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Les rites de passage sont des cérémonies marquant le fait qu’une personne passe d’un rôle, d’une phase de sa
vie ou d’un statut social à un autre.
C’est dans les sociétés primitives que le rite se révèle le mieux dans sa spécificité. Car lés pratiques y sont abon-
dantes et variées, elles ont une grande place dans la vie quotidienne collective. C’est aussi dans ces sociétés que
les rites semblent échapper le plus à des systèmes rationnels de pensée. lis dépendent largement des mythes, ils
en sont souvent une sorte de célébration.
La principale caractéristique des rites dans ces peuples, c’est que par eux les hommes s’efforcent d’entrer en
rapport avec un monde supra-humain, avec des êtres surnaturels, avec le domaine du sacré. Les hommes des
sociétés primitives cherchent tant à bénéficier des faveurs des forces supra-naturelles qu’à se protéger de leurs
menaces.
Dans les sociétés modernes, le rite est devenu « un ensemble de comportements habituels, réglés, presque in-
variables, constituant une cérémonie en usage dans un groupe qui en codifie les éléments et dont elle renforce
généralement la cohésion et la conscience collective ».’
Les rites de passage existent depuis toujours et sont présents dans toutes les sociétés dont ils permettent d’af-
firmer les valeurs.
• La dimension discursive fait intervenir le rite comme langage collectif : « il est une production sociale-
ment énoncée, la vie sociale étant toute entière dominée par la ritualité, il agit essentiellement dans le
sens d’une identification pour l’individu, en vue d’une intégration dans la collectivité ».
• La dimension sacrée fait appel aux croyances religieuses: « c’est le sens le plus courant du rite, il se dé-
finit comme un ensemble de comportements prescrits par la religion ».
• La dimension quotidienne: « il s’agit du rite comme geste quotidien répété de façon immuable, comme
organisation du quotidien ».2
Quel que soit l’objet des rites, quelle que soit la forme qu’ils prennent, ils ne trouvent leur raison d’être qu’à partir
du moment où ils deviennent symboliquement efficaces. La naissance, la puberté, le mariage et la mort sont les
principales étapes de la vie qui s’accompagnent de rituels ou de rites particuliers.
Aujourd’hui, on peut considérer les cérémonies marquant le départ à la retraite comme un rite de passage.
Mais il existe aussi des rites de type professionnel tels que le compagnonnage ou encore des rites initiatiques
d’accueil des étudiants dans les universités (bizutage ou baptême).
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Les rites de passage
La naissance
Lors de la conception, de la gestation et de la naissance, un comportement rituel peut être adopté par les parents :
ils peuvent être amenés à modifier leurs habitudes alimentaires, sexuelles ou autres selon des codes culturels
spécifiques.
Après la naissance, ces dispositions peuvent se prolonger pendant une période d’isolement de la mère et de son
enfant, qui atteint son point culminant lors de la présentation officielle du bébé et du choix de son prénom.
Dans l’Antiquité
Chez les Grecs anciens, la famille et la maison sont le premier Comment se passe le baptême
lieu sacré de l’individu. A chaque naissance, un rituel vise à rat- catholique ?
tacher l’enfant au foyer dont il est issu ; ce rituel est celui de la
fête familiale des Amphidromies qui consacre la reconnaissance L’enfant habillé de blanc est conduit à
officielle du nouveau-né par son père. l’Église par toute la famille. Sa mère
le porte dans les bras, accompagnée
Cette fête qui a lieu selon les endroits le cinquième, le septième des parrain et marraine. Un prêtre
l’accueille. Le bébé est alors présenté
ou le dixième jour après la naissance, consiste, comme son nom
au dessus des fonts baptismaux.
l’indique (amphi : autour, dromos : course), à porter le nouveau-
né en courant en cercle autour du foyer de la maison, sous la Un dialogue s’engage entre le prêtre
protection d’Hestia, la déesse de l’espace familial, puis à dépo- qui représente l’Eglise et les parents
ser l’enfant directement sur le sol, symbole de son intégration au qui représentent l’enfant.
foyer paternel et au monde humain.
Que demandes-tu à !’Eglise de Dieu ?
La cérémonie comporte aussi pour la mère et les femmes qui La foi
l’ont assistée, des lustrations pour les débarrasser des impure- Pourquoi demandes-tu la foi ?
tés consécutives à la naissance. Pour vivre avec le Christ.
Le dixième jour, à Athènes, on donne un nom à l’enfant et les Puis le prêtre dit
membres de la famille se réunissent à nouveau pour un sacrifice
Si tu veux vivre avec le Christ, écoute
suivi d’un banquet. Le dernier jour de la fête des Apatouries, les
les commandements :
enfants nés dans l’année, sont présentés à la phratrie par leur Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu
père. De tout ton coeur, de toute ton âme, et
de toutes tes forces.
Quand l’enfant n’est pas reconnu par son père, il est alors ex- Tu aimeras ton prochain comme toi-
posé loin de la maison, à l’écart de toute habitation et de tout lieu même.
cultivé.
Versant ensuite de l’eau sur le front
de l’enfant, il prononce les paroles
Chez les catholiques sacrées:
Elle marque l’admission du bébé au sein de la communauté re- Maintenant, l’enfant fait partie de la
ligieuse. grande famille chrétienne. Les clo-
ches sonnent. On rentre à la maison
Le baptême est un sacrement : ce jour-là, l’Église tout entière et on fait la fête.
accueille un nouveau membre.
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Les rites de passage
Le parrainage
Le parrain et la marraine choisis par les parents s’engagent à soutenir l’enfant en toutes circonstances en l’aidant
à choisir sa propre voie dans la vie, en développant chez lui les qualités de tolérance, de fraternité et de solidarité
nécessaires au futur citoyen.
