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PUBLICATIONS DU QUATRIEME CENTENAIRE DE L'ORATOIRE DE JESUS EN FRANCE I NOVEMBRE 1611 - 11 NOVEMBRE 2011 ‘Yves Knumenacken, Fréétigue PELLEGR, Jean-Louis Quan dir), L’Oratoire de Jésus. 400 ans d'histoire en France. 11 novembre 1611-11 novembre 2011, préface de Dominique alia, Paris, Ed. du Cer, cll. « Cet Histoire», 2013. Girter: CAFE, Grandes figures de "Oratire. En sympauhie avec leur temps, Paris, Ed. 40 Cerf, coll. « Epiphanie». 2013, Rémi Lescor, Bérulle. Apéire du Verbe incarné, Pais, Ed. du Cer, col. « Bpiphanie», 2013, GILBERT CAFFIN GRANDES FIGURES DE L’ORATOIRE En sympathie avec leur temps Préface de ‘Mgr Josern Dore Archevéque émérite de Strasbourg Eviphanie LES EDITIONS DU CERE ‘worweditionsducert.fr PARIS 2013 Avertissement de ’éditeur Sr O Les conférences recuillies dans ce livre ont été données ¥ 8a parosse Saint-Eustache, dans le premier arrondisse (a e) ‘ment de Paris, au cours de sept soirées de année 2011 2012 & Poceasion du 400* anniversaire de la Fondation de ie we POratoire par Pierre de Bérulle (11 novembre 1611). W436 ‘fhe pot qr ean carne faerie Imprime en France © Le tions Cerf. 2013 ‘ow edionsace ft 2 re des Temeces 75013 Pais, ISBN 978 2-206.09901.2 ISSN 0750-1862 Préface Plusieurs raisons m’ont conduit i accepter la demande ‘qui’ était fait, et quim’honorait grandement, de préfacer ‘cet owrage. Tout d'abord, comme sulpicien, je suis heurewx de donner ainsi la vois, dans le cadre de ce qu'on appelle V'« Ecole francaise », 2 mon admiration et & mon attache- ‘ment al'égard de la congrégation de I'Oratoire de France cetde son prestigieux fondateur, le cardinal de Beérulle. Bien rmodestement certs, je viens & mon tour, de cette maniére, prolonger la lignée des prétres de Saint Sulpice qui m'ont ici précédé dans la reconnaissance, en tous les sens de ce terme. A commencer par le cher Michel Dupuy, dont nul ignore l'immense travail accompli pour rendre possible la publication des euvres completes de Bérulle. Par ailleurs, comme archevéque émérite de Strasbourg, je ime flicite de saisir occasion pour remercier les oratoriens de leur présence appréciée et de leur action féconde dans le diocése dont j'ai été le pasteur de 1997 a 2007. Destiné 4 accueillir les prétres et les cleres étudiant sur place, lacé depuis sa fondation en 1923 « sous la dépendance de Vévéque » du liew, d'abord dirigé par la Congrégation de la Mission (c'est-a-dire les Lazaristes, et donc toujours Ecole francaise !), le célebre Séminaire international de Strasbourg fut confié d'Oratoire de 1960 & 2007. Parmi bien a’ aures, it hébergea Louis Bouyer ~ auguel e voue une trés grande reconnaissance personnelle -, mais également, ‘au temps de leur formation théologique, aussi bien Bernard Pitaud, actuel provincial de France de la Compagnie de Saint-Sulpice, que Michel Quesnel, qu'il est bien inuiile de présenter aus lecteurs de cet ouvrage. Mais c'est Vauteur de ee livre, le pore Gilbert Caffin, ul dirigea cette maison tout le temps de mon épiscopat,jusgu’dt sa fermeture qui devait intervenir peu avant mon propre dépan de Strasbourg. Or, Je iens & déclarer non seulement que je n'ai eu qu’a me fli- ‘iter de nos rapports, mais qu’lsfurent pour moi l'occasion ad échanges réguliers, confants et fructuews. Outre qu'ils me Jurent plus d'une fois précieux pour l'exercice de ma respon- sabilté pastorate dans le diocdse, ils me permirent de déve lopper encore, de diverses manidres, mes liens personnels, déja importants mais moins « offciels », avee l'Oratoire = ai en particulier beaucoup apprécié ma relation avec le supérieur général d‘alors, le pore Bénéteau, Enfin, comme théologien plus précisémentintéressé