Vous êtes sur la page 1sur 63
overture: sécherese en Numibie et inondations en Chine Pago 1) furndes de chemindes d'usine aux Etats-Unis Mage i a calatte wlciarearctique fy 18 000 ans, au moment du deiner masirnur wach Pages 48: le cyclone tropical Linda or oa LAROUSSE Direction état ‘mutiiide Majo RRelecture Laure Talamiae ‘Conception graphique ‘et couverture Jean-Yves Grall ‘wise en page Jean-Yves Gell tMlustrations Frederic Mazuy e ‘Mare Vorobiett Relecture et correction ‘Madeleine Biaujeaud Fabrication ‘Martine Toudert Index ‘Mare Dannenbotfer: Photogravure ‘Nard Compe Romerciemerts & Robert Kandel, Marie Uise (Cig ot Michel Durand Toute reproduction ou rprisntaven integrate Ou pale, pur quetive pret cere tte cnt den rset curred it ls prop te edhe fst stctoment intr @LANOUSsE 2008) Yves Sciama le changement climatique une nouvelle ére sur la Terre LAROUSS nt-propos 4 Un apport de notre atmosphere Les gaz a effet de serre Une histoire tumultueuse Un acteur climatique décisif et sel La production industrielle Prévoir le climat _ Le probléme de I'énergie Le GIEC, un expert mondial du climat Relever le défi climatique ~ Les modéles _ Objectif: moitié moins d’émissions 26 _Le protocole de Kyoto a Les énergies renouvelables Se désintoxiquer des transports le vie vie yur une autre société Plus d'événements extrémes? La montée des eaux Les scénarios catastrophe Vers le naufrage des écosystémes? Changement climatique et santé Changement climatique et agriculture Les installations humaines Un peu de géopolitique Bibliographie Adresses utiles Index Crédits des illustrations t 408 412 16 16 120 123 124 125 128 est désormais achevée. En 1995 encore, il ne s'agissait que d'une hypothése scientifique, dont adversaires et partisans s’affrontaient dans les revues scientifiques. Mais, en juin 2005, aprés dix ans de recherches acharnées, les académies des sciences de onze grands pays (dont plusieurs gouvernements sont hostiles a la limitation de leurs émissions de gaz a effet de serre, comme les Etats-Unis, la Chine, I'Inde ou le Brésil) diffusent un communiqué commun. Uélite scientifique mondiale y affirme que le réchauffement climatique est stir, que la responsabilité des activités humaines est avérée, qu'il faut agir d'urgence Le débat est donc tranché, méme si l'immense complexité du phénoméne laisse amplement matiére a recherche et a toutes sortes de nouvelles décou- vertes surprenantes. C'est a présent la phase politique qui est ouverte: il faut, en fonction de ces découvertes, modifier nos modes de vie, de produc- tion et de consommation. Car un climat en évolution rapide nécessite de cofiteux et complexes efforts d'adaptation, chérement payés par la collectivité (et probablement hors de portée d'une bonne partie des Etats de la planéte). Sans cela, le climat profondément déstabilisé serait gros d'emballements imprévisibles et catastrophiques. Les populations semblent conscientes du probléme, toutes les enquétes en attestent. La classe politique mondiale a enfin accepté cette nouvelle donne scientifique — mais pour I'instant, sous la pression d'intéréts privés, cette acceptation est restée verbale. Les mesures prises ont été timides, voire symboliques: les émissions mondiales de gaz a effet de serre conti- nuent toujours a augmenter rapidement. Or le temps presse: chaque année, ce sont des milliards de tonnes supplémentaires de carbone que nous déversons dans |'atmosphére. Pour optimiser nos chances d'une sortie relativement douce de la nasse climatique, c'est au plus tét qu'il Ven intensifiant tes pluies, fe changement faut enrayer, puis réorienter la ‘cimatique devrait multiplier les épisodes machine. Une course contre la diinondations, sans doute les avenements montre qui, sans la pression des ametboroleaiaant ie pls: decir citoyens, risque fort d’étre perdue Avant-propos Ml a a brutale irruption sur la scene mondiale du changement climatique @ Cicada (det quelques années sous les feux de la rampe. Ce phénoméne cimatique s'est imposé en peu de temps comme l'un des problémes id Uae inca pee Reo Tee eRe Mt Ge ceo NS Celae Cec mae CRON venu sur la scéne scientifique et eM ne Mea i le Cero TCM Mt uae ong ses mécanismes physiques, mais méme ey aloe ae ool cy de l'histoire de notre planéte. ‘Et c'est heureux. Car, sans cette comprehension, toute action préventive serait impossible. Sur ce cliché pris depuis la navelte Columbia, on voit que Se eee eatery propriétés optiques distinetes. C'est dans la partie basce ‘que se concentrent les gaz a effet de serve | L'effet de serre de notre atmosphére physiques de certains gaz atmosphériques. Ce phénomeéne naturel J Ueffet de serre qui agit sur notre planéte est dai aux propriétés est globalement bénéfique pour le vivant. Une transparence sélective Un moyen simple et & la portée de tous d’expérimenter la puissance de l'effet de serre consiste a entrer dans une voiture qui est restée longtemps au soleil La température élevée (voite insupportable) qui y regne s‘explique par une propriété articuliére des vitres du véhicule: il s'agit de la transparence sélective, qui, laissant circuler les rayons de lumiére visible, retient une , partie des rayons infrarouges, augmentant fix Nobel de chimie-e/i 1903 pour ainsi la température a l'intérieur du véhicule. ses travaux sures solutions aqueuses, Svante —-Plusieurs gaz de |'atmosphére ont la m&me ‘Arrhenius est.un des eect verouireus te propriété, et ce comportement optique Hefiet de sere, dent avait wale Famplewr 2 importantes conséquences m8 aN pour notre planéte... Le rayonnement que la Terre recoit du Soleil est constitué 440 % de lumiére visible, 410 % de rayons ultraviolets et 50 % de uu a fayons infrarouges. Une bonne partie (la fl d gten moitié) du rayonnement solaire est absor- bée dans l'atmosphére. Le rayonnement restant arrive au sol: il est alors majoritai- tement transformé en rayons infrarouges, un type de rayonnement que les gaz dits J «a effet de serre» de notre atmosphere absorbent, ce qui provoque leur échauffe- ment. En realité, les changes d’énergie entre la Terre, son atmosphere, son étoile et l'espace environnant sont un peu plus complexes que le bilan simplifié que nous venons d’énoncer, C'est que, en fonction de leur nature et de celle des obstacles quills rencontrent, les rayonnements ont dos dovenirs variés. tls peuvent étre réfle- chis, abssorbés (totalement ou partielle- 10 tase fayonnemmnt olaire dee onyde de carbone, vapeur d'eau, methane, oxyde, pitreu, CFO) Te est accentué par les activites humaines productiices de dioxyde de carbone et de methane, principaux gaz Impliqués dans ce phenoméne (plusleurs autres plus rates sont également incriminés), ee er ment), et leur bilan énergétique est parfois perturbé par des phénoménes divers (par exemple la condensation de la vapeur d'eau