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Banque mondiale
Perspectives
pour
l’économie
mondiale
Crise, Finance et Croissance
2010
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
Le pire de la crise financière est derrière nous et trimestres, bien qu’ils restent encore élevés.
la reprise économique mondiale est en cours.
Toutefois, les entreprises du secteur privé restent
Cette reprise est fragile et devrait ralentir au
exclues des marchés bancaires internationaux.
second semestre 2010 à mesure de l’atténuation
De plus, l’affaire Dubai World et les réactions en
de l’impact des mesures de relance budgétaires
chaîne associées à la dégradation de la dette de la
et monétaires sur la croissance et de la fin du
Grèce et du Mexique ont une fois encore suscité
cycle des stocks actuel. En effet, la croissance de
des inquiétudes quant à la viabilité de la dette
la production industrielle est déjà en train de
souveraine et influenceront sans doute
marquer le pas (par rapport à des niveaux certes
l’évaluation du risque, les flux de capitaux et les
très élevés). Par conséquent, la croissance de
marchés financiers en 2010.
l’emploi reste elle aussi limitée et le chômage
devrait rester élevé pendant plusieurs années. On note également une reprise de l’économie
L’ampleur globale de la reprise et sa durabilité réelle. Bien que, en octobre 2009, la production
dépendront du redressement de la demande des industrielle mondiale était inférieure de 5 % à
ménages et des entreprises sur les prochains son niveau de l’année précédente, elle se
trimestres. Selon le scénario de base, la redresse et a affiché un taux de croissance
croissance mondiale devrait atteindre 2,7 % en annualisée de plus de 12 % au troisième
2010 et 3,2 % en 2011 après s'être contractée de trimestre 2009 à la fois dans les pays à revenu
2,2 % en 2009. On ne peut cependant pas exclure élevé et dans les pays en développement. Tout
l'hypothèse d'une rechute en 2011 ni celle d’un comme la forte chute des stocks avait contribué
renforcement de la reprise. au plongeon initial de la production industrielle,
leur stabilisation a contribué au net rebond de la
Après s’être stabilisés, les marchés financiers se
production, un facteur qui devrait soutenir
redressent mais ils restent affaiblis. La liquidité
l'activité industrielle dans un contexte de recul
interbancaire, telle que mesurée par l’écart entre
des taux de croissance.
les taux d’intérêt appliqués entre banques et ceux
dont elles doivent s’acquitter auprès des banques Les échanges commerciaux restent eux aussi en
centrales, a reculé d’un sommet historique de berne malgré une certaine reprise. Les taux de
366 points de base sur les marchés en dollar à croissance trimestrielle sont repassés en territoire
moins de 15 points de base, niveau proche de la positif au cours des derniers mois alors que la
fourchette « normale » en vigueur avant la crise. valeur des échanges en dollar américain restait
Les devises mondiales, qui ont chuté de concert inférieure de 17 % à celle constatée en
face au dollar américain dans le sillage de la septembre 2009. Grâce à la baisse du prix des
crise, ont largement regagné le terrain qu’elles matières premières, le volume des échanges a été
avaient perdu. Les flux de capitaux moins affecté, bien qu'il s’inscrive en repli de 3
internationaux vers les pays en développement % par rapport à la même période de l’année
se sont redressés, avec une envolée dernière.
particulièrement marquée dans les derniers mois Les hausses les plus marquées sont à signaler
de l’année de 2009. Par ailleurs, les taux dans les pays en développement d’Asie de l’Est.
d’emprunt pour les intervenants des pays Elles reflètent, du moins en partie, le programme
émergents se sont stabilisés au cours des derniers de relance de 4 000 milliards de yuans (soit 12 %
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
du PIB) mis en place par les autorités chinoises d’un petit 1,2 % en 2009 à 5,2 % en 2010 et 5,8
jusqu’en 2010 (au titre duquel environ la moitié % en 2011 (tableau 1.1). Ce niveau reste bien
des dépenses ont déjà été réalisées). inférieur au taux de croissance moyen de 6,9 %
affiché par les pays en développement de 2003 à
Ces mesures ont été en grande partie consacrées
2008 mais il est largement supérieur à la
à l’importation de produits de base et de biens
performance moyenne de 3,3 % constatée
d’équipement. Grâce au phénomène de
pendant les années 1990. À l’exception de la
restockage, la demande chinoise pour les
Chine et de l’Inde, les pays en développement
principaux métaux a fait grimper les prix des
devraient enregistrer une croissance de
produits de base qui ont regagné environ un tiers
respectivement 3,3 % et 4,0 % en 2010 et 2011
du terrain perdu. Les prix des métaux
contre 5,4 % en moyenne entre 2003 et 2008.
internationaux exprimés en dollar américain
Les pays en développement d’Europe et d’Asie
restent toutefois inférieurs de 20 % à leurs
centrale ont été les plus durement touchés par la
niveaux de juillet 2008, contre un repli de 44 %
crise et devraient donc afficher la reprise la
pour les cours du pétrole et de 24 % pour les prix
moins marquée, avec une expansion de leur PIB
des denrées alimentaires dans le contexte d’une
de seulement 2,7 % en 2010 et 3,6 % en 2011.
demande mondiale pour le pétrole inférieure de 2
% à son sommet de 87 millions de barils par jour Étant donné la combinaison du net recul de
atteint en 2007. l'activité en 2009 et de prévisions de reprise
relativement faibles, les économies en
La forte chute des prix des produits de base
développement devraient afficher un niveau
conjuguée aux importants excédents de capacités
d’activité inférieur d’environ 3 % à leur potentiel
à travers le monde s’est traduite par un repli de
de production 1 et le chômage, bien qu'en baisse,
l’inflation médiane dans les pays en
devrait rester un sérieux problème.
développement qui est passée de plus de 10 % en
août 2008 à environ 1 % en octobre 2009. L’impact sur la pauvreté et la souffrance
humaine dans ces pays devrait par ailleurs se
La crise a eu pour effet de réduire les
faire sentir. Quelque 30 000 à 50 000 enfants
déséquilibres mondiaux. Cette tendance pourrait
supplémentaires pourraient être morts de
être en grande partie cyclique puisqu’elle est
malnutrition en 2009 des suites de la crise
associée à la forte baisse du déficit commercial
(UNSCN 2009 ; Friedman and Schady 2009) et,
des États-Unis, de l’excédent commercial de la
d’ici à fin 2010, 90 millions de personnes de plus
Chine et des prix du pétrole. La durabilité de
que si la crise n’avait jamais eu lieu devraient
cette réduction des écarts dépendra du rythme
vivre en dessous du seuil de pauvreté.