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Les rites de passage
La promesse des parrain et marraine a une caractéristique essentielle : celle d’être un projet éducatif large,
ouvert, respectant totalement la liberté de l’enfant et ne prenant, en son nom, aucun engagement philosophique
prématuré.
L’âge de raison
Chez les catholiques
Tout petit, l’enfant apprend à prier. A partir de 7 ans environ, il va recevoir un enseignement religieux dans sa
paroisse ou son école. C’est ce qu’on appelle le catéchisme.
Considérée, aux yeux de l’institution religieuse, comme la voie essentielle du passage de l’enfance à la vie sociale,
la première communion est un rite initiatique à part entière, lourd de conséquences par les engagements pris, ce
jour-là, devant et envers Dieu et les hommes.
Les enfants assistent à la messe comme les autres jours. Quand le prêtre aura prononcé les paroles qui trans-
forment le pain en corps du Christ et le vin en son sang, les « communiants » s’approcheront de la Sainte-Table
et, comme les disciples de Jésus, avant Pâques, recevront leur Sauveur. Le prêtre ou le « servant » leur donnera
une hostie qu’ils mettront dans leur bouche. Ils se recueilleront et repartiront vers leur banc, portant le Christ
en eux. La messe s’achèvera. Désormais, ces enfants participeront pleinement au sacrifice à chaque fois qu’ils le
souhaiteront.
A trois ans, l’enfant assiste à une petite cérémonie au cours de laquelle il apporte à la synagogue une ceinture
décorée appelée Mapa qui sera enroulée autour de la Torah.
A partir de ce moment, il commencera à étudier, d’abord la langue hébraïque elle-même : l’alphabet et la lecture.
Quand il saura lire l’hébreu, l’enfant découvrira la Bible dans le texte et aussi le Talmud (discussions qui avaient
pour but de définir comment l’homme doit se comporter selon la Loi de Dieu).
Quand pour la première fois, les cheveux de l’enfant sont coupés, une tradition veut que l’on distribue aux pauvres
le poids en argent de sa chevelure.
A partir de 7 ans, l’enfant doit s’habituer à réciter la prière avec les gestes qui l’accompagnent. On lui apprend petit
à petit les textes qu’il doit connaître par coeur pour pouvoir célébrer l’office de la prière.
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Les rites de passage
La puberté
Dans de nombreuses sociétés, des rites pubertaires s’élaborent et se maintiennent, en particulier dans les com-
munautés où l’initiation à l’âge adulte des adolescents se fait collectivement plutôt qu’individuellement.
Pour une fille, cette étape peut survenir au moment de l’apparition des menstruations.
Pour les garçons, le rite a lieu à des moments variables de leur vie.
Dans certaines sociétés, les initiés sont retirés à leur famille et soumis à une longue réclusion durant laquelle ils
peuvent subir d’intenses épreuves physiques.
Chez certains amérindiens, il existait une variante de ces pratiques : le jeune partait dans la nature, seul, sans
nourriture ni eau, à la recherche d’un « ange gardien » dont on pensait qu’il se révélerait à lui dans un songe.
Les rites pubertaires comprennent en général l’apprentissage par les initiés des règles, des arts et du folklore de
la société à laquelle ils appartiennent, préparant ceux-ci à devenir des adultes accomplis.
Dans l’Antiquité
A Athènes, comme dans beaucoup de régions de la Grèce Antique, le passage de l’enfance à l’âge adulte s’accom-
pagne de rites destinés à initier les jeunes gens au rôle qu’ils sont appelés à jouer dans la communauté.
C’est la période de transition entre le statut social d’enfant et celui d’adulte , elle commence à 16 ans et se termine
à 20 ans (être éphèbe signifie littéralement avoir atteint l’âge de la puberté). Ce terme recouvre deux réalités.
La première éphébie, qui a lieu à 16 ans, a pour cadre la phratrie, regroupement à caractère religieux de familles
autour d’un ancêtre commun. Elle joue le rôle d’intermédiaire entre l’univers familial et la communauté civique.
Les Apatouries (grande fête des phratries) se déroulent en octobre pendant trois jours, sous l’égide de Zeus phra
trios et d’Athéna phratria. Le dernier jour est le plus important : l’admission du jeune dans la phratrie est alors
consacrée par le sacrifice du koureion, victime animale, et par l’offrande que le jeune fait de ses cheveux, signe
de son accession à l’âge adulte. Un vote des membres de la phratrie suivi d’un banquet commun sanctionne cette
admission.
La seconde éphébie, instituée officiellement au 4ème siècle, est analogue à notre service militaire. Obligatoire,
elle est prise en charge par l’Etat et dure deux ans, de 18 à 20 ans.
Cette institution à caractère militaire dominant conserve néanmoins des traits propres aux rites de passage : les
éphèbes restent pendant cette période en marge de la cité - ils sont péripolesstationnés dans des forts fronta-
liers.
Pendant cette période, les jeunes, qui portent un vêtement particulier (une chlamyde noire), sont admis pour la
première fois aux cultes civiques : processions solennelles des mystères d’Eleusis.
Les épreuves initiatiques des jeunes filles ont valeur de préparation au mariage qui marque pour elles leur sortie
de l’enfance et dans lequel elles accomplissent le rôle que la société leur attribue : donner naissance à des ci-
toyens.
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Les rites de passage
La préparation au mariage se fait sous l’égide d’Artémis, déesse qui prend en charge la croissance des jeunes et
leur parcours jusqu’à la maturité. Dans le sanctuaire d’Artémis à Brauron, les jeunes filles choisies, chargées de
représenter la communauté féminine, accomplissent le « rituel de l’ourse », en l’honneur de la déesse. Elles sont
astreintes à une période de réclusion, portent un vêtement de couleur safran et miment l’ourse, animal consacré
à Artémis. L’ourse est tenue pour un animal sauvage mais est capable d’être apprivoisée et de vivre parmi les
hommes.
