termes de causalité.
INTRODUCTION
L'économie des pays d'Afrique ne cessant de croître, il est légitime de se soucier des
défis énergétiques, qui constituent un obstacle à la croissance globale du continent,
notamment la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Même si elle est dotée d’importantes sources d'énergies, qui restent très souvent
inexploitées, le continent est marqué par la faiblesse des services énergétiques.
Par ailleurs, bien que la disponibilité de l’énergie électrique ne constitue pas à elle
seule la panacée aux problèmes économiques et sociaux se posant en Afrique, on
pense néanmoins que l'approvisionnement régulier en électricité soit une condition
nécessaire pour le développement économique et social du continent. Les
statistiques montrent que la consommation d'électricité est fortement corrélée avec la
1
AIE, Manuel sur les statistiques de l’énergie, 2005.
richesse et un faible accès aux services énergétiques modernes est également
corrélé avec le nombre de personnes vivant avec moins de 2 $US par jour (AIE,
2002). Même au niveau individuel, la recherche prouve aussi que le service de
l’électricité semble être l'un des services les plus importants pour améliorer le bien-
être de l'individu pauvre (AIE, 2002). Au niveau national, dans cette ère du
numérique, il est vraiment difficile d'envisager le développement sans des services
électriques adéquats. Ainsi, l'électricité et d'autres sources d'énergie modernes sont
nécessaires pour le développement économique et social (AIE, 2002).
2
BAD, « Sénégal, Projet Centrale Electrique de St Louis », Rapport d’évaluation de la performance de
projet, juillet 1983.
2
Cependant, ces réformes n’ont pu empêcher les pays membres de l’UEMOA d’être
confrontés, depuis plusieurs années, à une crise énergétique découlant
principalement d’une offre insuffisante en énergie électrique face à une demande en
forte croissance. Cette situation a pu être aggravée par la conjoncture défavorable
pour les pays importateurs de pétrole, du fait de la hausse continue du prix des
hydrocarbures qui a atteint en 2008 des niveaux jamais égalés.
Le temps est venu de considérer véritablement le rôle joué par les services
énergétiques modernes pour stimuler le développement humain (PNUD, 2005), car
la croissance économique ne saurait être assurée sans connaître réellement la
nature et l’importance de l’apport de l’électricité dans le développement. Par
conséquent, la connaissance de la direction de la causalité entre la consommation
d'électricité et la croissance économique est d’une importance capitale si des
mesures appropriées de politiques énergétiques doivent être conçues.
Pour les pays de l’UEMOA, existe-t-il une relation entre la croissance de l’activité
économique et la consommation d’énergie électrique ? On serait tenté de répondre
par l’affirmative à cette question. L’objectif général de ce travail de recherche est
d’analyser les relations complexes qui lient la croissance à la consommation
d’électricité.
3
• de déterminer la direction de la causalité entre ces deux variables, en vue de
faire des suggestions sur la manière dont la question énergétique pourrait être
abordée à l’avenir dans l’UEMOA.
Cette partie a permis de constater des résultats contrastés. En outre, elle a mis à
jour, encore une fois, le besoin et l’urgence d’une étude empirique pour les pays de
l’UEMOA, qui souffrent d’une faiblesse de la recherche dans ce domaine.
4
Ce présent document est complété par une bibliographie et des annexes constituées
essentiellement d’articles et de travaux, mais aussi d’éléments tirés des documents
de l’UEMOA.
5
CHAPITRE 1. CONTEXTE ÉCONOMIQUE, PROFIL
ÉNERGÉTIQUE ET CADRE DES RÉFORMES DU SECTEUR
DE L’ÉNERGIE DANS L’UEMOA
PRÉSENTATION DE L’UEMOA
L’UEMOA est donc née le 10 janvier 1994, dans un contexte où l’ampleur de la crise
économique et l’impact limité des politiques d’ajustement mises en œuvre ont révélé
l’impérieuse nécessité, pour les Etats membres, d’agir dans un cadre communautaire
cohérent, pour améliorer leurs performances économiques et assurer le bien-être de
leurs populations.
À travers le Traité de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), les États
membres ont décidé de relever ensemble les défis de la croissance durable, du
développement économique et social et de la lutte contre la pauvreté. Pour rappel, les
objectifs assignés à l’UEMOA par le Traité du 10 janvier 1994 sont relatifs :
6
• Au renforcement de la compétitivité des activités économiques et financières
des Etats membres dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et un
environnement juridique rationalisé et harmonisé ;
• À la création d’un Marché Commun entre les Etats membres basé sur la
libre circulation des personnes, des biens, des services, des capitaux et le droit
d’établissement des personnes exerçant une activité indépendante ou salariée, ainsi
que sur un tarif extérieur commun et une politique commerciale commune ;
L’Union s’est donc fixée pour vocation, entre autres, de consolider l’économie de ses
Etats membres, pour leur conférer la taille critique requise, en vue de participer, de
façon plus efficiente, à une compétition internationale de plus en plus rude. En effet,
depuis sa création, l’UEMOA développe un processus d’intégration régional à la fois
monétaire et économique, qui marque profondément les économies de ses huit Etats
membres. Déjà le 1er janvier 2000, l’union douanière est entrée en vigueur avec la
mise en place d’un Tarif Extérieur Commun avec un taux de droit de douane de 20%
maximum, auquel s'ajoute la Redevance. Ainsi, l’UEMOA constitue aujourd’hui un
marché de près de 90 millions de consommateurs et pèse environ 60 milliards de
dollars US en termes de PIB3 (au prix courant).
3
FMI, 2008
7
Tableau 1 : Comparaison de l’UEMOA avec les grands ensembles économiques du
monde
Source : FMI, World Economic Outlook Database, Octobre 2008 ; calcul de l’auteur.
4
ONUDI, UEMOA, Document de projet du Programme Sous-régional Pilote de Restructuration et de
Mise à Niveau pour les Pays de l’UEMOA, Mai 2002.
8
1.2.1. Un climat économique instable marqué par la crise financière
internationale
Au début de la crise, « l’Afrique sans réaction a minimisé les risques et n’a pris
aucune initiative d’envergure pour le long terme » (Kassé, 2008)5. Pourtant, l’Afrique
est très fortement concernée par la crise financière mondiale et la réforme de
l’architecture de la gouvernance mondiale. À cela trois raisons majeures : d’abord
parce qu’elle est extrêmement insérée dans la mondialisation (son économie
fonctionne par et pour l’économie mondiale), ensuite parce que ses Etats constituent
la principale clientèle des organisations internationales même si leur poids et leur
voix restent encore assez insignifiants et enfin parce que les nouvelles stratégies de
lutte contre la pauvreté sont initiées par les Institutions de Bretton Woods.6
Pour les États membres de l’UEMOA, l’année 2008 est caractérisée par une
aggravation du déficit global des finances publiques, en rapport avec une
progression importante des dépenses due à l’accroissement des dépenses de
transferts et subventions, des dépenses de fonctionnement et de la masse salariale.
Les dépenses budgétaires, en progression de 10,6% pour représenter 23,4% du PIB
contre 23,3% en 2007, s’accroissent plus rapidement que les recettes budgétaires en
hausse de 9,3% (UEMOA, 2008). Au total, les conséquences de la crise financière
sur les finances publiques de l’Union et des Etats membres se sont traduites par des
tensions de trésorerie en liaison avec l’accroissement des accumulations d’arriérés
de paiement, notamment en Côte d’ Ivoire, en Guinée Bissau et au Togo7. La crise a
par ailleurs introduit l’idée de réduction des perspectives de croissance dans les pays
développés et les pays émergents en 2009. Pour cause, les prix du café arabica et
5
Moustapha KASSE, La crise financière : comment et quels effets sur l’Afrique ?, Septembre 2008.
