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vidam pisces...; f 68vavm anima in corpore...; f° 93va vm terra... ete.). ® Cf. f° Irb : Explicit prologus. capitula herbarum.200 Santos Paz A la fin du manuscrit, on trouve un glossaire latin-allemand des sujets traités dans les différents chapitres du LSM, avec une bréve annotation sur leur utilité.” Mon étude du texte copié dans ce manuscrit et la comparaison de celui-ci avec les éditions existantes du LSM et du LCM me permet de répartir en trois groupes les matériaux qu’on y trouve : 1. Les parties du texte qui coincident avec le texte du LSM tel que nous le voyons dans le manuscrit Paris, B.N.F. lat. 6952 et dans l’exemplaire perdu reproduit dans I’édition ancienne de Schott. F donne le texte entier du LSM connu A travers ces témoins, si le début ou Ia fin de certains chapitres diverge par rapport 4 la version version de Paris, ou bien apparait amplifié.* 2. Des sections qui ne se trouvent pas dans le LSM, mais dans le LCM. Il est nécessaire d’insister sur ce fait, puisque la tradition du LCM repose essentiellement sur un seul manuscrit. On trouve dans le manuscrit de Florence les chapitres complets suivants du LCM : F 5ra = P. Kaiser, CC, p. 199 (De risu immoderato) F 30vb = P. Kaiser, CC, p. 171 (De oculis diversi coloris) F 63va~b = P. Kaiser, CC, p. 192 (Accipe iecur piscis.. F 91va = P. Kaiser, CC, p. 218 (De porco) F 97va = P. Kaiser, CC, p. 217 (Cum videris boves...¥ 2 Fe 101r-104r. Un glossaire de ce genre se trouve aussi dans le manuscrit Wolfenbiittel, Herzog- August Bibliothek, 56.2. Aug. 4°, f° 173ra-174va. ® L’édition de J. Schott, Physica s. Hildegardis elementorum, fluminum aliquot Germaniae, ‘metallorum, leguminum, fructuum & herbarum : arborum & arbustorum : piscium denique, uolatilium & animantium terrae naturas & operationes Ill. libris mirabili experientia posteritate tradens (Argentorati, 1533), réproduit un exemplaire, désormais perdu, du LSM (codex Argentoratensis). Dans cette édition, le LSM est divisé en quatre livres, ce qui provoque une confusion notable; Antonio de Yepes, par exemple, dans la Coronica general de la Orden de s. Benito (irache, 1609), dit, aprés avoir énuméré la Medicina et la Medicina simple entre les oeuvres d'Hildegarde : «lo que mas me espanta es, que dice que en Argentorato el aio de 1544, en la Emprenta de Iuan Escaeo, con el nombre de Santa Hildegarda, salieron Quatro libros donde dice que trata de los Phisicos, de los Elementos, de algunos Rios de Alematiia, de Metales, Legumbre, Frutos, Hieruas, Arboles, Matas, Peces, Aues y Animales de la tierra, y de sus operaciones » (ibid., a. 1150). % Voir par exemple Je commencement du chapitre consacré a la Gamphora (F f° Tra ; PL 1145). Les finales explicatives, qui n'apparaissent pas dans le texte des éditions, sont fréquentes, introduites par nam, quoniam ou quia, du genre : « nam calor cariofuli cum idem homo ieiunat eum pertransit et calidum facit. Calor autem zituari temperatus est et frigus prefate pestis depellit et hoc in pranso homine facit, quoniam si ieiunus esset fortidudo eiusdem zituari ieiunum lederet. Et hiis idem homo per mensem utatur, quatinus tanto plus ab eis roboretur » (F f° Svb ; cf. PL 1141). % Dans ce passage F présente un ftagment inédit, aprés « da eis in potum » : « nam quia boues aliquantulum aquatiles sunt, cum concha arenarum que de aquoso aere est et que etiam sicca et calida existit bathenia que calida est et que etiam multiplices uires habet, in suauitate aque contemporantur, infirmitatem boum minuunt plus. Vis enim concharum prauos humores in eis minuit, bathena aut eos per omnia consumit. » La fin, aprés ad comedendum dabis, n'apparait pas non plus dans le manuscrit du LCM : « ne de uiridi herba praui humores in eis augmententur. »Nouvelles données sur la tradition... 