auquel les États-Unis peuvent mettre en œuvre
leur programme de relance budgétaire et Rares seront les pays pauvres qui bénéficieront
monétaire et de la mesure dans laquelle les d’une marge de manœuvre budgétaire suffisante
investissements en infrastructures prévus par le pour faire face au déséquilibre économique
programme de relance chinois contribuent à causé par la crise sans aide financière
augmenter la demande domestique plutôt que les supplémentaire. Selon les estimations, les pays
capacités d'exportation. IDA (pays éligibles pour recevoir des prêts à
taux réduit et des dons de l'Association
Bien que les effets secondaires de la crise aient
internationale de développement de la Banque
été importants, l’activité économique de la
mondiale) nécessiteront 35 milliards à 50
plupart des pays en développement repart à la
milliards de dollars de financements
hausse et la croissance globale devrait passer
supplémentaires pour maintenir leurs
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
Tableau 1. 1 Résumé des perspectives mondiales
(variation annuelle en pourcentage, sauf pour les taux d’intérêt et le prix du pétrole)
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
programmes actuels, sans compter les fonds commencé à se redresser à mesure du recul de
nécessaires pour répondre aux besoins des l’incertitude et de l’aversion au risque. En
personnes supplémentaires tombant en dessous données annualisées, les entrées de capitaux
du seuil de pauvreté 2. Pire encore, la récession brutes vers les pays en développement ont atteint
pourrait entraîner une réduction des montants 435 milliards de dollars sur les cinq mois
d’aide octroyée par les bailleurs au moment où jusqu’en novembre 2009, contre 218 milliards de
les besoins s’intensifient. dollars au premier semestre. Bien que les flux de
capitaux sur l’ensemble de l’année restent
Les perspectives restent caractérisées par une
inférieurs de 20 % à leur niveau de 2008 et
grande incertitude. Même la faible reprise décrite
largement inférieurs à leur pic de 2007, la
ci-dessus n'est pas garantie. Si le secteur privé
récente envolée des flux de portefeuille, si elle se
continue à épargner afin de restaurer les bilans
poursuit, fait craindre l'apparition de nouvelles
d’entreprises, un scénario de récession à double
bulles sur les marchés des actions, des devises et
creux caractérisé par une rechute de la croissance
de l’immobilier dans les pays en développement
en 2011 reste possible, surtout si l'on tient
au sein desquels leur niveau commence tout
compte de l'atténuation de l'impact des mesures
juste à baisser du fait de la crise. Ce risque
de relance. Une forte reprise est également
pourrait toutefois avoir été atténué par l’affaire
possible si les programmes monétaires
Dubai World et la dégradation de la note de
exceptionnels, traditionnels ou non, mis en place
crédit de la Grèce et du Mexique fin 2009.
dans les pays à revenu élevé commencent à
produire leurs effets. Les taux d’intérêt restent très faibles à travers le
monde, bien que certaines banques centrales
Évolution récente des marchés financiers aient commencé à resserrer leur politique (p. ex.,
Les mesures exceptionnelles prises par les l’Australie a déjà relevé ses taux de 75 points de
autorités à la fois dans les pays développés et en base) ou indiqué qu’elles étaient sur le point de
développement suite à la faillite de Lehman le faire. Aux États-Unis, le taux des fonds
Brothers en septembre 2008 ont grandement fédéraux de la Réserve fédérale évolue autour de
contribué à stabiliser les marchés financiers et à 12 points de base contre près de 550 points de
restaurer les flux de capitaux vers les pays en base à la mi-2007, tandis que le taux directeur de
développement (voir Banque mondiale 2009c la Banque centrale européenne (BCE) se situe
pour un résumé de ces mesures). autour de 100 points de base contre un niveau de
plus de 400 points de base en 2008. Les taux du
Le mouvement de retrait des capitaux marché à court terme sont eux aussi très faibles,
internationaux de ces pays au profit de marchés reflétant la baisse du coût d’opportunité associé
refuges aux États-Unis et en Europe s’est aux emprunts effectués auprès de l’autorité
inversé. Par conséquent, les taux de change d'un monétaire et le regain de confiance dans la
grand nombre de pays émergents ont retrouvé solvabilité des contreparties au sein du système
leur niveau d'avant la crise par rapport au dollar bancaire international. Grâce aux mesures
américain, les marchés boursiers ont en grande favorisant la recapitalisation des banques et
partie récupéré leurs pertes et les flux de visant à restaurer la confiance dans le système
capitaux vers les pays en développement ont financier international, l’écart entre le taux
commencé à augmenter. pratiqué par les banques commerciales pour les
Vers la fin de 2009, les entrées brutes de prêts interbancaires au jour le jour et le taux au
capitaux vers les pays en développement ont jour le jour appliqué par les banques centrales
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
(un indicateur courant de la confiance des emprunteurs souverains. Bien que ces écarts
banques les unes envers les autres) est tombé de restent supérieurs à leur moyenne d’avant la
365 points de base au plus fort de la crise à faillite de Lehman (environ 180 points), ils sont
moins de 15 points de base (figure 1.1, encadré nettement inférieurs à leur moyenne à long terme
a). Dans le cadre de ces efforts, les banques grâce à l’amélioration des fondamentaux de
centrales ont adopté une série de mesures nombreux pays en développement et à plusieurs
exceptionnelles prévoyant notamment des prêts années de réformes.
directs aux entreprises privées et une
À mesure de la baisse des écarts et du recul de
intervention sur les marchés hypothécaires
l’aversion au risque symptomatique de la période
secondaires, entraînant un gonflement de leur
ayant immédiatement suivi la crise, les
bilan.
investisseurs ont commencé à réinjecter une
Grâce à ces mesures, entre autres, la paralysie partie de l’argent qu’ils avaient retiré des
qui a caractérisé les marchés financiers à marchés de capitaux des pays en développement.
