Vous êtes sur la page 1sur 18
ART ITALIEN ET ASTROLOGIE INTERNATIONALE AU PALAZZO DI SCHIFANOIA A FERRARE *' A Rome, le monde de formes de la Renaissance italienne 4 son apogée nous montre, a nous autres historiens de l'art, la tentative enfin aboutie par laquelle le génie artistique s'est libéré des servitudes illustratives médiévales ; c’est pourquoi je suis bien obligé de me justifier, si j’entreprends ici, 4 Rome, dans ces lieux et devant cet auditoire compétent en matiére d’art, de parler d’astrologie, cette redoutable ennemie de la création artistique libre, et de son impor- tance dans l’évolution stylistique de la peinture italienne. J’espére qu’au cours de mon exposé, je serai justifié par le probléme lui-méme, dont la nature singuligrement complexe m’en- voya explorer les régions ténébreuses de la superstition astrologique — et au début, tout a fait contre mon goat, qui me portait initialement vers des choses plus belles. Ce probléme est le suivant : que signifie l’influence de l’Antiquité pour la civilisation artistique des débuts de la Renaissance ? Il y a quelque 24 ans, a Florence, il me vint l'idée que l’influence de I’Antiquité sur la peinture profane du Quattrocento en particulier sur Botticelli et Filippino Lippi — se manifestait par un changement du style dans la représentation de la figure humaine : le mouvement du corps et du vétement était amplifié, suivant en cela certains modéles tirés des arts et de la poésie antiques. Plus tard, je vis que des superlatifs authentiquement antiques du langage des gestes constituaient également la rhétorique musculaire de Pollaiolo et surtout, que le monde des fables paiennes du jeune Diirer lui-méme (de la Mort d’Orphée & la Grande Jalousie) doit la force dramatique de son expression a la survivance de telles « formules de pathos », au fond tout a fait grecques, que ’Italie du Nord lui proposait *. Toutefois, si ce style italien, antiquisant, a pénétré dans l'art du Nord, ce ne fut certes pas parce que celui-ci n’avait pas pratiqué personnellement les sujets paiens ou antiques ; au contraire ; il m’apparut clairement, en étudiant des inventaires concernant Fart profane vers le milieu du xv° siécle, que les tapisseries ou les draperies flamandes, par exemple, présentaient des personnages vétus avec réalisme de costumes contemporains « alla franzese », a qui 24 200 Essais florentins on permettait d’incarner les figures de l'antiquité paienne, méme dans les palais italiens. En étudiant plus précisément l’ensemble des images paiennes dans le domaine de l’art du livre dans les pays du Nord, je constatai en outre, par la comparaison du texte et de l'image, que leur allure extérieure non classique, si déroutante pour nous, pouvait distraire le regard des contemporains de l’essentiel : la volonté sérieuse, mais par trop fidéle a I’aspect matériel, de donner une représentation authentique de |’Antiquité. F Au Moyen Age, cet intérét singulier pour la culture classique était si profondément enraciné dans le Nord, que dés Taube de lére médiévale, nous trouvons une sorte de manuels de mythologie illustrés, destinés & ces deux catégories du public qui en avaient le plus besoin : les peintres et les astrologues. a ‘ Crest dans le Nord, par exemple, qu’est apparu le principal traité en latin, a l’'usage des peintres de divinités, le De deorum imaginibus libellus, attribué 4 un moine anglais, Albericus *, qui vécut pro- bablement dés le xut siécle. Sa mythologie illustrée, accompagnée des descriptions des représentations de 23 divinités paiennes célébres, a exercé sur la littérature mythographique ultérieure une influence qui a été totalement négligée jusqu’ici ; elle s'est fait sentir surtout en France, od des paraphrases d’Ovide en vers frangais et des commentaires moralisateurs en latin donnent asile 4 ces immigrants paiens dés les alentours de, 1300. E En Allemagne du Sud méme, on voit apparaitre dés le xur* siécle une assemblée d’Olympiens dans le style d’Albericus *, dont la théorie mythologique — ainsi que je l’ai montré en 1909, devant la cheminée de Landshut — déterminait encore en 1541 la fagon de représenter les sept divinités paiennes. Ce sont naturellement les sept planétes qui survivent & Landshut, c’est-A-dire ces dieux grecs qui sous l’influence de I’Orient, étendent ensuite leur autorité aux planétes qui portent leur nom. De tous les Olympiens, ces sept dieux-la devaient avoir la plus grande capacité de survie, parce qu’ils ne devaient pas ce privilége a la mémoire des savants, mais a leur propre force d’attraction 4 la fois astrale et religieuse, qui continua a s’exercer sans interruption. En effet, on croyait qu’a toutes les époques de l'année solaire, ces sept planétes gouvernaient les mois, les jours, les heures de la destinée humaine, selon des lois pseudo-mathématiques. La plus commode de ces théories, celle du gouvernement des mois, offrit alors aux dieux exilés un asile sr, dans l'art médiéval des calendriers, qui ont été illustrés au début du xv‘ siécle par des artistes de (Allemagne du Sud. 4 nformément A la conception hellénistique et arabe, ils offrent Art italien et astrologie internationale 201 de maniére typique sept images de planétes : bien qu’elles présentent la vie des dieux paiens comme une collection anodine de scéne de genre contemporaines, elles n’en apparaissent pas moins aux yeux des adeptes de l’astrologie comme les hiéroglyphes fatidiques d’un livre d’oracles. Il est clair que ce genre de tradition relative aux dieux, ot les personnages légendaires de la Gréce avaient regu en méme temps le pouvoir étrange de démons astraux, devait donner naissance a un important courant grace auquel, au xv° siécle, les paiens vétus a la mode du Nord purent se répandre dans tous les pays, et ce d’autant plus aisément qu’ils disposaient de ces nouveaux vecteurs d'images, plus mobiles, que leur offrait 'imprimerie qui venait d’étre découverte dans le Nord. C’est pourquoi les toutes premiéres productions de l’imprimerie, les incunables xylographiques présentent déja, dans le texte et dans l'image, ces sept planétes et leurs enfants, dont le caractére matériel, la fidélité 4 la tradition contribuérent a leur maniére a la renaissance de I’Antiquité en Italie. Depuis un certain temps déja, il m’était apparu qu'une analyse iconologique approfondie des fresques du Palazzo di Schifanoia devait résoudre l’énigme de cette double tradition médiévale de la représentation des dieux antiques. Ici, nous pouvons remonter jusqu’a la source et mettre en évidence aussi bien l’influence de la doctrine systématique des dieux olympiens, telle que ont transmise les mythographes érudits du Moyen Age en Europe occidentale, que celle de la doctrine astrologique, telle qu’elle s’est maintenue, intacte, dans le discours et les images de la pratique astrologique. La série de peintures murales du Palazzo di Schifanoia 4 Ferrare représentait les images des douze mois ; sept d’entre elles nous ont été rendues, aprés avoir été redécouvertes sous le badigeon (1840). Chaque représentation d’un mois se compose de trois espaces