201 F 100vb-101ra = P. Kaiser, CC, p. 196-97 (Contra venenum) Ces six passages du LCM figurent sans titre dans le manuscrit de Florence.” Quant au texte qu’ils présentent, signalons que dans le manuscrit F on utilise souvent la traduction latine des termes allemands pour décrire les ingrédients;”” d’ part, le temps des verbes est modifié : la deuxiéme personne de ’impératif util dans le manuscrit du LCM est fréquemment modifiée, dans F, pour la troisiéme personne du présent du subjonctif. Le passage du f° 63va~b, qui constitue dans F une addition au chapitre sur la Welca, dans le livre sur les poissons, présente un intérét particulier. Le mamuscrit de Florence permet en effet de corriger une lacune qui se trouve au commencement de ce passage dans le manuscrit du LCM.” De méme la fin de ce chapitre de F (f° 63va-b) est absent du manuscrit du LCM :” ...Sanitatem corporis retinet et dyabolica et nocturna fantasmata ab eo fugat atque maliciosa et maledicta ? magica uerba ab eo repellit.”/ [63vb] Naturalis enim calor et fortitudo ac munditia piscis huius cum mundo et iterato calore tilie et calore nucis muscate excitatur et cum suaui frigiditate fenigreci temperatur. Cum etiam nux muscata® et fenumgrecum super alteratum calorem prefati lapidis, ob igneam fortitudinem eius, exsiccantur, diabolicas artes que etiam nocturna fantasmata producunt, naturali uirtute sua ab homine fugant et aerem illum in quo maliciosa et maledicta et magica uerba emittuntur ab homine euertunt,* ut predictum est. 1 et scripsi (voir ci-dessous) 2 repellat F 3 muscate F 4 euertant F Parfois, il ne s’agit plus d’un fragment indépendant qui coincide avec le LCM, mais d’une partie du texte. Cela se produit, par exemple, a la fin du chapitre LXX du premier livre : c’est A cet endroit que Daremberg a ajouté au texte du manuscrit de Paris un passage de I’édition de Schott qui coincidait avec le LCM; dans ce cas, F continue le passage de la méme fagon qu’au LCM, a partir de 5 Tl se peut que les titres du manuscrit du LCM ne soient pas d’Hildegarde, mais des additions une main postérieure (voir P. Dronke, Women Writers, p. 310, n. 64) ” Par exemple F, f° 97va (= P. Kaiser, CC, p. 218) : dille Kaiser] aneto F conchas testudinis, id est sneckenhus Kaiser] cochas testudinis F et etiam heitemezelum Kaiser] et urentem urticam F. Cé. aussi F, f° 63va (= P, Kaiser, CC, p. 192) : grizstein Kaiser} lapidem incisorium, id est qui ferro ad opus incidi potest F, Dans F, f° Sra (= P. Kaiser, CC, p. 199) le grec epar est substitué par le latin iecur. % Cf, P. Kaiser, CC, p. 192. Le copiste du manuscrit du LCM s'est apercu de la iacune, et ila done annoté « nihil inveni nihil scripsi. » F nous fournit le texte qui manque : « Sed et qui sanitatem corporis retinere uult et dyabolica et noctuma fantasmata ac maliciosa et maledicta ac magica uerba deuitare, iecor eiusdem piscis accipiat... » (F, f° 63va). ® Je conserve toujours la graphie du manuscrit, & l'exception de la différence v-/u (que je régularise en u), de w- (que je transcis uu-) et du cas -ij (= -ii), La ponctuation est mienne, bien que je me fonde sur celle du manuscrit.202 Santos Paz Lendroit of s*interrompait le manuscrit de 1’édition de Schott.” Au chapitre De aqua (livre Il) on retrouve en F un autre passage qui n’apparait pas dans les éditions du LSM mais qui se trouve par contre dans le LCM." Le texte, bien connu, du « fragment de Berlin » du LCM n’apparait pas dans le manuscrit F. 3. On trouve enfin dans ce manuscrit des fragments inédits, ou du moins qui n’ont pas été publiés dans les éditions du LSM et du LCM. On peut conjecturer, en ce qui touche leur authenticité, qu’ils ne posent pas de problémes particuliers, puisqu’ils sont rigoureusement semblables, en forme et contenu, aux autres oeuvres médicales que nous connaissons d’Hildegarde.