« Faire l’ourse », c’est donc se défaire par différents rites de l’état de sauvagerie qui est celui qu’on attribue à
l’enfance et à la virginité. Les rites accomplis permettent à la jeune fille d’être apprivoisée et prête pour son futur
état de femme mariée.
La profession de foi
Lors du baptême, l’enfant n’est pas suffisamment conscient pour s’engager lui-même parmi les chrétiens. Les
promesses du baptême ont été faites en son nom par ses parents.
Alors, après avoir atteint l’âge de raison, quand il entre dans l’adolescence (12 ans), il doit prendre lui-même des
engagements solennels. C’est le renouvellement des voeux du baptême : une prise de position personnelle, un
« choix » fait par le nouvel adulte.
Ce jour-là, le jeune revêtira une tunique blanche semblable à celle que portaient les premiers chrétiens quand,
adultes, ils prenaient les engagements du baptême.
D’une paroisse à l’autre, les textes prononcés varient, mais tous ont la même signification : le jeune chrétien af-
firme sa foi renouvelée et s’engage à vivre dans l’amour de Dieu.
La bar mitzvah est une cérémonie religieuse qui officialise l’entrée du garçon comme membre majeur au sein de
la communauté d’Israël.
Pour la première fois, l’enfant va revêtir le talit ou châle de prière. Il attachera aussi à son bras et à son front les
téfilines ou phylactères (petits étuis où sont enfermés des morceaux de parchemins portant une phrase de la Bi-
ble). Il les portera alors chaque jour pour prier.
Dans la synagogue, en présence de ses parents et de tous les membres de la communauté, il sera appelé à lire la
Torah. A partir de ce jour, il est majeur religieusement et donc soumis à toutes les obligations de la vie juive.
Quand il sera prêt, vers 16 ou 17 ans, il deviendra un homme au sens religieux du terme par la confirmation. C’est
la confirmation du « sacrement du baptême ».
En devenant un homme, le jeune s’engage: il va se convertir, c’est-à-dire prendre une orientation nouvelle, pren-
dre un tournant pour aller vers Dieu.
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Les rites de passage
L’enfant s’est longuement préparé par l’étude, la prière et les activités collectives. Le jour de la confirmation,
généralement le jour de Pentecôte, les enfants ne portent aucune tenue spéciale, seulement leurs vêtements de
fête.
Le culte est célébré, puis vient « l’engagement ». Si le jeune protestant a déjà été baptisé, il reprendra à son
compte l’engagement pris en son nom par ses parents, parrain et marraine et le confirmera en tant que personne
consciente. Sinon, il demandera lui-même le baptême.
Il sera adulte aux yeux de la communauté. Pour la première fois, il participera à la Sainte Cène et recevra le pain
et le vin, signes du corps et du sang de Jésus-Christ.
Entre 1880 et 1914, 250 cercles de libre pensée s’étaient constitués et une collaboration systématique s’établit
entre les organisations libérales et socialistes, notamment pour la mise en place des cérémonies.
En Belgique, comme en France, la Fête de la Jeunesse Laïque trouve son origine dans les fêtes révolutionnaires
de la jeunesse qui étaient prévues en prairial (entre le 21 mai et le 17 juin).
Les cérémonies furent surtout imprégnées de caractéristiques de substitution. Le raisonnement des libres pen-
seurs était que, puisque l’Eglise, dans ses rites, se réfère à de très anciennes traditions (elle n’a pas inventé la
coutume de célébrer la naissance ou l’adieu à l’enfance), et joue efficacement sur le besoin d’apparat extérieur
pour des événements familiaux, il fallait abandonner les rites religieux mais pour proposer des cérémonies ana-
logues, copiées des célébrations catholiques, qui deviendraient à leur tour des traditions.
Toutefois, tout le monde, dans les cercles de libre pensée, n’était pas d’accord avec cette « singerie aveugle » des
rites catholiques, surtout les anarchistes. L’adoption des rituels de remplacement n’a jamais fait l’unanimité chez
les libres penseurs.
Le Pacte Scolaire, signé en 1958, permit l’instauration, dans l’enseignement primaire, des cours de morale non-
confessionnelle.
Dès 1964, les garçons et les filles de 12 ans ayant suivi le cycle complet de ces cours ont pu prendre part à la Fête
de la Jeunesse Laïque.
Elle condense en quelques heures le passage de l’enfance à l’adolescence et l’accueil du jeune au sein de la com-
munauté laïque.
Cette fête concerne la vie privée, l’évolution intime des enfants, mais elle est également une cérémonie publique
au cours de laquelle la société des adultes accorde une reconnaissance nouvelle aux adolescents.
La formule varie d’un endroit à l’autre mais comprend toujours une partie solennelle qui exalte de façon symboli-
que ou esthétique les valeurs laïques.
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Les rites de passage
La partie symbolique invite l’enfant à aller à la rencontre des différentes relations qui vont structurer son insertion
dans la vie : camaraderie, amitié, amour, découverte de la différence (ethnique, culturelle, idéologique), émer-
gence de l’égalité.
Le mariage
Le terme « mariage » a une racine latine qui vient du mot mas-maris qui signifie « mâle ». L’origine de l’union était
masculine, la femme n’y prenait aucune part, son père la mariait à un homme, la tutelle de la femme passait du
père au mari.
Les rites de mariage requièrent l’intervention d’une autorité civile ou religieuse chargée de sanctifier l’union de
l’homme et de la femme, ainsi que d’établir la parenté de chaque enfant né de cette union.
Ces rites comprennent en général l’abandon par un des partenaires, de son foyer familial.