a la christologie, ime plait de relever a quel point Jésus le Christ ‘occupe la place centrale dans la fot et la spiritwalité, dans la théologie et la vision du monde, des oratoriens marquants qui sont présentés dans ce livre. J’y reviendrai bien entendi dans ‘un instant, mais je signale deja que c'est mes yeus le trait le plus manifested lew idlitéa leur fondareur.A qui voudrait sen convaincre, on me permettra de conseller la lecture de Pouvrage Le Christ de Bérulle, que jai étéheurewx de publier en 200] comme numéro 83 de la collection « Jésus et Jésus Christ » (Mame Desclée), sous la signature ~ encore ~ de ‘mon regretté confrére Michel Dupuy. Tout cela étant dit, je précise que, dans ce que je vais ajouter maintenant sur le livre lui-méme, je ne prétends & aucune originalité! Je me contenterai de faire part de ce qui a résulté chez moi de la lecture attentive des pages qui suivent, et auxquelles il me revient seulement d'« introduire » ~ & savoir : non seulement une admi- ration renowvelée et approfondie pour l'Oratoire de France, mais aussi un vifintérét pour la maniére ala fois informée, simple et profonde dont l'un de ses membres d aujourd'hui, auguel va toute mon estime personnelle présente ici les figures majeures d'une histoire mainte- ‘nant quatre fois centenaire, Apres Bérulle et Condren, les fondateurs, on trouver ied suecessivement Richard Simon, Malebranche, Lam, Gratry, Laberthonniée... et quelques autres encore : quelle « brockette», quelle flige, quell lignée ! La richesse est telle que, afin de motiver davantage encore si nécessaire le lecteur pour sa découverte de ces fgures lune aprés autre, je choisis d'adopter une visée plu transversale, relenant trois traits qui me frappent chez elles toutes et en chacune d'eles. Ces traits marguent a (evidence une ‘appartenance bérullienne et donc une identitéoratorienne ‘quine pourront que retenirl'itéré du lecteur, qu'il soit ou non familier de U'Oravire de France. Je retens en premier lieu le christocentrisme. Berle es inintellgible sans le Verbe incarné.Incarné, et méne entré en kénose, pour rejoindre Vhomme en sa condition historique concrete, ce qui a pour résultat de Imanifester leur « grandeur »& tous les deus. Grandeur du Verbe de Diew qui se révete capable d'assumerenlu-méme la diférence qualitative infin » (K. Barth) qu le separe ppourtant de homme sa eréature, mais qui permet des lors & cette dernére de surmonter ce qui, au-dela méme de son péché, est véritablement « son néant » ~ et la fait ainsi aceéder ti sa veritable grandeur, en la rendant digne de pariciper aux « éats de vie » du Verbe fait chair Lorsqu'ilsest agi de donner des orientations la Congré- gation qui était en train de se fonder, Bérulle se contenta dde rédiger « une large méditation sur Incarnation » et ses conséquences. A. Cuvilier peut dire de Malebranche que « le caractére christocentrique bérulien (.. fait] V'untté de sa vision philosophique et de son dime sacerdotale’ », Lamy se refuse dautant plus a séparer « Vamour dela vérté et Vac cueil du Verbe incarné » que, dit, « Vesprit de cette maison [oe] vient de Jésus-Christ et. porte a Jésus-Chris? ». Us'ensuit toute une pédagogie, au sens large et prégnant du terme. ‘Non sans raison, il arrive que les oratoriens soient présentés comme des « imtellectuels », et G. Cafin nous rrappelle qu'on a souvent tenu U'Oratoire lui-méme pour tune congrégation « enseignante ». Miewx vaut sans doute parler @ leur propos de pédagogie, au grand sens d'un souci constant et d'un savoir-faire confirmé dans Uordre de 'acheminement d'autrui vers le vrai. Le Verbe incarné nestil pas venu pour étre « a vole » vers « la vérité et la vie », ef son Espritn'a--il pas mission