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Léopold Sédar SENGHOR Abdoulaye SADJI LA BELLE HISTOIRE DE LEUK-LE-LIEVRE Illustrations de Marcel Jeanjean mt 001882 LA BELLE HISTOIRE DE LEUK-LE-LIEVRE wf es nouvelles Editions Africaines EDICEF ‘du Sénégal 58, rue Jean-Beuzen P. 260 DAKAR 92178 VANVES Cedex 001882 STEELE TATA Publié avec l'aide du ministre frangais chargé de la Culture © NEA/EDICEF, 1990 / ISBN : 978-2-84129-832-7 Tous droits de traduction, de reprodu: "7 ion ré ‘ 7 ction et d’adaptat - vés pour tous pays. f Paneer SHAT 1. Le plus jeune animal Cest au temps oi les animaux de la brousse aiment a se réunir pour causer et discuter de leurs affaires. Certain jour, ils se rassemblent, sous l’arbre des palabres, pour désigner le plus jeune ani- mal. Oncle Gaindé-le-lion préside la séance. On connait le plus fort de tous les animaux: cest Gaindé-le-lion, roi de la brousse. On connait le plus vieux: c’est Mame-Gneye-l’élé- phant. On connait aussi le plus malhonnéte et le moins intelligent: c’est Bouki-lhyéne. Mais on ne connait pas le plus intelligent. Tout le monde veut passer pour le plus intelligent de tous les animaux. Oncle Gaindé-le-lion dit: « Si nous connaissons le plus jeune d’entre nous, nous connaitrons en méme temps le plus intel- ligent. » Alors ceux qui croient étre les plus jeunes Jévent la main, pour demander a dire la date ou T’époque de leur naissance. « Moi, je suis née l’année de la grande séche- 3 resse, c’est-a-dire il y a trois ans », déclare la Biche. « Moi, je suis né il y a trois lunes », affirme le Chacal en dressant ses oreilles pointues. « Et moi, dit le Singe en se grattant, tenez, je viens de naitre. » Tout le monde applaudit, et le Singe se croit vainqueur lorsqu’une voix crie du haut d’un arbre: « Attention! Je vais naitre. Un peu de place pour me recevoir. » Et Leuk-le-liévre, lachant la branche a laquelle il s’est accroché, tombe au milieu des animaux étonnés. Tout le monde reconnait que Leuk-le-liévre est en effet le plus jeune, puisqu’il vient de naitre au milieu de Ia discussion. Done il est reconnu en méme temps comme le plus intel- ligent. Oncle Gaindé-le-lion se léve et s’approche de Leuk-le-liévre: « Je te proclame le plus intel- ligent des animaux, lui dit-il. Tu as réussi a nous prouver que tu es le plus jeune. Tu n’es peut- &tre pas vraiment le plus jeune, mais ton intel- ligence est supérieure a celle des autres, » Du NRGanEnaanentcagaas 2. Leuk découvre la brousse Leuk-le-ligvre va voir s’il est vraiment le plus intelligent des animaux. Il veut découvrir de nouveau la brousse, la regarder maintenant avec les yeux de quelqu’un qui sait beaucoup de choses. Il s’en va donc a travers bois, 4 travers champs. Et il voit que les buissons s’ouvrent devant lui; les feuilles des arbres lui disent bonjour en murmurant; les roseaux et les herbes hautes se baissent A son passage. Au pied d’un grand arbre qu’on appelle cail- cédrat, il léve les yeux. Et que voit-il? Un écureuil 4 la queue empanachée", qui semble se moquer de Iui. Leuk veut avoir une queue pareille et savoir monter aussi haut dans les airs. « Viens donc & moi, toi gui es le plus intel- ligent des animaux, lui dit ’'Ecureuil. Grimpe le long du cailcédrat et viens causer avec moi. — Hélas! répond Leuk, je ne sais pas grim- : we Alors, mon pauvre ami, dit l’Ecureuil, tu 5 n’es point le plus intelligent des animaux, puisque tu ne peux pas trouver le moyen d’arti- ver jusqw’a moi. » : En disant ces mots, l’Ecureuil fait tomber sur la téte de Leuk un gros fruit, vert et dur. Leuk, en gémissant, s’enfuit loin de VEcureuil, qui se met a rire de bon coeur. «Je me vengerai un jour », se dit Leuk en tatant la bosse faite sur sa téte par le fruit du caileédrat, vert et dur. Aprés avoir quitté le méchant