picturaux superposés, paralléles et autonomes, et comporte des personnages ayant a peu prés la moitié de la grandeur nature. Dans la partie supérieure, les dieux de l’Olympe défilent sur des chars triomphaux ; en bas, on nous raconte les activités terrestres 4 la cour du duc Borso ; on l’apergoit occupé aux affaires de |’Etat ou partant joyeusement a la chasse ; la partie médiane appartient au monde des divinités astrales, comme I’indique déja le signe zodiacal qui apparait au centre de cet espace, entouré 4 chaque fois de trois figures énigmatiques. La symbolique complexe et fantastique de ces figures a résisté jusqu’ici 4 toute tentative d’explication ; je démon- trerai, en élargissant le champ de mon observation en direction de lOrient, que ce sont 1a des éléments de représentations astrales du monde des dieux antiques qui survivent ici. En effet, il ne s’agit 202 Essais florentins de rien d’autre que de symboles d’étoiles fixes, qui toutefois ont totalement perdu la netteté de leurs contours grecs au cours de leur migration séculaire, depuis la Gréce, 4 travers I’Asie Mineure, lEgypte, la Mésopotamie, l’Arabie et Espagne. _ F Comme il est impossible de donner une interprétation exhaustive de l'ensemble de la fresque dans le temps qui m’est imparti, je me limiterai A trois représentations de mois et je me bornerai aussi a Vanalyse iconologique, pour l’essentiel, des deux régions supérieures consacrées aux dieux. § 4 | Je commencerai par la premiére représentation @un mois, celle de mars (selon la chronologie italienne ancienne, il ouvre le cycle de l’année), que gouvernent, parmi les divinités, Pallas, et parmi les signes du zodiaque, le Bélier ; je me tournerai ensuite vers la deuxiéme représentation, celle du mois d’avril, que gouvernent Vénus et le Taureau, et enfin, je prendrai le mois de juillet, parce qu’une personnalité artistique moins affirmée y laisse transparaitre le pro- gramme théorique de la facon la plus nette. Nous tenterons ensuite, en élargissant notre horizon a Botticelli, de saisir le monde des dieux paiens a Ferrare, dans la perspective de l'histoire des styles, comme un type transitoire entre le Moyen Age international et la Renaissance italienne. Mais avant de passer & l’analyse de I'anamnése du monde des dieux paiens dans le Palazzo di Schifanoia, il me faut encore tenter d’esquisser a grands traits les outils et la technique de l’astrologie antique. : L’outil principal de l’astrologie, ce sont les noms des constellations, qui se rapportent aux deux catégories d’astres qui different par leur mouvement apparent : les planétes, avec leurs cours irrégulier, et les étoiles fixes, qui apparaissent toujours dans la méme position les unes par rapport aux autres, et dont l'image devient visible selon la position du soleil & leur lever ou a leur coucher. C’est de ces conditions de visibilité et de la position réciproque des astres que l’astrologie, une véritable astrologie d’observation, faisait dépendre I'influence du monde des planétes sur la vie des hommes. A la fin du Moyen Age cependant, l’observation recula au profit d’un culte primitif du nom des astres. Au fond, l’astrologie n’est rien d’autre qu’un fétichisme des noms projeté vers l'avenir : par exemple, si l'on était né en avril, avec Vénus dans son ciel de naissance, on devait vivre, conformément aux propriétés mythologiques de Vénus, sous le signe de l'amour et des joies légéres de l’existence ; et si l’on venait au monde sous le signe zodiacal du Bélier, on était destiné a devenir_ tisserand — la légendaire toison du bélier en était la preuve. De méme, ce mois serait particuliérement favorable a la conclusion d'affaires 4 propos de laine. Art italien et astrologie internationale 203 Pendant des siécles, et jusqu’a nos jours, des raisonnements erronés, pseudo-thématiques de ce genre ont fasciné les hommes. Les progrés de la mécanisation de l’astrologie conjecturale pro- duisirent — pour répondre a des besoins pratiques — un manuel dastrologie journaliére illustré. Les planétes, qui n’offraient pas un choix assez diversifié pour les 360 jours que comptait alors l'année, finirent done par céder complétement la place a une astrologie des étoiles fixes, plus large. Aujourd’hui encore, le ciel des étoiles fixes d’Aratos (342-345) est l’outil premier de l’astrologie, aprés que la rigueur de la science grecque ait réussi 4 faire des créatures passionnées de l’imagination religieuse des abstractions intellectuelles, c’est-d-dire des points mathématiques utilisables. L’astrologie hellénistique ne trouvait pas dans ce fourmillement, déja surabondant a nos yeux, d’étres humains, d’animaux et d’étres fabuleux une provision suffisante d’hiéroglyphes du destin pour ses prédictions quotidiennes ; il en résulta une tendance régressive 4 créer des formes nouvelles, véritablement polythéistes, qui dés les premiers siécles de notre ére donna naissance a une Sphaera Barbarica, sans doute composée en Asie mineure par un certain Teucros ; il ne s’agit de rien d’autre que d'une description du ciel des étoiles fixes, enrichie des noms des astres égyptiens, babyloniens et d’Asie Mineure, qui dépasse presque du tiers le catalogue d’Aratos. Franz Boll I’a reconstitué avec une finesse géniale dans sa Sphaera (1903), et — ce qui est de la plus grande importance pour la science moderne de l'art —, il a retracé les étapes principales de son voyage (on dirait un conte de fées) : partie vers l’Orient et revenue en Europe, elle aboutit, par exemple, dans un petit livre illustré de gravures sur bois, od se trouve effectivement conservé un calendrier astrologique journalier d’Asie Mineure : l’Astrolabium Magnum, édité par l’érudit allemand Engel et imprimé pour la premiére fois par Ratdolt 4 Augsbourg en 1488 ° : mais l’'auteur en est un Italien connu dans le monde entier, Pietro d’Abano, le Faust padouan du x1v* siécle, le contemporain de Dante et de Giotto. La Sphaera Barbarica de Teuctos s'est perpétuée dans une autre division, qui correspond au texte gree conservé ; la division en décans, c’est-a-dire en tiers de mois, comprenant chacun dix degrés du signe zodiacal ; et ce type fut transmis a I'Occident médiéval par les répertoires astrologiques et les lapidaires des Arabes. Ainsi, la Grande Introduction d’Abi Ma’sar (mort en 886), la principale autorité de lastrologie médiévale, contient un triple synopsis de ciels d’étoiles fixes, apparemment tout a fait différents les uns des autres, appartenant a des nationalités distinctes, mais dont examen scientifique plus précis révéle qu’ils ne sont constitués qu’a partir 37 204 Essais florentins du fonds de cette Sphaera grecque, enrichie par des apports barbares ; et dans cette euvre d’Abi Ma’sar justement, on peut suivre encore une fois ses pérégrinations aventureuses jusqu’a Pietro d’Abano : partie d’Asie Mineure pour arriver en Inde, en passant par Egypte, la Sphaera aboutit, sans doute via la Perse, dans cet Introductorium Majus d’Aba Ma’sar, qui fut ensuite traduit en hébreu par un juif @Espagne, Aben Ezra (mort en 1167). En 1272, cette version hébraique