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AUX MILLE MOTS

Poésie contemporaine
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Voici une poésie mêlant à la fois les noms célèbres à ceux moins connus parmi les
contemporains.

PHILIPPE JACCOTTET
(Né en 1925 dans le canton de Vaud, Suisse)

JE SAIS...

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Je sais maintenant que je ne possède rien,


pas même ce bel or qui est feuilles pourries,
encore moins ces jours volant d'hier à demain
à grands coups d'ailes vers une heureuse patrie.

Elle fut avec eux, l'émigrante fanée,


la beauté faible, avec ses secrets décevants,
vêtue de brume. On l'aura sans doute emmenée
ailleurs, par ces forêts pluvieuses. Comme avant,

je me retrouve au seuil d'un hiver irréel


où chante le bouvreuil obstiné, seul appel
qui ne cesse pas, comme le lierre. Mais qui peut dire

quel est son sens? Je vois ma santé se réduire,


pareille à ce feu bref au-devant du brouillard
qu'un vent glacial avive, efface...Il se fait tard.

Edition Gallimard, 1953 - L'effraie et autres poésies

LUCIEN JACQUES
(1898-1961)

CREDO

Je crois en l'homme, cette ordure.


Je crois en l'homme, ce fumier,

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Ce sable mouvant, cette eau morte.

Je crois en l'homme, ce tordu,


Cette vessie de vanité.
Je crois en l'homme, cette pommade,
Ce grelot, cette plume au vent,
Ce boute-feu, ce fouille-merde.
Je crois en l'homme, ce lèche-sang.

Malgré tout ce qu'il a pu faire


De mortel et d'irréparable.
Je crois en lui
Pour la sûreté de sa main,
Pour son goût de la liberté,
Pour le jeu de sa fantaisie.

Pour son vertige devant l'étoile.


Je crois en lui
Pour le sel de son amitié,
Pour l'eau de ses yeux, pour son rire,
Pour son élan et ses faiblesses.

Je crois à tout jamais en lui


Pour une main qui s'est tendue.
Pour un regard qui s'est offert.
Et puis surtout et avant tout
Pour le simple accueil d'un berger.

Florilège poétique, édition Les Cahiers de l'Artisan, 1954

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ARMAND LANOUX
(né en 1913)

QUELQU'UN

De l'autre côté du miroir


Quelqu'un nous épie
Quelqu'un compte nos fils d'argent
un à un.
Quelqu'un regarde se serrer
l'épervier des rides
Quelqu'un nous garde
Quelqu'un nous emporte
Quelqu'un ouvre et ferme des portes
à l'envers.
Quelqu'un nous oublie
Quelqu'un vend de l'espoir
Quelqu'un au visage vert
ou gris
de l'autre côté du miroir
sur le tain de la nuit.
Quelqu'un quelqu'un quelqu'un mais qui?

Edition Seghers, La tulipe orageuse, 1959

ROBERT MALLET
(né en 1915)

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A DEUX BATTANTS

J'ouvris à deux battants le livre du mystère.


le mur tiède battit des ailes, la lumière
porta l'odeur des foins séchés sur la poussière
où dormait le parfum moisi de tes secrets.
les mots furent cernés par les rondes solaires
tandis que les souris dont les bouches ourlaient
et dentelaient dans l'omre ton vocabulaire
fuaient pour échapper au piège des reflets.
Je découvris l'aveu que tu voulais me taire,
il flamboyait de vérité mais ne vaudrait
jamais un seul soupir d'aveux imaginaires.
Je refermai le livre....

Edition Sehers, 1952, Amour, mot de Passe

PIERRE MATHIAS
(Né en 1907)

LE PARADIS PERDU

Je suis cet homme nu qui marche dans la nuit


Funambule obstiné, mémoire de la terre
Je marche sur les fils tendus entre les astres
Poème dont les mots recomposent un corps
De l'homme je n'ai plus que sa raison de vivre

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La nuit c'est la musique invincible de l'âme


C'est l'ombre d'un oiseau qui cherche où se poser
C'est aussi bien le jour s'il y avait un jour
Je chante sur les toits envolés de l'amour
J'ai tout perdu, le vent et l'or de la verdure
La chair et ses glaïeuls, l'herbe des habitudes
La complaisance et le sourire des rivières
Le pain, le vin, les fruits bleus de la rêverie
Le jardin retrouvé des rondes enfantines
J'ai tout perdu, l'orgueil insensé de la science
Quand la terre éclata comme un fruit d'impatiente
Des hommes devenus poussière purulente
Que reste-t-il? hormis ce chant que nul n'entend
Sur mon chemin perdu j'ai semé tant de miettes
Que je pourrais nourrir tous les oiseaux du monde.