l’automne 2008 s’est nettement atténuée et les Par conséquent, les devises de ces pays ont
écarts imposés aux emprunteurs des marchés commencé à s’apprécier par rapport au dollar en
émergents ont diminué (figure 1.1, encadré b), mars 2009 (figure 1.1, encadré c) et leurs
les emprunteurs commerciaux étant en mesure marchés boursiers se sont redressées, récupérant
de lancer des appels de fonds pour une prime de entre un tiers et la moitié de leurs pertes initiales
359 points de base contre 300 points pour les (figure 1.1, encadré d), ce qui, en restaurant une
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
partie de la richesse détruite pendant la crise, a favorables. L’amélioration sur les marchés
entraîné un regain de confiance à travers le boursiers et obligataires reflète la normalisation
monde. des marchés financiers et, dans une certaine
mesure, le lancement d’une opération de portage
Le rebond de l’activité boursière a favorisé de
précipitée par la faiblesse des taux d’intérêt réels
nouveaux placements en actions de la part des
dans les pays à revenu élevé. Certains pays à
économies émergentes, ceux-ci totalisant 98
revenu intermédiaire (notamment le Chili et le
milliards de dollars sur les onze premiers mois
Brésil) attirent d’importantes entrées de capitaux
de 2009, soit une forte hausse par rapport aux 66
qui, s’ils se poursuivent au rythme actuel,
milliards de dollars constatés pour la même
pourraient poser des problèmes de politique et
période en 2008. Bien que le nombre
générer des pressions significatives. Certains
d’introductions en bourse soit resté limité au
pays ont cherché à mettre en place un
premier semestre 2009, les signes d’un net
interventionnisme accru ou d’autres mesures
rebond ont fait leur apparition au troisième
telles que la taxe sur les opérations financières
trimestre grâce notamment à d’importantes
au Brésil, même si l’efficacité de ces mesures
opérations en Chine, au Brésil et en Inde, qui ont
reste encore inconnue.
représenté environ 85 % de toutes les
transactions réalisées sur les marchés émergents Contrairement au rebond des marchés boursiers
depuis le début de l’année contre 65 % en et obligataires, les prêts bancaires internationaux
moyenne sur les cinq ans jusqu’en 2007. Les restent faibles étant donné que les banques
investisseurs semblent avoir privilégié ces mondiales poursuivent leur mouvement de
économies grâce à leurs fondamentaux consolidation et de désendettement afin
relativement solides. Les flux bousiers bruts vers d’assainir leurs bilans. En 2009, les opérations
les autres pays en développement restent limités, de prêts syndiqués impliquant des pays en
ne représentant que 0,15 % du PIB en 2009 développement ont atteint un montant de 123
contre 0,42 % en moyenne sur les cinq années milliards de dollars contre 236 milliards en 2008.
jusqu’en 2007. Signalons un rebond inattendu en décembre
2009 lorsque le montant des prêts s’est élevé à
L’accès des pays en développement aux marchés
27 milliards de dollars, alimenté principalement
de capitaux internationaux s'est lui aussi
par un prêt de 10 milliards de dollars pour des
amélioré. Les entreprises comme les
projets énergétiques en Papouasie-Nouvelle
emprunteurs souverains ont bénéficié d'une
Guinée et une facilité de financement des
liquidité mondiale renforcée, d'une embellie des
exportations de 6,5 milliards de dollars accordée
conditions de marché et de l'amélioration des
au gouvernement brésilien (figure 1.2). Dans
fondamentaux à long terme des économies
l’ensemble, les créances sur les pays en
émergentes par rapport aux pays développés. La
développement publiées par la Banque des
multiplication des émissions d’obligations
règlements internationaux (BRI) n’ont augmenté
d’entreprises dans les pays en développement a
que de 10 milliards de dollars au deuxième
atteint 109 milliards de dollars en 2009, en
trimestre 2009 (corrigé du taux de change) après
hausse de près de 45 milliards de dollars par
une contraction de 126 milliards de dollars au
rapport à 2008. Au cours de la première semaine
premier trimestre 2009 et de 279 milliards de
de 2010, la Turquie et les Philippines ont lancé
dollars au quatrième trimestre 2008.
des émissions obligataires d’un montant cumulé
de 2 milliards de dollars et 1,5 milliard de dollars Toute éventuelle reprise des prêts bancaires à
respectivement, profitant de conditions court terme devrait être limitée (les perspectives
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
à long terme sont présentées au chapitre 3), en conséquences de la crise se font encore sentir.
particulier en Europe et en Asie centrale où la Ces événements n’ont eu qu'un impact limité sur
multiplication des prêts non productifs et les les marchés mondiaux et les flux de capitaux
importants ajustements domestiques sont vers les marchés émergents se sont renforcés au
susceptibles de freiner à la fois la demande et cours des derniers mois. Jusqu’à présent, ces
l’offre de prêts. Parallèlement, les prêts aux pays entrées de fonds accrues n’ont que partiellement
riches en ressources naturelles devraient rester compensé le net repli qui avait suivi la crise et
soutenus. n’ont pas alimenté une nouvelle bulle. Si ces
flux massifs persistent ou augmentent toutefois,
Contrairement aux apports de capitaux
des bulles spéculatives pourraient refaire leur
générateurs de dette, les investissements directs
apparition, exposant ces pays au risque d’un
étrangers (IDE) ne semblent pas encore avoir
retrait soudain du financement extérieur.
rebondi. Les IDE constituent en général la
source de capitaux internationaux la plus stable Perspectives et implications pour les besoins de
mais ils ont chuté de 40 % depuis le premier financement des pays en développement
trimestre 2008 pour s’établir à 69 milliards de Dans l’ensemble, les flux nets de capitaux privés
dollars au troisième trimestre 2009 (figure 1.3). vers les pays en développement ont, selon les
Bien qu’un redressement de ces flux soit prévu estimations, chuté de 795 milliards de dollars en
pour le dernier trimestre, le montant total des 2009 (par rapport à leur plus haut niveau de
entrées pour les pays en développement sur 2007), soit un recul de près de 70 %. Même si la
l'année est estimé à 385 milliards de dollars, soit reprise est annoncée, les prévisions de flux en
seulement 30 % de leur valeur en 2008. Malgré 2010 ne s'élèvent qu'à 517 milliards de dollars,
le redressement des investissements associés aux soit 3,2 % du PIB. Les pays à faible revenu
ressources naturelles en 2009 après une pause fin seront les plus affectés par cette baisse car leur
2008, les investissements dans le secteur part déjà minuscule des flux de capitaux privés
bancaire, qui ont dominé au cours des dernières (2,6 % en 2007) devrait se rapprocher de zéro en
années, restent réduits. 2010. Bien que réduits en termes relatifs, les flux
de capitaux vers ces pays à faible revenu
La récente décision par la holding Dubai World
représentent une part importante des revenus et
de demander à ses créanciers un moratoire de six
investissements nationaux et leur disparition ne
mois sur le paiement de sa dette et l’abaissement
manquera pas d’avoir un sérieux impact sur la
de la note de crédit de la Grèce et du Mexique
capacité de ces pays à répondre à leurs besoins
par les agences de notation signalent que les
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
de financement à court et moyen terme (voir le ainsi leurs déficits commerciaux en limitant leurs
chapitre 3). importations), soit en utilisant d'autres ressources
comme les retraits de réserves internationales ou
Malgré le net recul des entrées de capitaux, les
l’appel à l'aide publique (soit les deux). Dans
besoins de financement ex ante des pays en
l’ensemble, les pays en développement ont
développement n’ont pas vraiment changé. Sur
utilisé 362 milliards de dollars de leurs réserves
la base des prévisions pour le déficit courant en
internationales pendant les premières phases de
2010 et des calendriers de remboursement de la
la crise, tandis qu'un grand nombre de pays
dette privée étrangère, les besoins de
augmentaient le montant de leurs emprunts
financement extérieur des pays en
auprès du Fonds monétaire international (FMI),
développement sont estimés à environ 1 100
de la Banque mondiale et de diverses agences de
milliards de dollars en 2010, contre 1 200
développement régionales et bilatérales. Les
milliards de dollars en 2009 3. Les pays d’Europe
données globales concernant l'augmentation des
et d’Asie centrale d’une part, et d’Amérique
flux d'aide publique ne sont pas encore
latine et des Caraïbes d’autre part devraient
disponibles mais on sait que la Banque mondiale
afficher les plus importants besoins de
(Banque internationale pour la reconstruction et
financement extérieur en 2010, à respectivement
le développement ou BIRD et IDA) a renforcé
447 milliards de dollars et 280 milliards de
ses engagements de prêt de 12,8 milliards de
dollars (figure 1.4). Bien que de moindre
dollars et que le FMI a pris des engagements
ampleur, les besoins de financement de l'Afrique
supplémentaires de 70 milliards de dollars en
subsaharienne ont également augmenté,
octobre 2009.