6
Moustapha KASSE, Crise financière et perspective de réforme de la gouvernance mondiale : Pour
l’Afrique, «Nous pas bougé », Novembre 2008, www.mkasse.com
7
UEMOA, Impacts de la Crise Financière Internationale sur les Economies de l’UEMOA, Janvier
2009.
9
du cacao ont chuté de 24% et de 27% respectivement en moins d’un semestre en
2008.
Inflation 6 1 4 6 8 1 7 6
Taux d’endettement 2 2 2 3 4 5 5 5
Source : UEMOA, Impacts de la Crise Financière Internationale sur les Economies de l’UEMOA,
Janvier 2009.
D’abord, il faut retenir que l’analyse des résultats de convergence de l’Union et des
Etats membres sur la période de 2000 à 2007 n’est pas reluisante. Cette analyse
met en exergue la vulnérabilité des différentes économies nationales par rapport aux
chocs exogènes, tels que les aléas climatiques, les fluctuations (à la baisse) des
cours mondiaux des matières premières exportées par l’Union et le renchérissement
continu des prix des produits pétroliers et de l’énergie électrique. Par conséquent, la
situation de convergence d’avant les crises de l’année 2008 montre que
10
l’insuffisance du rythme de convergence a été telle qu’aucun Etat membre de l’Union
n’a respecté de manière durable les quatre critères de premier rang. L’annexe 3
indique le nombre de critères respectés par chaque pays entre 2000 et 2007. Seuls
des Etats comme le Bénin, le Mali et le Sénégal ont fait des efforts dans le respect
d’un nombre élevé de critères de convergence. Le Niger, quant à lui, a progressé ces
deux dernières années.
Ainsi, la conjonction des effets de la crise financière avec les chocs sévères des prix
des produits alimentaires, énergétiques et d’autres matières premières, a
négativement influencé la situation économique de l’Union.
Pour l’année 2009, les perspectives indiquent un taux de croissance de 4,7%, sous
l’hypothèse de conditions climatiques favorables, l’apaisement des tensions socio
politiques grâce à la poursuite de la mise en œuvre satisfaisante du processus de
paix en Côte d’Ivoire, et à la poursuite des travaux de construction d’infrastructures.
Toutefois, la réalisation de cet objectif pourrait être compromise par la forte récession
attendue dans les pays de l’OCDE.
8
UEMOA, Rapport annuel 2008 de la Commission.
11
Source : UEMOA, Rapport annuel 2008 de la Commission
Dans la plupart des Etats membres, un taux de croissance plus élevé est attendu en
2009. Par pays, le taux de croissance économique se présenterait comme suit :
Bénin (6,1%), Burkina Faso (5,5%), Côte d’Ivoire (4,3%), Guinée-Bissau (3,2%), Mali
(5,1%), Niger (4,5%), Sénégal (5,2%), Togo (3,3%).
En 2009, il est attendu une évolution favorable, liée aux perspectives de bonnes
récoltes céréalières, à la détente observée sur les cours du pétrole et des produits
12
alimentaires sur le marché international. De ce fait, la norme communautaire pourrait
être respectée par la plupart des Etats.
Il faudra aussi s’attaquer au problème relatif à l’accès aux énergies modernes et plus
particulièrement à la crise de l’énergie électrique qui continue de grever la
performance des entreprises de la sous-région.
13
Source : AIE (2005), Manuel sur les statistiques de l’énergie, Paris.
Cette production nette est distribuée aux consommateurs finaux via les réseaux de
transport et de distribution nationaux. L’électricité peut aussi être exportée vers un
autre pays via les interconnexions des réseaux si elle est excédentaire, ou importée
en cas de pénurie.
9
Kane, C. S. (2009) : « Réformes structurelles des réseaux électriques et analyse de l’intensité
énergétique du produit intérieur brut dans l’UEMOA », Thèse d’Etat.
14
• Confier à un seul opérateur la gestion du secteur de l’électricité ;
À partir des années 80, on assiste à une dégradation des indicateurs d’efficacité
économique et technique du secteur électrique dans presque tous les pays de
l’UEMOA. La capacité totale d’installation du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du
Mali et du Sénégal s’accroît seulement de 241 MWh contre plus de 800 MWh entre
1970 et 1980. La production d’électricité quant à elle passe de 2559 GWh en 1980 à
3623 GWh en 1990, soit un taux annuel moyen de 3,5% (Kane, 2009). Les ventes,
connaissent aussi une chute considérable au Sénégal et en Côte d’Ivoire.
Aussi, l’efficacité des monopoles publics verticalement intégrés est remise en cause
à la fin des années 90 avec l’application d’une série de réformes.
15
Les pays de l’UEMOA, ont procédé à d’importantes réformes dans l’ensemble
des infrastructures dans les années 90, dont celui de l’électricité. C'est le cas de
certains pays comme la Côte d'ivoire, le Sénégal et le Mali qui ont entrepris un
processus de privatisation. Même si des échecs ont été enregistrés, la Côte d’Ivoire
peut servir d’exemple (voir annexe 2).
La Côte d’Ivoire a été le premier État africain à se lancer dans une procédure de
privatisation dans le secteur de l’électricité.
La restructuration en Côte d’ivoire s’est faite pendant cette première phase, dans les
années 90, par un contrat de concession entre l’Etat et la CIE, pour une durée de
quinze ans. Cette concession concernait un contrat d’affermage : la mission
d’exploitation du service public de production, de transport, de distribution et de
commercialisation, ainsi que les activités d’importation et d’exportation de l’électricité.
Cette restructuration a permis l’installation de deux entités (CIPREL et AZITO), ce
qui nécessitait la création d’un organe de régulation.
10
Kenfack, Y., Nyama, A. M. (2007) : La reforme du secteur de l'électricité en Afrique francophone:
Le cas des pays de la CEMAC et de l'UEMOA, Groupe Intergouvernemental d'Experts du Droit et de
la Politique de la Concurrence.
16
• La Société d’Opération Ivoirienne d’Electricité (SOPIE), chargée de la maîtrise
d’œuvre des travaux revenant à l’Etat, en tant qu’Autorité Concédante et du
développement du secteur ;
Face à ces structures, l’Etat conserve donc la propriété des infrastructures, assure la
mission de développement, ainsi que le renouvellement en ce qui concerne les
travaux majeurs. Mais cette réforme a également connu quelques
dysfonctionnements. Cela a conduit les autorités à procéder à une autre
restructuration, qui a permis une diminution du nombre d'intervenants et la définition
de leurs rôles, notamment le cas du principe de séparation de pouvoirs entre les
fonctions de régulation et de gestion du service public de l'électricité.
Le cas du Sénégal11
11
Kenfack, Y., Nyama, A. M. (2007) : La reforme du secteur de l'électricité en Afrique francophone:
Le cas des pays de la CEMAC et de l'UEMOA, Groupe Intergouvernemental d'Experts du Droit et de
la Politique de la Concurrence.
17
réglementaires. En somme, ces réformes ont contribué d'une part à introduire la
participation du secteur privé, et d'autre part, à réduire dans une certaine mesure le
rôle de l’Etat dans la gestion des entreprises, et par conséquent, le contrôle qu’il est
en mesure d’exercer sur l’économie. Il apparaît de plus en plus évident que cet
objectif ne peut être atteint que par une redéfinition fondamentale du rôle des
intervenants. Cela passe nécessairement par l'élaboration d'un bilan des réformes.
Les Etats de l’Afrique de l’Ouest sont bien dotés en ressources énergétiques, avec
notamment :
En ce qui concerne les pays de l’UEMOA, le Mali et la Côte d’Ivoire sont relativement
mieux dotés en hydroélectricité avec respectivement 34% et 28% des réserves
prouvées d’hydroélectricités, suivis du Burkina Faso (15%), du Niger (6%), du
Sénégal et du Bénin (5%), du Togo (4%) et enfin de la Guinée Bissau (environ 1%).