** Je consacrerai la suite de cette étude A présenter quelques passages que j’ai présentés dans le premier groupe de lieux variants, soit ceux qui se trouvent surtout au commencement et la fin de plusieurs chapitres. La plupart ont un caractére explicatif, redondants et peu importants; mais d’autres passages, plus longs, constituent des additions intéressantes par rapport au texte connu. Bien que je ne veuille pas faire ici un inventaire exhaustif de ces fragments inédits, je désire attirer Vattention sur ceux que je considére les plus intéressants.* 7 [10vb] ...puimone dolet [PL 1156]. Pulli enim gallinarum, quamuis frigide nature sint, tamen refocillacio infirmorum sunt. Et cum ysopus istis additur, qui bono calore et uirtute sua ulcerata consolidat, infirmitatem iecoris, quando cum eisdem pullis gallinarum et cum uino temperatur, fugat, ut predictum est. Sed qui in iecore aut in pulmone dolet, liquiricium accipiat et cynamomi plus quam liquericii et ysopi plus quam istorum duorum et feniculi plus ! istorum trium, et hec in noua olla coquat, sufficienti* melle addito, ita ne amaritudo in eis sit, et fortissime coquat. Et tunc ollam istam cum eisdem herbis per nouem dies si in hieme est sub terra fodiat, uel si in estate est per quinque dies et totidem noctes. Et tunc per pannum colet® et sic bibat. Nam si in iecore aut pulmone ualde dolet, in IX diebus per % F, f° Livb (Nam cerifolium temperatum calorem habet...) = P. Kaiser, CC, p. 205 (ef. PL 1160). 3! F, f° 29ra (Nam aqua in omni mobili creatu . Kaiser, CC, p. 21 (cf. PL 1211). ® ILy a des paralléles entre ces fragments et les écrits médicaux d’Hildegarde. Plus concrétement, Vexpresion « nisi Deus prohibeat » ou « nisi fundamentum mortis ibi sit aut Deus non uelit, » qui suppose une limitation des pouvoirs curatifs du reméde proposé par Hildegarde, apparait a plusieurs reprises dans le LCM (cf. P. Kaiser, CC, p. 212-214, oii cette expression revient quatre fois). Des expressions telles que « de suggestione diaboli » sont évidemment hildegardiennes. La conception de Vorigine adamique du rire, du fr. 3, a aussi des paralléles dans le LCM (cf. P. Dronke, Women Writers, p. 245 : « vox supernorum gaudium, quam ipse Adam habebat, in contrarium modum risus et cacynnorum versa est »). * Cf., en plus de ceux que j'édite ici : F, f° 51, Sed qui modica ulcera... (tit. marg. vicera capitis, of. PL 1139 y n. 7); F, f° 6va, Quia qua dam uirtutem... (ef. PL 1143); F, f° 6va-b, ‘Nam febres que oriuntur... (cf. PL 1143); F, f° 33ra-b, Nam pira de frigore... (cf. PL 1219).Nouvelles données sur la tradition... 203 singulos dies bibat. Sed antequam in mane diei bibat, modicum prandeat et tunc bibat. Sed ad noctem satis comedat et cum dormitum uadit satis ex eo bibat. Si autem modice aut in iecore aut in pulmone dolet, eodem modo tribus diebus transactis bibat, et hoc sepe faciat et curabitur, nisi Deus prohibeat. 1 quam scripsi 2 sufficientis F 3 colat F 2 [32vb] ...ad ignem modice denuo resoluat [PL 1218]. Et ita etiam per pannum exprimat, Quo facto, sucum fisci et olei et sucum ceruini sepi et spice in uasculum simul componat, et secundum tertiam partem istorum laurinum oleum addat, et ungentum' faciat. Et ubi paralisis in homine fu rit?, eum perungat et fugabitur, nisi fundamentum mortis ibi sit aut Deus non uelit. Nam fortitudo caloris fisci predicti fortitudinem paralisis superat, calor autem olei oliue strepitum illius comprimit, fumus uero et calor spice fumum paralisis deponit, ceruinum autem sepum bona uirtute sua hec omnia temperat, laurinum vero oleum est quedam fortis acerbitas contra acerbitatem paralisis, que de melancolia oritur. Et hec omnia simul temperata paralisim compescunt, ut prefatum est. Fructus autem piri... [PL 1218] lungentum F 2 furit F 3 [SOrb] ...er melius habebit [PL 1251], propter bonam uirtutem iacincti et propter uirtutem sanctorum uerborum. Et si quis homo magno risu mouetur, ita quod ei! ualde libet ridere et quod a risu se