atteignant au moins 12 % du PIB.
Les ressources de prêt du FMI ont triplé à 750
milliards de dollars, dont une allocation au droit
de tirage spécial (DTS) de 283 milliards de
dollars. Toutefois, les DTS étant alloués en
fonction de quotas nationaux, cette décision ne
devrait avoir que peu d’impact sur les pays en
développement dont les besoins sont les plus
importants.
Croissance mondiale
Après une profonde récession mondiale, la
croissance économique est redevenue positive,
Conjuguées aux estimations nationales de l'intervention des autorités ayant permis de
financement du secteur privé, ces prévisions soutenir la demande et de réduire l’incertitude
laissent présager un déficit de financement total ainsi que le risque systémique associé aux
pour les pays en développement pouvant aller marchés financiers. La reprise devrait toutefois
jusqu'à 315 milliards de dollars en 2010. être lente car les marchés financiers restent
affaiblis, les mesures de relance budgétaires
En 2009, les pays dont les besoins de
devront être retirées prochainement et les
financement ex ante dépassaient les entrées de
ménages des pays victimes d'un éclatement de la
capitaux privés ont dû combler ce déficit soit par
bulle des prix sont forcés de reconstituer leur
une réduction de la demande domestique par le
épargne dans un contexte de chômage élevé.
biais d’une dépréciation de leur devise (réduisant
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dessous du seuil de pauvreté (moins de 1 dollar La production industrielle régionale affichait une
par jour) d’ici à la fin de 2010 des suites du baisse de 9 % en rythme annualisé fin 2008 mais
ralentissement de la croissance et ont prévoit 30 a commencé à se redresser début 2009 sous
000 à 50 000 décès supplémentaires parmi les l’influence du programme de relance budgétaire
enfants pour cause de malnutrition en 2009 de 4 000 milliards de yuans (12 % du PIB)
(Friedman and Schady 2009). instauré et du relâchement de la politique
monétaire adopté par le gouvernement chinois.
Perspectives régionales L’effondrement des exportations régionales s’est
Les perspectives des pays en développement accentué, ces dernières reculant de 50 % en taux
tablent sur une reprise relativement soutenue en annualisé au premier trimestre 2009. Depuis, les
2010, avec une croissance cumulée de 5,2 % ou volumes d’exportations se sont redressés,
3,7 % si l’on ne tient pas compte de la Chine, de gagnant 18 % au troisième trimestre. En mars
l’Inde et de la région Europe et Asie centrale. La 2009, les partenaires commerciaux de la région
production devrait poursuivre sa progression en ont commencé à bénéficier de l’envolée des
2011, quoique à un rythme modéré, avec une importations chinoises associée au plan de
croissance de 5,8 % pour l’ensemble des pays en relance budgétaire (figure 1.8) et les volumes
développement et de 4,1 % pour les pays en d’exportations ont affiché une croissance
développement hors Chine, Inde et Europe et annualisée de 10 % au cours des derniers mois.
Asie centrale.
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Dans l’ensemble, la reprise devrait être atone, Malgré un contexte défavorable, les taux de
avec une croissance du PIB de seulement 2,7 % change se sont bien maintenus, presque toutes
en 2010 et 3,4 % en 2011. Par ailleurs, au vu des les devises de la région ayant retrouvé leur
nombreuses difficultés et du besoin de niveau d’avant la crise par rapport au dollar
consolidation des bilans, d’importants risques américain. Les marchés boursiers se sont eux
baissiers subsistent, y compris la possibilité aussi redressés et les écarts des actions par
d’une crise financière régionale secondaire ou rapport aux emprunts souverains régionaux se
d’une récession à double creux. sont resserrés. En conséquence, de nombreux
pays de la région ont réussi à faire appel aux
Amérique latine et Caraïbes marchés de capitaux internationaux.
Grâce à ses solides fondamentaux L'envolée des entrées de capitaux attribuable en
macroéconomiques, la région Amérique latine et partie au niveau toujours élevé des différentiels
Caraïbes a mieux résisté à cette crise qu’aux de taux d’intérêt a toutefois été source de
précédentes. En effet, les écarts de risque de la pressions à la hausse sur les taux de change
région sont retombés à des niveaux proches de effectifs dans certains pays. Au Brésil, le
ceux constatés avant la crise à mesure du regain gouvernement a instauré une taxe sur les
de confiance des investisseurs (figure 1.10). transactions financières de 2 % sur les flux de
Comme ailleurs, la production industrielle et les portefeuilles étrangers mais il n’est pas certain
volumes d’échanges internationaux ont que cette mesure mette un frein aux entrées de
nettement chuté dans un contexte de contraction capitaux ou à l'appréciation du real. Certaines
soudaine de la demande mondiale. En octobre économies pourraient faire face à une
2009, la production industrielle était inférieure appréciation de leurs devises réelles en raison de
de 5,3 % à son niveau d’août 2008 malgré une l’affaiblissement du dollar américain, de la
progression annualisée de 9,8 % au cours des hausse du prix des produits de base et des
derniers mois. De même, le volume des entrées de capitaux élevées, ce qui affecterait
exportations régionales a reculé de 25 % pendant leur compétitivité à l’étranger alors que la reprise
les premiers mois de la crise et entame tout juste de la demande extérieure reste fragile.
son rebond. La baisse du prix des produits de
Au sein de la région, le Mexique a affiché la plus
base a exacerbé le repli de la valeur des
forte contraction, son PIB chutant
exportations et entraîné un recul des revenus
respectivement de 9,7 % et 6,3 % aux deuxième
dans de nombreux pays de la région.
et troisième trimestres 2009 par rapport à l’année
précédente. L’ampleur du ralentissement de
l’activité reflète les liens étroits entre le pays et
l’économie américaine ainsi que sa spécialisation
dans les secteurs les plus affectés par la crise
(construction, automobile et appareils
électriques). De plus, l’épidémie de grippe A
(H1N1), qui s'est traduite par une baisse de 80 %
du trafic aérien sur certains mois et par des taux
de vacance dans les hôtels des zones touristiques
de plus de 80 %, a pesé sur le PIB à hauteur de
0,7 points de pourcentage.
