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1fS MANDATS INTERNATIONAL —————-- oa ee CHAPITRE PREMIER sySTEME ADOPTE POUR L'ORGANISATION ET LE FONCTIONNEMENT DES MANDATS INTERNATIONAUX srrrution des mandats int-rnationaux dont il est question a l'article 22 du pacts de la Société des Nations, est, dans le droit des gens, une institution tout a fait nouvelle, jellement pour but de contribuer au Lien+ttre et au d ment dis peuples qui me sont pas encore cupables de se diriger émes, et habitent des territuires, lesquels, 4 la suite de la wndiale, ont cessé d'étre sous la souveraineté des Etats vuvernaient précédernment. Elle vise aussi 4 étabiir, ines limites, un régime de liberté et degalité com- Von se trouve ici en présence d'une institution nouvelle, cela fst bien certain; mais il serait erroné de eroire que Vesprit dans ic a été concue n’ait pas donnée avant, & dis mani- : importantes ou que le droit des gens positif ait, pré- nt, tout 4 fait négligé ce qui @ trait & la protection intt- des peuples arriv res. Ai les conventions internationales par lesquelles les Etats actants se sont mutuellernent obliges 4 suivre, a Végard de populations dépourvues de civilisation ou de ¢i ation peat: Une Conduite dét-rminée ayant pour but le bien-2te {a populations, on peut notamment rappeler l'Acte général de in du 26 fevrier 1845 et |'Acte ginkral de Bruxelles du 2 juth weet! Tul @ ete, ce dernier, le résultat dela conférence anb~scla- te tenue dans la capitale de la Belgique. Cex deux aces sont MA & étre remplaces par trois conventions signs # 727 An le 1g septimbre 1919 qui, sur certans pointe, po ton des disponitions des actos précidunts, sur d'autres ‘Rt ou modificnt jeurs dispositions, sur d'autres aes eu, aup Sea 218 G. DIBNA, — LES MANDATS INTERNATIONAUX apécinlement pour co qui a trait A Vinterdiction de certains com. merees, en étendent I'eMcacité et la sphire d'application, Ce qui attribue A linstitution dk s internationaux une empreinte tout A fait originale c'est, A mon sens, bien moins buts que la fagon dont elle a été organisée, car clle a GUé constity de telle sorte qu'elle puisse fournir tout un ensemble de garanties internationales susevplibles de sauvegarder les intéréts des popu- lations qui en sont Vobjet et, dans une certaine mesure aussi, les intérets de la collectivite des puissauces fuisant partie de la Socidte des Nations. Avant d'cxaminer en quoi consiste organisation de Tinstitu- tion dont nous devons nous vecuper et d’étudier son caractére juridique, il nous faut rappeler les événements ct les causes poli- tiques qui ont contribué A son apparition sur la scéne du droit des g Parmi les messages du Président Wilson, qui ont eu dans le monde le plus grand retentissement, personne n'a sans doute é celui en date du 8 janvier 1918, qui contenait les conditions re, énoneées dans les and ns, oubli de la paix & laquelle il était disposé A sous fameux quatorze points dont on a tant parlé. Or, le cinquieme de ces points était formulé comme il suit : « Un arrangement librement débaitu dans un esprit large et absolument impartial de toutes les revendications coloniales, fondé sur Ja stricte observation du p cipe que, dans le réglement des questions de souveraineté, les inté- réts des populations en jeu peseront d'un méme poids que les revendications équitables du gouvernement dont le titre sera A définir. » Le douzitme des quatorze points ajoutait que ; « Aux parties turques de J'empire olloman actuel seront garanties pleinement la souveraincté et la sdreté, mais d’autre part il faut assureraux autres nationalités qui vivenl actucllement sous lo régime ture une sdreté certaine d’existence ct une possibilité absohiment dépourvue d'entraves d'un développement aulonome. » Ces formules avaient pour but de donner satisfaction aux aspi- rations humanitaires de ceux qui voulaient que la conclusion de la paix fat l'occasion de régler les revendications coloniales en sui- vant des crittres de justice et en tenant compte de I'intérét, jus- qu’alors bien peu pris en considération, des indigenes. Il n'est pas superflu de noter que, méme antérieurement au mes- sage du Président Wilson ici rappelé, en décembre 1917, en Angle- terre, le Comité parlementaire du Congres des Trade Unions et le Comité excculif du Labour Party, en s’occupant des buts de la guerre, avaient lance l'idée de l'internationalisation des colonies allemandes. Tout & fait en opposition a ces idées étaient celles des impéria- listes et les aspirations des hommes d’Etat de |'Entente qui auraient LE OSYSTREME ALOETEL yg onerrt tout simplement lea onloniea Mrattraites . oot OP qnetnd, COORIA Gul Cantinuaicnt & Bre ore , ot prulitant rc soe Yes epee ntants dea Etats vainqueure we pe eenaiig a Pare pour participer a la Cy ‘oe etait reaté inflexibiernent fid que de Sacenrder sur le