Ils prévoient en outre des réjouissances et des échanges de cadeaux entre les familles, une lune de miel à l’écart
de leurs proches, puis enfin le retour des jeunes époux au sein de la communauté.
Les rites du mariage sont appelés à mettre en relief la nature contractuelle de l’union.
Dans l’Antiquité
En Grèce et à Rome, le mariage est un acte privé qui est le résultat d’un accord entre le futur mari et les parents
de la jeune fille : la communauté civile et religieuse n’intervient pas. Le mariage y est une obligation civique : on
doit se marier. La fonction essentielle du mariage est la procréation, en effet, les sociétés de l’époque connaissent
une forte mortalité infantile et le seul moyen d’avoir une population stable ou grandissante est de favoriser les
naissances donc les mariages.
Le mariage intervient très tôt, en particulier chez les filles, vers 14 ans pour les filles en Grèce et 12 ans à Rome.
Les hommes de classe aisée se marient, eux, entre 20 et 30 ans : le mari a donc tendance à prendre son épouse
pour une enfant mais en aucun cas pour son égale.
A Rome particulièrement, le mariage est une véritable stratégie pour former des alliances.
Sous l’Empire, seuls les citoyens romains peuvent se marier. Les autres : étrangers, hommes libres ou affranchis
ne peuvent légaliser leur union avec une femme de leur classe, et même avec une citoyenne romaine.
Au Moyen Age
Dans l’Europe du Moyen Age, l’Eglise qui a renforcé son pouvoir, se sent plus concernée par cette institution. Un
seul Dieu, une seule Eglise, et donc un seul mariage. Elle est moins laxiste, condamne l’inceste et interdit les
mariages consanguins, fréquents dans les familles aristocratiques qui ne veulent pas émietter leurs pouvoirs et
leurs terres.
Le mariage tel que nous le connaissons aujourd’hui n’apparaît que vers 1560. Le Moyen Age n’offrait que peu de
possibilités d’union maritale aux cadets des grandes familles, l’aîné était logiquement désigné pour porter le titre
et conserver les terres, les enfants puinés n’avaient souvent d’autre choix que le métier des armes et la carrière
ecclésiastique.
Au XIIème siècle, l’Eglise introduit le consentement réciproque des époux et inclut le mariage dans la liste des
sacrements.
Un changement important se produit après la Révolution Française, les citoyens peuvent contracter un mariage en
présence d’un officier d’état civil.
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Les rites de passage
La robe de mariée
Jusqu’à la première guerre mondiale, les mariées ne portaient ni la robe blanche ni le voile. La robe, souvent de
couleur brun clair, s’ornait d’un important noeud de faille ou de satin porté de côté à la taille.
Habituellement, la couturière venait à domicile confectionner la robe et c’est elle qui habillait la mariée car la
jeune fille ne devait surtout pas avoir cousu sa robe : cela portait malheur disait-on.
Le cortège
Même si la maison était éloignée de plusieurs kilomètres de l’Eglise, on devait s’y rendre à pied ou en char à bancs.
La noce était précédée d’un violoniste dont l’instrument était orné de rubans.
Le banquet
Chacun apportait son couteau et parfois sa timbale. Casser la vaisselle au repas portait chance.
Les noces
Pour la nuit de noces ou la douloureuse pénitence, selon les termes de l’Eglise, les époux portaient de longues
chemises de nuit blanches ouvertes aux endroits concernés pour éviter tout contact superflu avec d’autres parties
du corps : il ne s’agissait pas d’éprouver le moindre désir charnel, mais de procréer.
L’anneau
L’origine de nos alliances vient de l’anneau métallique que s’échangeaient les époux de la Rome antique. Cet
anneau symbolisait le cercle de la vie et de l’éternité. Quelques siècles plus tard, sous l’influence du mariage
chrétien, l’or, métal noble, remplaça le fer.
On peut également porter une alliance en diamants. Cette habitude remonte à l’an 1477 lorsque Marie de Bourgo-
gne reçut une bague en diamants de l’archiduc Maximilien d’Autriche.
Ce sont les Egyptiens qui ont instauré le port de l’alliance au quatrième doigt de la main gauche, car ils étaient
persuadés que la « veine de l’amour » partait du coeur pour aboutir dans l’annulaire gauche.
Les futurs époux (baptisés) doivent d’abord voir un prêtre pour faire le point avec lui avant de s’engager dans une
vie nouvelle.
Le jour du mariage, l’homme et la femme se présentent à l’Eglise devant le prêtre chargé de célébrer leur union.
Mais le prêtre n’est pas le ministre de ce sacrement, ce n’est pas lui qui le « donne ». L’homme et la femme se
donnent eux-mêmes le sacrement de mariage en prononçant les paroles de consentement qui vont les unir.
Le prêtre, après avoir lu les textes bibliques, demande que les consentements soient échangés. Les deux « oui »
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Les rites de passage
La cérémonie du mariage religieux ne sera possible qu’après avoir Dans ce cas, un tribunal « la Rota »
accompli son devoir civique de mariage à la mairie, selon le prin- siégeant à Rome sous l’autorité du
cipe talmudique « la foi du pays est la loi ». pape, peut « annuler » le mariage. On
considère dans ce cas que le lien du
C’est Dieu qui sera le témoin de cette nouvelle alliance entre un mariage n’a jamais existé.
homme et une femme. La cérémonie se passera soit à la synago-
gue, soit dans le foyer des parents. Les nouveaux époux se place-
ront sous un dais appelé « houpa » et le rabbin prononcera les bénédictions nuptiales.
Le mariage peut être rompu par la volonté de l’homme et de la femme qui l’ont contracté. Dans ce cas, une pro-
cédure religieuse de rupture se déroule.