fut alors traduite en francais 4 Malines pour |’Anglais Hugo Bates par l’érudit juif Hagins, et cette version francaise servit enfin de base a un texte latin de notre Pietro d’Abano, établi en 1293. Il fut réimprimé plusieurs fois, notamment & Venise, en 1507. Les Japidaires, qui enseignent l’influence magique des constellations décanales sur certaines sortes de pierres sont arrivés eux aussi en Espagne, en suivant le méme itinéraire Inde-Arabie. On sait que vers 1260, la philosophie hellénistique de la nature connut un singulier renouveau a Toléde, a la cour d’Alphonse le Sage: les auteurs grecs, qui devaient faire de I’astrologie alexandrine hermético- thérapeutique ou prophétique un funeste bien commun de toute YEurope,. ressuscitérent, traduits en arabe, dans des manuscrits espagnols illustrés. Toutefois, Boll n’a pas encore inclus dans le champ de ses études l’Astrolabe de Pietro d’Abano dans son édition la plus monumentale. Les murs du Salone de Padoue ont I’air de grandes pages in folio, si l'on peut dire, tirées d’un calendrier de prédictions astrologiques journaliéres, inspirées d’Abano dans I’esprit de la Sphaera barbarica. Me réservant d’explique dans un essai ultérieur, sur le plan artistique et de maniére scientifique, ce monument unique en son genre 8, je me contenterai ici de commenter une page de l’Astrolabe, qui nous conduira enfin aux fresques de Ferrare. Dans la moitié inférieure, on voit en bas deux petits personnages insérés dans un schéma d’horoscope : un homme tenant une faucille et une arbaléte ; il doit apparaitre au premier degré du Bélier ; ce n’est autre que Persée, qui effectivement se léve en méme temps que le Bélier, et dont la harpé est devenue une faucille. Au-dessus, on peut lire ces mots en latin: « Au premier degré du Bélier se léve un homme qui tient dans sa main droite une faucille et dans la gauche une arbaléte. » Et au-dessous, cette prédiction a l’intention des natifs du signe : « Tantét il travaille, tantét il part en guerre ». Rien de plus, par conséquent, qu’un plat fétichisme du nom, relatif a Pavenir ! Au-dessus d’eux, on voit trois personnages, qui dans le langage des astrologues portent le nom de décans’’ ; ils sont répartis par groupes de trois — 36 en tout, donc —, entre les signes du zodiaque. Le systéme de cette répartition remonte a lEgypte archaique, méme si la forme extérieure des symboles décanaux Art italien et astrologie internationale 205 révéle clairement que derriére homme au bonnet et au sabre courbe, c’est encore Persée qui se dissimule : ici, il gouverne, en tant que prima facies, non seulement le premier degré du Bélier, mais l'ensemble de ses dix premiers degrés. Il suffit d’un coup d’cil sur le Persée authentiquement antique du manuscrit Germanicus de Leyde pour démontrer que le sabre courbe et le turban du premier décan ont fidélement perpétué la harpé et le bonnet phrygien de Persée*. Mais sur une table astrologique en marbre qui date de l’époque romaine impériale, le célébre planisphére de Bianchini, qui fut trouvé en 1705 sur l’Aventin et donné a l’Académie frangaise par Francesco Bianchini (1669- 1729) — mesurant 58 cm de cété, soit exactement deux pieds romains, il est aujourd’hui au Louvre —, les décans égyptiens apparaissent encore dans une stylisation authentiquement égyptienne : le premier décan porte une hache a double tranchant. La piété médiévale nous a méme fidélement conservé cette version- 1a du décan portant la hache a double tranchant ; le lapidaire destiné a Alphonse le Sage de Castille présente, comme premier symbole décanal du Bélier, un homme au teint foncé, vétu d’une courte robe ceinturée de sacrificateur, et portant effectivement une hache 4 double tranchant ’. Mais il faut attendre une troisitme séries de décans, celle de auteur arabe Aba Ma’sar, pour ‘retrouver enfin directement les figures énigmatiques du Palazzo di Schifanoia. Dans le chapitre de sa Grande Introduction qui nous intéresse, Aba Ma’sar donne un résumé synoptique de trois différents syst?mes d’étoiles fixes : le systéme arabe, en usage dans son pays, celui de Ptolémée, et enfin le systéme indien. Dans cette série de décans indiens, on a tout d’abord impression d’étre entouré des fruits les plus authentiques de |’imagination orientale (et comme toujours, pour dégager de sa gangue l'image grecque primitive, cette iconologie critique exige que l'on écarte sans cesse des couches inattendues d’apports incompréhensibles). Ainsi, un examen plus approfondi des décans « indiens » donne le résultat suivant, qui ne nous surprendra plus guére : des éléments secondaires véritablement indiens ont proliféré, recouvrant les sym- boles des astres, qui étaient authentiquement grecs a l’origine. Car l'Indien Varahamira (vit siécle), l’autorité dont Abi Ma’sar s'inspire sans le nommer, mentionne trés justement, dans son Brhajdtaka, comme premier décan du Bélier, un homme portant une hache a double tranchant. Il écrit : « Au premier décan apparait un homme noir, effrayant, aux yeux rouges, capable de protéger, portant autour des reins une étoffe blanche ; il brandit une hache. 38 } } 39 206 Essais florentins C’est un homme-dreskdna (décan), qui est gouverné par Mars (Bhauma) » *°. Et chez Abd Ma’sar, on peut lire : « Les Indiens disent que dans ce décan se léve un homme aux yeux rouges, de stature élevée, son courage est grand et ses sentiments généreux ; il porte une grande robe blanche, serrée la taille par une corde en guise de ceinture ; il est courroucé, se tient droit, surveille et observe. » Les personnages concordent donc tout a fait avec la tradition, 4 une nuance pres : chez I’Arabe, le décan a perdu sa hache, ne gardant que le vétement ceinturé d’une corde. Il y a quatre ans, lorsque je lus le texte arabe d’Aba Ma’sar dans la traduction allemande que Dyroff a jointe au livre de Boll (ce dont il faut lui étre reconnaissant) “, les personages énigmatiques de Ferrare, si souvent et depuis tant d’années interrogés en vain, surgirent & mon esprit, et voici que Yun aprés l'autre ils se révélérent & moi comme ces décans indiens d’Abi Ma’sar. Le premier personnage de la région médiane de la fresque du mois de mars dut se démasquer : c’était bien le personnage noir au regard scrutateur et courroucé, vétu d’une robe serrée a la taille, dont il tient la ceinture de corde avec ostentation. Dés lors on peut analyser sans aucune ambiguité tout le systéme astral de la bande centrale : par-dessus la couche inférieure du ciel grec des étoiles fixes s’était tout d’abord déposé le schéma égyptien du culte des décans. Celui- ci a été recouvert par la couche des transformations mythologiques indiennes, qui dut alors traverser le milieu arabe, sans doute en passant par la Perse. Aprés que la traduction hébraique fut venue brouiller les choses par un nouveau dépét, le ciel grec des étoiles fixes, passant grace @ un intermédiaire francais dans la traduction latine d’Aba Ma’sar par Pietro d’Abano, déboucha dans la cosmologie monumentale du début de la Renaissance italienne : et ce justement sous la forme de ces 36 figures énigmatiques