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Voies romaines en Gaule

Les voies romaines en Gaule sont le développement par


les Romains d'un réseau routier préexistant.

Sommaire
1 Historique
2 Les premières grandes voies romaines en Gaule
3 Les grands itinéraires partant de Lyon
4 Les autres grands itinéraires
5 Bibliographie
6 Voir aussi
6.1 Articles connexes
6.2 Lien externe
7 Notes et références

Historique
L'opinion générale selon laquelle les Romains seraient à
l'origine de l'ensemble du réseau de voies antiques en
Gaules n'est pas exacte. Voie romaine près de Raon-lès-Leau
(Meurthe-et-Moselle)
Ainsi, Jules César, dans son œuvre De Bello Gallico
(Commentaires sur la Guerre des Gaules), qui relate ses six
années de campagne en Gaule, évoque la rapidité avec laquelle ses légions ont progressé sur le sol gaulois
grâce à un réseau routier important et performant.

Mis à part la construction du pont sur le Rhin (« en dix jours, l'ouvrage d'art est achevé et l'armée franchit le
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Rhin » ), rares sont les occasions où le général romain va faire entreprendre des travaux d'aménagement routier
pour faciliter le passage de ses soldats. César lui-même dit des Gaulois qu'ils circulent "avec de nombreux chars
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et beaucoup de bagages selon l'habitude gauloise" , donc obligatoirement sur des routes décemment
entretenues.

Cela prouve donc qu'à ce moment-là, il y avait en Gaule un réseau


routier important et que les communications terrestres se faisaient déjà
d'une façon plus que satisfaisante sur des chemins et des routes assez
entretenus pour faire évoluer rapidement les légions. À de rares
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occasions comme à Cagny (Calvados) en 2008 , ou le chemin Perré à
Triguères (Loiret), ont également été mis au jour des vestiges
archéologiques de routes gauloises constituées de voies empierrées et
encadrées par des fossés. Par ailleurs les romains ont très tôt repris de
nombreux mots gaulois désignant des véhicules : le carros, passé en
latin sous la forme carrus « char », la carruca « char à deux roues »,
l’*edsedon ou *adsedon, passé en latin sous la forme esseda, le
carbanton « char à deux roues », passé en latin sous la forme carpentus
(voir charpente) ou encore le petorriton « char à quatre roues », passé
en latin sous la forme petorritum. L'existence de ces nombreux types de Les voies romaines en Aquitaine
chars nécessitait dans les régions accidentées ou humides, des voies où
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ils pouvaient se déplacer rapidement et sans risque .
L'étude de la vie sociale et surtout économique de l'époque celte montre bien qu'à l'arrivée des légions
romaines, existaient depuis fort longtemps de grands courants d'échanges commerciaux entre les différents
peuples de la Gaule. Pour que ces relations puissent avoir lieu, il était nécessaire de disposer d'un réseau de
voies de communication ad hoc.
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Après la conquête, les ingénieurs romains ne feront que reprendre dans leur grande majorité ces tracés , en les
améliorant et en les mettant aux normes des viae de la péninsule italienne. Ces aménagements vont de la
rectification des tracés à la construction de ponts, gués ou stations et sont réalisés par les légions.

Bien avant la soumission de l'ensemble des peuples gaulois à la fin du Ier siècle av. J.-C., Rome avait, aux
alentours de -120, conquis le sud de la Gaule dans un but purement stratégique : annexer les territoires compris
entre l'Italie et les provinces d'Hispanie. La première décision politique prise alors sera la création d'une route
dont la construction fut supervisée par le consul Cneus Domitius Ahenobarbus. Il reprit en l'aménageant plus ou
moins le tracé de l'antique voie héracléenne et de la route empruntée par l'expédition d'Hannibal. Comme c'était
la coutume, il donna son nom à cette voie. La Via Domitia ou voie Domitienne est ainsi la première route
construite en Gaule suivant un schéma organisé, dès -118.

Bien que le développement global des voies romaines en Gaule ait débuté sous le règne de Jules César, c'est
sous le principat d'Auguste qu'il va prendre son essor. Le pays lentement pacifié sera alors progressivement
couvert d'un réseau, en romanisant d'abord ces voies anciennes, ensuite en créant des voies nouvelles qui
allaient répondre au besoin nouveau d'expansion. Les travaux des grands axes de la Gaule furent ainsi confiés
par Auguste, après son voyage en Narbonnaise en -27, à son gendre et conseiller privilégié Marcus Vipsanius
Agrippa. Remarquable et talentueux administrateur, il choisit, pour des raisons d'ordre géographique, la ville de
Lugdunum / Lyon comme origine de ces voies. L'aménagement de quatre grands axes fut achevé avant la fin du
er
I siècle av. J.-C..