de conduire ceux qui Vaccueillent « vers la vérité tout entre » ? A la mort de Bérulle, « 21 collages sont owerts dans tout le Royaume », Le rayonnement de Juilly, fondé par Condren, fréquenté par Montesquieu et oi enseigna Lamy, ne se démentira pas jusqu'a ce jour. Lamy éerira des Entre- tiens dans lesquels «on apprend comment on doit éudier cen les sciences et s'en servir pour faire l'esprit juste et le ceeur droit». L'owvrage majeur de son contemporain et 1 Armund Covi, Essa sur la mystique de Malebranche, Pass Vein 984,918 3. Berard Las, Enotes sles cence (5), Fangs Gil Prete Cr (et, Pars PUF 1966p 176 5. Tie complet es Ente sur ler cence react B ani le philosophe Malebranche, quia lu et compris « tout Descartes», sera ininé La Recherche de la vété.Laber- tonne dria une Théosie de Péducation Tous les dewx Paris, Grarry dirigera 'école Stanislas et Laberthonniére le jeune colldge Massillon. Et G. Cafin, signataire de cet ‘rage, sera vngt-cing ans représentat de FOIEC pour les {questions d‘enseignementerde pédagogie au Conseil del Eu rope; etilfondera a Strasbourg le CEFOP « pour redonner te seconde chance aux éeves en échec scolaire » ‘Enfn, incarnation et pédagogie au sens qu'on vient de dire n'ont pas d'autre but que de se metire au service de leurs benéficiaires, ce qu ne va pas sans kénose. Car cela sapere dans un mouvement et un esprit qu'on peut carac- feriser comme tant la fois de communication avec aura ede valorisation du partenaire ‘Le Verbe incarné est rédempteur et saweur de ceux qui, «ils veulent », Vaccucillent. La Parole appelle ceux auxquels elle s'adresse a venir vers elle non seule- ment de route leur éme » comme dt Platon, mais de tout leur éire, qui trouve du reste de la sorte son accomplis- sement. Richard Simon, compagnon de Malebranche et de amy, mais aussi inerlocuteur de Spinoza, veut honorer les exigences de la raison dans le traitement des textes qu'il reconnait pourtant comme inspiré il sera le fondateur de ta critique biblique, que ses successeurs & TOratoire sauront cultverjusqu' nous. Grary se soucte de mettre en communication les sciences et la foi, mais aussi le chrs- tianisme eta démocratie ; e ses efforts pour reconstuire Oratoire erontiargement portés par cete intention. Ala triste époque duu modernisme, Laberthonniére se voulut soigneusement « attentf aux questions da temps mméme si cela ne lui évta pas de se trower quelque pew ‘emporté dans la tourmente » Sa motivation & lai aussi ait pourtant fondamentalement christologique : « Le ee oS ooo > Ee Christ nous a communiqué sa vérité en se faisant l'un de nous, le plus humble et le plus misérable, én vivant parmi nous et en parlant notre langue’. » Comme Blondel, dont il ut L’Action avec enthousiasme et qui sera son ami pendant plus de trente ans, son souci fut de dire quelgue chose qui, ‘du point de vue de la foi chrétienne, « puisse compter » caw yeux du monde de ce temps. Qu'il est dommage qu'on n'ait pas su comprendre la distinction, pourtant essentielle, qui proposait et metiat en uvre, entre « méthode » et ‘doctrine » d'immanence ! Mais c'est sans doute aussi grdce a des efforts ala fois de fidélité et d'audace comme les siens, que le concile Vatican Il fut possible il y a pet et qu'il pourra connaitre & Wavenir le rayonnement qu'on peut tui souhaiter en ces temps de commémoration. On voudra bien accepter que, pour clore, j'en revienne 8 quelques elements pus personnels, ainsi qu'on ma dite Lorsqu'll fut question d'organiser la célébration du ‘quairidme centenaire de l'Oratoire de France, le pire Cun- ningham, supérieur général, me proposa de faire partie du comité d'honneur, ce que j'acceptai évidemment d'enthou- siasme, et je lui en reste vivement