Editions Seghers, Le Magicien, 1960

PIERRE MENANTEAU
(Né en 1895)

QU'ELLE EST BELLE LA TERRE!

Qu'elle est belle la terre, avec ses vols d'oiseaux


Qu'on entrevoit soudain à la vitre de l'air,
Avec tous ses poissons à la vitre de l'eau!

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La peur les force vite à chercher un couvert


Et l'homme reste seul derrière le rideau.

Qu'elle est belle, la terre, avec ses animaux,


Avec sa cargaison de grâce et de mystère!
Le poète se tient à la vitre des mots.
Cette beauté qu'il chante, il la donne à son frère
Qui se lave les yeux dans le matin nouveau.

Editions Seghers, Bestiaire pour un Enfant Poète, 1958

JACQUES ROUBAUD
(Né en 1932)

SONNET

Quand j'aurai mis d'accord mon coeur et le silence


Par le silence enfin d'un coeur qui ne bat plus
La mémoire de moi faible et bientôt perdue
Et les terres du temps pesant dans la balance.

Qui donc se souviendrait avec quelle violence


Je t'aimais ou quel feu tes lèvres m'ont rendu
Tant que le temps le temps à ma mort résolu
N'a pas cloué mon corps en terre de sa lance

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Je te chante ces mots iront où bon leur semble


Nous avons ri rêvé aimé dormi ensemble
Jeunes les jours fermés ne s'ouvraient que pour nous

Nous avons préféré le vin vert à la cendre


Pas un roi pas un dieu ne nous a vus descendre
Jamais nous n'avons pris la lumière à genoux

(In revue ¨Europe¨)

SONNET

Tu as dévié ma vie de sa route première


Qu'une absence tendait entre mort et prison
Il reste que mon sort échappe à ma raison
Je n'ai rien assuré de mes espoirs d'hier

Ni la vieille pensée dont la mienne était fière


Que le bonheur s'accroît avec chaque saison
Beaux arbres de la vie qu'en vivant nous brisons
Plus d'ombre chaque jour vient dans votre lumière

Nous attendrons la mort au bout de la jeunesse


Mort blanche et si l'on meurt c'est toujours un combat
Mais la peine l'ennui les nuits le temps qui bat

Les désastres l'oubli l'incroyable vieillesse


C'est pour rire mon temps est bleu comme aux fenêtres
Je te chante par tout mon domaine terrestre

1958 - In revue ¨Europe¨

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CLAUDE ROY
(Né en 1915)

LA NUIT

Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit


A pas de vent de loup de fougère et de menthe
Voleuse de parfum impure fausse nuit
Fille aux cheveux d'écume issus de l'eau dormante

Après l'aube la nuit tisseuse de chansons


S'endort d'un songe lourd d'astres et de méduses
Et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons
Veille sur le repos des étoiles confuses

Sa main laisse glisser les constellations


Le sable fabuleux des mondes solitaires
La poussière de Dieu et de sa création
La semence de feu qui féconde les terres.

Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit


A pas de vent de mer de feu de loup de piège
Bergère sans troupeaux glaneuse sans épis
Aveugle aux lèvres d'or qui marche sur la neige.

Edition Fontaine, L'Enfance de l'Art, 1942)

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TOURSKY
(Né en 1917)

LA MORT EST NATURELLE

Je t'aurai tant aimée


que l'oubli ne pourra
donner une autre forme
au vide que j'habille.

Je m'en irai, manteau


de ta légère absence,
écharpe au cou du vent
qui portait ton visage.

Je passerai, serrant
les biens que tu me fus,
geôle de ton passé,
bouche de ton silence.

Edition du Filin, La Mort est naturelle, 1948

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