presente dans |'atmosphére). Mais, conformément aux lois de la physique, ensemble finalement s'équilibre, ‘atmosphere terrestre restituant la totalité de l'énergie recue du Soleil Un phénoméne bénéfique, s'il reste limité Veffet de serre est fondamentalement un processus bénéfique a la vie: en son absence, la température moyenne de notre planéie serait de -18 °C, et l'on peut douter que, dans ces conditions, des formes de vie organisées puissent se développer. Mais point trop n’en faut! La planéte Venus, par exemple, souffre d’un effet de serre débridé, alors qu'elle ressemblait beaucoup a la Terre lorsque ces deux planétes étalent encore jeunes La température de surface y est d'environ 400 °C (une chaleur a laquelle aucune forme de vie connue ne résiste!): pour I'essentiel, ce n'est pas parce que Venus est plus proche du Soleil que la Terre, mais bien parce que son atmosphere est composée 495 % de dioxyde de carbone (CO). Veffet de sere ERR Les gaz a effet de serre Plusieurs gaz ont pour propriété de réchauffer notre atmosphere. Certains existent dans l’air depuis des millions d'années, alors” | que d'autres sont des créations humaine: | Le dioxyde de carbone sur la sellette Il existe plusieurs gaz a effet de serre (dits : GES). Leur effet sur le d- mat dépend de différents facteurs : leur efficacité 4 absorber les infra- rouges, évidemment, mais aussi leur longévité dans l'atmosphére, leur abondance et "importance des apports humains dans leur concentra- tion, On considére en général que le plus important d'entre eux est le dioxyde de carbone, ou CO, (dit aussi gaz carbonique), qui conitriaue A hauteur de 40 % al'effet de serre total. Ce gaz représente 0,038 % de |'atmosphére (soit 380 ppm), ce qui peut sembler trés faible. Tou- ‘ties par million en volu- me Done 1 pprnw équi- 0,000) %, done Nerden tee Pour les gaz pls rares ‘on parle de ppbv, parties | rill (en engl tefois, lorsque l'on sait que l'atmosphére est constituée & 99% d'oxy- | ilfon| en volume gene et d'azote, des gaz transparents au rayonnement infrarouge, on comprend que tout se joue dans le 1% restant. La concentration de CO; a augmenté d'en- viron 30 % depuis le début de l’ére industrielle, ct il faut savoir qu'une molécule de CO; peut EM CORR une eee cee ‘transport 2a [ntrnportanee de l'eau Le premier dos gaz heffet de serre, et un des moins mentionnés, est la vapeur d'eau. La cobicentration atmosphérique de'ce gaz est plus Gevée que celle des GES. (0,3 %)-Ueau ‘est Impliquée & environ'59 % dans l'effet de ‘serre, Mais, yu son abondance sur notre planéte, Viinfluence humaine peut étre considérée “comme néeligeable sur sa concentration, ie itant que eau ne séjoume pas longtemps is Fatmosphére; 8 a 15 jours: see du protoxyde d'azote, ou N,O (0,3 ppmy), et de l'ozone, ou O, (0,03 ppmv) Le methane absorbe les infrarouges avec une redoutable efficacité: 20 4 50 fois mieux que le dioxyde de carbone. En autre, I'homme accroit sa concentration plus rapidement encore que celle du CO, : elle a plus que doublé depuis le début de Heureusement, le méthane a une durée di environ une décennie. Ce n'est pas le cas 120 ans (et qui absorbe 253 fois plus de rayonnement que le C Quant a l'ozone, sa chimie complexe fait puis de se reconstituer. La part strictement humaine de sa concentration est pour instant difficile a évaluer, mais ce qui est atmosphere alors que sa concentration dans la stratosphere (@ plus de 12 km du sol) est en baisse: c'est le fameux trou d'ozone, un phénoméne a ne pas confondre avec le réchauffement, meme si des liens entre les deux pro- cessus existent. Les créations humaines Enfin, il existe une série de gaz, créés par § l'homme, dont la concentration atmo- sphérique peut sembler infinitésimale (les émissions sont 1 million de fois plus fables que celles de CO:), mais dont le tle climatique n'est pas négligeable. || s'agit principalement d'halocarbures les CFC (chlorofiuorocarbures) et les HFC (hydrofluorocarbures) sont les plus connus d'entre eux. Ces gaz ont un pou- Voir réchauffant trés important et, de par leur stabilité chimique, une durée de vie dans "atmosphere _particuliérement longue, pouvant aller jusqu’a plusieurs milliers d’années, rester dans atmosphere prés de 2 siécles! Le temps de séjour atmospherique des x: effet de serre est un facteur crucial: de lui dépend l'inertie du systéme. La durée de vie des GES implique que le cimat sera long a réagir, meme si nous réduisons nos émissions Méthane, protoxyde d'azote et ozone ‘Trois autres gaz interviennent chacun pour 2 % dans le processus d'effet de serre. Il s'agit du méthane, ou CH, (1.8 ppmv), industrielle. ie vie dans l'atmosphere relativement courte: du protoxyde d'azote, qui y réside durant y quill est sans cesse en train de se dégrader certain c'est qu'elle augmente dans la basse ‘Les pulssants gaz a effet de serre contenus ‘dans cette veritable ner de vieux réfrigérateurs ‘vont peu A peu, & mesure que la corrosion fait son eeuvie, gagnet latmosphiare: c'est un exemple de I'« effet retard » qui caractérise nos actions ‘ut le cimat. Leffet de serre [EM Une histoire tumultueuse Dans le passé, la concentration en gaz a effet de serre | a beaucoup varié: ils peuvent en effet étre libérés ou stockés par | divers processus géologiques (sédimentation, volcanisme...).__ | indispensable étude du passé Ajgullonnée par l'inquiétude climatique, la science des climats du passé, ou paltoclimatologie, fait actuellement de rapides progrés. ll est en effet indispensable de définir précisérrent les conditions qui régnaient autrefois sur notre planéte afin de dbcrypter les mécanismes 2 I'ceuvre aujourd’ hui - des mécanismes nombreux contradictoires et complexes. Et cela est d'autant plus vrai lorsqu’on s'efforce de mettre "} pyigbes dans ces carottes de glace stockées & basse température, de minuscules bulles ie Vatenbsphive terréstre dus passé révélent la fagon dont sa composition a varié dans le temps. ces processus en équation pour pouvoir en prédire I'évolution. Mais le elimat ne livre pas facilement son histoire i] faut disposer de nombreuses données pour en avoir une Image fine (température, précipitations, vents, humidité, niveau et éventuels courants marins — sans compter les possibles variations saisonniéres!). Les paléoclimatologues ont donc développé une boite a outils aussi remarquable que divetsifiée, qui leur permet d'essayer d'approcher le passé de notre planéte. Différentes sources d'information En premier lieu, les carottes de glace sont capables d'offrir une veritable mine d'informations, dont la richesse est encore en cours d’exploration. Les glaciers et sur- tout les calottes polaires se forment en effet par des chutes de neige, dont |'empilement génére une pression suffisante, au bout d'un moment, pour former de la glace. Ce mécanisme