de la partie médiane des fresques de Ferrare. Tournons-nous a présent vers la région supérieure, ou se déroule la procession des dieux. Plusieurs artistes de niveau trés inégal ont collaboré a lensemble de la série de fresques. Fritz Harck * et Adolfo Venturi ‘* ont accompli un difficile travail de pionnier dans le domaine de la critique stylistique, et c’est aussi a Venturi que nous devons le seul document qui établisse Francesco Cossa comme l’auteur des trois premiéres représentations de mois (mars, avril et mai) : une lettre autographe de celui-ci, datée du 25 mars 1470, riche d’informations et passionnante. En haut, sur un char solennel tiré par des licornes, Art italien et astrologie internationale 207 nous apercevons — endommagée, certes, mais nettement recon- naissable — Pallas, la Gorgone sur la poitrine et la lance a la main. A gauche, on voit le groupe des disciples d’Athena, médecins, poetes, juristes (qu’une enquéte plus approfondie permettrait peut- @tre un jour d’identifier comme des membres de l’université de Ferrare A cette époque) ; a droite, en revanche, nous plongeons nos regards dans un petit ouvroir ferrarais : au premier plan, trois femmes en train de broder, derriére elles trois tisserandes a leur métier, entourées d’une troupe d’élégantes spectatrices. Cette société de dames, assise 1a de fagon apparemment si anodine, fournissait aux adeptes de l’astrologie la prédiction antique concernant les enfants du Bélier : celui qui est né en mars sous le signe du Bélier développera une habileté particuliére dans le travail de la laine. Voici comment Manilius, dans son poéme didactique consacré & lastrologie — le seul document de quelque ampleur qu’ait produit la littérature latine de la Rome impériale en poésie astrognostique —, célébre le caractére psychologique et professionnel du natif du Bélier : «.. et son métier est de travailler la laine de mille diverses fagons : tantot de peloter la laine brute, tant6t au contraire de Veffilocher, tantot de la filer, tantét de manier le métier a tisser, tantt d’acheter et de vendre divers vétements en vue d’un bénéfice. » * La parfaite concordance avec le poéme de Manilius n’est pas fortuite, ce qui avait complétement échappé & la recherche jusqu’a présent : depuis 1416, le poéme astrologique de Manilius faisait partie des classiques redécouverts par les érudits humanistes italiens qui leur avaient redonné vie avec amour et enthousiasme '® ; dans un passage célébre, il présente par ailleurs les divinités tutélaires des mois en ces termes : « Pallas gouverne le Bélier, Vénus le Taureau, Apollon les beaux Gémeaux ; Ia Lune le Cancer, Jupiter lui-méme, avec la mére du roi des Dieux le Lion ; la Vierge fertile appartient a Cérés, et la Balance industrieuse & Vuleain ; le Scorpion belliqueux est attaché & Mars ; Diane protege le chasscur mi-homme, mi-cheval (= le Sagittaire), mais Vesta le ciel inquiet du Capricorne, tandis que le Verseau est la constellation de, Jupiter et de Junon, et Neptune reconnait ses Poissons dans la mer. » Cest absolument a la lettre que les sept trionfi de dieux existants — comme nous le verrons de plus prés sur un autre exemple par la suite — correspondent a cette énumération, qui par ailleurs n’est attestée chez aucun autre auteur. Pallas protége mars, le mois du Bélier, Vénus le Taureau et le mois d’avril, Apollon les Gémeaux et le mois de mai, Mercure le Cancer et le mois de juin ; Jupiter 208 Essais florentins et Cybéle, ensemble — une alliance tout a fait caractéristique et qu’on ne retrouve nulle part ailleurs —, le Lion et le mois de juillet, Cérés la Vierge et le mois daoit, et Vulcain la Balance, qui correspond au mois de septembre. Il n’y a donc plus lieu de s'interroger sur les sources littéraires de Yesquisse conceptuelle de tout ce cycle d’images. En bas, dans la demi-obscurité de ce royaume intermédiaire, régnent les démons astraux hellénistiques, sous un déguisement international et médiéval ; en haut, le poéte latin vient au secours des dieux paiens qui cherchent & reprendre possession de leur atmosphere traditionnelle, plus élevée, celle de I’Olympe ec. © Comiderars a présent le mois d’avril, que gouvernent le Taureau et Vénus. Vénus, qui descend le fleuve sur son vaisseau tiré par des cygnes, dont la tenture flotte gaiement au vent, ne révéle pas le style grec par son aspect extérieur. Elle ne semble @abord se distinguer de la population des deux jardins d’amour, qui s’ébat a droite et & gauche de fagon fort profane, que par son costume, ses cheveux libres et sa couronne de roses. Bien plus, si l’on considére seulement le groupe de Mars et de YVénus sur leur char, le troubadour chargé de chaines qui se jette aux pieds de sa maitresse avec un air tellement langoureux évoque une atmosphére du Nord & la Lohengrin, telle qu’elle s’exprime par exemple dans la miniature néerlandaise qui illustre I’histoire Iégendaire de la maison de Cleves (cf. le Chevalier au Cygne du Ms. Gall. 19, a la Bibliotheque Royale et Nationale de Munich) ; connaissant l’intérét manifeste de la cour de Ferrare pour la culture chevaleresque & la frangaise, il serait tout a fait légitime de supposer de la sympathie pour cette mode spirituelle importée du Nord. Malgré cela, Francesco Cossa a représenté Vénus selon le pro- gramme rigoureux de la mythographie latine savante : ‘ ‘Albéricus, dont j’ai parlé ci-dessus, fait figurer dans son livre de divinités a I'usage des peintres le portrait suivant de Vénus, que je peux vous montrer dans un manuscrit italien illustré *. Le texte latin se traduit 2 peu prés ainsi : « Vénus occupe le cinquitme rang des planétes. C'est pourquoi elle a été Teprésentée en cinquitme position. Vénus a été peinte comme la plus belle des vierges, nue et nageant dans la mer, sa téte était ornée d'une couronne de roses blanches et rouges, et elle était accompagnée de colombes qui voletaient autour d’elle. Vulcain, le dieu du feu, grossier et repoussant, était son €poux et se tenait a sa droite. Mais devant elle se tenaient trois petites vierges nues, que l'on appelait les trois Graces, et dont deux avaient le visage tourné vers nous, tandis que la troisiéme se montrait de dos ; son fils Cupidon, ailé et aveugle, était lui aussi & ses cbtés, tirant des fldches vers Apollon et se réfugiant aussit6t dans le giron de sa mére, qui lui tendait sa main gauche ». Art italien et astrologie internationale 209 Regardons encore une fois l’Aphrodite de Cossa: la couronne de roses rouges et blanches, les colombes voletant autour de la déesse qui passe sur l’eau, l’Amour représenté sur la ceinture de sa mére, menacant de son arc et de ses fléches un couple d’amoureux, et surtout les trois Graces, qui ont sdrement été créées d’aprés un modéle artistique de l’Antiquité, tout cela prouve qu'il y avait ici une volonté de reconstituer l’Antiquité avec authenticité. Il suffit d’un peu de faculté d’abstraction pour reconnaitre dans cette miniature francaise de la fin du xIv° siécle l’Anadyoméne d’Albericus voyageant a travers la France médiévale. C’est ainsi qu’elle sort de l’onde dans