reconnaissant. A mon ‘grand regret cependant, un nowvel accroc de santé ne me permit pas de participer aux belles et fortes manifestations organisées pour la circonstance, spécialement du 11 aw 1. Ce wae pu por In promis fois dane le Buletintrimetril he a Conference Helo 9 anne, amie 1908, p. 1-6 so Te tie Un deoir de apolopéigue Phere preente Ie rep ans Pah BBattevine (61), Labertnie: Thome ot Foe inadtion 9 Pemae, Pari Besshese, 172, 6 Kr 13 novembre 2011, & Saint-Eustache, Je le prie de bien vouloirconsidérer que la présente preface est pour moi une ‘mani de traduire autrement, mais réellement a cordiale dele proximié que je nal pu exprimer par ma présence effective aux fstvitesdalors ‘La créibilité de ce que j'éeris [a s‘augmentera, je nen doute pas, si ajoute que mon attachement & VOraivire de érulle remeonte & ma toute premiére formation théologique et presbytérale — donc, je viens de le réaliser-, @ bientot Solcante ans ! Ma retraite d'enrée au séminaire (cat & ‘Nantes en octobre 1954) fu préchée par le pere Morin, alors curd de Juancle-Pins ; et c'est un fit quelle joua un role décisif pour m’éclairer sur les raisons que je powais avoir ddedevenir prétre. Il me souvent, par ailleurs, que je retirai tin béndfice enorme (y compris, mais jen le saves pas alors, pour mon engagement fuurdans a recherche cristologique) dela lecture, des ma premigre année de thGologe, des Sermons surle Crist de Newman ainsi qu, wn peu plus tard, d'un petit livre inttulé Meditations and Devotions publié aux éditions Longmans, Londres en 1960(et dont, de surcrot, attentive ‘méditation quej'enfsprofa beaucoup dmonanglais). Durant ‘mon année de Solitude sulpicienn, le tres savant Georges Villepelet, notre vice-supéreur, nous recommandechaleuren sement de fréquenter es ouvrages des pores Aura, Bilt et ‘Rouureau (Amour de Die, amour des hommes) ~ ete fs loin «fy répugner,savourant en particulier le ésus a mili des hommes du second (rowiurs la christlogie!). Enfin, sia ej que je voue une speciale reconnaissance aupére Louis ‘Bower, je précis volotiers maintenant que cela tnt avant tout la fdquentation asidue gu’ ravers tout mon temps de Jormation a’ Nantes, e'est-e-dire juga’ juin 1961, ja pre duée des cing owvrages suivants: L'Inearnation et VEgise- Corps du Christer Du protestantisme &Eghse, de 1943 et 1954, rou les dewx dan la collection « Unam Sanctam » des 6 ‘GRANDES CURES DE LORATOIRE Editions du Cerf La vie da iturgie et Le mystére pascal, de 1956 et 1957, tous ies deux dans la collection « Lex Orandl », également des Editions du Cerf; enfin, Inroduetion ta vie spiiuelle,publge chee Desclée, en 1960, qui ne fu pas sans influence sur mon accepationdenrer dans la Compagnie de Saint Sulpce ‘Quand j‘auraiajoutéqu’a Institut catholique de Paris, il me fut donne de connaitre et de fréquenter 21a fois le pore Houang (que G. Cafin n’omei pas d'évoquer), Louis Cognet (qui, sans étre oratorien, résida jus sa mort & Jui), Michel Calamy, et Michel Quesnel avee qui j'eus lune trés proche collaboration durant plus d'une décennie, ime semble que j'aurai fait suffsanment apparatre les raisons de mon aitachement & POratoire. Et done mews encore montré pourquoi ai été si motive dans mon accep- tation d'éerre cete préface & un livre dont U'auteur m'a, ‘par aileurs et pour sa part je V'ai dit, et avec ses confrores sirasbourgeois, permis la_découverte d'autres aspects encore de la rradition oratorienne Gilbert Cafin nese content pas de présenter des fgures ‘oratoriennes exception, dont il montre bien l'inspiration et Vappartenance beéruliennes. Simpliguant luisméme, tt vogue aussi ce qu, chez chacune delle, peut représenter tun appe pour le présent et pour aveni. Jee dowte