écureuil, Leuk traverse un profond et noir sous-bois. Le soleil perce difficilement le feuillage des arbres, qui forme comme un grand parasol. La terre est entigrement couverte de feuilles séches. Le silence régne partout. Tout a coup, Leuk entend une voix fine qui appelle: « Leuk! Leuk! arréte-toi un instant et écoute. » La voix vient d’en haut. Elle est douce et trainante. « Qui a prononcé mon nom? » dit Leuk, un peu inquiet A cause du coup regu sous le grand cailcédrat. « C’est moi, Diargogne-l’araignée, répond la voix. Je ne te veux que du bien. N’aie aucune crainte. Considére-moi plut6t comme ton ami et ton frére. — Que me veux-tu donc, mon ami, mon frére?_ — Ecoute-moi bien. Si tu es plus intelligent 6 UUVLVUC ECT que moi, je suis certainement plus savante que toi. Je sais des choses que tu ignores. Regarde cette toile au milieu de laquelle je me balance. Chacun des nombreux fils qui la composent est uncable qui peut me renseigner quand je désire connaitre l’avenir. Je le fais vibrer et il se met parler un langage clair pour moi seule. Veux-tu, si tu n’es pas pressé, que je te prédise ton avenir? — Je ne suis pas tellement pressé, répond Leuk. Mais, simon avenir cache des dangers qui me menacent, je préfére ne pas le connaitre. — Aucontraire, mon frére, il faut connaitre ces dangers pour pouvoir les écarter 4 temps. — Et que veux-tu m’apprendre sur mon ave- nir? » Diargogne-l’araignée fait vibrer un, deux, trois des fils soyeux qui composent sa belle toile. Elle écoute l'une aprés l'autre leurs vibrations, qui sont différentes. Puis, s’adressant & Leuk, elle lui dit: « Tes ruses te feront avoir beaucoup @histoires. Sans doute tu sauras toujours te tirer daffaire, mais tu rencontreras parfois de sérieuses difficultés. » 3. Les conseils de Diargogne-l’araignée « Ainsi, continue Diargogne-laraignée, tu feras la connaissance de Homme. C’est un animal dangereux, qui se tient droit comme un filao et qui se déplace sur deux pattes seule- ment. Méfie-toi surtout de son air bon enfant. ai, moi qui te parle, longtemps habité sous son toit. Je l'aidais 4 se débarrasser des nombreuses mouches qui souillaient* ses aliments, aggra- vaient ses plaies, agagaient son sommeil. Mais Vingrat ne m’a marqiié aucune reconnaissance. Au contraire, un beau jour il a pris un balai, a crevé ma toile et a failli m’écraser. — _C’est tout ce que tu as'A me dire sur mon avenir? dit Leuk, un peu dégu. — Non, attends un peu, mon frére. Ce n’est pas tout. Je t’ai conseillé d’étre tras prudent & Pégard de ’Homme. Je te conseillerai aussi de Pétre a V’égard de certains animaux qui ne sont pas meilleurs que l’Homme. Ces animaux sont aussi ingrats et plus féroces que lui. Tu te méfieras du lourd pied de Gnéye-’éléphant, de 8 HAE la patte et de la machoire redoutables d’Oncle Gaindé-le-lion, des griffes puissantes et acérées de Ségue-le-léopard et de Téné-la-panthére — Tes conseils n’ont aucune importance pour moi, se moque Leuk-le-livre. Je te croyais plus savante que cela. Dis-moi plutdt, si tu le sais, le moyen de me venger de l’offense que m’a faite Hodiok-l’écureuil. — Sic’est ainsi, mon ami, que tu comprends mes paroles de sagésse, mieux vaut que tu continues ton chemin. Je n’aime pas qu’on se moque de moi. — Eh bien, tant mieux, ricane Leuk-le- livre. Je n’ai pas besoin de tes conseils de prudence. Je suis assez grand et assez intelligent pour me défendre quand iJ le faudra contre Nit-homme, Mame-Gnéye-l’éléphant, Oncle Gaindé-le-lion, contre la dent des uns et la griffe des autres. 