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Il se peut encore qu'il n'ait été guidé qu'à une connaissance partielle
de cette méthode. Il aura donc besoin d'être guidé à une
connaissance parfaite, sous tous ses aspects.
Il est, par ailleurs, des voies vers lesquelles l'homme a pu être guidé,
tout en nécessitant d'y être guidé à nouveau. Car être guidé vers une
voie est une chose et être guidé une fois l'avoir emprunté et que l'on
se trouve sur cette voie en est une autre : Ne vois-tu pas que l'homme
connaît que tel chemin mène à tel pays, néanmoins il ne sait pas
comment se comporter lorsqu'il s'y trouve. Car le parcours en soi,
nécessite une connaissance spécifique : comme le fait de marcher à
tel moment plutôt qu'un autre, s'approvisionner en eau à tel point
concernant une traversée du désert de telle distance, faire halte à tel
endroit et non à tel autre... etc.
Ceci correspond à être guidé dans la voie après avoir été guidé à la voie. La
négligence de ces connaissances, même par celui qui sait que c'est le chemin
à emprunter, conduirait l'homme à sa perdition et l'empêcherait d'atteindre
son objectif.
« Ô mon Dieu, pare-nous de la parure de la foi ; fais de nous des guides bien
guidés, non des égarés conduisant à l'égarement, pacifiques envers tes
partisans, hostiles envers tes ennemis, fais que nous aimions de ton amour
ceux qui t'aiment et que nous soyons ennemis à ceux qui te désobéissent de
par l'aversion que tu leur témoigne. » 1
﴾ُي إِ َم ًاما ِ ِ ٍ ُ ب لَنَا ِم ْن أ َْزو ِاجنَا وذُِّريَّاتِنَا قَُّرَة أ َْع ِ َّ﴿ وال
َ اج َعْلنَا لْل ُمتَّق
ْ ُي َو َ َ ْ ه
َ اَن ب
ر
َّ َ ن
َ ول
ُوقُ ي ين
ََ َ ذ
Et qui disent : "Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos descendants, la
joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux. (Sourate al-furqan
verset 74)
lbn Abbâs dit : « (cela signifie :) pour que nous soyons des modèles à suivre
dans les biens ».
Abû Sâlih dit : « afin que les gens s'orientent selon la voie que nous avons
suivie ».
Makhûl dit : « que nous soyons des exemples à suivre concernant les avis
juridiques que nous émettons, à partir desquels les pieux nous prendront
comme modèle. »
Mujâhid dit : « Fais que nous soyons des imams pour les pieux, et que nous
prenons les pieux imams comme modèle ».
1
Hadith rapporté par Tirmidhî (3419), d'après ibn Abbâs dans sa version longue,
et jugé faible d'authenticité par al-Albânî, dans son da’îf al-Jâmi (1194).
3
Cette exégèse parût ambiguë à ceux qui ne considèrent pas la compréhension
des salafs à sa juste valeur, et la profondeur de leur savoir et qui prétend :
Et c'est auprès d'Allah que se trouve le refuge et de devoir inverser les termes
d'un verset et d'en sous-entendre les sens (pour le comprendre). Au
contraire, cela démontre la parfaite compréhension de Mujâhid. En effet,
l'homme ne saurait être un modèle pour les pieux qu'une fois qu'il aura pris
les pieux pour modèles. Mujâhid souligne ainsi la qualité requise pour
réaliser un tel objectif : il s’agit de prendre comme modèle les pieux anciens
qui les ont précédés (les salafs), afin qu'Allah en fasse des modèles pour les
pieux qui leur succéderont. Il y a là l'une des plus parfaite et subtile
connaissance du Coran et il ne s’agit aucunement d'une inversion de ces
termes et d'un sens sous-entendu (nécessaire à la compréhension).
Ainsi, ceux qui prennent pour modèle les gens de la Sunna qui l'ont précédé,
ceux qui lui succéderont le prendront comme modèle, de même que ses
contemporains qui le côtoient.
Dans le verset, Allah a employé le mot « imam » au singulier et non au
pluriel.
Plusieurs avis ont été avancés pour expliquer ce point sur le plan linguistique.
Certains ont dit que le mot imam correspondait ici au pluriel du mot « âm »
(comme on dit sâhib dont le pluriel est sahâb). C'est ce que dit al'akhfash,
mais c'est improbable. De plus, ce terme ne s'apparente aucunement à la
langue communément connue et ne peut donc pas servir de base dans le
cadre de l'exégèse du Coran.
D'autres affirment que le mot « imam » est un nom d'action (masdar
s'apparentant à la forme sâm/syâm ou encore qâm qyâm). Ce qui signifierait
ferait selon eux : fais de nous ceux qui possèdent l’imamat. Mais cet avis est
encore moins recevable que le précédent. Al-Farrâ' quant à lui soutient que le
mot « imam » a été utilisé au singulier et non au pluriel de la même façon
qu'il a été dit dans le verset suivant :
C'est-à-dire : ils ne sont pas mes maîtres. Et cette explication compte parmi
les meilleurs. Si tant est qu'elle nécessite un supplément d'explication... à
savoir que les pieux suivent tous le même chemin, adorent le même Dieu, se
conforment aux enseignements du même Livre et du même prophète, sont
les serviteurs du même Seigneur. lls ont aussi la même religion, le même
prophète, le même Livre, adorent le même Dieu, comme s'ils représentaient
eux tous un seul et même imam pour leurs successeurs. Et non pas des
imams qui divergent, ceux dont les voies, les écoles, les croyances sont
différentes.