Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Objectifs :
Maîtrise du concept de contrôle social
Distinction contrôle social formel/informel
Qui sont les participants "de la base", les exécuteurs, de la Solution finale ? Comment ces hommes sont-ils devenus
des meurtriers en masse ? Telles sont les questions posées par l'historien américain Christopher Browning au début de
son ouvrage.
S'appuyant sur les témoignages de 125 hommes du 101e bataillon de police régulière recueillis par la justice
d'Allemagne fédérale à l'occasion de l'enquête judiciaire dont cette unité fut l'objet au cours des années 1960,
Christopher Browning a reconstruit, analysé et interprété l'action meurtrière de ce bataillon qui a opéré en Pologne de
juillet 1942 à novembre 1943. Le 101e bataillon de police ordinaire (Ordnungspolizei), par sa participation à
l'opération Reinhardt, porte la responsabilité de la mort directe ou indirecte de 83 000 Juifs.(…)
Dans cette entreprise d'assassinat systématique, l'histoire du 101e bataillon permet d'éclairer le comportement, non des
" apôtres noirs " (SS et autres membres du NSDAP), mais des hommes de " la zone grise " (pour reprendre une
expression de Primo Levi), d'hommes moyens qui se sont transformés en tueurs, en " tueurs ordinaires ". Car l'étude
sociologique de ce groupe de 500 hommes met justement en évidence la " banalité " de ces hommes . D'âge plutôt
élevé (39 ans en moyenne), originaires de Hambourg, une des villes les moins nazifiées d'Allemagne, ce sont des
réservistes, des rappelés, issus le plus souvent des basses couches de la société allemande. Peu appartiennent à la SS
(aucun parmi les hommes du rang, 7 sur 32 sous-officiers), un quart de l'effectif appartient au NSDAP. Par leur âge et
leur origine sociale, ces hommes ont par ailleurs connu d'autres normes morales et politiques que celles du nazisme.
Bref des hommes " ordinaires " qui ne sont ni des SS, ni des fanatiques endoctrinés. Des hommes d'une unité non pas
formée dans le but de participer à l'extermination du judaïsme européen, mais qui y a participé parce qu'elle était
disponible.
"Ordinaires", ils se sont pourtant retrouvés au cœur de la Solution finale, et, lorsque leur fut offerte la possibilité de se
soustraire aux actions, au cours desquelles la tuerie se fait d'homme à homme, à bout portant, seuls 10% d'entre eux
refusèrent, d'autres, peu nombreux, tentèrent de ne pas participer aux exécutions, en tirant à côté des victimes ou en se
faisant affecter à la surveillance.(…)
De l'analyse détaillée de Christopher Browning ressortent quelques facteurs explicatifs dominants (ch.18).
Ces atrocités ont pu être commises car elles relèvent d'une politique gouvernementale officielle. Les massacres sont en
effet décidés, organisés et planifiés par les plus hautes autorités de l'Etat. Ils sont donc perpétrés non à l'occasion de
déchaînements de violence générés par la guerre, mais au nom de la Loi. Les policiers du 101e bataillon ont donc le
sentiment de se soumettre à la Loi, d'obéir aux ordres, rejetant ainsi toute forme de responsabilité individuelle et de
culpabilité personnelle.
La soumission à la loi est, par ailleurs, légitimée par l'endoctrinement. Celui-ci participe à la suppression de toute
résistance au meurtre et à l'effacement de la culpabilité. Ainsi la politique d'exclusion des Juifs, mise en œuvre de
façon graduée à partir de 1933, conduit-elle à considérer que les Juifs sont hors humanité. L'amalgame, l'identification
du Juif à l'ennemi, qui aboutit à la déshumanisation de l'autre, contribue à la distanciation psychologique, et facilite la
tuerie : le fait que les Juifs ne soient pas des hommes légitime la possibilité de les tuer. Sans être la cause des
massacres, l'anéantissement de tout esprit critique et le martelage idéologique pendant le IIIe Reich ont cependant
facilité l'accommodation au meurtre de masse.
Enfin, si 80 à 90% des hommes ont tué c'est aussi par conformisme, par logique grégaire, parce qu'ils ont cédé à la
pression du groupe. Refuser de participer aux massacres, c'est commettre une action " asociale " (p.243), rompre les
liens de camaraderie, et donc risquer l'isolement, le rejet du groupe qui constitue le seul lieu de sociabilité pour ces
hommes.