piége des bulles d’air, un air quill est possible de récupérer pour 'analy- ser en broyant ladite glace dans des conditions de laboratoire. Autrement dit, la glace effectue un veritable échantillonnage direct de l'atmosphere, et met ensuite obligeamment ces archives & la disposition des scientifiques | La récupération de ces données reste cepen- dant une grande aventure, supposant des forages trés profonds (plus de 3 km!) dans des zones polaires hostiles. Cette technique a permis d'obtenir des renseignements détaillés sur |'évolution climatique et atmo- sphérique du dernier million d'années. Les sédiments marins et, dans une moindre mesure, lacustres sont également une importante source de données. On y trouve généralement beaucoup de débris d'orga- fiismes, car les étres vivants se décomposent moins facilement dans l'eau que sur les continents. La composition chimique de ces restes renseigne sur les conditions qui régnaient de leur vivant (abondance d'oxy- gene, de carbone, température...). Videntité des ofganismes dont ils proviennent donne aussi des renseignements: on sait par exemple que tel mollusque fréquentait les eaux chaudes, ou que telle algue unicellu- laire ne se développait que dans les milieux bien oxygénés. Les grains de pollen donnent également une bonne idée des flores et donc du climat. Une atmosphére moins chargée en CO, Mais, plus on s‘éloigne dans le temps, plus les indications deviennent imprécises. Les fossiles sont plus rares et plus détériorés, les mouvements de la cradle terrestre provoquant une destruction et un renouvellement permanents des fonds océaniques. On sait néanmoins que l'histoire de la Terre a commence il y 4 4,5 milliards d'année effet de serre [°c] Ge fossle de libellule, piégé dans dec oirents cr Tattacé, donne, parsa présence, de précioux renseignements surle climat qui régnait & son époque: probablement dans une atmosphére surchautfée, chargée de dioxyde de carbone et de vapeur d'eau, composés qui ont provoqué un niveau d’effet de serre jamais retrouve depuis par notre planéte. La vapeur d'cau terrestre s'est ensuite condensée, produlsant un vétitable déluge, 4 'origine des océans. Puis, sous I'ac- tion des étres vivants, l"effet de serre a continué de di- minuer, grace & la réduction progressive du dioxyde de carbone de I'atmosphére. Ce carbone a été progressi- vement stocké: d'une part, sous forme de gigan- tesques bancs de calcaire, formés au fond des océans par l'action conjointe d'un type de bactéries (les cya- nobactéries) et dlorganismes A coquille, et, d'autre part, par la végetation, Les gisements de charbon, de organique se sont empilés, processus qui a Isolé peu & peu leur carbone de l/atmosphéte. Linfluence de facteurs géologiques Cette réduction de l'effet de serre s'est combinée @ un réchauffement du Soleil, dont la puissance de rayonnement s'est accrue d'environ 30 % a mesure qu'il est passé du statut d’étoile jeune a celui d'adulte. Les conditions a la surface de la Terre sont done restées relativement stables. Il faut toutefois noter que des épisodes volcaniques peuvent remettre en circulation une partie du carbone stocké dans le sol. Ainsi le crélacé supérieur, ily a 80 millions d'années, aurait été la période la plus chaude de l'histoire de notre planéte a la suite d'une phase volcanique intense (générant un taux de dioxyde de carbone atmosphérique trois fois supérieur a l'actuel). On pense que la Terre aurait alors #6 de 6 A 10 °C plus chaude qu'aujourd'hui. A inverse, l'apparition de montagnes peut teduive la charge atmosphérique en CO, par des réactions chimiques d'altération des roche, réactions qui stockent du carbone. La formation de I'Himalaya, ily a 10 millions 16 pétrole et de gaz naturel proviennent d'anciennes foréts dont les restes chargés en matiére bs} ta formation de cos falalses de calcaire sous l/action d= micro-organismes marins a permis de retirer de Vatmosphare d’énormes quantités de dioxyde de-carbone diannées, aurait divisé par deux la concentration atmosphérique en Ci {u telatif refroidissement global qui caracterise notre ere géologique Ta Terre boule de neige Geta scienttques pensent quil y @ quelque 700 millions d'ahriBes notre planéte aurait eunnw 1m episodes au cours desquels elle durablement et entidrement englacée = des épisodes qu'il d&ctivent par (expression iinagée + Terre boule de neige » Snowball Earth). Un des mécanismes és est celui dun emballemient vers 4 froid, provoqu ,, contribuant ctuelle. par une croissance des calottes polaires: celles-cl auraient alors réfiécht une. part toujouts plus grande du rayonnement solajfe, ageravant en retouc fe refroidissement. Notre planéte se sévalt finalement stabilsée a une température de 40°C... jusqu’a un Episode volcanique masail qui aurait remis en circulation assez de CO, pour réchauifer la planéte et faire fondre la glace, Ueffet de sere EM Un acteur climatique décisif Parce qu'il amplifie les effets des variations d'ensoleillement sur le climat, l'effet de serre joue un r6le climatique majeur, et non pas marginal. Le climat sous de multiples influences Lies sclentifiques savent depuis longtemps que leffet de serre a une influence sur le climat, puisqu'll modifie léquilibre thermique du systéme Terre/atmosphére. Mais "im- portance de cette influence a fait débat durant des décennies. Aprés tout, bien d'autres facteurs sont susceptibles de modifier le climat, et d'une maniére que l'on pourrait iuger plus décisive que leet de serre. Acommencer par la quantité de rayonne- ment solaire recu. Celle-ci varie en pre- mmier lieu en fonction du Solel lui-méme, dont la luminosité se modifie: il rayonne aujourd'hui plus énergiquement quill y a quelques milliards d’années, et il connalt en outte des pics d'activité périodiques. Et puis la quantité de rayonnement solaire recu depend également de lorbite de la Terre, soumise A des variations cycliques: cette orbite forme notamment une ellipse alus ou moins allongée, qui éloigne fu bien rapproche notre planete de son astre, au rythme de ses oscillations Llinclinaison de axe de la Terre par rapport au plan de Vorbite varie égale- Titer Gates ce oe ment. Toul cola affecte la répartion du Hi Tarte, Mais ces changements ne suffient pay. rayonnement solare selon la latitude et la I expliquer les évotiions matiques. saison. Le climat est influencé. en outre, parla tectonique des plaques, cest-a-dire la forme et la position des continents. Ainsi l'existence actuelle d'un continent au pole Sud, en permettant la formation d'une calotte de plusicurs kilométres d'épaisseur, 2 fetiré du cycle de l'eau l'equivalent de 120 m d’épaisseur d'eau océanique sur la plant, ce qul est pas néigeabe (au pole Nord, ob il ny apas de continent nquise ne dépasse jamais quelques metres d’épaisseur). De méme, la formation de chalnes