l’Ovide moralizé °. La situation et les attributs sont clairs ; certes, Amour est devenu un roi ailé assis sur un tréne, et la fille de l’écume a lair d’avoir péché, dans son étang, un canard plut6t qu’une coquille ; mais a part cela, on reconnait des rudiments antiques parfaitement dépourvus d’ambi- guité : des roses rouges flottent sur l'eau, trois colombes volent dans les airs, et l'une des trois Graces tente méme de prendre la position de rigueur, en tournant le dos. Cet Olympe d’Albericus se maintient jusque dans [illustration des livres en France, au xv° et au Xvi° siécles, ainsi que dans le jeu de tarots dit de Mantegna, qui fut gravé vers 1465 en Italie du Nord. Tournons-nous a présent vers les Olympiens en tant que démons astraux, tels qu’ils subsistent dans les calendriers de planetes. Consi- dérons par exemple horoscope des « enfants de Vénus » sur la page d’un incunable bourguignon (mais s’inspirant sans doute de modéles allemands), qui date de 1460 environ *°. Ici, pas d’atmos- phere démonique, étrange ou inquiétante ; la souveraine de Chypre née de I’écume s’est convertie en patronne d’une joyeuse guinguette : des petits couples d’amoureux se baignent ou badinent au son de la musique sur une prairie fleurie ; si l'on ne voyait une forme féminine nue flotter en haut dans les airs, sur des nuages, tenant un miroir dans la main droite et des fleurs dans la gauche, parmi tous ses signes zodiacaux, on ne prendrait pas les personages d’en bas, sur la terre, pour ce qu’ils sont: des scholies en images, a usage astrologique, illustrant les propriétés mythiques de la Vénus cosmique, qui chaque année réveille dans la nature et chez les humains la joie de vivre. A Ferrare, comme les douze divinités de Manilius occupent la région des étoiles mobiles, l’astrologie des planétes céde la place a Pastrologie des décans. Malgré cela, on ne pourra s’empécher de reconnaitre que le jardin d’amour et les musiciens de la fresque de Cossa ont été inspirés par les « enfants de Vénus » de la tradition *'. Certes, le réalisme saisissant de Cossa (dont la Galleria Vaticana 4 210 Essais florentins conserve un exemple incomparable, la prédelle ornée de scenes de la vie de saint Hyacinthe) l'emporte sur I’élément non esthétique de la composante littéraire, qui ressort d’autant plus nettement, en revanche, dans certaines représentations de mois du palazzo di Schifanoia, od la personnalité plus faible de l’artiste n’est pas capable de dépasser la sécheresse du programme en lui insufflant de la vie. Tel est le cas pour le peintre de la fresque de juillet. Selon Manilius, ce mois appartient au couple divin Jupiter-Cybéle. En revanche, d’aprés la théorie des planétes de l’Antiquité tardive, ce serait Sol-Apollon qui gouvernerait le mois de juillet et le signe du Lion. Or, dans le coin supérieur droit de la fresque ; on voit des moines en priére, agenouillés dans une chapelle devant un retable ; cette idée, issue du cycle des enfants de Sol-Apollon, s'est introduite dans la série des douze divinités de Manilius, qui par ailleurs prévaut ici. Dés 1445, ces hommes pieux en priére sont attestés en Allemagne du Sud comme un élément typique des « enfants du soleil » at Un vers allemand, tiré d’un incunable astrologique, dit a ce sujet : Vor myttem tag sie dynen gote vil, dornoch sie leben wy man wil, (avant midi, ils servent beaucoup Dieu, apres, ils vivent a leur gré). Mais si l’on excepte cet ajout provenant du cyle des planétes du Soleil, c’est le couple divin de Jupiter et de Cybéle avec sa couronne crénelée, qui gouverne, conformément a Manilius, juillet, le mois du Lion ; ils se partagent paisiblement le trone de leur char triomphal. Les groupes de droite prouvent a quel point on prenait au sérieux la résurrection de la fable antique ; @ l'arrigre-plan, conformément a la légende barbare, est étendu Attis. Et la preuve que les prétres drapés dans leurs vétements sacerdotaux, jouant des cymbales, des timbales et des tambours sont effectivement destinés a représenter des galli, et encore que les adolescents en armes sont bien des corybantes brandissant leurs épées, nous est donnée, dans ce contexte, par les trois sitges vides que nous voyons au premier plan: un fauteuil vide a gauche, deux trépieds a droite. Il n'y a pas le moindre doute que ces siéges de style contemporain sont placés aussi ostensiblement au premier plan en tant que symboles cultuels ésotériques, remontant véritablement a l’Antiquité la plus ancienne : ils sont 1a pour représenter les trones inoccupés de Cybele, que saint Augustin mentionne encore en se référant expressément a Varron *. Méme sans cette référence peinte, extraordinairement érudite, aux trénes divins, la légende de Cybéle, avec tous ses détails barbares, ne se trouve pas seulement chez Albericus ; elle nous est déja présentée sur cette page isolée d’un manuscrit de Ratisbonne datant Art italien et astrologie internationale 211 du xuf siécle, en compagnie d’autres figures paiennes trés curieuses. Derriére Cybéle sur son char tiré par des lions, on remarque trois corybantes brandissant leurs épées *. Le Moyen Age, comme on dit, ne manquait pas ici, en vérité, d'une volonté archéologique de fidélité formelle. Le peintre de la fresque de juillet, dont la puissance créatrice ne fait pas oublier le contexte illustratif, a la différence des figures pleines de vie de Cossa, est I’héritier d’une conception médiévale de V’art en voie d’extinction. La sctne de noces a gauche doit représenter le mariage de Bianca d’Este, une sceur de Borso, avec Giangaleazzo della Mirandola. Ce Giangaleazzo avait pour frére Pic de la Mirandole, ce courageux pionnier de la lutte contre la superstition astrologique, qui en outre partit en guerre, dans un chapitre en particulier, contre l’'absurde théorie arabe des décans. On comprend qu’un homme de la Renaissance, dont ces démons astrologiques viennent hanter le milieu le plus proche — Savonarole, cet autre ennemi de l’astrologie, était né lui aussi 4 Ferrare — se soit défendu contre une idolatrie du destin aussi barbare. Mais il fallait pourtant qu’a la cour des Este le monde des divinités antiques fit encore fortement mélé de croyances et de pratiques héritées de la fin de l'Antiquité et du Moyen Age, pour qu’en 1470 encore, on ne trouvat que les premiers symptémes d’une restitution artistique complete de l’Olympe : ce sont justement ceux que nous voyons chez Manilius, quand il substitue aux divinités des planétes la série des douze divinités. Quel pourrait donc-en avoir été le savant inspirateur ? L’astrologie jouait un grand rdle a la cour des Este: 2 propos de Leonello WEste, par exemple, on raconte qu’il portait pour chaque jour de la semaine, comme les anciens mages d’Arabie, des vétements aux couleurs des planétes ** ; Pietro Bono Avogaro, l'un des astrologues de la cour, écrivait des prédictions pour chaque année, et un certain Carlo da Sangiorgio interrogeait l'avenir par la géomancie, le dernier avatar dégénéré de la divination astrologique antique *. Ce n'est pas cet Avogaro, mais bien l'autre professeur d’astronomie