18
Source : UEMOA, CEDEAO, 2006.
d. L’énergie éolienne, avec des vitesses de vent honorables le long des côtes ou
dans les zones désertiques, peut constituer une solution attractive du fait des coûts
d’investissements qui ont significativement diminué au cours des dernières années
pour atteindre des niveaux quasiment équivalents à ceux des grandes unités
thermiques (de l’ordre de 1000 $ / kW, dépendant des conditions locales).
19
lente de réduction des coûts de la technologie photovoltaïque ont conduit à prévoir
une contribution très significative de l’énergie solaire pour l’accès des populations
rurales à un service électrique de base – mais qui s’est avérée surestimée.
Guinée Bissau 60 nd 0 0
Mali 2000 nd 0 nd
Niger 400 0 0 70
Togo 250 0 0 nd
La plupart des pays ont enregistré une tendance à la hausse de leur production
d’électricité d’origine thermique, mais avec une forte pente pour la Côte d’Ivoire.
20
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
Bénin 79 72 84 66 63 80 81 82
Côte d’Ivoire 4022 4817 4800 4885 5294 5087 5403 5738,63
21
Source : UEMOA, 2006.
À la lecture de ce graphique, trois pays sur les huit ont un taux d'accès global au
service de l'électricité compris entre 20 et 50% : le Bénin, le Sénégal, et la Côte
d'Ivoire. L'écart d'accès aux services entre régions urbaines de 40% en moyenne et
de 6 à 8% en zones rurales est très important. Cette inégalité en termes d'offre se
double d'une inégalité en matière tarifaire. Dans les zones urbaines, le faible niveau
du tarif résidentiel est lié soit aux subventions publiques, soit à la production, pour
compenser le différentiel de coût de production thermique d'électricité par rapport à
l'hydroélectricité, soit dans le cadre des grilles tarifaires concernant une certaine
couche sociale subventionnée par l'Etat. Mais il est alors fréquent que la distinction
ne soit guère praticable entre les usagers résidentiels, les services et les
administrations. Il n'en est pas de même en zone rurale, où les opérateurs de
réseaux locaux, souvent entrepreneurs locaux, opèrent selon des tarifs directement
ordonnés à la réalité des coûts supportés par la petite production thermique
d'électricité.
22
Tableau 5 : Niveau de consommation d’électricité dans l’UEMOA
23
Le bilan énergétique est dominé par l’utilisation massive de la biomasse12 (bois de
feu, charbon de bois et déchets végétaux) à environ 80 %, accentuant ainsi le
phénomène de déforestation. La forte dépendance vis-à-vis des approvisionnements
en hydrocarbure constitue un lourd fardeau pour les économies de l’Union.
L’utilisation des énergies renouvelables demeure faible (moins de 0,1% dans le bilan
énergétique de l’union) malgré l’importance du potentiel de l’espace régional. En
outre, il est noté d’une part, une absence quasi totale de planification énergétique et
d’autre part, une coopération sous régionale encore insuffisante malgré l’existence
de quelques lignes d’interconnexion électrique entre certains pays de la région.
Les contextes économiques et financiers des pays de l’UEMOA sont marqués par
la pauvreté et il est aujourd’hui clair que les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) ne pourront pas être atteints à l’horizon 2015 sans un accès
durable aux services énergétiques modernes (UEMOA, CEDEAO, 2006). Tant
l’analyse des problématiques régionales que le potentiel en ressources naturelles de
la région démontrent la nécessité d’une action collective et celle d’une coopération
régionale efficace et créative pour réussir le défi du changement d’échelle qui
s’annonce et augmenter significativement l’accès aux services énergétiques
modernes (l’électricité notamment) dans les Etats Membres.
12
UEMOA, « Programme Economique Régional PER 2006-2010 », Volume I, Diagnostic et vision
stratégique, juillet 2006.
24
3.1.1. La Politique Energétique Commune (PEC)
Adoptée en 2001, la PEC s’inscrit dans la continuité des mandats que l’UEMOA
exerçait avant les réformes sectorielles nationales qui ont modifié les relations entre
les opérateurs énergétiques et les pouvoirs publics. La PEC porte sur :
Les Etats Membres ont décidé de s’engager, en 2005, dans une politique
régionale ambitieuse pour accroître l’accès aux services énergétiques modernes, et
se fixent pour objectif, à l’horizon 2015, de permettre au moins à la moitié de la
population d’avoir accès à l’électricité, ce qui représente 36 millions de foyers
supplémentaires et plus de 49 000 localités supplémentaires ayant un accès à des
services énergétiques modernes (UEMOA, CEDEAO, 2006). Cela représente une
multiplication par quatre par rapport au nombre de personnes desservies en 2005.
25
Dans cette lancée, Le Livre Blanc13 a été conçu et est avant tout l’affirmation de la
volonté des Etats de l’Afrique de l’Ouest de coordonner leurs efforts autour d’une
politique énergétique commune ambitieuse. L’objectif en dix ans, est de multiplier par
quatre l’accès aux services énergétiques modernes en zones rurales et périurbaines.
L’IRED s’appuie sur une vision à long terme, qui se décline en trois objectifs
stratégiques prioritaires :
13
UEMOA-CEDEAO, Livre Blanc pour une Politique Régionale sur l’accès au Services Energétiques,
janvier 2006.
26
LES INITIATIVES DANS LE SOUS SECTEUR DE L’ÉLECTRICITÉ
Au niveau national, les années 90 voient la mise en œuvre de réformes qui ont la
particularité d’être (mono) sectorielles, puisqu’elles ne concernent que le seul secteur
de l’énergie, sans réellement se préoccuper des effets directs sur les autres
secteurs, comme il ressort de l’examen des DSRP des Etats.
14
UEMOA-CEDEAO, Livre Blanc pour une Politique Régionale sur l’accès au Services Energétiques,
janvier 2006.
27
3.1.4. Le Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain
(EEEOA)
Il s’inscrit donc dans un cadre plus large (CEDEAO). Son ultime objectif est
d’assurer, à moyen et à court terme, de l’énergie électrique stable, fiable et
abordable. Ce qui servira de tremplin facilitant ainsi le développement équilibré des
diverses ressources énergétiques en Afrique de l’Ouest, à travers une coopération
durable dans le secteur énergétique, une fourniture ininterrompue de l’énergie
électrique et l’accroissement des échanges transfrontaliers d’énergie électrique, dans
leur intérêt économique commun.
D’un montant de 350 millions US$, la facilité est divisée en trois tranches de
US$100, 125 et 125 millions, avec pour objectif de fournir un financement souple aux
compagnies d’électricité membres de l’EEEOA pour la réalisation des infrastructures
de production, de transport et de rénovation / construction de centres de conduite
identifiés comme critiques sur la période 2005–2011. Le principe en est que, pour 1/3
de financement acquis dans le cadre du programme «pays», un financement
complémentaire de 2/3 du projet peut provenir de l’enveloppe régionale si ce projet a
un caractère d’intégration régionale.
28
L’EEEOA porte sur la réalisation de l’interconnexion de réseaux électriques
nationaux sur une longueur d'environ 5 600 km dans la plupart des pays de l’Afrique
de l’Ouest (Nigeria, Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso et Mali).
Au total, les investissements à réaliser sur l'ensemble des infrastructures de
production et de lignes d'interconnexion envisagées s'élèvent environ à 11,8 milliards
de dollars US sur une période de 19 ans. Ces infrastructures permettraient de doter
la région d'une capacité installée d'environ 17 000 MW, correspondant à la capacité
nécessaire pour satisfaire la demande estimée d'ici à l'an 2023. (CEDEAO, 2005).