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Perspectives pour l’économie mondiale 2010
Au sein des économies diversifiées, la croissance années et de l'inflation du prix des actifs (les prix
a reculé de près de 2 points de pourcentage sur immobiliers ont fortement augmenté, notamment
l’année, passant de 6,6 % en 2008 (tirée à la en Égypte et au Maroc), la région pourrait
hausse par une croissance de plus de 7 % en connaître à l’avenir de nouvelles pertes
Égypte) à 4,7 %. L’effondrement des principaux financières significatives. Si c’est le cas, ces
marchés d’exportation (en particulier la zone pertes pourraient plomber la confiance des
euro) s’est traduit par un net repli des marchés, les conditions financières, l'emploi et
exportations de biens de pays comme l’Égypte, l'investissement dans la région et peser sur ses
la Jordanie, le Maroc et la Tunisie. perspectives de croissance à moyen terme.
Parallèlement, les envois de fonds des
travailleurs émigrés ont chuté de 6,3 % et les Asie du sud
revenus du tourisme ont reculé de 5 % en 2009, L’Asie du Sud semble avoir échappé aux pires
deux importantes sources de revenus étrangers effets de la crise, la croissance du PIB de la
qui soutiennent la consommation des ménages et région étant estimée à 6,0 % en 2009, une baisse
la création d’emplois dans ces pays. par rapport à la croissance de 6,9 % en 2008. Le
À terme, la reprise économique dépendra de la ralentissement de la croissance du PIB a
demande mondiale pour les hydrocarbures qui principalement reflété la baisse des
pourrait ne pas se redresser avant la fin de la investissements et de la demande du secteur
période des prévisions. Dans l’ensemble, la privé qui n’a été que partiellement compensée
croissance des pays en développement de la par l’augmentation des dépenses publiques.
région devrait enregistrer une légère progression Plusieurs pays (les Maldives, le Pakistan et le Sri
pour atteindre 3,7 % en 2010 avant une reprise Lanka) ont dû faire face à d’importantes
plus affirmée en 2011. La hausse de 4,4 % du difficultés pour financer leurs déficits courants.
PIB prévue en 2011 reste toutefois inférieure au Malgré un repli de 5 % des volumes
taux de 5 % atteint au début des années 2000. d’exportation de biens et de services, le recul
Les récentes difficultés de la holding Dubai encore plus marqué de la demande pour les
World, conglomérat public de Dubaï, montrent importations (dû en partie au recul de la
que les institutions de la région n’ont pas été demande pour les investissements) et la baisse
entièrement épargnées par la crise financière des prix de l’alimentaire et du pétrole ont permis
mondiale. Au vu des investissements une amélioration de la balance commerciale et
conséquents consentis au cours des dernières de la balance des opérations courantes en 2009
(figure 1.12). Les envois de fonds des
travailleurs émigrés vers la région, qui
représentent environ 4,7 % du PIB, ont chuté de
1,8 % selon les estimations, ce qui constitue un
sérieux repli des revenus des ménages et des
recettes en devises.
La région a subit d’importantes sorties de
capitaux au début de la crise, en particulier au
Pakistan et au Sri Lanka où elles étaient
motivées par les inquiétudes des investisseurs
concernant l’accentuation des déséquilibres
domestiques et externes. Le regain de confiance
19
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
20
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
chômage élevé aux États-Unis et dans l’Union associée à la fuite de capitaux initiale vers les
européenne. États-Unis. En effet, le prix réel en monnaie
locale des produits de base internationaux
Marchés des produits de base (mesure corrigée des fluctuations de change et
Une période prolongée de forte croissance des des différentiels d’inflation) a beaucoup moins
pays en développement conjuguée à des facteurs augmenté que leur prix en dollar (figure 1.14).
d’offre spécifiques s’est traduite par une baisse Ainsi, bien que le prix de l'énergie exprimé en
excessive des capacités excédentaires dans le dollar américain ait progressé de 57 % entre
secteur du pétrole, de faibles stocks de février et octobre 2009, l’augmentation sur la
nombreuses céréales et des réserves limitées de même période du prix réel pondéré des échange
nombreux métaux au milieu des années 2000 en monnaie locale n’était que de 33 %.
(voir Banque mondiale 2009b pour une
description approfondie du cycle expansion-
contraction des produits de base). Ces facteurs
fondamentaux ont été renforcés par les
investissements financiers associés à l’expansion
des liquidités mondiales (voir chapitre 2), qui ont
probablement exacerbé l’impact de la restriction
de l’offre sur le prix des produits de base. Par
conséquent, de 2003 à 2008, le prix des produits
de base hors énergie a doublé tandis que les prix
réels de l'énergie gagnaient 170 %.
Bien que les prix des produits de base aient
commencé à chuté avant le plus haut de la crise Le pétrole
financière, la contraction financière engendrée
La demande mondiale pour le pétrole, qui a
par la crise elle-même et le très net repli de
progressé en moyenne de 1,7 % par an entre
l’activité économique qu’elle a entraîné ont tous
2000 et 2007, a reculé de près de 3 % au dernier
deux généré une forte baisse de la demande
trimestre 2008 et au premier trimestre 2009 en
mondiale pour les produits de base. De juillet
raison du repli de l’activité économique et de la
2008 à février 2009, le prix de l’énergie en dollar
conservation et substitution par d’autres sources
américain a perdu les deux tiers de sa valeur et
d’énergie motivées par l’évolution des prix. La
celui des métaux a reculé de plus de 50 % par
demande en pétrole des pays de l’OCDE a
rapport à son précédent plus haut niveau. Le prix
commencé à baisser au quatrième trimestre 2005
en dollar des produits agricoles a quant à lui
(lorsque le prix du baril a franchi la barre de 50
diminué de plus de 30 % tandis que celui des
dollars) et recule depuis plus de quatre ans, une
graisses et huiles perdait 42 %.