Les futurs époux, leur famille, leurs amis et si possible, toute la communauté vont se réunir dans le temple pour
célébrer le mariage qui en lui-même, est un culte. Au cours de ce culte, l’homme et la femme prennent à voix haute
des engagements réciproques. Le pasteur les déclare publiquement « unis par les liens indissolubles du mariage ».
Ensuite, il fait une « prédication »: il s’adresse aux mariés et à la communauté.
A l’issue du mariage, le couple reçoit une Bible de famille. Celle-ci servira à la lecture quotidienne des textes
saints, à l’étude et à la prière familiales. Des pages blanches permettront d’y noter les grands événements qui
marqueront la vie du nouveau foyer.
Le mariage est indissoluble. Si le couple ne s’entend plus, il doit en parler au pasteur ou au laïc responsable de
la communauté. Ceux-ci vont tenter de les réconcilier. Si la tentative échoue, l’Eglise doit « constater le fait »: le
lien a été rompu.
L’homme et la femme ne sont pas exclus mais s’ils veulent se remarier, ils doivent soumettre un dossier exposant
leur cas à une commission nationale. Si la commission juge que les raisons du divorce sont profondément vala-
bles, elle donnera l’autorisation d’un remariage.
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Les rites de passage
La cérémonie a lieu chez les parents de la mariée. Le père ou le frère remet la fiancée à son époux en présence
de l’imam qui consacre l’union. Les personnes présentes font office de témoins.
Selon le Coran, l’homme musulman a le droit d’avoir plusieurs femmes (jusqu’à 4), à condition qu’il soit capable
d’assurer le même niveau de vie à chacune d’elles, et que chaque nouvelle épouse accepte la polygamie.
Cette. possibilité de se marier plusieurs fois et d’avoir un foyer où vivent quatre épouses s’explique par l’histoire
de l’islam : pendant longtemps, les hommes de cette foi ont combattu à travers le monde. Beaucoup périssaient
dans ces combats. Il y avait donc bien plus de femmes que d’hommes dans ce peuple. Le mariage coranique qui
permet à chaque homme ayant une fortune suffisante de prendre quatre épouses rétablissait ainsi un équilibre
social et familial indispensable.
La cérémonie laïque restaure le sens festif, solennel et humaniste de l’union des époux. Elle peut avoir lieu à la
Maison Communale ou dans une maison de la laïcité à la demande des futurs conjoints qui pourront aussi s’occu-
per des modalités pour l’organisation de leur mariage.
Le mariage a lieu devant des représentants laïques. Ceux-ci s’entoureront de textes, de chants et de musique
pour la circonstance. Cette cérémonie est alors suivie de festivités privées.
La Mort
Dans la préhistoire
Contrairement à l’animal qui n’en a pas le souci, l’homme pratiqua très tôt l’ensevelissement de ses défunts affir-
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Les rites de passage
Les plus anciennes sépultures actuellement connues datent du Néanderthal, il y a environ 80000 ans. Les Néan-
derthaliens pratiquaient l’inhumation en pleine terre, afin de dissimuler les restes mortels à la vue des survivants
et à la convoitise des animaux nécrophages. Ils enterraient leurs morts sous des pierres plates et posaient à côté
d’eux, armes, outils et aliments.
Au néolithique moyen, il y a environ 30000 ans, les inhumations commencèrent à respecter une certaine forme de
« rituel » matérialisé par un ordonnancement particulier et par des positions identiques des corps retrouvés dans
les sépultures.
Au paléolithique supérieur, les homo sapiens honorent leurs défunts en perfectionnant les rites funéraires (sque-
lettes alignés, visages tournés vers le soleil levant).
Dans l’Antiquité
Dans l’ancienne Egypte, quand on ne voulait pas brûler les corps, on les inhumait dans des enveloppes de pierre
rectangulaires qui devinrent plus tard les sarcophages.
La Grèce les adopta, puis Rome. Les sarcophages romains étaient décorés de scènes de chasse, de guerre ou du
métier du défunt.
Chez les Grecs, lorsque la mort survient, la psuchè (âme), s’en va, sort par la bouche si la mort est naturelle, ou
par la blessure en cas de mort violente.
La croyance en la vie de l’au-delà, comme la représentation du royaume des morts, a évolué depuis Homère. Le
culte des morts n’existe pas chez Homère. Il admet le transfert dans un séjour bienheureux des mortels de leur
vivant « Les immortels te conduiront vivant aux bornes de la terre, dans les Champs Elysées où règne le blond
Rhadamanthe, où les humains sans interruption coulent des jours fortunés. La pluie n’y souille jamais la clarté
des cieux, les douces haleines des zéphyrs ». Odyssée, IV, 563. Les Champs Elysées sont, à cette époque, réservés
à des privilégiés.
Plus tard apparaîtra l’idée du partage entre les élus et les damnés. Il ne s’agit plus d’être initiés pour aller aux
Champs Elysées : tous les hommes, libres ou esclaves peuvent espérer y aller à condition qu’ils soient Grecs.
C’est le Tribunal des Enfers présidé par les juges Minos, Eaque et Rhadamanthe qui décidera qui est élu et qui est
damné.
Des funérailles homériques aux funérailles de l’époque classique, la continuité réside dans la finalité des céré-
monies : on fait accéder le défunt au statut de mort pour lui permettre de rejoindre le monde des trépassés, et on
honore sa mémoire en lui rendant les honneurs dus à son rang. Pour la communauté, dont l’ordre et la pureté ont
été entamés par la mort, on rétablit un nouvel ordre qui prend en compte la disparition d’un de ses membres.
Après la toilette du mort qui est parfumé, oint d’huile, habillé de vêtements blancs, a lieu l’exposition du cadavre
sur un IR placé dans le vestibule de la maison. Cela s’accompagne de chants de deuil et de gestes de douleur.