Le PGAO, dont l’idée avait été lancée depuis 1982, a effectué ses premières
livraisons de gaz naturel au Ghana en décembre 2008. Au cours des 10 dernières
années, le Ghana s’est battu pour satisfaire la demande en matière d’énergie
électrique fiable et accessible, dont le taux de croissance annuelle se situe autour de
8%. Le Bénin et le Togo tiraient déjà une partie de leur consommation en énergie
électrique du Ghana, qui disposait de capacités excédentaires grâce au barrage
d’Akosombo érigé sur la Volta. L’Autorité du Fleuve Volta (VRA), qui produit la quasi-
totalité de l’énergie électrique du Ghana, et en fournit à quelques pays voisins dans
la sous-région, sera responsable du transport d’environ 90% du gaz initialement
importé du Nigeria, tandis que les compagnies électriques au Bénin et au Togo
auront une part de capital de 5% chacune.
29
Le Projet Gazoduc Afrique de l’Ouest est un important projet dans l’effort d’accélérer
l’intégration économique en Afrique de l’Ouest. Il constitue une grande avancée
dans l’harmonisation des cadres institutionnel, juridique et réglementaire régionaux.
• À l’heure actuelle, outre les efforts faits en direction des autres volets de son
programme, l’OMVS s’attelle à promouvoir l’électrification rurale. Dans le
même ordre d’idées et pour faire face à une demande sans cesse croissante,
des efforts non négligeables sont faits en vue de développer les projets de
barrages dits de « seconde génération » au niveau des sites de petit Gouina
et du Félou pour mieux valoriser Manantali, à travers les Projets
Hydroélectriques de 60 MW OMVS-SOGEM (Société de Gestion de l’Energie
30
de Manantali) dans le cadre des « Réseau Electrique de l’OMVS » (Projets de
2ème Génération).
31
• Le Programme Régional Biomasse Energie (PRBE) pour la lutte contre la
pauvreté et la préservation de l’environnement. Il est mis en oeuvre par
l’UEMOA avec l’appui de la coopération néerlandaise. Le PRBE vise à aider
les Etats membres à concevoir et mettre en oeuvre des projets/programmes
axés notamment sur les usages modernes de la biomasse.
Les théories de la croissance endogène vont donner à l’Etat un rôle particulier dans
le processus de croissance. Ses tenants vont montrer que l’Etat peut stimuler la
croissance en incitant les agents à investir dans la recherche et développement, à
encourageant l’innovation. Dans cette perspective, la croissance fut remise dans un
contexte plus vaste et on assiste entre autres, depuis les années soixante dix, à un
regain d’intérêt dans la recherche pour déterminer le rôle spécifique de l’énergie
dans la croissance.
32
CHAPITRE 2 : CONSOMMATION D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE ET
CROISSANCE : UNE REVUE DE LA LITTÉRATURE
Mais au début des années soixante, cette loi dite de « l’élasticité-unitaire », qui avait
pu laisser penser que la consommation d’énergie et le revenu doivent évoluer au
même rythme, a soulevé de nombreuses controverses pour laisser finalement place
à la thèse selon laquelle, historiquement et donc conceptuellement, on peut
15
Jacques PERCEBOIS, Energie, croissance et calcul économique, Revue économique, Vol. 29, No.
3 (Mai 1978), pp. 464-493
33
déconnecter les deux mouvements et opter pour des élasticités revenu inférieures à
l’unité. Certaines fonctions de production intégrant l’énergie comme facteur de
production à part entière vont alors être élaborées. Ces fonctions de type KLEM16,
qui ont suscité beaucoup de travaux empiriques et théoriques dans les années
soixante-dix et quatre vingt, postulent une stricte complémentarité entre les différents
facteurs tandis que d’autres admettent une substituabilité partielle, voire quasi-
parfaite entre les facteurs. Le recours à des fonctions de production putty-putty
(substituabilité ex ante et ex post) ou clay-clay (complémentarité ex ante et ex post)
ou putty-clay (substituabilité ex ante mais complémentarité ex post) et l’utilisation de
fonction à génération de capital vont permettre de mieux comprendre et mesurer les
relations entre l’énergie et les autres facteurs de production au sein du système
productif, à un niveau agrégé comme à un niveau désagrégé. Une polémique a
cependant opposé à la fin des années 70 Berndt et Wood, d’un côté, Gregory et
Griffin de l’autre. Les premiers postulent la complémentarité du capital et de
l’énergie, et les seconds défendent la large substituabilité de ces deux facteurs.
Ferguson et al (2000) ont constaté que pour les pays développés, il y a une
corrélation forte entre l’augmentation de la richesse dans le temps et l’augmentation
de la consommation d'énergie. De plus, il y a une corrélation plus forte entre la
consommation d'électricité et la création de richesse qu’entre la
consommation totale d'énergie et le revenu (Ferguson et al, 2000). L'expérience
de pays développés montre aussi que le secteur de production d’énergie électrique a
joué un rôle crucial dans leur développement économique non seulement comme un
intrant principal dans le développement industriel, mais également comme un facteur
16
K comme capital, L comme travail, E comme énergie et M comme matière
34
clef dans l'amélioration de la qualité de la vie des populations (Rosenberg, 1998).
L'utilisation croissante de l'électricité a été identifiée comme une source importante
d'amélioration de la productivité des pays développés et c'est le secteur qui alimente
actuellement « la nouvelle économie digitale » (Ebohon, 1996 ; Rosenberg, 1998).
35
Il est maintenant largement admis que si les pays d’Afrique subsaharienne doivent
poursuivre l’objectif de croissance économique soutenue, qui est essentiel à leurs
efforts de lutte contre la pauvreté et de développement social, un service fiable
assurant l’approvisionnement régulier en électricité est nécessaire. En outre,
l’expansion de l’offre d’énergie est importante pour les pays d’Afrique subsaharienne
afin de réduire la consommation d’énergie traditionnelle (biomasse) qui est
responsable du déboisement massif, de la désertification et des problèmes de santé
associés à la consommation du charbon de bois (AIE, 2002).
Cependant, en 2002 encore, 1,6 milliards d’individus vivant dans les Pays en
Développement (PED) n’ont pas accès à des services énergétiques modernes
fiables et abordables (électricité, butane, etc.), alors que 89% de la population en
Afrique subsaharienne consomme de la biomasse traditionnelle pour cuire ses
aliments et se chauffer (AIE, 2002). Ils payent un prix élevé pour bénéficier d’une
énergie de substitution de mauvaise qualité et d’efficacité médiocre (essentiellement
la biomasse), alors que le poste de dépenses réservé à l’énergie représente dans
certains pays plus d’un tiers du budget d’un ménage.
La pauvreté énergétique peut être ainsi définie comme l’absence de choix suffisants
permettant un accès à des services énergétiques modernes adéquats, abordables,
fiables, efficaces et durables en termes environnementaux en vue de soutenir le
développement économique et humain (Reddy, 200017).
17
Cité dans le Livre Blanc pour une Politique Régionale sur l’accès au Services Energétiques, janvier
2006.
36
Encadré 3 : Définition de la notion de service énergétique
La notion de services énergétiques (ou énergie utile) est utilisée pour décrire les
usages finaux que l’apport d’énergie permet. Ces services représentent le dernier
maillon de la « chaîne énergétique » (voir figure 2). Cette notion considère la
fourniture du service final et la satisfaction des besoins humains, plutôt que la source
d’énergie ou les technologies de production, de transport et de distribution utilisée.
37
Source : UEMOA-CEDEAO, Livre Blanc pour une Politique Régionale sur l’accès au Services
Energétiques, janvier 2006.
