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L

'homme a besoin d'être guidé à tout moment et à chaque souffle,


et ce, dans tout ce qu'il doit ou ne pas faire. Il se retrouve
forcément face à une des situations suivantes et ne peut s'en
soustraire :

L'homme peut par ignorance appréhender certaines choses comme il


ne convient pas de le faire. Dans ce cas, il lui est nécessaire de
demander à ce qu'on le guide vers la véritable méthode pour ce faire.

Il se peut aussi qu'il connaisse la méthode adéquate mais que,


volontairement, il ne l'applique pas correctement. Dans ce cas. il 1ui
sera nécessaire de s'en repentir.

Il peut autant ignorer la bonne méthode qui lui permettrait


d'atteindre son objectif, que la façon de la mettre en pratique s'il la
connaissait. Il lui faut donc parvenir à la connaissance de l'existence
de cette méthode dans un premier temps, puis à la volonté de la
mettre en pratique... une fois cette méthode connue.

Il se peut encore qu'il n'ait été guidé qu'à une connaissance partielle
de cette méthode. Il aura donc besoin d'être guidé à une
connaissance parfaite, sous tous ses aspects.

Il y a aussi des questions pour lesquels l'homme a été guidé vers la


connaissance de ses principes fondamentaux. en dehors des
1
connaissances subsidiaires qui lui sont relatives. Dans ce cas, il lui
sera nécessaire d'être guidé vers la connaissance de ces éléments.

Il est, par ailleurs, des voies vers lesquelles l'homme a pu être guidé,
tout en nécessitant d'y être guidé à nouveau. Car être guidé vers une
voie est une chose et être guidé une fois l'avoir emprunté et que l'on
se trouve sur cette voie en est une autre : Ne vois-tu pas que l'homme
connaît que tel chemin mène à tel pays, néanmoins il ne sait pas
comment se comporter lorsqu'il s'y trouve. Car le parcours en soi,
nécessite une connaissance spécifique : comme le fait de marcher à
tel moment plutôt qu'un autre, s'approvisionner en eau à tel point
concernant une traversée du désert de telle distance, faire halte à tel
endroit et non à tel autre... etc.

Ceci correspond à être guidé dans la voie après avoir été guidé à la voie. La
négligence de ces connaissances, même par celui qui sait que c'est le chemin
à emprunter, conduirait l'homme à sa perdition et l'empêcherait d'atteindre
son objectif.

Il se peut aussi que l'homme ait besoin d'être guidé à l'avenir


comme il l'a été par le passé.

- Et puis il y a des sujets sur lesquels l'homme est dépourvu de


toute conviction, est-ce la Vérité ou l'erreur ? Il a besoin d'être
guidé vers la connaissance de ce qui est juste.

Il est des questions à propos desquelles l'homme a la certitude


d'être sur la bonne voie, alors qu'il se fourvoie sans s'en rendre
compte. Il a alors besoin d'être sauvé de cette croyance par Allah
qui le guidera.

Et enfin, il y a ce que l'homme accomplit conformément à la


bienséance. Il lui sera alors nécessaire de guider son prochain, de
l'orienter et le conseiller. En négligeant son prochain, il manquerait
l'opportunité d'être guidé davantage. Cette éventualité lui
échapperait en fonction de la négligence dont il a fait montre dans
l'orientation de son prochain.

Faut-il souligner à ce propos, qu'une personne guidant son prochain sur le


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droit chemin, lui enseigne (le bien) et le conseille, s'ouvrent à lui les portes du
droit chemin, selon le principe stipulant que tout acte est rétribué selon sa
nature.
Ainsi, à chaque fois qu'il guide une tierce personne et lui apprend un savoir,
Allah le guidera et lui apprendra un savoir. Il devient pour ainsi, un guide et
une personne guidée dans la bonne voie, comme le souligne l'invocation du
Messager d'Allah rapportée, entre autres, par Tirmidhî et qui dit :

« Ô mon Dieu, pare-nous de la parure de la foi ; fais de nous des guides bien
guidés, non des égarés conduisant à l'égarement, pacifiques envers tes
partisans, hostiles envers tes ennemis, fais que nous aimions de ton amour
ceux qui t'aiment et que nous soyons ennemis à ceux qui te désobéissent de
par l'aversion que tu leur témoigne. » 1

A ce sujet, Allah fait éloge de ses serviteurs croyants qui Le supplient de


faire d'eux des imams que l'on prend pour modèle. 11 en fit la description
suivante dans le saint Coran :

﴾‫ُي إِ َم ًاما‬ ِ ِ ٍ ُ ‫ب لَنَا ِم ْن أ َْزو ِاجنَا وذُِّريَّاتِنَا قَُّرَة أ َْع‬ ِ َّ‫﴿ وال‬
َ ‫اج َعْلنَا لْل ُمتَّق‬
ْ ‫ُي َو‬ َ َ ْ ‫ه‬
َ ‫ا‬َ‫ن‬ ‫ب‬
‫ر‬
َّ َ ‫ن‬
َ ‫و‬‫ل‬
ُ‫و‬‫ق‬ُ ‫ي‬ ‫ين‬
ََ َ ‫ذ‬
Et qui disent : "Seigneur, donne-nous, en nos épouses et nos descendants, la
joie des yeux, et fais de nous un guide pour les pieux. (Sourate al-furqan
verset 74)