4. Leuk découvre la forét Aprés avoir quitté Diargogne-l’araignée, Leuk marche encore longtemps. longtemps, sourd aux nombreux appels que la brousse lu; adresse. Il arrive ainsi a a lisiére de la forét. La, brusquement, les arbres deviennent plus hauts, plus larges et plus serrés. Leuk hésite d’abord avant de franchir la lisitre de la forét. Car, maintenant, les conseils de Diargogne-l’arai- gnée lui reviennent Ala mémoire. Ilse demande ce qui va lui arriver. I pénétre enfin dans la forét, se déplacant avec précaution, levant les yeux a chaque instant, tournant la téte a droite et gauche pour ne pas étre surpris par un ennemi caché. Leuk sait qu’il se trouve a présent dans le domaine oi vivent les seigneurs de espace animale: les fauves. Tout a coup, il s’arréte. En travers du sentier qu'il suit, un énorme tronc d’arbre est couché, portant des feuilles et des bourgeons encore 10 CEL EECUUUUULL LAL verts. Pour ne pas perdre de temps, oe contourne pas. Ii se coule dessous et le passe en rampant. Alors une voix faible parvient & ‘illes. . one Qui vive? crie-t-il, étonné. — Cest moi, M’Bonate-la-tortue. — Et que fais-tu en ce lieu, cachée comme un alfaiteur ? . malta suis née prudente, mon bon ami. oo — Si tu es prudente, tu dois étre sage aussi + — Je le suis et personne n’en doute. — Et si tu es sage, tu dois pouvoir me ren- a sees suis A ta disposition, mon bon ami. — Eh bien, dis-moi ot trouver, dans cs immense forét, la demeure d’Oncle a - i lion, celle de Mame-Gnéye-l éléphant, fae Ségue-le-léopard, celle de Téné-la-pant a — Ah! ah! ah! fait M’Bonate-la-tortue, do: t la carapace est secouée par ce gros rire. Tu peux passer ton chemin, mon bon ami. Je vois Cee veux Poccuper des grands de la terre. oi, jaime mieux rester tranquille dans coquille. » cae 5. Leuk découvre la mer Beaucoup d’animaux ont entendu parler de la mer. Mais bien peu l’ont vue. Leuk, aprés avoir découvert la forét, se pro- pose de faire un long voyage pour connaitre aussi le royaume des eaux. ai pense qu’au retour de ce voyage, il pourra réunir tous les animaux pour raconter ce qu’il a vu et avoir plus de considération de leur part. Mais il ignore la rgute a suivre pour arriver A la mer sans s’égarer. Il va donc demander conseil 4 Sceur M’Bélar-Phirondelle, qui a par- couru la terre entiére, en tous sens. M’Bélar-Vhirondelle lui dit: « Pour arriver a la mer sans te perdre, il faut que tu saches t’orienter. Tu sais que le point de la terre o¥ le soleil se léve s’appelle Lest, le point oii il se couche l’ouest. Ces deux points suffisent pour le voyage que tu veux faire. Carla mer se trouve a l’ouest du pays que nous habi- tons. Done tu marcheras toujours droit vers Vouest. Le soleil sera ton meilleur guide. 12 PREC EEE EEC COTE — Et que faire quand il n’y aura pas de soleil? — Puisque tu dois partir au mois de mars, répond M’Bélar-Vhirondelle, le vent d’est te guidera dans la forét. Ce vent, chaud et sec, souffle en effet de lest vers Pouest. Ainsi pour- ras-tu suivre sa marche. Quant au soleil, en cette saison, il n’est jamais caché. » Leuk est trés intelligent, mais il ignorait tout cela. Il pense que la science de M’Bélar-V’hiron- delle est vaste. « Si tu voyages la nuit, ajoute celle-ci, tu auras, pour compagnes et pour guides, la lune et les étailes. Dés ce soir, je te ferai remarquer certaines étoiles qui se lévent toujours au nord et d'autres qu’on apercoit toujours a l’est. — Merci, ma sceur, de vos précieux ren- seignements, dit Leuk, je saurai m’en servir. — Je te trouverai peut-étre la-bas, répond M’Bélar-Vhirondelle. Car, bient6t, ce sera pour nous la saison d’émigrer” vers les pays frais que baigne la mer immense. » Au bout d’un voyage long et pénible a travers savanes, foréts et clairiéres, plaines, collines et ravins, Leuk arrive devant la mer immense. Leuk se demande quelle est cette chose mugissante qui a lair de lui barrer la route. Mais il continue d’avancer, poussé par la curio- sité. Bientét la terre finit. Une étendue plate et bleue la remplace. Cette étendue se