Un récipient d’eau est amené d’une autre maison et mis à la porte pour purifier ceux qui se sont approchés du
cadavre.
Ensuite se déroule la procession funèbre au son des hautbois, jusqu’au cimetière situé hors des murs de la ville
puis la mise au tombeau. L’inhumation et l’incinértion sont également pratiquées. En cas d’incinération, tout ce
qui est corruptible est brûlé et seuls les os sont conservés et déposés dans le tombeau.
Les morts sont honorés chaque année par la cité à la fête des Genesia et au dernier jour des Anthestéries.
Les chrétiens représentaient plutôt le Christ et les Apôtres puis les figures disparurent au profit de bas-reliefs
ornementaux.
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Les rites de passage
A partir du Moyen-Age
Dès le 13ème siècle, on transporte le corps du défunt de son domicile au lieu d’inhumation, en occultant complè-
tement la vue de la dépouille aux survivants.
Petit à petit, le cercueil de bois s’impose à tous. Les gens aisés font alors du cercueil un instrument de distinction
entre les classes sociales. Parallèlement, on s’attacha à masquer de plus en plus le défunt à la vue des vivants par
des éléments de décor.
Sous l’ancien régime, avant la révolution, tout ce qui concernait les sépultures relevait du clergé catholique. Nul
ne pouvait être inhumé sans être passé par l’Eglise paroissiale. A l’époque, les curés pouvaient refuser une sépul-
ture ecclésiastique aux hérétiques et excommuniés.
A la révolution française, les mentalités évoluent quelque peu avec la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen.
Des rites religieux et culturels sont pratiqués après la mort d’un individu afin d’aider les survivants à accepter
cette nouvelle situation. Les funérailles permettent aux proches du défunt d’exprimer leur peine publiquement,
de même qu’elles sont une occasion pour la société de réaffirmer ses valeurs, notamment certaines croyances
religieuses selon lesquelles l’âme du défunt quitterait le corps de celui-ci pour acquérir un nouveau statut.
Dans les sociétés industrielles occidentales, les funérailles restent pour l’essentiel une affaire de famille.
Dès qu’un décès est enregistré et le permis d’inhumer ou d’incinérer accordé, le rite des funérailles est inélucta-
ble.
L’Etat pourvoit aux funérailles des vagabonds et des indigents sans attaches.
L’une des fonctions du rite de passage est l’annonce de l’événement à la communauté sociale : faire-part, an-
nonces nécrologiques dans la presse, inscriptions diverses (épitaphes sur les tombes) et signes rituels de deuil
(vêtements, volets clos ... ).
L’observance de ces rites est importante pour l’individu qu’elle protège en prévenant l’entourage de son change-
ment de statut social (veuf...).
En Occident, on constate une nette tendance des familles à se replier sur elles-mêmes en limitant au maximum
l’expression publique de leur peine. Le deuil se limite à la sphère privée.
Dans les sociétés traditionnelles, le rite mortuaire couvre et ordonne une longue période, de l’agonie du mourant
aux funérailles (parfois organisées en deux temps comme par exemple en Afrique noire), en passant par l’instant
de la mort, la toilette du défunt, la veillée du corps. Il se prolonge dans le deuil et les servitudes liées au culte de
la mémoire du disparu.
La mort d’un proche est éprouvante pour l’individu et bouleverse l’ordre social. Elle remet en cause rapports
d’autorité et rôles sociaux dans la famille. Elle entraîne des changements de propriété, elle rend vacantes les
positions occupées dans la société par le défunt.
Les rites mortuaires, fondés sur les coutumes, les valeurs et les institutions du lieu et de l’époque qu’ils renfor-
cent, tendent à normaliser la mort et à faciliter l’adaptation des individus et des groupes aux situations nouvelles
qu’elle crée.
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Les rites de passage
• selon Durkheim, le rituel autour de la mort ne vise pas seulement à un relâchement des tensions, mais
vise au contraire à leur exaltation, voire à leur création artificielle pour que soient saufs les fondements de
la société (amour filial, amour conjugal, amour fraternel, respect des liens familiaux)
Il est utile pour la société que l’on pleure publiquement les défunts que l’on ne regrette pas. Peut-être est-
ce là l’ambivalence des sentiments humains face à la mort d’un être plus ou moins cher. Dans les sociétés
occidentales, la privatisation du rite funéraire, a finalement pour effet d’enfermer le chagrin et le désarroi
dans un cercle de plus en plus étroit de proches auxquels des rites écourtés et discrets ne facilitent guère
l’apaisement.
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Les rites de passage
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Les rites de passage
Musique et poèmes aident à cerner ou évoquer sa personnalité. Le rituel est chaleureux et permet d’accom-
pagner la cérémonie de crémation en affirmant une dernière fois les choix philosophiques du défunt.
Après l’ultime séparation, c’est l’hommage fraternel et amical d’une communauté à l’un des siens.
Elles proposent en effet, à la fois une structure de séparation et une représentation de la temporalité humaine et
de l’au-delà, apaisante pour celui qui y adhère.
L’homme moderne, quant à lui, est supposé trouver en lui-même les ressources pour franchir les épreuves de sa
vie. En cas de crise, le profane désorienté n’a d’autre recours que de se tourner vers un psychothérapeute. Ceux
qui refusent le cadre traditionnel de la religion ou l’accompagnement du « psy » restent seuls avec le réel.
Pour pallier ces insuffisances, certains innovent et mettent en oeuvre de « nouveaux » rites de passage.
Aujourd’hui, des schémas de consommation solitaire déterminent des rituels d’acquisition accompagnés de si-
gnes qui ont pour fonction de donner au consommateur le statut d’adulte.
La promotion est plus importante par le droit de consommer avec la carte bancaire à 12 ans que par le fait de voter
à 18 ans. Dans le même temps, les adultes adoptent les modes de consommation des adolescents.