pas que la belle célebration du quatritme centenaire, @laguelle et owvrage apport sa pierre pote de beaux fruits. Pour e dire, Je m'appuie entre autres sur ce qu'il ma été donné de vivre ‘van, pendant et apres Vordinationpresbytérae de Jérime Prigent que j'ai ew tant de joie &célebrer dSaint-Eustache pew avant la fete du quadricentenare, le juin 2011. # Jose Doré, archevéque émérite de Strasbourg, Introduction Inscription dans une histoire séculaire a vivre dans le contexte de notre temps Lihistoire de 'Oratoire de Jésus en France est mouve- smentée. Donnons-en quelques reperes = 1 novembre 1611: fondation Paris par Pierre de Bérulle = 1711 1 centenaire ; un texte du supérieur général de Mépoque suggére une célébration tout intérieure, pour une ccongrégation répandue dans tout le terttoie frangais, mais ‘marquée par la crise janséniste, ~ 1792: disparition de POratoire, Si quelques autres ordres et congrégations, possédant une dimension interna tionale, continuent hors de France, l"Oratoire ~ fondé par Beérulle pour régénérer le clergé diocésainfrangais, afin que ce dernier soit davantage ferment de la foi de Mensemble du peuple dont il a la charge -, au lieu de s'expatrer au- dela des frontitres voit ses membres rejoindre leur dioc’se origine, 1811 : la congrégation n’existant plus, Napoléon met église de l'Oratoire du Louvre la disposition de I'Eglise cette année 2011, son 200° anniversaire au moment mé (8 'Oratoire bérillien te son 4° centenaire, ~ 1852; refondation par les pares Gratry et Pét ma Onparle de « esprit de" Oratoire », Unespritse vit plus qu'il mest facile & fini, a point que, lorsqu'onintertoge les oratoriens sur ce point, Ia plupart entre eux hésitent 2 réponde. E pourtant certains historens gui ne sont pas ‘membres de Ia congrégation en eeconnaissen importance dans Phistoire dela spsitalit en France et dstinguent sa ‘oie de celle des autres ordres, parexemple des Bénédictins, des Franciscans, des Hse, ete. Aussi, de nombreuses études sont consarées ce qi est coutume @appele,non sans ambiguité, « I"Ecole frangaise de spiritualité », née au XVI stele avec et & la site de Piere de Berulle. Elle regroupe les oratories, mais ausi les Euistes, les Sulp- jens, les Lazaristes et bien d'autres famillesreligiuses ‘hommes et de femmes ui se réclament de cete tation berullieane Retenons deux études particulitrement signifcatives Henri Bremond et son incontournable Histoire literaie du Sentiment religieux en France (1923-1933), quia remis en valeur cette ole de spritualité dite « Ecole frangase » et, plus récerment, Yves Krumenacke, L'Ecolefrangaise de spiritual. Des mystique, des fondateurs, des courans er leurs interpreted, dx Cer, 1998), fut un séminaire de recherche qui s'est ten Lyon de 199031997, ,—r Paralglement, le pte Dujardin, supérieur général de 198 2 1999, et un groupe de specialists ont eneepris et 2 bien une Edition complete et etique des euvres de alle, oblige elle ausi aux Editions du Cer, qu les rend fins accessible (11 volumes pars ce jour, dont 3 sur 4 de correspondance). Dans cette introduction, il convient de dire quelques mots 8 propos de Philippe Neri. Fondatcue de 'Oratoire 8 Rome en 1575, le saint le pls joyeux de la Bande de tous Tes sins, Philippe eat et rest tant aimé dans sa ville que les habitants li ont dcerné lee d « Apdtre de Rome » Le 26m, le maire de fa ville fait procession jusqu'au tombeat de Philippe a Santa Maria in Valicella, Philippe n'a rien écrit, i est parfois appelé le Socrate cltien este une grande référence po tous les orato- tien. Tl colore de fagonsingulire notre manigre dete berullien! Cela méritait etre suliene ‘Mais revenons en France, En évoquant ces sept grandes figues d'ortorens