A PARAPHRASE
jacques rancitee
Pourquoi écrie? Pour y épondre, sans doute fautil reparcede 'affiemation
flaubectienne que I ériture esc une « manite spéciale de vive Pas question
[a d’une tour d'voic ot Iécrivain se sépareraiz de la foule. Mais tout &I'in-
verse dune certaine manire de fire communauté, de parcciper un monde
tds pasler aux auues, Etsans doute fail fare [2 une distinction esentelle,
‘Comme tout le monde, bien sir, jécrs ete li souvent pour répondre & une
obligation: un cours, une confécence, un attcl & préparet. Mais cee éexi-
tue obligée serait impossible si lace d’ erie a'éraie pas corimandé par autre
chose pat le contate méme: jécris~ comme je lis parce que jaime Pécrs,
parce que jaime ce que la circulation de Iéert suppose : un rapport maté-
sie fort avec les mots et avec les textes, mais aussi un rappore distant et non
contraint entre une parole et son destinatare. Lécrture comme la lecture
‘aut Jorgquelle a son temps propre, déconnecté de route performance sociale
instieude Ble yaut par lanonymar quelle insteue, Dans 'acce erie, autre
sex plus sola formede lave ou du matte test 48 caversla multicude
infinie des phrases qui résonnent les unes dens les autres et au sein desquelles
‘on essae de produire un arrangement nouveau, une résouance inédite. La
parole dit vive peu soit esaisfuie des cadres de 'inseinuvon, soit e penser
‘comme quelque recommencement radical du soufle mém de Lexpresson.
Dans ésiure, ily toujours la foislesentimened’ ere ecl et celui de venit
apres une mulcicude d'autres qui fonc leur chemin dans ce qze'écrs sans que
ce chemin soit lace d'aucune mattrse. De Vécrture ji simé d’emblée ce
pourquoi Plan la condamne : qu'elle pare sans maitre qui guide son eraet,
sans quelle sache qui elle pare, moins encore aqui! fa arlr. C'est pour-
‘quoi ja aimé les bibliothéques, celles du moins qui se sont constieuées sans
aulun systéme de clasificacion les précéde ec oit on peut cisuler& travers les,
rangées, et les archives qui témoignent du poids des mors dans les vies, de leur
%poids la od is ne sont pas destnés& une consommation artistique spécifique.
(Cest pourquoi jai dé tout particulitrement sensible & ces érits qui normale-
usien jamais di nous attindre et méme jamais dA, enn sens, &ere
esis ces textes €ouvsers,d'aurodidactes qui portenla marque du moment
delaournée otis one res, aps es heures de raval, mais, pls encore,
Je temoignage d'une rupeure dans Ie cours normal des vies, de Tenete dans
un monde jusque B incerdi ou impossible. Le monde de Véricure, cest, en
some l apport encte deux anonymats: celui de inline démocratie des
paroles sousta
UG, celui de tous ces sans-nom qui ne peuvent y enter que per transgression,
en sappropriane la seule condition réllement nécesaie pour y acer, ke
temps.
aux univers contraignants du commandement ex de 'tili-
Ecrire pour moi, cest minscrre dans la tension de ce double anonymat.
(Cese la fois explocer cet univers infiniment ouvert et y inscrze la marque
des transgressions nécessaires pour y accéder. A cela se rattachent les deux
caractéres essentiels de mon éercuce : son caraczére paraphrastique et son
caractireindiscplinaire. Commencons parla paraphrase. Jencendrai d'abord
par i dans le sens le plus large, le fai erie sur quelque chose qui ese déja
‘rit, desinscrire dans le prolongement d’énecpes dé tracées, dB en ace,
sais en un mode d'actualitéroujours susceptible d'engendrer des puistances
nouvelles ct d'éreélevé& des potentaltés nouvelles. Hy ad'abord, je a dt,
un rapport & la macéralté deja Ih et deja elaborée. Parle dele litéraeure ou