de Vuniversité de Ferrare qui fut l’inspirateur suprémement savant des représentations des mois au Palazzo di Schifanoia : Pellegrino Pris- ciani, qui était a la fois le bibliothécaire et I'historiographe de la cour des Este. La critique des sources nous fournit un indice qui nous permet de l’affirmer. Dans ses prédictions, Avogaro cite lui Abi Ma’sar a plusieurs reprises, il est vrai. Mais ce Pellegrino ani ** (dont la page de titre de son Orthopasca, a la Bibliotheque de Modéne, nous a conservé le portrait), s'appuie justement, dans une consultation astrologique, sur l’autorité de ce méme trio singulier de savants, dont nous venons de démontrer qu ils constituent les | | | 212 Essais florentins incipales sources d’inspiration de nos fresques : Manilius, Aba Raearee Pietro d'Abano. Je dois la copie de ce document jusqu'ici inconnu, et si important & mes yeux, 4 la bonté de M. Dallari, iviste de Modene ’. he ae aia @’ Aragon, l’épouse du duc Ercole, l’avait pri€, puisqu’il était 'homme de confiance de la famille en matiére d’astrologie, de lui indiquer la conjoncture astrale la plus favorable pour que tous les désirs se réalisent 4 coup sir. Il constate avec joie que cette conjoncture est justement celle du moment — Jupiter icy conjonction avec la téte du Dragon, la Lune en position favorable sous le signe du Capricorne —, et dans son compte-rendu eve que je public en appendice, il s’appuie sur les aphorismes d’Aba Ma’sar et le Conciliator de Pietro d’Abano. Mais il laisse & Manilius le soin de conclure par un accord final plein dautorité : (IV, 570- 571) « Quod si quem sanctumque velis castumque probumque hic sibi nascetur, cum primus aquarius exit ». Cet indice, me semble-t- il, devrait pouvoir étre confirmé définitivement par un deuxiéme document d’archives ; dans la lettre mentionnée plus haut, Francesco Cossa proteste contre les mauvais traitements infligés par linten- dant des beaux-arts du duc, et il passe par-dessus sa téte pour s’adresser personnellement au duc Borso, se plaignant d’avoir ete mal traité et mal payé. Mais cet inspecteur des beaux-arts du Palazzo di Schifanoia n’était autre que notre Pellegrino Prisciani. Bien sar, Francesco dit seulement qu’il s’adresse au prince en personne pour ne pas importuner Pellegrino Prisciani : « ... non voglio esser quello il quale et a pelegrino de prisciano et a altri venga a fastidio », mais il ressort clairement du contexte qu’il évitait ce savant parce que celui-ci voulait lui donner un salaire égal a celui des autres peintres des mois, que Francesco Cossa — nous comprenons aujour- @hui son indignation aussi justifice que vaine — désigne comme i piu tristi garzoni di Ferrara ». . ; ‘ me a eu pes manquer de respect & la mémoire de Pellegrino en supposant que s’il plagait les autres peintres des mois au mene rang que Francesco Cossa, c’est qu’ils incarnaient avec une si belle itude les finesses de son savant programme. oe Mais nous ne devons pas oublier que le programme de Prisciani — méme s'il aboutissait, dans sa réalisation picturale, 4 un mor- cellement peu esthétique, en la surchargeant de détails — révéle dans ses dispositions fondamentales un architecte des idées qui ee manier judicieusement les éléments profondément harmonieux de la cosmologie grecque. Si nous considérons maintenant, grace a une esquisse rapide, la transposition de tout ce cycle d'images de Fecrate dans un espace sphérique, il saute aux yeux que la triple bande images du Palazzo di Schifanoia est en fait un systéme sphérique Art italien et astrologie internationale 213 projeté sur un plan, dans la disposition duquel le modéle des sphéres de Manilius se méle a la table de Bianchini. Le cceur méme du globe terrestre est symbolisé par le calendrier illustré de la Cour et de Etat de Ferrare du duc Borso; & la rangée supérieure, on voit planer les douze divinités olympiennes — conformément aux croyances de Manilius — comme ies protec- trices des mois ; 4 Ferrare, seuls subsistent encore : Pallas, Vénus, Apollon, Mercure, Jupiter-Cybéle, Cérés et Vulcain. C’est Manilius qui a attribué a ces douze divinités le gouvernement des mois la place des planétes et qui les a vénérées en tant que telles. A Ferrare, cette théorie cosmologique a été gardée dans son principe ; nous n’avons pu relever qu’a certains endroits isolés des fragments dispersés de I’ancienne astrologie médiévale des planétes, alors que la mythographie descriptive savante — Albericus princi- palement — contribuait surabondamment & la réalisation méticuleuse et détaillée de l’arriére-plan. La sphére du zodiaque est commune a Manilius, au planisphére de Bianchini et au cycle des mois du Palazzo di Schifanoia. Mais par l’élaboration du systéme des décans, qui dans la table de Bianchini vient s’intercaler comme une région particuliére entre les étoiles fixes et les planétes, la sphére de Prisciani est de méme nature que le cosmos de la table de Bianchini ; car les décans indiens d’Abd Ma’sar, qui gouvernent la région médiane au Palazzo di Schifanoia, ont révélé — mais seulement aprés un examen attentif, il est vrai — que c'est un cceur grec qui bat sous le septuple manteau des voyageurs chargés d’épreuves qui circulérent parmi les époques, les peuples et les hommes. * ee Les tableaux de Tura qui se trouvaient dans la bibliothéque de Pic de la Mirandole ne nous sont malheureusement parvenus qu’a travers des descriptions ; peut-étre nous montreraient-ils déja comment s’annonce dans la peinture ferraraise de cette époque Vévénement capital dans le domaine stylistique qui symbolise le passage de la Renaissance primitive 4 son apogée : la reconstitution @un style idéal antiquisant, plus élevé, pour représenter les grandes figures de la légende et de lhistoire anciennes. Toutefois, il ne semble pas qu’une passerelle conduise du Palazzo di Schifanoia & ce style idéal antiquisant, d’un humanisme plus élevé. Nous avons vu qu’en 1470 la légende de Cybéle remplit sa fonction en se pliant a la servitude illustrative médiévale, sous la forme prosaique d’un cortége de rues: car Mantegna n’avait pas encore enseigné comment promener solennellement la mére des 214 Essais florentins dieux au rythme triomphal de I’arc romain — et la Vénus de Cossa elle-méme ne s’apprétait pas encore A quitter la région inférieure du réalisme des costumes alla franzese pour accéder a l’éther lumineux de la Venere Aviatica de la Villa Farnésine. Il y a pourtant un domaine intermédiaire entre Cossa et Raphaél : Botticelli. Car Alessandro Botticelli a dQ, lui aussi, commencer par libérer sa déesse de la beauté : du réalisme médiéval de la peinture de genre banale alla franzese, de la servitude illustrative et de la pratique astrologique. Il y a des années déja ”, j’ai tenté de démontrer que les gravures du soi-disant calendrier de Baldini sont une ceuvre de jeunesse de Botticelli, et qu’en tous cas elles sont caractéristiques de son univers personnel de représentations de l’Antiquité. Dans notre contexte, ce calendrier présente un double intérét : par son texte, et par ce qu’il montre. Le texte n’est autre qu'un