qui au cours de quate sigcles, ont traduit par éeit leur experience spire, i sagt, Ta lumigre de ces ainés, de nous interroger sur notre vie de disciples du Christ et de réNéchi notre responssbilité dans le monde actu! "AU risque de tahir un peu les auteurs présentés, je tentera une interpretation de leur propre « manire d'ére ‘oratorien » en le temps, afin d'aboutie une compréh sion de nore propre histoire tout en tenant compte de nore Sensibilit, atin de raviver la conscience de notre responsi bit de chréien dans le temps qui est le nde ‘ins, par exemple, nots fons as sg’ analyser Ia philosophie de Nicolas Malebranche quand nos le convequc: Tons, Mas, paride cha Figure vag, nous tenterons Filler, tvers save son cere it de aide oratorienne qui peut interroge la vie chrétenne aujourd'hui 2 ‘GRANDES FIGURES DE L’ORATOIRE AA chaque étape, nous analyserons cette attitude & tois, présentation de 'un d’entre eux, sa vie, son ceuvre. = qui illustre un trait de lattitude oratorienne. —lequel tat peut interroger la vie chrétienne aujourd hu. L’ensemble de ces trois niveaux peut faire l'objet d ‘questionnement pour chacun 2 partir de son propre iting- Qu’est-ce que l'homme quand Dieu se fait homme ? avec les pares Pierre de Bérulle (1575-1629) et Charles de Condren (1588-1641) Pierre de Bérulle et Charles de Condren ont fortement influence le premier Oratoire et méme toutes les congréga- tions de Ecole frangaise : Vincent de Paul, dirigé de Bérulle; Monsieur Olier, fondateur des Sulpiciens, digg de Condren | Jean Eudes, oratorien Iui-méme, disciple de Bérulle. Pour ‘aractériser leur pensée spirituelle. ona pu parler de « christo- centrisme » et méme, a a suite du pape Urbain VIM, nommer Bérulle, au moment de sa mort, « ’Apouredu Verbe incarne ». De ce mystére de I'Incarnation, central pour les oratoriens, eoule une vision de homme qu'ls vont essayer de metre envaleur, maisalors,est-ce vraimentun humanisme ?Certains en ont douté et pourtan, is s'en prévalent, RAPIDE RAPPEL HISTORIQUE POUR COMPRENDRE LA NAISSANCE DE CETTE FAMILLE RELIGIEUSE Pierre de Bérulle @ mélé une nouvelle foi Jnquante ans lorsqu'il se trouve cn 1625, & la vie politique du pays. ee Un événement va donner occasion d'un texte de référence Pour ’Oratoire : Le Mémorial de quelques points servant & la direction des supérieurs en la congrégation de V'Oratoire de Jésus Depuis 1611, il n’y a toujours pas de constitutions de Ja congrégation. Les péres, inguiets du départ du fondateur pour I’Angleterre, pays hérétique et dangereux - on peut y devenir martyr -, demandent un texte & leur supérieur. Iie fera, mais dans une longue méditation sur le mystére de Incarnation et ses conséquences pour les oratoriens ‘quant a V'exercice de l'autorité et d'une obéissance libre- ment consentie. II explique que cette congrégation na pas autres rBgles que celles des Apétres autour de Jésus; ccongrégation sans veux, Ie seul lien est celui de la charité fraternelle et de Pobéissance au Pére, en Jésus-Christ, Les ‘oratoriens se sont toujours méfiés des roglements. La lettre tue mais esprit vivife ce qui n'est pas sans risque Les oratoriens, recherchant sans cesse une inspiration intérieure, ont toujours des difficulés & s'organiser, & se répandre, 2 parler d'eux-mémes, ‘Rappelons la vie mouvementée de ce petit homme tirailé entre plusieurs vocations diriger les carmélites dont il vient de permettre la fondation en France (1604), réformer le clergé de France en fondant l'Oratoie (1611), et de plus répondre aux appels des roi : il est apprécié par Henri IV ui Ia fait rejoindre les aumOniers du roi, mais il refuse la charge de précepteur du dauphin, et aussi celle d'évéque. 