sort des colonies ay pmagne et des territoies sourtraits a ler par lew speeay nit yrran ee wanes qui, & ort by dire |a Grande-Bretagne et la France, etaent port og des Yues du Préudent Wilson, non weulem-nt le de trouver en désaceurd avec ot yment tout puissant, mais aus pour une autre Puissances qui, le 16 mai 1416, avaient conclu un actord e! au sujet de la répartition des t-mituircs qu'elirs ava jon de soustrare & la Turquie, avairnt pris precedernme: des engagements avec les populations qu’el! auvrer de la sujétion ottomane, L’Angict-rre avait fait des 1415 gs promsscs au roi Hussein, souverain de I’ Hedjaz, et les deux pass 4 en avaicnt fait aux délégations de la Syrie et du Liban en vue dun ou de plusieurs Etats ar Diautre part, il faut rappeler que pendant les semaines qui on 1 precédé la conférence de Paris, dans plusieurs des Etats del i.ntente, to tabora des projets qui devaient servir de bases de discus au Parte de la Societé des Nations. Or, le genéral Smuts, & |'Union sud-afrieaine, eut le grand mérite de proposer, em cone benion avee un projet de Société de Nations, un systeme d’ad tutration coloniale surveillée internationalement, qui fut presque maunédiaternent econnu eomme le projet des mandats. Le projet Smuts n'était pas em opposition avec les principes du Président Wilson, mais tandis que les propositions de ce dernet tuuent vagues et incertaines, le projet Smuts était bien Cau et Petes, Dans ce projet, la Socitté des Nations fut con Seceseur des empires vaincus, comme le frusice agissant Vievéret de la eommunauté des nations et comme le gardica as brmituires objet de mandat sous son contrile. rat Président Wilson dans la séance pléniére de la Conlrt Ts dus 27 janvier 1919, en s'inspirant des ides du général Smuts Witena Vinternationalivation dis colonies sous Fe eontrile eon des Nations, qui aurait pour chaque colonie délégué une eance pour l'administrer. a. abes au'onumes, sidérée comme le dans Conférence de 218 G. DIENA, — LES MANDATS INTERNATIONAUX Les délégués britanniques et frangais, qui d@abord auraient Voulu ‘on procédat & J'annexion des territoires coloniaux conquis, a aaafent enfin, aprés quelques hésitations, & la solution transac. tonnelle qui fut adoptée dans l'article 19 du projet pour la consti. tution de la Société des Nations présenté par le président Wilson a Ja seance plénitre du 14 février 1919, ; Or c'est précisément cet article du projet Wilson qui, sauf quelque modification, a été reproduit dans l'article 22 du pacte '. Ladoption de cet article est donc le résultat d'une transaction au sujet des territoires coloniaux soustraits & I'ennemi, entre le systéme de Yannexion pure ct simple et le systéme de leur internationalisation absolue. Examinons maintenant l'article 22 du pacte avee beaucoup d’attention, pour en comprendre, aussi bien que possible, la portée. Il résulte d’abord du paragraphe 1 de ce long article quel est le but essentiel visé par ses dispositions, & savoir, cc que nous avons déja rappelé, le bien-étre et le développement des populations dont i] s'agit, Et tandis qu’on déclare que la réalisation de ce but est considérée par les puissances contractantes comme une mission sacrée de civilisation, on ajoute que ces mémes puissances se trouvent d'accord pour introduire dans Je pacte des dispositions capables de eréer les garantics nécessaires pour l'accomplissement de cette mission. Est-ce que par le paragraphe I Jes Etats contractants ont mutuel- lement pris "engagement d’appliquer le systéme résultant de I’arti, cle 22 & toutes leurs possessions coloniales, sans exclusion pour les colonies qu’ils possédaient méme avant la grande guerre? A Ja question ainsi poséc, i] faut sans la moindre hésitation répondre négativement et cela malgré que, pendant la Conférence de Paris, l’Allemagne lorsqu’elle vint & connaitre l'intention des principales puissances alliées ct associ¢es d'adopter a légard de ses anciennes colonies le systtme des mandats internationaux, soutint qu’elle n’aurait da étre dépossédée de ses domaines colo- niaux au profit de la Société des Nations, qu’A la condition que les alliés aussi fussent soumis au contréle international méme pour leurs anciennes colonies. Lord Balfour avec raison répondit & I'Allemagne que les alliés vainqueurs ne devaient pas lui rendre compte du régime adopté dans leurs propres colonies, En effet, il résulte bien clairement des termes du paragraphe 1 1. Tl est facile de constater que l'article 22 du pacte est inspiré par les 1dées du général Smuts, si on compare cet article avec la brochure Practical suggestic qu'il it paraitre en décembre 1918. Voir de cette brochure notamment les n°* 6 et 7 eités par Carters Mills, The mandatory System (American Journal of International aw, 1923, p. 50 et suiv.), .

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