Sur la base de ces éléments, il apparaît clairement qu’un large accès à des services
énergétiques abordables et de qualité pour l’industrie, le secteur des services et pour
les populations est susceptible d’induire des changements considérables dans les
38
conditions de vie de ces derniers, tout en contribuant à l’atteinte des OMD dans
l’UEMOA.
Si l’énergie n’est pas prise en compte en tant que telle parmi les Objectifs du
Millénaire pour le Développement, la contribution des services énergétiques
modernes à l’atteinte de ces objectifs est désormais largement reconnue. Notons
tout d’abord que l’accent est mis (en ce qui concerne les liens entre l’énergie et les
OMD) sur les services énergétiques, et donc les besoins d’usage, et non uniquement
sur les questions d’infrastructure. Comme Reddy (2000) l’a souligné, ce dont se
soucie le consommateur ou l’utilisateur final, c’est le service que va lui apporter
l’énergie. Le défi consiste maintenant à transformer les quantités d’énergie en
services susceptibles de contribuer à l’atteinte des OMD, et considérer comment
l’économie dans son ensemble peut en bénéficier.
Source : UEMOA-CEDEAO, Livre Blanc pour une Politique Régionale sur l’accès au Services
Energétiques, janvier 2006.
39
d’Afrique subsaharienne, comme l’a bien souligné l’équipe du Projet du Millénaire
avec l’appui de l’Université Columbia (Modi, 200418).
Dans cette section, nous passerons en revue les travaux empiriques effectués pour
déterminer le sens de la causalité entre l’énergie et le revenu puis entre la
consommation l’électricité et le revenu.
Ainsi, si c’est la consommation d’énergie qui détermine le revenu, cela indique que
l'économie dépend de l’énergie de telle sorte que la consommation de celle-ci affecte
directement le revenu, impliquant qu'une déficience dans l’approvisionnement
d'énergie peut avoir des conséquences néfastes sur la croissance (Masih et Masih,
1998). D'autre part, si le mécanisme de causalité est inversé, cela suggère une
économie moins tributaire à l’énergie. Ainsi, les politiques d'économie d'énergie
mises en application peuvent avoir peu d’effet ou ne pas avoir de répercussion sur le
revenu (Jumbe, 2004). Enfin, une absence de causalité dans l'une ou l'autre
direction, soit l’hypothèse de neutralité (Yu et Choi, 1985), signifie que les politiques
d'économies d'énergie n'affectent pas le revenu.
18
Modi, V. (2004) : Energy services for the poor, (Commissioned paper for the Millennium Project
Task Force 1). Earth Institute and Department of Mechanical Engineering Columbia University (USA).
40
Kraft et Kraft (1978), dans une analyse de l’économie américaine entre 1947 et 1974,
ont été les premiers à mettre en évidence l’existence d’une causalité
unidirectionnelle qui montre qu’aux Etats-Unis, c’est le produit national brut qui
détermine la consommation d’énergie. Ce résultat implique que les politiques
d'économie d'énergie pourraient être mises en œuvre sans affecter la croissance du
produit national brut. Ainsi, dans ce cas de figure, une politique d'économie d'énergie
peut être menée sans détériorer la dynamique économique. Cependant, Akarca et
Long (1980) n’ont pu obtenir des résultats similaires quand ils ont réduit l'échantillon
des données de Kraft et Kraft (1978), ce qui prouve que la période choisie peut
fortement influencer les résultats (instabilité temporelle).
Des études empiriques ont été prolongées plus tard et ont couvert beaucoup de pays
en voie de développement en vue d’aider à la mise en œuvre de politiques
énergétiques plus appropriées. Yu et Hwang (1984) ont réactualisé les données
concernant les Etats-Unis pour la période 1947-1979 pour confirmer l’absence de
relation de cause à effets entre le produit national brut et la consommation d’énergie
en utilisant une série de tests élaborés par Sims (1972). Yu et Choi (1985), utilisant
des données de cinq pays, ont confirmé l'absence de la causalité entre le PNB et la
consommation totale d'énergie pour les USA, le Royaume-Uni et la Pologne, mais un
lien causal du PNB sur la consommation d'énergie a été détecté pour la Corée du
Sud et l'opposé pour les Philippines.
Yu et Jin (1992) ont utilisé les tests d'Engle et Granger pour tester la cointégration
entre la consommation d'énergie et le revenu pour les Etats-Unis sur la période
1974-1990 et ont abouti à l’absence de relation de long terme entre ces deux
variables.
Dans le but de réactualiser les travaux dans ce domaine, qui utilisaient en général le
test de causalité standard de Granger, Masih et Masih (1996), Glasure et Lee (1997)
et Asafu-Adjaye (2000) présentent une revue entière des travaux récents couvrant ce
sujet. Le but de ces recherches est d'évaluer la relation causale entre la
consommation d'énergie et le revenu pour des pays en voie de développement,
utilisant la cointégration et les techniques de correction d'erreur. Les résultats sont
mitigés et parfois opposés.
41
Le tableau 6 résumé par Chien-Chiang Lee (2005) récapitule les résultats empiriques
des essais de détermination de la causalité entre la consommation d'énergie et le
revenu pour un certain nombre de pays en développement.
Inde Energie→Revenu
Indonésie Revenu→Energie
Pakistan Energie↔Revenu
Turquie Energie→Revenu
42
Soytas et Sari 1950-1992 Argentine Energie↔Revenu
(2003)
Corée du Sud Revenu→Energie
Turquie Energie→Revenu
Indonésie et Pas de
Pologne cointégration
Source : Chien-Chiang Lee (2005), Energy consumption and GDP in developing countries: A
cointegrated panel analysis, Energy Economics.
Bien que les résultats sont très varies, la tendance dominante est le cas de figure où
la consommation d’énergie détermine la croissance.
43
partisans de cette hypothèse, une déficience dans la fourniture d'énergie électrique
peut limiter la croissance économique et le progrès technologique. Ils croient que
l'électricité a été une source majeure d'amélioration du niveau de vie des pays
avancés et a joué un rôle crucial dans l'avancement technologique et scientifique de
ces pays (Rosenberg, 1998). Même dans des pays en développement, il a été
découvert que l’accès à l’électricité est associé à l'amélioration de la santé et du
niveau d’éducation des pauvres (IEA, 2002). D'autres par contre affirment que le rôle
de l'énergie est minime ou est neutre par rapport à la croissance économique. Cela
parce que le coût d'énergie est très faible par rapport au PIB et ainsi, la
consommation d'énergie n'est pas susceptible d'avoir un impact significatif sur la
croissance de la production. De plus, ils soutiennent qu’au fur et à mesure qu’une
économie se développe, sa structure de production va plus se situer dans le secteur
tertiaire qui est moins intensif en énergie, comparé au secteur industriel (Ghali et
l'EL-Saka, 2004).
Ceci peut, cependant, ne pas être vrai pour le secteur de l'électricité, comme le
prouve l'expérience des Etats-Unis où l'économie est devenue simultanément
moins vorace en énergie, mais plus intensive en électricité (Rosenberg, 1998).
44
2.2.2 Cas spécifiques pour l’Afrique subsaharienne
La deuxième étude plus récente concerne le Malawi et a été réalisée par C. Jumbe
(2004). S’appuyant sur la méthodologie de Engle et Granger de la cointégration et la
causalité au sens de Granger, son analyse a abouti à la conclusion selon laquelle,
d’une part, qu’il y a une causalité bidirectionnelle entre les consommations
d’électricité et le PIB et d’autre part, qu’il existe une causalité unidirectionnelle du PIB
non agricole vers les consommations d’électricité.
45
existe une relation à long terme entre la croissance économique et la consommation
d’énergie. Le test de causalité de Granger révèle l’existence d’une causalité
unidirectionnelle du PIB vers la consommation d’énergie.