Ce qui tient lieu de rituel, ce sont aussi des choses que l’on se fait : le piercing, les conduites à risques, les sports
solitaires... La drogue est un modèle du produit qui permet à son usager de se passer de l’autre, mais aussi un
modèle de l’interdit.
La rave-party en est l’exemple. Il y a là tous les éléments du rite : une certaine émotion, une cohésion par la musi
que et une drogue : l’ecstasy.
Il ne s’agit pourtant pas d’un rite de transmission mais au contraire, un rite où l’on en doit rien aux adultes : le rite
n’est pas mis en place par les adultes mais par les jeunes eux-mêmes pour s’investir en tant qu’adultes.
Le compagnonnage
II s’agit ici d’un rite de passage dans un cadre initiatique professionnel.
Selon les statuts d’un des trois mouvements compagnonniques actuels, « le compagnonnage » est un ordre civi-
que de travailleurs, une chevalerie du travail, animé par un esprit de communauté fraternelle où tous les hommes
comme tous les métiers ne sont pas admis ».
Les compagnons artisans des Temps modernes ont forgé une légende fabuleuse qui mêle les références bi
bliques, les symboles ésotériques de la chevalerie, les mystères des Templiers et les mythes occultistes de la
franc-maçonnerie à la geste concrète des bâtisseurs de cathédrales.
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Les rites de passage
Lorsque les confréries apparaissent, à la fin du Moyen Age, c’est en réponse à la puissance grandissante des cor-
porations à l’intérieur desquelles l’accession à la maîtrise est devenue très difficile pour les simples compagnons,
le recrutement des maîtres se faisant de plus en plus par la voie héréditaire. Face à cette confiscation des corpo-
rations par les patrons, qui se fait avec la complicité du régime (l’autorité royale octroie les lettres de maîtrise), les
compagnonnages tentent d’organiser la défense et la solidarité ouvrières. Mais, sans statut légal, dénoncés par
les autorités corporatives et réprimés par les pouvoirs publics, ils doivent se mettre en place dans la clandestinité.
Certains compagnonnages se transforment en véritables sociétés secrètes. Les « devoirs » les plus nombreux
se constituent dans les métiers du bâtiment (maçons et charpentiers). Chaque devoir (compagnonnage) soumet
ses membres à une initiation, à une formation professionnelle et spirituelle rigoureuse ainsi qu’à l’observance de
règles et de rites précis.
Pour les compagnons, l’adhésion au devoir signifie l’entrée dans la vie d’homme. Au sortir d’un apprentissage qui
peut durer de deux à quatre ans, le jeune ouvrier n’est qu’un « béjaune » : il n’a connu que sa famille et celle de
son maître. Devenu statutairement un ouvrier salarié, il peut s’émanciper en partant sur le « trimard », en faisant,
grâce au compagnonnage, l’expérience du voyage, de la découverte et de l’aventure. L’aspirant compagnon ap-
prend sur la route et dans les villes les secrets du devoir en même temps que les finesses de son métier.
D’ordinaire, le jeune compagnon part au printemps, saison du renouveau, idéale pour commencer une épreuve
initiatique. Son voyage à pied peut durer jusqu’à 6 ou 7 ans.
La principale raison d’être du tour reste l’acquisition définitive d’un état, d’une « vacation » : il s’agit d’apprendre
l’infinie variété des tours de main régionaux et de connaître la science des façons traditionnelles. Ecole de forma-
tion technique et morale, le tour des villes inculque le goût du travail bien fait, préparant à la réalisation du chef d
oeuvre par lequel l’aspirant prouvera ses connaissances et ses capacités techniques.
Symboles ésotériques, règles et rituels complexes définissent un code de l’honneur particulièrement exigeant. La
hiérarchie et les rites de passage - on est d’abord aspirant, puis compagnon « reçu » et enfin compagnon « fini » -
assurent la cohésion du groupe.
Le rite maçonnique
Le rite est l’ensemble des règles et des cérémonies constituant un tout, cohérent et défini en différents grades et
degrés.
Les cérémonies particulières d’initiation, de passage ou d’élévation qui font d’un Profane un Apprenti, d’un Ap-
prenti un Compagnon, d’un Compagnon un Maître obéissent à des rituels.
L’initiation est la clé de voûte de la démarche maçonnique. Cette tradition vient du fond des âges. Il s’agit d’une
cérémonie solennelle qui se déroule selon les anciens usages. Au cours de celle-ci, les membres d’une Loge
reçoivent un Profane (du latin « profanus » : celui qui se tient devant le Temple) dans l’Ordre maçonnique, après
s’être assurés qu’il est « libre et de bonnes meurs ».
Le Profane exprime librement et sincèrement son désir de recherche d’un perfectionnement moral et spirituel.
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Les rites de passage
Pour le Profane, c’est le commencement d’une nouvelle découverte de soi-même. Au cours de cette cérémonie, il
reçoit les premiers enseignements et signes de la reconnaissance qui feront de lui un « apprenti franc-maçon ».
Cette cérémonie est faite d’allégories et de symboles qui tentent à mettre le Profane sur la voie de perspectives
nouvelles, qui feront éclore en lui une discipline intérieure, qui déboucheront sur la tolérance spirituelle et la fra-
ternité sociale et qui développeront le sens de l’harmonie.
L’initiation est l’occasion de permettre à un homme de réexaminer les idées reçues et les jugements subjectifs, en
s’engageant, désormais à chercher en et par lui-même Sa Vérité.
C’est une invitation au perfectionnement personnel et une nouvelle porte dans cette voie. En franchissant cette
porte, le nouvel initié meurt, d’une certaine manière, à la facilité du monde, et s’engage sur un chemin qui doit le
mener vers la Lumière.