croissance faible voire nulle étant prévue pour
Le prix en dollar de l’énergie et des métaux a 2010. En ce qui concerne les pays hors OCDE,
commencé à se redresser en mars 2009, en ligne la demande a là encore diminué au premier
avec l’activité économique mondiale et grâce à trimestre 2009 mais elle a depuis augmenté et
la bonne tenue de divers facteurs du secteur devrait retrouver son taux tendanciel en 2010.
financier. Cette hausse des prix reflétait en partie
L’OPEP a réagi à la baisse de la demande
la dépréciation du dollar qui a depuis lors annulé
mondiale en réduisant sa production de près de 4
quasiment toute l’appréciation qui avait été
21
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
22
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
23
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
réduit ou éliminé les interdictions et autres par une volatilité accrue sur les marchés
restrictions à l’exportation mises en place concernés. De même, l’utilisation de produits
pendant l’envolée du prix des produits de base agricoles comme source alternative de carburant
en 2008. Les défis que représente la hausse du pourrait introduire une certaine cyclicité dans les
prix des denrées alimentaires en termes de prix alimentaires qui n’était pas présente jusqu’à
pauvreté restent cependant d’actualité. À long aujourd’hui.
terme, les gains de productivité au niveau
mondial devraient garantir l’offre alimentaire L'inflation
mais, dans de nombreux pays pauvres, la De même que la forte hausse des prix des
productivité agricole n’arrive pas à suivre le denrées alimentaires et du carburant a généré une
rythme de la croissance démographique. Il existe augmentation rapide de l’inflation globale dans
donc un risque croissant de dépendance vis-à-vis les pays à revenu élevé et en développement en
des denrées importées pour répondre aux besoins 2008, la baisse des prix des produits de base en
de base. Ainsi, de 1980 à 2004, le PIB agricole 2009 et le ralentissement exceptionnel de
par habitant de l’Afrique subsaharienne était l'économie mondiale ont entraîné un
inférieur à 1 % par an (contre plus de 3 % en effondrement de l'inflation globale (figure 1.18).
Asie de l’Est).
Perspectives
À moyen terme, les prix réels des produits de
base devraient rester relativement stables, les
risques haussiers et baissiers restant plus ou
moins équilibrés (figure 1.17). La récente hausse
des prix reflète la dépréciation du dollar et un
certain surajustement associé au ralentissement
de l’activité économique mondiale. À long
terme, il existe un risque que les produits de base
non industriels deviennent plus procycliques et
volatils que par le passé. Si l’influence des
investisseurs financiers sur les marchés des Le taux médian de l'inflation des prix à la
produits de base se renforce, la nature consommation en glissement annuel dans les
procyclique de leurs activités pourrait se traduire pays à revenu élevé, qui a atteint un pic de 5,2 %
à la mi-2008, est passé en territoire négatif en
juillet pour remonter à 0,6 % en novembre 2009.
Le taux d’inflation médian pour les pays en
développement est quant à lui tombé d’un pic de
12,4 % à la mi-2008 à seulement 2,6 %. Malgré
le recul de l’inflation globale, l’inflation de base
est restée relativement stable dans les pays à
revenu élevé (figure 1.19), à l’exception du
Japon où elle est passée en dessous de zéro.
Étant donné que la déflation du prix des produits
de base a été en grande partie absorbée par le
système, l’inflation globale devrait commencer à
24
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
25
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
croissance déjà entamé avant la faillite de 2008, les arrivées de touristes avaient reculé de 7
Lehman Brothers. Ce repli s’est accentué et % au premier semestre 2009 (figure 1.22). Sur le
généralisé avec la crise, les volumes mondiaux plan régional, les pays d’Europe centrale et de
d’importations chutant à un rythme annualisé de l’Est ont enregistré la plus forte baisse du
40 % au premier trimestre 2009. Les tourisme (11 %) tandis que l’Afrique bénéficiait
importations des pays à revenu élevé ont atteint d’une légère hausse. Le Mexique a été
un point bas en chutant de 24 % par rapport à particulièrement touché, les arrivées de touristes
leur niveau d'août 2008 contre un repli de 25 % chutant de 19 % (en glissement annuel) au
pour les pays en développement. deuxième trimestre, les effets de la récession
mondiale ayant été exacerbés par l’épidémie de
Le recul des échanges a été moins marqué dans
grippe A(H1N1) et les efforts déployés pour
les pays asiatiques grâce en partie au programme
éviter la contamination. Plus récemment, le
de relance budgétaire de la Chine. La plupart des
tourisme mondial semble s'être redressé, les
partenaires commerciaux de la Chine ont
volumes de juillet n'étaient en effet inférieurs
bénéficié du rebond des importations chinoises.
que de 4 % à la même période de l'année
Au troisième trimestre, la demande pour les
précédente. Malgré les efforts consentis pour
importations s’était redressée dans la plupart des
soutenir le tourisme par le biais de déductions
pays. Après une faiblesse temporaire reflétant la
fiscales, du relâchement des restrictions de visa
contraction de la demande domestique, la
et de programmes d'investissement,
croissance des volumes d’importations a atteint
l'Organisation mondiale du tourisme table sur
29 % en octobre aux États-Unis (taux moyen
corrigé des variations saisonnières), 27 % en
Allemagne et 31 % au Japon en novembre.
Dans l’ensemble, les échanges de services ont
été plus soutenus que les échanges de
marchandises en raison notamment du fait
qu’une plus grande part des services est destinée
à la consommation personnelle et non aux
dépenses d’investissement. Le tourisme fait
exception puisqu'il est considéré comme un luxe
et est de ce fait plus volatil. L’Organisation
mondiale du tourisme a indiqué que, comparé à
26
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
une baisse des volumes mondiaux comprise resserrement des déficits commerciaux entre la
entre 4 % et 6 % en 2009. Chine et les États-Unis. Globalement, la valeur
absolue de la balance mondiale des opérations
Dans l’ensemble, les volumes d'échanges
courantes (somme de tous les excédents majorée
mondiaux de marchandises se sont contractés de
de la valeur absolue de tous les déficits) devrait
17,6 % en 2009 selon les estimations, les biens
selon les estimations passer d’un pic de 5,9 % du
et services accusant quant à eux un repli de 14,4
PIB mondial en 2008 à environ 3,9 % en 2009.
