la même façon mais est indigène
du génome. par une sonde fluorescente qui se lie à la zone où elle pullule.
spécifiquement à la cellule.
Bioagresseur : terme couramment Haplotype : l’ensemble des gènes
utilisé pour désigner des espèces nuisibles Diagnose : détermination des spécificités différents qui sont situés sur un chromosome
en agriculture. des êtres vivants. et à proximité les uns des autres.
Bio-indicateur : désigne des espèces Diploïde : qui possède des chromosomes ITS Internal Transcribed Spacers :
biologiques ou animales qui, du fait par paires. La diploïdie se retrouve dans fragments d’ARN utilisés comme
de leurs particularités écologiques, toutes les cellules, à l’exception des marqueurs moléculaires.
constituent l’indice précoce de cellules sexuelles.
modifications biotiques ou abiotiques Lutte biologique inoculative :
de l’environnement dues à des activités Distance génétique : différences technique de lutte biologique par
humaines. quantitativement mesurées entre taxons acclimatation ; également appelée lutte
quant à leurs fréquences alléliques. biologique classique, elle parie sur
Biopesticide : pesticide fabriqué à partir Distance entre deux gènes sur le l’intégration dans l’environnement et
de substances naturelles ou constituées chromosome. la multiplication autonome d’auxiliaires
d’organismes vivants. originaires d’autres milieux.
Entomopathogène : qui peut
Biotype : groupe d’organismes ayant le provoquer une maladie chez les insectes. Lutte biologique inondative :
Lutte biologique
© F. Hérard
Dolichomitus messor
(Hym. : Ichneumonidae),
parasite connu de Lamia textor
(Col. : Cerambycidae)
en Europe
Lutte biologique
57
Liste des abréviations
ACTA Association de coordination technique agricole
ARS Agricultural Research Service
BOMLR Bibliothèque Ouverte Montpellier Languedoc-Roussillon
BSES Bureau of Sugar Experiment Stations
CAREPS Centre Rhône-Alpes d’Epidémiologie et de Prévention Sanitaire
CBGP Centre de Biologie et de Gestion des Populations
CEE Communauté Économique Européenne
CEFE Centre d’Écologie Fonctionnelle et Évolutive
CETA Collège d’Enseignement Technique Agricole
C.I.L.B.A. Complexe International de Lutte Biologique Agropolis
CIPV Convention Internationale pour la Protection des Végétaux
Cirad Centre de coopération internationale en recherche agronomique
pour le développement
CIRES Centre Inter-organisme de Recherche et d’Expertise en Systématique
CITES Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
CIV Culture in vitro
CNRS Centre national de la recherche scientifique
COI Cytochrome Oxydase Sous-unité I
CTIFL Centre Technique Interprofessionnel des Fruits et Légumes
CSIRO Commonwealth Scientific and Research Organisation
DAA Diplôme d’Agronomie Approfondie
DAISIE Delivering Alien Invasive Inventories for Europe
DEA Diplôme d’Études Approfondies
DESS Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées
DRAF/SRPV Direction Régionale de l’Agriculture et de la Forêt,
Service Régional de la Protection des Végétaux
DSCP Double Strand Conformation Polymorphism
DU Diplôme Universitaire
EBCL European Biological Control Laboratory
EMA École Nationale Supérieure des Techniques Industrielles et des Mines d’Alès
ENGREF École Nationale du Génie Rural des Eaux et des Forêts
ESALQ Escola Superior de Agricultura Luiz de Queiroz
FAO Food and Agricultural Organization /Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture
FDGEON Fédération Départementale des Groupements de Défense
contre les Organismes Nuisibles
IFR Institut Fédératif de Recherche
INA PG Institut national agronomique Paris-Grignon
Inra Institut national de la recherche agronomique
INH Institut National d’Horticulture
IRAD Institut de Recherche Agricole pour le Développement
IRD Institut de Recherche pour le Développement
IRTA El Instituto de Investigación y Tecnología Agroalimentarias
ITV Centre Technique Interprofessionnel de la Vigne et du Vin
Isem Institut des sciences de l’évolution de Montpellier
LEGTA Lycée d’Enseignement Général et Technologique Agricole
LGEI Laboratoire Génie de l’environnement industriel
et des risques industriels et naturels
LNPV Laboratoire National de la Protection des Végétaux
LOA Lettre Officielle d’Autorisation
MNHN Museum national d’Histoire naturelle
MSIRI Mauritius Sugar Industry Research Institute
PBI Protection Biologique Intégrée
PIRAT Programme Intégré de Recherches en Agroforesterie à ResTinclières
PVBMT Peuplements végétaux et bioagresseurs en milieu tropical
SASRI South African Sugarcane Research Institute
SRPV Service Régional de la Protection des Végétaux
TYLCV Tomato Yellow Leaf Curl Virus
UMI Université Montpellier 1
UMII Université Montpellier 2
UMIII Université Montpellier 3
Lutte biologique
CBGP
www.montpellier.inra.fr/CBGP
CEFE
www.cefe.cnrs.fr
Cirad
www.cirad.fr
Csiro
www.csiro.au
EMA
www.ema.fr
Inra
www.inra.fr
IRD
www.ird.fr
Isem
www.isem.cnrs.fr
Montpellier SupAgro
www.supagro.fr
UMI
www.univ-montp1.fr
UMII
www.univ-montp2.fr
UMIII
www.univ-montp3.fr
UPVD
www.univ-perp.fr
USDA
www.ars-ebcl.org