mode d’emploi a l'usage des adeptes de I’astrologie ; un examen plus approfondi nous mon- trera qu’il s’agit d’un véritable abrégé de cosmologie appliquée hellénistique — transmis, lui aussi, par l’intermédiaire d’Abi Ma’sar. Quant a ce qu’il montre, le fait apparemment accessoire que nous possédions une édition ultérieure de ce méme calendrier nous fournit une contribution précieuse a l’histoire des styles ; une nuance de la forme extérieure nous permet d’observer le nouveau principe stylistique de la mobilité idéalisante a l’antique in statu nascendi. La premiére édition de ce calendrier, qu'il faut dater de 1465 environ, est tout a fait du méme type que ces planches astrologiques du Nord. Au milieu de I’entourage de Vénus, on voit une petite figure féminine raide, en train de danser : une femme en costume bourguignon, coiffée du trés reconnaissable hennin francais avec sa guimpe ; son aspect extérieur suffit 4 prouver que Baldini-Botticelli a da s’en tenir a une version bourguignonne du modéle nordique. La deuxiéme édition de cette gravure, quelques années plus tard, révéle la tendance et l’essence de ce changement stylistique qui s'est produit au début de la Renaissance a Florence. La chenille bourguignonne étroitement enfermée dans son cocon a donné naissance au papillon florentin, la nynfa a la coiffure ailée et au vétement flottant de la Ménade grecque ou de la Victoire romaine. Dans notre contexte, il est clair 4 présent que les représentations de Vénus par Botticelli, la Naissance de Vénus et le tableau qu’on appelle communément Le Printemps, veulent rendre sa liberté olympienne a la déesse de la beauté que le Moyen Age avait enchainée doublement : par la mythographie et par l’astrologie. Elle apparait sur l’eau, au sein d’une envolée de roses, Vénus Anadyo- méne libérée de sa coquille ; dans l’autre tableau consacré a Vénus, Art italien et astrologie internationale 215 que j’appelai, il y a quelques années, « Le royaume de Vénus », ses compagnes, les trois Graces, restent dans son cortége. Aujour- hui, je voudrais proposer une nuance légérement différente de la méme interprétation, qui permettait aussi au spectateur du Quat- trocento versé dans l'astrologie de percevoir immédiatement I’essence de la déesse de la beauté, souveraine de la nature renaissante : Venere Pianeta, Vénus, déesse astrale, apparaissant au mois d’avril celui qu’elle gouverne. i Or, il se trouve que Simonetta Vespucci, — et ces deux tableaux font partie, 4 mon avis, du culte youé a sa mémoire — est morte le 26 avril 1476. Botticelli recueillit donc de la tradition les éléments matériels, mais pour créer, de facon tout a fait personnelle, des figures humaines idéales, et ’Antiquité gréco-latine ressuscitée, T'Hymne Homérique. Lucréce et Ovide (que commenta pour lui Politien, ce moine tres peu moralisateur) l’aidérent & en fagonner le style nouveau ; et surtout, la sculpture antique elle-méme lui montra le monde “des divinités grecques dansant la ronde dans les sphéres supérieures sur la musique de Platon. * ee Chers Collégues ! Résoudre un rébus — et surtout si on ne peut méme pas I’éclairer tranquillement, mais seulement donner des coups de projecteur cinématographiques — tel n’était évidemment pas le propos de mon exposé. En risquant ici cette tentative partielle et provisoire, mon intention était de plaider en faveur d’un élargissement méthodique des fron- tiéres de notre science de l'art, dans le domaine de sa matiére et dans le domaine géographique. _Jusqu'ici, Vinsuffisance de catégories universelles pour penser Pévolution ont empéché l’histoire de l'art de mettre ses matériaux a la disposition de la « psychologie historique de l’expression humaine », qui d’ailleurs reste encore a écrire. Notre jeune discipline s'interdit de porter un regard global sur l'histoire universelle, A cause de sa tendance fondamentale par trop matérialiste ou par trop mystique. Elle tatonne au milieu des schématismes de histoire politique et des théories sur le génie, a la recherche de sa propre théorie de l’éyolution. Par cet essai d’interprétation des fresques du Palazzo di Schifanoia a Ferrare, j’espére avoir montré qu’une analyse iconologique qui ne se laisse pas intimider ni terroriser par des frontiéres policiéres et ne craint pas de considérer l’Antiquité, le Moyen Age et les Temps Modernes comme des périodes indisso- ciables, ni d’interroger les ceuvres d'art, qu’il s'agisse de l'art le 216 Essais florentins i le plus appliqué, comme des documents de l’expression, eerie Genie ce cate méthode, en s’efforgant soigneusement de faire la lumiére sur chaque point obscur en particulier éclaire aussi les grands processus généraux de I’évolution. Tl s’agissait moins ur moi de trouver une solution élégante que de soulever un nouveau probléme, que j’aimerais formuler ainsi: « dans quelle mesure faut-il considérer l’arrivée du changement stylistique qui affecte la représentation de la figure humaine dans V’art_ ee comme un processus déterminé internationalement, et consistant se situer de fagon critique par rapport aux images encore! Cee ants de la civilisation paienne des peuples de la Méditerranée orientale ? » Le sentiment d’émerveillement et d’enthousiasme devant ce phé- noméne incompréhensible qu’est le génie artistique ne peut que devenir plus intense, si nous reconnaissons que © ‘est en méme fempe une grace et la mise en ceuvre consciente d’une énergie critique constructive. Le nouveau grand style que nous a apporté le génie artistique italien s’enracinait dans la volonté sociale de dégager Vhumanisme grec de la gangue de la « pratique » médiévale et Jatine d'inspiration orientale. C’est avec cette volonté de restaurer rene quité que le « bon Européen » engagea son combat pour les Lumiéres, dans cette époque de migration internationale des ae que nous appelons — de fagon un peu trop mystique — la Renaissance. APPENDICE LETTRE DE PELLEGRINO DE’ PRISCIANI A LA DUCHESSE (LEANORA) DE DE FERRARE (Mantoue, le 26 octobre 1487) : Illustrissima Madama Mia ! Racordandomi spesse fiate del ragionamento hebbi adi passati cum vostra Excellentia per quello debbo fare ala mia ritornata a casa : etc. Et mettendossi hora a puncto : cossa molto notabile et maravelgiosa : et grandemente al propositio de V. S* se bene mi renda certo da qualche altro lato : sij stato porta a quella non dimeno per ogni mia debita demonstratione ; non ho dubitato hora per mio messo a posta scriverli : et aprirli il tuto : non tacendo che forsi la oltra ancora : poteria per qualche una esser preso qualche pocho di errore come anche si faceva in questa terra da le brigate. Nel tempo qua di sopto annotato : corre quella constellatione de cui non tanto li doctori moderni : ma li antiqui ancora: fano festa: et la qual da mi da molti anni in qua: come credo ancora da molti altri : ¢ stato cum grandissimo desiderio expectata. Et 2 quella de la qual scrive uno notabilissimo doctore chiamato Almansore ® neli soi aphorismi al 110 : et dice, Si quis postulaverit aliquid a Deo : Capite existente in medio cgli cum Jove : et luna eunte ad eum non praeteribit qum adipiscatur breviter gugsitum ; Et quella ancora di cui parla il Conciliatore > et prima a la dif." 113 dove serive queste parole. Quo etiam modo quis potest fortunari aut infortunari ad bona fortune : honores : Scientiam : etc. unde invocationem ad Deum per me factam percepi ad Scientiam conferre : capite cum Jove in medio celi existente : et luna eunte ad ipsum: Quod et Reges grecorum cum volebant suis petitionibus exaudiri observabant : albu. in Sadan. Et ancora ala dif.