1 se met ainsi en rerat de la cour et de la vie politique, et pourtant il sy verra sans cesserattrapé ; il va étre le média- |. Lei de ce exe es couramen abr cn Ménril de diction 1 se trouve dans Bemaute nner compltn Vil Par £0 du Cer (Orato de race, 1996, 6-406, 2h 20, yr ‘QV'ESTCE QUELHOMME QUAND DIEU SE AIT HOMME? 23 teur dans le Confit qui oppose le roi Louis XII et la reine trate Marie de Médiis sera aupres de Richeliw au sitge {Je La Rochelle, tout en souhaitant des controverses apaisée heels protestants. Mas, contre Richelieu, i soutien idee ‘erefsie Europe catholique et done favorise et négocie 3 Rome le mariage d'Henrete, seeur du roi, avec le prince de Galles, fator Charles Id Angletere, espérantfaiiter par Tale retour des Anglais la foi catholique. Par conséquent, le roi Louis XIII demande Bérulle d'accompagner la nouvelle i 1625, i dot done quite France erator ‘Sapergoivent que, malaeé leurs nombreux colldges et leurs nomex preteen ont pas decontitaons, meme de TRelements. Aussi demandentis au fondater et supérieur pénéral derre ce qui sera, au leu d'un reglement, ce texte majeur pour la comprehension de notre question: Finearna tion de Dieu dévoile une maniéred'éte homme. Dans sa lettre d'accompagnement du Mémorial, Bérulle sadgesse ainsi aux oratoriens Mes Peres (..] un des arvres! de Diew en nos jours est ‘atte petite congrégation qu'il li a plu éubliren son Fglise, ‘A aguelle ita daigné nous appeer tous, non poor éte oiseux ‘ais pour te ouvrierstravaillant en sa vigne, non pour ee attachés nos ints, mals pour éreatachés& sa erix non pour dire appliqués A choses basses et petites, mais pour ere ‘cupés tsa aloe ;non pour serie Anos deseins, mas poor servira ses conseils, t nous rendre instruments de ses euvees en a tone, A eet effet il nous convie par ses inspirations, et ‘nous oblige, par sa grice et par sa vocation, & dépouiller le ‘veil homme, et nous revétir dv nouveau ; 8 nous séparer de ous-mémes, et nous lier son Fils unique Jésus-Christ note Seigneur, vivre en la terre pour lui et non pour nous et & y vivee aussi, non par notre esprit, mais par Esprit de Jésus 1. Let «ue» che Bale rt toujours a mason, == eee -_ * Die par ex woes veut accompli et perestioner son crease ia Commence le wea sever (On sent la tonalité johannique des discours du Jeudi saint. « Comme Jésus Serviteur, les supérieurs par fonction doivent ére serviteurs par destination, » Qu’est-ce que ’homme ? gout hod de més a pened Bé, tps par le pede Conon sux alone da Tecra ele Fis Se Di at home ae Deigee ge Yoni it de Phomme vase deri nema ou mone "Lemire cape pour Bel a esye de loner & tee am ig pts Base eet fbi pales goers de Religion Hen sou ie congrégation qui aide les prétres A redevenir estimables. A la sited conde enescdvlqpen dese on ss proxomplcatnds rng Sans hae eas Guar Boromes Minit porn Frodo une me & son Eglise blessée par les guerres fratricides, Pour Bol cee pete ic gb te Go i pura rem TOntte see Ps Net un goupede pres sculls sans veux done digo. tities Fal der nes pour eee cate diecast vena nena eronae Dans econ owl nee ees pation Vg moira sed am daa ee ton, Bele premio erro eos ee 1 BERLE, Memoria de dims, 367 xX——— {QVESTCE QUEL HOMME QUAND DIEUSEFAFTHIONME? 25 cote volonté de ressourcement évangéligue prOnge par la Retorme. Auxeatholigues de monterqu’ilsensonteapables func asi. Cest ce qu'on appela le mouvement de Contre RReforme catholique ilustre par le concile de Treme ‘ins Bérulle suhuite- mete les oratorens devant le CCist afin « d'adhérer& ses états de vie » et de former une ommunauté hommes ressemblant & Egle primitive ‘Nous n'avons pas d'autres veux que ceux des apstres. » Ils agit bien encored aller au-

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