continere non potest, mox iacinctum in os suum ponat et risus in eo cessabit. Risus enim de suggestione dyaboli primum ortus est, et ideo uirtus iacincti eum deprimit, quia dyabolus quod bonum est deuitat. Et qui mente et uoluntate atque corde incestus est in libidine, iacinctum apud se habeat et libidinem in eo extinguit, quoniam uirtute sua et calore suo ignem sanguinis mitigat. Sed et cum homo iam in libidine ardet, iacinctum intente inspiciat et uisus eiusdem hominis uires ipsius lapidis in cerebrum eius inducit et libidinem in eo extinguit. Et cum multa et magna delectatio carnis in homine surgit, iacinctum ad solem aut ad ignem prefatorum lignorum calefaciat et cum eo curtem super uentrem suum et super yenes suos ac super umbilicum faciat et uerba illa que superius de pane scripta sunt dicat, et delectatio carnis, siue femina siue masculus sit, in eo cessabit. Quia uirtus et calor iacincti cum calore solis seu predictorum lignorum excitatus, insuper etiam bonis et sanctis uerbis adiuratus, ardorem sanguinis hominis extinguit. 1 eum F 4 [Stra] ...tranguillus manet [PL 1252]. Quia cum / {51rb] caro hominis ab eo incalescit aut cum eum inspicit, uires illius, que munde sunt, hominem interius tangunt et ei suauitatem cordis inferunt. Si autem pregnans mulier in partu laborat,204 Santos Paz ita quod matrix eius clausa est, alia mulier berillum accipiat et eum ad ignem fortiter calefaciat, et sic eum aut ferrea aut lignea forcipe ad os matricis teneat, quia tunc nuda manu tenere non potest, quoniam ualde calefactus est. Quando! ardor’ eius ad claustra matricis perueniat et mox ut matrix calorem eius senserit, claustra sua ad partum aperit et pregnans liberabitur. Nam idem lapis ideo ad ignem cales it’, ut ignis cius eliciatur et ut tanto fortiores uires ad prouocandum partum habeat. 1 quantus F 2 arbor F 3 calesit F 5 [S4rb] .. fugiunt et deuitant [PL 1257)/ [54va] Fulgura enim et tonitrua in casu angeli exorta sunt et iudicia Dei sunt. Et cum fulgura et tonitrua apparent, maligni spiritus commouentur et etiam homini insidias parant, si a Deo permittuntur. Sed tunc locum illum ubi iaspis est propter uirtutem et munditiam eiusdem lapidis deuitant, quoniam ille de mundo aere temperatus est. Socius enim socio suo se coniungit et inimicum suum fugit et sic ea que inmunda sunt munda fugiunt : sic etiam immundi spiritus a munditia iaspidis declinant. Sed et si aliquis homo quicquam de causa illa cogitare et tractare uult, ad quam diligentiam et dilectionem habet, aut si quid magni in se deputare aut consiliari uoluerit, iaspidem in os suum ponat et uis eiusdem lapidis uires et intellectum hominis illius pertransit et ipsum intellectum firmat et tenet, ne in diuersas uagaciones et uicissitudines instabilitatis defluat, sed ut in rectam mensuram utilitatis procedat. Natura quippe lapidis huius stabilis est et instabiles humores, qui intellectum in instabilitatem deducunt, fugat, et sic homo bonum intellectum adipiscitur. Et cum mulier infantem parit... [PL 1257] 6 [94va] ...etiam habitacula homini sepe fuerit [PL 1341]. Et cum in uerno tempore dies prolongari ceperint et cum sol ardorem suum ostendit, serpens iste maximam profunditatem per rimas terre intrat et in profundissimis cauernulis quandam albam radicem querit, que se in miram longitudinem extendere solet et que de suco paradysi tangitur, et crescit et ideo magnam sanitatem in / [94vb] natura sua et in gustu suo habet. Sed radicem istam homo nescit nec inuenire poterit, quia Deus eam homini celauit. Quia si homo eam sciret et haberet, fere quasi immortalis fieret et tantas fortitudines per eandem radicem faceret, quod etiam culturam Dei obliuisceretur. Hanc ergo radicem serpens iste nouit, quoniam de genere illo serpentis est qui hominem in paradyso seduxit, et ipsam radicem querit et, postquam eam inuenerit, sufficienter ex ea comedit atque ex hoc usque ad mensem augustum sanus permanet. Sed cum augustus superuenerit, fluentem aquam querit et in eam uenenum suum euomit et se ab illo purgat. Et si aliquis homo tunc de aqua biberet in qua uenenum suum emisit, aut in multam infirmitatem intumesceret aut moreretur. Et idem serpens postea per hyemem periculosus et nociuus in ueneno suo est, usque ' illud quo predictam radicem comederit. Sed? si quis homo eum in estate Tepererit, postquam prefatam radicem comedit®, eum occidat et oculos ipsius tollatNouvelles données sur la tradition... 