* 154 dicendo in questo modo. Practerea similiter et astronomie oratione placantur ; et in subsidium concitantur nostrum ut orationum epilogus insinuat planetarum : unde albumasar in Sadam : Reges graecorum cum volebant obsecrare deum propter aliquod negotium : ponebant caput Draconis in medio celi cum Jove aut aspectum ab eo figura amicabili. et lunam conjunctam Jovi: aut recedentem ab ipso et conjunctionem cum domino ascendentis petentem : adhue autem et cum capite amicabili figura : Tune qui dicebant ipsorum petitionem audiri unde almansorin aphorismis : Si quid (sic) postulaverit aliquod a deo etc, Et ego quidem in huius Orbis revolutione quam configuratione scientiam petrus a prime visus sum in illa proficere. ¢ Et perche JII"™ Madama mia alcuni qualche volte soleno in questo tempo fare sculpire in argento on alcuno metallo la situatione del cielo in quello tempo : per non mi parere necessario : piu presto ho ordinato certe parole molto al proposito previe ala Oratione : le quale pari modo mando ad 220 Essais florentins Appendice 1. R. Archivio di Stato in Modena — Cancellaria ducale — Archivi per materia Letterati. C'est Bertoni, l.c., p. 172, qui m'a mis sur la piste de cette lettre. En 1509 encore, Pellegrino Prisciani a fait une prédiction semblable 4 Isabelle d’Este-Gonzague ; cf. Luzio-Renier, Cultura e relazioni letterarie d'lsabella d'Este, 222 sq. 2. Almansoris Propositio 108 (Bale, 1533, p. 95). 3, Conciliator Petri Aponensis medici ac philosophi celeberrimi Liber Conciliator differentiaram philosophorum precipueque medicorum appellatus etc... Dans l’édition de 1509, les differentiae en question portent les n™ 113 et 156, p. 158 v° et 201 v°. 4. Sur Sadan, cf. Bott, p. 421; le passage renvoie au Conciliator. 296 19. 21. 24. 26. 27. 29, 30. fils 32. 33. 34, Sor 36. 37. 38. 39. Es MEMLING, Angelo Tani et Catarina Tanagli, idem, panneaux ext. ph. Institut Culturel de Pologne, Londres. . a et b, MEMLING Tommaso Portinari et Maria Baroncelli, Turin, Pinacothéque, ph. Alinari. a et b, MEMLING, Tommaso Portinari et Catarina Baroncelli, New York, Metropolitan Museum, ph. Metropolitan Museum. . a et b, Hugo van der Gors, Tommaso Portinari et Maria Baroncelli, Florence, Uffizi, photo Alinari. . a et b, Maitre flamand, Pierantonio Baroncelli et Maria Bonciani, Florence, Uffizi, photo Alinari. DUvRER, La Mort d’Orphée, dessin, Hambourg, Kunsthalle, photo du musée. . Maitre anonyme de I'Italie du Nord, La Mort d’Orphée, gravure sur cuivre, Hambourg, Kunsthalle, photo Kleinhempel, Ham- bourg. La Mort d’Orphée, vase grec de Nola, Paris, Louvre, photo Chuzeville, Paris. La Mort d’Orphée, vase grec de Chiusi, cliché Warburg Institute. . La mort d’Orphée, gravure sur bois d’aprés les Métamorphoses d’Ovide, Venise 1497, cliché Warburg Institute. Jacopo del SELLAIO, coffre de mariage représentant La Vie d’Orphée, Collection Lonckroronsky, autrefois 4 Vienne, Hanfs- taengl. a et b D. GHIRLANDAIO, Nera Corsi et Francesco Sassetti, Florence, Eglise Santa Trinita, ph. Alinari. Ecole de ROSSELLINO, Francesco Sassetti, buste de marbre, Florence, Bargello, ph. Alinari. Anonyme florentin, Fortuna, gravure sur cuivre, Florence, Biblio- théque Nationale. Fortuna, blason des Rucellai Florence, Palais Rucellai, cliché Warburg. Ex. libris de Francesco Sassetti, Florence, Bibliothéque Lau- rentienne cliché Warburg Institute. Giuliano da SANGALLO, Tombeau de Sassetti, ph. B. Novarese. Adlocutio, d’aprés une monnaie de GIORDANO, cliché Warburg Institute. Les décans du Bélier, extrait de l’Astrolabium planum, Augs- bourg, 1488, photo Warburg Institute. Persée, manuscrit Germanicus de Leyde, Bibliothéque Univer- sitaire. ‘ Premier décan du Bélier, Ferrare, Palais Schifanoia, photo Villani, Ferrare. Francesco Cossa, Le mois de mars, Ferrare, Palais Schifanoia, photo Alinari. Table des illustrations aay) 4. 42. 43. 55. 56. srs 58. oo5 60. ol. 63. Francesco Cossa, Le mois d’avril, Ferrare, Palais Schifanoia, ph. Garani, Milan. L’Arc de Constantin, Rome, ph. Brogi. Détail de Are de Constantin dans le livre de dessins de l’école de Ghirlandaio, Madrid, Codex Escurialensis. ph. Warburg Institute. . Victoire de Trajan sur les Daces. Arc de Constantin, ph. Alinari. . Couronnement de Trajan. Arc de Constantin, ph. Alinari. . BorTicELLi, La miséricorde de Trajan. Berlin, Cabinet des estampes, ph. Warburg Institute. . Agnolo GApp1, Le songe de Constantin. Florence, Santa Croce, ph. Alinari. . Piero della FRANCESCA, Le songe de Constantin. Arezzo, S. Francesco, ph. Alinari. . René d’ANJoU, Roman du Ceur d’Amour épris. Vienne, Biblio- théque Nationale, cliché de la Bibliotheque de Vienne. . Piero della FRANCESCA, Victoire de Héraclius. Arezzo, S. Fran- cesco, ph. Alinari. . Piero della FRANCESCA, Victoire de Constantin. Arezzo, S. Francesco, ph. Alinari. . a et b, PISANELLO, L’empereur Jean Paléologue, médaille, face et revers, ph. Warburg Institute. 53. Jacques MILET, L’Enlévement d'Héléne, d'aprés La Destruction de Troyes la Grant, Oxford, Bodleian Library, photo de la Bodleian Library. . Maso FINIGUERRA, L’Enlévement d’Héléne, Londres, British Museum. POLLAIUOLO, Enlévement de Déjanire. New Haven, Yale Uni- versity Art Gallery, cliché de l'Université. DURER (d’aprés Pollaiuolo), Enlévement de femmes, Bayonne, Musée Bonnat, Archives Photographiques. Ecole de Pollaiuolo, Hercule et les Géants. Londres, British Museum, cliché du Musée. Pédagogue des Niobides, Florence, Uffizi, ph. Alinari. Style de Pollaiuolo, Téte de David, Détail d'un bouclier peint. Washington, National Gallery, ph. W. Coulbourn, Philadelphie. Ecole de Donatello, Lamentations. Relief en bronze. Vienne, Musée des Beaux-Arts, cliché du musée. Lamentations sur la mort de Méléagre, Sarcophage romain, Florence, Palais Montalvo, photo Warburg Institute. . Giuliano da SANGALLO, Monument funéraire de Sassetti : Lamen- tations, Florence, Santa Trinita, ph. Alinari. GuirLanpato, Le sacrifice de Zacharie, Florence, Santa Maria Novella, ph. Alinari. aR i Oi. / 24. DoreR, La Mort d'Orphée, dessin, Hambourg, Kunsthalle, photo du musée “Primafecies arietlEmar Seamdafacicsettfolise Tercia facies eft venerio et ist éfanesaudedefori- eftnobilitar{:altimudinie: eft fabtilisatio in ope:t man Tabinis -alricudinis-t inves regnitmagnidominy. fuetdinis indoz:gaudioz tlimpdarionum. 38. Persée, manuscrit Germanicus de Leyde Bibliothtque Universitaire 37. Les décans du Bélier, extrait de VAstrolabium planum Augsbourg, 1488, photo Warburg Institute 41. Francesco Cossa, Le mois d’avril, Ferrace, Palais Schifanoia ph. Garani, Mi

Vous aimerez peut-être aussi