confond, & Phorizon, avec le bleu du ciel. 13 « Voila la mer, se dit Leuk. Je suis arrivé au bout de mon voyage. » Il respire de soulagement. Il plonge son regard dans l’immensité qui, devant lui, fuit de toutes parts. Toute la masse de ce grand désert liquide bouge. La mer semble vivre et respirer par saccades". Leuk réfléchit un moment et dit: « Il faut que j’apporte a tous les animaux la vu la mer. Sinon personne ne me croira quand je le dirai. » Sur la grave", il y a des coquillages, gros et blancs. Leuk en ramasse quelques-uns. Il veut ramener au pays deux ou trois crabes vivants, une douzaine de moules. Mais les crabes fuient devant lui avec des airs apeurés et s’enfoncent dans les flots. Quant aux moules, elles dispa- raissent brusquement dans le sable mou de la gréve. Avant de quitter-la mer, Leuk veut savoir quel godt a son eau. Il mouille le bout d’une de ses pattes dans la mousse d’une vague qui vient @arriver. Il y passe Ia langue: « Aie! crie-t-il aussitét, l'eau de la mer est donc si amére, si salée! » Et, sans plus tarder, il repart pour le pays de ses ancétres, emportant, dans sa hotte, le plus grand nombre de témoignages, pour prouver qu’il a vu la mer. « Ils seront étonnés, se dit-il avec fierté. Et ils me croiront plus intelligent encore que je ne suis! » 14 SEES OETTTTTT LLL LLL 6. Leuk découvre ?Homme Revenu de la mer, Leuk se Tepose De quelques jours. Ce long voyage I’a fatigue. Mais il ne restera pas longtemps au lit, car maintenant son grand désir est de connaitre eee quill sent que ses forces sont rien prépare un aouveau voyage, qui doit le conduire auprés de Nit-’homme. ; Ce dernier habite loin des animaux, hors dela brousse et de la forét, en des endroits décou- ver uk se rappelle les paroles de Diargogne- Paraignée, qui lui a dit: « Tu feras la connais- sance de Homme. C’est un animal dange- rey] part un beau matin, Chemin faisant, i observe les changements d’aspect du sol. découvre de vastes champs entourés de Sevic et de haies vives. Partout, il remarque e sentiers qui s’entrecroisent. Ces sentiers portent des traces de pas que Leuk n’a jamais vues. 15 Le premier homme qu’il apergoit est un ber- ger dont le troupeau erre ¢a et la. Dés qu’il le voit, il s’arréte pour l’observer a distance. L’Homme a un long baton en travers des épaules. Il se déplace de temps en temps et il chante sans cesse. Parfois, il crie en direction des animaux. Alors ces derniers se rapprochent les uns des autres. « Diargogne-l’araignée a raison, pense Leuk. Cet animal doit étre tres dangereux, puisque, de sa simple voix, il commande & des bétes plus grosses que lui. » Leuk apergoit un autre animal qui resemble fort a ceux de la brousse et qui court de-ci, de-la, en hurlant autour du troupeau. _< Il doit étre un auxiliaire” de 'homme, se dit-il. Lui aussi est certainement dangereux comme son maitre. » Leuk veut mieux connaitre Homme, le voir de plus prés, savoir comment il vit, parle, s’occupe de sa famille. Pour cela, il lui faut pousser plus loin jusqu’a cette agglomération qui se dessine 1a-bas. 16 ~~ - o- -_ -_ - 7. Les serviteurs de VY Homme A mesure que Leuk avance, la silhouette des cases pointues qui forment Vagglomération devient plus nette et plus haute. On dirait que le village tout entier accourt au-devant de lui. De ce village, montent différents bruits: des appels sonores, des éclats de rire, des coups de pilons, de marteaux, de battoirs. Leuk voit des hommes et des femmes qui vont et viennent, des enfants qui jouent, tombent et se relevent, gesti- culent comme des diablotins. . En s’approchant, il arrive auprés du monti- cule oi le village vient déposer les ordures. Sur ce monticule, il remarque un grand nombre d'animaux domestiques: poules, pintades, canards, chiens, chats, etc. Les uns grattent et picorent ; les autres fouillent avec leur museau, ou se roulent dans la poussitre. Lorsqu’ils voient Leuk, tous se dressent, étonnés, l’ceil rond et le cou droit. « Bonjour, mes fréres! » dit gentiment I’hote de la brousse. 