205 et in tenui argento besmide et apud se assidue portet et interim a forti et periculosa giht non fatigabitur, nec ab ulla periculosa peste interim ledetur. Idem enim serpens de radice ista magnam fortitudinem habet, ita quod etiam oculi eius, quasi lucentes sint, clarescunt. Et ideo, cum eo tempore in argento ponuntur, quod pure nature est, noxios humores qui hominem Jedunt hac uirtute sua fugant. Et si ulcus illud quod freislichet dicitur in aliquo homine nascitur, cum eodem argento in quo oculi eius conseruantur ulcus illud bestriche et tunc ulcus non procedet et lenius soluetur et suauius sanabitur. Sed postquam in estate idem serpens predictam radicem comederit, si tunc usque ad mensem augustum hominem tetigerit, homo ex eo potius sanitatem quam infirmitatem tunc consequitur. Et si etiam per idem tempus in aliquo agro aut in aliquo orto manserit, fruges et holera tan/[95ra]to habundancius ibi crescunt.Cetera autem que in eo sunt ad medicamenta non ualent. 1 conieci 2 rit. contra guttam et pestes in marg. 3 fort, comed it Quelques passages encore sont des chapitres indépendants, au sens oi ils ne prolongent pas des chapitres existants, mais constituent des morceaux isolés. Ils ne figurent pas dans les tables de matiéres qui précédent chacun des livres du manuscrit de Florence. C’est le cas du commencement du livre De arboribus : 7 [31rb] Arbor ex qua thus sudat calida est et significat <...>1. Homo qui scofulas in corpore suo habet aut cuius carnem uermis corrodit’, corticem et folia eiusdem arboris tollat et in mortario hoc contundat et deinde arumam eis addat et ita in aqua coquat ac sic ex eis ungentum’ faciat, atque cum illo locum scofularum seu locum ubi uermes carnem hominis comedunt sepe perungat. Et per calorem et uirtutem eiusdem arboris, calore arume contemperatis, scofule ille evanescent et uermis morietur. 1 lacunam statui 2 ex corrodat corr. F 3 ungentum F 8 (Blva] Balsamus, scilicet arbor ex cuius riuulis' balsamum sudat, calida est et regalem potentiam designat. Sed homo qui a malis humoribus in amentiam capitis euersus est, de ligno arboris huius super uerticem et super occiput illius, scilicet ubi collum et occiput sibi occurrunt, ponatur et calor et uires* ciusdem arboris males* qui cerebrum et sensuales uenas eiusdem hominis in amentiam ducunt, deprimunt et sedant. Et sic ille ad sensus suos reuertetur. Et qui per melancoliam fatigatur, de ligno eiusdem arboris apud se semper habeat et etiam ad pectus suum illud ponat et odorem ipsius naribus capiat. Et calor et uires ligni huius melancoliam in illo compescunt et eam cessare faciunt. Si autem quispiam de eodem ligno aut uino aut aque imponeret et ita biberet, fortitudo uirium eius omnes humores hominis illius dissiparet et in contrarium modum euerteret, et sic eundem hominem lederet; et ideo206 Santos Paz homo caueat ne hoc modo corpori suo infirmitatem inducat. Folia autem arboris huius ad sucum contrita et ung entis* addita, ea meliora et fortiora contra uarias infirmitates reddunt. Quod si etiam uermis carnem hominis corrodit, recentia folia eiusdem arboris loco illi superponat et desuper per aliqua tempora liget; et uermis ille per uirtutem suci eorumdem foliorum morietur, et sic idem homo sanabitur. I riuulus F 2 uiros F 3 malosF 4 ungentis F Il s‘agit aussi de morceaux inédits dans le