Source : http://ecehg.ens-lyon.fr/ECEHG/enjeux-de-memoire/Shoah-et-deportation/ressources-
pedagogiques/lectures/des-hommes-ordinaires
Questions :
1. Quelles sont les caractéristiques des hommes du 101° bataillon ?
- Ils viennent d’ Hambourg (qui était la ville la moins nazifiée d’Allemagne sous Hitler)
- Seulement ¼ de ces hommes faisaient partis du NSDAP.
- Assez âgés
- De milieu populaire
- Avec des enfants
2. En quoi ces caractéristiques sont-elles en contradiction avec les massacres perpétrés par ce bataillon ?
Ces massacres sont particulièrement atroces : une extermination directe de villages entiers composés de femmes,
enfants, vieillards. On peut penser que ces massacres auraient été le fais d’individus fortement imprégnés de
l’idéologie nazie. Or, ce n’est absolument pas le cas.
6. En quoi ces caractéristiques sont-elles en contradiction avec les massacres perpétrés par ce bataillon ?
Seulement 10% des soldats ont refusé, alors qu’ils en avaient la possibilité.
C’est l’effet de groupe qui a joué.
8. Quelles formes de contrôle social ont joué : interne ? externe ? Formel ? informel ?
le contrôle social interne : les normes sont suivies par un individu qui les a intégrées lors de la
socialisation ; il est ici présent avec l’endoctrinement des soldats. En effet, si ce bataillon a massacré les
juifs c’est parce on leur disait que les juifs étaient des sous-hommes responsables de la guerre et de la
crise.
On remarque aussi par ailleurs une forme de contrôle social externe où l’individu va adopter des
comportements adéquats sous peine de sanction. On peut parler de contrôle social externe formel,
puisqu’une institution spécifique va donner l’ordre aux soldats de massacrer tout un village de juifs ; ici,
c’est l’Etat qui a donné l’ordre de les tuer. Aussi, ces hommes appartiennent à l’armée, donc ils doivent
exécuter l’ordre donné car s’ils désobéissent, ils seront punis.
Aussi, à l’armée, les soldats vivent tout le temps ensemble. Ainsi, si l’un d’eux désobéit, il subira le regard
des autres, et ils le sanctionneront en l’excluant de leur groupe, en ne lui parlant plus, et il se retrouvera
alors seul. Sachant qu’il vit avec ces personnes vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et sept jours sur sept,
il le vivra très mal puisqu’il n’aura plus aucun lien avec les gens qui l’entourent. Ainsi, il aura donc intérêt
à suivre l’ordre, donc suivre le groupe. Ce sera ici un contrôle social externe informel.
Questions :
1. Caractérisez l’expérience de Stanley Milgram (objectifs, protocole)
Cette expérience se passe en 1962 aux États-Unis. Elle a pour but de voir si les individus se soumettent à l'autorité
d'un scientifique. Le laboratoire a donc contacté des cobayes et les payent 4$ à chaque question.
Cependant, l'expérience qu'on leur présente n'est pas la vraie. On leur dit qu'elle a pour but de comprendre comment
améliorer les capacités de mémorisation. Pour cela, les scientifiques vont essayer, à l'aide d'électrodes ainsi que de
décharges électriques, de punir lorsque le cobaye associe mal les groupes de mots.
Il y a trois intervenants : le professeur/cobaye (on lui fait croire qu'il a été tiré au sort et qu'il aurait pu être l'élève),
l'élève qui est complice, le scientifique
En réalité, l'élève ne reçoit aucune décharge, il s'agit d'une bande son. Les décharges vont de 15V à 450V et augmente
de 50V à chaque question fausse.
Le professeur doit donc continuer à distribuer ces décharges, malgré les cris de souffrances. L’objet de l’étude est de
savoir la décharge maximale qu’est capable de donner le sujet.
6. Pourquoi peut-on parler de contrôle social ? Quelle est ici la forme du contrôle social : interne/externe,
formel/informel ?
Le contrôle social est l'ensemble des moyens dont dispose une société ou un groupe pour forcer un individu
à obéir. Ici nous pouvons parler de contrôle social car le cobaye obéit au scientifique en envoyant des
décharges.
Ici la forme du contrôle social est externe car c'est une autorité extérieure qui lui dit de continuer. Elle est
formelle car c'est une personne qui représente une autorité scientifique. Les moyens utilisés pour lui imposer
de continuer sont immatérielles : le scientifique met en évidence les bienfaits de l’expérience sur les progrès
scientifiques et matérielles : la perte des 5$
- Cette expérience met en évidence le contrôle social interne qui leur a inculqué le fait qu'il ne faut pas tuer et le
contrôle sociale externe, ici représente par le scientifique.
Grille d’autoévaluation