de montagnes comme |'Himalaya a généré des phénoménes climatiques impor- tants, tels que les moussons. Enfin, la position des continents, en modelant les courants mains, pose également sur les échanges thermiques de la plandte T] ("%] Au-cours des 450 000 demieres années, la courbe de la température mayennie sur terre a toujouts été lo & celles des émissions en dioxyde de carbone et en méthane — c'est en tout cas ce-que nous 1évélent les glaces de 1 fe. Déverser d'énormes quantités de ces deux gaz, comme (0s le faisons actuellement, a donc toutes les chances de réchauffer rapidement notre planéte. Une courbe accusatrice Mais, en 1999, la revue Nature a publié les résultats des analyses des premieres carottes de glace prélevées dans I'Antarctique. II en ressort que, depuis 500000 ans, la courbe des températures suit de prés celles de la quantité de CO, et de méthane, les deux principaux az A effet de serre générés par les activités humaines, La courbe est paralléle aux cycles ‘astronomiques de 'ensoleillement: ; mais les changements d'ensoleillement subis par la /planéte sont trés faibles. Ce que nous apprennent donc ces données, c'est que leur impact est amplifié, et que cette amplification pro- vient de l'effet de sere. Celui-ci provoque donc ce qu'on appelle une rétroaction posi- tive sur 'augmentation de la température. On en ignore encore les mécanismes exacts, mais plusieurs hypothases sont envisagées par les scientifiques. On sait ainsi que les eaux océaniques dissolvent mieux le CO; lorsqu’elles sont froides. Un réchauffement, méme faible, provoque sans daute une libé- ration de CO,, qui en retour accentue le réchauffement... Des phénoménes analogues peuvent étre proposés pour le methane, Letfet de serre joue donc un réle déterminant dans fe climat mondial Leffet de sere EM CL a prévision du climat est sans doute un des trés grands unsere Til d'un nombre trés élevé de disciplines, Ce CeAU Mee sl alclare lu tela Tocy TT Um ee CMU og Cettela) CMe euce ie curcng difficile d'étudier. Les ch commencent néanmoins a oe eum UL fei qu'il nous faut anticiper le SoTL eu Mc MeL MLL Cel Te eli CM aay ee err on: Le GIEC, un expert mondial du climat T La complexité des problémes climatiques a donné naissance | a une structure originale d'expertise, le GIEC, chargée d' informer [ public et décideurs de l'état des connaissances. Des centaines de scientifiques issus de 170 Etats La principale source-d'informations scientifiques de qualité sur le réchauffement climatique (ailleurs abondamment utilisée pour la rédaction de cet ouvrage) est le GIEC, le Groupe intergouvernemental sur |'évolution du climat (Intergovernmental Panel on Climate Change ~ IPCC en anglais). Compte tenu de |'importance des enjeux, cet organisme merite d’étre présenté, ne serait-ce que pour justifier la crédibilité de ses analyses. Le GIEC, fondé en 1986 par |'Organisation météoralogique mondiale (QMM) et par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), n‘est pas un organisme de recherche. II s'est donné pour réle « d'expertiser I'information scientifique, technique et socio-economique qui concerne le risque de changement climatique provoqué par l'homme ». Cela consiste & fournir, & intervalles réguliers, des rapports qui résument l'état des connaissances scientifiques sur le climat a un instant donné Pour ce faire, le GIEC fait appel 4 une centaine de scientifiques faisant référence dans leur discipline et représentant au mieux la diversité des 170 Etats membres. Vu le . caractére trés interdisciplinaire de l'expertise climatique, ces scientifiques sont aussi bien climatologues que géographes, économistes, démographes, glaciologues, physiciens de l'atmosphére, etc. Des rapports unanimes Ces spécialistes prennent connaissance de 'abondante littérature scientifique relevant de leur domaine, puis rédigent des rapports, qui sont ensuite diffusés & la communauté des spécialistes (plusieurs milliers d’individus) afin que ces derniers puissent en prendre connaissance, émettre des réserves, faire des suggestions, etc Ces réponses sont collectées, examinées et, s'il y a lieu, intégrées dans les rapports. Les rapports sont ensuite soumis au vote de l'assemblée générale du GIEC 2 i] sous une allure de boule de cristal, cet apparol sert A mesure Vintensité di rayonnernent solaire Tobjectif est bien de prédive l'avenir du chmnat. Cette assemblée comprend, outre des scientifiques, des représentants politiques des Etats membres (patmi lesquels figurent les Etats-Unis, la Chine ou |'Arabie saoudite). Pour Bre adoptés, les rapports et les recommandations doivent recueillir 'unanimité des voix @ qui a toujours été le cas jusqu’a présent Des données publiques de référence | Les experts qui travaillent pour le GIEC le font bénévolement; en contrepartie, ils bénéficient d'un grand prestige au sein de la communauté scientifique. te dernier rapport du GIEC, qui remonte 4 2001 (souvent désigne par les initiales TAR pour « Third Assessment Report »), peut donc véritablement étre considére comme In synthése de référence en matiére de climat. Bien que de nouvelles données soient apparues depuis, ses conclusions sont toujours considérées comme valides par la communauté scientifique. ; , les rapports du GiEC sont disponibles en langue anglaise sur internet (www.pec.ch} ‘On trouve également sur ce site des « résumés a l'attention des décideurs », bien plus lisibles, et tradults en plusieurs langues. Le rapport 2001 comportant plus de 800 pages, intérét de disposer de résumés courts mais complets saute aux yeux. Prévoir le climat [a Les modéles Des simulations informatiques, soigneusement édifiées & partir des lois de la physique, permettent d'anticiper le climat futur de Ja Terre. Uatmosphére découpée en cubes Comment obtenir des informations sur le comportement de notre plandte d'ici 50 ou 100 ans? Confrontés a |"impossibilité de faire des expériences en conditions réelles, les scientifiques en sont réduits a construire des modéles, c‘est-a-dire & simuler par des programmes informatiques le comportement de l'atmosphére. Pour ce faire, ils divisent celle-ci en. un nombre fini de points, ou plus exactement de volumes, des sortes de « briques » dont la taille varie selon la précision du madéle. Ces « briques », généralement nommées « mailles », ont en général 200 a 300 km de cété dans les modéles globaux, moins dans les modéles régionaux. Elles font habituellement 1 km de hauteur, Les conditions en vigueur dans chaque maille (température, humidité, pression, concentration en tel ou tel gaz, salinité de la mer...) sont définies pour I'état initial du modéle (cet état initial est souvent la situation actuelle, ou celle de 1990, année de référence des accords interationaux). 