Voici quelques interprétations de la dernière partie du verset :

lbn Abbâs dit : « (cela signifie :) pour que nous soyons des modèles à suivre
dans les biens ».
Abû Sâlih dit : « afin que les gens s'orientent selon la voie que nous avons
suivie ».
Makhûl dit : « que nous soyons des exemples à suivre concernant les avis
juridiques que nous émettons, à partir desquels les pieux nous prendront
comme modèle. »
Mujâhid dit : « Fais que nous soyons des imams pour les pieux, et que nous
prenons les pieux imams comme modèle ».

1
Hadith rapporté par Tirmidhî (3419), d'après ibn Abbâs dans sa version longue,
et jugé faible d'authenticité par al-Albânî, dans son da’îf al-Jâmi (1194).
3
Cette exégèse parût ambiguë à ceux qui ne considèrent pas la compréhension
des salafs à sa juste valeur, et la profondeur de leur savoir et qui prétend :

« Ce verset doit être interprété en inversant la disposition de certains termes


et sous-entend : Fais que les pieux soient des guides pour nous »

Et c'est auprès d'Allah que se trouve le refuge et de devoir inverser les termes
d'un verset et d'en sous-entendre les sens (pour le comprendre). Au
contraire, cela démontre la parfaite compréhension de Mujâhid. En effet,
l'homme ne saurait être un modèle pour les pieux qu'une fois qu'il aura pris
les pieux pour modèles. Mujâhid souligne ainsi la qualité requise pour
réaliser un tel objectif : il s’agit de prendre comme modèle les pieux anciens
qui les ont précédés (les salafs), afin qu'Allah en fasse des modèles pour les
pieux qui leur succéderont. Il y a là l'une des plus parfaite et subtile
connaissance du Coran et il ne s’agit aucunement d'une inversion de ces
termes et d'un sens sous-entendu (nécessaire à la compréhension).

Ainsi, ceux qui prennent pour modèle les gens de la Sunna qui l'ont précédé,
ceux qui lui succéderont le prendront comme modèle, de même que ses
contemporains qui le côtoient.
Dans le verset, Allah a employé le mot « imam » au singulier et non au
pluriel.

Plusieurs avis ont été avancés pour expliquer ce point sur le plan linguistique.
Certains ont dit que le mot imam correspondait ici au pluriel du mot « âm »
(comme on dit sâhib dont le pluriel est sahâb). C'est ce que dit al'akhfash,
mais c'est improbable. De plus, ce terme ne s'apparente aucunement à la
langue communément connue et ne peut donc pas servir de base dans le
cadre de l'exégèse du Coran.
D'autres affirment que le mot « imam » est un nom d'action (masdar
s'apparentant à la forme sâm/syâm ou encore qâm qyâm). Ce qui signifierait
ferait selon eux : fais de nous ceux qui possèdent l’imamat. Mais cet avis est
encore moins recevable que le précédent. Al-Farrâ' quant à lui soutient que le
mot « imam » a été utilisé au singulier et non au pluriel de la même façon
qu'il a été dit dans le verset suivant :

َ ‫ب الْ َعالَ ِم‬


﴾‫ُي‬ ُ ‫﴿ إِنَّا َر ُس‬
ِّ ‫ول َر‬
Nous sommes les messagers du Seigneur de l'Univers, (Sourate As-Shuaraa
verset 16)
4
Il n’a pas dit : « Nous sommes les deux Messagers du Seigneur des mondes. »
Car il s'agit d'un singulier à partir duquel on a voulu signifié le pluriel, tel que
dans ces vers de poésie :

Ô censeurs, cessez vos reproches.


Le censeur n'est pas mon maître.

C'est-à-dire : ils ne sont pas mes maîtres. Et cette explication compte parmi
les meilleurs. Si tant est qu'elle nécessite un supplément d'explication... à
savoir que les pieux suivent tous le même chemin, adorent le même Dieu, se
conforment aux enseignements du même Livre et du même prophète, sont
les serviteurs du même Seigneur. lls ont aussi la même religion, le même
prophète, le même Livre, adorent le même Dieu, comme s'ils représentaient
eux tous un seul et même imam pour leurs successeurs. Et non pas des
imams qui divergent, ceux dont les voies, les écoles, les croyances sont
différentes.

En définitive, le modèle à considérer est celui qu'incarnent les pieux. Ce qui


correspond à une seule et même chose, qui est, en réalité, l'Imam, le modèle
religieux.

Lettre à tous les musulmans


Version arabe at-Tariq ilal-hidaya,
kitab arsalahu elhafid ibn Qayyim ila ba'd ikhwanihi et risala ila kulli muslim.
Ibn Qayyim al Jawziyya
http://3ilm.char3i.over-blog.com/
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