La diversité des résultats empiriques, ainsi que le rôle important qu’a joué la
consommation d'électricité dans le développement économique, rendent nécessaire
non seulement davantage de recherches mais également de nouvelles méthodes
pour examiner le rapport entre la consommation d'électricité et la croissance
économique.
Nous avons porté notre choix sur cette étude empirique, parce ce que tenant
sur un échantillon de pays africains, mais aussi pour l’originalité de la méthodologie
utilisée.
46
Dans ce papier, Yemane Wolde-Rufael21 se propose de tester la relation de long
terme entre la consommation d'électricité par habitant et le produit intérieur brut réel
(PIB) par habitant pour 17 pays africains sur la période 1971-200, en utilisant un test
de cointégration nouvellement développé et proposé par Pesaran et al (2001) et une
version modifiée du test de causalité de Granger dû à Toda et à Yamamoto (1995).
L'approche proposée par Pesaran et al (2001) peut être appliquée aux études dont
l’échantillon est de petite taille, comme c’est le cas pour cette étude avec 31
observations pour chaque pays. L'approche est basée sur l'évaluation d’un modèle à
correction d'erreur dynamique et teste si vraiment les variables retardées sont
statistiquement significatives.
m m
∆LYt = β 0 + ∑ β 1i ∆LYt − i + ∑ δ1i ∆LEt − i +η1 LYt − 1 +η2 LEt − 1 + µ1t
i =1 i =1
21
Yemane Wolde-Rufael, 2006, « Electricity consumption and economic growth: a time series
experience for 17 African countries », Energy Policy 34 (2006) 1106–1114.
22
Unrestricted error correction model
47
Kane Chérif Sidy (2009), en se fondant aussi sur l’économétrie des données de
panel hétérogènes non stationnaires cherche à déterminer les variables explicatives
de l’intensité énergétique du produit intérieur brut dans l’UEMOA. En outre, il
procède à une application du test de causalité au sens de Granger dans un modèle
de panel hétérogène en s’appuyant sur les travaux de Hurlin (2008). L’intérêt de
transposer la causalité sur les panels réside en la détermination des retards. Pour
des retards d’un et de deux ans, il n’y a pas de causalité qui existe entre la richesse
et la consommation d’électricité par tête. Par contre, lorsqu’il considère un retard de
trois ans, l’hypothèse de non causalité est rejetée, ce qui veut dire qu’il existe au
moins un pays de l’UEMOA dans lequel le revenu par tête cause la consommation
d’électricité.
CKWh = f(PIB) ?
À ces deux cas, qui constituent nos hypothèses de travail, on peut ajouter
deux autres situations souvent rencontrées :
48
CHAPITRE 3 : ANALYSE EMPIRIQUE DE LA CAUSALITÉ ENTRE
LA CONSOMMATION D’ÉNERGIE ÉLECTRIQUE ET LA
CROISSANCE
23
Ambapour, S., Massamba, C. (2005) : Croissance économique et consommation d’énergie au
Congo : une analyse en termes de causalité, BAMSI-Brazaville.
49
Enfin, nous terminerons cet exposé méthodologique par la présentation du test de
Granger dans le cadre d’un modèle à correction d’erreur. L’objectif essentiel visé est
de savoir si les deux séries étudiées sont dynamiquement interdépendantes ou si au
contraire la liaison dynamique est unidirectionnelle.
50
Une version du test de Granger issue directement de la représentation
autorégressive précédente, propose d’estimer par la méthode des moindres carrés
les deux équations suivantes :
k k
PIBt = α + ∑ β i PIBt − i + ∑ δ i CKWht − i + ε t (1)
i =1 i =1
k k
CKWht = ψ + ∑ θ iCKWht − i + ∑ ϕ iPIBt − i + ν t (2)
i =1 i =1
Engle et Granger (1991) ont montré que si les variables sont intégrées, le test
classique de Granger, basé sur le VAR, n’est plus approprié. Ils recommandent pour
ce faire d’utiliser le modèle à correction d’erreur. En outre, le test de causalité basé
sur le modèle vectoriel à correction d’erreur présente l’avantage de fournir une
relation causale même si aucun coefficient estimé des variables d’intérêt décalées
n’est significatif. Les équations (1) et (2) sont réécrites de la manière suivante :
51
Modèle vectoriel à correction d’erreur
k k
∆PIBt = α + ∑ β i∆ PIB t − i + ∑δ ∆
i CKWh t − i+ τ iz t − 1+ ε t (3)
i =1 i= 1
k k
∆CKWht = ψ + ∑θ i∆ CKWht −i + ∑ϕi ∆ PIBt −i + ρ zt − 1+ ν t (4)
i =1 i =1
En ce qui nous concerne, étant donné la difficulté d’obtenir des données fiables sur
la consommation d’énergie électrique et faute d’une longue série pour tous les pays
de l’UEMOA, quatre pays ont été choisis : le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le
Togo.
Nous avons considéré par ailleurs le PIB par habitant comme proxy de la croissance
économique. Nos données sont annuelles et couvrent la période allant de 1971 à
2005. Elles ont été extraites de la base de données du FMI (World Development
Indicators 2008 CD Rom.)
52
d’énergie par tête. Pour des raisons d’échelle, nous utilisons le logarithme de ces
variables. LPIB est le logarithme du PIB par tête, LCKWh celui de la consommation
d’électricité par habitant.
Compte tenu de cette difficulté d’obtention de séries longues sur l’énergie, nous
postulons l’hypothèse suivante :
53
Graphique 5 : Evolution du PIB et de la consommation d’électricité (1971-2005)
BENIN TOGO
Source : À partir des données de la Banque mondiale, World Economic Outlook CD Rom 2008.
Par contre, pour le Sénégal, la Côte d’Ivoire et la Togo, il est bien plus difficile de
statuer sur l’allure des courbes.
54
Processus sans trend et sans constante :
k
∆xt = ( ρ − 1) xt − 1 + ∑ θ j ∆t − j + 1 + ε t
j =2
k
∆xt = ( ρ − 1) xt − 1 + ∑ θ j ∆t − j +1 + α + εt
j =2
k
∆xt = ( ρ − 1) xt − 1 + ∑ θ j ∆t − j +1 + α + βt + εt
j =2
SENEGAL
55
Test de stationnarité en différence première
De même, pour le Bénin, la Côte d’Ivoire le Togo, toutes les variables sont intégrées
d’ordre 1 (voir annexe 4).
56
TEST DE COINTÉGRATION DE JOHANSEN
On rappelle que les différents sous-modèles du modèle général testés sont les
suivants :
L’existence d’au moins une relation de cointégration est nécessaire pour attester de
l’opportunité et de l’adéquation du modèle vectoriel à correction d’erreur pour
connaître le sens de la causalité. L’existence d’au moins une relation de
cointégration traduit celle d’une relation de long terme entre l’évolution des deux
variables.
57
H1 : Cointégration (rang de cointégration supérieur ou égal à 1)
Les résultats des tests sont présentés dans les tableaux ci-après.
Sénégal
Côte d’Ivoire
Bénin
Togo
58
Included observations: 33
Test assumption: No deterministic trend in the data
Series: LCKWH LPIB
Lags interval: 1 to 1
Likelihood 5 Percent 1 Percent Hypothesized
Eigenvalue Ratio Critical Value Critical Value No. of CE(s)
0.369039 17.38127 19.96 24.60 None
0.064051 2.184396 9.24 12.97 At most 1
*(**) denotes rejection of the hypothesis at 5%(1%) significance level
Seul le cas de la Côte d’Ivoire présente une cointégration entre deux variables. Pour
ce pays, il y a donc une relation de long terme entre la consommation d’électricité et
la croissance.
59
augmentation de près de 2% du PIB. L’estimation du modèle à correction d’erreur est
donnée dans le tableau ci-dessous.