'évolution & partir des conditions Initiales est régie par des systémes d’équations qui cherchent 4 appracher au mieux les phénoménes naturels: diffusion des gaz, conduction de la chaleur, proptiétés optiques de l'air, etc. La suite des expériences consiste faire fonctionner les modéles, et a observer le comportement du systéme pendant des durées définies, jugées signifi- catives (il s'agit souvent de plusieurs décennies). Différentes techniques de modélisation Il existe une quinzaine de modéles globaux reconnus par la communauté internationale, parmi lesquels on peut citer: celui du Hadley Centre britannique; les différentes versions du Community Climate Model ou CCM, développées au National Center for Atmospheric Research aux Etats-Unis; celui de |’ Institut Pierré-Simon Laplace (IPSL) en France ; celui du Potsdam institut fur Kli- mafolgentorschung (PIK) allemand ; et, sur- tout, celui du Centre européen de prévision météorologique & moyen terme (CEPMMT ou ECMWF), basé en Angleterre, mais européen. Vu limpossibilité de représenter tous les phénomenes a I'ceuvre, la science du modélisateur consiste & bien choisir les phénoménes qu'il intégre dans son modéle et ceux qu'il laisse de cété, considérant que 09 derniers sont négligeables relativement 40x premiers, Il faut bien sdr également que Jos équations représentant les processus a |'aeuvre restituent au mieux la réalite | Cost sur ces différents points que les divers logiciels existant actuellement se distinguent los uns des autres. Unanimes sur le réchauffement Pour valider leur travail, les modélisateurs testent leurs logiciels sur les climats du) passé. Les scientifiques disposent par exemple de séries plus ou moins complétes de tompérature et de pluviométrie depuis les années 1860, qui servent de référence pour vlider le bon fonctionnement des modéles. 1! est intéressant de noter que, malgré la diversité des laboratoires et des choix scientifiques, les résultats des modélisateurs sont souvent assez homogénes, notamment sur la question des températures, ‘Auicun des modéles actuels, par exemple, ne prédit une température stable a I'horizon 2100. De méme, Il n‘existe pas de modéle qui parvienne a expliquer, par la seule intervention des phénoménes naturels, le réechauffement de 0,6 °C observé a l'échelle iy globe depuis un siécle : la responsabilité humaine est avérée. i 8 Fath Q : : [9] hes modafes climatiques découpent 'atmosphére en une série de + cases » dotées de propriétes “ eit le Sec sue. Mecievert ae Leurs interactions sont ensuite aileles par des Equations ral . us les cases sont petites, pus le modele est précis phiquement... mais plus il eansomme de puissance de calcul Prévoir le climat (EM eer jorie du chaos} ie qui sintoesse De nombreuses incertitudes ‘ seeks notamment le piancton, ne parviennent plus aussi bien qu'auparavant & absorber le carbone. | (Geosysteme) ‘Ensemble constitue a. nails Je bop Le probleme des foréts Des interrogations analogues portent sur les écosystémes quantités de carbone. Une des raisons est qu'elles connaissent depuis plusieurs décennies une période de forte productivité, probablement parce que l'excts de CO, agit sur la végétation comme un fertilisant gazeux terrestres. Les foréts stockent aussi, chaque année, d'importantes Else promi feo totrmcodenns (tr apres) consacrée au réchauifement global nine souvent Is exeas, il reste que les scientifiques n'exciuent: de cérvarios ci rophiques ef cas d'emballement climatique. 8 _ Cee ere ‘Mais cette croissance pourrait finir par s'interrompre, voire se muer en décroissance a2 Quel climat demair Tia circulation thermohaline 2 : “plor i ‘aspiration Seen, a oe Sees ‘a circulat Serene) Ora mesure: ot Denes se anim Seemann” ‘perturbations au-dela, modifiant tous les ‘pte neti pratondeurs de Loctan se E ‘comporte a la facon d'un gigantesn ‘Transfire Ia chaleur des zones equatoridies Vers les ples. Les eaux chaudes se déplacent en ue convecteur ; la circulation thermohaline surface, se refroidissent dans les Hautes latitudes et s'enfoncenten profondeur au niveau des points de convergence (Arctique; Antarctique) ; elles se transfornent.en un courant {roid de fond, {qui einprunte fe trajet inverse: aa si par exemple l'aridité de certaines régions génalt I'absorption végétale et favorisait les incendies. Une telle évolution est LEXIQUE annonicée comme probable avant 2100 si aucune réduction d'émissions n‘est entreprise. Le danger des clathrates | D'autres dangers ont été identifiés. 'un des plus préoccupants vient d'étranges hydrocarbures, les clathrates (ou hydrates de méthane), qui sont des mélanges de méthane et d'eau, formés a basse température et a haute pression. Les clathrates sont stockés dans les sols geles en permanence (le permafrost) et dans des sédiments marins profonds. L’abondance de ces hydrates est colossale ; a 'échelon planétaire, ils représentent deux fois plus = de carbone que celui qui est stocké dans les combustibles fossiles. . Sj, par exemple, le permafrost se réchauiffait, la fusion des clathrates libérerait du méthane, un gaz a effet de serre bien plus puissant que le CO,, Pour l'instant, personne n'est capable de dire & quel degré de réchauffement climatique Ja fusion des clathrates débuterait, ni par quels gisements (continentaux? océaniques 2) Je processus commencerait. Mais il est certain que le réchauffement des océans et des continents en augmente le risque, et les archives sédimentaires semblent indiquer que le phénoméne s'est déja produit. | Un systéme instable qu’il est dangereux de perturber §i l'ensemble des phénoménes que nous venons de décrire est @ntaché d'incertitudes, il faut nganmoins retenir que le climat ‘pst un systeme complexe et Instable, soumis a de nombreux ‘effets de seuil pour l'instant |mprédictibles. Pour autant, depuis environ 10000 ans, il est resté remar- quablement constant, et cela a largement été avantageux a ‘hotre espéce, puisqu’elle en @ profité pour coloniser I'en- | semble de la planéte. Plus nous ee caitors d'éléments per- ibateuts, plus nous courrons ‘Ae risque d'un basculement — est un peu comme si nous Wécidions de nous lever et de [tee bulles dat plegees dans ce fragment d'une carotte fous agiter en tous sens 4 bord Wun canoe instable sans avoir ‘e glace nous donnent la composition aimosphérique de Trannée 1819, année ol) celle-ci s'est formée. _Jamais manié un tel engin... Quel climat demain? errata elu ody Prec Coe heel LCR Weal Coal Pre Mee et Ue cst a er ene meen oe Me lash ae) hic mc comrCece MU mec URC nase ec mcne- Maar- Ur Cenacle seein ce (aul ue Colai nécessaires, Or |'adaptation a des condi- NICMAS ol SMS el Mar Reo eas Mii e keel aoa Cone ad des &checs. Des climatologues de renom ont émis I'hypothése que c'est grace a Mc ueuutl ee cul kerccUc) Pee eee 10.0, ad que les civilisations humaines ont pu PT acme ures eee Lela Nee CCR cg aero cela