Le géographe Strabon, dans sa Géographie, les décrit ainsi : « Lyon se trouve au milieu de la Gaule comme
l'Acropole au milieu d'une ville… c'est pourquoi Agrippa en fit le point de départ des grandes routes qu'il
ouvrit. Au nombre de quatre, l'une va chez les Santons et en Aquitaine, la seconde se dirige vers le Rhin par
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Trèves, la troisième vers la Mer du Nord, la quatrième gagne la Narbonnaise et le rivage de Marseille » .

Durant le Ier siècle furent renforcés les axes menant à la Germanie. La mise en place des autres grands axes et
voies secondaires fut achevée à l'époque d'Antonin le Pieux. L'extension et l'amélioration des routes se feront
ainsi jusqu'au milieu du IIIe siècle, lors des premières incursions des Francs et des Alamans, préfiguration des
grandes invasions des Ve et VIe siècles.

Les premières grandes voies romaines en Gaule


La Via Domitia. Construite à partir de 118 av. J.-C., elle était le lien principal entre l'Italie et l'Espagne. Elle
arrivait en Gaule au Col de Montgenèvre, en venant de Turin, passait ensuite par Briançon, Embrun, Gap,
Sisteron, Apt, Cavaillon, Beaucaire, Nîmes, Montpellier, Narbonne et le Col de Panissard, légèrement à
l'Ouest du col du Perthus.

La Via Julia Augusta, prolongement de la Via Aurelia. Créée par Auguste, elle est plus récente que la Via
Domitia. C'est la voie du littoral, venant de l'Italie (Vintimille) par La Turbie (Trophée des Alpes),
Cemenelum (Cimiez à Nice), Antibes, Fréjus, Brignoles, Aix-en-Provence, Salon-de-Provence et Saint
Gabriel.

Les grands itinéraires partant de Lyon


La Route de L'Italie. Elle permet de rejoindre Rome par la plaine du Pô. Plusieurs possibilités s'offraient pour
cela au voyageur :
En rejoignant Aoste (Italie) par Vienne, Aoste (France), Chambéry, Bourg-Saint-Maurice et le col du Petit
Saint Bernard; à partir d'Aoste (F), un itinéraire se dirigeait vers le Nord, en remontant le Rhône, rejoignait
Genève, contournait le lac Léman par le Nord via Lausanne, Martigny au pied du col du Grand Saint
Bernard puis Aoste (I) où il rattrapait le précédent(voir
Bernard puis Aoste (I) où il rattrapait le précédent(voir
carte: tracé en orange); le val d'Aoste était parcouru jusqu'à
Ivrée où la voie débouchait dans la plaine du Pô vers Milan
et Plaisance.
En rejoignant Suse par Grenoble, le col du Lautaret et
Briançon où l'itinéraire se greffait sur la Via Domitia. Un
autre itinéraire partait de Valence puis remontait la vallée
de la Drôme, passait au col de Cabre, Veynes, Gap où il
rejoignait la Via Domitia.
En rejoignant la Via Julia Augusta - ex via Aurélia (littoral
méditerranéen) jusqu'à La Turbie, par Vienne, Valence,
Orange, Avignon et Saint-Gabriel / Arles.
La Route de la Germanie pour rejoindre Cologne, par Mâcon,
Chalon-sur-Saône, Dijon, Langres, Toul, Metz et Trèves.
C'est le grand axe nord-sud, des bords de la Méditerranée au
limes germanique.
La Route de l'Océan pour rejoindre Brest (soit l'Aber Wrac'h ou Le Conquet) par Roanne, Nevers, Orléans,
Tours, Angers, Nantes, Vannes, Carhaix et Brest (Gesocribate).
La Route d'Aquitaine par Feurs, Clermont-Ferrand, Limoges, Périgueux et Bordeaux ou une deuxième
variante avec passage par Feurs, Cahors, Agen et Bordeaux. Elle rejoint la capitale de la métropole de la
province d'Aquitaine, Bordeaux ou Saintes. Cet itinéraire prendra le nom au Moyen Âge de voie bolène.
La Via Agrippa (Saintes-Lyon) en est la partie entre Clermont-Ferrand et Saintes par Limoges.
Via Agrippa de l'Océan par Autun, Auxerre, Sens, Meaux, Senlis, Beauvais et Amiens. Une variante partait
de Langres pour rejoindre Reims, Soissons et Amiens. Elle rejoint le port d'embarquement pour la Bretagne
et la capitale de la Belgique (Reims).

Les autres grands itinéraires


De Marseille (Massalia) à Rennes (Condate). Cette route
était également surnommée la route de l'étain. Une
station de cette route a été retrouvée (Site gallo-romain
de Tintignac).

La Voie des Alpes qui joignait l'axe rhodanien de la Via


Agrippa, au départ de Valence à la Via Domitia à Gap, en
passant par Crest, Die et Luc-en-Diois.

De Lyon à l'estuaire de la Seine par Chalon-sur-Saône,


Autun, Sens, Lutèce et Rouen.