cas des chapitres sur Ja myrrhe,™ Valoés* et le hreishit,** dans le livre sur les arbres. Le méme cas se produit au chapitre Leopardus du livre De quadrupedibus,*” ou dans deux brefs passages des livres De herbis* et De petris.” Deux fragments, enfin, sont aussi a signaler ; une priére contre la maladie des brebis et un développement sur la naissance de certains wermiculi. Tous les deux se trouvent dans F 4 la suite du texte connu du LSM, avec quelques passages du LCM qui s’y trouvent aussi; tels que les deux suivants : 9 [97va] Verbum Dei omnes creaturas produxit et in benedictione sua eas multiplicauit. Vnde per agnum Dei eadem benedictio uos, oues, ueniat. Et agnus Dei uos crescere et multiplicari faciat. Et per illum adiurate, in sanitate permanete et omnes morbi a uobis fugiant. tit. benedictio contra morbum ouium in marg. 10 [98vb] Terra quandam humiditatem in se habet, de qua arbores et herbe ac gramina atque omnia que in terra nascuntur uirescunt. Et humiditas ista aliquando in quibusdam locis quosdam uermicules, uelud aranea est et huic etiam similes, producit, qui ! eadem humiditate[m]? et in eodem fomento iacentes, antequam ad plenum crescant, spumam ex se emittunt. Et hec immundissima ? et in uinum argentum ebullit. 1 scripsi 2 humiditatem F 3 scripsi L’identification de certains passages de F est parfois difficile et exige une lecture trés attentive. C’est ce qui se passe au chapitre luncuurz, du livre De herbis, % F, f° 3irb-va : Arbor ex qua mirra sudat calida est..., reméde contre la paralysie. 3 F, f° 3lvab : Arbor ligni aloes calida est..., reméde contre les fievres. % F, f° 32rb-va : de hreishit. Arbor que hreishit dicitur temperate nature... (in marg. contra scapularum dolorem). oF, £ 82v, °F, f° 12ra: Pepones. » F, f° 59va : Vitrum quod de cineribus...Nouvelles données sur la tradition. 207 oii le texte du LSM [le passage numeroté 1 = PL 1141-1142] est augmenté d'un passage du LCM [2 = P. Kaiser, CC, p. 175] et d’un passage inédit [3] : 11 [5vb] 29. LUNCUURZ, PULMUNARIA. [1] Luncuurz, id est pulmunaria, frigida est et modicum calida et arida, nec multum ad utilitatem hominis ualet. [2] Cum mali et fetidi humores noxium fumum ad cerebrum hominis emittunt, quod eundem fumum ad pulmonem ducit et illum dolere facit, homo ille luncuurz accipiat et eam in aqua coquat et non in uino, quia herba cum uino cocta minus fortis esset; et coctam in olla dimittat et per septimanam bibat per pannum colatam. Et cum potus iste defecerit, iterum alium eodem modo coquat. Jeiunus autem per singulos dies bibat eum, non postquam comedit,' usque dum sanetur. Et de dolore cordis et calore stomachi pulmo multociens infirmatur, quam infirmitatem suauitas huius herbe cum suauitate aque temperata sedat. [1] Sed tamen homo cui pulmo inflatus est, ita quod hustet et quod spiramen uix trahit, luncuurz in uino coquat et ieiunus sepe bibat et sanabitur. [3] Quoniam pulmo ab iniusto flatu caloris inflatus, per frigiditatem luncuurz constringitur et per calidum uinum temperatur, ita quod sanitatem recipit, quoniam pulmo naturam eius? fere habet. [1] Et si oues eam frequenter comedunt, sane et pingues fiunt, nec etiam lacti earum obest. Et cui pulmo inflatus est, ut prediximus, utatur ea/ [6ra] et sanitatem recuperabitur, quia pulmo naturam ouis fere habet. 1 fort. comed it 2 fort. ouis legendum sit La présence de passages du LCM dans F ne doit pas nous amener & conclure que ceux-ci faisaient partie du plan original du LSM ou que F soit le témoin le plus complet du Liber subtilitatum : les passages du LCM (et, partiellement, les inédits) apparaissent comme des additions a des chapitres existants, ou bien ils se trouvent au commencement ou a la fin d'un livre, parfois sans aucun rapport avec son contenu, et sonts absents de la table des matiéres. Je pense plutét 4 un exemplaire du LSM qui aurait été augmenté de matériaux venant d’un manuscrit qui contenait le LCM, manuscrit différent de celui qui nous est conservé.