tions changeantes de l'avenir? — TT eo nut nauk Res UO ruc ee na Vers le naufrage des écosystemes ? la vague d'extinction provoquée | | i est difficile de dire comm: | par le réchauffement climatique modifiera les services que | nous rendent les milieux naturels. | Une nature trés généreuse On sous-estime généralement les services rendus aux sociétés humaines par les milieux naturels, tout simplement parce que ces services sont gratuits. Ainsi, les écosystémes océaniques nous foumissent chaque année enviton 80 millions de tonnes de poisson des milliards de micro-organismes recyclent nos déchets organiques en nutriments similables par les plantes; foréts et prairies retiennent les sols et l'eau, nous protégeant des inondations, des glissements de terrain et de I'érosion; des étres vivants synthétisent d'innombrables molécules nécessaires a notre industrie, Si les écosystémes régressent et que le vivant se réduit en diversité, leur capacité & nous rendre ces services s'affaiblira inéluctablement, et ce sont les étres humains qui en feront les frais Des écosystémes en plein bouleversement Or les écosystémes sont d'ores et déja soumis 4 rude épreuve. Les biologistes s'accordent a considérer que nous sommes entrés dans une période d'extinction des espaces vivantes, dont le rythme est d’au moins 100 fois supérieur a la normale. Certes dans cette situation, l’effet du climat est pour I'instant marginal. Mais nous n’avons encore été confrontés qu'a une fraction modeste du réchauffement attendu Et, pourtant, ses effets sont déja considé- rabies: en 2001, le GIEC he disposait que de 21 articles attestant de modifications liées au climat dans les écosystémes. Début 2005, les experts en recenseient plus de 1000! Des espéces qui se déplacent Le vivant est déjé entré dans une ére de bou- leversements: on suppose qu’environ 50 % des espéces ont modifié leur aire de réparti- tion ou leurs rythmes biologiques au cours des demitres décennies (étude parue dans Nature), et, dans la majorité des cas, ces changements sont en relation avec le téchauffement. Par exemple, beaucoup d'especes s'observent aujourd'hui a des lati- 48 2 (Ss) ce développement explosif de I'algue Caulerpa taxifolla (comme celul d'autres organises Tropicaux) en Méditerranée est favorisé par le techauftement cimatique ludés plus élevées qu’auparavant. Cela est vrai sur les continents comme dans les océans. Ainsi, de nombreuses espéces tropicales sont en train de s'acclimater ‘en mer Méditerranée: la plus célébre est I'envahissante algue Caulerpa taxifolia lui colonise déja les eaux d'une demi-douzaine de pays; mais c'est aussi le cas te poisons ou de mollusques. Une étude, basée sur 39 espéces de papillons européens et nord-américains, a démontré une progression globale vers Je nord, en 23 ans (200 km pour certaines espéces). Plus impressionnant encore 12 espéces d’oiseaux britanniques ont progressé vers le nord de 18,9 km par an fon moyenne sur les derniéres 20 années. On signale aussi que certaines plantes sont fon train de disparaftre du sud de I'Europe et que l'on assiste a une monte en altitude des écosystémes de montagne, aussi bien dans les Alpes qu’en Asie (/apon notam- ment). En méme temps, les especes s'adaptent en modifiant leurs rythmes biologiq) at germination et Ia floraison sont déja anticipées de 5 jours en moyenne a I'éche! Ja planéte. De méme, une partie des olseaux migrateurs quitte les lieux d'hiverna, plus en plus tot, Ces modifications touchent "ensemble du vivant, depuls les @tres un! (allulaires jusqu'aux mammiféres, en passant par les invertébrés ou les plantes Les impacts sur "homme MM Trouver une place sur terre II n'est pas toujours possible a une espéce de migrer pour retrouver des conditions de vie compatibles avec sa biologie. Uhomme a en effet considérablement fragmenté les rnilieux naturels, érigeant toutes sortes de Ten bordure des cotes Lesimangroves et les autres cOtiéreé: oceupent actuelle ‘{ million de km* dans fe marie. Ce sont _ Mes zones dant la productivite biologique est (fes eleyée et qui jouent notamment Us role barridres. (villes, voies de communication, | 0 ee des organises zones d'agriculture intensive...) 2 plus des 2/3 des:poissons Rs Parexemple, il peut s'avérer impossible pour més par homme les fen ; ene = une espéce de mollusque menacée par la = Ae tour cyde de vee. c issent a présent une jan in sécheresse de gagner un mille plus favo gamete Rl Soe an rable éloigné de dizaines de kilometres. Pour mmeeindiite par le réchauffement pourrait certains animaux, il n'y aura d’ailleurs plus | “bjen)en lesnoyant exctderleure capacities de milleux favorables nulle part sur terre. i Cela auralt wh krmpact Ainsi, une hausse de température de 2 °C osystémne océanique: provoquerait la disparition compléte des = glaces arctiques en été, ce qui détruirait tout un écosystéme, dont l'ours polaire est 'embleme. On pense également qu'une telle hausse provoquerait le dépérissement de 97 % des coraux de la planéte, car ce sont des organismes trés sensibles sur le plan thermique. Elle porterait aussi un coup sévére aux poissons inféodés aux eaux fraiches 50 % des salmonidés (truites, saumons....) américains n'y survivraient pas, et le chiffre serait sans doute le méme pour | Europe. Et puls, il ne faut pas oublier que les écosystémes sont faits d'ajusternents fins des espéces entre elles. La plupart des insectes, par exemple, éclosent au moment ot leur ressource alimentaire est abondante, qu'll s'agisse de pollen, de jeunes feullles, de fruits... Si la floraison est anticipée de 15 jours, cela peut étre lourd de conséquence: pour eux! Et il en va de méme pour les oiseaux dont le retour de migration est ajusté a la présence de ces mémes insectes. Des seuils critiques relativement bas Existe-t-il un seuil de réchauffement a partir duquel la capacité des écosystémes & nous nourrir, a éliminer nos déchets, 4 stocker notre carbone, a filtrer notre eau, etc., sera compromise? Deux degrés supplémentaires, on |'a vu, suffiraient a générer de trés importants changements. Trois degrés provo- [Mangrove] queraient, entre autres, la perte de 60 % des espéces méditerra Foxit amphibie & paltw-| néennes, ou de la quasi-totalité des écosystémes de montagne viers qui se développe sur) Mais il y a aussi ja question du rythme: 50 % des écosystémes ela es sont capables de s‘adapter a un réchauffement de 0,1 °C par Dertodsiey) micas. | décennie, mais seulement 30 % résisteront a 0.3 °C (autrement Sediteune espace adaptte| dit, a + 3 °C par siecle). Enfin, si, par malheur, nous devions un cadrede viespectique.