LCKWH(-1) 2.597852
(1.42244)
(2.92333)
C -19.41324
(7.04700)
(-2.75482)
Error Correction: D(LPIB) D(LCKWH)
Zt-1 -0.059165 -0.021675
(0.01921) (0.04832)
(-3.07942) (-0.44858)
60
D LPIB= 0.026 D LC KW (h 1) − 0.316
+ − + D LC KW (h 2) 0.071− D LPIB
D LPIB( 1) 0.074 − (t − 12) 0.059 z−
61
Pour le Sénégal, le Bénin et le Togo, l’absence de relation de long terme implique
qu’il n’y ait aucune causalité dans les deux sens.
Sénégal
Bénin
Togo
Pour la Côte d’Ivoire, l’existence d’une relation de cointégration entre ces deux
variables entraîne l’existence d’une relation causale entre celles-ci dans au moins
une direction. Cette relation de causalité est examinée ici à l’aide du test de causalité
de Granger basé sur le modèle vectoriel à correction d’erreur. Les résultats de ce
test sont présentés dans le tableau suivant :
62
l’économie ivoirienne. Quant aux trois autres pays (le Sénégal, le Bénin et le Togo),
l’absence d’une relation de long terme entre ces deux variables est confirmée par le
test de causalité de Granger (absence de causalité).
Y. Wolde-Rufael (2006) note que l’absence de causalité dans les deux sens pourrait
statistiquement signifier que les mesures permettant d’économiser l’électricité
peuvent être prises sans compromettre le développement économique. Cependant, il
souligne que réduire la consommation de l’électricité chez les populations qui ont un
accès difficile à cette ressource, n’est pas une option envisageable : les pays
africains n’ont pas encore atteint un niveau d’autonomie d’électricité pour se
permettre une réduction de leur consommation ; cependant, ils peuvent prévenir les
conséquences néfastes liées à la consommation accrue de l’électricité. Au contraire
en rendant l’électricité accessible à tous, cela pourrait contribuer à réduire non
seulement la pauvreté, mais aussi à améliorer la qualité de vie des populations.
63
s’appuyant sur la planification sectorielle et la centralisation au plus haut niveau de
l’Etat.
Cependant, cette évolution ne connaîtra pas la même intensité d’un pays à un autre.
Elle a été plus forte en Côte d’Ivoire qu’ailleurs (voir tableau 4), en partie pour des
raisons liées aux disparités concernant les dotations en sources d’énergie fossiles et
le développement du tissu industriel.
Les résultats obtenus dans notre recherche semblent confirmer le statut de la Côte
d’Ivoire en tant que « bon élève » et référence dans la sous-région en matière de
structuration du secteur de l’électricité. En effet, ce pays a été l’un des pionniers en
Afrique Occidentale à se lancer dans un processus de réformes de ce secteur. Les
années 90 constituent le point de départ d’un ensemble de réformes visant
essentiellement une meilleure efficacité dans la gestion du secteur et l’introduction
du secteur privé grâce à un processus de privatisation. C’est d’ailleurs le seul pays
de l’UEMOA à avoir réussi la privatisation et une bonne régulation du secteur. De ce
fait, comme l’atteste les résultats des tests, ce secteur a été suffisamment structuré
pour avoir un impact réel sur le développement économique.
Quant aux autres pays de l’UEMOA, elles ont pratiquement tous connu un échec de
la privatisation (Sénégal, Mali, Togo). Un processus de privatisation est toutefois en
cours pour le Bénin, le Niger et le Burkina, ces derniers ayant tardivement enclenché
la restructuration de leur secteur énergétique.
Les résultats des tests de causalité montrent que globalement, pour les pays
testés, la consommation d’électricité et la croissance évoluent de manière
indépendante (hypothèse de neutralité de Yu et Choi, 1985). À part la Côte d’Ivoire
(qui présente simplement une causalité unidirectionnelle de la consommation
d’électricité à la croissance), il n’y a point de causalité ni de relation de long terme
entre ces deux grandeurs. Ces résultats sont conformes avec ceux obtenus par
Kane (2009) sur données de panel hétérogènes pour les pays de l’UEMOA. Cela
peut s’expliquer par le fait que l’énergie électrique occupe une part négligeable dans
le bilan énergétique de l’Union, dominé par la biomasse. En effet, l’électricité
représente au plus 5% du bilan énergétique de l’UEMOA. Cela montre aussi que ce
64
secteur n’est pas encore assez structuré pour pouvoir assurer le rôle qu’il a joué
dans le développement des pays industrialisés. En effet, la contribution de ce secteur
de l'énergie et son influence sur la croissance économique restent incontestables, tel
que le montre la chaîne énergétique économique dans la figure 2.
Les pays africains ont besoin d’une croissance économique durable afin
accroître la probabilité de réaliser les OMD d’ici l’an 2015. Cependant la crise
énergétique freine les efforts. L’UEMOA doit rechercher de manière vigoureuse des
solutions aux problèmes d’infrastructures en vue de maintenir et d’accélérer sa
croissance économique. Pour un grand nombre de pays, des actions indépendantes
sur le plan international ne pourront pas combler l’écart énergétique en raison du
coût élevé des investissements dans le secteur et de la répartition inégale des
ressources énergétiques.
65
Par conséquent, pour assurer une exploitation judicieuse des ressources
hydroélectriques, de gaz naturel et d’autres ressources, il faudra renforcer
l’intégration régionale et développer des infrastructures énergétiques régionales.
Même si une distinction est à faire par pays, il n'empêche qu'au sein de
l'UEMOA l'accès à l'énergie reste non pas une condition suffisante pour assurer le
processus de développement économique, mais une condition indispensable.
L'accès à l'électricité par toutes les couches des populations doit faire partie des
objectifs prioritaires du développement économique et social.
66
- Mettre en place d'une banque de données harmonisée au niveau sous-
régional afin d'évaluer, comparer et capitaliser les expériences de privatisation.
Pour relever le double défi d’accroître l’accès à l’énergie pour les pauvres tout
en assurant un bon fonctionnement des infrastructures énergétiques existantes, les
pays membres doivent réaliser des résultats concrets dans les domaines suivants :
Action nationales
67
a) Renforcer les cadres de planification en vue de prendre en compte les besoins
énergétiques pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté, et
intégrer l’énergie dans les stratégies nationales et sectorielles de développement ;
g) Améliorer l’accès à l’énergie pour les pauvres à travers des politiques appropriées
de détermination des tarifs, de distribution et de composition des
approvisionnements en énergie.
Actions Régionales
68
quelques efforts nationaux et sous-régionales dans ce domaine ne sont pas
suffisamment organisés pour être utilisés dans la conduite d’une activité régionale. Il
est donc important d’organiser la collecte de données et la gestion des systèmes
d'informations, et que soit établie une stratégie pour coordonner les plans de
développement. Ce sont des conditions préalables pour que les chercheurs,
scientifiques et ingénieurs puissent appliquer leurs compétences analytiques à la
définition des scénarios énergétiques possibles pour la région.
24
UNIDO, (2008) : Powering Industriel Growth – the Challenge of Energy Security for Africa, Working
Paper.
69
Pour cela, une solution de court et long terme est une politique d’économie
d’énergie. Pour cela il faudrait :
70
CONCLUSION
Cette recherche s’est basée sur les avancées économétriques récentes des
les tests de racine unitaire et de cointégration, afin de vérifier l’existence d’une
relation de long terme entre la consommation d’énergie électrique et la croissance.
Empiriquement, l’application de cette théorie nécessite la démarche suivante
(Ambapour et Massamba, 2005) :
• tester l’ordre d’intégration des séries (tests de racine unitaire) pour s’assurer
qu’elles suivent une marche aléatoire (seul domaine d’application du
théorème de représentation de Granger) ;
• estimer le modèle à correction d’erreur qui vise à rendre compte dans une
même équation d’un écart éventuel par rapport à un équilibre de long terme et
du processus d’ajustement à court terme de cet équilibre.