De Bordeaux à Rouen par Périgueux, Limoges, Les itinéraires du nord de la France actuelle, centrés sur
Argenton-sur-Creuse, Orléans, Chartres, Dreux et Bavay
Évreux. Une variante passait par Saintes, Poitiers, Tours,
Le Mans et Lisieux.

D'Arles à Saintes, partant de la Via Domitia, par Nîmes, le Vigan, Rodez, Cahors, Sarlat, Périgueux. La voie
de Saintes à Périgueux se nomme le chemin Boisné en Charente.

De Narbonne à Bordeaux par Toulouse, ou voie d'Aquitaine

De Clermont-Ferrand à Rouen par Néris-les-Bains, Bourges et Orléans. Elle rejoignait la voie Bordeaux-
Rouen.

De Strasbourg à Boulogne-sur-Mer par Metz, Reims, et Amiens, qui emprunte la Route des Romains à
Strasbourg

D'Aoste à Boulogne-sur-Mer par Besançon et Langres. Elle rejoignait alors dans cette ville la voie secondaire
de Lyon à Reims.
L'étoile de Bavay, où sept voies se rejoignaient, reliant la Germanie et le port de guerre de Boulogne-sur-Mer,
Amiens par Arras, Tongres, Cassel, Trèves à l’est et Reims au sud).

La voie romaine littorale (dite Camin arriaou en gascon pour sa partie landaise) reliait Bordeaux à Astorga
(Espagne) en passant par le pays de Born, Dax, Ostabat, Saint-Jean-Pied-de-Port et Roncevaux.

De nombreuses voies ont relié toutes ces villes, et d'autres de moindre importance.

Bibliographie
Gérard Coulon, Les voies romaines en Gaules, Paris, Errance, 2007 (ISBN 978-2-87772-359-6)
Jean-Michel Desbordes, Voies romaines en Gaule, la traversée du Limousin, Suppl. num. 8 à Travaux
d'Archéologie Limousine et num. 19 à Aquitania, 2010.
Stéphane Gendron, La toponymie des voies romaines et médiévales, Paris, Errance, 2006 (ISBN 2-87772-332-1)
Gabriel Thiollier-Alexandrowicz, Itinéraires romains en France, Archéologia hors Série N°8H. 1996
Gabriel Thiollier-Alexandrowicz, Itinéraires romains en France, Éditions Faton, 2000 (ISBN 2878440366)
Florence Trystram, En route ! La France par monts et par vaux, Découvertes Gallimard. Chapitre 1 : les
voies gallo-romaines.
Yan Loth, Tracés d'itineraires en Gaule romaine, Amatteis, 1986
Pierre-Albert Clément & Alain Peyre, La Voie domitienne : de la Via Domitia aux routes de l'an 2000, Les
Presses du Languedoc/Max Chaleil, 1991 (ISBN 2-85998-090-3)
Raymond Chevallier, Les voies romaines, Paris, Picard éditeur, 1997 (ISBN 2-7084-0526-8), p. 200-228
Ernest Desjardins, La Table de Peutinger, Paris 1869, Librairie Hachette.

Voir aussi
Articles connexes

Voie romaine
Table de Peutinger
Itinéraire d'Antonin
Anonyme de Bordeaux
Liste de voies romaines
Borne milliaire
Liste des bornes milliaires de France protégées aux monuments historiques
Liste des établissements romains en Germanie inférieure

Enceintes urbaines en Gaule romaine

Lien externe

Voies romaines d'Ille-et-Vilaine (Armorique)

Notes et références
1. La Guerre des Gaules , César - p.1 18 - Traduction du latin par A.et P . Pilet. Editions Arléa. Mars 1991.
2. « ... equites ex Gallia cum multis carris magnisque impedimentis, ut fert Gallica consuetudo... ». Dans De Bello Civili ,
livre, tome 2, Dübner , Paris, 1867, p. 41. Pour la citation, voir encore Les archers de César (http://halshs.archives-ouver
tes.fr/docs/00/54/52/45/PDF/T OME_1.pdf) . Guillaume Renoux. p. 27.
3. Ouest-France, 28/10/2008 (http://www.caen.maville.com/Un-domaine-rural-gaulois-entier -a-ete-mis-au-jour -/re/actudet/
actu_loc-731255------_actu.html)
4. Les Voies antiques de l'Orléanais (Civitas Aur elianorum) (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5553292f/f6.image.r=So
ci%C3%A9t%C3%A9%20arch%C3%A9ologique%20et%20historique%20de%20l%27Orl%C3%A9anais.langFR) .
Jacques Soyer . Dans Mémoires de la Société ar chéologique et historique de l'Orléanais , t. 37. Orléans, 1936. p. 12.
5. Strabon, Géographie , livre IV, 11 - Les Belles Lettres. 1971.
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title=Voies_romaines_en_Gaule&oldid=140334273 ».

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