La corporation des enseignants reposait surtout sur une vieille coutume : l’inceptio. C’est une cérémonie au cours
de laquelle le maître investit d’un pouvoir analogue au sien l’élève qui a suivi ses cours depuis plusieurs années.
En choisissant ainsi ses collègues, la société des maîtres limite la concurrence et maintient le respect de la tra-
dition.
Ces cérémonies consacrent le passage de l’individu à un nouveau statut et revêtent donc un caractère initiatique.
Par initiation, on comprend généralement un ensemble de rites et d’enseignements oraux au moyen desquels
on obtient une modification radicale du statut religieux et social du sujet à initier. Violence et brimades en sont
souvent l’élément principal. « La brimade brisait l’ancien homme et, en l’humiliant, le mettait à la merci de ses
vainqueurs ; il était dompté et appartenait désormais sans esprit de retour à la communauté qui l’avait maté, qui
l’avait attaché par là à ses frères d’un lien inséparable, dès lors la société à laquelle il accédait n’était pas une
association utilitaire mais une fraternité ».
Aujourd’hui le baptême ou bizutage conserve ses vertus initiatiques. Il reste avant tout un moyen d’insertion du
nouveau dans un groupe qui lui est inconnu. Son affiliation au groupe se marquera notamment par le port de la
penne. Le folklore tentera de l’intégrer en lui permettant d’établir de nouveaux contacts, de trouver l’aide néces-
saire à son évolution dans le milieu universitaire.
Mais les temps changent et la brimade n’est plus la règle absolue et exclusive dans les baptêmes.
Certes, les abus sont nombreux dans certaines facultés et il est des pratiques que l’on ne saurait cautionner. Ainsi
le baptême n’est respectable que s’il est librement consenti par la personne qui le subit.
Le baptême n’est pas un acte gratuit. Il a un sens, un but et un esprit. Oublier l’un de ces trois éléments, c’est le
pervertir, c’est transformer une épreuve initiatique en un acte où s’expriment soif de pouvoir ou de reconnais-
sance, esprit de revanche et violence.
Conclusion
Etant donné qu’il est utile, voire nécessaire qu’il y ait des rites mais que ceux-ci sont guettés par des déviations
parfois très graves, il convient de parvenir à un bon usage de ces rites.
Les rites comprennent souvent des aspects positifs : ils contribuent à enraciner une société dans son passé, sou-
lignent sa pérennité, confortent sa conscience collective.
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Les rites de passage
Mais, les aspects négatifs ne sont pas inexistants. Le rite peut devenir une fin en soi. Il se fige en un geste sté-
réotypé dépourvu de vie et de sens. Le rite peut bloquer le progrès : au nom du respect des rites traditionnels, on
condamne toute nouveauté, tout changement.
Il existe aussi des rites d’exclusion des étrangers. Certains rites plongent parfois dans le grotesque, dans la lai-
deur.
Plus grave, des rites conduisent à des comportements inhumains, dégradants, où s’assouvissent les penchants les
plus irrationnels et les pulsions les plus agressives de l’homme comme par exemple les rites de mutilations cor-
porelles (excision...), le bizutage dans certaines écoles (il arrive qu’ils conduisent à des comportements aberrants,
indignes et parfois sadiques), la sorcellerie (les pratiques de sorcellerie mêlent des attitudes superstitieuses et
des objectifs souvent malfaisants, voire haineux), les rites de certaines sectes (lucifériennes, particulièrement)
qui combinent des éléments d’obscénité (messes noires, prostitutions rituelles...), de profanation (de tombes, de
cadavres...), de violences (allant jusqu’à des meurtres rituels, des suicides collectifs).
Il faut s’en servir avec bon sens, souplesse et liberté. Il faut maintenir des rites et ne modifier ceux qui existent et
qui se montrent respectables qu’avec circonspection.
En revanche, il ne faut pas perpétuer ceux qui seraient maintenant privés de signification et il faut écarter ceux qui
portent atteinte à l’homme et à la dignité.
Notes
1 La valeur des rites – www.chez.com/cafephilo/articles/rites.htm
2 Olivier Caroff – Les rites initiatiques dans l’acquisition de l’identité masculine – http://perso.wanadoo.fr/depres-
sion.com.fr/ritesinitiatiques.htm
3 P. Aries, L’Enfant et la famille sous l’Ancien Régime
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Les rites de passage
Bibliographie
Cérémonies de Funérailles Laïques – Centre d’Action Laïque asbl, Service laïque d’aide aux personnes asbl – Les
Amis du Crématorium Bruxellois asbl – Bruxelles, 2000.
Cérémonials de mariage civil, de parrainage et de noces d’or laïques – Centre d’Action Laïque – Pensée et Huma-
nisme Laïques – Ligue Humaniste de Liège.
Sites consultés
http://fr.encyclopedia.yahoo.com
http://membres.lycos.fr/rub/mariageantique
http://www.fc.net.fr/ScoutismeFrance
http://www.obseques-liberte.com/dossiers/Prehis
http://www.nouvelobs.com/hs-lesados/se-construire/art2.
http://www.webencyclo.com/article/articles.asp
http://encarta.msn.fr
http://www.laicite.com/cycle
http://www.ac-versailles.fr/pedagogi/anti/religrec/rites
http://www.cnrs.fr/Cnrspresse
http://monde-diplomatique.fr/1997/09
http://www.ulb.ac.be/assoc/cal
http://www.consistoire.org/mazaltov
http://perso.wanadoo.fr/depression.com.fr/ritesinitiatiques
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Les rites de passage
Patricia Keimeul
Dépôt légal
D/2007/3423/8
ISBN
978-2-87440-046-4
DOSSIER SOCIÉTÉ
CEDIL
34 Quai aux pierres de taille
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