%. Au vu de la faiblesse de la reprise prévue et
Au vu de la taille des écarts de production et de
des effets de base, les échanges ne devraient
l’absence de pressions favorables à une demande
progresser que de 4,3 % en 2010 et 6,2 % en
excédentaire (en particulier dans les pays à
2011. Par conséquent, même deux ans après le
revenu élevé), facteurs qui devraient contribuer à
début de la reprise, le volume total des biens et
limiter le prix du pétrole, ce resserrement devrait
services échangés devrait encore être inférieur de
être globalement stable, avec une légère hausse
5 % à son pic de 2008.
des déficits à environ 4,1 % du PIB en 2011
Les envois de fonds des travailleurs émigrés sont (figure 1.23).
une autre source importante de devises pour les
Le recul du déficit courant des États-Unis reflète
pays en développement et représentent pour
la poursuite du resserrement existant de la
certains d’entre eux jusqu’à 20 % de leur PIB.
balance commerciale hors pétrole qui avait été
Ces envois ont été plus stables que les flux de
masqué par la hausse du prix de l’or noir. Il
capitaux liés aux échanges de marchandises mais
traduit également une nette augmentation du
ont toutefois reculé de 6,1 % en 2009 selon les
taux d'épargne des ménages, l'effet de richesse
estimations (encadré 1.1).
de la bulle immobilière ne soutenant plus les
niveaux élevés de consommation. La légère
Réduction des déficits des paiements extérieurs
mondiaux augmentation récente du déficit commercial
En données cumulées, la crise a entraîné un américain reflète principalement la hausse du
resserrement des déficits mondiaux attribuable à prix du pétrole, les déficits du secteur public
la baisse globale du volume des échanges (pour n’ayant que partiellement compensé la hausse de
un pourcentage donné de déséquilibre entre l'épargne. Le resserrement marqué des excédents
importations et exportations, le recul des chinois est directement attribuable au recul des
échanges se traduit par une réduction du déficit échanges mondiaux et au programme de relance
mondial), à la chute du prix du pétrole et au chinois qui a soutenu les importations à un
27
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
moment où la demande mondiale pour les réduites, le déficit commercial pourrait repartir à
exportations était affaiblie (figure 1.24). la hausse. Bien que la croissance américaine
n’en soit qu’aux premiers stades de la reprise, les
La poursuite de ce resserrement dépendra du
récentes améliorations des opérations courantes
dénouement des mesures de relance budgétaires
se sont maintenues au troisième trimestre 2009,
et monétaires dans ces deux pays. Dans le cas
la hausse marginale du déficit courant de 2,8 % à
des États-Unis, si le taux d’épargne des ménages
3,0 % du PIB étant principalement attribuable à
baisse à mesure que la reprise se confirme mais
la hausse des coûts d'importation du pétrole.
que les dépenses du secteur public ne sont pas
28
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
29
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
souffre des premiers efforts visant à retirer les Tableau 1.2 Les perspectives restent incertaines
mesures budgétaires et monétaires en place. Croissance du PIB réel (%)
Dans ce scénario, le léger durcissement de la Scénario de base
politique monétaire et budgétaire et la poursuite Région 2008 2009 2010 2011
de la restructuration du secteur bancaire freinent Monde 1.7 -2.2 2.7 3.2
Pays à haut revenu 0.4 -3.3 1.8 2.3
la croissance des investissements qui est
Pays en développement 5.6 1.2 5.2 5.8
inférieure à celle du scénario de base. Les Asie de l'Est et Pacifique 8.0 6.8 8.1 8.2
résultats figurant dans la deuxième partie du Europe et Asie centrale 4.2 -6.2 2.7 3.6
tableau sont basés sur une simulation fondée sur Amérique latine et Caraïbes 3.9 -2.6 3.1 3.6
l'hypothèse selon laquelle l'augmentation des Moyen Orient et Afrique du Nord 4.3 2.9 3.7 4.4
déficits structurels de 2009 4 est réduite de 10 % Asie du Sud 5.7 5.7 6.9 7.4
Afrique subsaharienne 5.1 1.1 3.8 4.6
en 2010 et de 20 % supplémentaires en 2011, et
le rebond des investissements ne représente que Scénario de récession aggravée
80 % de celui prévu dans le scénario de base. Région 2008 2009 2010 2011
Dans ce cas, la croissance mondiale est Monde 1.7 -2.2 2.5 2.7
Pays à haut revenu 0.4 -3.3 1.6 1.8
inférieure d’environ 0,2 points de pourcentage en
Pays en développement 5.6 1.2 5.1 5.4
2010 et 0,5 points de pourcentage en 2011 à Asie de l'Est et Pacifique 8.0 6.8 7.9 7.5
celle du scénario de base. Les taux de croissance Europe et Asie centrale 4.2 -6.2 2.6 3.2
dans les pays à revenu élevé reculent de 0,2 et Amérique latine et Caraïbes 3.9 -2.6 3.0 3.2
0,5 points de base respectivement en 2010 et Moyen Orient et Afrique du Nord 4.3 2.9 3.7 4.4
2011. Ces chiffres sont supérieurs au repli de 0,1 Asie du Sud 5.7 5.7 6.9 7.3
Afrique subsaharienne 5.1 1.1 3.8 4.4
et 0,4 points de pourcentage prévu pour les pays
en développement en raison notamment de Scénario de croissance renforcée
l'ampleur beaucoup plus marquée des Région 2008 2009 2010 2011
programmes de relance dans les pays à revenu Monde 1.7 -2.2 3.1 3.4
élevé. En effet, les contraintes financières de Pays à haut revenu 0.4 -3.3 2.2 2.4
nombreux pays en développement ont empêché Pays en développement 5.6 1.2 5.8 6.3
toute véritable augmentation anticyclique des Asie de l'Est et Pacifique 8.0 6.8 9.0 8.8
Europe et Asie centrale 4.2 -6.2 3.1 4.0
dépenses.
Amérique latine et Caraïbes 3.9 -2.6 3.6 4.2
Les déséquilibres mondiaux se réduisent dans ce Moyen Orient et Afrique du Nord 4.3 2.9 4.1 4.6
scénario du fait du repli de la demande dans les Asie du Sud 5.7 5.7 7.4 7.6
Afrique subsaharienne 5.1 1.1 4.0 5.1
pays à revenu élevé. Par ailleurs, la désinflation,
le chômage et la taille des écarts de production Source : Banque mondiale.
deviennent des problèmes de plus en plus graves. permet pas de soutenir le rebond des
investissements qui suit habituellement une
Un enthousiasme accru du secteur privé période de forte récession.