| atteindre 0,4 °C, tous les écosystémes se détérioreraient rapide- [Opportuniste] ment, dominés par un nombre limité d'espéces agressives ct ‘@ dit en partiailer dune] opportunistes: un tel scénario provoquerait sans doute de plus ‘spice qui s'adapte bien} une importante libération de carbone, les écosystémes WK Greonstances di) pauvres » contenant généralement moins de matiére orga- nique que ceux qui sont trés diversifiés. sires mvament 50 La mise en place de bariéres b construction d’infrastructures de des individus les échang « genetiques qui per iifrenchissables pour la faune et la lore (par exemple par transports) fragile les écosystémes, en empéchant la circulatior nt aux especes de resister Les impacts sur I'honime Changement climatique et santé L'adoucissement des hivers ne compensera pas les dégats des maladies infectieuses en expansion, des canicules ou encore des sécheresses, des tempétes et des inondations Une prévision sanitaire difficile Dans Antiquité déja, les Romains savaient quill fallait passer I'été dans les montagnes pour échapper aux fiévres, Linfluence du climat sur la santé n'est donc pas une nouveauté. Pourtant, les conséquences sanitaires du changement climatique ne sont explorées que depuls quelques années. Les résultats ont néanmoins commencé a s‘accumuler, et "OMS (Organisation mondiale de la santé, rattachée a |'ONU) a récemment publié un volumineux rapport consacré au probléme. Mais les mécanismes a I'ceuvre sont difficiles a évaluer précisément. D'abord parce que la santé publique est sous la dépendance ‘étroite de facteurs sociaux: ainsi, malgré un climat relativement proche, les habitants de la Floride et ceux d'Haiti souffrent de maladies trés différentes. De plus, le changement clima- tique s'accompagne d'autres transformations : déforestation, ie LL ALTA modification des pratiques enone omen were veeponnels par a8ficoles, urbanisation, etc. ‘siemple les Vagues de chaleur il en France en foct 2003), ‘Il est donc délicat d'isoler ce qui reléve du climat & proprement parler. Et puis les particularités biologiques des microbes et de leurs vecteurs sont souvent trés complexes et susceptibles d’évolution Mortalité: baisse en hiver, hausse en été Beaucoup de grandes tendances ont néanmoins été identifiées. Les effets directs du réchauffement sont les plus faciles a appréhender: les épisodes de froid extréme, dans les zones tempérées, vont se raréfier, provoquant probablement un abaissement do 1a mortalité hivernale, A inverse, ‘augmentation de la frequence des canicules, ainsi que l'élévation de la moyenne des températures, induira une surmortalité 52 Won rc OU mGmunics zones ot le paludisme a dis a été éradiqué ou n'a Jama zones & risque limite zones 0b ly a transmission du pal (8) e patucisme attecte 1 mitiard d'res humains et tue 1 rillon de personnes par an les spéeialistes Dpensent-que in zone de risque est appelée a s'étendre avec le réchauffement cimatique Par exemple, I'exceptionnelle vague de chaleur de I'été 2003, qui avait fait 30000 morts ‘en Europe, représentera en 2050 un événement trés proche de la moyenne. kes conséquences de ces deux tendances z {plus de canicules, moins de vagues de froid). fn termes de mortalité, pourraient plus ou ‘moins s'équilibrer aux latitudes moyennes. ‘Une consommation d’eaux contaminées en hausse fin revanche, |'augmentation annoncée des phénoménes extremes n'aura que des fonséquences dommageables pour la santé Jumaine. Ce sont particuliérement les mala- les liges au cycle de l'eau qui causent des woucis aux climatologues: en effet, la yonsommation d’eaux contaminées caracté- {lye & la fois les épisodes de sécheresse et les Gpisodes d'inondations, ainsi que les suites Mouragans... autant de fléaux sans doute Aippelés a augmenter. Cette consommation ‘xpose les populations a de nombreuses Miladies infectieuses, notamment des “S| La dengue est une fievte vehicilée ce ot on fedoute l'extension en zone Hopicale Xii, deux enfants.atteints a I fievres hémorragiques de diverses sortes, et des pathologies comme le choléra, la typhoi de, la contamination par divers unicellulaires (shigella, giarda, etc.). Les inondations sont également connues pour favoriser la prolifération des rongeurs, animaux qui véhiculent un grand nombre de virus, ainsi que, entre autres, la tularémie et la leptospirose. Les vecteurs dopés par la chaleur En outre, les modifications de pluviométrie et de température sont déterminantes dans Vévolution du principal vecteur mondial de maladies infectieuses: le maustique. 5A Les quelque 200 espéces de moustiques sont associées 4 un nombre record de ma- ladies d'importance mondiale. C'est le cas de la malaria, ou paludisme (Anopheles gambiae), mais aussi de la dengue (Aedes ‘egyptii), de la fiévre jaune, du virus du Nil ‘occidental, de la fiévre de la vallée du Rift, ‘etc. Le climat est susceptible d’agir sur ces inaladies en modifiant le nombre de sites ‘de reproduction des vecteurs (multiplica- tion ou asséchement des mares), en mo- difiant leur période d’aetivité (nombre de : Jours par an au-dessus de 16 °C) ou en- : may ‘core en changeant la virulence du pathogéne |ui-méme. L'équation est dautant plus complexe que "on comprend mal pourquoi une espéce donnée ‘de moustique prend le pas sur une autre dans certaines circonstances, voire quelles sont exactement les interactions entre le moustique et le pathogene. ‘De méme, la tique, qui véhicule de nombreuses maladies graves, telles que la borréliose de Lyme ou certaines encéphalites, est elle aussi étroitement dépendante ‘des conditions climatiques. ‘Les spécialistes s'attendent globalement a ce que, avec un accroissement de la température et des précipitations, les maladies parasitaires conmaissent un certain développement. Beaucoup de modéles annoncent une recrudescence de la malaria, ui pourrait menacer quelque 200 millions de personnes supplémentaires méme avec une hausse modeste de la température globale (1,3 °C d'ici a 2080). ‘Méme si le chiffrage précis est difficile et la logique locale, complexe, une surveillance “Gpidémiologique étroite s‘impose, d'autant que le transport aérien provoque June circulation sans précédent des espéces de moustiques ‘Un probléme d’équité planétaire “Ehfin, par son impact sur |'agriculture et plus généralement sur I’évolution ee populations, le réchauffement climatique aura des conséquences sanitaires. Yabord parce que les zones les plus arides risquent de connaitre des problemes “Aectus de malnutrition. Et ensuite parce que des déplacements de population “Wsquent de résulter a fa fois de ia montée du niveau marin, et de l'asstchement “Wil menace certaines régions. Or ces déplacements génerent presque toujours de i graves crises sanitaires. Ce qui est certain, c'est que le changement climatique va poser avec une insistance crolssante le probleme de l'équité entre les habitants de notre planéte. Déja, en 2001, le GIEC avertissait que « dans l'ensemble, les effets des changements climatiques néfastes a la santé seront particuliérement