À l’issue de cette analyse économétrique, il est apparu que les deux séries étudiées
ne sont cointégrées que pour le cas de la Côte d’Ivoire, impliquant l’absence d’une
relation de long terme entre la consommation d’électricité par tête et le revenu par
tête pour les autres pays. Le test de causalité dans le cadre du modèle à correction
d’erreur, révèle que, dans le seul cas de la Côte d’Ivoire, la croissance économique
« cause » au sens de Granger la consommation d’énergie, une absence de causalité
ayant été notée pour les autres pays.
Ces résultats laissent présager que les pays de l’UEMOA doivent davantage
structurer le secteur de l’énergie électrique pour qu’il puisse avoir l’apport qu’il a eu
dans les pays industrialisés. Ceci passe par de bonnes politiques de réformes du
secteur, un accès aux services énergétiques de l’électricité pour les populations
défavorisées, mais aussi un bon système de planification, sans oublier le
développement du partenariat régional et l’achèvement des projets d’interconnexion
des réseaux électriques. Ils doivent aussi miser sur les politiques d’économie
71
d’énergie d’autant plus que la crise actuelle que connait l’Union est essentiellement
due à l’insuffisance de l’offre face à une demande en pleine croissance. L’espace
UEMOA possède également des avantages relatifs pour les énergies renouvelables.
Ces derniers peuvent être d’un grand apport et doivent en conséquence être mise en
forte contribution. Leur potentiel de développement est important, particulièrement
pour l’hydroélectricité (Kane, 2009).
Les résultats de cette présente recherche devraient, cependant, être interprétés avec
réserve du moment où la consommation d'électricité représente moins de 5 % de la
consommation d'énergie totale dans l’UEMOA. De plus, seule l'électricité fournie en
réseau est prise en compte. En outre, les difficultés d’obtention de séries longues sur
72
l’électricité nous a contraint à restreindre l’analyse empirique sur un certains nombre
de pays de l’UEMOA. Ce problème se posant, les résultats de cette recherche
exigent d’autant plus la nécessité d’une souplesse d’interprétation.
73
BIBLIOGRAPHIE
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Development » Think Bigger Act Faster Fingerprint, Cape Town.
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et vision stratégique.
Sites Web
www.ecowas.int
www.enerdata.fr
www.energie-omd.org
www.mkasse.com
www.uemoa.int
www.worldenergy.org
76
ANNEXES
77
Annexe 1 : Calcul, sur la période d’après Guerre, de l'élasticité de la consommation
primaire d'énergie par rapport au produit national brut pour les pays développés
Le calcul, sur la période d’après Guerre, de l'élasticité de la consommation primaire d'énergie par
rapport au produit national brut, donne un coefficient qui, dans la plupart des cas, est proche de
l'unité.
La relative stabilité sur longue période de l'élasticité annuelle de la consommation d'énergie primaire
Cτ par rapport au PNB, c'est-à-dire de l'élasticité empirique obtenue en faisant le rapport
∆Cτ ∆PNB
=
Cτ PNB permet de recourir a un ajustement exponentiel du type
α
Cτ = k ( PNB ) soit LogCτ = α LogPNB + β
où α est un coefficient moyen d'élasticité sur l'ensemble de la période.
Un des grands débats énergétiques est de savoir précisément si les facteurs qui militent en faveur
d'une réduction de la consommation d'énergie tendent ou non a l'emporter sur les facteurs
d'accroissement.
Au niveau sectoriel, les relations énergie-croissance peuvent être appréhendées grâce a des tableaux
d'échanges interindustriels et a la mise en évidence de coefficients d'intensité énergétique des
produits, lesquels permettent d'apprécier l'évolution temporelle de la « productivité » de l'énergie dans
un pays donne, et de faire apparaitre en conséquence les secteurs où les mesures d'économies
seraient les plus appréciables (surtout si dans le même temps une comparaison avec la structure
productive de pays de même niveau de développement est établie). De tels systèmes matriciels sont,
de plus, opératoires dans une perspective prévisionnelle, puisqu'ils indiquent la quantité d'énergie a
utiliser pour produire, une année terminale donnée, les divers éléments de la demande globale, pour
autant bien sur que l'on ait fait une hypothèse sur l'évolution attendue des coefficients techniques de
consommation directe et indirecte d'énergie (ce qui revient en quelque sorte a tracer la trajectoire des
choix techno- logiques du futur...).
En adoptant la formulation
[1- A] X = Y
où [A] est la matrice des coefficients techniques de production (à la fois production nationale et les
importations), X est le vecteur des productions disponibles des branches, Y est le vecteur de la
demande finale totale,
les éléments aij de la matrice [A] sont définis comme les produits intermédiaires provenant de la
branche i nécessaires pour produire une unité de production dans la branche j. On calcule ainsi des
coefficients techniques de consommation directe d'énergie qui traduisent la quantité d'énergie vendue
au cours de la période considérée (l'année en général) par la branche « énergie » a une branche
quelconque pour les besoins de sa production. A côte de ces coefficients directs, il est nécessaire de
calculer des coefficients totaux qui reflètent l'utilisation à la fois directe et indirecte de ressources
énergétiques par chaque branche et qui constituent les éléments bij de la matrice [B] obtenue par
transposition:
X = [1 - A]-1 Y = [B] Y
On peut ainsi mettre en évidence les besoins nouveaux en produits énergétiques issus d'un
accroissement anticipe de la demande d'une catégorie particulière de biens et services et faire
apparaître d'éventuels goulots d'étranglement au niveau des ressources disponibles. Ces goulots sont
différents, pour un pays donné, selon la structure de son approvisionnement et il importe de passer de
coefficients établis à partir de valeurs monétaires à des coefficients calculés sur des quantités
physiques (tec ou tep). La conversion des flux intersectoriels représentant des unités monétaires en
des quantités physiques d'énergie peut se faire, via un système de prix relatifs, en construisant une
matrice [F] de flux énergétiques. La matrice [B] est alors remplacée par une expression de la forme [E]
= [F] [1-A]-1 exprimée en tec ou en tep par unité monétaire de demande finale, ou [F] est la matrice
des coefficients de consommation énergétique directe exprimes non plus en unités monétaires mais
en tec ou en tep par unité monétaire de production totale. Les éléments de la matrice énergétique
totale [E], les eij, donnent la production totale en tec ou en tep de la branche « énergie » i nécessaire
pour que l'économie puisse faire face a un supplément unitaire de demande finale.
Jacques PERCEBOIS, Energie, croissance et calcul économique, Revue économique, Vol. 29,
No. 3 (Mai 1978), pp. 464-493
78
Annexe 2 : Etat des régulations du secteur de l’électricité dans l’UEMOA
- Rôle défini
de façon floue
-Difficulté de relancer
la privatisation de la
NIGELEC
-A adopté une
démarche
participative
intéressante
79
-Doit s’imposer
Burkina Faso 4 3 4 4 8 3 4 4
Côte d’Ivoire 2 2 1 1 4 1 2 3
Guinée Bissau 0 0 0 0 5 0 1 0
Mali 4 4 4 5 4 4 6(+) 5
Togo 1 1 1 3 1 1 2 2
80
Annexe 4 : TESTS ECONOMETRIQUES
81
Test de stationnarité sur la variable en différence premier
82
Sample(adjusted): 1974 2005
Included observations: 32 after adjusting endpoints
83
Test de cointégration Côte d’Ivoire
84
Annexe 5:
85
Annexe 6 : Map Energy Indicators – World - Electricity Consumption
2006.
86