La réaction du secteur privé à la reprise reste Toutefois, au vu de la politique monétaire
l’une des principales incertitudes caractérisant particulièrement accommodante appliquée dans
les perspectives. Selon le scénario de base, les les pays à revenu élevé, il est probable que les
effets négatif sur la richesse liés à la crise et taux d’épargne des ménages chutent plus
l’endettement partagé pendant la reprise limitent rapidement que ne le prévoit le scénario de base.
la consommation pendant plusieurs années. De De même, les investissements pourraient être
plus, l’affaiblissement du secteur bancaire ne lui
30
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
plus stimulés que prévu par la faiblesse des taux l’épargne aux États-Unis contribue à gonfler son
d’intérêt et le regain de confiance des déficit courant à hauteur d’environ 0,2 % du
intervenants 5. PIB.
La troisième partie du tableau illustre les Impact de la crise sur les personnes très
résultats d’une simulation basée sur l’hypothèse pauvres
selon laquelle le taux d’épargne aux États-Unis La crise financière a sérieusement affecté les
chute de son niveau actuel de 3,4 % du revenu chances de réaliser les Objectifs de
des ménages à environ 2,7 %, soit un niveau développement pour le Millénaire (ODM) en
proche de sa moyenne pour les années 2000. Les 2015. Les estimations actualisées de la Banque
taux d’épargne dans les pays européens à revenu mondiale indiquent que la crise provoquera une
élevé reculent eux aussi dans les mêmes augmentation du nombre de personnes vivant
proportions selon ce scénario. sous le seuil de pauvreté de 57 millions en 2009
Dans ce cas, l’augmentation mondiale de la et de 76 millions en 2010 par rapport à un
consommation et des investissements entraîne scénario sans crise 6. Malgré ces statistiques
une augmentation de la croissance du PIB déprimantes, la reprise relativement rapide dans
d’environ 0,4 points de pourcentage pour les les pays en développement, leurs perspectives à
pays à revenu élevé et 0,6 % pour les pays en moyen terme telles que décrites dans la première
développement en 2010. Par conséquent, le partie de ce chapitre et les progrès significatifs
commerce mondial est supérieur de près de 0,2 accomplis dans la plupart des régions depuis
points de pourcentage au scénario de base en 1990 permettent d’espérer que les ODM seront
2011 et les écarts de production sont inférieurs atteints au niveau mondial.
d’environ 0,6 points de pourcentage. Le recul de
Tableau 1.3 La pauvreté dans les pays en développement par région, différentes années
Région ou pays 1990 2005 2015 2020 1990 2005 2015 2020
Pourcentage de la population Nombre de personnes vivant de
vivant de moins de 1,25 USD/jour moins de 1,25 USD/jour
As i e de l 'Es t et Pa ci fi que 54.7 16.8 5.9 4.0 873 317 120 83
Chi ne 60.2 15.9 5.1 4.0 683 208 70 56
Europe et As i e centra l e 2.0 3.7 1.7 1.2 9 16 7 5
Améri que l a ti ne et Ca ra ïbes 11.3 8.2 5.0 4.3 50 45 30 27
Moyen Ori ent et Afri que du Nord 4.3 3.6 1.8 1.5 10 11 6 6
As i e du Sud 51.7 40.3 22.8 19.4 579 595 388 352
Indi e 51.3 41.6 23.6 20.3 435 456 295 268
Afri que s ubs a ha ri enne 57.6 50.9 38.0 32.8 296 387 366 352
Tota l 41.7 25.2 15.0 12.8 1,817 1,371 918 826
31
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
32
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
33
Perspectives pour l’économie mondiale 2010
sources privées répondront aux besoins de financement Document de base preparé pour le Sommet des
externe des pays en développement tels que définis par chefs d'etats et de gouvernement du G20,
le déficit courant et le remboursement prévu du principal Pittsburgh, PA, 24-25 septembre de 2009. http://
sur la dette privée. La réduction de la dette privée à court siteresources.worldbank.org/NEWS/Resources/
terme devrait se poursuivre en 2010 alors que la dette à WorldBankG20PaperonLICsSept2009.pdf
moyen et long terme devrait légèrement augmenter.
BCE (Banque centrale européenne). 2009a. “What
4. Le programme de relance budgétaire des pays du G20 Triggers Prolonged Inflation Regimes? A
correspond à la modification de la mesure Historical Analysis,” par Isabel Vansteenkiste.
discrétionnaire du déficit budgétaire de Horton, Kumar Working Paper Series.
et Mauro (2009). Pour les autres pays en
_____________2009b. Financial Stability Review,
développement, il correspond à l’évolution du déficit
décembre 2009. Francfort, Allemagne. http://
structurel (dans les pays où les dépenses structurelles ont
www.ecb. europa.eu.
augmenté en pourcentage du PIB) en utilisant les
estimations du FMI pour les dépenses et recettes Chen, S., and M. Ravallion. “The Impact of the
publiques générales. Global Financial Crisis on the World’s Poorest.”
Vox: Research-based policy analysis and
5. Au début des années 2000, les investissements ont
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progressé à un rythme environ 1,6 fois supérieur à la
le 9 décembre 2009], www.voxeu.org/index.php?
croissance du PIB dans les pays en développement avec
q=node/3520.
des pics à 2 fois la croissance du PIB pendant les phases
haussières. Selon le scénario de base, ce rapport entre FMI (Fonds monétaire international). 2009. World
investissements et PIB correspond globalement aux Economic Outlook. Washington, DC.
tendances du début de la décennie (environ 1,4 fois la Friedman, Jed, and Norbert Schady. 2009. “How
croissance du PIB dans la plupart des pays). En Many More Infants Are Likely to Die in Africa
appliquant le ratio historique le plus généreux de 2 as a Result of the Global Financial Crisis?”
pendant les phases haussières, on en conclut que les Document de travail consacré à la recherche sur
investissements pourraient progresser au rythme moyen les politiques 5023, Banque mondiale,
de 10,9 % en 2010-2011 contre 7,8 % selon le scénario Washington, DC. http://www-
de base. wds.worldbank.org/external/default/
6. Ces calculs actualisent ceux de Ravallion (2009) et de WDSContentServer/IW3P/
la Banque mondiale (2009c) et tiennent compte des IB/2009/08/20/000158349_20090820140450/
données des nouvelles enquêtes et des prévisions de Rendered/PDF/WPS5023.pdf
croissance révisées présentées dans ce rapport. Horton, Mark, Manmohan Kumar, and Paolo Mauro.
7. Nous n’avons pas transposé ces évolutions sous forme 2009. “The State of Public Finances: A
d’ajustements des prévisions de croissance proprement CrossCountry Fiscal Monitor.” IMF Staff
dites, ni de l’élasticité de la pauvreté par rapport à la Position Note SPN/09/25, Fonds monétaire
croissance telle qu’elle ressort des nouvelles enquêtes . international, Washington, DC.
International Energy Agency. 2009. Oil Market
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