17 Alors les poules se mettent & caqueter, les canards a trompeter, les chiens & hurler, les moutons et les chévres 4 béler d’épouvante. Leuk, mécontent de cet accueil, s’éloigne aussi vite qu’il peut et s’enfonce dans la cour de la premiére maison venue. Dans cette cour, il trouve deux gamins qui jouent avec de la terre et des cailloux. Les gamins n’ont jamais vu de livre. Cependant ils nvont pas peur. Leuk leur parait gentil et mignon. « Approche done, lui disent-ils. Tu es vrai- ment sympathique. Laisse-nous te caresser un peu. » Leuk s’approche volontiers et les enfants pro- ménent leurs petites mains sur son poil lisse. « On dirait un jeune agneau, fait l'un. — On dirait plutét un chaton », fait autre. PELLETED b 8. La captivité de Leuk Vers la fin de la journée, au moment oi le soleil va se coucher, le pére des deux gamins rentre des champs. «Pere, nous avons gagné un nouvel ami, s’écrient-ils, joyeux. — Unnouvel ami? » dit le pére, sans trop les croire. Il va vers eux, et, dés quill voit Leuk, il s’arréte. « Quoi? C’est ¢a que vous appelez un nouvel ami? dit-il en riant. Apprenez, mes chers enfants, que vous avez affaire la au plus rusé des animaux de la brousse. Il faut vous méfier de ui, car il est capable de vous jouer de vilains tours. « Pour commencer, ajoute le pere, je men vais Yenfermer dans le réduit ot nous gardons les récoltes. La, il se nourrira bien et engrais- sera. Aprés quoi, nous reparlerons de lui. » Toute la famille alertée vient regarder Leuk avec des yeux moqueurs. Et les deux enfants se mettent & pleurer A chaudes larmes. 19 Dans le sombre réduit od il est enfermé, Leuk réfléchit longuement sur son imprudence. Les paroles de Diargogne-I’araignée lui reviennent a la mémoire. Le voila prisonnier de Homme, qui va peut-étre le rétir et le manger. Leuk passe toute la nuit sans fermer l’ceil. pense qu’il ne reverra plus la belle forét, la savane tranquille et ses amis les animaux. Le lendemain, un des enfants vient le trouver. « Je veux te sauver, mon ami, lui dit-il. — Comment réussiras-tu 4 me sauver? répond Leuk. — Passe-moi tes oreilles entre ces deux lattes” et sois courageux. » Leuk fait ce que lui demande enfant. Celui-ci, tirant de toutes ses forces sur les oreilles de Leuk, d’un élan vigoureux, l’arrache a la prison. Rapide comme une fléche, Leuk s’élance en direction des champs. Mais on lache aprés lui tous les chiens de la Maison, qui lui donnent la chasse. Au moment od il va disparaitre dans un pais buisson, l'un des chiens lui happe la queue et han! la lui coupe Presque a ras. 20 CEEEEEEEEE Let rsitsrsrieee: 9. Mame-Randatou, la fée a souvent entendu parler de Mame- Radiaton, la fée. Tout le monde, au royaume des animaux comme au pays des oe connait la renommée de ae eee e dit qu’avec sa baguette magique elle a fo! me les chats en princes galants, les, citrouilles . équipages et les souris en pages’. On a ee dune simple caresse de sa main, elle peut chan- ger la forme de n’importe quel organe, guérir es maladies les plus graves. On dit... Mais aui pourrait dire tout ce qu’on raconte ey le gran pouvoir de Mame-Randatou, la fée? pare Aprés avoir soigné ses plaies et les dou! eure de ses membres Tompus, Leuk va trouve e-Randatou, la fé« : : . Mame sais le but de ta visite, dit celle-ci, a t6t que Leuk franchit le seuil de sa porte. C’est Homme qui t’a causé les maux que je vois sur ton corps: ee rae queue coupée, ere déformées. Pate Set ‘exact, répond tristement Leuk, en baissant la téte. 21

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