marqués parmi les populations & faibles revenus, principalement dans les pays tropicaux et subtropicaux », $i 20 % de I'humanité devaient continuer a vivre avec moins d'un dollar par jour, il va sans dire que la lutte contre les dégats sanitaires du climat serait bien mal engagée. Les impacts sur ‘homme [a Mn peut aussi rencon- We parm eux des Changement climatique et agriculture agriculture mondiale va devoir s'adapter 4 des conditions nouvelles. Un défi particuliérement difficile pour les régions d'ores et déja déshéritées... Une stabilité climatique multimillénaire C'est Vraisemblablement la stabilité du climat qui a permis l'invention de l'agriculture et donc, par extension, apparition de toutes les civilisations humaines. Comment en effet savoir, si le climat est imprévisible, quels végétaux cultiver, quand les planter, quels animaux d’élevage sont capables de survivre, quels soins il faut leur apporter ? Toutes les techniques agticoles qui se sont transmises pendant des centaines de générations, depuis lirrigation jusqu’a la rotation des cultures, se fondaient 5 sur une certaine stabilité de l'environnement Les remarquables gains de productivité de I'élevage et des cultures qui ont accompagné le développement humain durant les deux demniers siécles se sont accompagnés d'une adaptation toujours plu étroite de lagricutture & son environnement La nécessité de s'adapter 4 de nouvelles conditions, changeantes, sera sans aucur doute un immense défi pour l'agriculture de demain. Des conséquences parfois positives Le vivant constituant son matériau de base, l’agriculture est une des activités humaines qui sera le plus affectée par le changement climatique. Pas seulement en mal, d'ailleurs: on peut dés aujourd'hui - Ee a =% estimer que certains tertitoires seront favorisés par les transformations en cours. « Pour un pays comme la Russie, affirmait ly @ peu Viadimir Poutine, un réchauffement climatique de 2 23°C pourrait atre profitable. » Les spécialistes s'accordent en effet a penser qu'une hausse de 1°C équivaut aun déplacement vers le sud d'environ 180 km. Sans doute une partie Ues régions froides et inhospitaliéres de la Sibérie ou du Canada, voire de la Scandinavic profiteront-elles de l'adoucissement annoncé, ainsi que de l'accroissement de la pluviométrie. II reste que la fonte du permafrost, pour l'instant, génére beaucoup 56 de matécages dont on ignore comment ils vont évoluer. II n'est pas exclu quill fale lun temps assez long avant que ces territoires ne deviennent exploitables par I’homme Des déplacements de zones agricoles Dans les régions tempérées, l'impact sur les cultures annoncé par les agronomes st plus contrasté. La hausse des températures est moins importante et |"évolution de la pluviométrie, incertaine. || est possible que I'intérieur de |'Europe et de l'Amérique i) Nord devienne plus aride, et que les rendements s'en ressentent, comme ce fut le fas en 2003 (voir encadré). Mais, si ce genre d’épisode chaud devient régulier, on peut penser que les agriculteurs s'adapteront et que les rendements souffriront moins. Il reste que, si les ceintures végétales se deplacent de plus de 300 km vers le nord, on risque de Volt de spectaculaires transformations: qui sait si les meilleurs champagnes, én 2050, ne viendront pas d’Angleterre et de Belgique? Plus sérieusement, on peut penser que le mats, céréale assoiffée par nature, cédera la place en bien des endroits a des cultures pilus sobres, comme le bié, voire le seigie. L'Europe du Sud suscite plus d’inquiétudes: ® Les ressources en eau et I'humidité des sols diminueront "été en Europe méridionale, 6 qui contribuera a creuser I'écart entre le nord et le sud de l'Europe, sujet Ala sécheresse.... », peut-on lire dans le 3° rapport du GIEC. portants, aotamment ke mais. Les impacts sur homme IE Un risque alimentaire en hausse au Sud Mais ce sont encore une fois les pays tropicaux et subtropicaux qui semblent les plus menacés par I'évolution de la planéte. Inondations, ouragans et sécheresse « porteront atteinte a la sécurité alimentaire de nombreux pays d'Asie aride, tropicale et tempérée », souligne le GIEC. I annonce toutefois que « en revanche, Vagriculture se développera et deviendra plus productive dans les régions septentrionales ». Mais des milliers de kilometres et de nombreuses fronti@res séparent les régions peuplées oti les rendements baisseront des régions peu habitées que le sort a favorisées... Afrique et 'Amérique latine dans |'état actuel de nos connaissances, risquent ¢'étre les principales victimes des changements a venir. Des baisses de rendement non négligeables sont aninoncées par le GIEC pour les principales céréales (- 25 % pour le mais et 20 % pour le bié a I"horizon 2070 en Afrique, -20 % pour le mais et -30 % pour lo blé en Amérique latine) TEecitante année 2003 “Lis canicule et ba sécheresse qui ont frappe Hévrope du Centre et dsj Sud 4 [ete 2003 iitéressent beaucoup les scientifiques. Ces conditions pourraient en effet Btre Is norme ‘on Europe drs 50 ans. Et, cohformtment Dice quiannangaient les moadbles, cette annibe eit scldée pat une chute des rendements 5 le Sut, et une amelioration dans fe Nord : cote de rai de betterave a diminue ‘dh 25 % en Italie, alors que celle de blé perdait W) % au Portugal ; en France, le mais perdait 25 % etl bie 10.% ; par contre, en tlande, a recaite de betterave augmentait de 25%, pte 5 30 en Suede et au Danemark | treaw utilisée pur humanite ser: principalement a Menigation (8) gauche): La mis Sh pownt de systbmes écantames, corime [a tanssudation (cvdessus), et, surtout, leur enéralsation sont indpensables pour htter onive {a tarefaction de cette ressource Une adaptation coiiteuse , st la dépendance de Magriculture vis-a-vis du climat est forte, elle est loin d'etre absolue. Comme toute activité humaine, elle dépend beaucoup de divers choix sociaux. Toutes sortes de mesures existent, qui permettent d’atténuer les effets du réchauffement. Lirrigation, par exemple, le recours a des variétés vegetales plus résistantes, a des races animales robustes, 2 des techniques cultu: rales améliorées, la mise en place d’arbres dispensant de l'ombre, etc. Nul doute que les pays les plus riches mettront ces strategies en pratique A linverse, les régions les plus pauvres de la planéte souffrent d'ores et déja de surpaturage, d’épuisement et d des sols résultant de pratiques agricoles nadaptées... II est manifeste que, pour resister aux effets du réchauffement, les continents les plus mal lotis auron besoin d'une aide agronomique et scientifique, ainsi que d'investissements importants. Reste savoir si !'Occident, qul détient le savoir et les capitaux, fournira cette aide ou s'accommodera de la catastrophe annoncée. Les impacts sur l'homme rosion

Vous aimerez peut-être aussi