“” Cette derniére hypothése est assez vraisemblable, surtout si l’on tient compte que tant le manuscrit de Florence que celui du LCM se trouvaient 4 Tréves au XIVe siécle, celui-ci au monastére de St-Maximin et celui-la au monastére des Sts-Mathias et Euchaire, deux importants scriptoria de l’oeuvre d’Hildegarde.*' “ F résoud quelques lacunes de la copie conservée du LCM : voir ci-dessus, n. 28; un autre cas, celui du saut de méme au méme dans le chapitre qui a pour titre Contra uenenum (P. Kaiser, CC, p. 196-197) : aprés « usque ad tertiam horam diei, » le manuscrit du LCM omet le passage « eas ponat aliquo instrumento superposito. ad tertiam autem horam diei » (F, f° 100vb). “1 Cf. A. Fhrkétter, « Hildegard von Bingen und ihre Beziehungen zu Trier », Kurtrierisches Jahrbuch 25 (1985), p. 61-72, Il n’est pas significatif que le manuscrit du LCM vienne de la méme208 Santos Paz Les apports du manuscrit de Florence a la tradition textuelle du LSM et du LCM et les problémes qu’il pose devront faire objet d’une analyse détaillé de la part des futurs éditeurs de ces deux oeuvres d’Hildegarde. José CARLOS SANTOS PAZ, Universidade de Santiago de Compostela Post-Scriptum Aprés avoir terminé cette étude, j’ai pu consulter sur microfiche les derniers folios du manuscrit de Wolfenbiittel de la Physica. Celui-ci contient un texte de méme famille que celui de Florence, bien qu’il ne semble pas avoir été son modéle. Une collation de ce manuscrit sur F, pour le texte des fragments édités aux numéros 6, 9, et 10, et pour I’ajout au chapitre « Cum videris boves » des Cause et cure (voir Ja note 25) confirme que la copie de Wolfenbiittel offre des fautes absentes de F; de plus, Ja table finale du manuscrit de Wolfenbiittel (voir la note 22) est inachevée. Portant, les deux manuscrits dérivent du méme modéle, puisqu’ils ont des fautes communes. Par exemple, dans le texte édité ci-dessus a la note 25, « calida existit bathenia que calida est » le manuscrit de Florence lit « calida existit bathenie que calida est » et celui de Wolfenbiittel « calida est bathenie que calida est »; dans ce méme passage les deux manuscrits ont la lecon aut au lieu de aut que le sens semble exiger. Il faut donc en conclure qu’il s’agit de deux témoins indépendants d’un texte de la Physica augmenté de passages des Cause et cure qui, comme on I’a vu ci-dessus, semblent avoir été copiés 4 Tréves au XIIe siécle. Par ailleurs, de nouvelles informations sur la tradition textuelle de l’oeuvre médicale d’Hildegarde ont été récemment apportées dans I’étude de Laurence Moulinier « Fragments inédits de la Physica : Contribution 4 1’étude de la transmission des manuscrits scientifiques de Hildegarde de Bingen, » dans les Mélanges de Ecole francaise de Rome, Moyen Age 105/2 (1993), p. 629-650. Cette chercheuse établit la liste de tous les manuscrits qui transmettent totalement ou partiellement 'oeuvre d’Hildegarde. En plus de ceux que j’ai cités ci-dessus (incluant celui de Florence, que Laurence Moulinier date c. 1300), elle signale le Codex Il.1 de la Bibliotheque Ottingen-Wallerstein de Harbourg (aujourd'hui intégré 4 la Bayerische Staatsbibliothek de Munich), qui contient au f° 43 quelques extraits de la Physica. De plus, deux nouveaux manuscrits qui comportent aussi des extraits de cette oeuvre ont étés identifiés par elle : Vaticano, Biblioteca Apostolica, Pal. lat. 1216, f° 91v-95 et Pal. lat. 1144, f° 128v-129r. ville que F, puisque celui-lA n’a pas pu étre le modeéle de celui-ci, comme on a deja vu. Pourtant, la coincidence d’origine (I"Allemagne) et provenance (Tréves) est un indice important pour supposer existence & Tréves d’une autre copie du LCM, modéle de celle que nous conservons et des passages du manuscrit de Florence, ou de leur exemplar.